Tu as entendu ma voix
David (2 Sam. 22 ; Ps. 18)
Jonas (Jon. 2)
Jérémie (Jér. 38 ; Lam. 3)
La Bible mentionne plusieurs fois que Dieu a entendu la voix de ceux qui ont crié à Lui dans leur détresse. L’exemple de David, Jonas ou Jérémie est propre à nous encourager dans nos épreuves ; à travers ces récits, nous pouvons voir aussi les circonstances que traverseront les fidèles d’Israël lors de la grande tribulation. Mais nous pouvons discerner chez chacun de ces serviteurs un type de Christ placé sous le jugement de Dieu, entrant dans les « eaux profondes », puis délivré et sortant victorieux de la mort.
Dans ma détresse j’ai invoqué l’Éternel et j’ai crié à mon Dieu : de son temple, il a entendu ma voix, et mon cri est parvenu devant lui à ses oreilles » (Ps. 18 : 6).
David célébrant Dieu qui l’a délivré
En reprenant à peu près les mêmes paroles qu'en 2 Samuel 22, David adresse dans le Psaume 18 sa reconnaissance à l’Éternel après la délivrance de la main de tous ses ennemis (voir v. 1). Il sort de ses épreuves avec un chant de louange et de reconnaissance. Dans ses afflictions, il a appris à connaître Dieu et il multiplie les expressions pour qualifier les ressources trouvées en Lui : « ma force… mon rocher, et mon lieu fort, et celui qui me délivre - mon bouclier, et la corne de mon salut, ma haute retraite » (v. 1-2).
Il affirme : « Quant à Dieu, sa voie est parfaite » (v. 30). Sans doute avait-il connu de dures épreuves quand il fuyait de lieu en lieu, « comme une perdrix dans les montagnes » (1 Sam. 26 : 20), mais il peut dire que l’Éternel « aplanit parfaitement sa voie » (2 Sam. 22 : 31). Il a fait l’expérience que Dieu rendait ses pieds « pareils à ceux des biches, et le faisait tenir debout sur ses lieux élevés » (Ps. 18 : 33 ; Hab. 3 : 19).
Nous arrive-t-il également d’exprimer notre reconnaissance à Dieu pour ses délivrances ? Il nous dit : « Invoque-moi au jour de la détresse : je te délivrerai, et tu me glorifieras » (Ps. 50 : 15).
L’expression des sentiments du reste fidèle futur d’Israël
En adressant sa louange à l’Éternel, David porte nos pensées au-delà de ce qui le concernait : « Tu m'as établi chef des nations » (Ps. 18 : 43), « Dieu m'a assujetti les peuples » (v. 47). Cela ne peut s’appliquer qu’à Christ, lorsque sa suprématie sera universelle (voir Ps. 2). On peut voir ici prophétiquement le Messie s’identifiant à son peuple terriblement persécuté pendant la « grande tribulation » (Matt. 24 : 21). Il partagera leur détresse : « Dans toutes leurs détresses, il a été en détresse » (És. 63 : 9). Ils supplieront Dieu de les délivrer, et le Seigneur interviendra subitement, venant « avec les nuées, et tout œil le verra, et ceux qui l’ont percé » (Apoc. 1 : 7). Alors le résidu, délivré de la violence de ses ennemis (v. 48), témoignera de la puissance de l’Éternel pour le sauver. Il chantera des cantiques à la gloire de son nom (v. 49-50)
David, type de Christ
Le Psaume 18, comme beaucoup d’autres, nous conduit bien au-delà des expériences de son auteur. Plusieurs versets s’appliquent ainsi à Christ (voir v. 4-6, 16, 19-20, 23-26, 43, 47). « L'homme parfait » (v. 25), c'est Jésus. En Lui seul, véritablement, Dieu a trouvé son plaisir. Il peut parler de sa justice et de la pureté de ses mains (v. 20, 24). « Les cordeaux de la mort » (v. 4) l'ont environné bien plus réellement que David.
