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Six apparitions
 
 
            Répondant au désir de sa mère et à l'injonction de son père, la conscience lourde, Jacob avait quitté la maison paternelle. La main de Dieu allait s'appesantir sur lui en discipline, pour le former et le ramener. Le chemin serait long, pénible, mais ne l'avait-il pas mérité ?
 
            Dans la nuit de Béthel, pour la première fois, le Dieu de grâce lui apparaît : « Voici, je suis avec toi ; et je te garderai partout où tu iras, et je te ramènerai..., car je ne t'abandonnerai pas » (Gen. 28 : 15). Mais l'âme de Jacob n'était pas en règle avec Dieu. Malgré ses promesses, « il eut peur et dit : Que ce lieu-ci est terrible ! Ce n'est autre chose que la maison de Dieu ».
 
            Vingt ans de discipline seront nécessaires pour qu'une nouvelle fois Dieu puisse parler à Jacob. « De jour, la sécheresse me dévorait, et de nuit, la gelée ; et mon sommeil fuyait mes yeux », dit-il (Gen. 31 : 40). Il avait trompé son père ; dix fois Laban, à son tour, va le tromper. Mais un jour vient où l'Eternel dit à Jacob : « Retourne au pays de tes pères... et je serai avec toi... j'ai vu tout ce que t'a fait Laban... Maintenant lève-toi, sors de ce pays et retourne au pays de ta parenté » (Gen. 31). Au puits de Beër-Lakhaï-roï, l'Ange de l'Eternel avait déjà dit à Agar : « Retourne... humilie-toi » (Gen. 16 : 9). Revenir, pour Jacob, signifiait s'exposer à la colère d'Esaü. Pourtant la promesse divine est catégorique : « Je serai avec toi ». Si nous nous sommes écartés du chemin du Seigneur, la même voix ne se fait-elle pas entendre : « retourne, humilie-toi ». C'est le seul chemin de la bénédiction.
 
            Le travail de la grâce devait aller plus profond. Dans la nuit de Péniel, Jacob lutte avec Dieu et Dieu avec lui (Gen. 32 : 24-32). A Celui qui lui demande  quel est son nom, il doit répondre : Jacob, le trompeur. Mais dans cette nuit mémorable où il confesse ce qu'il est, où il se reconnaît sans force, il peut implorer la bénédiction divine, la recevoir et déclarer : J'ai vu Dieu face à face, et mon âme a été délivrée. Le soleil qui s'était couché au soir de Béthel, se levait sur lui comme il passait Péniel. La communion avec son Dieu était retrouvée ; bien des épreuves devaient encore marquer sa route, mais cette troisième apparition l'avait amené à marcher enfin dans la lumière.
 
            D'autres expériences vont suivre : la rencontre avec Esaü, où la bonne main de Dieu intervient en sa faveur. L'étape de Succoth, où il s'attarde ; celle de Sichem, où ses fils montrent leur caractère violent et cruel. Dieu se tait. Mais quand Jacob est au fond de son désespoir (« ils s'assembleront contre moi, et me frapperont et je serai détruit, moi et ma maison »), pour la quatrième fois l'Eternel lui apparaît : « Lève-toi, monte à Béthel... et fais-y un autel au Dieu qui t'apparut comme tu t'enfuyais de devant la face d'Esaü, ton frère » (Gen. 35). Revenir à Béthel, dans ce lieu terrible, où se manifestait la présence divine ? Jacob sent au profond de son âme qu'il ne peut le faire sans avoir purifié sa maison des idoles qui s'y trouvent encore, sans avoir ôté les dieux étrangers et les avoir ensevelis sous le térébinthe de Sichem. Il peut alors bâtir l'autel de l'adorateur. Non plus seulement celui de l'adorateur solitaire (El Elohé - Israël) mais celui de la maison de Dieu (El-Béthel) : le culte collectif de ceux qui connaissent Sa grâce.
 
            Pour la cinquième fois, « Dieu apparut encore à Jacob, et le bénit » (Gen. 35 : 9). La bénédiction d'Abraham lui est maintenant intégralement transmise ; le patriarche, dépositaire des promesses, pourra continuer la route malgré les deuils et les tristesses, dans l'assurance de cette grâce qui l'a suivi tout le long du chemin.
 
            D'autres épreuves marqueront pourtant le soir de sa vie. Rachel s'en va, plaie du coeur qui ne se cicatrisera pas jusqu'au jour de la mort (voir Gen. 48 : 7). La disparition de Joseph, la perte de Siméon, le sacrifice virtuel de Benjamin. Répondant à l'invitation pressante de Joseph de descendre en Egypte, le vieillard s'achemine jusqu'à Beër-Shéba, à la frontière de Canaan. Là il offre des sacrifices au Dieu de son père Isaac. Va-t-il abandonner la terre promise ? Peut-il vraiment se rendre dans ce pays d'Egypte qui fut un piège à Abraham, d'où la voix divine avait détourné Isaac ? Soumis, il attend. Pour la sixième fois Dieu parle à son serviteur : « Ne crains pas de descendre en Egypte... moi je descendrai avec toi... et moi, je t'en ferai aussi certainement remonter ». En plein accord avec son Dieu, Jacob traverse le désert ; en Goshen ses yeux peuvent se poser sur le fils bien-aimé, disparu depuis tant d'années.
 
            Devant la mort, ou plutôt devant l'avenir, Jacob peut bénir. La course se termine ; il rend ce témoignage suprême : « Dieu a été mon berger depuis que je suis jusqu'à ce jour » (Gen. 48 : 15). Malgré ses manquements, il a fait l'expérience de la fidélité de son Dieu. Six fois au cours de sa vie, l'Eternel lui a parlé d'une façon particulière. Et maintenant son corps va reposer dans la caverne du Macpéla, d'où sortiront au jour de la résurrection les corps glorieux des patriarches. Tous les rachetés de l'Ancien Testament pourront avec nous contempler face à face la gloire de leur Sauveur. Septième apparition qui sera pour Jacob le couronnement suprême.
 
            A celui qui l'aime et garde ses commandements, le Seigneur Jésus déclare : « Celui qui m'aime, sera aimé de mon Père ; et moi je l'aimerai, et je me manifesterai à lui » (Jean 14 : 21). Ne désirons-nous pas nous aussi ces « manifestations » personnelles, intimes, décisives, du Seigneur à notre âme, au cours du chemin de la vie ?
 
 
                                                   G. André - article paru dans la « Feuille aux jeunes »