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Esaïe, le prophète
 

L'importance du message prophétique 
Esaïe, l'auteur du premier des livres prophétiques
Un prophète hardi, instruit par l'Eternel et attentif aux besoins de Son peuple
La vision d'Esaïe (Es. 6 : 1-13)
Le message du prophète à Achaz (Es. 7 : 1-25)
L'annonce de la délivrance d'Ezéchias (Es. 37 : 21-38)
      

            « La prophétie n'est jamais venue par la volonté de l'homme, mais de saints hommes de Dieu ont parlé, étant poussés par l'Esprit Saint » (2 Pier. 1 : 21).
 
            « Esaïe… a vu sa gloire et… a parlé de Lui - du Seigneur » (Jean 12 : 41).
 
           
 
L'importance du message prophétique
 
            Le rôle du prophète est de faire connaître la pensée de Dieu, de parler de sa part à son peuple. A différentes périodes de l'histoire du peuple Israël, Dieu a suscité des prophètes. Il l'a fait en particulier quand la sacrificature infidèle a cessé d'être un moyen de s'approcher de Lui ; on pense par exemple à Samuel, à la suite de la déchéance de la maison d'Eli.
            Un prophète était « un homme ayant les mêmes passions que nous » (Jac. 5 : 17), mais l'Esprit de Christ se trouvait en lui. Pierre écrit au sujet du salut des âmes : « de ce salut, les prophètes qui ont prophétisé concernant la grâce qui vous était destinée se sont informés et enquis avec soin, recherchant quel temps ou quelle sorte de temps l'Esprit de Christ qui était en eux indiquait, rendant par avance témoignage des souffrances qui devaient être la part de Christ et des gloires qui suivraient » (1 Pier. 1 : 10-11). Le message du prophète, oral ou écrit, est donc la Parole de Dieu.
            La prophétie condamne le mal et annonce son jugement. Elle encourage les fidèles, ceux qui forment un résidu au milieu de la ruine du peuple de Dieu. Elle lance un appel à la repentance et révèle aussi le moyen que Dieu veut employer pour délivrer : Christ. Elle nourrit la foi, en montrant le Messie et sa gloire comme le remède à tout mal.
            Notons que l'Eglise n'est jamais l'objet de la prophétie dans l'Ancien Testament, qui ne concerne que la terre et le peuple terrestre de Dieu : Israël.
 
            Pourquoi les chrétiens doivent-ils lire les livres prophétiques ? D'abord, parce qu'ils font partie de la Parole de Dieu : «Toute Ecriture est inspirée de Dieu, et utile pour enseigner, pour convaincre, pour corriger, pour instruire dans la justice » (2 Tim. 3 : 16). Ensuite Pierre révèle que c'est pour nous qui avons cru au Seigneur Jésus que ces choses (en particulier la grâce qui nous était destinée) ont été écrites (1 Pier. 1 : 12). Dieu se plaît à révéler ses secrets aux siens. Enfin, le Seigneur Jésus lui-même invite à sonder les Ecritures ; ce sont elles qui rendent témoignage de Lui (Jean 5 : 39). La parole prophétique est comparée à une lampe qui brille dans un lieu obscur, jusqu'au moment où l'étoile du matin se lèvera dans nos coeurs (2 Pier. 1 : 19). Retenons aussi que « l'esprit de prophétie est le témoignage de Jésus » (Apoc. 19 : 10).
 
 
 
Esaïe, l'auteur du premier des livres prophétiques
 
            Esaïe fait partie de ces prophètes qui ont parlé alors qu'Israël était encore reconnu comme le peuple de Dieu. Avec lui, on trouve Jérémie, et parmi les « petits prophètes » : Osée, Joël, Amos, Jonas, Michée, Nahum, Habakuk et Sophonie. En ces temps-là, le grand ennemi était l'Assyrien.
            D'autres prophètes ont été suscités alors qu'Israël était « Lo-Ammi » (pas mon peuple), savoir Daniel, Abdias, Jonas, Michée, Aggée, Zacharie et Malachie. Le plus grand ennemi, en ce temps-là, était Babylone, la tête d'or, parmi les nations qui ont asservi Israël (Dan. 2 : 32, 37-38).
            On considère Ezéchiel comme occupant une place médiane entre ces deux groupes de prophètes. 
            Destinés aux Juifs désirant rester fidèles,  ces écrits les ont ainsi souvent encouragés. Daniel, par exemple, en lisant Jérémie, a compris la pensée divine touchant le terme des désolations de Jérusalem (Dan. 9 : 2).
 
