bible-notes.org

Imprimer ou partager la page :

LES COMBATS DU CHRÉTIEN (3)

 

Le combat spirituel (Éph. 6 : 10-20)
            Nous fortifier dans le Seigneur
            L’armure de Dieu à notre disposition

La puissance à combattre (Éph. 6 : 11-12)
            Ses caractères
            Résister et tenir ferme
Les différentes pièces de l’armure complète de Dieu (Éph. 6 : 14-18)
            Les armes défensives
            Les armes offensives


Le combat spirituel (Éph. 6 : 10-20)

            Dans l’épître aux Éphésiens, l’armure est destinée avant tout à nous maintenir, par le combat contre Satan, dans la possession et la jouissance de notre héritage céleste et de toutes les bénédictions qui s’y rattachent.
            Ces choses nous sont acquises par l’œuvre de Christ et nous les possédons en Lui. C’est la Canaan céleste et toutes ses richesses, dont cette épître nous entretient si abondamment. Le but de Satan, dans sa révolte contre Dieu, est de nous chasser de notre place dans les lieux célestes et de nous enlever ainsi la jouissance de toutes leurs richesses, tandis que le but de Dieu - toute cette épître le montre-, est de nous y établir. Ainsi la fin de l’épître nous signale les dangers auxquels nous sommes exposés.

                        Nous fortifier dans le Seigneur

            Pour surmonter et vaincre notre terrible Ennemi, une chose nous est nécessaire : la force : « Au reste, mes frères, fortifiez-vous dans le Seigneur et dans la puissance de sa force » (v. 10). Cette force nous ne la trouvons pas en nous, mais dans le Seigneur : « Bienheureux l’homme dont la force est en toi… ils marchent de force en force » (Ps. 84 : 5, 7).
            Ce n’est pas tout de connaître la grâce, sans laquelle nous ne pourrions jamais être amenés à Dieu, ni introduits dans les bénédictions célestes, ni préservés de chute ; mais il nous faut encore de la force pour le combat. Nous, chrétiens, nous devons la chercher, et Dieu la donne gratuitement à qui la Lui demande.

                        L’armure de Dieu à notre disposition

            La force, qui « est à Dieu » (Ps. 62 : 11), est toujours à notre disposition et consiste en une armure que nous trouvons toute préparée, à l’arsenal de Dieu. Pour nous permettre de remporter la victoire, cette armure doit être complète. C’est en outre une armure de Dieu ; elle lui appartient ; Lui seul peut la donner.

                 - Elle est à revêtir avant le combat
                       Elle sera insuffisante si nous la revêtons au cours de la lutte, car il y manquera toujours quelque pièce. Les pièces de l’armure doivent être prises dans un certain ordre et pour les prendre dans cet ordre il faut les connaître et être familiarisé avec elles.

                 - Elle est avant tout un état pratique de l’âme
                       
Il est extrêmement important d’être convaincu que l’armure n’a rien de théorique. On pourrait expliquer en détail la forme et l’usage de toutes les pièces de l’armure sans que cette savante théorie serve à quoi que ce soit pour vaincre !

                 - La Parole de Dieu, l’épée de l’Esprit
                      
Ce qui nous amène à l’état pratique dont nous venons de parler, c’est, comme nous le verrons, la Parole de Dieu. Après avoir été formés par elle, et munis de toutes les grâces qu’elle peut nous communiquer, nous pouvons saisir cette même Parole comme l’épée de l’Esprit pour attaquer et vaincre l’Ennemi. Elle devient, unie à la prière, l’arme offensive, après nous avoir fourni nos armes défensives.


