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Paul à Jérusalem, objet des soins providentiels de Dieu
 
 
            De passage à Milet, en route pour Jérusalem, l'apôtre Paul appelle à lui les anciens de l'assemblée à Ephèse (Act. 20 : 17). Il veut leur faire ses recommandations et ses adieux. Il leur rappelle quel a été son ministère parmi eux et l'exemple qu'il s'est attaché à leur donner (v. 18-20, 25-27). Il les avertit des dangers qui les menacent ; ceux-ci peuvent survenir de dehors (v. 29) et de dedans (v. 30). Il les exhorte à la vigilance (v. 31) et les recommande à la grâce de Dieu (v. 32).
            Paul lui-même aura grand besoin de la grâce de Dieu pour la suite de son voyage. Il n'a qu'une pensée : achever sa course à la gloire de Dieu (2 Tim. 4 : 7) et accomplir le service que le Seigneur lui a confié (Act. 20 : 24). Sa vie n'a pas d'autre sens et il est tout prêt à en faire le sacrifice pour cette Assemblée qui lui a déjà valu tant d'épreuves et tant de larmes (Act. 20 : 19, 31 ; Col. 1 : 24).
            Chers lecteurs chrétiens, sommes-nous animés de sentiments semblables ? (2 Cor. 5 : 14-15).
 
            L'amour fraternel se manifeste tout le long de ce voyage. Paul prie plusieurs fois à genoux avec les frères au moment du départ (Act. 20 : 36 ; 21 : 5). A Césarée, Paul  descend chez un évangéliste, Philippe (v. 8). Ce qui ressort beaucoup, tout le long du chemin, ce sont ses affections, toujours aussi vives pour son peuple (Rom. 9 : 3 ; 10 : 1). Il était chargé des dons des assemblées de Macédoine et de l'Achaïe et se réjouissait de les apporter lui-même à Jérusalem (Rom. 15 : 25).
            Aussi ne tient-il pas compte des avertissements des disciples à Tyr. C'était pour lui jusqu'alors des inconnus. Or, ils lui disent par l'Esprit de ne pas monter à Jérusalem (Act. 21 : 4. Il n'écoute pas davantage le prophète Agabus, monté spécialement de Judée pour l'avertir. Ce prophète était connu : il avait déjà annoncé une famine qui eut lieu sous Claude. Les disciples l'avaient alors écouté et décidé de mettre de côté, chacun selon ses ressources, en vue d'aider leurs frères en Judée. Leur don avait ensuite été confié à Paul et Barnabas (Act. 11 : 28-29).
            Agabus prend la ceinture de Paul, certainement longue et large comme elles le sont en Orient ; il se lie les pieds et les mains et dit : « L'Esprit Saint dit ces choses : l'homme à qui est cette ceinture, les Juifs à Jérusalem le lieront ainsi et le livreront entre les mains des nations » (Act 21 : 11). On comprend l'attitude des disciples, dictée par l'amour : « nous et ceux qui étaient du lieu », dit Luc, auteur du livre des Actes et l'un des fidèles compagnons de Paul, «  nous le suppliâmes de ne pas monter à Jérusalem » (v. 12). Refusant de renoncer à ce voyage, Paul répond : « Que faites-vous en pleurant et en brisant mon coeur ?». Puis il ajoute : « Car, pour moi, je suis prêt, non seulement à être lié, mais encore à mourir à Jérusalem pour le nom du Seigneur Jésus » (v. 13). Luc écrit : « Comme il ne se laissait pas persuader, nous nous tûmes, disant : Que la volonté du Seigneur soit faite ! » (v. 14).
            Cette soumission des disciples à l'égard de la ferme décision de Paul nous permet incidemment de comprendre comment il convient de se comporter lorsqu'il y a une divergence d'opinion qu'on ne peut pas résoudre. Il convient à tous de se taire, avec le seul désir que la volonté du Seigneur soit faite, quelle qu'elle soit.
            Nous ne pouvons pas nous permettre de juger l'apôtre. Pourtant ce récit nous enseigne aussi qu'écouter nos sentiments, si bons soient-ils - et c'était le cas chez Paul – peut nous conduire à  sortir du chemin de la dépendance. Leçon sérieuse pour chacun !
 
