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Ne vous querellez pas en chemin (Genèse 45 : 24)
 
 
            Le début du chapitre 45 du livre de la Genèse nous rapporte, avec une émouvante simplicité, la scène où Joseph se fait connaître à ses frères. Ceux-ci, profondément troublés et incapables de parler, se trouvent amenés dans la présence de celui qu'ils ont haï sans cause, vendu pour l'Egypte (v. 4), mais que Dieu a glorifié et établi Seigneur de tout, dispensateur de richesses et dans lequel se trouve pour eux la vie par une grande délivrance (v. 7). Approchés de lui, ils reçoivent le témoignage de sa grâce qui bannit de leurs coeurs toute tristesse et toute crainte (v. 5).
            Comblés des bienfaits de sa bonté, les frères de Joseph ne connaîtront plus de disette ; le meilleur de tout le pays leur appartient. Ils seront nourris de la graisse du pays (v. 18). Les ânes et les ânesses en sont chargés et la caravane se prépare à quitter l'Egypte.
            Toutefois Joseph qui connaît bien leurs coeurs, adresse une dernière recommandation à ses frères : « Ne vous querellez pas en chemin » (v 24).
            Ils vont monter de l'Egypte, traverser le pays au pas lent des bêtes de somme. Les Egyptiens les observeront, entendront leurs paroles. Quel spectacle si quelque malice ou quelque fraude, quelque hypocrisie ou envie (1 Pier. 2 : 1), venaient à soulever des querelles ! Quel triste témoignage ne rendraient-ils pas dans le pays où ils sont appelés à cheminer comme des témoins vivants de la grâce merveilleuse de Joseph ?
            Objets indignes d'une telle faveur, comblés des biens d'un tel amour, un sujet devait être propre à occuper et à remplir leurs coeurs, une seule personne était digne de les absorber et d'être le sujet des discours qu'ils tiendraient en marchant (Luc 24 : 17). Le rappel d'un passé humiliant, faisant briller la grâce qui les avait reçus, pardonnés, enrichis, comblant toute mesure, restait pour eux un sujet toujours renouvelé de méditation et d'entretien durant les étapes de leur chemin et pendant les haltes ; si en cheminant, l'un d'eux avait un sujet de plainte contre un autre, ne lui pardonnerait-il pas comme aussi Joseph lui avait pardonné (Col 3 : 13). Combien il importait qu'ils serrent dans leurs coeurs le commandement de leur frère, manifestant ainsi leur amour pour lui, car aimer c'est aussi obéir (Jean 14 : 15).
            L'obéissance à l'injonction de Joseph excluait de leurs rapports toute amertume, tout courroux, toute colère, pour les conduire à être bons les uns envers les autres, compatissants, humbles, fraternels (Eph. 4 : 31 à 32 ; 1 Pier. 3 : 8-9).
            Jadis, alors qu'Abram et Lot vivaient en étrangers au milieu des Cananéens, une querelle s'éleva entre leurs bergers. Abram dit à Lot : « Qu'il n'y ait point, je te prie, de contestation entre moi et toi… car nous sommes frères » (Gen. 13 : 8). Mettant de côté ses droits et plaçant la gloire de l'Eternel au-dessus de ses intérêts, Abram laissa à son plus jeune neveu le choix de sa portion.
 
            Notre Seigneur Jésus Christ, dont Joseph est l'un des plus beaux types, nous a cherchés, sauvés au prix de ses souffrances indicibles et de sa mort sur la croix. Nous sommes comblés des dons de son amour. Enrichis en Lui, nous nous acheminons vers notre céleste patrie. N'oublions pas ses commandements, ses ultimes recommandations !  Souvenons-nous de cette parole : « A ceci tous connaîtront que vous êtes mes disciples, si vous avez de l'amour entre vous » (Jean 13 : 35). N'a-t-Il pas dit également : « Vous serez mes témoins » ? (Act. 1 : 8).
 
            L'injonction de Joseph à ses frères se retrouve dans les exhortations de la Parole de Dieu :
                        « Conduisons-nous honnêtement, comme de jour ; non point en orgies ni en ivrogneries ; non point en impudicités ni en débauches ; non point en querelles ni en envie» (Rom 13 : 13). 
                        « Je vous exhorte donc, moi, le prisonnier dans le Seigneur, à marcher d'une manière digne de l'appel dont vous avez été appelés, avec toute humilité et douceur, avec longanimité, vous supportant l'un l'autre dans l'amour » (Eph. 4 : 1-2).
                        « Ainsi donc poursuivons les choses qui tendent à la paix et celles qui tendent à l'édification mutuelle » (Rom. 14 : 19).

            En opposition avec le fruit de l'Esprit, les querelles font partie des oeuvres de la chair qui sont « l'idolâtrie, la magie, les inimitiés, les querelles, les jalousies, les colères, les intrigues, les divisions, les sectes, les envies, les meurtres, les ivrogneries, les orgies, et les choses semblables à celles-là ». Le fruit de l'Esprit est « l'amour, la joie, la paix, la longanimité, la bienveillance, la bonté, la fidélité » (Gal. 5 : 20-22).
 
            « Si vous savez ces choses, vous êtes bienheureux si vous les faites » (Jean 13 : 17). Nous qui marchons vers le ciel, écoutons donc les enseignements de la grâce de notre Dieu Sauveur ; ensemble, durant l'éternité, nous chanterons le cantique nouveau à la gloire de l'Agneau. De quoi parlerons-nous l'un à l'autre dans le chemin ? Anne parlait de lui (Luc 2 : 38).
            Le moi détestable, orgueilleux, générateur de querelles (Prov. 13 : 10), est jugé, bridé. Il cesse de se manifester lorsque le coeur est occupé de Christ. Pensons à ses intérêts, à sa gloire ; le monde nous observe ! Quel déshonneur pour le nom de notre Seigneur, lorsqu'Il voit, entend ou devine des discordes, des querelles chez ceux qui se réclament de Lui. Quel blâme jeté sur l'évangile ! Quel démenti à notre profession !
            Lorsque nous avons le si précieux privilège d'entourer la personne du Seigneur pour célébrer la fête (1 Cor. 5 : 8), si les querelles habitent au milieu de nous, si des racines d'amertume demeurent dans nos coeurs, si l'union n'existe pas en pratique, où sera la vérité, alors que nous prétendons manifester l'unité du Corps à la Table du Seigneur ? Où sera la joie, la puissance, la bénédiction ? Chacun de nous doit retenir cette parole du Seigneur : « Laisse là ton don devant l'autel, et va d'abord, réconcilie-toi avec ton frère ; et alors viens et offre ton don » (Matt. 5 : 24). Il y va de la vie et de la prospérité dans nos rassemblements, du témoignage par lequel nous devons glorifier le Seigneur. Scrutons nos voies, soyons vrais, jugeons-nous dans sa présence, revenons à Lui. Exprimons la prière de David : « Sonde-moi, ô Dieu ! Et connais mon coeur ; éprouve-moi, et connais mes pensées. Et regarde s'il y a en moi quelque voie de chagrin, et conduis-moi dans la voie éternelle » (Ps. 139 : 23-24). Dieu nous invite au jugement de nous-mêmes pour qu'il en résulte une riche bénédiction, car Il est fidèle (Mal. 3 : 10).
 
                                                                                                D'après S. Chièze