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LE LIVRE DE RUTH (4)
 

 RUTH : chapitre 4
              1- Le rachat et la récompense de la foi : v. 1-10
              2- L'union de Boaz et de Ruth : v. 11-17
              3- Le couronnement de la foi de Ruth : v. 18-22


   
RUTH : chapitre 4
 
 
            Ruth s'était reposée aux pieds de Boaz (chapitre 3), en attendant de goûter la récompense de sa foi dont ce chapitre nous entretient : la grâce de Dieu, trouvée en Boaz, rachète Ruth, l'introduit en Israël et lui fait prendre place dans la généalogie du Seigneur Jésus.
 
 
 
            1- Le rachat et la récompense de la foi : v. 1-10
 
                        Alors que le proche parent d'Elimélec doit se désister de ses droits au rachat de Ruth, c'est Boaz qui va faire face à toutes les obligations de ce rachat.                     
 
 
                        1-1 : L'échec du plus proche parent pour racheter Ruth : v. 1-6
 
            Boaz monte à la porte de la ville. C'est là, en présence des anciens, que se traitaient toutes les affaires importantes. On se rappelle qu'un corps de soixante-dix anciens avait été formé pour aider Moïse à diriger le peuple (Nom. 11 : 16, 24).
 
            Les anciens étaient des magistrats civils d'âge mûr qui avaient été nommés à la tête d'une maison patriarcale, d'une famille de la tribu ou de la tribu elle-même. Chaque ville avait ainsi un corps d'anciens (Deut. 19 : 12 ; 21 : 2 ; 1 Sam. 11 : 3 ; Esd. 10 : 14).
 
 
            Le rachat était une transaction très solennelle, qui était scellée en présence de témoins.
            Selon la coutume en Israël, on devait faire revivre le nom du défunt en le rétablissant dans son héritage : cette tâche incombait à son plus proche parent.
 
            L'homme qui possédait ainsi, avant Boaz, des droits sur l'héritage d'Elimélec, vient à passer. Boaz l'arrête ; puis, en présence de dix anciens de la ville, il s'adresse à lui. Cet homme, qui n'est pas nommé, est informé par Boaz de la possibilité qui lui est offerte d'acheter la portion du champ d'Elimélec (v. 3-4). Il comprend d'abord qu'il lui suffit de racheter cette terre pour que Naomi puisse jouir de l'héritage. Les veuves, semble-t-il, n'héritaient pas, mais seulement les enfants. Il accepte donc d'user de son droit de rachat. Mais Boaz lui précise que Ruth, par son mariage avec Makhlon, a aussi droit à l'héritage : elle doit donc être rachetée. Alors le plus proche parent renonce aussitôt à exercer cette fonction de lévir en épousant la veuve du défunt (v. 6). Il craint de s'appauvrir et de ruiner son propre patrimoine. En effet le bien des enfants de Ruth ne pourrait lui revenir, ni même à sa famille.
            C'est donc à présent Boaz qui est libre d'user de son droit de rachat.
 
            Le « proche parent » est un type frappant de la loi, incapable de nous sauver. En effet, la loi, bien que donnée par Dieu et « bonne » en elle-même (1 Tim. 1 : 8), ne fait qu'exiger mais ne donne rien. Elle peut bien racheter l'héritage, mais non l'héritier qu'elle ne peut faire vivre, car il est incapable de l'accomplir. Son impuissance ne provient pas d'elle-même mais de ceux auxquels elle s'adresse. La promesse de la vie est liée à l'obéissance, mais l'homme pécheur et désobéissant ne peut qu'être condamné par la loi. Celle-ci est « faible par la chair » (Rom. 8 : 3), elle n'a « rien amené à la perfection » (Héb. 7 : 19). La loi est un ministère de mort (2 Cor. 3 : 7) ; bien que donnée pour la vie (Rom. 7 : 10), elle ne peut donner la vie aux morts. Elle n'aura jamais de postérité ; cependant, elle est notre « conducteur jusqu'à Christ » (Gal. 3 : 24), en ce qu'elle rend le péché « excessivement pécheur » et nous en fait prendre conscience (Rom. 3 : 20 ; 7 : 13).
 
            Les dix témoins (v. 2) peuvent représenter les dix commandements. Dans cette hypothèse, ils témoignent que le proche parent (la loi) ne peut exercer son droit de rachat. Dans cette acception du proche parent, la loi est constatée impuissante en présence de Celui qui vient après elle. Toutefois Christ n'est pas venu pour abolir la loi, mais pour l'accomplir (Matt. 5 : 17).
 
