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APPRENDRE LE CHRIST (7)
 
 
 
 
Son obéissance
 
           
            Obéir, c'est  agir conformément à la volonté d'un autre, et agir en cela en tant que créature intelligente et responsable. A la différence de l'animal qui est animé par des impulsions irraisonnées, dirigé par une sorte d'instinct propre à chaque espèce, l'homme est un être réfléchi, doté d'une autonomie d'action. Le lien de dépendance avec son Créateur n'est pas réalisé d'une manière automatique comme chez la bête ; dès lors il faut que ce lien soit réalisé consciemment par l'obéissance à la volonté divine révélée.
 
            L'obéissance à Dieu est précisément pour l'homme la preuve de sa dignité de créature supérieure en relation intelligente avec son Dieu. Mis à l'épreuve au jardin d'Eden, l'homme a rompu délibérément ce lien d'obéissance. En cherchant à se soustraire à la direction de son Créateur, en contestant son autorité, il a, en fait, perdu sa raison d'être. « Ils se sont tous ensemble rendus inutiles » (Rom. 3 : 12).
 
            L'indépendance et la rébellion qui caractérisent la race humaine depuis la chute font ressortir par contraste ce que Pierre appelle « l'obéissance de Jésus Christ » (1 Pier. 1 : 2). Venu dans le monde pour la manifester, ayant déclaré : « Voici, je viens pour faire, ô Dieu, ta volonté » (Héb. 10 : 7, 9), Christ seul a accompli le propos de Dieu dans l'homme. Lui aussi a été mis à l'épreuve avant de commencer son ministère ; il a rencontré Satan au désert, mais a été trouvé fidèle et obéissant, vivant « de toute parole qui sort de la bouche de Dieu » (Matt. 4 : 4), disposé à « servir Dieu seul », ne s'écartant pas de ce qui « est écrit ». Philippiens 2 résume le chemin du second homme, inverse de celui du premier : « il est devenu obéissant jusqu'à la mort et à la mort de la croix » (v. 8). Hébreux 5 précise que le Fils « a appris l'obéissance par les choses qu'il a souffertes » (v. 8). En tant que Dieu souverain, ayant droit à la sujétion de toute créature, obéir était pour Lui chose entièrement nouvelle. Et il en a connu la réalité en souffrant parce qu'Il venait obéir dans un monde en rébellion contre Dieu.
 
            Mais, « l'obéissance de Jésus Christ » n'est pas seulement présentée comme étant en contraste avec la désobéissance du premier Adam, ni comme étant parfaite et invariable quelles que soient les difficultés et les souffrances. De même que son amour, que sa joie, que sa paix, elle est d'une nature inconnue de l'homme. Le péché a en effet faussé dans notre esprit la notion d'obéissance. Du fait de notre tragique expérience, nous ne la comprenons guère que comme un asservissement. Sans parler du dur esclavage exigé par le prince de ce monde, plier sous la volonté d'un autre est une condition qui nous est familière. A différents degrés, la domination de l'homme sur ses semblables fait partie de la structure de la société et contribue à  donner du mot obéissance l'image d'une contrainte désagréable sinon d'une oppression dont on s'efforcera de s'affranchir. Même la loi n'a pas été comprise autrement par le peuple d'Israël.
 
            Pour le croyant, « l'obéissance de Jésus Christ » n'est pas cette pénible contrainte résultant de la présence en soi d'une propre volonté en désaccord avec celle qui s'impose à nous. Elle s'incline sans se poser de questions. Dieu a ses desseins, Il est sage; nous ne pouvons que nous conformer à sa volonté sans avoir besoin de la comprendre. N'est-elle pas « bonne, agréable et parfaite » par le fait même qu'elle est la volonté de Dieu (Rom. 12 : 2) ? L'obéissance que nous sommes appelés à manifester, de même nature que celle de Jésus, est le fruit normal de la confiance en un Dieu connu. Conscients de la perfection de cette volonté divine, il n'y a pas place en nous pour une pensée différente.
 
