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LE DEUXIEME LIVRE DE SAMUEL (21-22)


LE TRIOMPHE DE LA GRACE (1) (ch. 21-22)
            CHAPITRE 21
                    La famine et le pardon divin (v. 1-14)
                    Victoire sur les fils du géant (v. 15-22)
            CHAPITRE 22
                    Le cantique de la délivrance (v. 1-30)
                    Les grâces de Dieu envers David

 

LE TRIOMPHE DE LA GRACE (1) (ch. 21-22)

                        CHAPITRE 21

                                    La famine et le pardon divin (v. 1-14)

                                                Rétribution réparatrice (v. 1-7)

            Dieu frappe le pays de famine, lors de trois saisons consécutives de moisson. Ce n’était pas la première fois que Dieu éprouvait ainsi les siens. Il y avait eu des famines du temps d’Abraham, d’Isaac, de Jacob, des Juges. David sent la puissante main de Dieu en jugement et Lui demande la raison de ce châtiment. Dans sa grâce, l’Eternel lui répond aussitôt. Il s’agissait d’un fait ancien, resté caché jusqu’alors, peut-être oublié ou même ignoré de David.
            Dans un zèle charnel et dépourvu de crainte de Dieu, Saül avait trahi le serment que Josué et les princes de l’assemblée avaient prononcé au nom de l’Eternel (Jos. 9 : 14-19) ; il avait fait mourir les Gabaonites. Il est bien précisé que le zèle apparent de Saül avait été pour le peuple et non pour l’Eternel. Par contre, on voit Saül décidé à faire respecter son serment irréfléchi qui aurait coûté la vie à son fils Jonathan sans l’intervention du peuple (1 Sam. 14 : 24, 44). Les Gabaonites eux-mêmes n’avaient pas réclamé justice du temps de Saül, et encore moins sous le règne de David. C’est Dieu qui prend l’initiative de défendre leur droit, mais aussi de revendiquer sa gloire, car le serment avait été pris en son Nom. Toute l’assemblée d’Israël était solidaire du crime de Saül ; et le temps n’efface pas la culpabilité.
            Si David avait bien interrogé l’Eternel sur les causes de la famine (la mise à mort des Gabaonites), on ne le voit pas maintenant s’enquérir de la conduite à tenir pour que cesse le châtiment divin.
            Certainement, Dieu lui aurait montré un moyen heureux d’allier la grâce et la justice. Au contraire, David consulte les Gabaonites, et se place ainsi à leur merci, en sollicitant même leur bénédiction (v. 3).
            Saül avait projeté un génocide total (v. 5), mais il avait seulement commencé à exécuter son plan. Les Gabaonites (ils sont comptés ici comme faisant partie du reste des Amoréens - v. 2 - est un nom générique comprenant tous les anciens habitants de Canaan - Jos. 9 : 7-), au nom de la solidarité familiale, demandent que soient mis à mort, à Guibha, ville natale de Saül, sept hommes de sa famille. C’était l’application, sans la grâce, des principes de la Loi (Ex. 20 : 5 ; Nom. 35 : 33). David aurait dû se souvenir d’un autre principe divin : « Les pères ne seront pas mis à mort pour les fils, et les fils ne seront pas mis à mort pour les pères : ils seront mis à mort chacun pour son péché » (Deut. 24 : 16).
            Accédant à la demande des Gabaonites, David épargne toutefois Mephibosheth, le fils de Jonathan. Car il avait juré à son plus cher ami Jonathan d’user de bonté envers sa descendance (1Sam. 20 : 42).