La puissance à combattre (Éph. 6 : 11-12)

                        Ses caractères

            Dans ces versets nous sont décrits les caractères de la dangereuse puissance que nous avons à combattre. Elle a pour premier caractère ses artifices, ses ruses pour tromper, pour dresser des embûches, pour mettre en défaut, pour aveugler sur ses intentions en prenant des déguisements divers, pour se glisser en espion dans l’armée de Dieu, afin de la surprendre, quand, faute de surveillance, la défense a été négligée. Ces ruses nous obligent dès l’abord à démasquer l’Ennemi et à le signaler sous son vrai nom : le diable.
            Mais notre adversaire a d’autres moyens que des ruses. À certains moments, nous avons affaire à son attaque brusquée. Tout à coup, il se démasque. Toute son armée, conduite par ses chefs, est réunie contre nous. L’attaque a lieu la nuit. Les principautés, les autorités, les dominateurs de ces ténèbres, Satan lui-même, qui n’est pas encore chassé des lieux célestes et y déploie librement son rôle d’accusateur, tous dirigent le choc, auquel il nous faut résister à tout prix.
            Mais pour vaincre, avons-nous dit, il faut avoir revêtu l’armure avant le mauvais jour. La faculté de s’en servir et d’en connaître les parties ne s’acquiert pas pendant la bataille. À quoi servirait une arme, même quand on l’aurait entre ses mains, si l’on ne savait pas s’en servir ?

                        Résister et tenir ferme

            « Que… vous puissiez résister et, après avoir tout surmonté, tenir ferme » (v. 13). Conquérir les positions de l’Ennemi exige l’effort et l’énergie ; mais il faut s’y maintenir, passer en un instant de l’offensive à la défensive, afin de ne pas reperdre les positions conquises. La jouissance des conquêtes les plus élevées de la Canaan céleste, de notre position en Christ, de notre communion avec le Père et avec le Fils, peut être reperdue en un instant. Il nous faut les tenir ferme.
            Le verset 14 répète l’exhortation : « Tenez donc ferme », car on ne peut assez insister sur ce point. Chaque pièce de notre armure doit entrer en jeu, à son tour, pour maintenir notre position. La victoire nous sera ainsi définitivement assurée, car le moment arrivera où le combat prendra fin. Seulement, ne nous berçons d’aucune illusion : il durera jusqu’au jour où nous célébrerons la victoire dans les lieux célestes, à tout jamais délivrés des « puissances spirituelles de méchanceté » qui s’y trouvent (v. 12).
            Le chant de victoire finale de David, « au jour où l’Éternel l’eut délivré de la main de tous ses ennemis et de la main de Saül », le principal d’entre eux, est bien à sa place ici, car il y est parlé de victoire finale et les pièces de l’armure y sont mentionnées, comme ayant concouru à ce magnifique et définitif triomphe. Écoutez plutôt : « Quant à Dieu, sa voie est parfaite ; la Parole de l’Éternel est affinée ; il est un bouclier à tous ceux qui se confient en lui. Car qui est Dieu, hormis l’Éternel, et qui est un rocher, si ce n’est notre Dieu, le Dieu qui me ceint de force et qui rend ma voie parfaite ? qui rend mes pieds pareils à ceux des biches, et qui me fait tenir debout sur mes lieux élevés ; qui enseigne mes mains à combattre, et mes bras bandent un arc d’airain. Et tu m’as donné le bouclier de ton salut, et ta droite m’a soutenu, et ta débonnaireté m’a agrandi. Tu as mis au large mes pas sous moi, et les chevilles de mes pieds n’ont pas chancelé. J’ai poursuivi mes ennemis et je les ai atteints ; et je ne m’en suis pas retourné que je ne les aie consumés. Je les ai transpercés et ils n’ont pu se relever ; ils sont tombés sous mes pieds. Et tu m’as ceint de force pour le combat ; tu as courbé sous moi ceux qui s’élevaient contre moi. Et tu as fait que mes ennemis m’ont tourné le dos ; et ceux qui me haïssaient, je les ai détruits. Ils criaient, et il n’y a point de sauveur ; ils criaient à l’Éternel, et il ne leur a pas répondu. Et je les ai brisés menu, comme la poussière devant le vent ; je les ai jetés loin comme la boue des rues » (Ps. 18 : 30-42 ; 2 Sam. 22 : 31-43).


