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PASTEUR EN TE SUIVANT
 

L'appel de Jérémie
La solitude de Jérémie
Le livre de la Loi retrouvé
Les visions envoyées par l'Eternel à Jérémie
Le refus du peuple d'accepter son message
La fureur et les pièges contre Jérémie
La proclamation hardie et persévérante de l'avertissement divin 
Le caractère des messages de Jérémie
Les illustrations de son message, destinées à toucher ses auditeurs
Les avertissements aux chefs du peuple
L'intensification des persécutions
Le découragement du prophète
La confiance et la persévérance de Jérémie


« Je ne me suis pas hâté de cesser d'être pasteur en te suivant » (Jér. 17 : 16)
 
 
L'appel de Jérémie
 
            Tout jeune encore, Jérémie, fils de Hilkija, d'entre les sacrificateurs qui étaient à Anathoth, entend l'Eternel lui dire : « Avant que je te forme dans le ventre de ta mère, je t'ai connu…. et je t'ai sanctifié, je t'ai établi prophète pour les nations (Jér. 1 : 1-5). Il connaîtra donc les débuts de ce temps des nations qui dure encore.
            Jérémie résiste : « Ah ! Seigneur Eternel ! Voici, je ne sais pas parler ; car je suis un enfant » (1 : 6). Il finit par se rendre en entendant cette précieuse promesse de l'Eternel, qui le soutiendra durant toute sa vie : « Ne les crains pas ; car je suis avec toi pour te délivrer » (1 : 7). Dès lors, le secret de sa force, comme pour chaque serviteur, sera de rester dans la communion étroite avec son Dieu. Dans de telles conditions, il pourra aller partout où l'Eternel l'enverra, et dire tout ce qui lui sera commandé.
            Un des drames de sa vie sera de devoir sans cesse annoncer le jugement tout proche sur le peuple rebelle. « Toutes les fois que je parle, je crie, je proclame la violence et la dévastation » (20 : 8) ! Très sensible, il pleurait nuit et jour « les blessés à mort de la fille de son peuple » (9 : 1, 18 ; 17 : 17).
            C'est la dernière voix qui s'élèvera, de la part de l'Eternel, dans cette ville de Jérusalem, où était la mémoire de Son nom, avant sa destruction par le roi des Chaldéens. Les vérités qu'il devra rappeler étaient choisies par l'Esprit : elles convenaient à l'état du peuple. Or il y a bien des analogies entre le caractère moral dans les derniers jours de Juda et celui qu'on discerne actuellement, pendant les derniers jours de l'Eglise. La Parole contient donc ici encore bien des leçons salutaires, de fidélité et d'obéissance au milieu de tant de faiblesse et de confusion. 
            Jérémie était timide, assez faible au départ, il ne s'en cache pas. Mais il est toujours vrai que la puissance de Dieu s'accomplit dans notre infirmité ! Dieu avait choisi cet homme. Il pouvait toujours s'appuyer avec foi sur les promesses divines. L'apôtre Paul, dont on devine un peu l'énergie, avait reçu une écharde pour la chair, et il dira : « quand je suis faible, alors je suis fort » (2 Cor. 12 : 10).
 
 
La solitude de Jérémie
 
            Les frères de Jérémie l'ont honni, ils ont cherché à le faire mourir. Ils n'ont pas accepté ses prophéties et ils ont crié après lui à plein gosier (11 : 21 ; 12 : 6 ; Matt. 10 : 6). Jérémie n'a pas fondé de famille, sur l'injonction de l'Eternel (16 : 2). Il a dû peut-être pour cela abandonner les plans chéris de son coeur (Job 17 : 11 ; Ps. 131 : 2). Il a d'autant plus senti le poids de la solitude, même si parfois quelques amis se sont déclarés en sa faveur.
            Pendant les premières années de son service, il a été soutenu par son contact avec Josias, qui était devenu roi dès l'âge de huit ans, à la mort de son père, assassiné par ses serviteurs.
            Pour Jérémie cette heureuse relation avec son aîné sera précieuse, comme le sera longtemps la collaboration avec Baruc, un ami vraiment plus attaché qu'un frère. Josias, dès le début de son règne, avait décidé de faire tout ce qui était droit aux yeux de l'Eternel ! Hilkija, le souverain sacrificateur, probablement le père de Jérémie, a sans doute était son conseiller. Mais Josias ne pouvait pas compter alors parmi les lecteurs royaux du Livre de la Loi : celui-ci avait disparu, on ignore depuis combien de temps !
 
