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ELIPHAZ LE THEMANITE, L'UN DES « AMIS » DE JOB
 

 Les épreuves de Job, envoyées par Dieu pour son bien
 Les trois amis de Job, des consolateurs fâcheux
 La compassion d'Eliphaz envers Job
 Le durcissement des paroles d'Eliphaz
 De dures paroles d'accusation
 La leçon humiliante apprise par Eliphaz et ses compagnons
 

            Le livre de Job est très ancien et ses personnages se situent en dehors du peuple d'Israël. Les leçons qu'il contient profiteront aux enfants de Dieu jusqu'à la fin des temps. Le Saint Esprit y révèle en détail les épreuves de Job, après avoir évoqué le temps de sa prospérité.
            Les premiers versets du livre montrent brièvement qui est Job, ce qu'il possède, ce qu'il fait habituellement pour les siens. L'Accusateur, redoutable, entre en scène (Apoc. 12 : 10). Fidèle à sa néfaste activité habituelle, il ne cherche qu'à nuire. Toutefois deux faits rassurants sont indiqués : c'est Dieu qui engage l'action (Job 1 : 8) et la permission qu'il accorde à Satan est rigoureusement limitée (Job 1 : 12).
 
 
Les épreuves de Job, envoyées par Dieu pour son bien
 
            Chrétiens, n'oublions jamais ces affirmations de la Parole de Dieu : « Qui intentera accusation contre des élus de Dieu ? – C'est Dieu qui justifie ; qui est celui qui condamne ? » (Rom. 8 : 33) ; retenons aussi l'assurance donnée quelques versets plus hauts : « Nous savons que toutes choses travaillent ensemble pour le bien de ceux qui aiment Dieu, de ceux qui sont appelés selon son propos (Rom. 8 : 28). Ainsi les épreuves, après la prospérité, vont travailler ensemble pour le bien de Job, auquel Dieu a lui-même rendu un bon témoignage (Job 1 : 8).
            Dépouillé de tout, Job donne, par son attitude soumise, tort à Satan qui avait dit : « Mais étend ta main... tu verras s'il ne te maudit pas en face » ;  il continue de craindre Dieu et s'écrie : « Que le nom de l'Eternel soit béni » (Job 1 : 11, 21) ! L'Accusateur ne se tient pas battu pour autant, et, avec la permission divine, lance un nouvel assaut contre Job. Il s'attaque à sa personne. Excédée, sa femme s'écrie : « Maudis Dieu et meurs » (Job 2 : 9). Elle est devenue un instrument dans la main de l'Ennemi, prêt à tout pour réaliser ses desseins. Or Job reste ferme, quoiqu'il soit tourmenté par un ulcère malin de la tête aux pieds. Il reconnaît la main de Dieu et déclare : « Nous avons reçu le bien aussi de la part de Dieu, et nous ne recevrions pas le mal ? » (Job 2 : 10). En parlant ainsi, il ne pèche pas de ses lèvres. Toutefois, il lui reste à comprendre que la main de Dieu est une main d'amour.
 
 
Les trois amis de Job, des consolateurs fâcheux
 
            Les trois amis de Job, apprenant ce qui lui était arrivé, décident de venir ensemble le voir. Il y a là Eliphaz le Thémanite, sans doute l'aîné, et ses compagnons Bildad, le Shukhite avec Tsophar, le Naamatithe.
            Arrivés auprès de Job, ils ne le reconnaissent pas et ils pleurent. Ils voient que sa douleur est très grande et restent muets pendant sept jours et sept nuits (Job 2 : 13) !
            Dans l'espoir de briser la résistance de Job, Satan s'était servi de cinq épreuves successives, en particulier la mort de tous ses enfants. Il avait ensuite réussi à influencer la propre épouse de Job. Tout cela sans obtenir l'effet escompté ! La démarche de ces « consolateurs » fâcheux (Job 16 : 2) aura, malheureusement, plus d'effet. L'exhortation de l'Ecriture est toujours de saison : « Ayant tout surmonté, tenir ferme » (Eph. 6 : 13). Dans la chaleur d'un interminable débat, objet de fausses accusations, les paroles de Job vont devenir outrées (Job. 6 : 2). « Mais les paroles d'un désespéré ne sont faites que pour le vent » (Job 6 : 26).
            Combien il est difficile de faire une bonne visite à quelqu'un qui est dans l'épreuve ! A un frère ou une soeur qui sont « battus tout le jour » et dont le châtiment revient chaque matin (Ps. 73 : 14) ! Les paroles justes sont puissantes, mais Job dira à ses visiteurs : « La censure de votre part, que reprend-elle ? » (Job 6 : 25).
            Ces hommes sont là devant leur ami. Tout d'abord, ils restent silencieux : ils constatent de très près, dans sa misère, celui qu'ils ont connu, respecté et même adulé, du temps de sa prospérité. C'est plus que Job ne peut supporter ! L'amertume longtemps contenue déborde. En termes déchirants, il maudit son jour. Il voudrait n'être jamais né, il souhaite la mort ! Or Dieu, dans sa sagesse et son amour, n'a justement pas permis à Satan d'aller au terme de ses desseins (Job. 1 : 12). L'Eternel a de tout autres intentions à l'égard de son serviteur.
 