            Pour aller de la Grèce à Rome, l'apôtre s'était donc proposé de passer par Jérusalem ! (Act. 19 : 21). Malgré ce fâcheux détour, la volonté du Seigneur s'accomplira. Le chemin que nous choisissons nous-mêmes n'est jamais simple et nous y rencontrerons inévitablement toutes sortes de complications.
            Parvenu à Jérusalem, Paul est bientôt invité par les anciens à « judaïser » pour rassurer, disent-ils, les croyants d'origine juive, tous zélés pour la loi. «Ils ont entendu dire de toi que tu enseignes à tous les Juifs qui sont parmi les nations, de renoncer à Moïse…Il faut absolument que la multitude s'assemble… Fais donc ce que nous te disons » (Act. 21 : 21-22) ! L'apôtre se trouve ainsi entraîné à contredire son propre enseignement ! Lui, si décidé auparavant, ne résiste pas à ces sollicitations. Il s'engage à payer, comme on le lui suggère, la dépense de quatre hommes, qui ont fait un voeu et doivent se raser la tête (Nom. 6 : 13-21). Paul doit se purifier avec eux : il accepte et il est pris dans un engrenage. Il entre au temple, dans le parvis, où il annonce l'époque à laquelle l'offrande sera présentée, pour chacun d'eux, après les jours de leur purification. Ses frères en Christ juifs ont veillé à le rassurer en lui disant qu'ils ont écrit à leurs frères issus des nations qu'ils n'ont rien de semblable à observer ! Ils les ont simplement engagés à se garder de ce qui a été sacrifié aux idoles, de ce qui a été étouffé et de la fornication (Act. 15 : 23-29 ; 21 : 25).
            Une fois de plus, on constate que les Juifs convertis vivants à Jérusalem, devenus des enfants de Dieu, restent toutefois attachés à la religion juive et à ses ordonnances. En réalité, ils voudraient continuer à « mettre le vin nouveau dans de vieilles outres » (Matt. 9 : 17). Or, ainsi que Jacques le précise, le service religieux, pur et sans tache, ne consiste pas en une purification corporelle, mais à se conserver pur du monde, chose autrement importante mais difficile (Jac. 1 : 27 ; 2 : 12).
            Paul se soumet donc aux rites du culte, pour être agréable à ses frères. On ne voit pas qu'il ait témoigné de la surprise ou de la répugnance devant cette proposition, formulée au nom de l'amour. Il avait pris l'habitude de s'oublier lui-même, pour chercher le bien de ses frères. Une passion généreuse le dominait : « se faire tout à tous », pour les gagner à Christ (1 Cor. 9 : 1, 19-21). Mais tous ses efforts restent vains, car les Juifs d'Asie, qui le connaissaient, le voyant dans le temple, prennent cela pour une provocation. Ils s'écrient : « Hommes israélites, aidez-nous ! ». Ils dénoncent l'apôtre et affirment qu'il a profané le saint lieu. Ils cherchent à le tuer, mettant toute la ville en émoi (Act. 21 : 28-30).
 
