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La manne cachée

 
Les récompenses à « celui qui vaincra » (Apocalypse 2 et 3) 
La mention de la manne dans l'Ecriture
Un autre signe de l'approbation du Seigneur, donné aux fidèles de Philadelphie  (Apoc. 3 : 12) 
 
 
« Que celui qui a des oreilles écoute ce que l'Esprit dit aux assemblées : A celui qui vaincra, je lui donnerai de la manne cachée, et je lui donnerai un caillou blanc, et sur le caillou un nouveau nom écrit, que nul ne connaît, sinon celui qui le reçoit » (Apoc. 2 : 17).
 
            Dans les quatre premières Eglises du chapitre 2 de l'Apocalypse, le prophète applique à l'état des Assemblées les caractères judiciaires de Christ qu'il a vus au premier chapitre. Ces assemblées, ou plutôt les diverses formes qu'a revêtu l'Eglise responsable, de sa naissance à son déclin, sont ainsi mises en pleine lumière, et la justice de la sentence que le Seigneur exécutera sur elles, est proclamée définitivement.
            Mais, au milieu de ces scènes de désordre et de jugement, l'Ecriture mentionne des fidèles qui se tiennent à part du mal et qui ont l'approbation du Seigneur et Sauveur dont ils sont les témoins.
 
 
 
Les récompenses à « celui qui vaincra » (Apocalypse 2 et 3)
 
            Les fidèles que le Seigneur désigne par ces mots : « A celui qui vaincra », nagent ouvertement contre le courant qui entraîne l'Eglise à sa ruine dans ses diverses phases de désobéissance et de corruption. Chacun de leurs actes est la contre partie des actes de ceux qui les entourent et auxquels ils appartiennent extérieurement, tout en les désapprouvant du fond de leur coeur et par toute leur marche.
            Vaincre, pour les fidèles de Pergame, c'est, non pas renverser le trône de Satan, ou démolir sa maison ; l'épée à deux tranchants, sortant de la bouche de Christ se chargera de la vengeance, quand l'heure du jugement aura sonné, mais c'est s'abstenir de toute communion avec l'Ennemi qui a élu domicile dans ce qui prétend se nommer l'Assemblée et se vante de l'être. A Pergame, c'est témoigner fidèlement de sa foi, quand ceux qui la défendaient sont persécutés comme Antipas, ou même mis à mort ; c'est se montrer entièrement étranger aux doctrines idolâtres et corrompues de ceux qui s'arrogent l'autorité dans l'Eglise, qu'ils soient des Balaams ou des Nicolaïtes. En un mot, c'est, avons-nous dit, nager contre le courant meurtrier qui, sous l'influence de Satan, amènera enfin l'Eglise professante à être vomie de la bouche du Seigneur. Il ne s'agit aucunement de renverser, et encore bien moins d'améliorer l'état de la chrétienté qui court à sa perte, mais de rendre un paisible et fidèle témoignage, quoi qu'il puisse nous en coûter, en contradiction absolue avec les principes mis au jour dans les diverses phases de l'Eglise responsable ici-bas.
            Notre but, dans cet article, n'est pas de considérer les récompenses promises à celui qui vaincra, dans le cours des diverses phases représentées par les sept Eglises. Nous voudrions seulement, à propos de Pergame et de Philadelphie, faire ressortir un ou deux points qui ont pu passer inaperçus au milieu de tant de trésors qui nous sont offerts par les Eglises de l'Apocalypse.
            Notons d'abord que les promesses faites à celui qui vaincra, dans les sept Eglises, sont déjà données ici-bas pour encourager les fidèles à persévérer dans la lutte, mais ne trouveront leur pleine réalisation que dans le temps futur où le combat aura pris fin et où, ayant remporté la victoire jusqu'au bout, ils entreront en possession de la récompense finale.
            Entre l'Eglise de Pergame et celle de Philadelphie, les récompenses aux vainqueurs offrent un contraste absolu. A Pergame, la récompense est tout entière secrète ; à Philadelphie elle est tout entière publique. Le premier cas est bien à sa place comme le second. Pergame n'a pas encore atteint le plein développement du mal, car Thyatire, sa dernière forme générale, caractérisée par le développement du Catholicisme jusqu'à la venue du Seigneur, est encore à venir. Le triomphe public du vainqueur n'est célébré qu'à Philadelphie, lorsque Laodicée va être vomie de la bouche de Christ.
            Il est dit à Pergame : « Que celui qui a des oreilles écoute ce que l'Esprit dit aux assemblées : A celui qui vaincra, je lui donnerai de la manne cachée, et je lui donnerai un caillou blanc, et sur le caillou un nouveau nom écrit, que nul ne connaît, sinon celui qui le reçoit » (Apoc. 2 : 17).
 