« Dans ma détresse j'ai invoqué l'Éternel, et j'ai crié à mon Dieu : de son temple, il a entendu ma voix, et mon cri est parvenu devant lui à ses oreilles » (v. 6). Nous ne pouvons probablement pas voir ici les souffrances expiatoires de Christ, car Il n’a pas reçu de réponse à son cri de douleur. Mais Dieu, qui a abandonné son Fils lorsqu'Il s'offrait en sacrifice pour le péché, Lui a « répondu d'entre les cornes des buffles » (Ps. 22 : 21b). C'est après avoir « goûté la mort pour tout » (Héb. 2 : 9) que Jésus en a été délivré. Dieu lui a répondu en le délivrant de son « puissant ennemi », le diable (Ps. 18 : 18) ; par la résurrection, Il L’a fait « sortir au large » (v. 19), Il l’a tiré des « grandes eaux » (v. 17), de ces terribles « liens de la mort » (v. 6).
Notre Sauveur ayant « offert, avec de grands cris et avec larmes, des prières et des supplications à celui qui pouvait le sauver de la mort », a « été exaucé à cause de sa piété » (Héb. 5 : 7). Le verset 19 du Psaume 18 : « Il me fit sortir au large, il me délivra, parce qu'il prenait son plaisir en moi » est comme un écho aux paroles de défi que les ennemis de Jésus lui ont lancées lorsqu'il était sur la croix : « Il s’est confié en Dieu, qu’il le délivre maintenant s’il tient à lui, car il a dit : Je suis Fils de Dieu » (Matt. 27 : 43). Dieu n’a pas délivré son Fils de l'heure de la mort. C'est pour cette heure-là qu'Il était venu, afin que le nom du Père soit glorifié (Jean 12 : 27-28), et Il l'a été par la mort de son Fils, accomplissant son « commandement » et laissant sa vie, afin de la reprendre (10 : 17-18). « Étant descendu dans les parties inférieures de la terre » (Éph. 4 : 9), étant entré dans la mort, Christ en est sorti victorieux. Le Psaume 21 montre Christ glorifié, au-delà de la mort. Dieu l’a « revêtu de majesté et de magnificence » (v. 5b). C'est ainsi qu'Il apparaîtra devant tous, lors de son exaltation future.
Toi qui t’es abaissé de la gloire suprême
Aux profondes douleurs, à la mort de la croix,
Exalté maintenant plus haut que le ciel même,
Jésus, pour t’adorer, nous élevons nos voix.
« J’ai crié à l’Éternel du fond de ma détresse, et il m’a répondu. Du sein du shéol, j’ai crié ; tu as entendu ma voix. Tu m’as jeté dans l’abîme, dans le cœur des mers, et le courant m’a entouré ; toutes tes vagues et tes flots ont passé sur moi » (Jon. 2 : 3-4).
Jonas au cœur des mers
Jonas crie à l'Éternel. Il reconnaît que c'est Dieu qui l'a jeté « dans l'abîme, dans le cœur des mers » (Jon. 2 : 4). Assailli par la terreur de la mort, il reconnaît qu'il a été désobéissant. Il a mérité que Dieu le rejette. Toutefois la conviction de l'intervention de l'Éternel réveille sa foi : « je me suis souvenu de l’Éternel, et ma prière est venue jusqu’à toi, dans le temple de ta sainteté » (v. 8). C'est de là que les yeux de l'Éternel sondent les fils des hommes (Ps. 11 : 4). La conscience du prophète est touchée, il a confiance. Tout ce qui, dans la profondeur des mers, devait produire la mort est changé pour lui en instrument de la protection divine. « Tu as fait remonter ma vie de la fosse » (Jon. 2 : 7).
Que de fois les circonstances nous submergent et nous sommes tentés de dire comme Jacob : « Toutes ces choses sont contre moi » (Gen. 42 : 36). En réalité, Dieu emploie de telles difficultés pour nous délivrer et nous bénir « à la fin » (Deut. 8 : 16). C'est souvent lorsque tout semble perdu, que le Seigneur vient à notre aide. Avant même le moment où Jonas retrouve la lumière, il peut comprendre que l'Éternel l'a sauvé. Sa prière a été entendue et la réponse est assurée.
