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LA PRIÈRE DE NÉHÉMIE

Néhémie 1 : 5-11


Néhémie honore le Dieu des cieux
La confession de Néhémie
Néhémie supplie Dieu


            Néhémie était un homme de prière, comme Moïse et Samuel. Il vaut la peine d’examiner comment ces trois hommes de foi de l’Ancien Testament ont prié Dieu au cours de leur vie et de leur service : notre vie aussi devrait être marquée par la prière.

            Le livre de Néhémie décrit la reconstruction de la muraille et des portes de la ville de Jérusalem. Cette ville est une image de l’Assemblée de Dieu aujourd’hui.
                  - C’est là que se trouve le lieu où l’on peut s’approcher de Dieu collectivement. Dans l’Ancien Testament, c’était le temple ; aujourd’hui, ce sont les réunions de croyants au nom du Seigneur Jésus (Matt. 18 : 20).
                 - Quant à la ville de Jérusalem, elle nous parle plutôt de la vie commune de ceux qui représentent l’Assemblée de Dieu. Il s’agit ici de la vie de foi pratique. Les bénédictions qui en découlent doivent être gardées. De plus, les croyants doivent être gardés des mauvaises influences. C’est le seul moyen de conserver le caractère de sainteté de l’assemblée, ce dont nous parle la muraille de Jérusalem. Les portes de la ville nous parlent des principes spirituels qu’il faut observer pour entrer et sortir, c’est-à-dire pour notre marche.

            Au temps de Néhémie, seule une petite partie des Juifs étaient revenus dans le pays de Juda, quittant la captivité à Babylone. Le temple avait été reconstruit, mais la ville et ses murailles étaient en ruine. Néhémie désirait les restaurer, motivé par la visite de son frère Hanani qui l’avait informé du triste état de la ville de Jérusalem. Cela l’avait conduit tout d’abord à prier ardemment pour que Dieu lui montre comment participer à cette grande tâche.
            La prière de Néhémie est exemplaire sous plusieurs aspects. Il est donc édifiant d’en examiner le contenu avec attention. Sa prière comporte trois parties :
                  - dans la première, Néhémie honore son Dieu et L’implore de l’écouter (v. 5 et 6a) ;
                  - la deuxième partie présente la confession des péchés de Néhémie (v. 6a et 7) ;
                  - dans la troisième partie, Néhémie présente son appel et sa supplication à Dieu (v. 8 à 11).


