bible-notes.org

Imprimer ou partager la page :
Pharisien ou publicain ?
 

 Deux hommes montant au temple pour prier
 La  propre justice déplaît à Dieu et ferme l'accès à sa grâce


« Soyez revêtus d'humilité ; car Dieu résiste aux orgueilleux, mais il donne la grâce aux humbles » (1 Pier. 5 : 3).
 
 
Lire : Luc 18 : 9-14
           
 
Deux hommes montant au temple pour prier
 
            Quel contraste complet entre les deux hommes dont parle ici le Seigneur ! Loin d'avoir le sentiment d'être un pécheur, le pharisien est convaincu d'être supérieur aux autres, à commencer par ce publicain, dont il se tient d'ailleurs à bonne distance, pour afficher sa dignité (v. 11) ! Pourtant ne sont-ils pas venus l'un et l'autre dans le temple en principe pour prier ? Mais justement en aucune occasion l'homme ne révèle plus distinctement ce qui remplit son coeur que dans la prière. C'est déjà vrai dans le particulier.
            Mais si nous sommes réunis en assemblée, dans la présence de Dieu, notre état intérieur peut grandement différer de l'un à l'autre, s'il n'y a pas eu de jugement préalable de nous-mêmes. Dans ce cas, la communion est grandement troublée et nos intercessions manquent d'unité, alors qu'elles sont censées refléter la pensée de tous !
 
 
                        - Le pharisien :
 
            « Le pharisien, se tenant debout, priait ainsi en lui-même : O Dieu, je te rends grâces de ce que je ne suis pas comme le reste des hommes qui sont rapaces, injustes, adultères ; ou même comme ce publicain. Je jeûne deux fois par semaine, je donne la dîme de tout mon revenu » (v. 11-12).
 
            Assuré, debout, la tête haute, cherchant à attirer l'attention, ce pharisien n'éprouvait pas le besoin de demander quoique ce soit à Dieu, ni pour lui ni pour les autres. Pourtant sa « prière » n'est pas courte - d'après le texte original ; « il commence et il continue à prier ». Les pharisiens, et ceux qui leur ressemblent, ont dans tous les temps, aimé à faire de longues prières, en se servant de paroles tirées des Psaumes ou des prophètes. Pour les pharisiens, cette façon de faire était entre autres un prétexte pour « dévorer les maisons des veuves » (Marc 12 : 40).
            Ce pharisien ressemble beaucoup aux frères de Joseph, quand ils déclarent : « Nous sommes d'honnêtes gens » (Gen. 42 : 11). Il dit : « Je te rends grâces », mais dans son cas se sont des paroles vides de sens. En effet, il ne dit rien de ce que Dieu a fait pour lui, rien non plus de la grâce de Dieu ou des différents aspects de la gloire de Dieu. En ce qui le concerne personnellement,il est très loin de dire avec le patriarche : « J'ai horreur de moi » (Job. 42 : 6), ou comme Simon Pierre : « Je suis un homme pécheur » (Luc 5 : 8).
 
            On peut facilement se laisser éblouir par des hommes du type « pharisien », alors qu'en principe on n'attend rien de bon de ceux qui ont l'attitude du « publicain ». Attention à ces erreurs d'appréciation qui peuvent être lourdes de conséquences dans notre comportement (1 Sam. 16 : 6-7).
            Cet homme pharisien - ce qui veut dire « séparé » - se glorifiait d'appartenir « à la secte la plus exacte » du culte judaïque ; on peut nourrir les mêmes prétentions, en appartenant au christianisme (Act. 26 : 5 ; Apoc. 3 : 17). Il était pleinement persuadé de ses mérites qu'il énumère dans ce qui est finalement loin d'être en réalité une prière. Sa façon de s'adresser à Dieu montre combien il est satisfait de sa propre conduite ! Il observe la loi d'une manière qui lui paraît tellement scrupuleuse (v.12), qu'il est assuré - à tort - que Dieu lui-même ne peut rien trouver à redire au sujet de sa conduite. Sa mention finale du publicain est extrêmement dédaigneuse.
            Cessons de nous comparer aux autres et de nous féliciter de n'être ni rapace, ni injuste, ni adultère, exagérant peut-être les vices de nos semblables jusqu'à la calomnie ! Que nous réalisions devant Dieu notre ruine morale complète, il n'y aura plus de place pour une forme d'orgueil quelconque. Humbles et repentants, nous estimerons, selon l'exhortation de la Parole, les autres supérieurs à nous-mêmes (Phil. 2 : 3) !
 
