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LE DEUXIEME LIVRE DE SAMUEL (1-4)



Introduction
Plan du second livre de Samuel
DAVID, LE ROI SELON LE COEUR DE DIEU (ch. 1-10)
L'avènement du royaume de David (ch. 1-4)
            CHAPITRE 1
                        La mort de Saül et de Jonathan
            CHAPITRE 2
                        David, roi sur Juda à Hébron
                        La guerre entre Juda et Israël
            CHAPITRE 3
                        La fin d'Abner
            CHAPITRE 4
                        La fin d'Ish-Bosheth

           

Introduction

                        Les deux livres de Samuel

            Le premier livre de Samuel a présenté les épreuves de David, ses exercices de cœur, ses larmes. Sans aucun doute, tout avait été permis par l’Eternel pour atteindre son but ; David n'a jamais été abandonné et il a fait l’expérience de la parfaite fidélité de Dieu.
            Ayant été toujours délivré au moment opportun, il a pu parler dans beaucoup de psaumes, et en toute connaissance de cause, de la bonté de son Dieu, de sa grâce, de sa puissance, de sa sagesse. Que de croyants, au cours des siècles, ont été consolés par leur méditation et conduits ainsi à la louange !
            Le second livre de Samuel relate l’établissement effectif de la royauté de David. Il va jouir enfin d’un temps de prospérité. Mais celle-ci le conduira à un grave manquement qui entraînera de douloureuses conséquences dans sa propre maison. C’est, hélas, un enchaînement fréquent : la prospérité tend un piège plus insidieux que les assauts d’un ennemi à découvert.

                        Thème général du second livre de Samuel

            Le récit commence par un temps de fidélité du roi David qui réalise une heureuse communion avec l’Eternel ; il exerce alors son pouvoir avec bonté et justice. Suit alors le tableau moral des faiblesses et des faillites du croyant à qui Dieu avait donné dignité, autorité et responsabilité. David n’échappera à aucune des trois tentations qui sont dans le monde (1 Jean 2 : 16) : la convoitise des yeux et de la chair (ch. 11), puis l’orgueil de la vie (ch. 24). La discipline ne lui est pas épargnée, et il connaît un plein rétablissement. A la fin du livre, apparaît le remède, que Dieu apporte pour résoudre la question du péché : le sacrifice sur le mont Morija, image de la croix de Christ.

                        La responsabilité de l’homme et les desseins de Dieu

            Les deux livres de Samuel (comme plus loin, les deux livres des Rois) décrivent l’histoire de la royauté en Juda et en Israël, sous l’angle de la responsabilité de l’homme, du roi surtout. Les mêmes événements sont présentés dans les livres des Chroniques pour faire ressortir les desseins de Dieu. Ces deux aspects de la vérité divine se complètent sans s’opposer.
            Par exemple, l’affaire d’Urie est présentée en détail dans le second livre de Samuel, pour montrer les conséquences de la conduite du roi David. En revanche, ce péché, dont Dieu n’a pas oublié la gravité (1 Rois 15 : 5), est passé sous silence dans le livre des Chroniques. Il n’était pas nécessaire dans ce livre qui montre l’accomplissement des pensées de Dieu à l’égard de son Oint.
            Le péché du dénombrement semble être une exception à la pensée qui précède ; il est relaté dans les deux livres de Samuel et des Chroniques. Mais là, justement, la faute de David conduit au déploiement de la grâce de Dieu. En Christ, et par sa mort expiatoire, sont pleinement révélés : d’un côté, la fin de la responsabilité de l’homme, et de l’autre, l’accomplissement des desseins divins.

                        Aspect prophétique du livre

            A l’aspect moral de l’histoire du roi David, s’ajoute le côté prophétique.
            Dans le premier livre de Samuel, David préfigure le Messie qui souffre avec son peuple, mais qui remporte la victoire finale sur Satan (symbolisé par Goliath) et sur la chair (symbolisée par Amalek). Après avoir été l’homme de douleurs, sachant ce que c’est que la langueur (Es. 53 : 3), le Fils de Dieu a été Celui en qui Dieu a condamné le péché dans la chair (Rom. 8 : 3).
            Mais, dans le second livre, David apparaît sous certains aspects comme un type du Seigneur dans la période qui précède le règne millénaire (Zach. 14 : 3-4 ; Apoc. 19 : 15).
            La reconnaissance graduelle de la royauté de David conduit à l’aube du règne de paix de Salomon, image de celui du Seigneur. Le second livre de Samuel s’intercale donc parfaitement entre la période de son rejet (préfiguré dans le premier livre) et de sa gloire (qui brille dans le premier livre des Rois).
            Mais l’apparition du Fils de l’homme en son jour sera comme l’éclair brillant d’un bout à l’autre du ciel (Luc 17 : 24). Lors de son apparition, Il anéantira l’Inique et le consumera par le souffle de sa bouche (2 Thes. 2 : 8), en brisant instantanément tous les opposants. Par contre, David a dû lutter longtemps contre ses propres ennemis (comme Ish-Bosheth ou Abner). Et après la mort de ceux-ci, les guerres se sont poursuivies avec les nations voisines.
            On peut enfin établir un rapprochement intéressant avec les quatre animaux emblématiques qui entourent le trône dans la scène céleste (Apoc. 4 : 6-8) :
                   1. Le premier, le lion, exprime la puissance qui brise tous ses ennemis (Prov. 30 : 30). C’est le caractère sous lequel apparaît David dans le second livre de Samuel, image du Fils de David, le lion victorieux de la tribu de Juda.
                   2. Le veau (ou bœuf) symbolise la force tranquille mise au profit des hommes : c’est Salomon dans toute sa puissance.
                   3. Mais il est orné d’une sagesse unique qui est évoquée par le troisième animal à face d’homme. La puissance et la sagesse seront déployées sous le règne de celui dont le nom sera : Conseiller, Dieu Fort, mais aussi Prince de paix (Es. 9 : 6). En effet le règne de Christ sera pour la paix et la protection des peuples (2 Chr. 9 : 22-26).
                   4. Cette protection est exprimée par les ailes étendues de l’aigle volant, le quatrième animal (Deut. 32 : 11).