 
Le livre de la Loi retrouvé
 
            On répare le temple sur ordre du roi et Dieu permet que Hilkija et Shallum retrouvent le Livre (2 Rois 22 : 3-8) ! Depuis cinq ans alors, Jérémie était établi prophète. On comprend qu'il puisse s'écrier : « Tes paroles se sont-elles trouvées, je les ai mangées ; et elles ont été pour moi l'allégresse et la joie de mon coeur (15 : 16).
            Josias lui aussi est très impressionné par la lecture de ce Livre. Hulda, la prophétesse, consultée, ne peut que confirmer les châtiments annoncés. Le roi s'humilie ; alors l'Eternel, qui lit dans les coeurs, suspend l'exécution du jugement du vivant de Josias (2 Rois 22 : 19-20). Le roi fait lire devant le peuple « toutes les paroles du livre de l'alliance » (2 Rois 23 : 1-3). Il part ensuite lui-même purifier tout le pays, ce qui n'était pas une petite affaire (v. 4-20) ! Cette tâche durera plusieurs années. Ensuite, il commandera que l'on célèbre la Pâque ; elle le sera d'une manière inconnue depuis le livre des Juges (v. 21-23) !
            Quel réconfort pour Jérémie de partager, pendant dix-huit ans, les exercices d'un tel roi, résolu et persévérant. Ils sont tous deux fermement attachés à l'Ecriture (Ps. 119 : 63), bien que leur caractère soit vraiment différent.
 
 
Les visions envoyées par l'Eternel à Jérémie
 
            Dieu donne à Jérémie deux visions remarquables pour l'éclairer et le soutenir. D'abord, celle d'un bâton d'amandier - l'arbre qui veille - pour lui rappeler que l'Eternel veille sur sa Parole pour l'exécuter ! Puis, un pot bouillant qui annonce la venue imminente d'ennemis venus du nord. Jérémie comprend qu'il doit se hâter d'avertir le peuple, le presser de se repentir. La tâche est difficile ! Malgré tout le zèle déployé sous l'impulsion de Josias et les touchants appels répétés du prophète, Juda la perfide – ainsi appelée plusieurs fois - ne revient pas à l'Eternel de tout son coeur, mais avec mensonge (3 : 6-11).
            Pourtant, de la part de Dieu, Jérémie supplie : « Reviens, Israël l'infidèle… car je suis bon, dit l'Eternel… Revenez, fils infidèles ; je guérirai vos infidélités… Si tu reviens… reviens à moi » (3 : 12, 22 ; 4 : 1).
            Prenons garde à de tels avertissements ! Plus privilégiée certes qu'Israël, l'Eglise, l'épouse de Christ, objet de son grand amour, n'en est que plus responsable encore de garder ses affections pour Lui. Où en sommes-nous à cet égard, rachetés du Seigneur ?
 
 
Le refus du peuple d'accepter son message
 
            La prétendue adoration de Juda le faisait ressembler à un médecin qui banderait simplement une plaie, en affirmant aussitôt : elle est guérie ! A ce moment-là, en Juda, les idoles ont effectivement disparu, mais on continue à croire en elles, à les vénérer en secret. Ce qui est aussi le danger en ce qui nous concerne. Faute de guérison, cette plaie profonde dans le coeur du peuple le mène à la mort ! De la part de l'Eternel, Jérémie accuse le prophète et le sacrificateur : « Tous usent de la fausseté. Et ils ont pansé la plaie de mon peuple légèrement, disant : Paix, paix ! Et il n'y a point de paix » (6 : 13-14). L'encens de Sheba et le doux roseau n'y changeront rien. Ils refusent d'être attentifs à Ses paroles et à Sa Loi ! Leurs holocaustes et leurs sacrifices ne peuvent pas – avec un tel état - Lui être agréables (6 : 20). Le culte est de pure forme ; il est vraiment inutile de se vanter bruyamment de posséder le temple de l'Eternel !
            Le jugement est déjà annoncé, ils refusent encore d'écouter les derniers appels de la grâce et de l'amour de Dieu. Ils vont parvenir à ce terrible stade, où la fureur de l'Eternel montera contre eux. Alors, dit l'Ecriture, « il n'y eut plus de remède (2 Chr. 36 : 16 ; Jér. 17 : 5-6).
            Ce que Dieu faisait entendre par Jérémie, dont le ton devient progressivement plus sévère à l'égard de Juda, s'adresse à chacune de ses créatures. Il « veut la vérité dans l'homme intérieur » (Ps. 51 : 6) !
 
