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Le choix de Lot et la promesse de Dieu

Genèse 13


Abram et l’appel de Dieu
            Abraham, un homme de foi
            Abram, étranger et pèlerin
            Descente en Égypte et montée à Béthel
            Les tentes d’Abraham et la maison de Lot
Le choix de Lot
            Lot, ou la marche par la vue
            Lot, un homme aux principes mélangés
            Lot et l’attraction du monde
            Lot, un croyant mondain
            Une triste conclusion
Abram et la promesse de Dieu
            Abram et l'amour fraternel            
            Dépendance et renoncement d’Abram
            Abram met sa confiance en Dieu
            Abram, homme de foi
            Abram s’attend à l’Éternel
            La promesse rappelée

            Les autels d’Abraham
 

Abram et l’appel de Dieu

Abraham, un homme de foi

            Abraham est un homme qui « marche de force en force » (Ps. 84 : 7) dans les différentes étapes de sa vie. Il fait des progrès constants, même s’il montre parfois des moments de faiblesse (12 : 10-20 ; 16 : 1-3 ; 20 : 1-18). Il est un homme « fait d’argile », « ayant les mêmes penchants que nous » (Job 33 : 6 ; Jac. 5 : 17), mais il vit avec son Dieu et marche par la foi. Il sera appelé « le père de tous ceux qui croient » (Rom. 4 : 11) et « ami de Dieu » (2 Chr. 20 : 7 ; És. 41 : 8 ; Jac. 2 : 23). Dieu lui change son nom lorsqu’Il établit son alliance avec lui : celui qui s’appelait Abram « père élevé » devient Abraham « père d’une multitude » (Gen. 17 : 5).
            Les différentes étapes de sa croissance spirituelle le conduiront au sommet de sa carrière d’homme de foi, lorsqu’il offrira son fils unique en holocauste à l’Éternel. Hébreux 11 nous montre cette progression :
                  - « Par la foi, Abraham, étant appelé, obéit pour s’en aller au lieu qu’il devait recevoir en héritage ; et il s’en alla, sans savoir où il allait » ;
                  - « Par la foi, il vint séjourner dans la terre de la promesse comme dans une terre étrangère, habitant sous des tentes… il attendait la cité qui a les fondements, dont Dieu est l’architecte et le constructeur » ;
                  - « Par la foi, Abraham, mis à l’épreuve, a offert Isaac ; et celui qui avait reçu les promesses offrit son fils unique… il avait estimé que Dieu pouvait le ressusciter même d’entre les morts, d’où aussi, de manière figurée, il le reçut ».

            Abraham est un homme qui demeure près de Dieu, un homme en communion avec Dieu. A part un séjour malheureux à Guérar (ch. 20), trop loin de Hébron et trop près de l’Égypte, il habitera longtemps auprès des chênes de Mamré (13 : 18 ; 14 : 13 ; 18 : 1), puis à Béer-Shéba (22 : 19), dans des lieux où il goûtera la proximité de son Dieu. Abraham est un homme qui invoque l’Éternel : il s’adresse à Lui et fait appel à Lui par la prière. On a dit qu’invoquer le Nom de l’Éternel est la marque distinctive de la foi.
            Abraham a reçu des promesses de la part de Dieu, confirmées à différentes étapes de sa vie de foi ; il a cru en la parole de l’Éternel et cela lui a été « compté à justice » par Dieu (Gen. 15 : 6 ; Rom. 4 : 3 ; Gal. 3 : 6)

                        Abram, étranger et pèlerin

            Lorsqu’Abram est appelé par Dieu à sortir de son pays et de sa parenté (Gen. 12 : 1), il manifeste foi et obéissance à la parole de Dieu. Il part, « sans savoir où il allait » (Héb. 11, 8). Il arrive aux chênes de Moré. C’est encore la plaine, mais il commence à monter en arrivant à Sichem (un mot signifiant « épaule de la colline »). Là, l’Éternel lui apparaît pour lui apprendre que le pays où il doit aller, le pays de Canaan habité alors par le Cananéen, sera la possession de sa descendance (Gen. 12 : 2, 7). Le pays de la promesse sera donc pour lui une terre étrangère, mais la foi d’Abram lui permettra d’y habiter sous sa tente, dans l’attente patiente de « la cité qui a les fondements » (Héb. 11 : 9-10). Il peut alors bâtir là un premier autel, qu’on a appelé l’autel de l’obéissance. Puis il monte un peu plus haut, « vers la montagne, à l’orient de Béthel » et y bâtit un deuxième autel, l’autel de l’étranger et du voyageur (Gen. 12 : 8).