 
 
La mention de la manne dans l'Ecriture
 
 
            - la nourriture du peuple de Dieu dans le désert (Ex. 16 : 4 ; Jean 6 : 32)
 
                        Jésus est la manne du désert, le vrai pain qui est descendu du ciel. Pas un seul jour il ne fait défaut au peuple de Dieu. Qui mange de ce pain a la vie éternelle et Jésus le ressuscite au dernier jour. Il est parlé dans les évangiles du pain de l'homme qui ne rassasie que pour un jour ; le pain du ciel fait vivre éternellement et entretient la vie chez ceux qui le mangent. Les Israélites ne pouvaient garder la manne jusqu'au lendemain ; il leur fallait la manger le jour même, sinon elle se corrompait et engendrait des vers. Il nous faut recevoir chaque jour le Seigneur comme nourriture fraîche et ne pas songer que nous allons vivre aujourd'hui de ce que Dieu nous avait donné hier, sinon la nourriture, quelque parfaite qu'elle soit en elle-même, n'a plus de valeur, n'est plus appropriée à nos besoins d'aujourd'hui, et même le nom le plus excellent, celui de Christ, a perdu lamentablement sa saveur et son parfum. C'est une nourriture corrompue, qui n'inspire que le dégoût.
                        Quand arrive le jour du sabbat, symbole du repos qui reste pour le peuple de Dieu, ce nom précieux ne peut plus être altéré ni corrompu par la faute de ceux qui le reçoivent ; il restera, dans sa pureté parfaite, la nourriture, la force et la joie du peuple de Dieu pendant le repos éternel.
                        Ce n'est pas la manne, nourriture du désert, donnée chaque jour au peuple de Dieu, qui est promise à celui qui vaincra. Le Seigneur dit : « Je lui donnerai de la manne cachée ». « Et Moïse dit : Voici la parole que l'Eternel a commandée : qu'on en remplisse un omer pour le garder pour vos générations, afin qu'elles voient le pain que je vous ai fait manger dans le désert lorsque je vous ai fait sortir du pays d'Egypte. Et Moïse dit à Aaron : Prends une cruche et mets-y plein un omer de manne, et pose-la devant l'Eternel, pour la garder pour vos générations. Comme l'Eternel l'avait commandé à Moïse, Aaron la posa devant le témoignage pour être gardée » (Ex. 16 : 32-34). [Témoignage : tables de la loi –Nom. 17 : 7, 8, 10].
 
 
            - la « manne cachée », une allusion à la cruche qui renfermait la manne dans l'arche de l'alliance (Héb. 9 : 4 ; Apoc. 2 : 17)
 
                        Ce qu'est devenue cette manne, nous l'apprenons par l'épître aux Hébreux. Décrivant le sanctuaire terrestre, image du sanctuaire éternel, l'apôtre exprime ainsi : « Et après le second voile, un tabernacle qui est appelé saint des saints, ayant l'encensoir d'or, et l'arche de l'alliance, entièrement couverte d'or tout autour, dans laquelle était la cruche d'or qui renfermait la manne, et la verte d'Aaron qui avait bourgeonné, et les tables de l'alliance » (Héb. 9 : 3-4).
                        Quand le règne glorieux de Salomon fut établi, que le temple fut terminé et l'arche portée en son lieu, elle ne contenait plus que les tables de la loi (1 Rois 8 : 8 ; 2 Chr. 5 : 10). La verge d'Aaron (Nom. 17 : 8) et la cruche d'or avaient disparu, mais avant l'établissement du règne de Salomon, type du règne glorieux de Christ sur la terre, ces objets subsistaient. Ils subsistent pour le ciel, et c'est ce que nous avons pour le jour actuel, car seule l'épître aux Hébreux nous dit que la manne récoltée était conservée dans une cruche d'or, symbole du corps glorieux de Christ.
 
