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Hanania et Baruc


Jérémie, prophète de l’Eternel
Hanania, fils d’Azzur (Jér. 28)
Baruc, le scribe (Jér. 36 et 45)

 

Lire : Jérémie 28, 36 et 45

            Nous avons dans ces chapitres l’histoire de deux hommes, dont l’une se termine par une mort foudroyante et l’autre par l’assurance d’avoir sa vie sauve. Nous sommes à la veille du jugement que Dieu devait accomplir sur son peuple - « son œuvre étrange » et « son travail inaccoutumé » (Es. 28 : 21) -, mais qui devait avoir lieu. Ce sera un siège bien éprouvant quand ce jugement sera exécuté. Les circonstances si solennelles que nous vivons à la veille du retour du Seigneur ressemblent à ce qui est dit ici de la fin de Juda.
            Dieu a toujours averti, dans tous les temps, et Il ne juge jamais avant que le mal soit arrivé à son comble, comme cela a eu lieu pour les Cananéens, pour Israël responsable et pour l’Eglise professante. « Vendange les grappes de la vigne de la terre, car ses raisins ont mûri » (Apoc. 14 : 18). La gravité du jugement est toujours proportionnelle aux grâces offertes.


Jérémie, prophète de l’Eternel

            Jérémie avait averti pendant 40 années ce pauvre peuple, accompagné du fidèle Baruc ; ils maintenaient la gloire de Dieu, constituant ce reste fidèle et pieux. Quel est le témoignage donné à ceux qui sont caractérisés par l’esprit de Philadelphie ? « Tu as peu de force, et tu as gardé ma Parole » (Apoc. 3 : 8). Paul nous montre ce que nous avons à garder, et qui est précisément rejeté par la masse chrétienne. La ruine est arrivée. Il n’y a plus de remède d’ensemble et il est plus difficile de remonter le courant que de nous laisser emporter par lui. Il y a quelque chose à garder par les fidèles que le Seigneur console parce qu’ils souffrent. Lisons ce que dit Paul en 2 Corinthiens 11 : 3 : « Je crains qu’en quelque manière, comme le serpent séduisit Eve par sa ruse, ainsi vos pensées ne soient corrompues et détournées de la simplicité à l’égard de Christ...». Nous avons dans la suite de ce passage trois choses essentielles (v. 4) :
                  - La gloire de la personne de Christ : un autre Jésus était prêché, dépouillé de sa gloire. Qu’y a-t-il de plus irrévérencieux que de toucher à cette Personne ? L’Esprit souligne toujours dans l’Ecriture la grâce et la dignité liées à ce Nom, alors que cet autre Jésus est rabaissé.
                  - Un « esprit différent » : au lieu de reconnaître la divinité de l’Esprit, comme Personne dans sa puissance, on établit l’esprit de l’homme et c’est ainsi que le Saint Esprit a été rejeté dans la chrétienté. Nous ne jugeons personne, mais nous avons à nous en humilier et à rechercher pour nous-mêmes cette dépendance et cette puissance du Saint Esprit.
                  - Un « évangile différent » : un évangile édulcoré et adapté aux goûts de chacun, où l’on utilise les moyens humains les plus divers pour gagner l’homme, comme si on estimait que l’évangile de Dieu a besoin d’être accommodé ou soutenu ! Quelle erreur funeste !

            Ces trois dangers nous guettent. Ces trois choses sont à retenir. Au chapitre 17 du deuxième livre des Rois, nous voyons ce qu’il en est de l’esprit des prophètes. « Et l’Eternel rendit témoignage contre Israël et contre Juda par tous les prophètes, tous les voyants, disant : Détournez-vous de vos mauvaises voies ; et gardez mes commandements, mes statuts, selon toute la loi que j’ai commandée à vos pères et que je vous ai envoyée par mes serviteurs les prophètes » (v. 13). Quelle fut la conséquence de ces efforts ? « Ils n’écoutèrent pas » (v. 14). Le rejet des prophètes a mis fin au royaume d’Israël et de Juda.