 
La fureur et les pièges contre Jérémie
 
            Jérémie a connu une période relativement facile. Un grand changement s'opère après la mort  prématurée  du roi Josias. Le prophète la ressent vivement, au point de composer des lamentations à son sujet, qui ne nous sont pas parvenues (2 Chr. 35 : 25). Il y a des « départs » qui ont de grandes répercussions dans notre vie (Jean 5 : 35).
            Tant que Josias vivait, personne n'aurait osé déclarer ouvertement qu'il fallait tuer Jérémie. Mais peu après sa mort, des complots se trament contre lui (11 : 19) ; des voix furieuses s'élèvent : « Tu mourras certainement » (26 : 8). Mais Dieu veille sur son bien-aimé (11 : 15) et son service se poursuivra jusqu'à ce que Jérusalem soit emmenée en captivité ; ce prophète traversera donc le temps de la triste histoire des derniers rois de Juda.
            Après la mort de Josias, trois de ses fils et un de ses petits-fils montent tour à tour sur le trône. Tout d'abord Joakhaz, son troisième fils : il ne règne que trois mois. C'est le tour ensuite de Jéhoiakim, son aîné, pendant onze ans. Puis le fils de Jéhoiakim, Jéhoiakin, appelé aussi Jéconias, âgé de dix-huit ans, lui succède durant trois mois et dix jours. Finalement Sédécias, le dernier fils de Josias, sera roi à la place de son neveu, durant onze ans.
            La hardiesse n'était pas naturelle chez Jérémie. Il a fallu que toute la puissance de Dieu et de son Esprit agisse en lui. Fortifié ainsi, il a pu délivrer ses messages au peuple et à ses chefs, durant toutes ces années difficiles, malgré les pièges nombreux qui lui ont été tendus.
 
 
La proclamation hardie et persévérante de l'avertissement divin
 
            Jérémie doit aller crier aux oreilles de Jérusalem (2 : 1-2) et puis, chose plus difficile encore, à la porte de la maison de l'Eternel (7 : 1-2). Ensuite, au début du règne de Jéhoiakim, un roi impie et cruel, décidé à ne pas écouter, le prophète doit se tenir dans le parvis de la maison de l'Eternel. Là, il délivre à toutes les villes de Juda qui viennent s'y prosterner, toutes les paroles de l'Eternel, sans en omettre une seule (26 : 1-2 ; Deut. 12 : 32).
            Il ne s'agit pas ici de conversations privées, d'entretiens avec quelques personnes, si utiles qu'ils puissent être, mais d'une proclamation publique, afin que chacun puisse entendre l'avertissement divin.
            Il avait été annoncé du Seigneur Jésus : « Il ne criera pas, il n'élèvera pas sa voix, il ne la fera pas entendre dans la rue » (Es. 42 : 2) ; toutefois, lorsque les circonstances l'exigeaient, comme en la dernière journée, la grande journée de la fête, Jésus s'est tenu là, criant : « Si quelqu'un à soif, qu'il vienne à moi et qu'il boive » (Jean 7 : 37). Jérémie, à bien des égards, est un beau type du Seigneur : il est porté par l'amour pour son peuple.
 