 
            - un signe de l'approbation secrète du Seigneur donné aux fidèles de Pergame
 
                        Il y avait donc à recueillir un omer de manne pour que les générations futures, lorsqu'elles seraient entrées dans la terre de Canaan, type de notre patrie céleste, puissent voir le pain que l'Eternel avait fait manger à son peuple dans le désert. Elles ne devaient jamais en perdre le souvenir. La manne cachée, Christ descendu du ciel ici-bas comme homme, puis ressuscité d'entre les morts et remonté au ciel avec son corps glorieux, faisait partie des délices de Dieu. Tandis que la manne descendue chaque matin et placée entre les mains des hommes pouvait être altérée et corrompue quand l'homme s'en occupait à sa manière, jamais cette manne cachée ne s'est altérée et ne s'altèrera à aucun moment dans la suite des âges. La cruche d'or prouvait la perfection pour Dieu de Christ, s'humiliant jusqu'à descendre du ciel ici-bas, pour apporter la vie au monde et achever l'oeuvre qu'il avait entreprise. Aussi c'est dans un corps glorieux que Christ homme, jadis humilié, est introduit en résurrection dans la terre de la promesse, type du ciel, pour y être gardé sous les yeux et tout près du coeur de Dieu. Mais il nous est montré dans ce type que tous le verront et non pas Dieu seulement, qui l'a élevé dans la gloire. Tel sera le cas pour tous les rachetés dans le ciel. Il y a plus encore : La manne cachée est donnée par le Seigneur lui-même, d'une manière spéciale aux vainqueurs. Il faut avoir vaincu, non pas pour la voir, mais pour la recevoir. Seul le vainqueur pourra dire : Elle est à moi ; Christ me l'a donnée à moi en particulier. La part de Dieu est devenue la mienne pour l'éternité, parce que, dit le Seigneur, tu as vaincu ! La manne cachée n'est pas une nourriture. Sa contemplation fait les délices du coeur de l'Eternel et du coeur du vainqueur. Elle est la part de ce dernier. C'est une part secrète qui n'appartient à aucun autre, un secret entre nous et Dieu ! Nous verrons plus loin le contraste remarquable entre la part du vainqueur à Philadelphie et celle du vainqueur à Pergame, mais il est dit d'abord : « Je lui donnerai un caillou blanc, et sur le caillou, un nouveau nom écrit, que nul ne connaît, sinon celui qui le reçoit » (Apoc. 2 : 17).
           
 
            - le « caillou blanc », donné avec la manne cachée
           
                        Dans l'Antiquité, lors d'un vote, on apportait une urne dans laquelle chacun des électeurs assemblés jetait soit une boule blanche, soit une boule noire, en signe d'acceptation ou de refus du candidat ; un plus grand nombre de boules blanches indiquait le vote favorable. C'est sans doute à cela que fait allusion le caillou blanc de ce passage. Tant qu'il était contenu dans l'urne, le résultat du vote n'était connu de personne, mais le moment arrivait où le vainqueur recevait du magistrat suprême la communication de sa pleine approbation.
                        Ici, ce n'est pas un triomphe ouvertement proclamé, mais une approbation communiquée à un seul : « Je lui donnerai un caillou blanc ». Cette approbation est secrète et pour lui seul, donnée par le seul qui ait l'autorité de la donner. C'est l'attribution d'une dignité et l'approbation secrète du Seigneur mise dans notre main, avec le privilège de jouir seul de la relation que comporte le nom qui y est attaché. Ce qui en rend le prix infini, c'est qu'elle n'appartient qu'au vainqueur. Chaque vainqueur reçoit le caillou blanc et le possède ; il lui appartient en propre ; il n'est pas appelé à l'exposer et à le montrer à d'autres. C'est un secret entre lui et le donateur, car sur ce caillou d'approbation est « un nouveau nom écrit que nul ne connaît, sinon celui qui le reçoit ». Depuis qu'Adam a perdu par son péché le droit d'appeler siens les êtres créés (Gen. 2 : 20), le Seigneur seul, le second Adam, possède ce droit, comme on le voit dans les Evangiles (Marc 3 : 16, 17 ; Jean 1 : 43). Il distribuera ces noms aux vainqueurs dans la gloire. Ce sont des noms d'intimité secrète, non pas une approbation publique qui, béni soit-il, appartiendra à tous les rachetés, mais ce sera la conscience de son approbation intime dans une relation secrète que seul celui qui a vaincu peut comprendre, dont il jouit comme d'une part personnelle que lui seul connaîtra à jamais.
                        Ah ! ne vaut-il pas la peine de lutter et de vaincre au milieu de la ruine actuelle, pour remporter une telle approbation et avoir le droit de se nommer d'un tel nom d'intimité entre nous et Lui ?
 