Plan du second livre de Samuel

            Le livre présente donc essentiellement l’histoire de David établi roi sur Juda à Hébron (après la mort de Saül), puis sur tout Israël à Jérusalem. Le royaume est affermi, l’arche est établie en Sion, et Dieu assure au roi fidèle des promesses éternelles (ch. 1-10).
            La chute de David, dans l’affaire de Bath-Shéba et d’Urie, interrompt le cours des bénédictions, pour produire tristesses et divisions dans la famille royale ; et tout le royaume en est affaibli (ch. 11-20).
            La fin du livre (ch. 21-24) regroupe six tableaux moraux, présentés en dehors de l’ordre chronologique des faits, pour faire ressortir le triomphe de la grâce de Dieu en faveur du roi David et de son peuple. En définitive, la bénédiction du matin sans nuage sera assurée par l’Oint de Dieu, le divin David, le Rédempteur.

            Le livre se divise ainsi naturellement en trois parties :

                        Première partie : David, le roi selon le cœur de Dieu (ch. 1-10)

                                1. L’avènement du royaume de David (ch. 1-4)
                                2. David, roi sur Israël à Jérusalem (ch. 5-10)

                        Deuxième partie : La chute de David et ses conséquences (ch. 11-20)

                                1. Chute et discipline – Amnon, Tamar et Absalom (ch. 11-14)
                                2. La conspiration d’Absalom (ch. 15-18)
                                3. Un royaume affaibli (ch. 19-20)

                        Troisième partie : Le triomphe de la grâce (ch. 21-24)
                                1. La famine et le pardon divin (ch. 21.1-14)
                                2. Victoire sur les fils du géant (ch. 21.15-22)
                                3. Le cantique de la délivrance (ch. 22)
                                4. Les grâces de Dieu envers David (ch. 23.1-7)
                                5. Les hommes forts de David (ch. 23.8-39)
                                6. Le mont Morija et la grâce (ch. 24)


DAVID, LE ROI SELON LE COEUR DE DIEU (ch. 1-10)

 L'avènement du royaume de David (ch. 1-4)

                        CHAPITRE 1

                                    La mort de Saül et de Jonathan

                                                David apprend la mort de Saül (v. 1-10)

            David avait remporté une grande victoire sur Amalek et recueilli un grand butin. Pour autant, il ne manifeste ni confiance en lui-même, ni esprit d’initiative. Il s’interrogeait certainement sur l’issue de la bataille entre Israël, conduit par Saül, et les Philistins ; mais il a la patience d’attendre, ce que n’avait pas su faire Saül (1 Sam. 13 : 8-9).
            David n’apprend pas la mort de Saül par un rescapé du combat, mais par le propre meurtrier du roi, un Amalékite. Trois jours après la défaite d’Israël et la victoire de David, ce messager arrive à Tsiklag pour l’informer d’une manière mensongère. Mais David ne se laisse pas tromper. Notons la tactique de Satan. Après une éclatante victoire remportée sur lui, le croyant peut se faire circonvenir par cet ennemi rusé qui se présente comme un allié.
            Cet homme Amalékite vient avec toutes les apparences de la sympathie (ses vêtements déchirés et de la terre sur la tête) pour se prosterner devant David et lui annoncer la défaite d’Israël. Mais le message de l’Amalékite contenait un détail essentiel qui était censé être une bonne nouvelle pour David : la mort de Saül, son ennemi, le dernier obstacle pour son accession au trône. Bien que ne connaissant pas cet homme, David fait preuve d’une grande prudence. Les honneurs et les marques de faveur (la couronne et le bracelet) ne font pas fléchir son jugement. Il pose à l’homme cinq questions simples, mais pertinentes. Ceux qui ont les sens exercés à discerner le bien et le mal se méfient de l’adversaire et s’enquièrent, afin que tout soit amené à la lumière. Combien de fois le Seigneur n’a-t-il pas fermé la bouche à ses détracteurs par une question pertinente !
            Le messager se présentait donc comme quelqu’un de neutre, étranger au combat, de passage sur les lieux « par aventure ». Pourquoi cet inconnu était-il donc au courant avant tous les autres de la mort du roi Saül ? Celui-ci, répond-il, avait été blessé par les archers et s’appuyait sur sa lance (v. 6). Après sa « chute » (v. 10) c’est-à-dire sa « défaite », il s’était rendu compte qu’il était blessé à mort et avait demandé à être achevé. La Parole elle-même contredit le récit de l’Amalékite pour le convaincre de mensonge (1 Sam. 31 : 3-4). Devant la menace des archers (et non des chars et des gens de cheval), Saül s’était jeté lui-même sur son épée, et n’avait pas demandé à l’Amalékite de le mettre à mort.
            En fait, l’Amalékite se glorifiait devant David du meurtre de Saül dans l’espérance de recevoir une récompense. Il voulait surtout amener David à recevoir de sa propre main la couronne de Saül.