 
Le caractère des messages de Jérémie
 
            Rappelons la teneur du premier des messages de Jérémie: « Ainsi dit l'Eternel : Je me souviens de toi, de la grâce de ta jeunesse, de l'amour de tes fiançailles, quand tu marchais après moi, dans le désert, dans un pays non semé. Israël était saint » (2 : 2). Ces paroles que l'Eternel met dans la bouche de Jérémie sont propres à regagner le coeur oublieux de son peuple - une trop fidèle image du nôtre ! C'est comme s'Il demandait avec tendresse à chacun : Te souviens-tu du temps heureux qui a suivi ta conversion ? Tu brûlais alors de zèle et de reconnaissance ! Le monde était vraiment pour toi un désert, un pays non semé. Je te suffisais alors parfaitement, j'en garde le souvenir ! Cette ardeur, ce « premier amour » que  tu as abandonné, m'étaient agréables (Apoc. 2 : 4). Mais, hélas, Jérémie doit déjà, de la part de l'Eternel, faire un triste constat : «  Mon peuple a changé sa gloire contre ce qui n'est d'aucun profit… mon peuple a fait deux maux : ils m'ont abandonné, Moi, la source des eaux vives, pour se creuser des citernes, des citernes crevassées qui ne retiennent pas l'eau » (2 : 11, 13). Or, le peuple n'a pas conscience de son état. Dieu l'invite alors : « Regarde ton chemin dans la vallée, reconnais ce que tu as fait, dromadaire légère, qui vas çà et là croisant tes chemins. Anesse sauvage, accoutumée au désert, dans le désir de son âme elle hume le vent… » (2 : 23-24). Habitué maintenant au désert, il cherche ce qui peut répondre à ses désirs (14 : 10).
            Ecoutons aussi, chers amis chrétiens ; faisons le point et considérons bien nos voies. Que de faux pas, d'impasses, pour ne pas avoir suivi le chemin tout droit et tout simple du Seigneur !
            Au chapitre 7, c'est la double vie du peuple - et peut-être la nôtre - que le prophète dénonce. Il y a bien une apparence de piété, du formalisme : on se tient devant Dieu et l'on semble même persuadé qu'Il va délivrer… En réalité, il n'y a aucun changement dans les voies, toujours remplies d'injustice, d'oppression : le coeur reste plus ou moins attaché à d'autres « dieux » !
            On peut avoir été élevé dans un milieu chrétien et en avoir conservé des « habitudes » ; on peut même fréquenter encore les rassemblements de croyants et avoir une autre vie, parallèle, qui laisse une large place ouverte au monde et à ses convoitises !
            A Jérémie, le peuple osera demander : « Pourquoi l'Eternel dit-il contre nous tout ce grand mal… et quel est notre péché que nous avons commis contre l'Eternel, notre Dieu ? ». On comprend la réponse de l'Eternel par son fidèle messager : « Vous avez fait pis que vos pères, et vous marchez chacun selon le penchant obstiné de son mauvais coeur » (16 : 10, 12).
            Chers amis chrétiens, quelle est l'appréciation divine sur notre conduite ?
            Le jugement que Jérémie avait dû annoncer durant une grande partie de sa vie a commencé ! La première déportation a déjà eu lieu, Daniel est emmené à Babylone, en même temps que les plus précieux ustensiles du temple. Le prophète est très attristé devant ce pillage. Il rappelle au peuple que depuis 23 ans, il a reçu la Parole et il les a avertis. Mais, leur dit-il, « vous n'avez point incliné vos oreilles pour écouter » (25 : 3-4). Une fois encore, il les supplie : « Revenez donc chacun de sa mauvaise voix, et de l'iniquité de vos actions », faute de quoi, c'est tout le pays qui va bientôt être transformé en désert, en désolation (25 : 5, 9-11). 
 