            C'est alors que l'on voit apparaître pour la première fois un instrument surprenant, dont Dieu se sert en faveur de Paul, comme autrefois il s'est servi de Cyrus pour le bien d'Israël : « Toutes choses le servent », y compris donc les incrédules ! (Ps. 119 : 91 ; Lam. 3 : 37). Paul est saisi dans le temple, dont on ferme aussitôt les portes. Il est traîné dehors par les Juifs qui le battent, avec l'intention de le mettre à mort. Mais un chiliarque, commandant de la garnison romaine en ce lieu est informé. Devant la confusion grandissante, il intervient. Il accourt avec des soldats et des centurions et arrache Paul à la violence de la foule (Act. 21 : 31-32).
            L'apôtre est aussitôt lié avec deux chaînes, et le chiliarque, entendant des clameurs contradictoires, donne ordre qu'il soit emmené dans la forteresse. L'apôtre, littéralement porté par les soldats qui le protègent de la furie de ses compatriotes, atteint les degrés de l'escalier qui pénètre dans la forteresse. Claudius Lysias - tel est le nom de ce chiliarque – l'a confondu d'abord avec un célèbre bandit qui vient d'exciter une sédition. Puis, en l'entendant parler grec, ce qui montrait son érudition, il se radoucit et autorise même Paul à parler au peuple, auquel ce dernier s'adresse alors en langue hébraïque (v. 33-40).
            En prononçant son apologie (Act. 22 : 1-21), l'apôtre reconnaît que dans le passé, il faisait la guerre à Dieu. Il a persécuté « cette voie » jusqu'à la mort. Mais miséricorde lui a été faite : Jésus « le Nazaréen » lui-même l'a arrêté sur le chemin, près de Damas. Il a appris qu'il Le persécutait en persécutant les siens. Paul, dès lors, a compris qu'il avait été mis à part dès sa naissance, selon le propos divin. Il s'est repenti de sa conduite passée et il est devenu un témoin auprès des hommes des choses qu'il a vues et entendues.
            Jusqu'ici les hommes de Jérusalem ont écouté en silence, même quand Paul a confessé avoir consenti à la mort d'Etienne. Mais quand l'apôtre ajoute que Dieu lui a dit : « Va, je t'enverrai au loin vers les nations » (v. 21), alors ils se déchaînent ; remplis de haine, ils s'écrient : « ôte de la terre un tel homme, car il n'aurait pas dû vivre » (v. 22) ! Ils poussent des cris, jettent leurs vêtements en l'air, avec de la poussière : c'est un véritable désordre. Le chiliarque décide de mettre une fois encore cet homme encombrant à l'abri de la folie meurtrière de la foule. Paul est conduit dans la forteresse où l'on s'apprête sans autres à le mettre à la question par le fouet. Devant la fureur de la foule, ne comprenant rien à l'araméen, le chiliarque en a déduit qu'ils avaient sûrement de bonnes raisons de s'irriter. En soldat brutal et dédaigneux des formes, il s'apprête à torturer Paul pour lui arracher des aveux. Mais l'apôtre demande alors au centurion qui dirige l'opération : « Vous est-il permis de fouetter un homme qui est romain et qui n'est pas condamné ? » (v. 25).  Plus tard, il écrira qu'il a considéré toutes choses comme une perte, pourvu qu'il gagne Christ (Phil. 4 : 7-8) ; c'était faire valoir un autre droit de cité, la seule qui vaille : la bourgeoisie céleste (Phil. 4 : 20). Pour la posséder, il faut être passé par la nouvelle naissance ! 
            Inquiet, le centurion décide d'en référer au chiliarque, qui vient lui-même interroger ce prisonnier insolite. Ce dernier, jusqu'ici, s'était présenté à lui comme un Juif de Tarse (Act. 21 : 39, mais il confirme maintenant qu'il est romain par naissance. Le chiliarque déclare qu'il a acquis cette « bourgeoisie » moyennant une grande somme (Act. 22 : 38). Or, les Romains traitaient leurs concitoyens avec plus d'égard que les ressortissants des nations soumises à leur joug. Aussitôt donc, ils délient Paul, Claudius Lysias lui-même a peur. En violant les lois romaines, il s'exposait lui-même à la mort. Il ordonne également au Sanhédrin de se réunir et leur présente Paul ; il cherche à comprendre les raisons de la fureur qui s'est déchaînée contre lui.
            Là encore, Dieu a la haute main sur les circonstances et il les dirige en faveur de son serviteur, qui s'est engagé sur un chemin semé d'embûches. En effet cette comparution aura pour effet de le placer définitivement entre les mains des Romains ; selon la prophétie d'Agabus, il perdra alors sa liberté. Les jours où il pouvait annoncer librement l'évangile sont terminés. Mais il va rendre un témoignage puissant devant les gouverneurs, les rois et, semble-t-il, devant Néron en personne.
            Le souverain sacrificateur est mécontent de l'affirmation de Paul : « je me suis conduit en toute bonne conscience devant Dieu jusqu'à ce jour … » (Act. 23 : 1). En conséquence, il donne l'ordre de faire frapper Paul sur la bouche. Ce dernier, humilié, réagit vivement en disant : « Dieu te frappera, paroi blanchie ! Es-tu assis pour me juger selon la loi ; et contrairement à la loi, tu ordonnes que je sois frappé ?» (v. 3). Il s'attire ainsi une remarque justifiée : « Injuries-tu le souverain sacrificateur de Dieu ? » (v. 4). Alors il affirme qu'il ne savait pas à qui il avait affaire. Il cite Exode 22 : 28, montrant ainsi son érudition biblique.
            Un exposé habile est maintenant présenté par Paul, mais était-ce par l'Esprit ? Il met de son côté le parti des pharisiens, en se présentant comme « Pharisien (!), fils de Pharisien ». Puis, il exploite les divergences d'opinion qu'il connaît bien entre les Pharisiens orthodoxes et les Sadducéens qui n'admettaient ni la résurrection, ni les anges, ni les esprits. Il s'écrie avec conviction : « Je suis mis en jugement pour l'espérance et la résurrection des morts » (v.  6). La résurrection de Jésus Christ était bien le fondement de sa doctrine, mais Paul n'a même pas l'occasion de prononcer le nom de son Sauveur.
            Or le résultat escompté est atteint : le brandon de discorde qu'il a jeté produit son effet. Ces adversaires traditionnels désunis s'affrontent aussitôt. Un grand tumulte s'ensuit, le chiliarque craint que son prisonnier ne soit mis en pièces. Il commande à la troupe de descendre, d'enlever Paul du milieu de ces forcenés, et le fait mettre en sécurité dans la forteresse (v. 10).
            Malgré - et à cause - de la faiblesse de son serviteur, le Seigneur se tient très près de lui la nuit suivante. Il lui adresse des paroles que Lui seul pouvait prononcer : « Aie bon courage; car comme tu as rendu témoignage des choses qui me regardent  à Jérusalem, ainsi il faut que tu rendes témoignage aussi à Rome » (Act. 23 : 11). Paul devait parvenir à Rome, sa vraie destination ! Durant la suite très mouvementée de son voyage, il sera soutenu par la pensée que Dieu veut qu'il atteigne finalement Rome (Act. 27 : 24).
            Mais ici une quarantaine de Juifs s'obligent par un serment d'exécration à ne plus manger ni boire avant d'avoir tué Paul (Act. 23 : 12-13). Ils doivent donc exécuter leur dessein criminel dans les délais les plus courts. Ils avertissent les principaux et les anciens, afin d'avoir leur concours. Ces derniers doivent demander au chiliarque de produire à nouveau le prisonnier devant le Sanhédrin, comme s'ils voulaient s'informer davantage de ce qui le concerne. Placés en embuscade sur le trajet, cette bande d'assassins se tiendra prête à  tuer Paul ! (v. 15).
            Mais la vie de Paul est entre les mains du Seigneur. Il n'intervient pas ici de façon miraculeuse, comme à Philippes (Act. 16 : 26) ou comme dans le cas de Pierre (Act. 12 : 7). Il se sert simplement du jeune neveu de Paul pour annuler ce projet ! Comme la petite fille chez Naaman le Syrien, ou le jeune garçon disposé à mettre son pain et ses petits poissons à la disposition du Seigneur, ce jeune homme se trouve là au moment convenable, et il agit sans tergiverser : il est prêt à faire ce qui est en son pouvoir (Marc 14 : 4). Le Seigneur, juste juge, pourra-t-il porter la même appréciation sur notre propre conduite ?
            Dieu a permis que ce jeune homme entende d'abord parler de ce qui se tramait. Courageusement, il entre dans la forteresse – ce qui était difficile, sans doute, comme dans les prisons de nos jours – et il rapporte à son oncle ce qui se prépare contre lui. Celui-ci appelle un centurion et lui demande de conduire son neveu au chiliarque : « il a quelque chose à lui rapporter » (Act. 23 : 17).
            Dieu incline le coeur du chiliarque : il reçoit ce jeune homme et l'écoute avec bienveillance. Puis il le renvoie en lui faisant promettre de ne rien divulguer. Il aurait pu ne pas tenir compte de ce qu'il venait d'entendre, mais il est décidé à agir. Les machinations des ennemis sont déjouées (1 Cor. 3 : 19). Elles ont plutôt contribué à décider Lysias qui envoie Paul à Césarée, accompagné d'une imposante escorte de 470 hommes (Act. 23 : 16-22). Il adresse une lettre au gouverneur Félix, dans laquelle il arrange les faits en sa faveur : « je l'ai délivré, ayant appris qu'il était romain » (v. 27) Il se souvient en fait de l'erreur qu'il a failli commettre et il cherche à présenter son action sous le jour le plus favorable possible. Mais en même temps elle blanchit Paul de tout mal condamnable ou digne de mort.
            Dieu s'est donc servi à trois reprises de cet homme des nations, Claudius Lysias, pour conserver l'apôtre en vie, contre la volonté expresse des Juifs. Quelle preuve affligeante de la dépravation des hommes d'Israël. Le Seigneur a donné aussi le courage indispensable au neveu de Paul, pour jouer un rôle caché, mais important, au moment convenable.
 