 
                        - Le publicain :
 
            « Le publicain, se tenant loin, ne voulait même pas lever les yeux vers le ciel, mais se frappait la poitrine en disant : O Dieu, sois apaisé envers moi, pécheur ! » (v. 13).
 
            Le publicain est visiblement dans une tout autre disposition d'esprit. Il craint Dieu et se considère uniquement comme un pécheur devant Lui. C'est le signe d'une réelle humiliation. Il ne cherche pas à se justifier, comme on le fait souvent, en pensant qu'il y a beaucoup de pécheurs et que certains parmi eux ont peut-être fait pire que lui ! Avec l'apôtre, il est disposé à confesser qu'il est « le premier des pécheurs » (1 Tim. 1 : 15).  
            Les publicains - ou péagers - étaient des collecteurs d'impôts pour la puissance occupante, les Romains. Ils étaient très souvent des voleurs invétérés qui extorquaient le plus d'argent possible. Injustes, âpres au gain, ils étaient méprisés et haïs de leurs coreligionnaires. Mais cet homme reconnaît vraiment devant Dieu sa misère, il est prêt à la confesser. Il comprend combien sa conduite a laissé à désirer et il avoue mériter la colère d'un Dieu juste et saint.
            Il se tient loin car il estime que c'est la place qui lui convient. Il réalise que Dieu est juste tandis que lui est foncièrement injuste.
            Il sait qu'il a affaire à un Dieu de vérité et en lui habite le mensonge. Ce Dieu est amour, mais son coeur est devenu un repaire de méchanceté. Il a compris que Dieu est lumière et lui, jusqu'ici, a préféré les ténèbres, parce que ses oeuvres étaient mauvaises !
 
            Cet homme ne connaissait pas encore – ce qui est notre grand privilège, depuis l'oeuvre de la croix – les immenses richesses de Dieu en amour et en grâce (Tite 2 : 11).
            Effrayé à juste titre, il réalise qu'il va bientôt se trouver devant Dieu, dans sa sainteté absolue. Aussi il « ne voulait même pas lever les yeux vers le ciel » (v. 13). C'est là que Dieu se trouve et le prophète dit à son sujet : « Tu as les yeux trop purs pour voir le mal, et tu ne peux contempler l'oppression » (Hab. 1 : 13).
 
