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           L'ASSEMBLEE DU DIEU VIVANT(3)


2ème  partie – PRATIQUE DU RASSEMBLEMENT SELON DIEU

          1- La question du nom
        2- L'« oeuvre du service »


2ème  partie – PRATIQUE DU RASSEMBLEMENT SELON DIEU
 
 
            Se réunir autrement que selon l'Ecriture ne peut être qu'une forme religieuse. Ne disons pas qu'une âme sincère, quoique mal éclairée, n'y trouvera rien, et que Dieu ne puisse la tenir pour agréable (Act. 10 : 35). Mais elle restera étrangère au témoignage rendu à l'unité du corps de Christ et elle ignorera la bénédiction « commandée là », comme elle l'était à Sion pour le peuple terrestre (Ps. 133), la rosée descendant de l'Hermon, l'huile précieuse descendant de la tête du vrai Aaron. Elle ne connaîtra pas la libre action du Saint Esprit qui lie « les frères habitant unis ensemble » à Christ ressuscité.
 
            Mais se rassembler en dehors des multiples organisations humaines de la chrétienté, ne sera-ce pas ajouter encore au morcellement de celle-ci ? C'est là un grief sans cesse élevé contre ceux qui se sont estimés contraints, par obéissance au Seigneur, de sortir vers Lui « hors du camp », pour se grouper autour de Lui seul.
 
            Il ne nous est pas possible d'empêcher cette accusation. Mais nous devons prendre garde de ne pas la mériter, et pour cela bannir de nos coeurs tout esprit sectaire. Le Seigneur nous appelle, non à être une fraction de l'Église qui aurait la prétention de faire mieux que les autres, mais à marcher là où devrait marcher l'Église tout entière, et comme si, tout entière, elle était là autour de Christ.
 
 
            1- La question du nom
 
                        Aussi, pour commencer par un point trop souvent traité à la légère, devons-nous répudier toute appellation par laquelle nous consacrerions une division de plus de l'Eglise. Quand d'autres chrétiens se disent catholiques, protestants, calvinistes, luthériens, méthodistes, baptistes, etc., ils sont logiques, ils portent le nom de leur église. Mais nous ne connaissons d'Eglise que la seule Assemblée de Dieu. Nous ne pouvons porter de nom que ne puissent porter tous les enfants de Dieu. Que le monde, religieux ou non, appelle de tels croyants comme il l'entend, c'est son affaire, et les sobriquets n'ont jamais manqué dans l'histoire du peuple de Dieu. Mais reconnaître une appellation distincte serait nier le principe de l'unité qui est celui du rassemblement chrétien. Quand l'apôtre reprochait aux Corinthiens de se dire l'un de Paul, l'autre d'Apollos, l'autre de Céphas, l'autre de Christ, il protestait, disant : « Le Christ est-il divisé ? » (1 Cor. 1 : 12).
 
                        Le Nouveau Testament parle de « chrétiens » (Act. 11 : 26 ; 26 : 28 ; 1 Pier. 4 : 16). Encore ce nom était-il donné par ceux du dehors, peut-être en dérision. Plût à Dieu que notre témoignage soit tel que tout naturellement on nous qualifie de ce nom, le nom de ceux qui suivent Christ !
 
                        Il est parlé à maintes reprises de « disciples » dans les Actes. Soyons de fidèles disciples de la Parole, obéissant de coeur à la forme de doctrine dans laquelle nous avons été instruits (Rom. 6 : 17), la « doctrine du Christ » (2 Jean 9).
 
                        Les épîtres parlent de « saints ». Nous oserions à peine employer ce nom que l'apôtre inspiré applique cependant aux chrétiens de Corinthe et des autres assemblées locales, les « assemblées des saints » (1 Cor. 14 : 33 ; Rom. 1 : 7 ; 1 Cor. 1 : 2 ; 2 Cor. 1 : 1 ; Eph. 1 : 1 ; Phil. 1 : 1, etc.). Il arrive que certains abusent de ce terme sans discernement suffisant ; en particulier, quand il est usité devant des inconvertis, il peut prêter à confusion ou même donner prétexte à « scandale ». Souvenons-nous comment notre Maître a agi en Matthieu 17 : 27. Tels pourtant sont, par grâce, tous les rachetés de Christ, saints par l'appel de Dieu et en vertu de l'oeuvre de Christ : aussi sommes-nous exhortés à vivre « comme il convient à des saints » (Eph. 5 : 3).
 