                                                La douleur de David et le jugement du meurtrier (v. 11-16)

            David est profondément affligé par la nouvelle de la mort de Saül; il réalise pleinement ce que Salomon écrira plus tard : « Si ton ennemi tombe, ne te réjouis pas » (Prov. 24 : 17). Même les compagnons de David comprennent sa peine et partagent sa douleur. Il ne nourrissait ni rancune ni aucune pensée de vengeance. Pour lui, il s’agissait de la perte de Saül, de Jonathan et de la défaite du peuple de l’Eternel.
            David ici nous sert d’exemple et aura servi d’exemple à tous les vrais chrétiens persécutés dans les siècles passés. A son image, soyons gardés de toute pensée de jugement ou de tout désir de vengeance ; menons plutôt deuil et pleurons sur le triste état actuel de la chrétienté. David se tourne alors vers cet Amalékite et continue de l’interroger. Après les trois premières questions : « d’où viens-tu ? » (v. 3), « que s’est-il passé ? » (v. 4) et : « comment sais-tu ? » (v. 5), David lui demande : « d’où es-tu ? » (v. 13) et « comment n’as-tu pas craint ?  » (v. 14). Descendant d’une race ennemie du peuple élu, cet homme était complètement ignorant des pensées de Dieu. Il serait jugé par ses propres paroles, s’étant glorifié d’avoir mis à mort « l’oint de l’Eternel ». David souligne la gravité de ce crime et décrète le jugement immédiat du meurtrier (v. 15-16). Il pouvait y avoir miséricorde pour le peuple infidèle, mais pas pour l’émissaire de Satan.
            David recevrait-il la couronne de la part de cette race ennemie depuis toujours ? Non, il ne pouvait accepter le royaume que de la part de l’Eternel qui l’avait oint. Le Prince des rois de la terre, lui non plus, n’a pas accepté l’autorité ni la gloire de la part de Satan, lors de la tentation au désert (Luc 4 : 6), mais uniquement par le décret divin : « Demande-moi, et je te donnerai les nations pour héritage, et, pour ta possession, les bouts de la terre » (Ps. 2 : 8).

                                                Le chant de l’Arc (v. 17-27)

            C’est une complainte de toute beauté, empreinte de pensées élevées et de sentiments profonds. Elle devait être écrite à l’intention des fils de Juda (sur lesquels David régnera au début) dans le livre de Jashar (ou du juste) qui contenait déjà le récit de la victoire de Josué contre les Amoréens (Jos. 10 : 13). Là, par un acte de puissance souveraine, Dieu avait arrêté le soleil. Maintenant, sa miséricorde insondable allait être exaltée, ainsi que la douceur de ses compassions.
            Saül avait été vaincu, car les archers de la tribu de Benjamin s’étaient ralliés à David (1 Chr. 12 : 1-7). L’arc, emblème de la force, lui avait donc fait totalement défaut. L’Esprit de Dieu veut rappeler cette nécessité absolue de la force acquise dans la dépendance de Dieu pour celui qui doit combattre. Les fils d'Ephraïm, remplis d'orgueil, ont tourné le dos au jour du combat, malgré leurs armes et leurs arcs (Ps. 78 : 9). De toute façon, c'est Dieu qui dirige les flèches, même celles des ennemis (2 Chr. 18 : 33). Une formation est nécessaire pour maîtriser le maniement de l’arc (Ps. 18 : 34), cette arme qui tient l’ennemi en respect et à distance.
            « Comment les hommes forts sont-ils tombés ! » A la manière d’un refrain, cette exclamation revient à chacune des trois strophes de ce cantique (v. 19, 25, 27).

                                                Première strophe (v. 19-21)

            La douleur, le dépit et la honte se mêlent pour désirer que cette triste nouvelle soit cachée dans les villes de Philistie où était conservé le souvenir des danses qui avaient célébré les victoires passées : « Saül a frappé ses mille, et David ses dix mille » (1 Sam. 29 : 5). Guilboa, le lieu de la défaite présente, est poétiquement personnifié, rendu responsable et voué à la malédiction.

                                                Deuxième strophe (v. 22-25)

            C’est l’éloge de ceux qui sont tombés, exprimé en un tendre et affectueux souvenir. Saül, le pire ennemi de David et Jonathan, son plus cher ami, sont morts ensemble dans la bataille et sont honorés ensemble. Tout exprime la bienveillance, la bonté, la fidélité du cœur de David. Seul, le passé glorieux est retenu (v. 22-23) et les heureuses conséquences des victoires (v. 24). Aucune trace de rancune ni de ressentiment n’apparaît. C’est le triomphe de la grâce surabondante sur le mal. Paul, bien que persécuté par les Juifs, ses frères selon la chair, avait une grande tristesse et une douleur continuelle en pensant à leur perdition (Rom. 9 : 1-3).