Néhémie honore le Dieu des cieux

            Au début de sa prière, Néhémie honore Dieu en l’invoquant par son nom. Il s’adresse à l’Éternel, le nom de l’alliance avec Israël, le Dieu des cieux, c’est-à-dire le seul vrai Dieu, mais il l’invoque aussi comme le Dieu grand et terrible, Celui qui avait montré sa puissance au début de l’histoire d’Israël. On rencontre déjà cette expression en Deutéronome 7 : 21.
            Nous trouvons le même enseignement dans la prière du « Notre Père ». Cette prière avait été enseignée par le Seigneur Jésus à ses disciples (Matt. 6 : 9-13). Il ne s’agit pas à proprement parler d’une prière chrétienne, car elle présente plutôt le point de vue et la relation du résidu juif avec Dieu. Mais nous y trouvons des enseignements de base importants. Notre Seigneur donne aussi gloire à Dieu en premier lieu : « Notre Père qui es dans les cieux, que ton nom soit sanctifié ». Nous ne devrions donc pas commencer nos prières en présentant immédiatement une liste de nos propres difficultés et besoins, mais plutôt par des louanges et des remerciements pour la grâce par laquelle Dieu nous a rencontrés dans le Christ, son Fils bien-aimé.
            Néhémie comprend qu’il n’était pas convenable d’invoquer seulement la miséricorde de Dieu. Il s’adresse à l'Éternel en disant : « Dieu grand et terrible, qui gardes l’alliance et la bonté envers ceux qui t’aiment et qui gardent tes commandements ! » ; il exprime ainsi la force de la relation du peuple avec Dieu. Celle relation est basée sur l’alliance que Dieu avait conclue autrefois avec Israël au Sinaï après la sortie d’Égypte. L’Éternel avait alors donné la Loi à son peuple et lui avait promis sa bénédiction s’il gardait ses commandements (Deut. 7 : 9 ; voir aussi Dan. 9 : 4). Malgré cela, Israël n’avait pas respecté la Loi et avait honteusement failli. C’est ce que Néhémie désire confesser, et c’est pourquoi il se réfère à l’alliance du Sinaï et non à l’alliance de grâce que Dieu avait conclue avec Abraham. Cette dernière était inconditionnelle ; le commandement de la circoncision n’était pas une condition de l’alliance, mais seulement sa marque extérieure (Gen. 15 : 18 ; 17 : 2-14).
            Bien que le peuple de Dieu n’ait pas rempli ses obligations envers Dieu, Néhémie invoque néanmoins cette alliance de Sinaï et la bonté de Dieu. Il a la ferme intention de revenir à l’obéissance à Dieu, du moins avec une partie du peuple, afin de bénéficier – même partiellement – de la bonté de Dieu et des bénédictions qu’Il a promises.
            Avant de confesser les péchés du peuple, Néhémie demande à Dieu qu’Il soit attentif à sa prière, prononcée « jour et nuit devant lui » (v. 6). Il avait commencé par pleurer plusieurs jours. Et maintenant, il mentionne sa prière instante. Nous pouvons en conclure que Néhémie a prié pendant environ quatre mois, jusqu’à ce jour où le roi Artaxerxès s’adressa à lui (2 : 1-2). Parfois, Dieu ne répond pas rapidement à nos prières, comme dans le cas de Daniel (Dan. 9 : 21), mais parfois Il met à l’épreuve notre persévérance. Nous sommes donc encouragés à persévérer dans la prière (Rom. 12 : 12 ; Éph. 6 : 18).
            Néhémie ne prie pas spécialement pour lui-même, mais pour tout le peuple de Dieu, appelé ici « les fils d’Israël ». Les fidèles serviteurs de Dieu ont toujours eu en vue l’intégralité du peuple, que ce soit Daniel, Esdras ou Néhémie dans l’Ancien Testament, mais aussi Paul dans le Nouveau Testament (voir Éph. 6 : 18). Et même lorsque l’unité du peuple de Dieu n’était plus visible, ces serviteurs ont toujours eu en vue le peuple dans son ensemble. Néhémie sait bien qu’il y a presque 500 ans, Israël a été divisé en deux royaumes. Il sait aussi que les dix tribus ont été emmenées en captivité en Assyrie il y a presque 300 ans et que les deux tribus ont été déportées à Babylone il y a plus de 150 ans. De plus, on vient de lui rappeler que les quelques personnes de retour d’exil en Judée sont dans un triste état. Enfin, il sait aussi que Dieu ne reconnaît plus Israël comme son peuple, mais le considère comme Lo-Ammi (« non pas mon peuple ») (Osée 1 : 8-9). Et pourtant, il prie pour tout le peuple ! C’est la foi. Quant à nous, lorsque nous intercédons auprès de Dieu, une juste attitude spirituelle consiste à porter dans notre cœur tous les vrais croyants, où qu’ils soient – et non seulement quelques chrétiens. Gardons toujours cela à l’esprit.