            Selon ce qui est indiqué dans le deuxième livre des Chroniques, Esaïe écrivit aussi des ouvrages historiques concernant les règnes d'Ozias et d'Ezéchias (2 Chr. 26 : 22 ; 32 : 32). Toutefois, c'est à sa mission prophétique qu'il consacrera ses forces vives.
 
 
            Par l'ampleur et la variété des sujets traités, le livre d'Esaïe est sans conteste le plus en vue parmi les livres prophétiques. Dans un style simple et majestueux, il révèle les pensées et les conseils de Dieu.
            Le prophète s'adresse surtout, dans une première partie, à sa propre génération. On y trouve des prophéties concernant Juda (1-12), les nations (13 –27), puis un avertissement adressé à l'ensemble du peuple au sujet de l'Assyrien (28-35).
            Ensuite vient une parenthèse historique, à portée prophétique (36-39). La seconde partie du livre, est adressée plus précisément à ceux qui, après la mort d'Esaïe, connaîtront la déportation. On y trouve des controverses de l'Eternel avec son peuple au sujet des idoles (40-48) et concernant le Messie (49-57).
            Enfin, une conclusion et des exhortations terminent le livre (58-66).
 
            Le discours d'Esaïe est hardi, souvent imprévu. Il peut être très ironique, il est le plus souvent plein de fermeté. En tout cas, c'est un écrivain de premier ordre ; un poète aussi, sachant  user de toutes les ressources de la langue, mais sans que rien ne soit artificiel. Son style, toujours noble, varie avec la période de sa vie sans doute, mais surtout selon ses interlocuteurs.
 
            Nous n'envisageons pas d'entrer ici dans le détail de ce livre remarquable. Il est celui qui, avec les Psaumes, est le plus souvent cité dans le Nouveau Testament. Nous aimerions plutôt considérer un peu le prophète lui-même. Son nom signifie : « salut de Dieu » : il a été par excellence un prophète évangélique.
            Quelle est la réponse qu'il apporte au milieu des circonstances auxquelles il a été successivement confronté ?
 
 
 
Un prophète hardi, instruit par l'Eternel et attentif aux besoins de Son peuple
 
            Le règne du roi Ozias, pendant lequel Esaïe est né, a duré 52 ans. Ilétait placé sous le signe de l'abondance et de la richesse. On n'avait pas connu tant de prospérité depuis Salomon. Mais le rayonnement de ce royaume visible de l'extérieur contrastait avec la corruption, l'avarice, l'oppression qui se développaient à l'intérieur. Le culte à l'Eternel, de pure forme, était accompagné de beaucoup de prétention. Aussi l'Eternel fait-il remarquer par son serviteur : « Ils m'honorent des lèvres, mais leur coeur est fort éloigné de moi » (Es. 29 : 13).
            Quant à Israël, le royaume du Nord, adonné à l'idolâtrie sous toutes ses formes, il sera bientôt réduit en esclavage.
            C'est à ce moment-là qu'Esaïe, fils d'Amots, paraît inopinément sur la scène. A en juger par ses relations familières successives avec Achaz et Ezéchias, il devait jouir d'une grande considération parmi ses concitoyens. Il connaissait bien les « grands », d'où il était probablement issu, ainsi que leur façon de vivre (Jér. 5 : 5). Sous Ezéchias, il devient le conseiller écouté et le principal soutien de ce roi pieux.
 
            Vivant au centre même de la vie du peuple, à Jérusalem, près du temple et de la cour où il avait libre accès, Esaïe est au courant de tous les événements ; il domine, en véritable voyant, le présent et l'avenir d'Israël. Il apprécie, d'un coup d'oeil sûr, l'état moral du peuple et voit se dérouler le tableau de sa destinée finale, à la fois sombre et lumineux. Nul prophète n'a possédé au même degré une vue d'ensemble sur le développement du royaume de Dieu et n'en a dessiné les contours d'une main aussi ferme.
 