 
Les illustrations de son message, destinées à toucher ses auditeurs
 
            Pour tenter de rendre sensible le peuple au message de l'Eternel, Jérémie agit de manière à frapper, si possible, ses auditeurs.
            Il doit, un jour, se procurer une ceinture de lin (13 : 1), la garder ostensiblement sur ses reins, sans la laver, contrairement aux habitudes des sacrificateurs (Ex. 30 : 18-20) ! Chacun s'interroge sur cette conduite qui paraît étrange. Or soudain Dieu lui ordonne d'aller cacher cette ceinture à 400 kilomètres de là, dans le creux du rocher, au bord du fleuve Euphrate. Il obéit et longtemps après, toujours sur ordre de l'Eternel, il fera à nouveau ce long voyage, pour aller la chercher. Il la trouve entièrement gâtée (13 : 7). L'allégorie n'est-elle pas claire pour les habitants d'Anathoth et pour tout le peuple ? Dieu s'était attaché à eux « comme une ceinture s'attache aux reins d'un homme ». Il aurait voulu faire d'eux «  un renom, et une louange et un ornement ». Mais leur orgueil, leur obstination, leur idolâtrie sans repentance feront qu'eux aussi, seront bientôt transportés sur les rives de l'Euphrate (13 : 8-11).
            Une autre fois, Jérémie doit se rendre dans la maison du potier (18 : 2). Le premier vase qu'il voit fabriquer est une image du peuple. Comme la ceinture, il est gâté, bon à rien, rejeté. Alors le travail reprend, un autre vase est façonné « comme il plut aux yeux du potier de le faire » (v. 4). Ce vase sans défaut porte nos pensées sur le Second Homme, en qui Dieu a trouvé son plaisir.
            Avec cela, Dieu donne un message pour les hommes de Juda et les habitants de Jérusalem. Leur façon d'y répondre confirme leur mauvais état (18 : 11-12) ! Jérémie reçoit alors l'ordre d'acheter un vase. Il doit prendre avec lui les anciens et se rendre dans la sinistre vallée de Hinnom - d'où vient le mot de géhenne ou de Topheth. Là, devant eux, il brisera le vase et il prononcera ces paroles terribles : l'Eternel va briser Jérusalem « comme on brise un vase de potier qui ne peut être raccommodé » (19 : 11). Il n'y aura même plus assez de place à Topheth pour enterrer !
            Pensons au courage qu'il a fallu à Jérémie pour condamner ainsi publiquement la conduite du peuple et lui annoncer l'irrévocable décision de Dieu à son sujet. Mais pas plus que ses prédications, ses illustrations n'ont eu d'effet durable sur le peuple.
            Il peut nous arriver d'être dans un milieu hostile et d'avoir à y rendre témoignage par nos actes et nos paroles. Demandons alors au Seigneur de nous donner la même hardiesse que celle dont Il a revêtu son serviteur !
 
 
Les avertissements aux chefs du peuple
 
            A plusieurs reprises, Jérémie a dû s'adresser aux conducteurs, à ceux qui étaient « haut placés ». La plus dangereuse de ces démarches était sans doute celle qui concernait le roi Jehoïakim lui-même ; mais le prophète agit sur ordre de l'Eternel lui-même (22 : 1). Il ne craint pas de relever l'orgueil et la dureté du roi. Cet homme cherche son propre intérêt, sa propre gloire, sans se préoccuper du bien de son peuple (v. 13-17). Il a même osé couper avec un canif le rouleau que Baruc avait préparé et qui contenait un message divin solennel ; puis il l'a jeté dans le brasier. Il connaîtra une fin tragique, suivie de « l'ensevelissement d'âne » (v. 19). Or, malgré cette terrible prophétie, le roi est bien décidé à poursuivre son mauvais chemin, commencé dès sa jeunesse (v. 21). 
            Jérémie, mandaté par l'Eternel, se dépense sans compter. Il s'en prend aux pasteurs qui « détruisent et dispersent le troupeau de ma pâture » (23 : 1). Il saisit cette occasion pour parler du Germe juste qui sera bientôt suscité à David, le Seigneur lui-même (v. 5-6 ; 33 : 15).
            Il fait aussi des reproches aux prophètes (23 : 9) : au lieu de transmettre la parole de l'Eternel, ils disent la « vision de leur coeur » (v. 16). « Je ne leur ai pas parlé et ils ont prophétisé » (v. 21) !
            Il s'adresse aussi aux sacrificateurs et les avertit que les ustensiles du temple ne reviendront pas de Babylone, malgré les dires des faux prophètes. Au contraire, ceux qui restent, vont être emportés à leur tour ! Devant une si grande ruine, vont-ils, eux au moins, se repentir ? (27 : 16- 22) ? Endurcis, ils suivent la tendance générale. Mais c'est surtout auprès de Sédécias que Jérémie va multiplier ses efforts ! Le jugement a déjà commencé et le prophète engage, à plusieurs reprises, ce roi à  prêter son cou au joug du roi de Babylone et à le servir  (v. 12). Ce dernier semble un peu impressionné : il fait venir deux fois Jérémie en secret, demande s'il y a une parole pour lui de la part de l'Eternel. Jérémie qui vient de passer des mois terribles dans la maison de la fosse, aurait pu chercher à améliorer son sort en disant des choses douces. Or il reste fidèle et annonce : « Tu seras pris par la main du roi de Babylone » (v. 23). Mais encore une fois, hélas, Sédécias ne se décide pas à écouter la voix de l'Eternel, malgré les supplications de Jérémie (v. 20). Sa fin sera terrible ! Tout s'effondre, mais Jérémie peut dire : « Toi, Eternel, tu demeure à toujours » (15 : 19).
            Partageons avec Jérémie, à travers le mal qui nous entoure, et les jugements imminents, la confiance de ce prophète. Il a su, avec Asaph, entrer dans le sanctuaire où tant de choses s'éclairent (Ps. 73 : 17)
 