Les différentes pièces de l’armure complète de Dieu (Éph. 6 : 14-18)

            Remarquons d’abord deux catégories d’armes :
                 - en premier lieu, les armes défensives qui nous permettent de résister à l’Ennemi : la ceinture, la cuirasse, la chaussure, le bouclier et le casque.
                 
- en second lieu, les armes offensives : l’épée (la Parole de Dieu) et la prière.

            Ces armes sont au nombre de sept, chiffre qui indique toujours dans l’Écriture la plénitude spirituelle et divine à l’œuvre pour le bien dans les choses d’ici-bas.

                        Les armes défensives

                                - La ceinture.

            « Mettez autour de vos reins la ceinture de la vérité » (v. 14a).
            L’armure est un état pratique, et ce qui nous forme à cet état, c’est la Parole de Dieu.
            La ceinture est la vérité. La vérité est la Parole de Dieu, comme le Seigneur le dit en Jean 17 : 17. « Ta Parole est la vérité ».
            La Parole est appliquée comme ceinture aux reins. Les reins sont ce qu’il y a de plus profond, de plus caché dans l’homme : ses pensées, ses sentiments, sa conscience ; ce que l’apôtre Pierre appelle son entendement : « Ayant ceint les reins de votre intelligence, étant sobres » (1 Pier. 1 : 13). Ceindre les reins de notre intelligence signifie donc la préparation spirituelle de notre « homme intérieur » par la Parole, à l’acte d’être sobres dans toute notre conduite. Cette ceinture, la Parole de vérité, nous donne la force pour la lutte, selon qu’il est écrit : « Elle ceint ses reins de force » (Prov. 31 : 17), et encore : « Le Dieu qui me ceint de force » (Ps. 18 : 32).
            Dans ce passage d’Éphésiens 6, nos reins doivent être ceints pour le combat, et nous devons puiser dans la Parole de vérité la force nécessaire pour résister aux artifices de l’Ennemi.
            Mais d’autres passages nous apprennent que nous avons besoin de cette même ceinture :
                 - pour notre marche (Ex. 12 : 11) ;
                 - pour notre service journalier (Luc 12 : 35) ;
                 - pour le service sacerdotal devant Dieu (Lév. 16 : 4) ;
                 - pour le service prophétique (Matt. 3 : 4 ; 2 Rois 1 : 8).

            Dans tous ces services, il faut que la Parole de vérité, en nous faisant juger tout ce qui est de la chair, fortifie nos pensées, nos sentiments, nos affections, affermisse l’homme intérieur tout entier, en apportant la révélation de Christ à son cœur et à sa conscience. La Parole de vérité découvre et juge en nous tout ce qui n’est pas de Christ, nous le fait rejeter, et apporte, en échange, à notre âme la connaissance de cette personne bénie : dans sa grâce et son amour, pour nous réjouir – dans sa puissance et son autorité, pour nous affermir et nous former à l’obéissance. Ainsi la Parole de vérité découvre en nous tout ce qui est incompatible avec la vie divine et elle nous forme pour en réaliser la puissance. En d’autres mots, elle juge la chair et façonne l’homme intérieur pour le combat, la marche et le service.
            Être ceints de la vérité  est donc de toute importance. C’est la première pièce de l’armure qu’il nous faut revêtir avant toutes les autres. Intérieurement tout doit être en règle quant à nos affections, afin qu’elles soient attachées à Christ seul, que rien d’étranger à la vie de Dieu, rien de conforme à la vie du monde, ne vienne s’y mêler. Ainsi notre état spirituel sera bon ; Christ occupera dans notre cœur la place qui Lui est due ; tout ce qui lui est étranger sera jugé et abandonné. L’âme jouissant des choses excellentes, ne sera plus attirée vers les convoitises par lesquelles Satan cherche à la vaincre. Elle y résistera, la sainte Parole lui ayant découvert tout ce qui est incompatible avec Christ et le nouvel homme.
            Qu’il est donc important de rester toujours en contact intime avec la Vérité : avec la Parole de Dieu ! Toutes nos chutes et nos défaites devant l’Ennemi ont leur point de départ dans la négligence de la Parole, négligence qui ne tarde pas à nous rendre indifférents à son égard, à ne plus la lire, et nous livre enfin sans force aux entreprises de l’Ennemi. En pareil cas, le vieil homme n’est pas jugé, le cœur reste sec et sans intérêt pour Christ, la puissance spirituelle fait défaut, l’Ennemi, plus fort que nous, a le dessus, et nous succombons honteusement dans une lutte où la victoire nous était pourtant assurée !
            Les reins ceints de la vérité sont donc un état pratique et subjectif de notre âme, sous l’action de la Parole, et nous allons voir qu’il en est de même pour tout ce que nous avons appelé les armes défensives du chrétien.