                                                Troisième strophe (v. 26-27)

            C’est un merveilleux final avant le dernier refrain. L’évocation de l’amour pur et désintéressé de Jonathan bouleverse le cœur de David. Aucune femme ne l’avait aimé à ce point. Il ne se souvient que de l’attachement de Jonathan, même si celui-ci a montré ses limites.
            Que le chant de l’Arc nous instruise ; nous y trouvons quelque chose de « la douceur et de la bonté du Christ » (2 Cor. 10 : 1) qui a oublié les faiblesses de ses disciples pour parler du secours qu’ils lui avaient apporté (Luc 22 : 28).

 

                        CHAPITRE 2

                                    David, roi sur Juda à Hébron

                                                Une leçon de soumission (v. 1-7)

            David savait que Dieu voulait le faire régner, et il avait longtemps attendu ce moment. Des circonstances favorables l’incitaient maintenant à l’action. Or il a su attendre. Il interroge l’Eternel sur la conduite à tenir et désire connaître le lieu précis où il devait être oint à nouveau pour régner. La patience et la dépendance de Dieu le conduiront dans un chemin simple, uni, béni. Son seul guide est la parole de Dieu. Dieu lui répond et désigne Hébron (v. 1), cette ville de Juda déjà fort riche en souvenirs de l’histoire des patriarches. Là, Abraham, remonté d’Egypte, avait bâti l’autel du renoncement aux gloires du monde (Gen. 13 : 18). Séjour d’habitation des patriarches, c’était aussi le lieu de sépulture de Sara, d’Abraham, d’Isaac, de Rebecca, de Léa et de Jacob (Gen. 35 : 27). Ville de refuge (Jos. 20 : 7), elle parlait de salut. Ville des Lévites, elle suggérait aussi la pensée du service divin (Jos. 21 : 13).
            Enfin, le nom de Hébron qui signifie « union » suggère la communion fraternelle. A la fin de sa vie errante, David y avait trouvé refuge, avec sa famille et ses fidèles compagnons (1 Sam. 30 : 31).
            David est accompagné de ses deux femmes :
                    – Abigaïl, l’épouse du roi rejeté, image de la Jérusalem céleste, la femme de l’Agneau et,
                    – Akhinoam, type du résidu d’Israël, l’épouse juive terrestre.

            C’est à Hébron que David reçoit sa deuxième onction d’huile. La première lui avait donné le droit à la royauté. Par la deuxième il entrait en possession effective de celle-ci. C’était le signe qu’il était reconnu seulement par la maison de Juda. Plus tard, il sera reconnu par Abner (3 : 10, 12), ensuite par tout Israël (5 : 1) et, enfin, par les royaumes voisins (5 : 11).
            C’est là une évocation du règne de Christ qui sera reconnu d’abord par le seul résidu fidèle de son peuple avant de dominer jusqu’aux bouts de la terre (Mich. 5 : 8). Christ doit régner d’abord sur la terre sous les caractères de David avant de régner plus tard sous les caractères de Melchisédec. En parlant aux hommes de Jabès de Galaad il emploie l’expression : « Votre seigneur Saül » approuvant ainsi leur soumission et les derniers honneurs qu’ils lui avaient rendus, et appelant même sur eux les bénédictions de l’Eternel.
            Conscient de sa position, David pouvait leur promettre des récompenses et les informer avec simplicité de son onction comme roi sur Juda. C’est un appel au rassemblement, adressé avec douceur et tact. Quoi de plus naturel pour le cœur d’un berger que le désir de rassembler le troupeau de l’Eternel ? Si le cœur des hommes de Jabès avait été gagné au message du roi, c’eût été un pas vers l’union des tribus d’Israël sur les deux rives du Jourdain. Mais Abner, ancien chef de l’armée de Saül, intervient contre David, l’oint de l’Eternel, et l’unité du peuple est reportée.

                                                La division et ses causes (v. 8-11)

            En prenant le parti d’Ish-Bosheth, fils rescapé de Saül, Abner était en fait en rébellion ouverte contre Dieu. Les hommes de Juda sont, au contraire, dans le chemin de l’obéissance (v. 4).
            L’armée d’Israël, conduite par Abner, venait d’essuyer une terrible défaite et les Philistins avaient pris possession de territoires importants (1 Sam. 31 : 7). Il faudra plus de cinq ans à Abner pour récupérer les villes perdues. Ce délai se déduit facilement des durées des règnes d'Ish-Bosheth (deux ans) et de David à Hébron (sept ans et demi). Ces deux périodes inégales se sont terminées simultanément.
            Abner met Ish-Bosheth sur le trône d’Israël, sans ignorer le propos de Dieu de faire régner David sur tout le peuple. A la recherche de ses propres intérêts, Abner entraînait la majorité des tribus à sa suite ; et, sous l’apparence de la fidélité à l’ordre officiel, il résistait à l’Eternel. Ainsi, l’orgueil d’Abner, son refus d’obéir à la volonté de Dieu, et l’état du peuple, étaient les causes principales de cette division.
            David avait été pleinement relevé après sa fuite chez Akish, le roi des Philistins (1 Sam. 27 : 1) ; mais ne devait-il pas, au moins pendant quelques années, porter les conséquences de sa faute, et accepter ainsi d’être désavoué par une partie du peuple ? Les répercussions de nos manquements peuvent se faire ressentir pendant longtemps dans notre vie personnelle, mais aussi dans la vie de l’assemblée.
            Ish-Bosheth succède donc à Saül. C’est la chair qui succède à la chair. Abner est le type de ceux qui défendent la religion des pères et plus généralement celle de la chair revêtue d’une apparence de piété, mais qui cache l’orgueil spirituel.