 
                        1-2 : Boaz, celui qui seul peut racheter Ruth : v. 7-10
 
            Le plus proche parent ayant échoué, Boaz a maintenant toute liberté d'agir. Seul à pouvoir racheter Ruth, il va le faire de son plein gré, sans avoir aucune obligation envers elle.
 
            Quelle belle image, lecteurs chrétiens, de l'oeuvre infinie de notre grand Rédempteur. Boaz assis « à la porte » (v. 1), ayant constaté l'incapacité du proche parent à racheter, démontre qu'il est, lui, le seul capable d'effectuer le rachat. Sur la croix, Christ a payé l'immense prix de notre rédemption, prouvant l'incapacité absolue de la loi de répondre à notre situation. Lui seul a satisfait à ses justes exigences : Il l'a rendue « grande et honorable » (Es. 42 :21).
 
 
            Le proche parent cède son droit de rachat en présence de témoins selon la coutume de cette époque, celle de la sandale. En l'ôtant et en la tendant à Boaz, l'homme transmet son droit à la propriété et à la puissance (ce droit était symbolisé par cette chaussure).
 
            Dans d'autres passages de l'Ecriture, la chaussure ou la sandale parlent de la conduite morale de l'homme, particulièrement du croyant :
 
                        - ôter sa sandale était, comme dans ce passage de Ruth, un élément public d'un acte juridique (Deut. 25 : 9 ; Ps. 60 : 8)
                        - se déchausser était un signe de respect ou d'adoration. Dans la présence de Dieu, Moïse et Josué ont dû ôter leurs sandales (Ex. 3 : 5 ; Jos. 5 : 13)
                        - marcher nu-pieds parle d'abaissement et d'humiliation (Es. 20 : 2, 4 ; 2 Sam. 15 : 30).
 
 
            Ici, en type, la loi cède ses droits à Christ. Ce récit ne donne qu'une faible image de la grandeur de la personne et de l'oeuvre du Seigneur :
 
                        - Christ a aimé l'assemblée et s'est livré lui-même pour elle... le mystère est grand » (Eph. 5 : 25, 32).
                        - Christ nous a rachetés par son sang précieux (1 Pier. 1 : 18-19)         l
                        - Les croyants sont « justifiés... par la rédemption qui est dans le Christ Jésus » (Rom. 3 : 24)
                        - « Christ nous a rachetés de la malédiction de la loi, étant devenu malédiction pour nous » (Gal. 3 : 13)
                        - Tous ceux qui appartiennent à Christ sont « rendus agréables dans le Bien-aimé », en Lui, ils ont « la rédemption par son sang » ; ils sont scellés du Saint Esprit de la promesse, qui est les arrhes de leur héritage, pour la rédemption de la possession acquise, à la louange de sa gloire (Eph. 1 : 6-7, 13-14).
 
            Ne sommes-nous pas, chrétiens, le trésor particulier du Seigneur, nous qui avons été « achetés à prix » (1 Cor. 6 : 19) ?
 
 
            Remarquons encore que Ruth n'intervient pas dans la scène décrite dans le début de ce chapitre. C'est Boaz qui a tout pris en main, de sorte que ni Ruth, ni Naomi n'apparaissent jusqu'à ce que le rachat soit effectué. Ce qu'avait dit Naomi à Ruth se réalise : « l'homme n'aura pas de repos qu'il n'ait terminé l'affaire aujourd'hui » (3 : 18).
            L'une et l'autre vont profiter du rachat : Naomi en recevant l'héritage qui lui permettra d'assurer sa subsistance et Ruth en épousant Boaz. Ainsi l'oeuvre de Christ acquiert au croyant une délivrance complète, sans que celui-ci n'ait aucune part dans cette oeuvre. « Un homme ne pourra en aucune manière racheter son frère, ni donner à Dieu sa rançon. Car précieux est le rachat de leur âme, et il faut qu'il y renonce à jamais » (Ps. 49 : 7-8).
 
 
            La famille d'Elimélec ne sera pas éteinte. Boaz « relève le nom du défunt sur son héritage », afin qu'il « ne soit pas retranché d'entre ses frères et de la porte de son lieu ». Que le désir de chaque famille chrétienne soit qu'il y ait dans sa descendance de fidèles enfants de Dieu, attachés fermement à la foi chrétienne, jusqu'au retour du Seigneur. Tel était le voeu de Josué : « Moi et ma maison, nous servirons l'Eternel » (Jos. 24 : 15).
 