            Jérémie est un prophète qui a beaucoup souffert, et en cela il est un type du Seigneur dans ses souffrances pour la justice. Dans son épître, l’apôtre Jacques dit : « Mes frères, prenez pour exemple de souffrance et de patience les prophètes qui ont parlé au nom du Seigneur » (5 : 10). Jérémie a commencé fort jeune son service, réalisant sa faiblesse, car il disait : « Je suis un enfant » (Jér. 1 : 6). Dieu se plaît à remplir par sa puissance ces vases faibles. Il promet à Jérémie de le rendre comme une « colonne de fer » (v. 18). Dieu lui demande trois choses dans ce temps difficile, comme le dira Paul plus tard :  il ne devait pas avoir de femme ;  il ne devait pas entrer dans une maison de deuil ; il ne devait pas se rendre dans une maison de festin. Il ne se mêlait pas au désastre de ce peuple ni ne s’associait à ses joies. Il avait dans son cœur de vraies sympathies pour son peuple, mais il en était séparé par obéissance au Seigneur, à sa Parole, non dans un esprit pharisaïque qui consisterait à dire : Sépare-toi de moi, je suis plus saint que toi.
            « Ceux qui veulent vivre pieusement dans le Christ Jésus seront persécutés » (2 Tim. 3 : 12). Si le monde dit du bien d’un enfant de Dieu, ou si celui-ci s’y trouve à l’aise, il y a quelque chose d’anormal. La communion avec des hommes religieux peut être même dangereuse. Nous avons l’exemple de la triste fin de l’homme de Dieu qui s’est laissé séduire par le vieux prophète de Béthel (1 Rois 13). Cet homme avait su repousser les offres du roi (du monde politique, dirions-nous) et du monde des affaires et s’était éloigné de la cour impie. Le vieux prophète survient avec la Parole de Dieu en main et il réussit à le détourner dans sa maison. Le lion va l’attendre sur le chemin et il en est fini de son témoignage.


Hanania, fils d’Azzur (Jér. 28)

            Hanania n’avait pas un nom ordinaire. Il voulait dire « grâce de l’Eternel ». On peut penser qu’il avait un père pieux, mais la piété n’est pas héréditaire, car ses deux fils sont associés à la rébellion. Cet homme jouissait d’une grande notoriété et d’un grand crédit au milieu du peuple. Il vient dire que le joug de Babylone va être brisé.
            L’Eternel avait demandé comme signe à Jérémie de marcher en portant un joug sur ses épaules. Imaginons un peu cette scène : Jérémie est devant tous les sacrificateurs et tout le peuple portant ce joug. Combien ce témoin avait besoin d’être soutenu ; cette vision gênait tout ce monde et Hanania, pour en atténuer la signification, prononce un « autre Jésus », un « esprit différent » et un « évangile différent ». La fin d’une économie est toujours caractérisée par un esprit tout différent de l’esprit du témoignage.
            Plus tard, l’esprit de l’Antichrist s’élèvera et s’opposera à la Parole. Jérémie prononce ces mots : « Amen ! Qu’ainsi fasse l’Eternel ! » (v. 6). Combien cela aurait pu être heureux, mais il n’y avait plus de remède. Sous le règne de Sédécias les dernières espérances du pauvre peuple vont être consumées.
            Hanania a confirmé le mensonge. Il brise le joug et Dieu est obligé de dire : « Tu as brisé les jougs de bois, et tu as fait à leur place des jougs de fer » (v. 13).
            Il peut arriver - Moïse le prédit - qu’un faux prophète se lève parmi les croyants. Satan opère et accrédite ce qu’il dit par des paroles de mensonge, ou encore des miracles de mensonge. Dieu nous met à l’épreuve sur le plan de notre obéissance. « Parce que tu as gardé la parole de ma patience, moi aussi je te garderai de l’heure de l’épreuve qui va venir sur la terre habitée tout entière » (Apoc. 3 : 10). C’est l’obéissance à toute la Parole, car obéir à une partie de la Parole, ce n’est pas obéir du tout. Nous avons le cas de Saül en 1 Samuel 15.
            « Jérémie alla son chemin » (v. 11). Combien il est triste et difficile d’être ridiculisé dans le temple, mais cet homme de Dieu va son chemin, chemin solitaire sans doute, mais réalisant ce que l’apôtre écrira plus tard à Timothée: « Détourne-toi de telles gens » (2 Tim. 3 : 5). Celui qui marche à côté de lui, c’est le Maître et c’est Lui qui va approuver sa condition présente. Il fait briller sa face sur son serviteur et lui donne comme approbation intime le « caillou blanc ».
            La parole vint vers Hanania, par Jérémie : « Ecoute, Hanania ! L’Eternel ne t’a point envoyé ; mais tu as fait que ce peuple s’est confié au mensonge » (v. 15). Et Hanania mourra deux mois après cette parole.