                                                L’amour plus fort que la mort - Ritspa (v. 8-14)

            Sept fils de Saül sont donc désignés par le roi : deux de Ritspa et cinq de Mérab. (Il semble y avoir ici une omission de copiste. Il faudrait plutôt lire : cinq fils de Mérab, sœur de Mical, fille de Saül. Il suffit pour s’en convaincre de se rapporter aux passages suivants : 1 Sam. 18 : 19 ; 25 : 44 ; 2 Sam. 6 : 2). Les sept sont pendus et meurent ensemble. Il semble que leurs corps soient restés sans sépulture, contrairement à l’ordonnance de la Loi (Deut. 21 : 22).
            Ritspa, la mère de deux d’entre eux, se fait alors la gardienne vigilante des sept corps contre les bêtes des champs et les oiseaux.
            Pendant de longues semaines de fatigue, elle veille seule sur les morts (v. 10). Elle ne manifeste ni révolte ni reproche ni amertume en pensant à l’autre Mephibosheth épargné par David, et encore en vie dans le palais du roi. Ses fils et les cinq autres descendants de Saül n’étaient ni des criminels ni des réprouvés. Elle désirait leur rendre les derniers honneurs.
            La foi de Ritspa est récompensée. David, mis au courant de sa conduite, lui accorde une consolation inespérée : les corps des sept hommes sont enterrés dans le tombeau de Kis, père de Saül, où ils sont réunis aux os de Saül et de Jonathan.
            Dès lors, Dieu est à nouveau propice au pays. Le jugement avait eu son cours, mais la grâce aussi. C’est un premier triomphe de cette grâce merveilleuse !

 
                                    Victoire sur les fils du géant
(v. 15-22)

            D’après le récit des Chroniques (1 Chr. 20), les combats rapportés ici se situent probablement entre l’affaire de Bath-Shéba et la révolte d’Absalom. Le retour de l’homme fort en la personne de ses quatre fils évoque pour nous les assauts réitérés de Satan contre les croyants.
            David avait frappé autrefois Goliath, le géant des Philistins (image de Satan) et pensait en avoir fini avec cet ennemi. Mais les fils du géant se manifestent maintenant pour prendre leur revanche. C’est ainsi que Satan, bien que vaincu par Christ à la croix, reprend sans cesse ses assauts contre les enfants de Dieu. Le combat est toujours à recommencer. Mais le récit montre ici que la victoire finale est à David (symbole de Christ) et à ses serviteurs (symbole des croyants).

                                                Le premier géant (v. 15-17)

            Son nom Jishbi-Benob signifie « séjournant à Nob » c’est-à-dire sur les collines. Il est le type de l’Ennemi vaincu qui cherche pourtant à attaquer le Nom, la Personne, et la gloire du Seigneur Jésus, représenté ici-bas par des témoins qui sont faibles, et qui, de surcroît, ne sont pas toujours fidèles.
            Il est dit ici pour la première fois que David était fatigué (v. 15). Le fils du géant semble avoir en mains les armes pour l’abattre. Mais le roi est délivré par son neveu Abishaï.
            Le Seigneur n’est jamais fatigué, contrairement à David (Es. 40 : 28). Mais Il nous invite à défendre son Nom et à ne pas laisser attaquer ses gloires. A l’image de David, sa beauté et la lumière de sa lampe doivent briller (v. 17).

                                                Le deuxième géant (v. 18)

            Son nom Saph vient de Sapha, qui signifie à la fois : « ajouter » et « retrancher ». Peut-être représente-t-il pour le croyant le danger venant de ceux qui ajoutent ou retranchent à la vérité de Dieu. L’intellectualisme, les traditions, la philosophie sont les vecteurs de leur action.
            Un serviteur de David, dont le nom est conservé dans le livre de l’Eternel, remporte la victoire sur ce second enfant du géant.

                                                Le troisième géant (v. 19)

            Un nouveau combat se déroule à Gob. Une victoire n’est jamais définitive, même si les circonstances semblent identiques.
            Ce troisième géant est encore plus fort que les précédents, armé d’une lance plus longue et plus lourde. Pour mieux effrayer le serviteur de David, il usurpe même le nom du chef de race des ennemis d’Israël (1 Chr. 20 : 5). Mais il est vaincu par Elkhanan dont le nom signifie : la grâce de Dieu.

                                                Le quatrième géant (v. 20-21)

            La puissance de l’ennemi semble encore augmenter. Ce quatrième géant, dont le nom n’est pas donné, est non seulement monstrueux, mais il outrage le peuple de Dieu (v. 21), comme Goliath de Gath autrefois (1 Sam. 17 : 10). Ce qui est dit de lui (six doigts et six orteils), rappelle les caractères de l’Antichrist et le nombre de son nom (Apoc. 13 : 18).
            Sans se laisser impressionner par sa puissance et ses insultes, Jonathan, un neveu de David le frappe.
            Les antichrists étaient déjà là du temps de l’apôtre Jean. Mais le Méchant est vaincu, comme le monde aussi, par la foi des croyants (1 Jean 2 : 13,18 ; 5 : 4).