                        Mais, tout au long de l'histoire rapportée par les Actes des Apôtres, et sans cesse dans les épîtres, c'est le nom de « frères » qui revient. Christ n'a pas honte d'appeler tels ceux que Lui-même sanctifie : ils sont des « frères saints, participants à l'appel céleste » (Héb. 2 : 11 ; 3 : 1). Ce nom de frères convient dans la famille de Dieu, son emploi doit être courant entre enfants de Dieu. Nous n'avons pas à en chercher d'autre. Encore moins à en revendiquer l'usage exclusif : en l'employant, nous n'oublierons pas le grand nombre de ceux qui, enfants de Dieu au même titre que nous, nous sont inconnus parce que disséminés dans le monde christianisé, et nous éprouverons dans nos coeurs le sentiment douloureux mais nécessaire de la famille incomplètement rassemblée.
 
                        Mettre en pratique les enseignements de la Parole de Dieu quant au rassemblement des croyants, ce n'est nullement constituer un nouveau groupe, dénommé « les frères » ou « l'assemblée des frères », mais se rencontrer comme « des frères » que la grâce rassemble, en un temps où les enfants de Dieu sont dispersés.
 
 
 
            2- L'« oeuvre du service »
 
                                   2.1 Clergé et ministère officiel
 
                        L'absence de tout « clergé » et de ministres officiellement consacrés est sans doute ce qui frappe le plus dans les rassemblements constitués en dehors des diverses organisations ecclésiastiques. Elle étonne, et même trouble souvent des âmes sincères mais habituées à leurs formes religieuses. Car enfin, n'est-il pas parlé dans le Nouveau Testament de surveillants, d'anciens, de serviteurs, et de pasteurs, d'évangélistes, de docteurs, comme d'apôtres et de prophètes ?
 
                        Cela est hors de doute. Mais avant d'aller plus loin, constatons que nulle part dans ce Nouveau Testament nous ne voyons ces hommes, ou telle catégorie d'entre eux, constituer un corps distinct du reste des fidèles pour exercer des fonctions sacerdotales, célébrer le culte, accomplir seuls certaines cérémonies. Au contraire, tous les chrétiens y sont considérés au même titre comme des sacrificateurs. L'apôtre Pierre ne fait aucune distinction entre eux lorsqu'il écrit : « Vous-mêmes aussi, comme des pierres vivantes, êtes édifiés une maison spirituelle, une sainte sacrificature, pour offrir des sacrifices spirituels, agréables à Dieu par Jésus Christ » (1 Pier. 2 : 5). La notion même de clergé est étrangère à l'enseignement chrétien. Nulle part non plus l'Ecriture ne présente ou ne prévoit dans le christianisme une succession de prêtres ou de ministres assurée par une consécration ou une ordination quelconques, choses que les diverses « Eglises » retiennent, bien que beaucoup, particulièrement les églises dissidentes, repoussent l'idée d'un clergé à la manière catholique. S'il s'agit des apôtres, il est clair que c'est le Seigneur qui les a désignés et qu'ils n'en ont point établi après eux. Si un autre « a pris la charge » de Judas, ce ne sont point les onze qui l'ont choisi (Act. 1 : 24). Quant à Paul, il insiste partout sur le fait qu'il a reçu son apostolat de Dieu et non des hommes, et il ne s'est point donné de successeur. Le principe est le même pour tous les ministères ou services. On cherchera en vain autre chose dans le Nouveau Testament.
 