                        Descente en Égypte et montée à Béthel

            Il quitte ensuite ce lieu béni et s’en va vers le midi, vers le désert. La famine que Dieu permet alors ne l’amène pas à se tourner vers l’Éternel, mais il descend en Égypte. Sa foi en Dieu, testée par l’épreuve, n’est pas encore à la hauteur à laquelle Dieu l’amènera progressivement. Il laisse l’autel qu’il avait bâti à Béthel et abandonne son caractère d’adorateur. Les conséquences de cet éloignement se font sentir en Égypte – image du monde.
            Après cette expérience malheureuse, il « monte d’Égypte » et vient à nouveau à Béthel (Gen. 13 : 1). Nous trouvons un Abram restauré. Il est revenu « au lieu où il était au commencement » (voir 12 : 8), là où Dieu l’avait appelé à venir, afin de jouir de la bénédiction et des privilèges de la part de l’Eternel. Ce qui caractérise le croyant pèlerin et étranger est retrouvé : la tente, l’autel, l’invocation du nom de l’Éternel. Abram, remonté d’Égypte, a retrouvé la communion avec son Dieu ; à la « maison de Dieu » (Béthel), il retrouve son autel, et là il invoque Dieu à nouveau (13 : 4).

                        Les tentes d’Abraham et la maison de Lot

            Abram a toujours habité dans des tentes (Héb. 11 : 9), conformément à son caractère de pèlerin et d’étranger sur la terre. Mais Lot s’installera dans Sodome où il aura une maison (19 : 2) parmi « ceux qui habitent sur la terre » (Apoc. 3 : 10). L’Écriture nous montre la place de ces deux hommes : « Lot habitait dans Sodome » ; « Abram, l’Hébreu… demeurait auprès des chênes de Mamré » (14 : 12, 13). Mamré nous parle de vigueur spirituelle. Hébron, où se trouvent ces chênes, images de la force (13 : 18), évoque une compagnie avec laquelle on est en communion. Abraham aura des communications avec l’Éternel (13 : 14-17 ; 15 :1-17 ; 17 : 1-22 ; 18 : 1 ; 22 : 1-2, 11-12, 15-18) ; il sera visité par l’Éternel Lui-même (ch. 18) ; il sera trouvé digne d’être « éprouvé » par l’Éternel afin que sa foi soit manifestée (ch. 22).


Le choix de Lot

                        
Lot, ou la marche par la vue

            Lot était le fils de Haran, qui était mort (11 : 27-28). Térakh, le père d’Abram, de Nakhor et de Haran, était sorti d’Ur des Chaldéens pour se rendre en Canaan, prenant avec lui ses fils et son petit-fils. Mais il s’arrête à Charan, en Mésopotamie, où il demeure jusqu’à sa mort. Nakhor, le deuxième fils de Térakh, reste en Charan (voir Gen. 24 : 10b). Lorsqu’Abram quitte enfin Charan après la mort de son père, Lot part avec lui (12 : 4). Quand Abram a obéi à l’appel du Dieu de gloire (Act. 7 : 2) et est sorti de Charan, Lot n’a pas réalisé ce que représentait l’appel de Dieu à sortir du monde. Il ne faisait que suivre son oncle plutôt que l’Éternel – il « allait avec Abram » (13 : 5). Il était donc naturellement descendu avec lui en Égypte, puis il était remonté à Béthel ; mais tout cela sans qu’il n’y ait eu en lui un exercice de foi dans la traversée des circonstances vécues avec Abram.
            Lot est un homme qui marche par la vue. Il a toujours marché dans les pas de son oncle, sa foi personnelle n’a pas été exercée. On ne lira pas : « Et Dieu éprouva Lot », comme on lira « Dieu éprouva Abraham » (22 : 1). S’il n’y a pas de foi, elle ne peut pas être mise à l’épreuve (voir 1 Pier. 1 : 7), afin d’être fortifiée et augmentée pour que Dieu soit honoré et glorifié et le croyant béni. Lot a manqué de cette foi qui est pourtant la part précieuse du juste et devrait le caractériser : « le juste vivra par sa foi » (Hab. 2 : 4, cité en Rom. 1 : 17 ; Gal. 3 : 11 ; Héb. 10 : 38).
            L’Écriture nous montre que Lot avait prospéré matériellement à la suite d’Abram. Si ce dernier était « très riche en troupeaux, en argent et en or » (13 : 2), son neveu avait lui aussi de grands biens en petit et gros bétail (v. 5-6). Il arrive alors qu’il n’y a plus assez de place pour tous les deux à Béthel. Dieu permet une querelle entre les bergers d’Abram et ceux de Lot, circonstance qui va montrer s’il y a de la foi en chacun d’eux.

