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            L'ASSEMBLEE DU DIEU VIVANT (4)



2ème partie – PRATIQUE DU RASSEMBLEMENT SELON DIEU (suite)
 
 
            3- Les réunions
 
                        Une précieuse exhortation domine toute la vie pratique de l'Assemblée : « Que toutes choses parmi vous se fassent dans l'amour » (1 Cor. 16 : 14). Cet amour, inséparable de la vérité (2 Jean 3), établit un « lien », celui de la « perfection », autour des croyants, et cela, particulièrement, dans les occasions où l'assemblée est réunie. Là, en effet, il est enjoint « que tout se fasse pour l'édification » ; or c'est l'amour qui édifie (1 Cor. 14 : 26). Là, d'autre part, puisque Dieu n'est pas un Dieu de désordre, mais de paix, il faut « que toutes choses se fassent avec bienséance et avec ordre » (1 Cor. 14 : 40).
 
                        L'assemblée se réunit au nom du Seigneur. Il est la source de la bénédiction. S'Il n'est pas là, à quoi bon se rassembler ? Mais du moment que l'on se réunit en son nom, Il sera là, fidèle à sa promesse.
 
                        Nous sommes exhortés à ne pas abandonner un tel « rassemblement de nous-mêmes » (Héb. 10 : 25). Ce n'est pas une loi imposée, mais le rappel d'une condition indispensable à la vie du corps. Déserter ce rassemblement « comme quelques-uns ont l'habitude de faire », c'est se priver soi-même, et priver les autres, dont nous sommes solidaires, de ce qui importe à la croissance commune.
 
                        Mais prenons garde de ne pas nous frustrer, même réunis, de la bénédiction que le Seigneur veut nous donner, en le frustrant Lui-même de ce qui lui est dû. L'apôtre déplorait que les Corinthiens se réunissent non pour leur profit, mais à leur détriment (1 Cor. 11 : 17). Il est triste de penser que nous pouvons nous rassembler à notre préjudice, jusqu'à « être jugés » (1 Cor. 11 : 34), tant il est vrai que « les mouches mortes font fermenter l'huile du parfumeur » (Ecc. 10 : 1).
 
                        Comme chez ces Corinthiens, la première cause d'une telle perte est dans les « divisions » (1 Cor. 11 : 18, 19) : des dissentiments tolérés et entretenus, des jalousies, des rancunes plus ou moins ouvertes, que de choses entravent ainsi l'action de l'Esprit dans le rassemblement et empêchent la liberté devant le Seigneur ! Souvenons-nous de l'exhortation toujours actuelle de Jésus lui-même en Matthieu 5 : 23, 24, et réconcilions-nous avec notre frère avant de venir devant l'autel et de nous y trouver avec lui.
 
                        Une autre cause de grave dommage est la méconnaissance, dans le rassemblement, de la dignité du Seigneur. Il est là, et c'est toujours une terre sainte où nous devons ôter les sandales de nos pieds. Ainsi les Corinthiens célébraient-ils « indignement » la cène, c'est pourquoi plusieurs étaient malades parmi eux et quelques-uns s'étaient endormis (1 Cor. 11 : 30).
 
                        Enfin il y a le manque de discernement à l'égard des « manifestations spirituelles » dans l'assemblée (1 Corinthiens 12-14), manifestations diverses comme le sont les réunions elles-mêmes.
 
 
                                   3.1 Réunions convoquées et réunions d'assemblée
 
                        L'assemblée peut être réunie sur l'initiative d'un frère, ou de plusieurs, que le Seigneur appelle à lui dispenser un enseignement, par exposé, ou études, ou entretiens (Act. 11 : 26), mais qui peuvent avoir à lui apporter de sa part un message d'avertissement, de consolation ou autre (Act. 15 : 30-31), ou qui ont à coeur de rendre compte de l'oeuvre du Seigneur, comme on le voit en Actes 14 : 26-27 : Paul et Barnabas retournant à Antioche, « d'où ils avaient été recommandés à la grâce de Dieu pour l'oeuvre qu'ils avaient accomplie », réunirent l'assemblée pour raconter « toutes les choses que Dieu avait faites avec eux » ; une telle communion dans le service est précieuse, et trop rare.
 