            Ensuite, tour à tour, les amis vont prendre la parole. Que vont-ils donc lui dire de vraiment consolant ? Avec quelle sagesse vont-ils instruire leur ami malheureux, pour calmer son désespoir (1 Cor. 1 : 20) ? Auront-ils, comme plus tard le divin Docteur, « pendant les jours de sa chair », cette langue des savants, pour soutenir par une parole celui qui est las (Es. 50 : 4) ? Ils prétendent le consoler ; ils finiront par le condamner, en prenant la place de Satan. Leurs paroles, souvent malveillantes et accusatrices, vont exaspérer peu à peu un Job à bout de résistance !
            Pourtant leurs discours contiennent parfois de grandes vérités, qui ont leur place dans la Parole inspirée. Certains versets seront même cités dans le Nouveau Testament : par exemple Job. 5 : 14 dans 1 Cor. 3 : 19. Mais les trois visiteurs font de ces vérités une fausse application au cas de Job. Ils ont des oeillères pour le voir et ne cherchent pas à partager sa perplexité et sa souffrance.
            Nous aussi, nous pouvons connaître beaucoup de vérités et nous en servir mal à propos (Prov. 15 : 23). Il faut chercher à obéir aux exhortations de Rom. 12 : 9-16.
 
 
La compassion d'Eliphaz envers Job
 
            Eliphaz était fort probablement un descendant d'Esaü. Il faisait partie de ces hommes de l'Orient qui jouissaient d'une grande réputation de sagesse (Jér. 49 : 7 ; Abd. 8).
            Assez longtemps, Eliphaz semble justifier cette réputation : son discours est plutôt grave et digne. Par contre, il semble avoir une trop bonne opinion de ses capacités (Job 15 : 7-9) ; celles-ci, sans doute associées à son âge, lui donnent une prééminence sur ses deux compagnons, Bildad et Tsophar (Job 15 : 9-10). On peut dire que c'est lui qui dirige la discussion. Il débute la triple série de leurs joutes oratoires avec Job.
            Bildad et Tsophar ne font guère mieux que reproduire, sous d'autres formes et sur un autre ton, son argument. Eliphaz n'a qu'une idée, présentée sous différents aspects et amplifiée dans de longs développements : « Souviens-toi, je te prie, qui a péri étant innocent ? et où les hommes droits ont-ils été détruits ? (Job. 4 : 7).  Pour lui, seul le méchant connaît la souffrance. C'est le lot de ceux qui labourent l'iniquité et qui sèment la misère de la moissonner (Job. 4 : 8-9 ; Ps. 7 : 14).
            Du reste, nul n'est innocent devant Dieu, dont la sainteté et la majesté sont incomparables. Même « les cieux ne sont pas purs à ses yeux » (Job 4 ; 17-19 ; 15 : 14-16) !
 