                                                Conclusion

            Quatre victoires successives ont ainsi été remportées (v. 22), jusqu’à ce que toute la descendance du géant soit éliminée comme par un seul souffle. La main de l’Eternel en délivrance est évidente, et David lui adresse un cantique de louange (au chapitre suivant).
            De nos jours, il y a aussi des géants, symboles de l’orgueil, de l’arrogance et du pouvoir oppresseur de Satan et du monde contre les chrétiens. Mais ce que Dieu a fait pour David, Il peut le faire pour nous maintenant.
            A Lui soit toute la gloire !


                        CHAPITRE 22

            Cette dernière partie du livre (ch. 21-24) contient deux cantiques juxtaposés pour notre instruction. On ne peut manquer d’être frappé par les solennelles différences qu’ils présentent :
                  – Le premier cantique (ch. 22), célèbre les délivrances que Dieu avait accordées à David : il en a fini avec tous ses ennemis. Le résultat n’est que reconnaissance et joie sans mélange.
                  – Le second (23 : 3-5) exprime la dernière louange envers Dieu de la part du doux psalmiste d’Israël parvenu au terme de sa vie : il en a maintenant fini avec lui-même. Et si le résultat est encore la reconnaissance, elle est mêlée à une profonde tristesse.
            Mais les deux cantiques respirent le même parfum de la merveilleuse grâce de Dieu !


                                    Le cantique de la délivrance (v. 1-30)

            Après la dernière victoire sur les quatre fils du géant (21 : 15-22), David est donc totalement délivré de tous ses adversaires. Il adresse alors à Dieu un cantique de reconnaissance et de louanges.
            Historiquement, celui-ci se situerait plutôt après que « l’Eternel lui eût donné du repos de tous ses ennemis » (7 : 1), c’est-à-dire avant sa chute. Ensuite, il pouvait difficilement parler de sa pureté, ni se comparer à un homme parfait (v. 21-25).
            En fait, les paroles de ce cantique, reproduites dans le Psaume 18, ne peuvent pas s’appliquer intégralement à David personnellement.
            Ses déclarations prophétiques introduisent l’histoire d’Israël tout entière, mais surtout parlent de la personne même de Christ, en qui ce cantique sera pleinement accompli. Les glorieux résultats de toute la puissance et de l’amour divins y sont exaltés.
            Le croyant comprend, dans toutes les délivrances dont il est l’objet, que Dieu a entendu sa voix et son cri, et qu’il a été tiré de sa détresse (v. 7). Le chemin du fidèle est alors aplani (v. 33) ; il est lui-même fortifié et s’écrie avec reconnaissance : « Que Dieu, le rocher de mon salut, soit exalté » (v. 47).
            Mais Dieu a été pleinement glorifié par la marche parfaite de Christ sur la terre, Lui qui était sans péché (v. 25 ; Héb. 7 : 26). Il prenait son plaisir dans ce Fils bien-aimé (v. 20), dont la nourriture était de faire la volonté de son Père (Jean 4 : 34).
            Enfin, le résidu, délivré de la violence de ses ennemis, sera témoin de la puissance de Dieu pour le sauver, et chantera une hymne à la gloire de son Nom (v. 50).

            Le cantique se divise en trois parties distinctes :
                  – v. 2-19 : David célèbre la délivrance, au milieu de tous ses combats ;
                  – v. 20-30 : les principes permanents de la délivrance et ses causes ;
                  – v. 31-51 : les grâces de Dieu envers David.

