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Jérémie 26

Joignez à votre foi, la vertu (2 Pierre 1 : 5)
 

 

Un fidèle messager (v. 1-7)
Jérémie est menacé de mort (v. 8-11)
Le prophète présente sa défense (v. 12-15)
Des faits passés sont rappelés, le prophète est délivré (v. 16-24)


Un fidèle messager (v. 1-7)

            Dès le début de son service, Jérémie avait reçu cet encouragement de la part de l'Eternel : « Ne les crains point ; car je suis avec toi pour te délivrer » (1 : 8). Mais Dieu avait ajouté un sérieux avertissement : « Ne sois point effrayé d'eux, de peur que moi je ne t'épouvante devant eux » (1 : 17).

            Appelé par l'Eternel, assuré de la présence de Celui qui l'avait envoyé, le prophète rendait fidèlement témoignage. Mais il rencontrait une hostilité croissante de la part du peuple désobéissant et contredisant (Rom. 10 : 21). Pashkhur, fils d'Immer, en l'entendant prophétiser, avait osé le frapper. Jérémie avait été ensuite exposé, comme un criminel, immobilisé dans un instrument de supplice, à la porte de la maison de l'Eternel, objet de la risée du public. Oserait-il encore parler au nom de son Dieu (20 : 2, 9) ?

            Au chapitre 26, nous sommes, comme au chapitre 7, au début du règne de Jehoïakim, le plus méprisable des rois de Juda, sans piété envers Dieu et corrompu dans ses actions (22 : 17). Il n'hésitera pas à jeter la Parole de Dieu dans un brasier (36 : 23). Mais qui méprise la Parole sera lié par elle (Prov. 13 : 13).

            Pourtant l'Eternel attend encore que Juda se repente et recommande à son serviteur de rapporter soigneusement le message qu'Il lui confie : « N'en retranche pas une parole » (v. 2 –voir Deut. 4 : 2). La parole de Dieu n'est-elle pas comme un marteau capable de briser le roc (Jér. 23 : 29) ? Le verset 3 est plein de sollicitude : « Peut-être qu'ils écouteront ». Dieu connaît d'avance l'accueil que nous réservons à ses appels, mais Il exprime encore ici son voeu le plus cher. Dans son amour immuable, Il a compassion de son peuple et de sa demeure, et presse Juda de se repentir. Il multiplie ses appels ; nous en faisons, nous aussi, l'expérience. Appels individuels : « Qui a des oreilles pour entendre, qu'il entende ! » (Matt. 11 : 15) ou collectifs : « Que celui qui a des oreilles écoute ce que l'Esprit dit aux assemblées ! » (Apoc. 2 et 3). Attendrons-nous, comme ce fut le cas pour Juda, qu'il n'y ait plus de remède (2 Chron. 36 : 15, 16 ; Prov. 29 : 1) ?

            Il n'est pas toujours facile de dire toute la vérité (voir Actes 20 : 27 ; 2 Tim. 4 : 14). Elle déplaît au coeur naturel, (Es. 30 : 9, 10). Jérémie devait reconnaître : « Toutes les fois que je parle, je crie, je proclame la violence et la dévastation ». Aussi la parole de l'Eternel entraînait pour lui opprobre et moquerie (Jér. 20 : 8) !

            Ici l'Eternel avertissait : « Je rendrai cette maison comme Silo, et je livrerai cette ville pour être une malédiction à toutes les nations de la terre » (26 : 6).

            Pour délivrer ce message, le prophète doit se tenir sur le parvis de la maison de Dieu, au centre même de l'activité religieuse de ce peuple. Ceux auxquels Il va s'adresser sont venus de toutes les villes pour se prosterner dans la maison de l'Eternel. Cette attitude de révérence laisse augurer qu'ils sont tout disposés à accepter le message de Dieu et à se repentir. Hélas ! il n'en est rien. Plus tard le Seigneur s'écriera à Jérusalem : « Hypocrites !... ce peuple m'honore des lèvres, mais leur coeur est fort éloigné de moi » (Matt. 15 : 7, 8). Prenons garde aussi ; si la conscience s'endurcit, une profession extérieure peut subsister. Mais dans le coeur, au lieu d'affection pour Christ, il n'y a plus que vide et fausseté. C'est alors un terrain très favorable pour les entreprises de l'Ennemi.