 
Le durcissement des paroles d'Eliphaz
 
            Eliphaz a d'abord parlé à Job comme un ami plein de compassion pour son malheur. Il a rendu un bon témoignage à son sujet. Il reconnaît qu'avant de connaître lui-même la discipline, il s'est employé à redresser les mains lassées et les genoux défaillants (Héb. 12 : 12). Mais il formule promptement un premier reproche en disant, sans grâce, à son ami : Maintenant que tu es toi-même atteint, mets donc en pratique ce que tu as enseigné aux autres. Quelle curieuse manière d'encourager un ami blessé ! Il met plutôt de la nitre sur ses plaies, alors que Job avait besoin de tendre sympathie, d'un bon samaritain préparé pour verser de l'huile et du vin sur ses profondes blessures (Luc 10 : 33-34).
            Or Eliphaz a quelque prétention, il ne se connaît pas encore ! Il n'est pas disposé à se mettre aux pieds de son frère. Pourtant ses pleurs au début laissaient espérer une meilleure préparation de coeur pour consoler Job. Eliphaz se montre incapable de faire la différence entre les souffrances d'un juste et celles du méchant. La dureté de ses paroles entraîne ses compagnons à avoir le même comportement. L'on est souvent entraîné à avoir le même comportement que quelqu'un de décidé (Jean 21 : 3).
            Au fond, Eliphaz est intimement convaincu que le malheur de Job est mérité. Il l'insinue d'abord plutôt que de lui en faire ouvertement le reproche. Job est mis en cause, de façon indirecte. Eliphaz discourt sur le châtiment inévitable du méchant, sur la sainteté et la justice de Dieu et même sur Sa bonté ; puis il se porte garant que l'Eternel rendra à Job sa prospérité passée, si seulement il sait mettre à profit l'épreuve présente. Pour lui, tous les tourments que Job traverse ne sont qu'une punition, un jugement sur sa conduite. En fait, Eliphaz est effrayé, il craint d'avoir à subir les mêmes épreuves que Job. Il pense : Si nous obéissons à Dieu, il nous bénira, et nous serons gardés de la souffrance. Tout cela, Job, qui est un homme sage, l'a fort bien perçu (Job 6 : 21)
            Nous savons, depuis le début de ce récit, que Job ne s'est rendu coupable d'aucune faute particulière. Dieu n'a t-il pas dit à Satan : « Tu m'as incité contre lui pour l'engloutir sans cause »(Job. 2 : 3). Enfermé dans ses idées préconçues, Eliphaz fait donc fausse route !
            Retenons toutefois le beau résumé qu'il donne des voies de Dieu à l'égard de sa créature : « Voici, bienheureux l'homme que l'Eternel reprend. Ne méprise pas le châtiment du Tout-Puissant. Car c'est Lui qui fait la plaie et qui la bande ; il frappe et Ses mains guérissent » (Job 5 : 17-18). L'Eternel s'était proposé de corriger son serviteur sur un point précis : Job devait être débarrassé d'un esprit de propre justice.
  
 
De dures paroles d'accusation
 
            Job va se justifier encore et réfuter le raisonnement d'Eliphaz, et aussi ceux de Bildad et de Tsophar. Alors, le discours d'Eliphaz devient plein d'aigreur et même violent.
            Job peut aisément se reconnaître dans le tableau que son interlocuteur trace de ce méchant qui résiste à Dieu, et sera finalement détruit par le Tout-puissant (titre qui revient 21 fois dans ce livre). Eliphaz lui parle maintenant ouvertement : « Certes tu détruis la crainte de Dieu, et tu restreins la méditation devant Lui ; ta bouche fait connaître ton iniquité, et tu as choisi le langage des hommes rusés » ((Job 15 : 4-.5). Au fond il le traite d'hypocrite. Il désigne aussi Job de façon transparente, quand il parle d'un homme qui boit l'iniquité comme l'eau et qui est abominable et corrompu aux yeux de Dieu (Job. 15 : 16) !
            Eliphaz est un moraliste. Il s'appuie sur l'expérience humaine, sur ce qu'il sait - ou croit savoir (v. 8) et sur ce qu'il a vu (v. 17). Il ne se fonde pas sur ce que Dieu a dit. Il faut éviter d'écouter ceux qui font de leur expérience la seule base pour la vérité. Eliphaz est sur un terrain mouvant, il n'est pas surprenant qu'il erre.
            Seule la Parole de Dieu peut nous aider et aider ceux qui sont placés sur notre chemin. Dieu agit envers chacun d'une manière qui sied à ses besoins, à ses tendances et à son degré de maturité. 
            Les paroles d'Eliphaz deviennent agressives : « As-tu accaparé pour toi la sagesse ? ...  Parmi nous il y a aussi des hommes à cheveux blancs et des vieillards plus âgés que ton père ». Un autre serviteur, Elihu, reconnaîtra plus tard qu'en tenant compte du  seul critère de l'âge, il a été vraiment déçu (Job 15 : 8 -10 ; 32 : 6-7). En effet, un plus jeune croyant, qui connaît l'Ecriture, a plus d'intelligence qu'un vieillard qui s'appuie sur sa propre expérience (Ps. 119 : 99-100).
 