La confession de Néhémie

            Tous ceux qui appartenaient au peuple d’Israël étaient de ce fait des serviteurs de Dieu. Mais ce sont leurs péchés que Néhémie confesse maintenant devant Dieu (v. 6b). Il considère les péchés du peuple dans leur vrai caractère : la désobéissance à Dieu et le mépris pour sa Parole. Il arrive que d’autres hommes soient affectés par les conséquences de nos péchés, mais le péché constitue toujours, avant tout, un mépris de la Parole de Dieu et donc de Dieu lui-même.
            Néhémie lui-même n’est pas complice de la désobéissance du peuple à la Parole de Dieu ni de l’idolâtrie, qui remonte à plus de 150 ans en arrière (voir 2 Chr. 36 : 14-16). Mais en disant « moi aussi, et la maison de mon père, nous avons péché », il s’associe aux péchés du peuple entier. C’est un principe de la plus haute importance. Néhémie ne se place pas au-dessus de sa famille et de son peuple, mais il confesse qu’il a péché lui aussi et qu’il n’est en rien meilleur que les autres. De plus, il se considère comme faisant partie du peuple de Dieu, envisagé encore dans son ensemble. Combien plus il est approprié pour nous aujourd’hui d’être en deuil par rapport au triste état de l’Assemblée de Dieu, l’unique corps de Christ. Nous ne pouvons pas nous placer au-dessus des autres et critiquer les autres membres du corps. Nous savons en effet que dans notre chair, « il n’habite point de bien » (Rom. 7 : 18). D’autre part, nous faisons partie de l’Assemblée de Dieu.
            Dans le verset 7, Néhémie mentionne plus spécifiquement les péchés du peuple de Dieu. Israël n’avait « pas gardé les commandements et les statuts et les ordonnances » que Dieu avait commandés par l’intermédiaire de son serviteur Moïse. La Parole de Dieu, composée alors avant tout de la Loi, est la mesure d’une vie à son honneur. Tout le reste est de la désobéissance et du mal. Ce principe élémentaire est très important pour nous ! Si nous avons le privilège de vivre dans la période de la grâce, nous n’avons en aucun cas le droit d’affaiblir la Parole de Dieu de quelque manière que ce soit. Le Seigneur Jésus l’a dit à ses disciples : « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole, et mon Père l’aimera ; nous viendrons à lui, et nous ferons notre demeure chez lui. Celui qui ne m’aime pas ne garde pas mes paroles. Et la parole que vous entendez n’est pas la mienne, mais celle du Père qui m’a envoyé » (Jean 14 : 23-24). D’une part, nous n’avons pas le droit de dire que nous aimons notre Seigneur si nous n’observons pas sa Parole. D’autre part, l’obéissance est la preuve visible que nous L’aimons et que nous sommes en communion avec Lui. Les paroles de notre Seigneur sont si simples et claires !
            Après cette confession, Néhémie demande à Dieu de se souvenir de sa promesse, elle aussi incluse dans la loi de Moïse. Profondément conscient de sa culpabilité, il rappelle au préalable quelques mots de Lévitique 26 : « Et vous, je vous disperserai parmi les nations, et je tirerai l’épée après vous, et votre pays sera mis en désolation, et vos villes seront un désert » (v. 33). Le prophète Jérémie avait également annoncé la captivité de 70 ans à Babylone (Jér. 25 : 12 ; voir Dan. 9 : 2). Tout ce que Dieu avait prédit s’était produit. Le peuple devait assumer les conséquences de son infidélité. La terre de Dieu, souillée par Israël et Juda, avait eu 70 ans pour compenser les années de sabbat, c’est-à-dire les années de repos pour les champs qui n’avaient pas été observées en temps voulu (Lév. 25 : 4 ; 26 : 34 ; 2 Chr. 36 : 21).
            Ce temps était déjà passé depuis plus de 90 ans. Esdras relate le retour partiel des Juifs en Judée. L’ensemble du peuple de Dieu n’était cependant pas revenu. De plus, ceux qui résidaient dans le pays n’étaient pas dans un bon état aux yeux de Dieu, comme son frère Hanani l’avait rapporté à Néhémie. Il mentionne donc d’abord les tristes conséquences de la dispersion des Juifs, reconnaissant une fois de plus la pleine légitimité de l’action de Dieu envers son peuple.