            C'est ainsi qu'obéissait Jésus, « fils sage, écoutant l'instruction du père » (Prov. 13 : 1), serviteur dont l'oreille était ouverte chaque matin pour écouter « comme ceux qu'on enseigne » (Es. 50 : 4). Qu'il s'agisse de ses oeuvres : il était descendu du ciel, non pour faire sa volonté, mais la volonté de celui qui l'envoyait (Jean 6 : 38). Ou de ses paroles : le Père lui commandait à la fois ce qu'il devait dire et comment il avait à parler (chap. 12 : 49-50). Même chez l'apôtre Paul, les sentiments d'affection pour son peuple ont pu prendre le pas sur l'injonction de l'Esprit de ne pas monter à Jérusalem (Act. 21 : 4). Rien de tel en Jésus qui, bien qu'aimant Marthe et sa soeur et Lazare, sait demeurer au lieu où Il est jusqu'à ce que Dieu lui dise de se rendre à Béthanie (Jean 11). Il ne se laisse pas conduire par les circonstances, ni par ses affections, ni par ce que pourront en penser les autres. Il ne manifeste ni précipitation ni lenteur ; Il agit et parle quand et comme l'exige la gloire de Dieu, la sainte volonté du Père.
 
            Volonté facile, bienvenue pour le coeur du Fils parfait, mais mise à une épreuve suprême et unique à la croix. Gethsémané nous est rapporté pour nous faire comprendre combien a pesé sur l'âme du Sauveur la perspective des heures d'abandon, d'identification avec le péché, l'entrée dans la mort. Mais là aussi l'obéissance triomphe. C'est jusqu'à la mort que le Christ Jésus a été obéissant, et à la mort de la croix. « Non pas ce que je veux, moi, mais ce que tu veux, toi ! » (Marc 14 : 36).
 
            Jamais plus, pour aucun homme, l'obéissance ne comportera un sacrifice aussi grand. Pourtant c'est pour la même obéissance que nous sommes élus, celle de Jésus Christ, non une servitude légale, fruit de la crainte, mais l'obéissance heureuse découlant d'une relation connue, d'une autorité qui n'est pas subie ni seulement acceptée, mais qui est une nécessité pour le coeur et dont l'amour est le secret.
 
            Cette obéissance de Jésus est bien celle de l'amour. « C'est mes délices, ô mon Dieu, de faire ce qui est ton bon plaisir » (Ps. 40 : 8) ; « J'aime le Père, et selon que le Père m'a commandé, ainsi je fais » (Jean 14 : 31). Sur le même principe, il nous enjoint : « Si vous m'aimez, gardez mes commandements », et la réciproque : « Celui qui a mes commandements et qui les garde, c'est celui-là qui m'aime » (Jean 14 : 31 ; 15 : 21). L'obéissance trouve sa source dans l'amour ; elle en est aussi la démonstration.
 
            « Prenez mon joug sur vous, et apprenez de moi... Car mon joug est aisé et mon fardeau est léger » (Matt. 11 : 28-30). Précisément, c'est dans la mesure où nous aimerons le Seigneur que nous trouverons le joug léger. C'est parce qu'il aimait son maître que le serviteur hébreu acceptait de le servir à toujours (Ex. 21 : 5-6). Inversement, c'est parce qu'il prétend connaître son maître comme dur et inflexible que l'esclave qui a reçu un talent n'a pas voulu travailler pour lui  (Matt. 25 : 24).
 
            Comme l'a écrit quelqu'un : « Le joug que Jésus porta et qu'Il appelle mon joug fut de se dévouer tout entier à faire la volonté de son Père. Joug aisé, fardeau léger, qui nous porte plus que nous ne le portons. Et s'il nous appelle dans ce monde à des renoncements, à des souffrances pour la chair, il en résulte toujours une paix du coeur, une joie même, un accroissement de foi, de lumière, de proximité de Dieu, qui valent mieux que toutes les richesses et que toutes les joies du monde ».
 
            Oui, quelle riche rétribution l'obéissance reçoit déjà sur la terre ; le repos de l'âme (Matt. 11 : 29), l'approbation du Père et du Fils avec la communion qui en découle (Jean 14 : 23), l'exaucement des prières, présentées selon la volonté de Dieu (chap. 15 : 7) ; des progrès dans la connaissance (chap. 7 : 17). Elle rend les serviteurs semblables à leur Maître, constituant entre eux et Lui un véritable lien de famille, selon qu'il a déclaré Lui-même : « Quiconque fera la volonté de mon Père qui est dans les cieux, celui-là est mon frère et ma soeur et ma mère » (Matt. 12 : 50).
 
 
(A suivre)
 
 
                        D'après J.K. – article paru dans le « Messager évangélique » (1969)