Saisir l’occasion
Voici une simple page de cahier retrouvée dans un tiroir. Une maman, il y a bien des années, l’avait préparée pour son petit garçon qui commençait à écrire. Au commencement de chaque ligne, elle avait soigneusement calligraphié un mot que l’enfant devait reproduire. Mais le manque d’obéissance, une distraction, ou simplement la paresse ont fait passer le moment et la page d’écriture n’a pas été rédigée ce jour-là. Deux ou trois fois la tâche a été renvoyée à plus tard, et la voilà maintenant cette page, sortie de sa poussière, amenée à la lumière. Elle est restée blanche, vide.
Telle était aussi l’enfance et la jeunesse de celui qui la considérait maintenant. Ces mots qu’une mère, avec amour et avec soin, avait placés les uns sous les autres, parlaient à son cœur de choses bien plus grandes et plus importantes : de ces « bonnes œuvres » (Éph. 2 : 10), de ces occasions d’amour et de service que Dieu avait multipliées sur sa route et qui avaient été négligées.
Ouvrez vos yeux, jeunes (ami(e)s, les « yeux de votre cœur » (Éph. 1 : 18). Dans un amour attentif, Dieu notre Père a préparé sur le chemin de chacun de vous des œuvres qui sont comme autant d’occasions à saisir.
L‘occasion de se convertir
Il est écrit que « Dieu parle une fois, et deux fois - et l’on n’y prend pas garde » (Job 33 : 14). Mais que dire en ce qui nous concerne, jeunes ayant reçu une éducation chrétienne ? Est-ce que dans sa patience Dieu ne nous a pas parlé des centaines de fois, attendant que nous y prenions garde ? Une de ces occasions, peut-être celle de la lecture de ce message, aujourd’hui même, pourrait être la dernière. C’est pourquoi il est écrit dans un Psaume et répété solennellement trois fois dans les Hébreux : « Aujourd’hui si vous entendez sa voix, n’endurcissez pas vos cœurs » (Ps. 95 : 8 ; Héb. 3 : 8, 15 ; 4 : 7). Le jeune homme riche (Marc 10 : 17-22), Félix (Act. 24 : 24-25), Agrippa (Act. 26 : 28), font partie de ceux qui ont laissé passer l’occasion. Hérode a manqué celles que lui offraient ses entretiens avec Jean le Baptiseur (Marc 6), mais Satan n’a pas laissé échapper la sienne, le jour favorable de son anniversaire. Au contraire Bartimée l’aveugle (Marc 10) et Zachée le publicain (Luc 19) n’ont pas manqué la visite, unique peut-être, du Seigneur à Jéricho. Modèles de foi, la femme syrophénicienne (Matt. 15) et celle qui le toucha dans la foule (Luc 8), ont, elles aussi, discerné le temps et saisi au passage Celui qui pouvait et voulait guérir.
De nombreuses occasions données aux croyants
Après celle de la conversion, toutes les occasions, l’une après l’autre, se proposent à l’enfant de Dieu. Toute la vie chrétienne est là et on ne peut en nommer que quelques-unes. Il y en a qui se rattachent plutôt à nos rapports personnels avec Dieu, d’autres au témoignage et au service. Si nous savons utiliser les premières, les secondes nous seront aussi données. Par exemple si les premiers moments tranquilles d’une journée sont consacrés à la prière et à la lecture bien des occasions d’utiliser les forces spirituelles reçues seront également placées sur notre chemin. Si pour avancer dans la connaissance de la Parole nous savons saisir le temps où notre mémoire est fraîche, où les loisirs ne sont pas absorbés par des soucis familiaux, plus tard viendra aussi « le temps convenable » pour donner la nourriture à ceux de la maison, c’est-à-dire pour communiquer cet enseignement à d’autres.
Occasions de témoignage : Il y a un temps de se taire et un temps de parler. Coupables sont ceux qui se taisent quand c’est le jour de bonnes nouvelles. Il y a une occasion de témoignage au Seigneur qui se renouvelle chaque dimanche matin à sa table. Est-ce que certains ne sont pas légers à cet égard en laissant passer cette occasion dimanche après dimanche ?
Occasions de service : Servir joyeusement d’abord dans la maison paternelle, saisissant au vol toutes ces petites choses qui peuvent faire plaisir à quelqu’un… et au Seigneur. Service pendant les loisirs, selon les multiples façons qui se présenteront et que l’amour nous mettra à cœur. Rencontres diverses, dont aucune ne devrait être indifférente, une question affectueuse, un mot de sympathie, peut-être simplement un sourire si nous n’avons rien d’autre à donner, laisseront derrière nous le parfum de Jésus homme. Dieu travaille de son côté, sans défaillance. Sa providence permet des circonstances diverses, par exemple une épreuve pour quelqu’un que nous connaissons. Savons-nous discerner la part de service qu’il nous a réservée dans ce cas ? La parole à propos, par exemple, qui trouvera cette personne dans un état réceptif tout à fait passager et dont il faut savoir profiter.
Deux exhortations de l’apôtre Paul
Si « la crainte de l’Éternel est le commencement de la sagesse » (Ps. 111 : 10 ; Prov. 9 : 10), les deux passages ci-dessous nous montrent quelle en est la continuation :
« Veillez donc à marcher soigneusement, non pas comme dépourvus de sagesse, mais comme étant sages ; saisissant l’occasion, parce que les jours sont mauvais » (Éph. 5 : 15-16)
« Marchez dans la sagesse envers ceux du dehors, saisissant l’occasion » (Col. 4 : 5)
Dans sa prière du Psaume 90, Moïse demande : « Enseigne-nous ainsi à compter nos jours, afin que nous en acquérions un cœur sage » (v. 12). Dans un gaspillage effréné de forces, de temps et de tous les dons de son Créateur, l’homme du monde court au moment où il ne lui restera plus rien que le remords d’avoir dilapidé ses richesses. Un auteur connu a imaginé l’histoire d’un homme à la cervelle d’or, utilisant jusqu’à la dernière parcelle cette fortune qui était sa vie même. Terrible symbole, n’est-ce pas, dépassant sans doute la pensée du conteur, mais qui ne se limite pas à l’incroyant(e).
Amis chrétiens, n’imitez pas les insensés de ce monde. Chaque jour qui passe a, pour chacun d’entre vous, ses œuvres préparées. Et dans l’histoire éternelle de notre âme, la courte période passée sur la terre est en elle-même une grande et passionnante occasion qui ne se renouvellera pas : celle de vivre pour Christ alors que c’est difficile, celle de combattre tant qu’il y a des ennemis dans les lieux célestes, celle de s’abaisser dans un monde où chacun cherche à s’élever, celle de donner tant que nous avons les pauvres avec nous, celle surtout de faire connaître l’amour de Dieu tant qu’il y a des hommes qui l’ignorent et de les inviter aussi longtemps que reste ouverte la porte de la grâce.
Nous avons tous dans notre vie de ces moments que nous voudrions recommencer. Ce n’est pas possible. Mais au moins ceux qui sont devant nous, nous appartiennent. Et le temps passe, l’occasion s’échappe, sachons la saisir avant qu’il ne soit trop tard. Ne laissons pas passer cette grande, cette unique occasion de « vivre dans la chair » pour notre Seigneur Jésus Christ (voir Gal. 2 : 20). Il en vaut bien la peine.
D’après J. Koechlin – Extrait de « Sois fort » (Collection « Feuilles aux jeunes »)