                        Il semble que l'on se méprenne parfois sur le caractère de telles réunions convoquées, et qu'on hésite à les dire « au nom du Seigneur », ou effectuées autour de Lui. Nous limiterions ainsi, par routine ou du fait de vues particulières et étroites, les occasions dans lesquelles l'assemblée peut se trouver groupée au nom de Jésus et compter sur sa présence. Sans doute, le serviteur de Dieu qui convoque une réunion, ou la laisse convoquer sous sa responsabilité, le fait pour y exercer le ministère qui lui est confié; il est à souhaiter qu'il pèse toujours cette responsabilité devant le Seigneur ; il doit avoir le sentiment qu'une telle convocation est bien de Sa part ; c'est dire tout ce que comporte de sérieux le service de tout frère qui visite les assemblées locales. Mais le principe demeure : c'est le Seigneur qui travaille par le moyen des « dons » qui s'emploient de la sorte, sous la direction du Saint Esprit.
 
                        Dans une réunion de ce genre, l'assemblée est reconnaissante à Celui qui veut l'édifier par le moyen d'un serviteur ; c'est à Lui qu'elle s'attend. Chacun doit avoir à coeur de demander à l'avance, et de demander en silence tout au long de la réunion, que rien ne soit donné qui ne vienne de Lui. Celui qui parle n'est qu'un canal, et l'on intercède pour qu'il reste relié à la source afin de fournir une eau pure. Un contrôle constant doit avoir lieu, grâce à cette « onction du Saint » que tout croyant possède, pour que tout ce qui est dit soit bien conforme à la Parole, et que l'assemblée, « colonne et soutien de la vérité », reçoive avec joie la nourriture convenable, mais ne risque pas d'accueillir et de couvrir un enseignement frelaté (Act. 17 : 11 ; 1 Thes. 5 : 19-21 ; 2 Jean 9, 10).
 
                        Il s'agit là, bien entendu, du travail d'édification dans l'assemblée. Il est clair qu'on ne pourrait appeler réunion de l'assemblée une réunion d'évangélisation tenue dans ce  monde ; là, se trouve le terrain normal de l'évangéliste. Sans doute la parole d'évangélisation peut avoir sa place dans toute réunion même « d'assemblée », surtout de nos jours où, comme dans ceux de Timothée, il faut « prêcher en temps et hors de temps » et faire l'oeuvre d'un évangéliste, même avec d'autres dons ou d'autres fonctions. Mais l'assemblée ne se réunit pas dans le dessein spécial d'évangéliser. Quand Corneille dit à Pierre  : « Nous sommes tous présents devant Dieu, pour entendre tout ce qui t'a été ordonné de Dieu » (Act. 10 : 33), l'Esprit Saint était à l'oeuvre avec puissance, certes ; toutefois il ne pouvait s'agir encore d'assemblée puisque, en dehors de Pierre et des frères qui l'accompagnaient, les auditeurs n'avaient pas encore reçu l'Esprit Saint.
 
                        A la différence des réunions ainsi convoquées par des serviteurs de Dieu, le Nouveau Testament nous parle explicitement de « réunions de l'assemblée » normales, régulières, dans lesquelles s'exprime de façon habituelle la vie d'une assemblée locale. Elles ont un caractère collectif, d'un bout à l'autre. Tous sont appelés, non pas simplement à y assister, mais à y participer. « Quand... vous vous réunissez ensemble », ou : « quand vous vous réunissez en assemblée », ou encore : « si donc l'assemblée tout entière se réunit ensemble », dit l'apôtre aux Corinthiens (1 Cor. 11 : 18, 20 ; 14 : 23, 26). Il n'est pas question alors de l'exercice particulier d'un « don », bien que les dons y aient leur place.
 
