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LE LIVRE DU PROPHÈTE JOËL  (ch. 2-3)


CHAPITRE 2 – Le grand jour de l’Éternel
          1. La trompette sonne pour la guerre (v. 1-14)
          2. La trompette sonne pour le jeûne, l’humiliation et la supplication (v. 15-17)
          3. La réponse de l’Éternel (v. 18-27)
CHAPITRE 3 – Des promesses et des signes
          1. L’Esprit de Dieu répandu sur toute chair (v. 1-2)
          2. Les signes dans le ciel et sur la terre (v. 3-4)
          3. Quiconque invoquera le nom de l’Éternel sera sauvé (v. 5)


CHAPITRE 2 – Le grand jour de l’Éternel

            Le chapitre 2 est centré sur Jérusalem, « Sion… ma sainte montagne ». C’est là, au lieu que l’Éternel a choisi (Deut. 26 : 2 ; 2 Chr. 7 : 16), que doit retentir l’avertissement : « le jour de l’Éternel vient » (Joël 2 : 1). Ce jour terrible, « un jour de nuées et d’épaisses ténèbres » (v. 2a) amènera de grands troubles et des souffrances inouïes ; mais il annonce aussi la délivrance finale, car il est comparé à « l’aube qui s’étend sur les montagnes » (v. 2b). Et c’est aussi à Jérusalem que cette délivrance surviendra (3 : 5b).
          Deux trompettes d’argent avaient été fabriquées et confiées aux sacrificateurs (Nom. 10). Ils devaient en faire usage en diverses circonstances, notamment :
                  - en cas de danger, lorsque le peuple devait partir en guerre contre l’ennemi ; dans ce cas il fallait sonner très fort, « avec éclat » (v. 5-6) ;
                     - pour convoquer le peuple en assemblée ; alors on sonnait sans forcer le son (v. 7).
            Joël invite les sacrificateurs à sonner de la trompette, par deux fois et de ces deux manières.

                        1. La trompette sonne pour la guerre (v. 1-14)

            Le premier son de trompette - « Sonnez avec éclat » (v. 1) - pouvait être utilisé soit pour donner l’ordre de départ du camp, soit pour que les fils d’Israël soient « rappelés en mémoire devant l’Éternel » (Nom. 10 : 9) en cas de guerre. Il s’agit ici de cette dernière signification. La guerre était à la porte : une armée innombrable et terriblement efficace allait envahir le pays sans que personne puisse lui résister.
            Quelle est cette armée ? C’est celle de l’ennemi dévastateur qui « vient du Nord » (v. 20), l’Assyrien (És. 10 : 5 ; Dan. 11 : 40). Dans la description saisissante qui en est donnée, on voit sa ressemblance avec la nuée de sauterelles qui la préfigure au chapitre précédent. Les chevaux bondissent comme les sauterelles (Job 39 : 19-20). Celles-ci se répandent en rangs serrés et les flèches ne les atteignent pas. Leur bruit est terrifiant et leur nuage obscurcit même la lumière du soleil. Elles pénètrent partout sans que rien ne les arrête.
            Le peuple n’est pas invité à se mettre en ordre de bataille pour tenter de repousser cette armée. L’Éternel l’appelle « son armée » ; c’est Lui qui la dirige car elle est « l’exécuteur de sa parole » (v. 11). Quand Dieu nous envoie un châtiment, individuellement ou collectivement, rappelons-nous toujours que c’est Lui qui le fait (1 Rois 12 : 24 ; Ps. 39 : 10-12). Il veut que nous nous tournions vers Lui au lieu de chercher désespérément à nous opposer à l’instrument qu’Il emploie (Osée 6 : 1 ; Mich. 6 : 9).
            En effet, la seule ressource est auprès de l’Éternel qui presse encore les siens à revenir vers Lui de tout leur cœur dans la confession et l’humiliation. Pour les encourager à le faire, l’Éternel rappelle ses propres caractères tels qu’Il les a révélés à Moïse après l’épisode du veau d’or : « miséricordieux et faisant grâce, lent à la colère, et grand en bonté » (Ex. 34 : 6). David nous donne l’exemple d’un tel retour vers Dieu lorsqu’il a été puni pour avoir dénombré Israël (2 Sam. 24 : 10-14 ; 1 Chr. 21 : 7-13). Il faut que la confession soit sincère et profonde. Le danger est grand pour nous de « courber la tête comme un roseau » (És. 58 : 5) pour la relever dès que le châtiment est passé. Il ne faut pas se contenter d’une humiliation extérieure : déchirer ses vêtements seulement, alors qu’il faut réellement reconnaître et abandonner son péché (Jér. 4 : 3-4), avec une volonté brisée (Ps. 51 : 19).