            Au chapitre 29, nous trouvons deux hommes qui ont présenté des paroles rassurantes, des paroles de paix, mais qui étaient des paroles de mensonge (v. 21). Le mal qui consiste à tordre la parole s’accompagne tôt ou tard d’un mal moral. Les deux choses sont liées. Ces hommes seront jetés au feu après avoir accompli toutes sortes d’infamies. Quand on se détourne de Dieu sur le plan doctrinal, il s’en suit souvent une chute ou un effondrement moral.


Baruc, le scribe (Jér. 36 et 45)

            Les récits du livre de Jérémie ne suivent pas un ordre chronologique, mais un ordre moral. Quelles sont les paroles écrites par Baruc dans un livre ? Ce sont celles que nous trouvons au chapitre 36. Jérémie les lui a dictées.
            Baruc n’était pas un homme ordinaire. Son frère était le premier chambellan à la cour et il aurait pu faire intervenir ses titres de noblesse et ses relations pour secourir le peuple de Dieu, mais Baruc était avant tout un homme fidèle. Jérémie était alors en prison et Baruc « lut dans le livre les paroles de Jérémie, dans la maison de l’Eternel… aux oreilles de tout le peuple » (36 : 10), Puis il descend dans la maison du roi et voici tous les princes sont assis. Et Baruc lit à leurs oreilles (v. 12-15). Ceux-ci lui demandent de les lire au roi, qui était assis dans la maison d’hiver. Le brasier brûlait et après qu’on ait lu trois ou quatre pages, le roi le coupe avec le canif du scribe et le jette au feu. Au lieu de s’incliner, cet homme jette au feu la dernière espérance qui lui reste. Quelle va être la fin de ce roi Jéhoïakim ? La fin d’un âne ; son corps sera jeté par-delà les portes de Jérusalem (Jér. 22 : 19) ! Cet homme qui s’est moqué de Dieu a une fin solennelle.
            Baruc doit écrire un autre rouleau et y ajoute « plusieurs paroles semblables » (v. 32). On comprend combien le cœur de cet homme a dû être touché et ce sont ces paroles-là qui ont été écrites sous la dictée de Jérémie et dont il nous est parlé au premier verset du chapitre 45. Dieu encourage son serviteur : « Tu as dit : Malheur à moi ! Car l’Eternel a ajouté le chagrin à ma douleur ; je me suis fatigué dans mon gémissement, et je n’ai pas trouvé de repos… » (v. 3). Baruc n’aurait pas voulu connaître le jour et vivre au milieu de ce peuple infidèle, mais Dieu lui dit : Je l’ai planté, ce peuple, comme un « cep exquis », et je n’y ai récolté que de mauvais raisins, des « raisins sauvages » (Es. 5 : 1-4). La qualité du cep était la meilleure, une « toute vraie semence ». « Comment t’es-tu changée pour moi en sarments dégénérés d’une vigne étrangère ? » (Jér. 2 : 21). N’était-ce pas par leurs associations étrangères, leurs convoitises et la rupture de leur alliance avec Dieu ?
            « Ainsi dit l’Eternel : Voici, ce que j’avais bâti, je le renverse, et ce que j’avais planté, je l’arrache, - tout ce pays » (45 : 4). C’est cette menace divine en jugement pressentie par Baruc qui avait entraîné cet homme à prononcer son « malheur à moi ». C’était sa douleur personnelle et il ne pouvait rien faire pour l’enrayer. Etant de famille noble il aurait pu utiliser des moyens plus ou moins extraordinaires pour secourir son peuple. Il ne le fait pas et Dieu lui dit : « Et toi, tu chercherais pour toi de grandes choses ? Ne les cherche pas ; car voici, je fais venir du mal sur toute chair, dit l’Eternel ; mais je te donnerai ta vie pour butin, dans tous les lieux où tu iras » (v. 5).
            On voudrait améliorer ce qui nous entoure par des moyens humains, mais le Seigneur nous demande d’être fidèles et d’être séparés de tout ce qui nous entoure. Le retour du Seigneur est proche. L’esprit d’Hanania ressemble à l’esprit laodicéen, celui de Baruc à celui de Philadelphie, qui doit être fidèle et séparée. C’est aussi un temps de persécution, car si quelqu’un désavoue par sa conduite le système qui l’entoure, il attire la persécution.