                        Lot, un homme aux principes mélangés

            Lorsqu’Abram propose à Lot de choisir la partie du pays où il ira s’installer avec ses troupeaux, ce dernier saisit l’occasion. « Et Lot leva ses yeux et vit... » (v. 10). La priorité pour Lot est de trouver ce qu’il y aura de mieux pour ses troupeaux. En cela, il nous fait penser à Ruben et Gad qui décideront de ne pas traverser le Jourdain pour entrer dans le pays promis, parce qu’ils avaient, eux aussi, de nombreux troupeaux et ils avaient vu un lieu « propre pour des troupeaux » (Nom. 32 : 1-5). Ces deux tribus représentent des chrétiens qui n’ont pas « passé le Jourdain », c’est-à-dire qu’ils n’ont pas réalisé leur mort et leur résurrection avec Christ. Ils préfèrent le monde à Christ ; ils ne vivent pas dans le péché, mais ils cherchent d’abord leurs propres intérêts, plutôt que ceux de Jésus Christ (Phil. 2 : 21). Ils sont occupés des choses de la terre plutôt que de penser et rechercher les choses du ciel (voir Col. 3 : 1). C’était aussi le cas de Lot, appelé juste (2 Pier. 2 : 7), mais qui aura cherché une place dans le monde.

                        Lot et l’attraction du monde

            On voit que Lot choisit « pour lui » (v. 11) ; il ne consulte pas l’Éternel et ne recherche pas sa volonté – il « n’interroge point la bouche de l’Éternel » (Jos. 9 : 14). Il ne se préoccupe pas de savoir si son choix est agréable à Dieu, il ne cherche pas la connaissance de la volonté de Dieu et ne désire pas « lui plaire à tous égards » (Col. 1 : 9-10). Il a devant les yeux des avantages présents et terrestres. Il estime avoir opté pour la meilleure part, mais il n’a fait que céder à l’attirance naturelle pour ce qui a de l’apparence aux yeux de l’homme et ce qui plaît à la chair. Mais tout cela est appelé à disparaître (19 : 24-25). Son cœur s’attache « aux choses qui se voient », mais qui ne sont que temporaires (2 Cor. 4 : 18) ; il se souvient de ce qu’il avait vu durant son séjour en Égypte – combien le cœur naturel est attiré par le monde et par tout ce qui s’y trouve ! Lot avait vu dans le monde des choses qui étaient entrées dans son cœur et elles influent maintenant sur le choix qui est devant lui. Il choisit en fonction de ce qui sera bon pour ses troupeaux, ce qui lui plaît et lui paraît sage selon « la sagesse des hommes » (1 Cor. 2 : 5). Même si la plaine de Sodome est « comme le jardin de l’Éternel » et peut être attrayante, elle est toutefois aussi « comme le pays d’Égypte » (v.10). Quel mélange dans le cœur de Lot ! Confondre le jardin de l’Éternel et le pays d’Égypte, c’est bien faire preuve d’une vision spirituelle obscurcie. Lot était un homme juste mais il était un homme aux principes mélangés et attiré par le monde. Une apparence religieuse lui suffit pour s’engager dans un chemin qui sera en constant déclin.
            Pour être capables de discerner « entre ce qui est saint et ce qui est profane, et entre ce qui est pur et ce qui est impur » (Lév. 10 : 10), il nous faut maintenir notre séparation pour Dieu. En vertu de l’œuvre du Seigneur Jésus à la croix, nous ne sommes plus « du monde », bien qu’encore « dans le monde » (voir Jean 17 : 14, 16), et nous avons à le traverser comme des étrangers et des pèlerins. Notre citoyenneté et notre cité sont dans le ciel, notre caractère est désormais céleste (Phil. 3 : 20 ; 1 Cor. 15 : 48b). Nous devrions nous tenir séparés du monde, et ne plus aimer le monde et ce qui est dans le monde (1 Jean 2 : 15-17). L’épître de Jacques nous rappelle très sérieusement ce qu’est réellement l’amour du monde : « l’amitié du monde est inimitié contre Dieu » (Jac. 4 : 4).
            Lot ne savait pas que le jugement allait tomber sur Sodome et Gomorrhe, mais nous, nous savons par la Parole de Dieu, que « la terre et les œuvres qui sont en elles seront brûlées entièrement » (2 Pier. 3 : 10). N’arrêtons donc pas nos cœurs sur les choses de la terre, mais soyons attentifs à l’exhortation de l’apôtre : « toutes ces choses devant donc se dissoudre, quelles gens devriez-vous être en sainte conduite et en piété » (2 Pier. 3 : 10-11).