                                - La cuirasse

            « Revêtez la cuirasse de la justice » (v. 14b).
            Cette tournure de phrase qui revient fréquemment dans les écrits de Paul ne signifie pas « la cuirasse qui appartient à la justice », mais : « la justice comme cuirasse », c’est-à-dire que cette cuirasse est la justice elle-même. Il s’agit ici, comme en d’autres passages, non pas de la justice parfaite, immuable, que le chrétien possède devant Dieu, car cette justice est Christ lui-même ; mais il est question de justice pratique. Nous pouvons définir cette justice comme étant l’absence de péché dans nos voies. Ainsi nous lisons au Psaume 23 : « Il restaure mon âme ; il me conduit dans des sentiers de justice, à cause de son nom » (v. 3). Dans ces « sentiers », le péché n’entre pas, car ils ont été tracés pour la brebis par le Berger qui y a marché devant elle.
            La justice pratique se manifeste dans notre conduite envers Dieu, envers les hommes, et envers nous-même. Dans tous ces rapports, le chrétien fidèle évite de pécher. Comment Satan pourrait-il vaincre celui qui est sans reproche ? (Phil. 1 : 10). Ce dernier a une bonne conscience devant Dieu et devant les hommes ; non pas qu’il soit sans péché, mais sa conscience étant toujours en éveil, il juge et confesse devant Dieu chaque péché qui se présente, afin d’en être purifié, et l’Ennemi ne peut avoir de prise sur lui. La bonne conscience dont nous parlons ici n’est pas la conscience « rendue parfaite à perpétuité » par le sang de Christ qui l’a purifiée, en sorte que « nous n’ayons plus « aucune conscience de péchés » devant Dieu (Héb. 10 : 2, 14, 17, 22). Non, c’est une conscience sans reproche, nous rendant capable de combattre l’Ennemi et de lui résister. Elle caractérisait toute la conduite de l’apôtre Paul (voir 2 Cor. 1 : 12 ; 1 Tim. 1 : 5, 19). Il pouvait dire : « Je m’exerce moi-même à avoir toujours une conscience sans reproche devant Dieu et devant les hommes » et : « Je me suis conduit en toute bonne conscience devant Dieu jusqu’à ce jour » (Act. 24 : 16 ; 23 : 1).
            Dans toutes ces choses Jésus est notre modèle parfait. Comme la justice pratique l’a caractérisé dès le début de son ministère (Matt. 3 : 15) et L’a accompagné jusqu’au bout de sa carrière (Luc 23 : 47), elle l’accompagnera encore lorsque, comme Fils de l’homme, Il livrera le combat final et remportera la victoire : « Son bras », est-il dit « le sauva, et sa justice le soutint. Et il revêtit la justice comme une cuirasse, et mit un casque de salut sur sa tête » (És. 59 : 16-17). La cuirasse garantit notre cœur, comme nous l’avons déjà dit en citant 1 Thessaloniciens 5 : 4-10. Satan ne peut nous atteindre et nous blesser aux sources de la vie quand nous lui opposons des cœurs réfractaires aux convoitises et aux souillures du monde, des cœurs trouvant leurs délices dans la Parole de Dieu et leur plaisir dans tous ceux qui sont de Lui. Nous avons donc ici un état pratique et personnel comme dans la ceinture. Cette justice pratique trouve, dans la Parole de Dieu, sa règle et la force qui la produit, car la cuirasse, comme la ceinture, suppose la force pour résister à l’assaut de l’Ennemi.