                        Nous y voyons bien que, avant que la Parole fût complète, l'Eglise étant en formation, les apôtres à Jérusalem ont jugé bon de faire désigner par l'assemblée et d'établir des serviteurs (Act. 6 : 1-3) et de choisir eux-mêmes des anciens dans les assemblées des nations (Act. 14 : 23) à l'image de ce qui existait depuis toujours en Israël (voir Act. 11 : 30 ; Jac. 5 : 14-16). L'apôtre Paul, en vertu de son autorité apostolique, a donné qualité à Tite pour le faire en Crète (Tite 1 : 5), et peut-être, quoique non expressément, à Timothée à Éphèse (1 Tim. 3). Nous lisons bien aussi, en Actes 13 : 1-4, que les prophètes et docteurs de l'assemblée à Antioche ont imposé les mains à Paul et à Barnabas, mais non point pour leur confier eux-mêmes un service, puisque c'était l'Esprit Saint qui les appelait ; de sorte qu'ils témoignaient seulement de leur communion et de leur pleine approbation. Relevons aussi que Timothée, objet de prophéties particulières (1 Tim. 1 : 18), avait reçu un don de grâce « avec l'imposition des mains du corps des anciens » (1 Tim. 4 : 14) et « par l'imposition » des mains de l'apôtre Paul (2 Tim. 1 : 6) : les anciens reconnaissent ce que l'apôtre était seul compétent pour conférer et qu'il ne confère que sur l'injonction formelle du Saint Esprit exprimée par prophétie. Ce sont là des faits incontestables ; mais en vain voudrait-on en tirer règle ou indication permanente en faveur d'une investiture officielle. Non seulement les apôtres n'ont pas eu de successeurs, et la Parole est absolument muette sur la transmission éventuelle de l'autorité apostolique, mais elle l'est tout autant sur la nomination d'hommes à quelque fonction officielle que ce soit. Nul aujourd'hui ne peut se prévaloir d'une autorité donnée de Dieu pour cela.
 
                        La Parole insiste, au contraire, sur l'action du Saint Esprit pour distribuer dons et services (Act. 13 : 2 ; 1 Cor. 12). Or c'est précisément cette action qui n'est pas reconnue dans l'ensemble du monde chrétien. Comment la laisserait-on libre et souveraine quand, dans bien des cas, on n'admet même pas la présence du Saint Esprit comme Personne ici-bas ? Nécessairement les règlements d'une organisation humaine prétendent alors se substituer à lui, et il faut une investiture pour exercer une fonction dans l'Eglise. Même lorsqu'on déclare ne consacrer à de telles fonctions que des hommes appelés par Dieu, cette consécration est le fait d'une autorité officielle et exclusive dont nous ne trouvons pas trace dans la Parole de Dieu. Or celle-ci ne manque pas de directions précises sur l'ordre et l'édification dans l'Assemblée. Seulement elle dit : « Le seul et même Esprit opère toutes ces choses, distribuant à chacun en particulier comme il lui plaît ». Il n'appartient ni à l'assemblée, ni encore moins à un clergé issu d'elle, de les « distribuer ».
 
                        Nous avons grandement besoin d'être gardés, non seulement des formes, mais de cet esprit clérical qui, supprimant l'exercice de conscience collectif, remet à quelques-uns la charge exclusive de la marche d'une assemblée. Nous en serons délivrés en croyant simplement à la présence du Saint Esprit dans l'Assemblée. Il y agit notamment par « les dons de grâce ».
 
 
                                   2.2 Les « dons de grâce »
 
                        Cette expression « don de grâce » est la traduction la plus exacte du grec « charismata » (au singulier charisma), [de charis, grâce], que l'on francise d'ailleurs souvent en « charisme ». L'Ecriture identifie souvent le « don » et celui qui le possède (Eph. 4 : 8, 11).
 
                        L'Assemblée ne saurait, en effet, vivre sans l'exercice de ce que la Parole appelle les « dons de grâce ». Le « don » est proprement une faculté, ou une capacité, donnée de Dieu à une personne déterminée pour agir à l'égard des hommes. Christ ne laisse pas l'Eglise en manquer. Il a donné, donne et donnera à cet égard, par le Saint Esprit, tout ce qui est nécessaire pour la nourrir, l'administrer et l'édifier tant qu'elle sera sur la terre.
 
                        Il est plusieurs sortes de dons. Les divers passages qui en parlent en donnent des énumérations différentes, chacune avec une intention particulière, mais dont aucune n'est limitative.
 