            Esaïe est marié avec celle que l'Ecriture appelle la prophétesse. Elle lui donnera deux fils, dont les noms vont illustrer et renforcer les prophéties d'Esaïe, leur père. Il en sera de même pour les enfants d'Osée.
            L'un des fils d'Esaïe, « Shear-Jashub », sortira avec son père à la rencontre du roi Achaz ; une entrevue placée sous le signe de la grâce de Dieu à l'égard de son peuple rebelle. Le nom de cet enfant signifie : « un résidu reviendra ».
            Quant à l'autre, avant sa naissance, sur ordre de l'Eternel, Esaïe doit d'abord écrire sur une grande tablette : « Maher-Shalal-Has-Bazé », ce qui signifie : « Qu'on se dépêche de butiner, qu'on hâte le pillage ». Le prophète obéit, en présence de fidèles témoins, Urie et Zacharie. Quand sa femme enfante ce second fils, l'Eternel ordonne de lui donner ce nom-là. L'explication est donnée aussitôt : «  Car avant que l'enfant sache crier : Mon père et Ma mère, on emportera la puissance de Damas et le butin de Samarie (capitale d'Israël) devant le roi d'Assyrie » (Es. 8 : 4). Son nom symbolise la promptitude et la rigueur du jugement divin.
 
            Esaïe se distingue particulièrement par son courage. Il est conscient qu'il a une mission divine à remplir. Qu'il s'adresse au roi, à ses grands ou au peuple entier, il le fait toujours avec la même sainte hardiesse. Dans ses paroles, il ne ménage aucune hypocrisie, aucune injustice. Il applique partout la même règle inviolable de la sainteté.
            Sa connaissance intime de la sacrificature est montrée par sa révérence envers Dieu, qu'il présente comme le « Saint d'Israël ». Il fait face aux péchés du peuple et à la méchanceté du roi régnant (Achaz) avec une indignation, sans compromis.
            Le prophète ne se montre pas pour autant indifférent vis-à-vis de son peuple, loin de là ! La lecture de son livre prouve que son message ne se résume pas à annoncer la condamnation et un temps ténébreux. Il apporte aussi des paroles de réconfort, il parle avec tendresse et avec sympathie. Il sait faire la distinction entre l'amour de Dieu et son horreur à l'égard du péché.
 
            Des serviteurs tels qu'Esaïe, ont toujours été nécessaires dans les périodes d'éloignement de Dieu. La période actuelle a un besoin criant d'hommes ayant un tel caractère et déployant une telle énergie. Ceux qui, parmi les chrétiens, ont un peu de discernement, réalisent l'urgence d'une réponse aux besoins de l'heure.
 
 
 
 La vision d'Esaïe (Es. 6 : 1-13)
 
            Esaïe a eu de la part de Dieu une vision glorieuse. Il s'est trouvé soudain placé dans la présence de l'Eternel : « Les pans de sa robe remplissaient le temple. Des séraphins (une seule mention dans l'Ecriture) se tenaient au-dessus de lui… L'un criait à l'autre, et disait : Saint, saint, saint est l'Eternel des armées ; toute la terre est pleine de sa gloire ! » (Es. 6 : 1-3). Quel contraste complet pour Esaïe, confronté habituellement à la fausseté et la propre justice de son peuple. 
            Une telle « vision » était nécessaire pour le préparer au service prophétique qu'il était appelé à rendre. Elle survient l'année de la mort d'Ozias, le premier roi sous le règne duquel Esaïe a prophétisé. Cet homme meurt lépreux, souillé, isolé, exclu de la maison de l'Eternel. Or, à ce moment précis, Dieu vient révéler sa gloire ; Esaïe le voit assis sur un trône de jugement.
 
            Désormais, il pourra exposer avec force et clarté comment Dieu exerce son contrôle sur toutes choses. Les royaumes se forment ou s'effondrent au commandement du Souverain. Esaïe avait besoin pour lui-même d'une telle vision du Dieu trois fois saint. Placé dans Sa lumière, il voit tout clairement. Il est amené, ainsi que tous ceux qui ont les yeux pour la discerner, au sentiment de sa propre culpabilité, de sa souillure. Plus un croyant se trouve près de Dieu, plus il comprend son indignité !
 