                                                La délivrance (v. 2-19)

            Trois « thèmes » se suivent dans cette évocation de la délivrance : le secours divin, la profondeur de l’épreuve, et la délivrance elle-même.
                  – v. 2-4 : Le secours divin
            Quelle suite d’épreuves pour David depuis le lion et l’ours, le mépris de ses frères, l’oubli de son père, les ennemis violents : Goliath, Saül, sans parler des ennemis extérieurs et des conspirations secrètes au milieu même de son peuple !
             Mais sa confiance demeure en Celui qui est son rocher, son bouclier, sa haute retraite, son seul refuge. Le rocher évoque la stabilité de Celui qui est éternellement « Je suis » ; il parle aussi de sécurité et de protection (Deut. 32 : 4, 15, 18, 31).
            Mais ici une délivrance plus grande et plus glorieuse est annoncée : celle du Prince de la vie, du Prince de paix, dans le règne à venir.

                  – v. 5-7 : La profondeur de l’épreuve
            Pourchassé comme une perdrix (1 Sam. 26 : 20), David voit déferler contre lui les vagues puissantes et profondes de la mort. Elle est comparée ici au filet du chasseur, auquel il est impossible d’échapper. Dans la détresse absolue, le seul recours est de crier de la terre vers Dieu (v. 7).
            David emploie les mêmes expressions que Jonas, qui criera des entrailles du poisson (Jon. 2 : 3-8). Et Dieu répond au cri de l’un et de l’autre. Voilà pourquoi il n’y a pas là la pensée des souffrances expiatoires, car Christ n’a pas reçu de réponse à son cri de douleur.

                  – v. 8-19 : La délivrance

            Toutes les forces de la nature se déchaînent : tremblements de terre, vagues, feu, vent, tonnerre et éclairs se succèdent. Ce sont les signes de la colère du Dieu de Sinaï en jugement. Cette puissance qui terrorise les ennemis de David est le moyen de sa délivrance : il est « tiré des grandes eaux » (v. 17). L’expression « les lits des mers parurent » (v. 16) évoque la traversée de la mer Rouge. Le « puissant ennemi » désigne Saül (v. 18).
            Ainsi, au milieu de ses terribles épreuves, David saisit quelque chose de la majesté et de la puissance de Dieu. La délivrance que l’Eternel lui accorde est de même nature que celle d’Israël hors d’Egypte.
            Elle préfigure aussi la délivrance du résidu de la fin lorsque Dieu viendra à son secours.

                                                Les raisons de la délivrance (v. 20-30)

            David invoque alors quelques droits à la délivrance divine, fondés sur sa justice, sa fidélité, sa pureté, son obéissance, sa perfection (v. 20-25). Mais la vraie cause profonde de la délivrance de David est que Dieu prenait son plaisir en lui, son oint. Qui peut s’exprimer ainsi, serait-il David, et même avant sa chute ? Un seul, l’Homme Christ Jésus, le Fils de David, a donné à Dieu des motifs pour l’aimer et le délivrer. Le salut que Dieu Lui a accordé est devenu celui de son peuple (v. 28).
            Toutefois David, par la droiture de son cœur, plaisait à Dieu. Pour autant, le gouvernement de Dieu n’est jamais perdu de vue (v. 26-27). Dieu agit à l’égard d’un homme comme cet homme agit envers son prochain. Dieu résiste aux orgueilleux, ceux qui eux-mêmes Lui résistent (Jac. 4 : 6). Mais Dieu donne la grâce aux humbles. Tel est l’enseignement du Seigneur (Luc 6 : 31, 36-38).
            En définitive, Dieu éclaire le chemin des siens, au milieu des ténèbres de l’épreuve (v. 29), et leur permet d’accomplir pour Lui des actes de valeur, au-delà de la capacité humaine (v. 30 ; Ps. 60 : 11-12 ; 108 : 12-13).


                                    Les grâces de Dieu envers David

            Dans la première partie du cantique (v. 2-19), Dieu lui-même intervenait seul par les forces providentielles de la nature pour opérer la délivrance des siens. Dans cette troisième partie, Dieu délivre encore, mais il implique le combattant dans les conflits en vue d’obtenir la victoire.