                                - La chaussure

            « Chaussez vos pieds de la préparation de l’évangile de paix » (v. 15).
            Nous trouvons dans ce passage la paix dans la marche, paix à laquelle la connaissance de l’Évangile nous prépare. L’Évangile nous rend humbles en nous apportant la révélation de notre état de perdition et de la grâce gratuite de Dieu à notre égard. Ayant reçu cet Évangile par la foi, nous avons la paix avec Dieu et l’assurance que rien ne nous séparera désormais de sa faveur. Tout est en règle entre notre âme et Lui. Quand nous avons trouvé la paix pour nous-même, toute notre marche s’en ressent. Cette partie de l’armure nous porte vers les hommes, non pour leur faire la guerre et les combattre, mais pour leur apporter la paix que notre âme a reçue par l’Évangile.
            Dans ces fonctions, nous rencontrons l’Ennemi qui veut garder son empire sur les âmes et cherche à les maintenir dans un état de guerre contre Dieu. Ceints de la ceinture, protégés par la cuirasse, nous allons à lui, mais nous ne craignons pas de proclamer hautement la paix. La paix que nous apportons nous engage nécessairement dans le conflit avec Satan, seulement nous savons que le Dieu de paix le brisera bientôt sous nos pieds (Rom. 16 : 20).
            Dans la pratique il nous faut prendre garde, pour gagner à Christ les âmes des pécheurs, de ne pas nous présenter à eux avec des discussions qui les aigrissent, mais de leur apporter ce qu’ils ne possèdent pas, la paix de la conscience et du cœur dans la connaissance de Jésus, la paix dont Il jouit lui-même et qu’il nous a laissée et donnée, en nous quittant (voir Jean 14 : 27), de sorte que nous pouvons l’offrir à d’autres. La chaussure est donc un état pratique de notre âme apporté par la Parole de Christ et qui se révèle dans notre marche. Un tel état résiste à tous les artifices de Satan qui n’a jamais procuré aux hommes que le contraire de la paix. Seul le chrétien la connaît, peut y marcher et la présenter à d’autres.