 
L'intensification des persécutions
 
            Nous venons de faire une allusion aux persécutions dont Jérémie a été l'objet. Elles n'ont cessé de s'intensifier.
            Sa famille a montré toute son hostilité, en dévastant son héritage (11 : 18-19 ; 12 : 7 –11).
            Le peuple,indigné de la prédication de Jérémie, a décidé « de le frapper de la langue » ; il a répandu de faux bruits, tout en refusant d'écouter ses paroles (18 : 18 ; 20 : 10).
            Un sacrificateur, Pashkhur - premier intendant de la maison de l'Eternel ! - se distingue par sa méchanceté contre Jérémie. Il le met « au bloc », un instrument de torture, où le prophète va souffrir de longues heures, la fin d'une journée et la nuit suivante, exposé aux quolibets des passants (20 : 2). Que de croyants, comme lui, au fil des siècles ont subi la torture ! Mystère de la volonté de Dieu, les uns ont été délivrés, d'autres, au contraire, ont laissé leur vie par fidélité. Ils obtiendront une meilleure résurrection, une riche entrée dans le royaume éternel (Héb. 11 : 35 ; 2 Pier. 1 : 11).
            Considérant l'issue de leur conduite, imitons leur foi (Héb. 13 : 7). Mais n'oublions pas que par-dessus tout, ce sont la mort du Seigneur, ses souffrances, son abandon, qui sont dignes de retenir toute notre attention - dans la faible mesure de ce que nous pouvons en saisir !
            Les sacrificateurs et les princes se sont ligués également contre Jérémie. Il rend encore un bon témoignage et déclare : « Pour moi, me voici entre vos mains : faites-moi comme il bon et droit à vos yeux. Seulement, sachez bien que si vous me faites mourir, vous mettrez du sang innocent sur vous » (26 : 14-15). Cette fois, les princes se montrent attentifs à ses paroles et déclarent aux sacrificateurs : « Cet homme ne mérite pas la mort » (v. 16). 
            Quelque temps après, Jérémie veut profiter d'une trêve pour aller chercher du ravitaillement car, tous à Jérusalem souffraient de la disette. Au moment où il sort, un jeune capitaine se saisit de lui, l'accuse faussement de chercher à se rendre aux Chaldéens. Jérémie est battu par les princes, jeté en prison « dans les caveaux », où il restera bien des jours (37 : 16). Peu de temps après, ces mêmes princes veulent le faire mourir. De caractère faible, Sédécias est incapable de leur résister. Ils jettent le prophète dans une fosse, située dans la cour de la prison ; il y enfonce dans la boue (38 : 1-6). Dans les Lamentations, le prophète rappelle la détresse de son âme dans cette terrible situation (Lam. 3 : 52-58). En réponse à sa supplication, Dieu met au coeur d'un éthiopien, Ebed-Mélec, d'intercéder auprès du roi (38 : 7-8). Ensuite, avec beaucoup de précautions, qui montrent son affection, il remonte Jérémie de la fosse et le sauve (v. 11-13).
 