            « Ecoutez la parole de l’Eternel, vous qui tremblez à sa parole : Vos frères qui vous haïssaient, qui vous rejetaient à cause de mon nom, disaient : Que l’Eternel soit glorifié, et que nous voyions votre joie ! Mais eux, ils seront confus » (Es. 66 : 5). Quelles expressions que celles-ci : « vos frères qui vous haïssaient » et qui disaient qu’ils aimeraient « voir votre joie » ! Le fait de nous séparer du système entraîne inévitablement la réprobation.
            W. Kelly disait : « Quels sont les ennemis du fidèle ? Ceux qui se disent être Juifs et ils ne le sont pas, qui prétendent à une continuité historique de l’Eglise. Mais peut-il y avoir une relation entre ce qui se passait dans la chambre haute à Jérusalem, et l’état actuel de l’Eglise aujourd’hui ? Il n’y a aucune identité morale, bien que le fidèle désire revenir moralement à « ce qui est au commencement », mais il n’y a aucune continuité historique, comme on le prétend. Les plus acharnés contre les fidèles, ce sont ceux qui se disent être fidèles et qui ne le sont pas ».
            Dans les jours où tant de personnes allaient passer au fil de l’épée, Baruc reçoit la promesse d’avoir « sa vie pour butin » (45 : 5). Dieu le délivre au moment où la ville est brûlée. Jérémie et Baruc s’en sont allés en Egypte. Comme le Seigneur le promet à Philadelphie, Il les délivre. Jérémie avait lui aussi prononcé son « Malheur à moi » au chapitre 15 : « Malheur à moi, ma mère ! de ce que tu m’as enfanté homme de débat et homme de contestation à tout le pays… L’Eternel dit : Si je ne te délivre pour le bien ! » (v. 10-11).
            Au chapitre 40 nous avons la délivrance. Le chef des gardes lui enlève ses chaînes, celles qui liaient ses mains (v. 4). Le dernier groupe de captifs avait été pris après un long siège ! Au milieu d’eux, Jérémie est délivré et reçoit cette marque de faveur des ennemis de Juda. N’est-ce pas l’intervention de la toute puissance de Dieu envers lui ? Jérémie ne répond pas, tellement il est surpris de cette nouvelle. Il reçoit des provisions et un présent.
            Baruc a sa vie sauve. Quand nous pensons à ce que nous allons connaître quand nous quitterons cette scène terrestre, nos cœurs sont remplis de joie et d’étonnement. Nous quitterons une scène d’épreuves de toutes sortes, individuelles, familiales et d’assemblée. Si notre cœur était rempli de Christ, nous l’attendrions chaque jour, comme une épouse attend son mari et nous n’aurions pas besoin des épreuves pour nous réveiller. Elles sont nécessaires car nous courrons toujours le danger de nous lasser d’attendre le Seigneur. Le témoignage confié aux frères n’a pas échappé à cette tendance de l’assoupissement. Ce qui a été confié à la responsabilité de l’homme a toujours été gâté. J.N. Darby a exprimé ceci en 1877 : Je prie le Seigneur que sa venue ait lieu avant la ruine complète du témoignage. - Ce cher serviteur écrivait cela après être revenu dans une assemblée après quelques années d’absence et y avait constaté un déclin.
            « Le Juge se tient à la porte ». Dans un instant, Il sera là. Il est le Juge pour ce monde. Il vient pour enlever les siens de la scène présente. Nous serons enlevés avant l’épreuve finale pour être toujours avec Lui.
            A Philadelphie il y a une condition : « Parce que tu as gardé la Parole de ma patience, moi aussi je te garderai de l’heure de l’épreuve qui va venir sur la terre habitée tout entière ». Nous entrerons alors dans cette véritable vie, plus précieuse que la vie de Baruc sauvegardée et le vase de terre sera rendu conforme à Son corps de gloire, en plénitude. Ne vaut-il pas la peine de Lui être fidèle ? Dieu attache du prix à la fidélité, d’autant plus que la ruine est grande. Deux choses demeurent : la fidélité de Dieu, et la responsabilité individuelle. Jamais elle ne devait fléchir ! C’est pourquoi nous entendons plusieurs fois cet appel de l’apôtre Paul à Timothée : « Mais toi… mais toi,… demeure dans les choses que tu as apprises et dont tu as été pleinement convaincu ; tu sais de qui tu les as apprises » (2 Tim. 3 : 14).


D’après P. Finet - 16-02-1980