                        Il y a, pour l'ensemble de l'Eglise, les dons « en vue du perfectionnement des saints, pour l'oeuvre du service, pour l'édification du corps de Christ » (Eph. 4 : 11, 12). Lui-même, glorifié comme la Tête de ce corps, « a donné les uns comme apôtres, les autres comme prophètes, les autres comme évangélistes, les autres comme pasteurs et docteurs ». On voit qu'il s'agit là, essentiellement, du « service de la Parole », et c'est cela que l'on entend lorsqu'on emploie de façon absolue le terme de « ministère ». Celui des apôtres se continue, leur message ayant pris place dans les écrits inspirés, complétant la Parole de Dieu (Col. 1 : 25). Les prophètes, suivant les temps, appliquent la Parole aux besoins que Dieu leur fait discerner dans l'Eglise avec la réponse qu'Il veut y donner ; ils mettent pour ainsi dire les âmes en contact avec Dieu lui-même (voir 1 Cor. 14). Les évangélistes travaillent dans le monde pour en tirer ceux que Dieu amène dans l'Assemblée. Les pasteurs ont le soin de donner la nourriture spirituelle convenable, et veillent sur le troupeau que le monde et Satan menacent sans cesse. Les docteurs ont à exposer sainement et clairement la vérité.
 
                        Le chapitre 12 de la première épître aux Corinthiens, qui insiste surtout sur la souveraineté du Saint Esprit dans la distribution des dons, nous dit que « Dieu a placé... dans l'assemblée : — d'abord des apôtres, en second lieu des prophètes, en troisième lieu des docteurs, ensuite des miracles, puis des dons de grâce de guérisons, des aides, des gouvernements, diverses sortes de langues ». Si les dons que prisaient tant les Corinthiens, miracles, langues, lesquels étaient des « signes » pour les incrédules (voir 1 Cor. 14 : 22), ne se manifestent plus pareillement parmi nous, les autres subsistent. Il n'est pas question ici d'évangélistes parce que ce chapitre nous occupe de « manifestations spirituelles » au sein d'une assemblée locale, dans sa vie propre, dirigée par l'Esprit.
 
                        En Romains 12, on trouve non seulement le service de la Parole, mais l'ensemble des « services » chrétiens, qui nous sont présentés tous comme des « dons de grâce ». Ils vont de la prophétie, laquelle est le propre de quelques-uns seuls, à l'exercice de la miséricorde qu'assurément aucun des fidèles, frère ou soeur, n'est dispensé de pratiquer. Chacun a reçu. Chacun est exhorté à donner. Mais en même temps chacun est rappelé à la « mesure de foi que Dieu a départie à chacun », pour ne pas la dépasser ni demeurer en deçà, de sorte que le corps entier fonctionne harmonieusement.
 
                        En 1 Pierre 4 : 10, 11, la diversité des dons de « la grâce variée de Dieu » se répartit, dit l'apôtre, entre « chacun de vous », appelés à en être les « bons dispensateurs ». De sorte que « si quelqu'un parle, qu'il le fasse comme oracle de Dieu ; si quelqu'un sert, qu'il serve comme par la force que Dieu fournit ». L'amour fervent auquel tous les fidèles sont conviés fait qu'ils emploient « les uns pour les autres » les dons de grâce que chacun d'eux, frère ou soeur, a reçus.
 
                        Il ne faut pas que ces enseignements de la Parole restent pour nous des considérations théoriques. Leur portée pratique est extrême.
 
                        Il y a une grande diversité de « dons ». Nous sommes portés à n'appeler de ce nom que ceux qui ont quelque relief, en particulier le ministère de la Parole, et à les apprécier dans la mesure où ils s'exercent de façon brillante ou captivante. Aux yeux de Dieu il n'est pas de telles distinctions. Au contraire, les dons les plus « voyants » correspondent à ce qui, étant le moins important et le moins précieux en soi, a dû recevoir extérieurement un honneur plus grand (1 Cor. 12 : 23, 24). Le ministre de la Parole n'est qu'un canal, celui qui exerce la miséricorde est un foyer d'amour. Le plus humble service dans l'Assemblée a souvent beaucoup plus de valeur que tel autre très en vue.
 
                        Ces « dons de grâce » pour « l'oeuvre du service » à tous les degrés confèrent, non une autorité officielle, mais une responsabilité à ceux qui en sont investis. Serviteur, c'est ce que Christ a été. Quelqu'un voudrait-il être plus que son Maître ? « Qu'as-tu que tu n'aies reçu ? » Même « celui qui préside », ou qui « est à la tête », n'est point un chef au sens où l'entendent les hommes, il est tel que ses frères, mais placé à un poste de responsabilité particulière. Le danger, pour qui a reçu un don propre à le mettre en vue, spécialement celui de présenter la Parole, est de s'ériger en chef et de détourner les âmes de Christ, en les attachant, sciemment ou non, à soi-même. Inversement le danger n'est pas moins grand pour les autres de se reposer passivement sur quelques-uns que Dieu a donnés et de s'endormir dans la routine, en provoquant ainsi, sans s'en douter peut-être, la naissance et l'existence d'un clergé.
 