 
 
Un autre signe de l'approbation du Seigneur, donné aux fidèles de Philadelphie  (Apoc. 3 : 12)
 
 
            En contraste avec la part secrète et la jouissance intime dont jouissent les fidèles de Pergame, disons quelques mots des bénédictions données aussi bien que promises aux vainqueurs de Philadelphie.
            Elles sont, dans un sens, déjà publiques aujourd'hui ; elles le seront de façon glorieuse dans l'avenir. Il n'y a rien à Philadelphie qui la recommande aux yeux des hommes. Sa première caractéristique reconnue par le Seigneur lui-même est son peu de force ; la seconde est sa fidélité à garder sa Parole en un jour où la raison de l'homme foule cette Parole aux pieds ; la troisième est la conséquence de la seconde. On ne renie pas son nom quand on a la Parole pour le maintenir. Comment vaincre dans cette scène de faiblesse effrayante, si l'on n'a pas la Parole pour sûr appui ? Aussi le Seigneur prend-il ouvertement la cause de cette pauvre Philadelphie pendant le temps de son pèlerinage ici-bas : « J'ai mis devant toi une porte ouverte ». Tout oeil peut la voir, chacun la constater ; l'Evangile est annoncé par ces infirmes. « Je ferai venir ceux de la synagogue de Satan et se prosterner devant tes pieds ». Il y aura, pour Philadelphie, témoignage public de l'approbation du Seigneur de la part de ceux qui la méprisaient et ne voulaient pas la reconnaître. Enfin : « Je te garderai de l'heure de l'épreuve qui va venir sur la terre habitée tout entière ». Philadelphie est publiquement retirée de cette heure terrible.
            Mais il y a plus encore : Si celui qui lutte a déjà une porte ouverte et publique dans le jour de son épreuve et de son combat, combien sera plus publique et plus glorieuse encore la part de celui qui aura remporté la victoire finale ! Méditons cette promesse au vainqueur de Philadelphie : « Celui qui vaincra je le ferai une colonne dans le temple de mon Dieu, et il ne sortira plus jamais dehors ; et j'écrirai sur lui le nom de mon Dieu, et le nom de la cité de mon Dieu, de la nouvelle Jérusalem qui descend du ciel d'auprès de mon Dieu, et mon nouveau nom » (3 : 12).
 
 
 
            Dans un temps où, comme à Pergame, l'histoire générale de l'Assemblée responsable attend encore Thyatire pour être terminée, la récompense publique ne peut pas encore être proclamée ; mais à la veille du moment où Laodicée va être vomie de la bouche de Christ, comme un objet de dégoût, le sort public de ceux qui ont remporté la victoire pourra être hautement proclamé. Au milieu de tant de bénédictions, cette proclamation de la récompense à ceux qui ont fidèlement combattu et remporté la victoire est la plus haute récompense !
            Heureux ceux qui ont ces deux sortes de bénédictions, comme résultat du combat : l'approbation secrète du Seigneur dans l'avenir ; l'approbation publique du Seigneur au milieu de leur faiblesse sentie et reconnue ; son approbation éternellement publique quand tous ces noms glorieux : celui de Dieu, celui de la nouvelle Jérusalem et le nom de Christ seront à jamais écrits sur leurs fronts !
 
 
 
                                          H. Rossier - article paru dans le « Messager Evangélique » (1926 p. 101)