Que la même confiance nous anime au cours de nos épreuves ! Que sous la main qui nous discipline, chacun puisse dire : « Sur Dieu seul mon âme se repose paisiblement » (Ps. 62 : 1). « Pour Dieu, tout est possible » (Matt. 19 : 26) : tel est le langage de la foi.
Jonas, figure prophétique
Si la prière de Jonas 2 parle prophétiquement de la mort et des souffrances de Christ, elle exprime aussi les expériences du résidu juif croyant, du vrai Israël, au jour de la « détresse » dont il sera délivré (v. 3). Cette détresse produira dans le cœur de ces fidèles une repentance à salut ; ils reconnaîtront que leur châtiment est mérité, qu’ils endurent la rétribution de ce qu’ils ont commis en crucifiant le Fils de Dieu. Mais, dans une souffrance telle qu’a connue Jonas, englouti par le cétacé, ils comprendront que leur Messie a traversé les mêmes angoisses, et que l’Éternel lui a répondu. Cette certitude leur donnera une grande assurance, aussi pourront-ils crier à Dieu avec la certitude qu’Il les entendra.
La voix de l’Affligé
Dans cette prière douloureuse et fervente qui s'élève de ce lieu de mort, on reconnaît la voix du grand Affligé. Les expressions du verset 4 (« tu m’as jeté dans l’abîme, dans le cœur des mers, et le courant m’a entouré ; toutes tes vagues et tes flots ont passé sur moi ») rappellent celles de plusieurs psaumes évoquant les souffrances de Christ au travers des eaux profondes du jugement :
- « Un abîme appelle un autre abîme à la voix de tes cataractes ; toutes tes vagues et tes flots ont passé sur moi » (Ps. 42 : 8) ;
- « Sauve-moi, ô Dieu ! car les eaux me sont entrées jusque dans l’âme. Je suis enfoncé dans une boue profonde, et il n’y a pas où prendre pied ; je suis entré dans la profondeur des eaux, et le courant me submerge » (Ps. 69 : 2-3) ;
- « Je t’ai invoqué des lieux profonds, ô Éternel ! Seigneur ! écoute ma voix ; que tes oreilles soient attentives à la voix de mes supplications » (Ps. 130 : 1-2).
Alors que Jonas a connu l'angoisse comme conséquence de sa désobéissance, le Seigneur a traversé les eaux sombres de la mort à cause de notre désobéissance et pour notre salut. Sa détresse a été notre délivrance : « À cause de la transgression de mon peuple, lui a été frappé » (És. 53 : 8).
Oh ! comme ils ont pesé sur toi,
Seul, dans cette heure sombre,
L’abandon, l’angoisse et l’effroi
De nos péchés sans nombre !
Et maintenant, le bruit des flots
Qui passaient sur ta tête
A fait place au divin repos
De ton œuvre parfaite.
« J’ai invoqué ton nom, ô Éternel ! de la fosse des abîmes. Tu as entendu ma voix ; ne cache pas ton oreille à mon soupir, à mon cri » (Lam. 3 : 55-56).
Les souffrances de Jérémie et les consolations reçues
Au centre de ce livre des Lamentations, Jérémie rapporte en particulier ses propres épreuves. Que de souffrances a traversées cet homme de Dieu ! Accusé de donner des prédictions défaitistes, puis de vouloir déserter, Jérémie est emprisonné. Après un long temps, il est libéré par Sédécias, puis gardé dans la cour de la prison. Mais les princes obtiennent du roi l'autorisation de le jeter dans la fosse pour qu’il y meure (voir Jér. 37-38). La détresse du prophète est grande, mais il reçoit comme de la main de Dieu toutes les persécutions qu’on lui fait subir : « Je suis l’homme qui ai vu l’affliction par la verge de sa fureur » (Lam. 3 :1). De cette fosse boueuse, il invoque l'Éternel et reçoit cette précieuse réponse : « Ne crains pas » (v. 57). La délivrance est prête. Dieu en a préparé l'instrument : un homme ne faisant pas partie du peuple, un serviteur nommé Ébed-Mélec (Jér. 38 : 7).