                        Ce sont les réunions fondamentales de l'assemblée. Celle-ci vient chercher la présence du Seigneur pour exercer les fonctions collectives qui lui sont dévolues. Elle regarde à Lui seul, avec foi, sans savoir à l'avance qui l'Esprit Saint conduira à « agir ». Non point qu'il y ait à attendre un jaillissement d'impulsions soudaines et incohérentes, qui manifesterait seulement une activité insensée de la chair (1 Cor. 14 : 23), mais bien au contraire, ce déroulement paisible et équilibré, sans effort apparent, qui caractérise le fonctionnement d'un corps en bonne santé, animé de l'intérieur par la puissance invisible d'un seul Esprit.
 
 
                                   3.2 L'Assemblée s'adressant à Dieu
 
                        Dans l'exercice de ces fonctions collectives, entre les précieuses prérogatives de l'Assemblée de Dieu que nous avons considérées précédemment, la prière et l'adoration en commun représentent les activités dans lesquelles l'assemblée s'adresse à Dieu, parle à Dieu.
 
                        Pour parler à Dieu, qu'on Lui demande (service de la prière) ou qu'on Lui offre (service de la louange), tous les frères sont au même rang, ont un même titre, celui de sacrificateurs, et leur sacrificature est liée, pour l'intercession comme pour l'adoration, à celle de Christ glorifié. Chacun peut prier, indiquer un cantique que tous chantent, rendre grâces au nom de tous, pourvu que ce soit dans la dépendance de l'Esprit qui agit dans l'assemblée.
 
                        Celui qui ouvre la bouche est alors la bouche de l'assemblée.
 
                        Prières et actions de grâces de l'assemblée ont assurément place dans toutes ses réunions. Toutefois, l'ordre même qui convient à la maison de Dieu implique que certaines réunions soient plus spécialement consacrées les unes à la prière, les autres à l'adoration.
 
                                               - La prière
 
                        C'est la prière en commun qui, en Matthieu 18, est associée à la promesse de la présence de Jésus, et cela lui donne son prix. Aussi ne conçoit-on pas plus une assemblée locale sans réunion de prières, qu'un croyant qui ne prierait pas individuellement. Ce serait refuser de venir à la source. Et l'on ne redira jamais assez combien il est désastreux que les réunions de prières ne soient pas plus suivies, au point qu'en bien des endroits la majorité des frères et des soeurs paraissent s'en désintéresser et en abandonnent la pratique à quelques-uns.
 
                        Il n'est que trop vrai aussi, hélas, qu'il arrive à ceux qui y prennent part d'en fausser le caractère, au risque d'en détourner les âmes au lieu de les attirer. Nous perdons plus que nous ne le pensons, lorsque nous ramenons la prière collective à de vaines redites, où abondent des formules usées — ou que nous nous plaisons à y inclure des exposés de doctrine, rappelant à Dieu les vérités de la Parole, comme si nous prétendions les Lui apprendre. Des discours interminables et lassants, mêmes s'ils sont sincères, empêchent de jeunes frères ou des frères timides de prier, soit qu'on ne leur en laisse plus le temps, soit que cette abondance, dont ils s'estiment incapables, les décourage. Prions plus longuement dans le privé, et plus succinctement dans l'assemblée. Tout a été dit à ce sujet, mais ne l'oublions-nous pas fréquemment lorsque nous nous agenouillons en assemblée ?
                        Combien nous pouvons être rafraîchis par l'expression précise, brève mais fervente, de besoins réels pesant vraiment sur tous les coeurs !
 