            Dieu prendra soin de son serviteur Paul jusqu'au bout du chemin. Une fois encore la véracité de la propre affirmation de l'apôtre est démontrée : « Nous savons que  toutes choses travaillent ensemble pour le bien de ceux qui aiment Dieu » (Rom. 8 : 28). Veillons toutefois à ne pas nous laisser entraîner sur un chemin de propre volonté, serait-ce comme Paul pour un bon motif. La pensée du Seigneur à ce sujet est rappelée entre autres dans le Psaume 32. Ne ressemblons donc pas à des bêtes de somme, sans intelligence. Elles sont contraintes d'obéir : la bride et le mors représentent ces moyens pénibles que Dieu est obligé d'employer, quand nous refusons de nous approcher de Lui (v. 9 ; Prov. 26 :3) ! Combien il est préférable de se laisser instruire (titre du Psaume), enseigner, conseiller directement par la Parole, dans la communion avec le Seigneur ! 
  
                                                                Ph. L. 25.12.07
 
                        Qui me relève dans mes chutes ?
                              C'est Jésus Christ.
                        Qui soutient mon âme en ses luttes ?
                              C'est Jésus Christ.
                        Jésus a parlé : je veux croire
                        Que je peux lutter pour sa gloire,
                        Car mon bouclier, ma victoire,
                              C'est Jésus Christ.