                                                Un combat singulier (v. 12-17)

            Abner, après avoir reconquis tout le territoire d’Israël, prétend aussi annexer Juda au profit d’Ish-Bosheth ; il propose, à cet effet, un combat singulier qui déciderait de la victoire à la manière des Philistins exhibant leur champion Goliath. Présentée comme un jeu, la lutte entre frères est violente et ne laisse pas de survivants. Toutefois, après un combat très rude (v. 17), les serviteurs de David sortent vainqueurs. Que de ruines, de pertes sans résultat dans les guerres de religion ou dans les conflits entre frères qui n’ont pour cause qu’un esprit de parti et de vaine gloire !
            David n’a certainement pas assisté à ces scènes de violence, qui ne répondaient absolument pas à ce que Dieu attendait. Le Seigneur peut-il être avec nous dans nos disputes fratricides ?

                                                La mort d’Asçaël (v. 18-24)

            Asçaël était le troisième fils de Tséruia, l’une des deux sœurs de David (1 Chr. 2 : 15-16). Contrairement à l'habitude, la mère est nommée ici et non le père, pour souligner le lien de parenté avec David. Sûr de ses forces, et sans dépendance de Dieu, il s’engage avec obstination dans une poursuite à mort contre Abner. A deux reprises celui-ci, non sans une certaine noblesse de caractère, cherche à le dissuader de s’attaquer à lui. Mais comptant sur son exceptionnelle agilité et peut-être aveuglé par l’orgueil, Asçaël persiste à vouloir faire un coup d’éclat en s’en prenant au chef de l’armée ennemie. Et à contre cœur, Abner est contraint de le mettre à mort d’un seul coup de la hampe de sa lance.

                                    La guerre entre Juda et Israël

                                                L’arrêt momentané des combats (2 : 25-32)

            Abner se rend compte rapidement que le combat tournait à l’avantage des serviteurs de David, et craint une très grande défaite. Il avait donc tout intérêt à arrêter la bataille le plus tôt possible. Il invoque de nobles sentiments : « Ne sais-tu pas qu’il y aura de l’amertume à la fin ? » Aurait-il fait une telle proposition, s’il était sorti vainqueur des combats précédents ? Si une belle vérité nous avantage, nous savons la mettre en avant, quitte à l’oublier quand elle ne nous sert plus.
            Toutefois, la bataille cesse d’un commun accord et chacun regagne son camp. Mais la guerre n’était pas finie ; elle durera encore longtemps, et toujours au profit de David.
            Déjà se dessinent la personnalité et le caractère d’Abner, chef des armées de Saül, comme ceux de Joab, chef des armées de David. Abner était un homme d’action, énergique, courageux et attaché aux liens familiaux (il était cousin germain de Saül). Mais son combat était charnel. En fait, il s’opposait à Dieu dont il connaissait pourtant la volonté au sujet de la royauté. S’il s’est plus tard rallié à David, c’est avant tout à cause de son honneur et de son orgueil blessés.
            Joab, malgré les apparences, n’était pas moins charnel qu’Abner. Certes, il avait embrassé la bonne cause, celle de David. Mais dans quel état d’esprit ? Il se montrera dur (3 : 39), sanguinaire (3 : 27), habile, flatteur, sans scrupules et hypocrite. S’il s’était placé du côté de Dieu, c’était pour mieux servir ses propres intérêts. Il est le type même de l’homme revêtant l’apparence de la piété, mais sans la puissance de l’Esprit (2 Tim. 3 : 5).

 

                        CHAPITRE 3

                                                La descendance de David (v. 1-5)

            David avait interrogé l’Eternel (2 : 1) pour connaître la ville où il devait aller pour être oint roi sur Juda. Mais il ne semble pas avoir recherché la pensée de Dieu au sujet de ses affections personnelles. Il commet là une erreur qui portera des conséquences pendant toute sa vie.
            Selon la coutume des rois d’orient, David affirme sa personnalité en contractant quatre autres mariages, alors qu’il avait déjà deux épouses : Akhinoam et Abigaïl. Avait-il raison ? La loi, dont il aurait dû posséder une copie, recommandait aux rois la modération en ce domaine (Deut. 17 : 17-19). En fait, il désobéissait à l’Eternel.
            Sur ses six fils qui naissent à Hébron, quatre lui causeront beaucoup de peine. Certainement il n’affermit pas son royaume en épousant la fille du roi de Gueshur. Le fils issu de ce mariage, Absalom, sera coupable d’un meurtre fratricide, et contraindra plus tard David à abandonner Jérusalem, pieds nus, et dans les pleurs (15 : 30). Une union avec un incrédule ne peut que nous amener tôt ou tard à verser des larmes. Et il ne pouvait y avoir d’unité dans une telle famille. La suite, hélas, le prouvera.