                        En réalité, la réunion de prières ne s'improvise pas. Elle suppose des coeurs préparés, des sujets de demandes considérés à l'avance, concertés si possible. Il faut dire davantage : elle suppose une vie habituellement passée avec le Seigneur, l'amour pour Lui et les siens, et ce discernement qu'un « exercice » continuel donne seul (Héb. 5 : 14). Elle implique d'autre part l'accord entre frères (Matt. 18 :19) : ne devrait-elle pas être, précisément, l'occasion de régler tout ce qui peut manquer de ce côté ?
                        Par-dessus tout, elle nécessite la liberté d'action du Saint Esprit. « Priant par le Saint Esprit » (Jude 20 ; voir aussi Eph. 6 : 18). Non seulement Il nous est en aide dans notre infirmité, mais Il nous enseigne à demander ce qui convient, et donne la hardiesse pour le faire au nom du Seigneur Jésus.
 
                        L'indifférence aux réunions de prières et leur déformation sont donc parmi les signes les plus apparents d'un déclin. Des réunions pauvres, au cours desquelles sont formulées des prières répétitives, ne donnent-elles pas la preuve d'un manque de vie spirituelle ? Mais il ne servirait de rien de s'arrêter complaisamment à des lamentations sur ce qui ne va pas. Mieux vaut nous exhorter mutuellement à retrouver le remède, si simple, et si efficace : « Approchons-nous donc avec confiance du trône de la grâce, afin que nous recevions miséricorde et que nous trouvions grâce pour avoir du secours au moment opportun » (Héb. 4 : 16). Qui de nous ne peut rendre grâces à Dieu d'avoir trouvé, en des moments difficiles, le plus puissant encouragement dans une réunion de prières, humble et peut-être méprisable aux yeux des hommes, et marquée aux yeux de Dieu de toute notre infirmité, mais où sa grâce nous a fait goûter sa paix ? (Phil. 4 : 7). Il est fidèle.
 
                                               - Le culte
 
                        La maison de Dieu, si elle est une « maison de prières », est aussi une maison de « sacrifices spirituels ». Adorer est sans contredit la plus haute fonction de l'Assemblée. C'est le culte au sens bien défini du terme. De même que tous les enfants de Dieu sont sacrificateurs pour intercéder, ils le sont pour offrir l'encens et présenter l'holocauste, comme ces adorateurs en Esprit et en vérité que s'est cherchés le Père (Jean 4 : 24). La louange est offerte à Dieu par Jésus Christ, lequel purifie nos saintes offrandes (Voir Ex. 28 : 38). Les thèmes en sont les merveilleux sujets que le Saint Esprit propose aux croyants : l'amour de Dieu, la Personne de Christ dans sa divinité et son humanité, ses souffrances, ses gloires infinies... De ce culte, a-t-on dit, Dieu est l'objet, Jésus Christ la substance, et le Saint Esprit la puissance.
 
                        Chacun de nous est bien appelé à bénir Dieu « en tout temps » comme le psalmiste (Ps. 34 : 1). Mais il y a une louange collective, dont Christ ressuscité est le centre et le promoteur (Héb. 2 : 12). Lui-même prend place « au milieu de l'assemblée » pour chanter les louanges de « son Dieu » dont Il annonce le nom à ses frères. L'Assemblée est le lieu de la « sainte sacrificature », et la solennité de ces « sacrifices de louanges » en égale le paisible bonheur. Il n'y a pas d'autre endroit où les offrir avec plus de ferveur et de réalité.
 