                                                La délivrance accordée au combattant (v. 31-46)

            Les ressources divines sont données (v. 29) : Dieu est Lumière, Bouclier, Rocher. David s’appuie sur elles pour combattre et pour vaincre : « Tu m’as ceint de force » (v. 40).
            Par la puissance de Dieu, David a d’abord remporté la victoire sur les ennemis extérieurs. Dieu l’a ainsi établi « chef des nations » qu’il avait subjuguées (v. 44). Toutes les nations environnantes ont dû se courber sous son joug (les fils d’Ammon, Moab, Edom, les Philistins et la Syrie). Mais David a aussi été délivré « des débats de mon peuple » (v. 44). Les contestations à l’intérieur même du royaume ont été une épreuve supplémentaire pour le roi (ch. 20), dont Dieu l’a aussi délivré. Il est donc à la fois reconnu comme roi d’Israël et comme chef des nations. Toutefois, la soumission de celles-ci n’est qu’apparente (v. 44 ; Deut. 33 : 29) ; le cœur de l’homme n’est pas changé pour autant. Aussi, David, dans son discours du trône, annonce-t-il le jugement des méchants par Christ pendant le règne millénaire (Ps. 101 : 8).

                                                Le cantique de louange à la gloire de Dieu (v. 47-51)

            La reconnaissance qui s’exprime dans les paroles précédentes produit la louange envers Dieu. Le cœur de David est rempli de joie.
            Le cantique évoque aussi la victoire finale du résidu d’Israël aux jours de sa restauration avant le règne de Christ. Pardonné et délivré, il chantera la louange de son cœur vers Dieu.
            Le Seigneur, délivré de la puissance de la mort, tiré hors du puits de la destruction, entonne le cantique nouveau, « la louange de notre Dieu », et y associe les siens sur la terre (Ps. 40 : 2-3). Ainsi tout ce cantique parle de Christ. L’homme souffrant et dépendant implore l’Eternel et crie à Lui ; et Dieu lui répond en lui accordant la victoire. Mais Christ n’est pas seul ; il représente ici son peuple Israël et s’associe à lui (l’assemblée n’est pas vue en figure dans cette scène).
            Il est de toute beauté de voir notre Seigneur, à la fois comme homme et comme Dieu ; comme celui que Dieu sauve, mais lui-même le Sauveur ; comme Celui qui supplie et Celui qui répond à la supplication. Le Messie, affligé avec son peuple, est Celui même qui le secourt et le bénit. Tout le cantique est empreint de ses souffrances en sympathie pour son peuple, dans toute son histoire depuis la sortie d’Egypte jusqu’au royaume à venir sous son sceptre de droiture. Il régnera sur Israël et sur tous les peuples. (v. 44, 45, 46, 48). Les nations seront son héritage (Ps. 2 : 8).

                                                Les dernières paroles de David (23 : 1-7)

            David savait qu’il s’en allait « le chemin de toute la terre » (1 Rois 2 : 2). Comme objet de la grâce de Dieu, mais serviteur responsable, il fait alors, avec une remarquable lucidité, le bilan de sa vie. Parlant comme oracle de Dieu, dans un langage sobre et hautement poétique, il rappelle le passé, s’arrête sur le présent, puis évoque un avenir merveilleux.

                  – v. 1 : Les quatre titres du « roi prophète »
            David lui-même se désigne sous quatre caractères différents :
                      .1. Le fils d’Isaï : d’une humble origine, il est néanmoins le Bien-aimé de Dieu.
                      .2. L’homme haut placé : pris par Dieu des parcs des brebis, David est choisi pour paître Jacob, son peuple et Israël son héritage (Ps. 78 : 70-71).
                      .3. L’oint du Dieu de Jacob : c’est la mise à part, l’investiture. David a été élevé à sa haute dignité par le même Dieu qui avait autrefois soutenu le patriarche Jacob au travers de ses épreuves. Mais la ressource du Saint Esprit est assurée pour assumer la charge confiée.
                      .4. Le doux psalmiste d’Israël : David est poète, mais aussi prophète ; les honneurs reçus et les erreurs commises n’ont guère amoindri la douceur de son cœur.