            Esaïe avait déjà prononcé une série de six malheurs pour dénoncer les péchés du peuple et leurs conséquences (5 : 8-30). Il prononce maintenant un nouveau malheur, le septième, contre lui-même cette fois: « Et je dis : Malheur à moi, car je suis perdu ; car moi je suis un homme aux lèvres impures, et je vis au milieu d'un peuple aux lèvres impures ; car mes yeux ont vu le roi, l'Eternel des armées » (v. 5 ; comp. Luc 5 : 8). L'apôtre inspiré précisera qu'il s'agissait dans cette scène de la gloire de Christ, avant son incarnation (Jean 12 : 41).
            Mais pour Esaïe, Dieu, dans sa grâce, va pourvoir aux exigences de sa propre sainteté. L'autel est situé à côté du trône. La purification du pécheur s'accomplit ici par ce qui évoque le sacrifice de Christ. L'un des séraphins vole vers le prophète. Il a pris avec des pincettes un des charbons ardents sur l'autel - qui rappelle que la victime a été consumée- et il touche la bouche d'Esaïe, en disant : « Voici, ceci a touché tes lèvres ; et ton iniquité est ôtée et propitiation est faite pour ton péché » (v. 6-7). Heureux ceux qui reconnaissent leur état : Dieu a préparé un remède en leur faveur !
            Avant de parler de la part de Dieu, il faut que les lèvres soient pures. Esaïe est ici une image du résidu fidèle. Il sera délivré du poids de son iniquité, car propitiation a été faite pour ses péchés sur la croix.
            Avec empressement, Esaïe se présente aussitôt pour servir Celui qui vient d'ôter son péché ! Il écoute la voix du Seigneur dire : « Qui enverrai-je, et qui ira pour nous ? » Croyants, sommes-nous prêts à répondre, comme lui, avec soumission et avec joie : « Me voici, envoie-moi » (v. 8) ?
 
            Certainement, les « brûlants » (les séraphins) qui surplombaient le trône étaient prêts à répondre à tous les désirs divins (Ps. 103 : 20. Mais ils n'avaient jamais connu ce que c'était que d'avoir des lèvres impures. Comment auraient-ils pu aller vers un peuple aux lèvres impures ? Il en était tout autrement d'Esaïe. Il répond à l'appel du Seigneur : ses oreilles sont attentives à Sa voix, ce qui va de pair avec des lèvres purifiées. On mesure les progrès s'accomplir en ce qui le concerne : il voit d'abord (v. 1), il entend ensuite et il dit (v. 8).
            Les mêmes qualités sont requises pour tout chrétien qui désire servir le Seigneur. Ce « envoie-moi » fait écho aux paroles de Jésus, disant à ses disciples : « Comme le Père m'a envoyé, je vous envoie » (Jean 20 : 21).
            Esaïe devient donc un messager, pour faire entendre les paroles divines à un peuple aveugle et sourd, désobéissant et contredisant (Es. 6 : 9-10 ; Rom. 10 : 21). Quelle étrange mission lui est confiée ! Il s'agit d'annoncer à ce peuple que Dieu va lui rendre son message incompréhensible ! Ils recevront de sa part un endurcissement, forme de jugement fréquemment rappelée (Matt. 13 : 14 ; Jean 12 : 40).
            Le prophète n'est pas envoyé avant que le peuple n'ait lui-même « rejeté avec dédain » la Parole du Saint d'Israël (Es. 5 : 24 ; 8 : 6). D'un autre côté, Dieu permet cet endurcissement pour permettre aux nations d'avoir part au salut (Rom. 11 : 25).
            Au fil des chapitres, on mesure davantage à quel point le coeur du prophète est engagé avec Dieu ! Averti de l'opposition qui l'attend, il n'a aucune intention de renoncer à son service. Simplement, il interroge : « Jusques à quand, Seigneur ? » (v. 11). C'est la foi qui parle ainsi, cette expression sera souvent employée par le Résidu dans les Psaumes, pendant la grande Tribulation. Ce n'est pas pour toujours que le peuple Israël est mis de côté. Les branches seront à nouveau greffées sur le tronc de leur propre olivier (Rom. 11 : 24).
 