                        Chacun a un « don de grâce ». Chacun doit savoir ce qu'il a reçu du Seigneur et Lui obéir, dans la dépendance du Saint Esprit. Pour que le corps s'accroisse et fonctionne, il faut que chaque membre accomplisse sa fonction, ni trop ni trop peu, comme le montre 1 Corinthiens 12. Nous sommes membres les uns des autres, et c'est pour le bien commun, non pour notre satisfaction personnelle, que nous avons à « désirer avec ardeur les dons de grâce plus grands ». Mais devant nous est ouvert « un chemin bien plus excellent », celui de l'amour.
 
                        On est heureux à la pensée que c'est le Seigneur qui donne, en vue des besoins de l'Assemblée qu'Il aime. Il n'aura pas cessé de la pourvoir des dons nécessaires. Mais comment sont-ils exercés, et comment leur exercice est-il reçu par ceux qui en sont l'objet ? Dans l'état présent des choses, bien des dons sont perdus, car inutilisés, bien qu'ils existent. C'est ce côté de l'emploi des dons que nous présente Romains 12. Agissons selon qu'il nous a été donné. S'il n'en est pas ainsi, quelle perte pour tous ! L'état actuel de l'Eglise traduit non point l'absence des dons, mais leur non- emploi, ou leur mauvais emploi. Timothée est exhorté à « ranimer le don de grâce », qui est en lui, Archippe à prendre garde au service qu'il a reçu du Seigneur. Le Seigneur peut nous dire à tous : Qu'avez-vous fait de ce que je vous ai donné ?
 
                        Loin de nous aussi la pensée que tous les dons actuellement suscités par Dieu se trouvent parmi les frères avec qui nous nous rassemblons. Et n'ayons pas la prétention de les connaître tous. Mais que, parmi nous, il n'y ait pas d'autre action que celle du Saint Esprit s'exerçant par les « dons », et que chacun agisse dans la dépendance, selon qu'il a reçu du Seigneur lui-même.
 
 
                                   2.3 Les « charges »
 
                        Le Nouveau Testament parle, en outre, à diverses reprises, de frères appelés à s'occuper de l'assemblée locale comme « anciens » ou « surveillants », et comme « serviteurs » ou « diacres » (Act. 11 : 30 ; 14 : 23 ; 20 : 17, 28 ; Phil. 1 : 1 ; 1 Tim. 3 ; Tite 1 ; 1 Pier. 5 : 1 ; Jacq. 5 : 14 et aussi Héb. 13 : 17). Ces « charges », comme on les appelle, ne sont nullement incompatibles avec l'exercice d'un don pour la présentation de la Parole, comme le montrent les cas d'Etienne et de Philippe, mais elles ne lui sont pas davantage liées. L'ordre doit être maintenu dans l'Assemblée, les déréglés doivent être avertis, les âmes soignées et encouragées. Il est nécessaire aussi que des hommes et des femmes (Phoebé était servante de l'assemblée à Cenchrée) dévoués s'occupent des choses matérielles, dont chacune, même la plus humble, a son importance ; les serviteurs institués en Actes 6 s'occupaient des pauvres et distribuaient la nourriture. Que des fidèles aspirent à de telles fonctions, c'est là « désirer une oeuvre bonne ».
 
                        Les qualités requises pour l'une et l'autre charge sont énumérées par l'apôtre Paul dans le chap. 3 de la première épître à Timothée et dans l'épître à Tite (1 : 7). Elles exigent des chrétiens fondés, expérimentés, pieux. C'est faute de ces qualités que de nos jours se sentira si péniblement, dans la vie des assemblées locales, le manque de surveillants et de serviteurs. Là où ils existent, sachons les reconnaître, et leur porter honneur (1 Thes. 5 : 12).
 