                                                Conséquences d’un reproche (v. 6-11)

            Abner avait pris fermement position contre David et pour Ish-Bosheth. Mais le voilà victime d’un reproche sanglant de la part de celui qu’il avait soutenu jusqu’alors. En fait, était-ce répréhensible de prendre pour femme Ritspa, la concubine de Saül, puisque celui-ci était mort ? Bien qu’Abner s’en défende, cet acte pouvait être interprété comme une tentative de se saisir du pouvoir. On comparera avec intérêt les comportements d'Absalom (16 : 21-22) et d'Adonija (1 Rois 2 : 21-22) dans ce domaine. Certainement, Ish-Bosheth faisait preuve ici d’ingratitude en suspectant Abner d’aspirer à monter sur le trône.
            Ne considérant que son honneur outragé, Abner modifie aussitôt radicalement sa ligne de conduite. Sa franchise naturelle le pousse à rejoindre David. Certes, il accomplissait la volonté de Dieu qui avait retiré le trône à la maison de Saül pour le donner à David et à sa descendance. Mais ses motifs profonds étaient l’orgueil blessé et l’ambition d’occuper une place importante.
            Ish-Bosheth, confondu et effrayé, reste la bouche fermée. « Celui qui propage les calomnies est un sot » (Prov. 10 : 18) et « La ruine est pour celui qui ouvre ses lèvres toutes grandes » (13 : 3).

                                                Alliance de David et d’Abner (v. 12-16)

            Avec une superbe assurance, Abner se fait fort de tourner Israël vers David. Poussé par sa confiance en lui-même et non guidé par l’Esprit divin, il prend l’initiative de proposer une alliance sans contrepartie.
            David avait bien conscience que cette guerre civile avait assez duré. Mais si l’alliance qu’il accepte semblait raisonnable sur le plan humain pour ramener l’unité du peuple, cette façon d’opérer n’était pas selon Dieu. Il avait refusé la couronne de la main d’un Amalékite ; maintenant, il l’accepte de la part de celui qui avait conduit et encouragé la division du pays.
            David ratifie donc cette alliance, mais en y rajoutant une condition sentimentale. Malgré ses multiples mariages, il n’avait pas oublié sa première épouse Mical que Saül lui avait donnée, puis reprise indûment (1 Sam. 25 : 44). Voulait-il effacer un affront ou avait-il encore pour elle un amour profond ?
            Sur l’insistance d’Ish-Bosheth et d’Abner, Mical est donc arrachée des bras de Paltiel dont le cœur est déchiré. En fait, Paltiel n’aurait jamais dû accepter à l’origine une femme que David n’avait pas répudiée. Il se serait évité la douleur de la séparation. Par ailleurs, le retour de Mical dans la maison de David apportera plus de peines que de joies (6 : 20-23).
            Sur le fond, cette alliance avec Abner était-elle selon Dieu ? David ne commettait-il pas à nouveau la même erreur que Josué et les princes d’Israël, qui s’étaient engagés avec les Gabaonites en oubliant de s’adresser d’abord à l’Eternel ?
            Combien d’alliances illicites amènent souvent larmes et souffrances !

                                    La fin d'Abner

            Publiquement, Abner exerçait maintenant toute son autorité sur Israël en faveur de David ; il paraissait accomplir ainsi les pensées de Dieu. En fait, il était dévoré d’ambition personnelle, et ses vrais motifs n’étaient pas purs. Aussi Dieu, qui résiste aux orgueilleux, a-t-il permis l’acte inique de Joab pour retirer Abner de la scène.

                                                Négociations et alliances (v. 17-21)

            Abner engage de secrètes et actives négociations avec les anciens d’Israël, puis avec ceux de Benjamin (les plus difficiles à gagner), et enfin avec David lui-même.
            Comme Saül, David, Jonathan, Abigaïl, et tout le peuple, Abner reconnaît n’avoir jamais ignoré le propos de Dieu quant au règne de David. Pour des raisons personnelles – il avait agi par incrédulité, ou pour ne pas rompre des liens familiaux, ou encore par jalousie à l'égard de Joab, Abner ne s’était pas immédiatement rallié à David. Maintenant, changeant de tactique, il exhorte les anciens d’Israël à passer à l’action.
            Le peuple avait longtemps souffert sous la férule de Saül, un roi dur dont la conduite avait été prédite par Samuel (1 Sam. 8 : 11-18). Le moment était venu pour Israël de se déterminer pour David. Il le fera, en effet (dans le chapitre 5) mais non sous la conduite d’Abner. L’enseignement moral est important pour nous : il s’agit de nous engager clairement pour notre Seigneur, en toute bonne volonté. Dans l’acceptation de cœur du propos de Dieu, il y aura toujours joie et bénédiction.
            Au commencement, David semble étranger aux tractations d’Abner (v. 17-18). Ensuite il l’écoute (v. 19), puis lui fait un festin (v. 20) ; enfin, il le congédie en paix (v. 21). Il ignore ou feint d’ignorer les mobiles profonds du cœur d’Abner ; mais surtout, il ne consulte pas l’Eternel en ce moment décisif.