                        2. La trompette sonne pour le jeûne, l’humiliation et la supplication (v. 15-17)

            Encore une fois, les sacrificateurs sont invités à sonner de la trompette, non pas « avec éclat » comme la première fois, mais pour convoquer l’assemblée tout entière, hommes, femmes, vieillards, enfants et petits enfants. Aucune relation, aucune occupation ne doit servir de prétexte pour se dispenser de venir à ce rassemblement. Les sacrificateurs représentent le peuple devant Dieu. Il n’y a plus d’offrande ni de sacrifice, mais ils doivent se tenir à l’entrée du sanctuaire « entre le portique et l’autel » (v. 17a) pour supplier l’Éternel en pleurant. L’Esprit de Dieu fournit lui-même les expressions propres à toucher le cœur de l’Éternel dont on sent les affections dans ces termes : « ton peuple », « ton héritage » (v. 17b). Quelle peine pour Dieu d’envisager que les nations incrédules puissent dire aux siens : « Où est leur Dieu ? » (Ex. 32 : 12 ; Ps. 42 : 4 ; 115 : 2). Christ a connu cela sur la croix, lorsqu’il s’est chargé de la transgression de son peuple (És. 53 : 8 ; Matt. 27 : 43).

                        3. La réponse de l’Éternel (v. 18-27)

            L’Éternel appelle son peuple à s’humilier et à supplier. Il a déjà préparé la réponse, à cause de Lui-même et de son affection pour son peuple. Il faut qu’Il soit glorifié dans son pays ; la famine cessera pour son peuple. Le jour viendra où Dieu punira les nations qui ont persécuté son peuple ; le grand ennemi, « celui qui vient du nord » (v. 20a), l’Assyrien, sera chassé puis détruit. Il s’était orgueilleusement élevé contre Dieu « pour faire de grandes choses » (v. 20b), mais c’est l’Éternel qui « fait de grandes choses » (v. 21). Il déclare même à son peuple : « Vous louerez le nom de l’Éternel, votre Dieu, qui a fait des choses merveilleuses pour vous » (v. 26).
            En contraste avec la sécheresse et la famine décrites précédemment, une abondante bénédiction est répandue d’en haut sur le pays, « la première pluie et la dernière pluie » (v. 23). La prospérité est revenue par d’abondantes récoltes qui font oublier la pénurie passée.
           Certainement il y aura une application littérale de cette prédiction, mais la bénédiction morale qui découlera du règne de Christ sera encore plus bénéfique. Dieu réalisera alors son dessein d’habiter au milieu de son peuple (v. 27). Celui-ci goûtera une bénédiction sans restriction, mais plus encore il se réjouira en Dieu lui-même. C’est déjà la part proposée au croyant (Rom. 5 : 11). La connaissons-nous ?
           La pluie est une fréquente image de la bénédiction (Deut. 11 : 14 ; Ps. 65 : 10-14 ; 84 : 7), alors que son absence est souvent un châtiment (1 Rois 17 : 1 ; Jér. 3 : 3 ; Amos 4 : 7). Le climat de la Palestine présente une alternance de deux périodes de pluies à l’automne et au printemps séparées par des mois de sécheresse. L’abondance des récoltes dépendait en particulier des pluies de printemps (la dernière saison), avant la moisson.


CHAPITRE 3 – Des promesses et des signes

            Les versets du chapitre 3 ont une importance particulière pour nous. Pierre les cite dans son premier discours après la Pentecôte (Act. 2 : 17-21), ainsi que Paul, dans l’épître aux Romains (10 : 13). Pour chaque annonce prophétique, nous considérerons d’abord la portée future dans le contexte du livre de Joël, ensuite l’application qu’en font Pierre et Paul à la période chrétienne.

                        1. L’Esprit de Dieu répandu sur toute chair (v. 1-2)

         « Et il arrivera après cela » (v. 1). Cette prophétie concerne la période qui suivra le retour de la bénédiction pour Israël, décrit dans les versets précédents. Dieu répandra alors son Esprit sur « toute chair » ou « tout être de chair » - expression fréquente dans l’Écriture, soit pour désigner tout être vivant sur la terre (Gen. 6 : 17), soit tout être humain (Es. 66 : 16), comme c’est le cas ici. L’Esprit de Dieu sera répandu sur tous ceux qui vivront en ce temps-là, de quelque nation que ce soit, sans se limiter à Israël. Les fils d’Israël seront cependant un canal pour l’instruction et la bénédiction de tous les hommes (És. 11 : 9).
            Quand l’Esprit Saint est descendu sur tous les croyants en Actes 2, il y a eu un premier accomplissement de cette prophétie. En effet, le règne de Christ n’a pas pu être instauré tout de suite sur la terre car Jésus a été rejeté par son peuple. Mais les bénédictions qui découlent de l’œuvre accomplie par Christ à la croix ont été immédiatement répandues sur ceux qui croient. L’Esprit et les dons miraculeux qui l’accompagnent ont été accordés d’abord aux Juifs croyants, ensuite à toutes les nations par la prédication de l’évangile.
            L’Esprit Saint répandu « sur toute chair » produira dans le temps futur un effet intérieur : un « cœur nouveau », un « esprit nouveau » (Ézé. 36 : 26-27), et des signes extérieurs : prophéties, songes, visions. Ceux qui le recevront ne seront pas placés dans la relation d’enfants de Dieu comme les chrétiens. La promesse du Seigneur : « L’Esprit de vérité... sera en vous » (Jean 14 : 17), qui s’est réalisée par le don de l’Esprit Saint à la Pentecôte a des conséquences beaucoup plus profondes : l’habitation de l’Esprit Saint dans chaque croyant, devenu enfant de Dieu, et la formation de l’Assemblée, le corps de Christ. « Dieu a envoyé l’Esprit de son Fils dans nos cœurs » (Gal. 4 : 6) et « nous avons tous été baptisés d’un seul Esprit pour être un seul corps » (1 Cor. 12 : 13).