                        Lot, un croyant mondain

            Lot était bien un homme juste, mais il s’est établi dans le monde. Il a échangé la tente du pèlerin pour une maison au cœur du monde, dans une ville horriblement pervertie. Il commence par « habiter dans les villes de la plaine, et dresse ses tentes jusqu’à Sodome » ; puis nous lisons qu’il « habitait dans Sodome » ; et enfin, nous le voyons « assis à la porte de Sodome », dans la compagnie des notables de cette ville dont l’Éternel dira que « leur péché est très aggravé » (13 : 12 ; 14 : 12 ; 19 : 1 ; 18 : 21). Chaque étape de sa carrière ne fait que l’intégrer davantage au monde. Pour que celui-ci n’ait pas de place dans notre cœur, il faut que le Seigneur Jésus y tienne toujours plus de place.
            Il y aura un avertissement pour Lot, lorsqu’il sera entraîné dans les conséquences de la guerre des rois des nations parmi lesquelles il habite (ch. 14). Il perdra tous ses biens terrestres ainsi que sa liberté (v. 12). Il ne devra son salut qu’à l’intervention d’Abram et de sa petite troupe de 318 hommes – « l’ami aime en tout temps, et un frère est né pour la détresse » (Prov. 17 : 17). Mais son Dieu était avec lui et « Abram l’Hébreu, qui demeurait auprès des chênes de Mamré » (14 : 13), l’étranger dans le monde, remporte une victoire totale sur le monde. L’apôtre Jean nous dit : « Tout ce qui est né de Dieu est victorieux du monde ; et la victoire qui a vaincu le monde, c’est notre foi » (1 Jean 5 : 4).
            Mais « Dieu parle une fois, et deux fois - et l'on n’y prend pas garde » (Job 33 : 14), et Lot libéré est retourné à Sodome, ce qui ne fera qu’aggraver son péché jusqu’à attirer sur la ville le juste jugement divin. Lot n’échappera à ce jugement que par la miséricorde divine et l’intercession de son frère Abraham auprès de l’Éternel (voir 19 : 29).
            Un croyant mondain ne sera à l’aise ni dans le monde, ni dans la compagnie de ses frères chrétiens. Le juste Lot sera « accablé par la conduite débauchée » des hommes pervers de Sodome au milieu desquels il habitait ; « son âme juste » sera tourmentée « jour après jour… à cause de leurs actions iniques (1 Pier. 2 : 7-8). Le pauvre Lot était cependant tellement attaché à ce monde qu’il devra être arraché hors du feu du jugement de Sodome par les anges (19 : 16 ; Jude 23) ; son témoignage n’aura aucun effet devant ses gendres (19 : 14) et aucun habitant de Sodome ne sera sauvé par son moyen.