                                - Le bouclier

            « Par-dessus tout cela, prenez le bouclier de la foi grâce auquel vous pourrez éteindre toutes les flèches enflammées du Méchant » (v. 16).
            « Par-dessus tout cela » : en effet, parmi toutes nos armes défensives, aucune ne surpasse en valeur le bouclier de la foi. C’est par la foi que nous sommes sauvés, justifiés, que nous avons la paix avec Dieu et une pleine assurance devant Lui ; par elle nous avons accès à sa faveur ; par elle nous réalisons les choses qui ne se voient point ; par elle Christ est devenu l’objet de nos cœurs et de notre espérance.
            Dieu, parlant à Abraham, se fait connaître à lui comme son bouclier, comme Celui qui le mettait à l’abri des flèches de l’Ennemi (Gen. 15 : 1). Les moyens par lesquels le monde cherche à échapper aux javelots de Satan, ne pourront jamais l’en mettre à l’abri. « Sur les montagnes de Guilboa fut jeté comme une chose souillée, le bouclier des hommes forts, le bouclier de Saül, comme s’il n’eût pas été oint d’huile » (2 Sam. 1 : 21). Saül, malgré sa couronne, sa valeur et sa dignité, a dû laisser tomber à terre son bouclier dans la défaite. Mais « l’Éternel est un bouclier à tous ceux qui se confient en Lui (Ps. 18 : 30). « Toi, notre bouclier ! ... L’Éternel Dieu est un soleil et un bouclier ! » (Ps. 84 : 9, 11). C’est ainsi que s’exprime le roi David.
            Pour nous le bouclier est celui de la foi, de la confiance en ce que Dieu est. Telle est la foi, en effet. Elle n’a aucune confiance en l’homme, en ce que nous sommes. Cette confiance-là ne pourrait être que le bouclier de Saül présageant une ruine définitive, tandis que la foi met toute sa confiance en Dieu. Satan peut-il atteindre Dieu ? La seule chose qu’il puisse faire, c’est de produire dans nos âmes la méfiance à son égard. Il en fut ainsi de nos premiers parents ; une seule pensée de méfiance fit d’eux la proie de l’Ennemi qui avait juré leur perte. Les flèches que le Méchant tire contre nous ont pour but de nous faire douter de la bonté et de la puissance de Dieu. Ce qui a perdu Adam dans le Paradis, a perdu aussi Israël dans le désert. Ce peuple a douté de Dieu : Dieu pourrait-il nous donner de l’eau, du pain, de la chair à manger ? - Mais toutes les flèches enflammées du Méchant, destinées à allumer dans nos cœurs la défiance et le doute quant à l’armure et à la fidélité de Dieu tomberont toujours devant l’assurance en Lui, que la foi nous donne. « Abraham ne mit pas en doute par incrédulité la promesse de Dieu, mais il fut fortifié dans la foi, donnant gloire à Dieu, étant pleinement convaincu que ce que Dieu a promis, il est puissant aussi pour l’accomplir » (Rom. 4 : 20-21).
            C’est par la Parole de Dieu que la foi est apportée dans nos cœurs ; par cette même Parole elle y est entretenue.
            Remarquez que la confiance en Dieu croît ou diminue en proportion de la confiance en nous-même. Il faut que notre confiance ait un objet en dehors de nous, une Personne divine, puissante et parfaite, sur laquelle nous puissions absolument compter, et c’est ce que nous avons en Christ. Le Méchant qui veut nous tourmenter et nous mettre à sa merci, possède des flèches enflammées qui brûlent tout ce qu’elles touchent. Sur une seule Personne, elles n’ont aucune prise et tombent à terre ; elles sont consumées par elles-mêmes, devant la foi en Christ. La vipère, suscitée pour tuer Paul, est devenue la proie du feu, sur un simple mouvement de la main de l’apôtre Paul (Act. 28 : 3-5). La puissance de celui-ci contre elle résidait dans sa foi. Ne laissons jamais tomber le bouclier de la foi, la confiance absolue en ce que Dieu est !

                                - Le casque

            « Prenez aussi le casque du salut » (v. 17a).
            Si le bouclier de la foi est la confiance en ce que Dieu est, le casque du salut est la confiance en ce que Dieu a fait. On a remarqué qu’ici le mot salut signifie ce qui sauve plutôt que le salut en lui-même ; cette expression se retrouve en Luc 2 : 30 ; 3 : 6 et Actes 28 : 28.
            En Ésaïe 59 : 17, Christ homme met un casque de salut sur sa tête pour remporter la victoire finale. Ce casque est la pleine confiance dans la délivrance que l’Éternel opérera en sa faveur. Ici c’est la jouissance actuelle du salut opéré pour nous par Christ. En 1 Thessaloniciens 5 : 8, que nous avons déjà examiné, le casque est l’espérance du salut, la certitude d’une délivrance qui est encore à venir. Nous lisons au Psaume 140 : « L’Éternel, le Seigneur, est la force de mon salut ; tu as couvert ma tête au jour des armes » (v. 7). La puissance de notre délivrance est Christ, le Seigneur lui-même. Notre tête au jour du combat est couverte, comme d’un casque, de la conscience que cette délivrance est assurée, puisqu’elle dépend uniquement de la force qui est en Lui.
            L’âme, pleine de la joie que lui apporte l’œuvre accomplie à la croix – œuvre dont les résultats s’étendent au passé, au présent et à l’avenir – est préservée de ce qui pourrait lui faire perdre courage devant l’attaque de Satan. Celui-ci cherche à nous enlever notre assurance pour provoquer notre défaite. Cette assurance garantit notre tête, le centre même de notre vie et de notre activité, gardée ainsi de se porter sur d’autres objets que sur Christ seul.