                        Quant au moment où l'assemblée doit se réunir en vue du culte, nous n'avons pas de commandement formel, pas plus que pour d'autres réunions. Mais dans le Nouveau Testament la mise à part du jour du Seigneur s'impose à tout esprit dont l'entendement a été renouvelé, et à toute conscience sensible à ce que le Seigneur attend. Ce jour, le premier de la semaine, est celui de la résurrection, au soir duquel Il vint et se trouva au milieu des siens réunis. Des passages, comme Actes 20 : 7 ; 1 Corinthiens 16 : 2, indiquent que les chrétiens du temps de l'apôtre Paul mettaient à part ce jour-là pour se réunir et en particulier pour rompre le pain. Tout concourt à donner du dimanche une idée qui n'a rien de commun avec le sabbat, sinon que le jour du Seigneur doit être honoré. « Si tu gardes ton pied de profaner le sabbat, de faire ton plaisir en mon saint jour, si tu appelles le sabbat tes délices, et honorable le saint jour de l'Eternel, si tu l'honores en t'abstenant de suivre tes propres chemins, de chercher ton plaisir et de dire des paroles vaines, alors tu trouveras tes délices en l'Eternel… » (Es. 58 : 13).
 
                        Le culte intelligent se déploie dans la liberté de l'Esprit. Toute action de la chair doit en être exclue : aucune organisation préalable, ou direction humaine, ou impulsion sans contrôle, n'y a sa place. L'Esprit crée un courant sensible pour tout fidèle, courant que traduisent des hymnes, des cantiques, des actions de grâces, des lectures de la Parole, le tout donné dans une vivante harmonie, et d'un niveau plus ou moins élevé selon l'état spirituel de l'ensemble. C'est un concert dont les notes multiples concourent à une expression d'unité ; son directeur, le Saint Esprit, est invisible mais toujours présent.
 
                        Nul ne devrait rester inerte au culte. Chacun doit avoir quelque chose à apporter, à moins que son coeur n'ait été occupé que des choses du monde ; alors l'indigence de sa « corbeille » (voir Deut. 26 : 1-11) l'amène à se juger salutairement.
                        Dans un culte vrai, les silences ne sont pas des intervalles vides, où l'on s'impatiente ; l'atmosphère est chargée d'une adoration muette. C'est ainsi que la maison de Béthanie était remplie de l'odeur du parfum que Marie versait aux pieds du Seigneur sans dire un mot (Jean 12 : 3).
                        De tels  moments d'adoration silencieuse ne constituent pas des pauses destinées à reprendre haleine entre des manifestations verbales ; ce sont plutôt celles-ci qui les rompent, pour exprimer ce que l'Esprit vient former dans les coeurs à la gloire de Dieu le Père et de Dieu le Fils. Si la Parole est présentée, c'est pour exciter à la louange et donner l'orientation de l'Esprit à cette louange. Il n'y aura que profit à mettre de côté toute routine, et toute confiance en l'homme. « Nous qui rendons culte par l'Esprit de Dieu, et qui nous glorifions dans le christ Jésus, et qui n'avons pas confiance en la chair », dit l'apôtre (Phil. 3 : 3). Ce n'est pas ici le lieu où les dons, même les plus qualifiés pour le ministère de la Parole, ont à s'employer, sinon pour « servir » comme Lévites et aider l'assemblée à adorer. C'est l'assemblée qui parle par tel ou tel, lequel détruit le courant de l'Esprit s'il exprime autre chose que ce qu'elle est en mesure de ressentir, même s'il s'agit de vérités élevées. Rejeter sur quelques-uns, encore davantage sur un seul, la redoutable charge de « conduire » le culte, ou bien prétendre le conduire, c'est certainement priver l'assemblée de sa bénédiction. Nul non plus n'est « consacré » pour rendre grâces en vue de la distribution de la cène : il est naturel que ce service incombe plus particulièrement à un frère âgé, mais sans que cela crée une habitude, encore moins une règle.
 