 

Jérémie est menacé de mort (v. 8-11)

            Le rappel de la destruction de Silo (voir Ps 78 : 58-60) et la prophétie touchant Jérusalem qui devrait, faute de vraie repentance, connaître le même sort, étaient particulièrement irritants pour ces hommes de Juda. Ils mettaient leur confiance dans des paroles de mensonge et allaient répétant avec orgueil : « C'est ici le temple de l'Eternel, le temple de l'Eternel, le temple de l'Eternel ! » (Jér. 7 : 4). C'était oublier que si l'homme regarde à l'apparence extérieure, l'Eternel, lui, regarde au coeur (1 Sam. 16 : 7). Silo avait été pendant trois cents ans environ le centre de l'adoration. L'arche s'y trouvait, mais devant l'idolâtrie grandissante, au temps d'Eli, Dieu était intervenu. Prise par les Philistins, l'arche ne devait jamais retourner à Silo (Jér. 7 : 12).

            Les prophètes entendent Jérémie. Ces hommes prophétisaient avec mensonge ; la vérité ne leur convenait pas. Ils étaient associés aux sacrificateurs, qui dominaient par leur moyen (5 : 31). Furieux, ils ameutent aussitôt le peuple contre l'envoyé de l'Eternel, se saisissent de lui et s'écrient : « Tu mourras certainement ! » (26 : 8).

            Nous avons de plus grands privilèges que ce peuple. Toute l'Ecriture est entre nos mains et nous avons reçu le Saint Esprit pour la comprendre. Quelle est notre attitude, quand Dieu, dans son amour, nous reprend ? La colère ou l'humble soumission ? Dans ce dernier cas seulement, la discipline rendra le fruit paisible de la justice (Héb. 12 : 11).

            Les princes de Juda apprennent ce qui se passe. Ils quittent la maison royale et viennent s'asseoir à l'entrée de la porte neuve de l'Eternel (Jér. 26 : 10). Jérémie est à nouveau accusé devant eux avec véhémence. Combien de fois de telles accusations ont été proférées contre les vrais témoins du Seigneur, tout au long de l'histoire de l'Eglise.

            Ses accusateurs sont indignés. Comment a-t-il pu oser leur parler ainsi ! Ils ne sont pas des mécréants, ils n'ont pas abandonné le temple, ils s'estiment fidèles à leurs devoirs religieux... Oui, mais Dieu a en horreur ceux qui ont la forme de la piété et en ont renié la puissance (2 Tim. 3 : 5).

 

Le prophète présente sa défense (v. 12-15)

            Il le fait brièvement, ses paroles sont empreintes de dignité. C'est l'Eternel qui l'a envoyé. Aucune inimitié personnelle n'entrait en jeu, tandis que trop souvent, quand nous affirmons avoir les intérêts de Dieu en vue, nos motifs sont mélangés.

            Jérémie les invite encore à amender leurs voies et leurs actions, à écouter la voix de l'Eternel, leur Dieu (26 : 13 ; 7 : 5). Et il ajoute : « Pour moi, me voici entre vos mains ; faites-moi comme il est bon et droit à vos yeux ». Son courage procède de la foi. Il sait qu'il est entre les mains de Dieu, bien au-dessus du pouvoir des hommes.

            Ici et ailleurs, Jérémie préfigure le Serviteur parfait, qui sera amené à la croix, sans offrir de résistance (voir 11 : 19 ; Jacq. 5 : 6).

            Puis le prophète ajoute : « Seulement, sachez bien que, si vous me faites mourir, vous mettrez du sang innocent sur vous... car en vérité l'Eternel m'a envoyé vers vous » (Jér. 26 : 15). Une si terrible perspective n'empêchera pas le peuple juif de réclamer la crucifixion du Seigneur. Malgré la déclaration de Pilate : « Je n'ai trouvé aucun crime dans cet homme » (Luc 23 : 14), tout le peuple s'écriera : « Que son sang soit sur nous et sur nos enfants ! » (Matt. 27 : 25).

 

Des faits passés sont rappelés, le prophète est délivré (v. 16-24)

            Le courage tranquille de Jérémie impressionne fort les princes et le peuple, qui se montrent aussi versatiles qu'au temps du Seigneur (voir Matt. 21 : 8 ; 27 : 20-23). A ces sacrificateurs et ces prophètes égarés, les princes et le peuple déclarent : « Cet homme ne mérite pas la mort ; car il nous a parlé au nom de l'Eternel, notre Dieu » (Jér. 26 : 16).