 
 
Le message du prophète à Achaz (Es. 7 : 1-25)
 
            Après avoir répondu à l'appel de l'Eternel, il semble qu'Esaïe a dû attendre jusqu'à la fin du règne de Jotham pour commencer vraiment un service public. On voit aussi une période d'attente semblable dans la vie de Samuel (1 Sam. 7 : 2). Si nous devons connaître une telle école de patience, ne nous décourageons pas ! Laissons le Seigneur choisir le moment et la manière dont il voudra nous employer. Dans cette attente, notre seule responsabilité est de rester disponibles et obéissants.
            C'est vers un méchant roi de Juda, Achaz, que le prophète est envoyé. Ce souverain a seulement vingt ans et déjà il ne fait pas ce qui est droit aux yeux de l'Eternel ! Il marche dans la voie des rois d'Israël, faisant même passer son fils par le feu (2 Rois 16 : 2-3) ! Or, Retsin, le roi de Syrie et Pekakh, fils de Remalia, roi d'Israël sont décidés à renverser le trône de David, et remplacer Achaz par un roi à leur convenance. Satan, caché derrière eux, veut s'opposer au règne du Messie promis ! Le coeur d'Achaz- et celui de son peuple - est agité « comme les arbres de la forêt sont agités par le vent » (Es. 7 : 2). L'incrédulité conduit à une peur incontrôlée (Es. 30 : 17) !
            Le prophète, accompagné de son fils - on se rappelle que son nom était annonciateur de grâce - est envoyé par l'Eternel pour annoncer la délivrance à Achaz ! Ces rois, qu'Esaïe compare à deux bouts de tison fumants, sont en réalité très prêts à s'éteindre. Le coeur de Juda ne devrait pas défaillir. L'entreprise ennemie est, selon la volonté de Dieu, vouée à l'échec. 
            Le prophète annonce également que la patience de l'Eternel touche à son terme : encore 65 ans et Ephraïm (une figure fréquente d'Israël) ne sera plus un peuple. Un avertissement solennel est adressé à Achaz : « Si vous ne croyez pas, vous ne subsisterez pas » (Es. 7 : 9).
            Pourtant, l'instant d'après, ce roi incrédule et endurci, refuse de demander un signe, comme l'Eternel l'y invite, montrant son long support ! Le roi ne craint pas de lasser la patience de Dieu ; il prend Son nom en vain, prétendant avec hypocrisie qu'il ne veut pas tenter Dieu ! Au même moment, il fait secrètement appel à l'Assyrie (Es. 7 : 12) !
 
            Mais les conseils divins sont la fermeté même et Ses desseins ne varieront jamais ! Malgré l'incrédulité foncière de l'homme, un premier rayon de la lampe prophétique va briller. Esaïe annonce une glorieuse venue : « Le Seigneur vous donnera un signe : Voici la vierge concevra et elle enfantera un fils » (Es. 7 : 14). C'est la naissance d'Emmanuel, Dieu avec nous (Matt. 1 : 23). Elle apportera le salut à la maison de David, à Israël et au monde.
 
 
 
L'annonce de la délivrance d'Ezéchias (Es. 37 : 21-38)
 