                        Mais encore une fois, la Parole ne donne aucune direction quant à une investiture, officielle et réglementée, dans ces charges. « L'Esprit Saint vous a établis... pour paître l'Assemblée de Dieu », dit Paul aux anciens d'Ephèse.
                        Historiquement, les anciens (presbuteroi : prêtres) ou surveillants (episkopoi = évêques) et les serviteurs (diakonoi = diacres) se sont peu à peu mis à part des fidèles pour former le clergé. Notons, selon Tite 1 : 5-7, que les mots « ancien » et « surveillant » désignent la même charge, vue sous deux aspects différents.
                        Ces anciens, surveillants et serviteurs se sont considérés (et ont été considérés) dans les églises catholiques comme seuls investis des « dons » et chargés de tout ministère, enseignement, culte, service divin. Ils se sont enfin recrutés eux-mêmes, leur corps spécial se donnant comme seul qualifié pour reconnaître de nouveaux prêtres, selon un pouvoir qui leur viendrait des apôtres et qui se serait transmis sans interruption.
                         Il n'est que de lire le Nouveau Testament pour constater qu'aucune de ces trois prétentions ne se justifie dans l'Ecriture, et qu'elles s'opposent à la souveraineté du Saint Esprit dans l'Assemblée. Ailleurs, dans la plupart des dénominations protestantes, les « anciens » ne constituent pas à proprement parler un clergé de la sorte, mais ils forment néanmoins une catégorie officielle et sont élus par l'ensemble des fidèles, ce qui n'est pas davantage conforme à l'Ecriture : si, lors de la désignation des sept diacres en Actes 6 : 1-6, l'ensemble des disciples « jette les yeux » sur eux et les présente aux apôtres, ceux-ci les établissent selon leur irremplaçable autorité. En fait, il n'existe aujourd'hui sur la terre aucune autorité compétente pour établir des anciens ou des serviteurs.
 
 
                        Mais il serait aussi funeste de prétendre qu'ils n'ont plus lieu d'être, et ce serait douter de l'amour du Seigneur pour son Assemblée que de penser qu'Il a retiré ce qui est indispensable à la bénédiction des assemblées locales. Ils sont nécessaires au même titre que les dons. Et, comme l'exercice du ministère par les « dons », l'administration de ces « charges » demande, avec ces capacités et ces qualités morales que la Parole définit en 1 Timothée 3 : 8-13 comme en Actes 6 : 3, et qui se résument dans la piété, une sagesse, un amour des saints et un amour du Seigneur tout particuliers. C'est l'accomplissement d'un saint devoir, dans l'obéissance, non point l'occupation d'une place éminente ou de domination (1 Pier. 5 : 1-4).
 
 
                                   2.4 Liberté et dépendance
 
                        Qu'il nous soit permis d'insister sur le point qui vient d'être abordé. L'absence de clergé et de ministère officiel ne signifie nullement une sorte de démocratie religieuse où chacun a tous les droits. Personne n'a de droits sur ses frères, mais chacun a les devoirs que le Seigneur lui assigne. Il s'agit de laisser au Saint Esprit sa libre action pour que chaque rouage de l'organisme fonctionne pour le bien de l'ensemble et selon la volonté de Dieu. Les « systèmes » religieux ne conçoivent pas de rassemblement sans des directeurs désignés, un ordre établi, une liturgie scrupuleusement suivie, parce que la présence effective du Saint Esprit dans l'assemblée n'y est pas comprise. Des hommes, même les mieux intentionnés, seraient-ils plus sages et plus puissants que le Saint Esprit ? Mais prenons garde, sous prétexte que nous sommes affranchis d'une domination humaine, de ne pas agir dans l'indépendance à l'égard de Celui qui prend de ce qui est à Christ pour nous l'annoncer (Jean 16 : 14 ; 14 : 26), et met les coeurs et les consciences dans la présence de Christ. Sans Lui, l'Assemblée ne saurait exister. Quand Il est attristé ou éteint, elle perd son caractère. Comme on l'a souvent répété, l'Assemblée serait-elle le seul lieu où la chair puisse se manifester sans être réprimée ?
 
                        Un « don » n'a pas, pour être exercé, à attendre d'être sanctionné par l'Eglise ; c'est à elle à en reconnaître l'exercice, discernant s'il est de Dieu d'après la manière dont il concourt à l'édification (1 Cor. 14 : 29 ; 1 Thes. 5 : 19-21 ; 1 Jean 2 : 20 ; 4 : 1). Un évangéliste peut être nécessaire ici, un, deux pasteurs là, un docteur ailleurs : Dieu les suscitera selon les besoins que seul Il connaît. Et le don est entièrement libre vis-à-vis des hommes.
 