                        Une triste conclusion

            La fin de l’histoire de Lot est bien triste : de lui naîtront Moab et Ammon, deux ennemis d’Israël, le peuple de Dieu. Dieu dira de ces deux peuples, comparant leur sort aux derniers jours à celui de Sodome et Gomorrhe : « Moab sera comme Sodome, et les fils d’Ammon comme Gomorrhe, un lieu couvert d’orties et des carrières de sel, et une désolation à toujours. Le résidu de mon peuple les pillera, et le reste de ma nation les héritera. Voilà ce qu’ils auront pour leur orgueil, car ils ont outragé le peuple de l’Éternel des armées et se sont exaltés contre lui. L’Éternel sera terrible contre eux… » (lire Soph. 2 : 8-11). La Parole de Dieu rend témoignage au fait que Lot était un homme juste, mais son attirance vers le monde lui a fait perdre totalement sa « course » terrestre.


Abram et la promesse de Dieu

                        
Abram et l’amour fraternel

            Abram, quant à lui, est trouvé dans un bon état spirituel lorsque l’épreuve de sa foi est faite à l’occasion de la querelle de ses bergers et de ceux de Lot. La restauration dont il a été l’objet à son retour d’Égypte a fait de lui un homme plus fort moralement (comp. Luc 22 : 32).
            La dispute qui surgit n’est pas entre Abram et Lot, mais entre leurs bergers. Jusque-là, les deux hommes habitaient ensemble comme des frères (v. 8). Les relations fraternelles sont précieuses pour Abram qui réalise par avance ce qu’écrira beaucoup plus tard le psalmiste : « Voici, qu’il est bon et qu’il est agréable que des frères habitent unis ensemble » (Ps. 133 : 1).
            De plus, quand la difficulté arrive, il pense aussitôt au témoignage à rendre devant le monde – « le Cananéen et le Phérézien habitaient alors dans le pays » (v. 7b) - de la part de ceux qui connaissent le vrai Dieu et désirent être à son honneur dans toute leur conduite.
            Afin que cesse la dispute, qu’ « un bon témoignage envers ceux de dehors » soit rendu (1 Tim. 3 : 7) et que les bonnes relations soient maintenues entre les deux « frères », Abram comprend qu’ils doivent se séparer et habiter chacun une partie différente du pays.

                        Dépendance et renoncement d’Abram

            Abram est un homme dépendant, c’est pourquoi il ne lève pas ses yeux sur le pays pour faire son choix. Il n’y a pas en lui ce qui se trouve en Lot, c’est-à-dire « la convoitise des yeux » qui est « du monde » (1 Jean 2 : 16). Il n’y a pas non plus en Abram d’esprit de contestation (v. 8 ; voir 2 Tim. 2 : 24) ; il n’insiste pas sur ses droits, et manifeste toute douceur (Phil. 4 : 5 ; Tite 3 : 2).
            Il montre aussi un remarquable esprit de renoncement en laissant Lot choisir. Il avait pourtant la priorité pour cela à cause de son âge et de sa position (voir Lév. 19 : 32), mais il cède humblement la place à son neveu plus jeune. Le renoncement aux choses de la terre et à soi-même produit un enrichissement spirituel pour le croyant, comme cela se manifeste pour Abram dans cette circonstance particulière.