            Les yeux d'un homme sont le miroir de son âme : ils reflètent tout ce qui se passe dans celle-ci, les mouvements qui l'animent et les remous qui l'agitent. On comprend que ce publicain ne veuille même pas lever les yeux vers le ciel. Quel droit aurait-il d'y entrer ? Aucun ! Comme vous et moi, du fait de son éloignement de Dieu, il a toutes les raisons d'aller en enfer pour l'éternité.
            Contrit, il se frappe la poitrine en signe de profonde douleur. C'est là que se trouve le coeur, le siège des affections. Depuis la chute, il est devenu une source empoisonnée. Toutefois, c'est d'abord dans l'esprit, source de l'intelligence, que l'homme s'est éloigné de Dieu. « Ils sont devenus vains dans leurs raisonnements » de sorte que « Dieu les a livrés, dans les convoitises de leur coeur à l'impureté » ; enfin, plongés dans un affreux bourbier de corruption,  ils ont déshonoré entre eux leurs propres corps (Rom. 1 : 21, 24).
            Le publicain semble dire : « C'est ici que se trouve la source de tous mes maux. Ce n'est pas ailleurs que l'on doit chercher la cause de toutes les souffrances, de tous les tourments. Cet homme est convaincu de péché !
            Comprenons aussi qu'il convient à celui qui est devenu par grâce un enfant de Dieu de toujours s'associer au voeu exprimé par l'apôtre : « Que le Dieu de paix lui-même vous sanctifie entièrement ! et que votre esprit, votre âme et votre corps tout entier soient conservés sans reproche à la venue de notre Seigneur Jésus Christ » (1 Thes. 5 : 23).
            Sa prière n'est pas un exposé de doctrine C'est un véritable cri de l'âme, simple et ardent : le publicain supplie Dieu que sa juste colère s'apaise. Il voit bien qu'il ne peut compter que sur la miséricorde divine. Comme le pharisien, le publicain dit : « O Dieu ! » Mais il ajoute aussitôt : « Sois apaisé envers moi, pécheur ».
            Ce mot « apaiser » est le même qui est traduit par propitiation : « qui apaise », rend propice » (Héb. 2 : 17 ; 1 Jean 2 : 2 ; 4 : 10). C'est un des aspects les plus précieux de l'oeuvre de Christ à la croix. La propitiation a entièrement satisfait Dieu. Il est désormais favorable à tout pauvre pécheur qui s'approche de Lui par Christ.
            C'est une question personnelle : le publicain dit : « envers moi, pécheur ». Aussi longtemps que nous nous occupons des autres, notre salut reste en suspens. Ce n'est pas la position occupée dans ce monde qui compte, mais notre état intérieur.
 
 
 
La  propre justice déplaît à Dieu et ferme l'accès à sa grâce
 
            « Il dit… cette parabole à quelques-uns qui se confiaient en eux-mêmes comme s'ils étaient justes et qui tenaient le reste des hommes pour rien » (v. 9). 
 
            L'enseignement de cette parabole fait ressortir à quel point la « propre justice » déplaît à Dieu. Elle ferme l'accès à sa grâce. Le Seigneur s'adresse « à quelques-uns qui se confiaient en eux-mêmes comme s'ils étaient justes » et, qui plus est, « tenaient les autres hommes pour rien » ! (v. 9). Ils les regardaient avec un dédain faussement apitoyé. Une telle attitude est toujours le fruit d'un orgueil sans borne.
            Celui qui est tombé dans une telle ornière est très souvent le dernier à s'en apercevoir ! Il faut toute la puissance du Saint Esprit pour briser notre cuirasse de propre justice. Quelle folie de se confier en soi ! « Il n'y a point de juste, pas même un seul » (Rom. 3 : 10). Tous, « nous sommes devenus comme une chose impure, et toutes nos justices comme un vêtement souillé » (Es. 64 : 6). Et pourtant, combien sont nombreux ceux qui se comparent aux autres et se trouvent - secrètement -, infiniment supérieurs ! C'est dans le domaine « religieux », que l'on peut aller très loin à cet égard. Pour mieux s'en rendre compte, lisons la description des pharisiens donnée en Matthieu 23 : 1-8, et « a contrario » celle des publicains en Luc 3 : 12-13.
 
            Il faut que le Seigneur, dans ses compassions, ouvre nos yeux d'aveugles. Ailleurs, des pharisiens entendent le Seigneur dire qu'Il est venu « afin que ceux qui ne voient pas, voient » ; ils osent alors Lui demander, en montrant à quel point chacun peut ignorer son propre état : « Et nous, sommes-nous aussi aveugles ? ». Ils reçoivent une réponse sévère, destinée à toucher leur conscience, hélas endurcie : « Si vous étiez aveugles, vous n'auriez pas de péché ; mais maintenant vous dites : nous voyons ! – Votre péché demeure » (Jean 9 : 39-41).
            Le seul espoir de l'homme « religieux » - comme d'ailleurs du pécheur avoué - repose sur la miséricorde de Dieu, rendue manifeste par le sacrifice de Christ à la croix ! C'est de Lui que nous avons besoin, c'est de sa justice que nous devons être revêtus.
 
                        Ta justice parfaite et pure,
                        O Dieu Sauveur, est la beauté
                        Et la glorieuse parure
                        Du pécheur par toi racheté.
 