Si Jérémie se souvient de toutes ses souffrances, il parle aussi des consolations reçues : « Je rappelle ceci à mon cœur, c’est pourquoi j’ai espérance : ce sont les bontés de l’Éternel que nous ne sommes pas consumés, car ses compassions ne cessent pas ; elles sont nouvelles chaque matin ; grande est ta fidélité ! » (Lam. 3 : 21-23). Ces paroles ont soutenu la foi de nombreux croyants à travers toutes les époques !
Mais il est bon, pour nous aussi, d’apprendre à attendre, « et dans le silence, le salut de l’Éternel » (v. 26). Sachons recevoir de sa main la discipline qu’il permet, avec l’assurance toutefois que « s’il afflige, il a aussi compassion, selon la grandeur de ses bontés » (v. 32).
Le reste fidèle juif pendant la grande tribulation
À la fin du chapitre, nous pouvons voir aussi le résidu fidèle jugé et restauré, pouvant remettre sa cause entre les mains de l’Éternel : « Tu as vu toute leur vengeance, toutes leurs machinations contre moi. Tu as entendu leurs outrages, ô Éternel ! toutes leurs machinations contre moi, les lèvres de ceux qui s’élèvent contre moi, et ce qu’ils se proposent contre moi tout le jour » (3 : 59-62). Par l’œuvre de Christ, Dieu a effacé toutes les iniquités de Jérusalem, mais Il n’oublie pas la haine de ses ennemis. « Il est juste devant Dieu de rendre la tribulation à ceux qui vous font subir la tribulation » (2 Thes. 1 : 6). Jérémie déclare encore dans son livre : « L’Éternel, le Dieu des rétributions, rend certainement ce qui est dû » (Jér. 51 : 56).
Jérémie, un type de « l’homme de douleurs »
Que de détresses cet homme de Dieu, pourtant si fidèle, n’a-t-il pas traversées ! Jérémie est tout spécialement ici une figure du Seigneur Jésus, « homme de douleurs et sachant ce que c’est que la langueur ». Il est Celui qui, plus que tout autre, a été « méprisé et pour lequel on n’a eu aucune estime » (És. 53 : 3).
« Il m’a fait habiter dans des lieux ténébreux » (Lam. 3 : 6). Nous lisons aussi au Psaume 88 : « Tu m’as mis dans une fosse profonde, dans des lieux ténébreux, dans des abîmes. Ta fureur s’est appesantie sur moi, et tu m’as accablé de toutes tes vagues… Les ardeurs de ta colère ont passé sur moi, tes frayeurs m’ont anéanti ; elles m’ont environné comme des eaux tout le jour, elles m’ont entouré toutes ensemble » (v. 7-8, 17-18). Images saisissantes des souffrances et de la mort de Christ !
« J’ai invoqué ton nom, ô Éternel ! de la fosse des abîmes. Tu as entendu ma voix » (v. 55). Quelle ressemblance frappante avec la prière de Jonas déjà rappelée : « J’ai crié à l’Éternel du fond de ma détresse, et il m’a répondu. Du sein du shéol j’ai crié ; tu as entendu ma voix » (Jon. 2 : 3) ! Certes, durant les heures de l’expiation, Christ a été abandonné de Dieu : « Même quand je crie et que j’élève ma voix, il ferme l’accès à ma prière. Il a barré mes chemins avec des pierres de taille… Tu t’es enveloppé d’un nuage, de manière à ce que la prière ne passe pas » (Lam. 3 : 8-9, 43).
De nos péchés le lourd fardeau
Accabla son âme très sainte,
Quand son Dieu fut sourd à sa plainte :
Gloire à l’Agneau ! Gloire à l’Agneau !
Mais son Dieu L’a ramené « d’entre les morts… dans la puissance du sang de l’alliance éternelle » (Héb. 13 : 20). Il L’a fait « monter hors du puits de la destruction, hors d'un bourbier fangeux » et L’a établi sur un roc inébranlable (Ps. 40 : 2). Aussitôt le « cantique nouveau » s’élève de la bouche de Celui que Dieu a délivré, associant à sa victoire, dans « la louange de notre Dieu », ceux qu’Il a sauvés (v. 3).
A. F