 
                        Mais hélas, la chair est toujours portée à user de la liberté pour se faire valoir. Des hommes peuvent prétendre exercer un don sans le posséder, employer à contretemps celui qu'ils possèdent, ou agir dans une plus grande mesure qu'ils n'ont reçu. Qui dira le préjudice que nos constants manquements à cet égard infligent à l'Assemblée de Dieu ? Occupés de nous-mêmes plus que de Christ et des siens, tantôt nous refusons de mettre en valeur le don que nous avons reçu, et c'est ainsi que bien des frères qui auraient pu édifier l'assemblée n'y ont jamais ouvert la bouche ; tantôt, pour nous en tenir au ministère de la Parole, une profusion de discours hors de propos remplace la vraie parole propre à édifier. Il faut l'écrire avec beaucoup de tristesse, les choses se passent parfois comme si la caractéristique des réunions sans président officiel était que tout le monde a le droit d'agir ou de ne pas agir. Rien n'est plus contraire à la Parole et ne dénote une méconnaissance plus complète de l'Eglise, des droits de Christ et de la place du Saint Esprit. Aussi, la connaissance du saint Livre, la capacité de la communiquer à d'autres, le sobre bon sens, sont-ils indispensables : ils sont pour ainsi dire l'évidence du don, de même qu'on n'aurait pas l'idée de faire un messager d'un impotent ou une vigie d'un aveugle. Ensuite, celui qui a la responsabilité d'un don ne saurait l'exercer utilement sans la diligence, l'amour de Christ et de l'Eglise, la dépendance. Mais ce n'est point la facilité de parole, ni l'instruction ou la science humaine, qui confèrent un don, et quiconque peut s'exprimer clairement, sinon éloquemment, n'est pas pour autant qualifié par le Seigneur, encore que tout croyant qui a reçu de telles facultés doive se demander pourquoi il les a reçues, et s'il fait bien de les employer pour le monde et non pour le Seigneur. Les facultés de l'homme n'ont point de part à la vérité de Dieu, sinon que le Saint Esprit peut se servir d'elles, et qu'Il les emploie chez ceux qu'Il appelle, ce qui est tout différent. Si ceux qui sont toujours portés à se mettre en avant ont à prendre garde de ne pas « renverser la clôture » à laquelle le Dieu de mesure a limité leur don (Ecc. 10 : 8), il est bon aussi d'exhorter les « timides » à ne pas se laisser arrêter quand ils se sentent appelés par le Seigneur à un service. Qu'ils s'y engagent avec cette « hardiesse dans la foi qui est dans le Christ Jésus » (1 Tim. 3 : 13), venue de Dieu, dont le livre des Actes parle à maintes reprises. Qu'ils recherchent la communion des saints, non les approbations flatteuses, parfois suspectes et toujours à craindre, mais la « critique saine », toujours reconnaissable parce qu'inspirée par l'obéissance à la Parole et par l'amour.
 
 
                                   2.5 Le ministère des femmes
 
                        Le Nouveau Testament nous le montre extrêmement précieux à sa place — que ce soit pour l'enseignement dans la famille, en entretiens privés, comme nous voyons Priscilla aux côtés d'Aquilas pour instruire Apollos, ou les quatre filles de Philippe prophétisant — ou que ce soit dans tous ces « services », tels celui de Phoebé, « servante de l'assemblée qui est à Cenchrée », où la femme est difficilement remplaçable : hospitalité, soins aux malades, etc. Mais s'il s'agit du service public de la Parole dans l'assemblée, l'enseignement scripturaire est si formel qu'il suffit de le transcrire : « Il est honteux pour une femme de parler dans l'assemblée... Que vos femmes se taisent dans les assemblées, car il ne leur est pas permis de parler... Je ne permets pas à la femme d'enseigner... mais elle doit demeurer dans le silence » (1 Cor. 14 : 34, 35 ; 1 Tim. 2 : 11-14). Ce n'est pas une question de capacité, de connaissance, ni de dévouement : il s'agit simplement d'honorer le Seigneur dans l'Assemblée en y respectant l'ordre voulu par Dieu.
 
                        Ainsi, l'égalité de tous les enfants de Dieu comme sacrificateurs ne signifie point uniformité. Le « sacerdoce universel » ne signifie pas ministère universel et interchangeable. Il y a diversité de dons, mais un seul Esprit.