                        2. Les signes dans le ciel et sur la terre (v. 3-4)

            L’annonce des signes dans le ciel et sur la terre suit celle de l’effusion de l’Esprit. Ces signes doivent avoir lieu avant que vienne le grand et terrible « jour de l’Éternel » (2 : 11), qui lui-même précédera le rétablissement de Jérusalem (2 : 18-27).
          De nombreux passages mentionnent les signes dans le ciel, trois fois dans ce livre de Joël (2 : 10, ; 3 : 3-4 ; 4 : 15). « La lune rougira et le soleil aura honte » (És. 24 : 23). « Je couvrirai le soleil de nuages, et la lune ne fera pas luire sa clarté » (Ézé. 32 : 7). Ils sont annoncés par le Seigneur Lui-même (Matt. 24 : 29 ; Marc 13 : 24 ; Luc 21 : 25) comme précurseurs de la venue du Fils de l’homme. En Apocalypse 6 : 12, la vision prophétique considère leur apparition et la terreur qui frappera les hommes à la perspective du « grand jour de la colère de l’Agneau ». Les signes sur la terre, « du sang, et du feu, et des colonnes de fumée », évoquent les jugements apocalyptiques (Apoc. 8 : 7-9 ; 9 : 2).
            Pierre cite intégralement la prophétie de Joël qui annonce le salut. Il n’insiste pas sur les signes de jugement dont l’accomplissement est encore à venir. Remarquons toutefois que la descente de l’Esprit Saint a été accompagnée de langues comme de feu qui se sont posées sur chacun des croyants qui étaient là.

                        3. Quiconque invoquera le nom de l’Éternel sera sauvé (v. 5)

            De nombreux passages annoncent le salut qu’apportera l’introduction du règne de Christ : « Que, à la fois, le salut se produise et la justice germe… Tournez-vous vers moi, et soyez sauvés, vous, tous les bouts de la terre… Je mets en Sion le salut, et sur Israël ma gloire » (És. 45 : 8, 22 ; 46 : 13) ; « Voici, ton roi vient à toi ; il est juste et ayant le salut » (Zach. 9 : 9). Tous ceux qui reconnaîtront l’autorité de Christ, manifesté comme l’Éternel qui règne à Jérusalem, seront sauvés, alors que les rebelles seront détruits.
          Mais une fois que Christ a été élevé au ciel après sa mort et sa résurrection, la bonne nouvelle de la paix a été proclamée. « L’évangile est la puissance de Dieu pour sauver quiconque croit, le Juif d’abord, et aussi le Grec » (Rom. 1 : 16). Ainsi les deux apôtres que le Seigneur a employés pour annoncer l’évangile, Pierre aux Juifs, puis Paul aux nations, ont l’un et l’autre cité cette prophétie de Joël qui révèle le salut à tout croyant. Maintenant, ce salut offert à tous doit être reçu par la foi (Rom. 1 : 17) ; il faut croire ce qui ne se voit pas. Pendant le règne de Christ, il faudra obéir au roi de justice et de paix publiquement établi. Le temps de la patience de Dieu aura pris fin et tout rebelle sera immédiatement mis à mort (Ps. 101 : 8). Aujourd’hui, Dieu est patient envers ceux qui ne croient pas : Il veut qu’ils se tournent vers Lui pour être sauvés. Ne laissons pas passer ce temps de la patience de Dieu, sans recevoir le salut qu’Il offre gratuitement. Si par grâce nous avons reçu un si grand salut, employons ce délai pour le faire connaître à d’autres.
            La dernière partie du verset 5 – « Sur la montagne de Sion, il y aura délivrance, et à Jérusalem, comme l’Éternel l’a dit, et pour les survivants que l’Éternel appellera » – n’est pas citée par Pierre. Cette prophétie (És. 18 : 7 ; 24 : 23 ; Abd. 17) qui désigne Jérusalem comme le lieu géographique de la délivrance des survivants des Juifs, n’aura son accomplissement qu’au dernier temps.


Extrait de « Sondez les Écritures » (vol. 11 – p. 305-320)


À suivre