                                                Le crime de Joab (v. 22-27)

            Dans l’intervalle, Joab, une fois de plus, était en campagne. A son retour à Hébron d’une expédition fructueuse, il apprend quelle place importante Abner avait prise auprès de David. Pris de colère, il s’évertue à discréditer Abner et à le calomnier en lui imputant le mal.
            Puis, usant d’une lâcheté abominable, il l’assassine par surprise, à l’insu du roi David. Il élimine ainsi son concurrent au pouvoir, tout en vengeant injustement son frère Asçaël, pourtant « tué dans la bataille ». Hélas, combien il est vrai que « la colère de l’homme n’accomplit pas la justice de Dieu » (Jac. 1 : 20) !
            La mort d’Abner a au moins épargné à David d’avoir un mouvement de reconnaissance envers lui pour son soutien devant le peuple d’Israël. Il fallait que le roi ait parfaitement conscience de ne devoir sa couronne qu’à Dieu seul.

                                                L’attitude de David (v. 28-30)

            David, mis au courant après coup, apparaît totalement étranger à cette scène de meurtre. Son indignation, son affliction et le deuil public qu’il décrète lui font gagner le cœur du peuple beaucoup plus que n’avaient pu le faire toutes les ruses diplomatiques d’Abner. Manifestement pur dans cette affaire (v. 37), David prononce une condamnation sur Joab et appelle sur lui et sur sa descendance une série de cinq malédictions : infirmité, maladie, vieillesse, pénurie et mort violente.
            Mais Abishaï, l’autre frère de Joab, était aussi complice du meurtre d’Abner, sinon de fait, du moins de cœur (v. 30) ; les deux frères avaient un mobile en commun : la vengeance de leur frère Asçaël.
            La mort d’Abner créait pour David une situation imprévue. Alors que tout semblait se mettre en place favorablement, Dieu, en n’arrêtant pas le crime de Joab, annulait tout ce qui n’était que dispositions et arrangements humains.
            David était droit et se laisse enseigner. Il est l’auteur des paroles du psaume : « Ne vous confiez pas dans les principaux, dans un fils d’homme, en qui il n’y a pas de salut. Son esprit sort, l’homme retourne dans le sol d’où il est tiré ; en ce même jour ses desseins périssent » (Ps. 146 : 3-4).

                                                Les funérailles d’Abner à Hébron (v. 31-36)

            Si David a manqué d’énergie pour punir Joab de façon exemplaire, il a eu au moins l’autorité pour le faire participer au deuil, et l’assimile devant tous aux « fils d’iniquité ».
            Dans sa complainte sur Abner, David reprend quelques expressions de grâce dont il avait usé à l’égard de Saül et de Jonathan. Il proclame devant tous que la mort sans gloire d’Abner était indigne d’un tel guerrier. Tout à sa douleur, le roi refuse de participer au repas funéraire traditionnel du souvenir (v. 35 ;12 : 20 ; Jér. 16 : 7).

                                                Epilogue (v. 37-39)

            Tout le peuple est convaincu de l’innocence du roi qui conserva l’intégralité de son autorité morale (v. 36-37). David tenait à ce que soit connue toute l’estime qu’il avait pour Abner : « un prince, un grand homme ». Le moindre doute à ce sujet aurait renversé les bonnes dispositions des onze tribus qu’Abner venait de lui rallier.
            Il semble aussi que David ait voulu se justifier de n’avoir pas puni Joab comme il le méritait. Il met la dureté de ces deux frères, Joab et Abishaï, fils de Tséruïa, en contraste avec sa propre faiblesse, qu’il faut interpréter plus comme de la douceur que comme de la lâcheté.
            David s’en remet à Dieu pour ce qui est « de la vengeance et de la rétribution » (v. 39 ; Deut. 32 : 35). Il est toutefois conscient de la dignité qui lui était conférée (« bien que j’aie reçu l’onction de roi ») et de l’autorité qui s’y rattache. Mais c’est à Salomon, type du Seigneur de gloire, que reviendra la charge de rendre à chacun selon ses fautes, en particulier à Joab (1 Rois 2 : 5-6, 30-31).
            Ainsi, David s’humilie sous la puissante main de Dieu. Reconnaître comme lui notre faiblesse, sera notre sauvegarde. Cessons de nous appuyer sur un bras humain qui n’est qu’un roseau brisé (Es. 36 : 6), pour nous remettre aux soins exclusifs de Dieu.

 

                        CHAPITRE 4

                                    La fin d'Ish-Bosheth

            Dieu, dans sa sagesse, conduit tous les événements pour accomplir son dessein qui était de placer David sur le trône d’Israël. Tous les opposants disparaissent les uns après les autres dans des circonstances variées, souvent violentes. Le futur roi peut ainsi rassembler tout le peuple.
            David a bien conscience que sa fuite à Tsiklag avait été une grave erreur. S’il était resté en Israël dans le lieu fort, dès la mort de Saül, tout le peuple serait venu à lui. Sa popularité n’était-elle pas bien plus grande que celle d’Ish-Bosheth ?
            Ainsi, tout éloignement du chemin où Dieu veut nous voir marcher est à notre détriment et retarde la bénédiction que le Seigneur nous réserve.