 
                        Un culte peut avoir lieu sans la célébration de la cène. Mais on ne concevrait pas la cène sans culte. Elle s'accompagne de louanges et d'actions de grâces, elle se célèbre dans l'adoration. Elle peut se placer au point culminant du culte, mais il serait plus normal encore qu'elle en provoque elle-même l'exaltation, et qu'il se continue par delà sa célébration, nourri d'une ferveur nouvelle et empreint de la plus haute solennité. Au culte se rattachent, en effet, tous les résultats de la mort de Christ, et il y a place pour la joie de la Pentecôte et même de la fête des Tabernacles, mais la Cène parle de la mort de Christ, dont la Pâque était un type ; et rien n'est plus solennel. Assemblés le premier jour de la semaine « pour rompre le pain » comme jadis les saints de la Troade (voir Act. 20 : 7), nous commémorons à la Table du Seigneur la manifestation la plus haute de l'amour divin. Si nous le ressentions davantage, nous aurions peur de prononcer trop de paroles, et les actions de grâces seraient plus brèves. C'est la Cène elle-même qui parle.
 
                        Là, en effet, est le mémorial de la mort de Christ, et nous employons le langage inégalable et irremplaçable des signes institués par Lui. Par eux non seulement Il nous rappelle sa mort, mais Il se rappelle lui-même à nous comme Celui qui est mort, a « été mort » (Apoc. 1 : 18) ; et nous, nous faisons ceci en mémoire de Lui...
 
                        Le témoignage le plus puissant est rendu à Christ dans ce monde par ceux qui ne lui appartiennent plus (Jean 17 : 14),  et qui attendent leur Maître : ils annoncent « la mort du Seigneur jusqu'à ce qu'Il vienne » (1 Cor. 11 : 26).
                        Aussi ce repas ne saurait-il être célébré trop « dignement », chacun « s'éprouvant soi-même » (v. 28), se jugeant soi-même, et pas seulement ses actes (v. 31), et l'assemblée s'assurant, pour entourer le Seigneur, à sa Table, d'une pleine liberté dans l'Esprit.
 
                        C'est la Table du Seigneur. Non la nôtre. Il est regrettable que tous les siens ne s'unissent pas pour répondre à son invitation. Aucun de ceux qui Lui appartiennent n'a de raison valable pour se tenir loin : si quelque chose dans la vie d'un croyant le retient, peut-il supporter que ce « quelque chose » l'emporte sur la plus pure des joies, et peut-il refuser de le rejeter pour obéir à son Sauveur ? « Que chacun s'éprouve soi-même, et qu'ainsi il mange du pain et boive de la coupe » — non point : qu'il s'abstienne.
 
                        Là, en même temps, se goûte la communion dans l'expression du « seul corps » selon 1 Corinthiens 10 : 15-17. Nous pensons à tous les enfants de Dieu, lavés dans ce sang, membres de ce corps. Présents ou absents, connus et inconnus, nous les voyons un en Lui. Mais le fait même que nous ne pouvons être là que selon l'unité du corps nous fait une obligation de garder l'unité de l'Esprit (Eph. 4 : 3).
                         Combien, dans cette lumière, nous apparaissent mesquins tant de différends qu'on néglige de juger, et qui troublent la communion ! Combien, d'autre part, le sentiment de la présence sainte contraindra-t-il l'assemblée à se purifier du « vieux levain », en allant jusqu'à « ôter le méchant » du milieu d'elle après avoir épuisé tous les moyens de le ramener ! Cette purification pratique, individuelle et collective, est indispensable à l'exercice de la « sainte sacrificature ». La cuve d'airain est là ; Aaron et ses fils s'y lavaient « lorsqu'ils entraient dans la tente d'assignation, et qu'ils s'approchaient de l'autel » (voir Ex. 40 : 30- 32).
 
 
                                   3.3 L'Assemblée recevant de Dieu
 
                        A l'Assemblée réunie comme telle, le Seigneur donne. Il opère pour l'édification, des siens par les « dons » qualifiés pour cela. Celui qui s'exprime n'est plus appelé à être la bouche de l'assemblée qui s'adresse à Dieu ; il parle à l'assemblée de la part de Dieu, « comme oracle de Dieu » (1 Pier. 4 : 11). Une telle action a sa place dans toutes les réunions : aussi bien à la réunion de prières qu'à celle de culte, l'Esprit se sert de la Parole pour réveiller les coeurs, aiguillonner les consciences, amener les âmes au diapason voulu, et pour cela Il peut appeler quelqu'un à exercer le service d'un « prophète ».
 