            Enfin, Job s'étant encore attaché à démontrer clairement qu'il n'est nullement coupable de toutes les fautes qu'on lui impute, Eliphaz, à bout d'arguments, perd toute mesure et se répand contre son pauvre « ami » en durs reproches et en accusations gratuites et injurieuses : « Ta méchanceté n'est-elle pas grande et tes iniquités sans fin ? » (Job. 22 : 5-9).
            Combien Eliphaz est loin de ressembler à Celui qui nous a laissé son exemple pour l'imiter : Il a pris la place de l'esclave et Il s'est abaissé pour laver les pieds de ses disciples, pour qu'ils puissent avoir une part de communion avec Lui (Jean 13 : 14-15).
            Comment Eliphaz a-t-il pu en arriver là ? Cette « folie » chez celui qui était réputé sage, était la conséquence de sa « logique » erronée (Ecc. 10 : 1). Il termine en exhortant Job à faire un demi-tour. Il l'assure à nouveau que dans ce cas sa prospérité reviendra ; ce sera la récompense de la confession des fautes... que Job n'a pas commises. Ses paroles conservent en elles-mêmes ici, pour chacun, toute leur valeur : «  Réconcilie-toi avec Lui, je te prie et sois en paix ; ainsi le bonheur t'arrivera... le Tout-puissant sera ton or » (Job 22 : 21, 25 ; 2 Cor. 5 : 20).
 
            Eliphaz a su, hélas, blesser, il n'a pas su aider à la guérison. Comment le coeur de Job, aurait-il pu être touché sans une vraie parole de consolation ? Il est accablé d'accusations. On pense au plus grand des affligés : « J'ai attendu que quelqu'un eût compassion de moi... mais il n'y a eu personne... et des consolateurs, mais je n'en ai pas trouvé (Ps. 69 : 20).
 
 
La leçon humiliante apprise par Eliphaz et ses compagnons
 
            Dieu tenait en réserve une leçon humiliante pour Eliphaz malgré la sagesse dont il se targuait (Job 15 : 8-9). Comme ses compagnons, le vieillard de Théman est d'abord réduit au silence par Job. Il lui faudra bientôt s'incliner devant la sévère réprimande de Dieu lui-même. Il l'interpelle par son nom, en disant : « Ma colère s'est enflammée contre toi et tes deux compagnons, car vous n'avez pas parlé de moi comme il convient, comme mon serviteur Job » (Job 42 : 7). Ces hommes doivent prendre sept taureaux et sept béliers, - et comble d'humiliation - aller vers « mon serviteur Job » (expression employée 4 fois ici). Là, ils offriront un holocauste pour eux ;  « mon serviteur Job priera pour vous », déclare l'Eternel.
            Job, qui dans le passé, était l'objet de leur injuste dédain, doit maintenant intercéder pour eux, afin que la colère divine soit apaisée. Ces hommes vont obéir : quelle belle scène que celle où Job prie pour ses amis ! Et « l'Eternel eut Job pour agréable » (Job 42 : 9).  
            Le patriarche, de son côté, va apprendre au fil des jours et des épreuves une grande leçon : il sera délivré de son « moi » méprisable (Job 32 : 1).
            Elihu est intervenu, quand l'incapacité des trois premiers visiteurs est devenue flagrante. C'est une belle figure du Saint Esprit. Puis l'Eternel lui même instruit Job, et au fur et à mesure, la bonne opinion qu'il avait toujours secrètement eu de lui-même, s'évanouit. Il s'écrie avec une conviction profonde : « J'ai horreur de moi et je me repens... » (Job 42 : 6). Alors, Dieu va lui envoyer d'autres consolateurs, rendus capables de lui apporter une vraie sympathie, en s'identifiant à sa souffrance.
            Job reçoit finalement le double de tout ce qu'il possédait précédemment. Il a appris à se connaître et il a surtout appris à connaître Dieu. Finalement, l'épreuve s'est révélée pleine de fruits bénis. A Dieu seul en revient la gloire !
            En pensant à Eliphaz, demandons au Seigneur de nous apprendre à Le connaître dans ses compassions ; Il est probable que nous aurons à connaître, pour notre bien, des jours d'épreuve. Avoir affaire « au Dieu de toute consolation, qui nous console à l'égard de toute notre affliction » peut nous rendre capables « de consoler ceux qui sont dans quelque affliction que ce soit, par la consolation dont nous sommes nous-mêmes consolés de Dieu » (2 Cor. 1 : 3-4).
 
                                                           Ph. L     28. 11. O7.
 
 
            Aux jours d'épreuve amère, de lutte, de douleur,
            Quand sous la main du Père, il faut verser des pleurs,
            Ne perdons pas courage, en paix soumettons-nous,
            De ce Dieu grand et sage apprenons à genoux.
 
            Dieu permet la détresse afin de nous bénir
            Jamais sa main ne blesse pour nous faire souffrir.
            Le sarment qu'il émonde, c'est celui qu'il chérit,
            Afin que dans ce monde il porte plus de fruit.
 
            Fidèle discipline d'un Dieu de sainteté,
            Où la grâce divine abonde en fruit porté !
            Tu formes sur la terre tes bien-aimés enfants.
            Sois loué, tendre Père, pour tes soins vigilants !