                  – v. 2-3 : La diction oraculaire
            David prononce des paroles inspirées par Dieu : il parle en oracle. Même un homme méchant comme Balaam peut être un instrument utilisé par Dieu pour parler de sa part (Nom. 24 : 3).
            Non seulement David avait reçu les douces communications de l’Esprit et de la Parole de Dieu, mais il entretenait aussi des relations directes avec le Rocher d’Israël : « il m’a parlé » (v. 3 ; 2 Cor. 12 : 9). Toutefois, David, comme tous les messagers de l’Eternel, n’est qu’un instrument, une simple voix comme le sera Jean le Baptiseur.
            Pour révéler sa pensée, dans tous les temps, Dieu confie à des hommes des communications, par son Esprit. Ainsi, « toute écriture est inspirée de Dieu », et « de saints hommes de Dieu ont parlé, étant poussés par l’Esprit Saint » (2 Tim. 3 : 16 ; 2 Pier. 1 : 21). Dieu s’est servi de David (Act. 13 : 36), comme d’autres prophètes de l’A.T., pour faire annoncer à l’avance les souffrances et les gloires de Christ (1 Pier. 1 : 11).

                  – v. 3-4 : L’avenir de gloire et de lumière
            Quelles sont les dernières paroles – inoubliables – de David ? Elles rapportent la vision d’une autorité tellement différente de celle qu’il avait exercée : aucun nuage ne voile la lumière de la scène, dont la contemplation lui fait oublier toutes les brumes de sa vie qui s’achève.
            Bien au-delà de Salomon, Jésus, la « postérité de David » (Apoc. 22 : 16) aura, dans un jour nouveau, la domination et la seigneurie absolue. « L’Orient d’en haut » visitera alors son peuple (Luc 1 : 78) dans la perfection absolue de ses voies. Crainte et justice apporteront en surabondance une vie nouvelle. L’herbe tendre évoque la pureté et la fraîcheur de la jeunesse. Le soleil symbolise l’autorité et la gloire suprêmes. La germination parle enfin de la vie de résurrection (Deut. 32 : 2 ; Ps. 72 : 6 ; Es. 66 : 14 ; Mich. 5 : 7).
            La création sera elle-même « délivrée de la servitude de la corruption, pour jouir de la liberté de la gloire des enfants de Dieu » (Rom. 8 : 21). Ce sera le règne de gloire et de paix du Seigneur sur la terre, éclairé par les rayons du soleil de justice (Mal. 4 : 2).
            Les chrétiens se réjouissent à la perspective de ces temps heureux, quand resplendira la gloire de leur Seigneur. Dans l’intervalle, ils l’attendent comme l’étoile brillante du matin (Apoc. 22 : 16-17) ; et ils se tournent vers le monde, pour dire avec la sentinelle de Séhir : « Le matin vient, et aussi la nuit. Si vous voulez vous enquérir, enquérez-vous ; revenez, venez » (Es. 21 : 12).

                  – v. 5 : La maison de David
            Mais si l’avenir lumineux brille aux regards de sa foi, un retour en arrière montre à David sa propre responsabilité ; il admet avec regret qu’il n’a pas été, ni n’a pas fait, ce qu’il aurait dû. C’est le grand contraste entre David et Christ, Celui dont il est le type.
            David porte un jugement lucide sur lui-même et sur sa maison. Il reconnaît la faillite de son témoignage, bien convaincu que sa vision ne le concerne pas personnellement, ni sa propre maison : touchante prise de conscience. Son seul recours, tout son salut et tout son plaisir, reposent sur une alliance éternelle qui ne dépendait pas de lui mais de Dieu seul. Une alliance établie, assurée, éternelle, certes, mais dont les effets, les germes, sont reportés dans l’avenir.

                  – v. 6-7 : Le jugement des adversaires
            Avant la germination (c’est-à-dire la réalisation effective des promesses de l’alliance), le jugement du mal, longtemps retardé, doit s’exécuter. Le feu purificateur débarrassera alors la création de tous les fils de la malédiction. Alors se lèvera un matin éternel, sans nuages (23 : 4). Et le soleil se réjouira de parcourir la carrière d’un jour qui n’aura pas de fin !
            Cette attente du jugement est propre à Israël, peuple terrestre de Dieu. Au contraire, l’espérance de l’Eglise, peuple céleste, est d’être enlevée hors du monde, avant les jugements. Dans l’attente, elle prêche la grâce.


D'après « Sondez les Ecritures » (vol. 8)