            Arrêtons-nous un instant, avant de considérer nos armes offensives contre l’Ennemi. Jusqu’ici toutes les pièces de l’armure se rapportaient à l’état de notre âme.
            Elles supposaient qu’intérieurement tout est en ordre quant à :
                 - nos affections ;
                 - nos péchés ;
                 - notre marche ;
                 - notre foi ;
                 - la certitude de notre salut devant Dieu.

            La Parole de Dieu est ce qui agit en nous en vue de ces résultats. Elle a une vertu formatrice pour le chrétien. Nous disons bien « le chrétien » car, en effet, elle ne peut avoir la même action sur une âme qui n’a pas reçu, par la foi, Jésus comme Sauveur, car il faut, avant tout, que la Parole ait produit la repentance et la foi à salut dans le cœur et la conscience du pécheur.
            Jusqu’ici, toutes les pièces de l’armure correspondent à ce qui nous est présenté dans l’épître à Tite, comme étant le produit de l’enseignement de la grâce : « La grâce de Dieu qui apporte le salut est apparue à tous les hommes, nous instruisant pour que, reniant l’impiété et les convoitises mondaines, nous vivions dans le présent siècle sobrement, justement et pieusement, attendant la bienheureuse espérance et l’apparition de la gloire de notre grand Dieu et Sauveur Jésus Christ » (Tite 2 : 11-13). Aucune de ces choses n’appartient aux enfants du monde. Ce qu’il leur faut c’est recevoir « le salut apporté par la grâce ». « L’instruction » ne commence qu’après cela. Dans ces pièces de l’armure tout se rapporte à la vie pratique du chrétien.
            
Considérons maintenant nos armes offensives, celles qui ne servent pas seulement à résister et à tenir ferme contre les attaques de l’Ennemi, mais à combattre et à remporter la victoire en surmontant tous les obstacles. Ces armes sont au nombre de deux.

                        Les armes offensives

                                - L’épée, la Parole de Dieu

            « Prenez... l’épée de l’Esprit, qui est la Parole de Dieu » (v. 17b).
            Ayant été formés par la Parole pour résister à l’Ennemi, nous avons maintenant à saisir cette même Parole, comme épée, pour le forcer à abandonner la partie.
            Il est important de remarquer que les chrétiens n’obtiennent aucun effet réel de la Parole, ne peuvent remporter par elle aucune victoire et en connaîtront à peine l’usage, s’ils n’ont pas fait l’expérience de son effet sur eux-mêmes, et si elle ne les a pas formés individuellement pour résister aux séductions de Satan. Il faut avoir fait des expériences intérieures et personnelles de la puissance de la Parole pour pouvoir s’en servir en faveur des autres.
            Les fleuves d’eau vive ne coulent de notre ventre que lorsque, ayant eu soif nous-mêmes, nous sommes venus à Jésus pour boire (Jean 7 : 37-38). Il en est de même dans la première épître de Jean : « Je vous ai écrit, jeunes gens, parce que vous êtes forts, et que la parole de Dieu demeure en vous, et que vous avez vaincu le Méchant » (2 : 14). Les jeunes gens sont forts ; ils se sont « fortifiés dans le Seigneur et dans la puissance de sa force » (Éph. 6 : 10). La parole de Dieu demeure en eux : ils ont pris les pièces défensives de l’armure, et subi l’effet durable de la Parole dans leur cœur, avant de prendre l’épée. Ensuite ils ont vaincu le Méchant : c’est l’épée, l’arme offensive, qui suit la préparation personnelle. Cette même préparation intérieure est exprimée au chapitre 3 de l’épître aux Éphésiens par ces mots : « fortifiés en puissance par son Esprit quant à l’homme intérieur, pour que le Christ habite, par la foi, dans vos cœurs » (v. 16-17). Et l’on voit ensuite (v. 18-19), que de cette puissante action de l’Esprit en nous dépendent nos plus hautes jouissances quant à la possession du pays de la promesse et quant à la connaissance de Christ, de son amour et de ses gloires.