                        Mais cette action est appelée à caractériser spécialement les réunions que nous avons l'habitude de mettre à part sous le nom de « réunions d'édification », telles que les présente 1 Corinthiens 14. Il est bon cependant de remarquer que, d'après l'enseignement même de ce chapitre, les prières, les hymnes, les actions de grâces, interviennent dans de telles réunions et concourent à l'édification, au même titre que l'activité des « dons » . Au reste, il y aurait certainement danger à vouloir trop systématiser les différentes sortes de réunions ; ce serait prétendre borner l'action de l'Esprit.
 
                        Le fait est que nous connaissons trop peu ces réunions de l'assemblée s'attendant au Seigneur pour recevoir tout de Lui. C'est à la fois la source et la conséquence d'une grande faiblesse spirituelle.
                        Parfois elles n'existent pas du tout. Il est des assemblées qui n'ont, en dehors du culte, d'autres réunions que celles tenues occasionnellement par des frères sous leur propre responsabilité.  Elles se privent de nourriture, jusqu'à dépérir ; que dire d'un corps qui ne se nourrit pas ?
 
                        Plus souvent ces réunions se trouvent en fait remplacées dans la vie de l'assemblée locale par quelque chose de tout différent, savoir la réunion dont tel ou tel prend la charge. On s'attend à quelqu'un. Sous des formes plus ou moins accusées, c'est ainsi que, dans la plupart des cas, se présente la réunion dite d'édification. De telles réunions relèveraient plutôt des réunions convoquées, seulement elles le sont de façon habituelle et fixe. Elles peuvent être fort utiles. L'assemblée risque cependant non seulement d'être nourrie de façon trop uniforme, ce qui finit par être insuffisant même si l'enseignement est de qualité, mais de tomber dans une redoutable apathie et de s'en remettre, sans s'en douter, à un homme plus qu'au Seigneur ; bref, de préparer un clergé. Elle ne fonctionne pas comme corps, et un corps qui ne fonctionne pas s'atrophie.
                        L'activité des frères qualifiés ne serait pas amoindrie si elle s'exerçait au cours de réunions où la pleine liberté serait laissée à l'Esprit ; bien au contraire, elle serait certainement plus fructueuse, sans risquer de priver l'assemblée de l'édification que peuvent apporter, conduits par le Seigneur, d'autres frères du rassemblement local.
 
                        Qu'il y ait des dons marqués ou non, il suffit de se réunir en comptant sur le Seigneur, et l'on sera comblé... Il donnera ce qu'il faut pour consoler, pour exhorter, pour « édifier ». Les dons déjà reconnus s'emploieront à bon escient, sans se trouver obligés de discourir lorsqu'ils n'ont rien à donner. D'autres seront manifestés si cela est nécessaire. Le Seigneur suscitera à son gré ces « prophètes » parlant de sa part de façon intelligible et substantielle pour l'édification. Deux, trois peuvent être appelés à parler dans la même réunion : quelle bénédiction quand plusieurs présentent, à la suite, des aspects différents d'un même sujet ! On l'a dit bien des fois, cinq paroles, tels les cinq pains d'orge rassasiant une multitude, auront souvent plus d'effet que certains longs discours. Que de dons restent inutilisés, tenus en arrière soit par une fausse humilité chez leurs détenteurs soit par la trop débordante activité d'autres frères doués !
 