            Devant les hommes et devant Dieu, Boaz s'engage d'une façon solennelle dans cette union avec Ruth : « je me suis acquis pour femme Ruth, la Moabite... vous en êtes témoins aujourd'hui ! » (v. 10). Le principe de l'engagement légal du mariage demeure aujourd'hui. Malgré les pensées divergentes des hommes, la pensée de Dieu au sujet de l'union de l'homme et de la femme n'a pas changé. Le Seigneur Jésus rappelle en Matt. 19 : 4-6 que Dieu a institué le mariage « dès le commencement ». L'union dite « libre » n'est pas reconnue par la Parole de Dieu. Le croyant fidèle, soumis à l'Ecriture, découvre que Dieu désire son bonheur dans le mariage. Pour exprimer l'union intime des époux qui ne sont plus qu'un, l'Esprit Saint ne prend-il pas l'exemple de l'union de Christ et de l'Eglise ? (Eph. 5 : 22-23).
 
 
 
 
            2- L'union de Boaz et de Ruth : v. 11-17
 
 
                        L'union avec Boaz apporte à Ruth le « repos ». Elle n'aurait pas dû entrer dans la congrégation de l'Eternel, selon la loi (Deut. 23 : 3). Mais la grâce de Dieu a surabondé envers elle (Rom. 5 : 20) : L'Eternel a fait tourner à sa propre gloire la circonstance malheureuse du début du récit de ce livre de Ruth (1 : 4).
 
 
                        2-1 : L'acclamation du peuple et des anciens : v. 11-12
 
            Le peuple et les anciens de la ville acclament et bénissent Boaz ; des paroles prophétiques leur sont dictées par l'Esprit de Dieu :
 
                        - « Fasse l'Eternel que la femme qui entre dans ta maison soit comme Rachel, et comme Léa, qui toutes deux ont bâti la maison d'Israël ! Et deviens puissant dans Ephrata, et fais-toi un nom dans Bethléhem ! » (v. 11) : se plaçant au-dessus des lois en vigueur, ils invoquent la bénédiction de Dieu sur ce couple. Leur souhait sera exaucé, car Ruth donnera un enfant à Boaz et celui-ci deviendra l'ancêtre du Messie qui bâtira la maison d'Israël.
 
                        - « Que de la postérité que l'Eternel te donnera de cette jeune femme, ta maison soit comme la maison de Perets, que Tamar enfanta à Juda ! » (v. 12) : leur désir est que la famille de Boaz soit aussi influente que celle de leur ancêtre, le fils de Tamar. Ils mentionnent Tamar, non pour remémorer sa triste histoire, mais pour souligner sa volonté d'assurer une descendance dans la famille de Juda qui l'avait conduite à prendre entre ses propres mains la loi du rachat (Gen. 38)
            La postérité de Ruth, comme pour Perets, sera établie selon l'élection de la grâce.
 
            L'interdiction de faire entrer une Moabite dans le peuple de Dieu pouvait-elle être annulée par l'obligation de susciter une postérité à un mari mort sans enfant (Deut. 25 : 5-6) ? La grâce déployée par Boaz répond à cette question par l'affirmative !
 
 
                        2-2 : L'union et le fruit de la foi : v. 13
 
            Tout obstacle ayant été écarté, le jour des noces arrive : « Boaz prit Ruth, et elle fut sa femme ».
 
            Dans le pays de Moab, l'union de Makhlon avec Ruth avait été stérile et avait même conduit à la mort du mari (1 : 5 ; Deut. 23 : 3). Dans le pays de Juda, à Bethléhem, un enfant naît de l'union de Boaz avec Ruth.
 
            Devant cet héritier que la grâce de Dieu a donné, les femmes bénissent l'Eternel et l'appellent Obed. Ce nom signifie « serviteur », c'est-à-dire celui qui sert l'Eternel, au sens propre et aussi dans celui de rendre culte. Ce sont les deux aspects du service résumés dans le verset cité par Jésus à Satan, lors de la tentation au désert : « Tu rendras hommage au Seigneur ton Dieu, et tu le serviras lui seul » (Deut. 6 : 13 ; Matt. 4 : 10).
 
            La foi, comme le rachat, est liée au service (Eph. 2 : 8-10). Le service est lié à la louange (Ps. 116 : 16-19). La valeur du service ( symbolisé par Obed) s'élève jusqu'à Jésus Christ. Obed est en effet l'ancêtre non seulement du roi David (qui sera son petit-fils), mais finalement de Christ lui-même (Matt. 1 : 1-17).
 