 
            « Celui-ci descendit dans sa maison justifié plutôt que l'autre » (v. 14a)
 
            Le dernier verset de ce récit révèle la sentence du Juge : « Je vous dis… ». Le publicain est descendu « justifié » dans sa maison plutôt que le pharisien !
            Il est évident que le Seigneur ne parle pas ici d'une justification judiciaire devant Dieu. L'évangile de la grâce n'était pas encore connu. Mais, depuis la mort et la résurrection du Seigneur Jésus, cette précieuse vérité a été annoncée : Il est mort pour nos fautes et ressuscité pour notre justification. Dès lors la justification peut être acquise sur le principe de la foi (Rom. 4 : 25 ; 5 : 1).
            La question soulevée est la suivante : lequel de ces hommes a la bonne attitude ? Le pharisien pensait évidemment que c'était lui – et, dans sa folie, il méprisait le publicain. Mais selon l'appréciation divine, c'est celle du publicain qui convient pour Dieu: Cet homme se présente de la seule manière qui convient devant Lui.
 
                        Pécheurs perdus qui, dans votre misère,
                        Vers un Dieu saint n'osez lever les yeux,
                        Venez à Christ : il révèle le Père,
                        Le Dieu d'amour qui l'envoya des cieux.
 
 
            « Quiconque s'élève sera abaissé et celui qui s'abaisse sera élevé » (v. 14b).
 
            Enfin le Seigneur attire l'attention sur un principe d'une portée générale : « Quiconque s'élève sera abaissé et celui qui s'abaisse sera élevé » (v. 14b). Dieu agit à notre égard selon notre comportement, qui ne fait que refléter notre état intérieur.
            Dans une autre scène, Il observe comment les invités choisissent les premières places : ils les occupent prennent en fonction de l'importance qu'ils se donnent ! Jésus leur fait remarquer qu'il est plus honorable de s'asseoir à la dernière place et de s'entendre dire par l'hôte : « Ami, monte plus haut ». Et là encore, le Seigneur conclut de la même manière (Luc 14 : 11).
            Dans un sens, aucun pécheur ne peut occuper réellement une place au-dessous de la sienne. Devant Dieu, il est « mort dans ses fautes et dans ses péchés » (Eph. 2 : 1), dans l'attente d'un jugement inexorable, si la grâce de Dieu ne l'atteint pas.
            Mais au lieu de se méprendre, parfois totalement sur son état réel, il peut prendre devant Dieu consciemment cette dernière place. Ainsi agissait ici le publicain. C'est le premier pas indispensable sur le chemin de la conversion.
 
            Les enfants de Dieu, de purs objets de la grâce de Dieu, peuvent et doivent s'abaisser eux-mêmes. C'est un des enseignements qu'il faut retirer de cette parabole ! Le parfait exemple se contemple dans l'abaissement du Seigneur Jésus. Il était en forme de Dieu et Il s'est anéanti, Il s'est abaissé lui-même. Alors Dieu lui a donné « un nom au-dessus de tout nom » (Phil. 2 : 5-11).
            Cette pensée doit se graver dans notre coeur. Elle est de toute importance dans notre vie pratique. Apprenons à dire, avec la même ferveur, le même oubli de soi que Jean le baptiseur : « Il faut que Lui croisse et que moi je diminue » (Jean 3 : 30).
 
 
                        Que ton exemple, ô Sauveur,
                        Chaque jour nous encourage,
                        Malgré notre infirmité,
                        A reproduire l'image
                        De ta sainte humanité !
 
 
 
            Il faut tirer, avec l'aide du Seigneur, les justes conclusions de cette parabole concernant le pharisien et le publicain ! Ne nous justifions jamais nous-mêmes. Laissons à Dieu le soin de nous élever, s'Il le juge à propos, et apprenons plutôt à nous abaisser nous-mêmes. C'est dans cet humble chemin suivi par notre Sauveur, Homme parfait ici-bas, qu'Il désire nous voir marcher !     
 
 
 
                                                                                  Ph. L     le 26. 11. 08