Néhémie supplie Dieu

            Dans la suite de sa prière, Néhémie rappelle à Dieu les promesses faites au temps de Moïse (v. 9). Car Dieu avait non seulement prévu la dispersion du peuple, mais aussi son retour d’exil, dans le cas d’une repentance (Deut. 30 : 1-16). Il est important de remarquer qu’un vrai retour à Dieu consiste à écouter la voix de Dieu et à faire ensuite tout ce qu’Il a commandé. Néhémie formule cette promesse de manière quelque peu modifiée dans les paroles du verset 9 : « Si vous revenez à moi, et que vous gardiez mes commandements et que vous les pratiquiez, quand vos dispersés seraient au bout des cieux, je les rassemblerai de là et je les ramènerai au lieu que j’ai choisi pour y faire demeurer mon nom ». Il mentionne concrètement l’observation et l’accomplissement des commandements de Dieu. C’est en effet la marque d’un vrai repentir et d’une vraie conversion. Dans ce cas, Dieu avait annoncé à son peuple qu’Il rassemblerait les exilés « du bout des cieux ». Le retour du résidu à l’époque d’Esdras et de Néhémie n’a été qu’une réalisation partielle de cette prophétie. L’accomplissement parfait et final aura lieu dans les derniers jours, peu avant le Millénium, quand Dieu conclura une nouvelle alliance avec son peuple né de nouveau et établira le Seigneur Jésus comme Roi (Ezé. 36 : 24 – 37 : 28).
            Dans ce passage, Néhémie prie donc en des termes quelque peu différents de ceux du Deutéronome. Au lieu de parler de Canaan, pays donné autrefois par Dieu aux pères, Néhémie parle du lieu que l’Éternel avait choisi pour y faire demeurer son nom. Canaan est une image des bénédictions spirituelles dans les lieux célestes en Christ que nous avons reçues par la grâce (Eph. 1). Le lieu que l’Eternel avait choisi pour le culte au milieu du peuple et du pays constituait aussi l’une des bénédictions d’Israël.
            D’autre part, Dieu avait insisté sur le fait de « rechercher » ce lieu. C’est une question de responsabilité. Ce lieu était Jérusalem et son temple (Deut. 12 : 5 ; 1 Rois 11 : 36), thèmes des livres d’Esdras et de Néhémie. Mais pour nous, ce lieu est l’assemblée de Dieu, là où deux ou trois sont assemblés au nom du Seigneur Jésus, et où Il veut être au milieu d’eux (Matt. 18 : 20).
            Enfin, Néhémie se souvient d’un événement des premiers jours du peuple d’Israël. Il utilise ici les mêmes paroles (v. 10) que Moïse lorsque celui-ci avait intercédé pour le peuple, la seconde fois. En descendant du mont Sinaï avec les deux tables de la Loi, Moïse avait dû constater que le peuple s’était tourné vers l’idolâtrie. Alors que Dieu voulait détruire le peuple à cause de son obstination et qu’Il parlait de faire de Moïse une grande nation, celui-ci l’avait supplié par ces mots : « Pourquoi, ô Éternel, ta colère s’embraserait-elle contre ton peuple, que tu as fait sortir du pays d’Égypte, avec grande puissance et à main forte ? » (Ex. 32 : 11). Moïse et Néhémie étaient caractérisés par le même esprit d’intercession. Tous deux rappellent devant Dieu sa grande puissance, sa main forte dans l’œuvre de la rédemption d’Israël hors d’Égypte, et qu’il est « le Même ». Et Néhémie a de plus la confiance que Dieu reste le même dans un temps de déclin général. Notre Dieu peut et veut encore aujourd’hui se montrer puissant en faveur de ceux dont les cœurs sont parfaits envers Lui (voir 2 Chr. 16 : 9). Cette pensée est un grand réconfort pour tous ceux qui veulent Lui obéir et Lui plaire. Néhémie mentionne plusieurs fois combien il a ressenti la « main de Dieu » dans son service. Au chapitre 2 (v. 8), il fera l’expérience de la « bonne main de son Dieu » en relation avec le roi qui usera de bonté à son égard ; dans le même chapitre, il en parlera aux dirigeants de Jérusalem (v.18).
            Les appels à une écoute attentive de la part de Dieu, au début (v. 6) et à la fin (v. 11) de sa prière, révèlent l’urgence de la supplication de Néhémie. Il apparaît dès lors qu’il ne prie plus en tant que serviteur individuel de Dieu, mais en communion avec d’autres « serviteurs qui prennent plaisir à craindre son nom ». Quel dévouement a caractérisé ces hommes ! Ils voulaient non seulement obéir au Dieu d’Israël pour observer la Loi, mais ils étaient heureux dans leurs cœurs de donner toute la gloire à son Nom.
            Apparemment, la prière de Néhémie était « contagieuse ». D’autres Juifs avaient appris que Néhémie s’était humilié devant Dieu et s’étaient joints à lui dans la prière. C’est un grand encouragement pour nous.
            Pour terminer, Néhémie mentionne le fait qu’il est au service du roi de Perse. Le peuple de Dieu lui était soumis et il dépendait à bien des égards de cette puissance. Même si Néhémie voit par la foi que le puissant roi n’est qu’un homme, il demande à Dieu de le faire réussir dans son plan et de lui accorder la miséricorde devant cet homme. Cependant, lorsqu’il se présente plus tard devant le roi lui-même, il lui rend l’honneur qui lui est dû (2 : 3 ; voir 1 Pier. 2 : 17).
            Dans sa prière, Néhémie ne fait pourtant aucune mention du plan qu’il présentera au roi Artaxercès dans le chapitre suivant et qui sera le thème de tout le livre : la restauration des murs et des portes de Jérusalem. Bien que cette pensée l’émeuve jour et nuit, il abandonne tout à son Dieu. Lui seul peut préparer le chemin, afin que tout se déroule dans sa dépendance. Le désir d’agir est bien présent chez Néhémie, mais ce n’est pas sa volonté, c’est celle de Dieu, qui se souciait du résidu fidèle de son peuple.
            Dans le Psaume 102 , nous lisons : « Tu te lèveras, tu auras compassion de Sion ; car c’est le temps d’user de grâce envers elle, car le temps assigné est venu. Car tes serviteurs prennent plaisir à ses pierres, et ont compassion de sa poussière. Alors les nations craindront le nom de l’Éternel, et tous les rois de la terre, ta gloire. Quand l’Éternel bâtira Sion, il paraîtra dans sa gloire. Il aura égard à la prière du désolé, et il ne méprisera pas leur prière. Cela sera écrit pour la génération à venir ; et le peuple qui sera créé louera Jah » (v. 13-18). Ces paroles prophétiques ne trouveront leur pleine réalisation qu’au début du Millénium. Mais l’analogie avec de nombreuses expressions du début du livre de Néhémie est surprenante. Néhémie connaissait sans doute ce psaume et pouvait compter sur le fait que Dieu ne retirerait pas sa miséricorde et sa bonne main envers tous ceux qui « prennent plaisir à ses pierres, et ont compassion de sa poussière ». Dieu est le même aujourd’hui. « Les yeux de l’Éternel parcourent toute la terre, afin qu’il se montre fort, en faveur de ceux qui sont d’un cœur parfait envers lui » (2 Chr. 16 : 9).


A. Remmers - « Messager évangélique » - année 2019 (n° 4)