            Ainsi le voeu apporté par ces femmes de foi au sujet d'Obed s'est réalisé en Jésus, le vrai serviteur, « le Fils de l'homme qui n'est pas venu pour être servi mais pour servir et pour donner sa vie en rançon pour plusieurs » (Marc 10 : 45).
 
 
                        2-4 : L'amertume de Naomi est changée en joie : v. 14-17
 
            Ruth, la belle-fille qui aime Naomi, vaut mieux pour elle que sept fils. Avec Obed, fruit de l'union de Boaz et de Ruth, Naomi ne manque plus dans sa famille de quelqu'un qui ait le droit de rachat (v. 14).
            Le désir des femmes de Bethléhem est que ce fils de Ruth soit pour Naomi un « restaurateur » de son âme et un « soutien de sa vieillesse » (v. 15). Le Seigneur Jésus, le grand pasteur des brebis (Héb. 13 : 20), n'est-il pas pour chaque croyant le Berger qui restaure l'âme (Ps. 23 : 3) ? Il est en même temps le Fils de Dieu qui soutient toutes choses par la parole de sa puissance (Ps. 55 : 22 ; Es. 41 : 10 ; Héb. 1 : 3).
 
           
            Naomi s'occupe d'Obed : c'est elle qui lui « tient lieu de nourrice » (v. 16). Les femmes peuvent dire : « Un fils est né à Naomi ! » (v. 17). Leur joie évoque ce que sera celle de l'Israël futur : « ils se réjouissent devant toi, comme la joie à la moisson, comme on est transporté de joie quand on partage le butin ». Anticipant la venue de Celui qui s'assiéra sur le trône de David, Esaïe s'exclame : « un enfant nous est né, un fils nous a été donné, et le gouvernement sera sur son épaule, et on appellera son nom : Merveilleux, Conseiller, Dieu fort, Père du siècle, Prince de paix » (Es. 9 : 3, 6).
 
 
 
 
            3- Le couronnement de la foi de Ruth : v. 18-22
 
 
            Une étrangère introduite par grâce dans les bénédictions du peuple de Dieu, tel est le couronnement de la foi de Ruth, la Moabite.
            La place qu'Elimélec a perdue par son manque de foi est donnée en grâce au fils de Ruth par Boaz, le rédempteur.
 
            Un bref tableau généalogique (v. 18-22) termine le livre de Ruth : il forme une conclusion remarquable à ce récit.
            Les dix générations données sans autre commentaire se divisent en 2 groupes :
                        - premier groupe de 5 générations : (Israël en Egypte et dans le désert)
                       depuis Juda (et Tamar) : Perets, Hetsron, Ram, Ammiona, Nakhshon
 
                        - deuxième groupe de 5 générations : (Israël dans le pays)
                        depuis Salmon (et Rahab) : Boaz et Ruth, Obed, Isaï, David (et Bath Shéba),    Salomon.
 
 
            Ainsi, Ruth prend place dans la lignée du Messie avec Tamar, Rahab et Bath-Shéba. En dépit de la misère de l'homme, les desseins de Dieu s'accomplissent, manifestant la puissance de sa grâce.
 
            Notre Seigneur a « surgi de Juda » (Héb. 7 : 14). « Le lion qui est de la tribu de Juda, la racine de David » (Apoc.5 : 5) est aussi « la racine et la postérité de David » (Apoc. 22 : 16).
            « Béni soit l'Eternel, Dieu, le Dieu d'Israël, qui seul fait des choses merveilleuses », est-il dit au sujet du divin Salomon (Ps. 72 : 18).
 
           
 
 
            Le livre de Ruth nous a présenté à la fois la misère de l'homme et l'immensité de la grâce de Dieu. En Boaz, type de Christ, nous est révélée cette grâce infinie : Jésus, le Rédempteur est Celui qui a le droit de racheter son peuple céleste et son peuple terrestre. Par sa mort sur la croix et sa résurrection, Il s'est acquis une Epouse, mais il rétablira aussi son peuple terrestre : « s'Il livre son âme en sacrifice pour le péché, Il verra une semence » (Es. 53 : 10), « une semence le servira » (Ps. 22 : 30).
            Alors que le livre des Juges avait montré la décadence du peuple d'Israël, celui de Ruth présente la grâce agissant en dépit des difficultés dans une scène de misère et de péché.
            On a pu écrire que « le petit ruisseau de la grâce que nous suivons dans l'histoire de Ruth aboutit à l'océan sans borne de la gloire éternelle ».