            La compagnie d'un homme habituellement en relation avec Dieu est d'un grand prix. Si le trouble survient, sa présence devient plus précieuse encore ! Esaïe en est l‘exemple. Le roi Ezéchias avait pris courageusement position pour l'Eternel. Maintenant sa foi est mise à l'épreuve ! Il est soudain confronté à de grandes épreuves : Sankhérib, roi d'Assyrie, monte contre Jérusalem et Ezéchias tombe lui-même gravement malade.
            Cédant aux « méthodes humaines » habituelles, le roi cherche d'abord à acheter la paix au prix d'un énorme tribut, mais sans succès. Dieu veut lui apprendre qu'une délivrance et une  paix véritable ne s‘obtiennent pas en faisant des concessions (Prov. 29 : 25).
            Loin de désarmer, l'ennemi envoie de grandes forces contre Ezéchias. A bout de ressources, ce roi envoie alors une délégation vers Esaïe : Eliakim, préposé sur sa maison, Shebna le scribe et les anciens des sacrificateurs, couverts de sacs. Ils doivent dire à Esaïe : « Ce jour est un jour de détresse et de châtiment, et d'opprobre… Peut-être l'Eternel ton Dieu entendra-t-il les paroles du Rab-Skaké… » (Es. 37 : 2-4). Ce dernier affirmait en mentant que l'Eternel lui avait donné l'ordre de monter contre Juda et de le détruire (Es. 36 : 10) !
            Ezéchias implore le prophète : « Fais donc monter une prière pour le résidu qui se trouve encore » (Es. 37 : 2-4). La communion d'Esaïe avec Dieu se réalisait en particulier dans la prière. Il savait, comme Samuel, de quel côté se tourner dans l'épreuve (1 Sam. 7 : 8).
            La réponse immédiate du prophète montre que Dieu l'avait déjà éclairé : « Vous direz ainsi à votre seigneur : Ainsi dit l'Eternel : Ne crains pas à cause des paroles que tu as entendues, par lesquelles les serviteurs du roi d'Assyrie m'ont blasphémé. Voici, je vais mettre en lui un esprit, et il entendra une nouvelle, et retournera dans son pays ; et je le ferai tomber par l'épée dans son pays » (Es. 37 : 7). Ezéchias reçoit encore une lettre de menaces, mais il la déploie devant l'Eternel dans le temple et s'adresse personnellement à Lui (Es. 37 : 14-20).
            Esaïe lui transmet ensuite la réponse à sa prière du « Saint d'Israël » - un titre qui revient 23 fois dans ce livre (Es. 37 : 21-35). Jamais prophète, a-t-on dit, ne promit avec plus de hardiesse et jamais promesse ne s'accomplit d'une manière plus éclatante. il s'occupe d'Ezéchias, malade à la mort. Il lui dit : « Donne des ordres à ta maison, car tu vas mourir et tu ne vivras pas » (Es. 38 : 1). Alors, Ezéchias prie instamment l'Eternel et verse beaucoup de larmes. Dieu les voit et se laisse fléchir. Ce sera encore Esaïe qui viendra lui annoncer de la part de l'Eternel, le Dieu de David, son père, la délivrance de la main du roi d'Assyrie et un signe annonciateur qu'il sera ajouté quinze ans à sa vie (Es. 38 : 2-8).
            L'Eternel aurait pu guérir, par sa seule puissance, le corps d'Ezéchias rongé par le mal. Mais Esaïe donne encore l'ordre d'appliquer un emplâtre de figues sur l'ulcère du roi. Il affirme : « il se rétablira » (Es. 38 : 21).
 
 
 
 
            L'esprit d'un complet dévouement à Dieu a habité Esaïe tout au long de sa vie - il avait environ 90 ans au moment de sa mort. Il était toujours engagé dans le service que Dieu lui avait confié. Il pouvait dire : « Moi et les enfants que Dieu m'a donnés, nous sommes pour signes et prodiges en Israël de la part de l'Eternel des armées qui demeure en la montagne de Sion » (Es. 8 : 18). Lui-même, au commandement de l'Eternel, ôte le sac de dessus ses reins (le signe distinctif d'un prophète) et détache de son pied la sandale. Dès lors, il n'a plus que le costume misérable d'un esclave ou d'un captif. Il marche ainsi pendant trois ans, devenant, selon la volonté de l'Eternel, un signe et un symbole pour son peuple, qui plaçait à tort en Egypte un espoir de délivrance (Es. 20 : 3).
            Il ne se laissera rebuter ni par l'indifférence, ni par l'hostilité, ni par les railleries de ses concitoyens (Es. 5 : 19 ; 28 : 9 ; 30 : 9). Il est vraiment un beau type de Celui dont il annonçait déjà la venue, le parfait Serviteur sur lequel il convient de garder toujours nos regards fixés.  
 
 
                                                                                              Ph. L.   17. 02. 08