            Le chapitre 4 de l’épître aux Hébreux (v. 12), nous montre que cette épée est la parole de Dieu. Après qu’elle a exercé son action dans notre cœur, comme nous l’avons déjà vu dans ce passage, pour nous apprendre à nous juger entièrement, nous pouvons la saisir comme arme pour atteindre la conscience des autres. Elle est « l’épée de l’Esprit ». L’Esprit seul peut lui donner tout son tranchant et la faire pénétrer dans les cœurs comme elle est entrée dans le nôtre. C’est par elle que nous pouvons mettre à nu les intentions de Satan que nous n’ignorons pas (2 Cor. 2 : 11), en sorte que les « simples » soient gardés de ses attaques. C’est par elle enfin que nous pouvons réduire à néant les subtilités et les mensonges mis en avant pour nous empêcher de maintenir nos positions dans les lieux célestes ou d’en conquérir de nouvelles.
            Mais du moment que nous prenons l’épée, le combat pour l’Évangile, comme nous allons le voir au sujet de la seconde arme offensive, ne peut pas être exclu. Répétons cependant que le combat de l’épître aux Éphésiens a pour but principal d’assurer aux chrétiens la possession et la jouissance de leur héritage céleste.

                                - La prière

            
« Priez par toutes sortes de prières et de supplications, en tout temps, par l’Esprit, et veillez à cela avec toute persévérance ; faites des supplications en faveur de tous les saints et pour moi, afin que, quand j’ouvrirai la bouche, la parole me soit donnée pour faire connaître avec hardiesse le mystère de l’évangile, pour lequel je suis un ambassadeur lié de chaînes, afin que j’aie la hardiesse d’en parler comme je le dois » (v. 18-20).
            Comme le bouclier est l’expression de la foi, la prière est l’expression de la dépendance. Comme la Parole est l’épée de l’Esprit agissant au dehors en puissance contre l’Ennemi, la prière est l’expression de l’Esprit en nous, montant à Dieu par notre moyen, pour obtenir des résultats que Lui seul peut produire.
            La prière a toutes sortes de formes, depuis la simple demande jusqu’aux supplications les plus instantes :
                 - C’étaient les formes que revêtaient les prières de notre Sauveur bien-aimé lui-même, jusqu’à les offrir « avec de grands cris et avec larmes » en Gethsémané.
                 - Daniel prenait la même attitude, quand il combattait en faveur de son peuple. Il dit : « Je tournai ma face vers le Seigneur Dieu, pour le rechercher par la prière et la supplication, dans le jeûne, et le sac et la cendre » (Dan. 9 : 3).
                 - En parcourant les Psaumes, nous y trouvons toutes les nuances et toutes les formes de la prière, et, de fait, ce livre pourrait en grande partie être intitulé de ce nom.
                 - Philippiens 4 : 6 nous dit les mêmes choses : « Ne vous inquiétez de rien, mais, en toutes choses, exposez vos requêtes à Dieu par la prière et la supplication avec des actions de grâces ».
            Seulement, dans ce dernier cas, la prière a pour sujet nos besoins personnels, tandis que, dans l’épître aux Éphésiens, elle est destinée à soutenir les saints, « tous les saints », dans la lutte, de même que Paul leur capitaine, sous les ordres du Chef suprême qui est Christ. Paul avait besoin de hardiesse dans l’Évangile, et la prière, arme de l’Esprit, était à la disposition de tous les saints pour demander qu’il soit fortifié dans le combat.

            Pensons-nous assez à la valeur de cette arme, en usons-nous suffisamment ? Par elle nous pouvons combattre avec les serviteurs du Seigneur et pour eux (Rom. 15 : 30). C’était ainsi que Paul combattait pour les Colossiens. Épaphras faisait de même (Col. 2 : 1 ; 4 : 12). La prière faisait certainement partie du combat des sœurs qui étaient associées avec l’apôtre dans l’Évangile (Phil. 4 : 3).

            La prière est donc avec l’épée une arme offensive par excellence. Les deux piliers du christianisme ne sont-ils pas la Parole et la prière : la Parole, témoignage vis-à-vis du monde et qui s’adresse à lui, la prière qui s’adresse à Dieu seul.


D’après H. Rossier - « Messager évangélique » - année 1920