                                                Ish-Bosheth et le peuple (v. 1)

            Quelle différence entre Ish-Bosheth et David ! La foi de ce dernier était semblable à l’aiguille d’une boussole : elle oscille sous l’effet des secousses, mais revient toujours au pôle qui l’attire. Ainsi David, dans toutes ses détresses revient toujours à Dieu. C’est en l’Eternel seul qu’il se fortifiait (1 Sam. 30 : 6 ; Ps. 62 : 1-2, 6).
            Ish-Bosheth, au contraire, se reposait entièrement sur un appui humain, Abner. Sa disparition le laisse complètement désemparé. Voilà donc un homme mettant sa confiance en l’homme. Quelle situation précaire et dangereuse pour Israël et pour son roi !
            Il en a été et il en est de même pour le peuple céleste de Dieu sur la terre. Dès que l’Eglise a eu besoin d’une succession apostolique visible pour la conduire, elle n’était plus celle « qui monte du désert s’appuyant sur son bien aimé » (Cant. 8 : 5). En faisant appel aux puissants de ce monde, elle a abandonné la foi pure et simple, elle a perdu son autorité morale pour s’opposer au mal ; de plus, elle a ruiné son témoignage devant le monde.

                                                La nourrice de Mephibosheth (v. 4)

            Le cours du récit est interrompu pour rapporter un fait antérieur, situé au moment de la mort de Jonathan. Un de ses enfants, Mephibosheth, avait cinq ans à la mort de son père.
            Sa nourrice avait voulu protéger ce descendant de Saül d’une vengeance possible de David. Elle ignorait peut-être les engagements de David avec Jonathan (1 Sam. 20 : 16-17 ; 23 : 18) et avec Saül (1 Sam. 24 : 22-23). Elle méconnaissait certainement le cœur du roi.
            La chute de cet enfant dans la fuite hâtive avait-elle provoqué l’infirmité ou simplement aggravé une infirmité déjà existante depuis la naissance ? Quoi qu’il en soit, nous avons là une image de l’infirmité innée et acquise de tous les hommes. La pensée sera reprise plus loin (ch. 9).
            Cet épisode trouve sa place ici pour montrer que ce seul pauvre rescapé de la maison de Saül, était bien inapte à assurer la succession au trône de son grand-père.

                                                Le forfait des deux hommes de Beéroth (v. 2-7)

            Deux fils de Rimmon, Baana et Récab, profitent de leur fonction d’intendance pour s’introduire dans la maison d’Ish-Bosheth où il se reposait et ils l’assassinent lâchement. Le crime est raconté deux fois (v. 6-7) comme pour attirer l’attention sur le caractère odieux de cet acte. La décapitation après le meurtre devait apporter à David la preuve évidente de la mort d’Ish-Bosheth.
            Mais Récab et Baana, comme leurs concitoyens, et comme la nourrice de Mephibosheth, ignoraient le cœur miséricordieux de David. Croyant lui plaire, ils se vantent de leur forfait auprès de lui ; au contraire, ils découvrent, trop tard et à leurs dépens, qu’il n’y avait aucune violence dans la main du roi (1 Chr. 12 : 17). Devant le juste châtiment immédiat que David leur inflige (Gen. 9 : 6), tous les autres Beérothiens prennent peur et s’enfuient à Guitthaïm. Cette débandade (v. 3) a donc eu lieu après la mort d’Ish-Bosheth.

                                                Conséquences du forfait (v. 8-12)

            Ces deux criminels, sous couvert de paroles pieuses, prétendaient défendre les intérêts de David, et pensaient s’acquérir ainsi ses faveurs. En fait, c’était un nouveau piège subtil tendu sur les pas de David.
            A la mort de Saül, David n’avait pas succombé à la tentation présentée par l’Amalékite. Maintenant, il ne pouvait pas plus s’associer au crime d’Ish-Bosheth. David avait donc appris cette leçon fondamentale, que Dieu seul avait racheté son âme de toute détresse (v. 9). Son refus catégorique est un bel exemple pour nous.
            Certes, Dieu peut, dans sa souveraineté, se servir de qui il veut. Mais le fait qu’une personne ait été un instrument pour accomplir le plan divin ne nous autorise pas à nous associer à elle. Les exemples dans la Parole ne manquent pas : le Pharaon, Balaam…
            David se plaît toujours à reconnaître les qualités de ses adversaires, Saül et Abner en particulier. Il parle d’Ish-Bosheth comme d’un homme juste (v. 11). Certes, il n’était pas juste devant Dieu, mais il n’était pas coupable comme ses deux assassins.
            Le jugement et son exécution immédiate devaient être exemplaires. En quelques mots, David donne les raisons de son verdict. Ils étaient encore plus coupables que l’Amalékite, meurtrier du roi Saül. Aussi, devaient-ils mourir. Leurs mains, instruments du crime, sont coupées, ainsi que leurs pieds, qui avaient été « rapides pour verser le sang » (Es. 59 : 7 ; Rom. 3 : 15). La malédiction est leur partage (v. 12 ; Deut. 21 : 23).
            Enfin, David rend un dernier honneur à Ish-Bosheth, en déposant sa dépouille à Hébron, le lieu de sépulture des patriarches. Ainsi, une fois de plus, David dans sa droiture est délivré de tous ses ennemis, car « les chevilles de ses pieds n’avaient pas chancelé » (22 : 37 ; Ps. 18 : 36).


D'après « Sondez les Ecritures » (vol. 8)