                        L'écueil est évidemment que la liberté de l'Esprit ne devienne occasion pour la chair, et que tout se passe comme si chacun avait le droit de parler. Ainsi en est-il malheureusement quelquefois. Ce sujet a été abordé plus haut en parlant du ministère. Celui qui se complaît à parler longuement dans l'assemblée, mettant en avant ses propres pensées, est sans profit pour les auditeurs ; il discourt hors de temps et hors de place.
                         A chacun de comprendre si vraiment il reçoit du Seigneur, par l'Esprit, ce qu'il présente ; aussi bien, les esprits des prophètes sont assujettis aux prophètes (1 Cor. 14 : 32). Mais la sensibilité spirituelle de l'assemblée doit toujours être en éveil. Si celle-ci est dans un état normal, celui qui parle sans édifier en sera averti, et, s'il s'obstine, on lui enjoindra le silence, pour le bien de l'ensemble. La liberté chrétienne conduit à formuler une critique saine : elle est opportune quand quelqu'un parle habituellement sans édifier. Sans doute il faut du support, les choses doivent se dire dans l'amour fraternel et la douceur, après avoir beaucoup prié au sujet de ce qui fait ainsi souffrir le troupeau, et que le Seigneur peut écarter sans qu'on soit contraint d'intervenir ; mais tout doit se faire pour le bien commun, à la gloire de Dieu. Trop souvent les critiques s'expriment inconsidérément, au dehors, dans les familles, sans plus de charité que de discernement, et c'est là une source de trouble.
 
                        Il suffira de souligner encore que, là comme au culte, le silence ne s'accompagne pas toujours d'inactivité, et que le Saint Esprit peut agir puissamment au cours de silences ; mais quand ils sont oppressants, manifestement sans motif, cela doit réveiller nos consciences, nous faire crier au Seigneur, afin qu'Il nous ouvre sa Parole.
                        Le tout est de ressentir Sa présence. C'est Lui qui rassemble. Peu importe que l'on parle ou non, si les âmes sont unies dans la communion avec Lui. Il n'y aura ni précipitation ni retard. On n'éprouvera pas le besoin d'une intervention humaine pour organiser quoi que ce soit à l'avance ou pour maintenir un ordre quelconque. Notons ici soigneusement l'enseignement de 1 Corinthiens 14. Il nous a été donné parce qu'il y avait à Corinthe beaucoup de désordre par abus des dons de grâce : leurs détenteurs les utilisaient non pour l'édification de l'assemblée, mais pour leur propre satisfaction. Or il n'y a pas, dans ce chapitre, un mot sur une organisation destinée à prévenir ce désordre, ni sur la nécessité d'un président visible. Tout est remis à l'Esprit, dans la dépendance duquel tous doivent rester. Les Corinthiens sortaient du paganisme où les manifestations spirituelles étaient exubérantes, ils étaient avides de dons brillants : le Dieu d'ordre et de paix leur enjoint seulement « que tout se fasse pour l'édification ». Ils agissaient comme de petits enfants : « Mais, dans vos entendements, soyez des hommes faits », leur dit-Il (1 Cor. 14 : 26, 20). L'intelligence — l'entendement renouvelé — doit accompagner la « manifestation spirituelle ». L'apôtre insiste sur ce point.
 
                        Nous aussi, qui si souvent usons avec puérilité des précieuses ressources assurées à l'Assemblée de Dieu, soyons des « hommes faits » !
 
                        Que Dieu nous donne, toutes les fois que nous nous rassemblons, de retenir énergiquement par la foi les deux grands privilèges qui se placent à la base du rassemblement selon Lui : la présence personnelle du Seigneur Jésus, et l'opération de l'Esprit Saint dans l'Assemblée. Tous les détails pratiques des réunions, qu'il n'était pas question d'aborder dans ces pages, se trouvent réglés d'avance, si ces deux faits décident tout pour nous. Par exemple l'exactitude : qui voudrait être en retard quand le Seigneur est là ! Ou encore le costume : sommes-nous là pour les hommes ou pour le Seigneur ? Encore la disposition du local : logerions-nous le Seigneur moins décemment que nous-mêmes, ou, à l'inverse, sa présence admet-elle une décoration ou un luxe qui ne donnent satisfaction qu'à la chair ?