            Alors quelques anciens osent, à leur tour, parler en faveur de Jérémie. Il y avait encore dans leur coeur un peu de cette crainte de Dieu qui incite à se détourner du mal (Prov. 16 : 6). Ils rappellent que le prophète Michée, un contemporain d'Esaïe, avait prononcé des paroles analogues à celles de Jérémie, au temps du roi Ezéchias (Michée 3 : 12). C'était un message sévère, qui aurait pu heurter ce roi pieux, mais il avait craint l'Eternel, imploré sa grâce et reçu une réponse de miséricorde et de paix.

            Les anciens affirment : « Nous ferions un grand mal contre nos âmes » (Jér. 26 : 19). Ils redoutent à juste titre les conséquences d'une telle violence. Mais sont-ils pour autant disposés à écouter la parole de Dieu ? Quelle est notre attitude devant les avertissements du Seigneur par le moyen de ses serviteurs ?

            Le cas d'Urie, qui avait prophétisé au nom de l'Eternel « selon toutes les paroles de Jérémie » (26 : 20), est ensuite rappelé. Ce prophète, saisi de crainte en apprenant que Jéhoïakim cherchait à le faire mourir, s'était enfui en Egypte. Le roi avait envoyé des hommes à sa recherche, car il était alors allié à l'Egypte. Urie avait été pris et ramené au pays de Juda, où Jehoïakim « le frappa avec l'épée, et jeta son cadavre dans les sépulcres des fils du peuple ».

            Il pensait sans doute se débarrasser ainsi d'un témoin gênant, mais Dieu en avait suscité un autre. Jéhoïakim sera bientôt enseveli de l'ensevelissement d'un âne. La parole de Dieu, immuable, l'annonce (22 : 19).

            Plusieurs de ses serviteurs ont connu le martyre pour avoir parlé la vérité, avec courage et foi (Héb. 11 : 37). Ils recevront la couronne de vie. Jérémie, Paul, et d'autres, ne tenaient par leur vie pour précieuse. Ils désiraient achever leur course et le service reçu de Dieu. Jérémie devait, par la foi, échapper au tranchant de l'épée (Héb. 11 : 34). Ce n'était pas en vain que le prophète avait pu dire : « Sache que, pour toi, je porte l'opprobre » (Jér. 15 : 15). Pour sa délivrance, Dieu a préparé Akhikam, un des messagers que le roi Josias avait envoyé vers la prophétesse Hulda (2 Rois 22 : 14). Il fut avec Jérémie « afin qu'on ne le livrât point aux mains du peuple pour le faire mourir » (Jér. 26 : 24). Dieu, dans sa grâce, tient ses serviteurs dans le creux de sa main. Aucun instrument formé contre eux ne peut réussir (Es. 54 : 17).

            Si nous devons rester encore quelque temps ici-bas, que Dieu nous accorde d'affermir nos coeurs et d'user de patience. « La venue du Seigneur est proche » (Jacq. 5 : 8). Imitons l'exemple de Jérémie, il est l'un de ces prophètes qui nous ont parlé au nom du Seigneur (5 : 10). Sa façon de prendre sa part de l'humiliation et de s'identifier avec le peuple est touchante et instructive. Son exemple nous rappelle que l'humiliation doit d'abord être individuelle. Le travail que Dieu opère dans nos coeurs et dans nos consciences amène à la repentance, au jugement de nos voies et au rejet de nos « idoles » (tout ce qui prend dans mon coeur la place de Christ). Dieu avait dit à son serviteur Jérémie : « Si tu sépares ce qui est précieux de ce qui est vil, tu seras comme ma bouche » (Jér. 15 : 19). Une humiliation vraie se traduira par des actes qui en montrent la réalité.

            Le témoignage de Jérémie a-t-il été reçu ? Hélas ! fort peu. Il aurait pu dire comme le Serviteur parfait : « J'ai travaillé en vain... toutefois mon jugement (mon droit) est par devers l'Eternel, et mon oeuvre par devers mon Dieu » (Es. 49 : 4). Mais au milieu des souffrances, il faisait l'expérience renouvelée que l'Eternel était avec lui comme un homme puissant (Jér. 20 : 11).

            Peut-être aurons-nous aussi à rencontrer de l'incompréhension et du mépris : ne nous décourageons pas. Ecrions-nous avec le prophète : « Eternel, ma force, et ma forteresse, et mon refuge au jour de la détresse ! » (Jér. 16 : 19). « Béni l'homme qui se confie en l'Eternel... dans l'année de la sécheresse il ne craindra pas, et il ne cessera de porter du fruit (17 : 7, 9).

                                                                                                       Ph. L.