 
Le découragement du prophète
 
            Nous avons, sans doute, trouvé Jérémie plein de hardiesse, appuyé sur Dieu. Pourtant, il a eu des moments de découragement, mais il a reçu les réponses demandées. Il avait un sentiment pénible de l'inutilité de sa prédication (8 : 21 ; 9 : 1). Par moment, il aurait voulu fuir, puisque personne ne voulait plus l'écouter (9 : 2). Comme David, il pouvait se réfugier à l'abri des ailes du Très-haut (Ps. 57 : 1 ; Ps. 55 : 1). C'est ce que nous aussi, chrétiens, pouvons faire !
            Jérémie est perplexe, sa famille le hait, pourquoi ? La réponse, inattendue, l'encourage à se fortifier, des épreuves plus grandes vont survenir ! Elles sont comparées à « des chevaux » ou à un « Jourdain enflé » (12 : 5). Les persécutions augmentent, en effet. Chacun le maudit, il en vient à se désoler de vivre, d'être devenu « un homme de débat » (15 : 10). Sa douleur est continuelle, elle refuse d'être guérie. Peut-être est-il trop occupé de lui-même ? N'est-ce pas ce qui nous arrive également ?
            Le prophète en vient même à se demander un instant si Dieu n'est pas à son égard « une source qui trompe » (v. 18) ? Cette défiance qui peut se développer dans un coeur, fait partie de ces choses viles dont il faut se séparer, pour ne garder que celles qui sont précieuses (v. 19 ; Ezé. 22 : 26). Jérémie souffre de solitude mais il ne doit pas s'associer aux méchants qui l'entourent. Ils combattront contre lui - mais Dieu le lui répète : « Je suis avec toi pour te sauver et pour te délivrer » (15 : 20).
 
 
La confiance et la persévérance de Jérémie
 
            Jérémie reconnaît : « Tu m'as entraîné… tu m'as saisi et tu as été le plus fort » (20 : 7). Sous l'opprobre, dans la torture, il lui est arrivé de penser : « Je ne ferai plus mention de lui et je ne parlerai plus en son nom » (v. 9) ! Impossible, la Parole était en lui comme un feu brûlant... il ne pouvait la retenir (v. 9) !
            Sa persévérance reste un modèle pour nous. Sa confiance est aussi exemplaire : en prison, à la veille de la déroute générale, alors que sa situation personnelle paraît sans issue, il reçoit de l'Eternel des instructions. Il achète alors un champ, avec l'aide de Baruc. Il est assuré que Dieu aura le dernier mot, ce dont il rend ainsi témoignage (32 : 44). 
 
            Comme Moïse, Jérémie a choisi d'être dans l'affliction avec le peuple de Dieu et de connaître l'opprobre pour Dieu (Héb. 11 : 25-26). Il n'accepte pas la délivrance temporelle que le monde lui propose, les conditions appréciables de confort offertes à Babylone. C'était le piège ultime de l'ennemi pour l'empêcher de terminer sa course en communion avec Dieu.
            Il restera donc jusqu'à la fin avec le résidu du peuple. Même en Egypte, il recevra les communications de son Dieu. Là encore, il ne sera pas écouté, mais « son salaire est avec lui, et sa récompense devant lui » (Es. 40 : 10).
 
                                                          
                                                                                                                                                                                                  Ph.L. le 06. 03. 08
 
 
                        O toi qui brisas nos chaînes, Jésus-Christ, puissant Sauveur
                        Dans l'opprobre et dans les peines, tu consoles notre coeur.
 
                        Tu nous as donné la vie, que notre âme chaque jour,
                        A ton joug soit asservie, heureuse dans ton amour.
 
 
 
Dans « Méditations suivies », voir également : Le service de Jérémie le prophète (d'après G. André)