                        Abram met sa confiance en Dieu

            La foi d’Abram avait été déjà mise en exercice lorsque, à l’appel de l’Éternel, il était sorti du pays des Chaldéens « ne sachant où il allait » (Héb. 11 : 8). La foi du patriarche est faite d’assurance et de conviction (Héb. 11 : 1), parce qu’elle s’appuie sur le Dieu invisible et non pas sur les choses qui se voient. C’est pourquoi il n’a pas besoin de regarder le pays et d’en choisir une portion. La direction donnée par Dieu sera pour Abram la bénédiction assurée : « Béni l’homme qui se confie en l’Éternel et de qui l’Éternel est la confiance ! » (Jér. 17 : 7). Il sait que ce que Dieu lui montrera et lui donnera sera bon pour lui. Quel que soit le choix de Lot, Abram met sa confiance en Dieu pour qu’Il lui montre ce qu’il doit faire, où il doit aller. Il peut ainsi dire à Lot : « Si tu prends la gauche, j’irai à droite ; et si tu prends la droite, j’irai à gauche » (v. 9). C’était dire, en quelque sorte : Choisis pour toi et je prendrai ce qui restera, même si c’est la moins bonne part aux yeux de l’homme. En fait, il désirait dépendre de Dieu, car il savait déjà que « la bénédiction de l’Éternel est ce qui enrichit » (Prov. 10 : 22). Sa foi est prête à recevoir ce que Dieu lui donnera.
            Lot a donc choisi et il est parti vers les plaines de Sodome avec ses troupeaux. Abram n’a pas, de lui-même, levé ensuite les yeux pour voir et choisir sa portion ; il n’a pas fait preuve d’indépendance vis-à-vis de son Dieu. Les plaines de l’Égypte, le monde, n’attiraient pas un Abram revenu à Béthel, en communion avec Dieu et ferme dans la foi. C’est alors que l’Éternel vient parler à Abraham demeuré seul. Il lui demande de lever ses yeux et de regarder le pays (v. 14), pour ainsi dire avec le regard de Dieu Lui-même.
            Dieu avait en vue pour lui des choses bien meilleures que « la plaine du Jourdain, arrosée partout », mais cela « avant que l’Éternel détruisit Sodome et Gomorrhe » (v. 10). Tout le pays qu’Abram pouvait contempler depuis le lieu où il se trouvait lui était donné par Dieu, à lui et à sa descendance, à toujours. « Le monde s’en va, lui et sa convoitise », il est destiné à disparaître (2 Pier. 3 : 7, 12b) comme Sodome sera détruite, mais l’héritage céleste promis aux croyants est éternel (Héb. 9 : 15). N’oublions pas que « les choses qui se voient sont temporaires, mais celles qui ne se voiten pas sont éternelles » (2 Cor. 4 : 18). Que cette pensée détourne nos cœurs des choses de la terre et les attirent vers le ciel où se trouvent notre Seigneur et notre éternel avenir.

                        Abram, homme de foi

            Il faut de la foi pour laisser à Dieu le choix de la direction de notre vie. Il est tellement plus facile de choisir en fonction de ce que nous voyons et qui nous attire, les avantages que le monde peut nous proposer. Tout semble aller pour le mieux et le chemin paraît s’ouvrir pour Lot. Mais ces choses concourront-elles à son bien ? L’Écriture nous dit : « Toutes choses travaillent ensemble pour le bien de ceux qui aiment Dieu » (Rom. 8 : 28). Dieu ne pourra pas nous bénir, si nous faisons nos choix en disant : « C’est comme le jardin de l’Éternel », et que nous ne tenons pas compte du fait que c’est aussi « comme le pays d’Égypte ». La foi, cette confiance totale en Dieu qui, Lui, « achèvera ce qui est déterminé pour moi » (Job 23 : 14), Lot ne l’avait pas. Mais Abram la montre, et elle croît et s’affermit dans les promesses de Dieu.
            La foi d’Abram, ici et dans sa vie en général, sera appréciée par Dieu et, avec d’autres témoins de la vérité de la vie par la foi, il recevra le témoignage de l’approbation de Dieu pour sa foi (Héb. 11 : 39).

                        Abram s’attend à l’Éternel

            Ainsi Abram ne choisit pas : Dieu lui montre le pays promis et le lui donne entièrement. C’est une part bien plus excellente que celle qu’a choisie Lot, qui a été trompé par la belle apparence de ce qu’il a vu. Abram n’a pas de question à se poser, il a laissé la décision à son Dieu. « Qui est l’homme qui craint l’Éternel ? Il lui enseignera le chemin qu’il doit choisir » (Ps. 25 : 12). En pleine assurance de foi, Abram réalise déjà ce qu’exprimeront plus tard les fils de Coré et aussi David : « Il nous a choisi notre héritage » ; « l’Éternel est la portion de mon héritage et de ma coupe ; tu maintiens mon lot. Les cordeaux sont tombés pour moi en des lieux agréables ; oui, un bel héritage m’est échu » (Ps. 47 : 4 ; Ps. 16 : 5-6).
            Qu’il est heureux de regarder au Seigneur pour toute décision à prendre, de compter sur Lui, et de dépendre de Lui ! Confiants, sachons nous soumettre à sa volonté pour nous, dont la Parole nous dit qu’elle est « bonne, agréable et parfaite » (Rom. 12 : 2). Ne sait-Il pas mieux que nous-mêmes ce qui est bon pour nous ? Il sait ce dont nous avons besoin pour nous-même, pour notre famille et nous pouvons Le remercier pour les biens dont sa bonté nous a pourvus. La foi regarde aux ressources de Dieu. Nous pouvons tout Lui confier et « lui demander le vrai chemin pour nous…, nos enfants…, et tout notre avoir », comme Esdras et le peuple le feront en un autre temps. Comme ce scribe fidèle, nous constaterons : « nous avons demandé cela à notre Dieu, et il nous exauça » (Esd. 8 : 21, 23).

                        La promesse rappelée

            Notons que c’est au moment où Lot se sépare de lui, qu’Abram a répondu pleinement à l’appel de Dieu de quitter son pays (11 : 31), la maison de son père (12 : 4) et sa parenté (13 : 11). Il a fallu du temps et plusieurs étapes pour que cette séparation pour Dieu soit complète. Mais maintenant l’Éternel vient à lui et lui réitère la promesse faite au moment de son appel à tout quitter pour s’en aller là où Dieu le conduirait. Avec la promesse rappelée, Dieu lui donne aussi une révélation plus complète des bénédictions qui doivent être sa part (voir 12 : 1-3 et 13 : 15-17). La foi en la parole de Dieu est ce qui motive Abram. Pour lui, il y a beaucoup plus et beaucoup mieux qu’un choix : il y a la promesse du Dieu « qui ne peut mentir » (v. 15-17 ; Tite 1 : 2).
            « Abram leva ses tentes » (v. 18). On remarque que l’Éternel ne lui dit pas où il doit aller - tout le pays est à lui et devant lui. Mais Abram se met en mouvement avec l’intelligence de la pensée de Dieu qui caractérise celui qui est en communion avec Lui, et il se rend à Hébron.
            Si le chemin choisi par Lot est un chemin qui descend, Abraham sera appelé par Dieu vers les lieux élevés – « il me fera marcher sur mes lieux élevés » (Hab. 3 : 19). Descendre dans la plaine est toujours plus facile que de monter dans les montagnes. Mais le premier chemin est celui de l’homme naturel et s’éloigne de Dieu, alors que le second est celui de la foi et se rapproche de Dieu.

                        Les autels d’Abraham

            Enfin nous voyons Abram construire un nouvel autel à l’Éternel (v. 18). Ce troisième autel dans la vie d’Abram a été appelé « l’autel du renoncement, de la communion et de la jouissance de la bénédiction que Dieu donne ». Sur l’autel on offre des sacrifices à Dieu. Abram est un homme spirituel (Mamré), qui a le désir d’offrir à Dieu ce qui convient pour Son plaisir. L’holocauste est la plus grande appréciation de ce qui est agréable à Dieu. C’est l’aspect le plus élevé du sacrifice de Christ – l’holocauste était tout entier pour Dieu, il n’y avait rien pour l’homme dans cette offrande.
            Au sommet de sa carrière d’homme de foi, Abraham édifiera un quatrième autel à l’Éternel, l’autel de la foi sur lequel il offrira en holocauste l’héritier de la promesse, son fils unique, l’objet de son amour, en obéissance à la demande de l’Éternel (ch. 22). A cette foi qui l’honore, Dieu répondra en fournissant un substitut pour le sacrifice et en donnant à Abraham une ultime fois la promesse de la bénédiction dans toute sa plénitude : « Parce que tu as fait cette chose-là, et que tu n’as pas refusé ton fils, ton unique, certainement je te bénirai, et je multiplierai abondamment ta descendance comme les étoiles des cieux et comme le sable qui est sur le bord de la mer ; et ta descendance possédera la porte de ses ennemis. Et toutes les nations de la terre se béniront en ta descendance, parce que tu as écouté ma voix » (22 : 16-18).


Ph. F – décembre 2020