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MEDITATIONS SUR LE MINISTERE D'ELISEE (19)

 

« UN JUGEMENT SANS MISERICORDE »

Comment le refus de la grâce entraîne un jugement certain


Les enfants moqueurs
Guéhazi
Le capitaine incrédule



            Il y a trois cas de jugement sommaire dans le ministère d'Elisée. A la première lecture de ces récits nous sommes surpris et peut-être un peu choqués de trouver des malédictions mêlées avec des bénédictions, et de promptes rétributions allant de pair avec du support et de la compassion. Mais si nous les considérons soigneusement, nous serons convaincus qu'ils étaient justes et mérités, et qu'ils constituent de solennels avertissements pour nous.

 

Les enfants moqueurs

            « Il (Elisée) monta de là à Béthel ; et, comme il montait par le chemin, des petits garçons sortirent de la ville, et se moquèrent de lui, et lui dirent : Monte, chauve ! monte, chauve ! Et il se tourna en arrière et les vit, et il les maudit au nom de l'Eternel. Et deux ourses sortirent de la forêt, et déchirèrent d'entre eux quarante-deux enfants. Et, de là, il se rendit à la montagne de Carmel, d'où il s'en retourna à Samarie » (2 Rois 2 : 23-25).

            Cet incident s'est produit tout au début du ministère de la grâce, et immédiatement après la purification des eaux de Jéricho. Le peuple aurait dû avoir été impressionné par ce miracle, mais à Béthel ils ne l'ont pas été. Béthel a une histoire remarquable. Son nom signifie « la maison de Dieu », et c'est là que Jacob a rencontré Dieu pour la première fois. Plus que partout ailleurs dans le pays, l'homme de Dieu aurait dû y être le bienvenu ; mais au lieu de cela, même les enfants se moquent de lui, et les enfants, par leur conduite à l'extérieur de chez eux, montrent ce qu'a été leur éducation à la maison. Je ne doute pas du fait que ces enfants ont entendu leurs parents se moquer du prophète dans le privé, ils ont grandi sous une influence mauvaise et impie. Ce ne sont pas de « petits-enfants » dans le sens où nous entendons ce terme, mais des « jeunes garçons et jeunes filles » ; c'est d'ailleurs sans doute seulement des jeunes garçons, puisque le même mot est utilisé dans le chapitre 4 - « lorsque l'enfant grandit » -, et il y a aussi quelques occasions dans l'Ancien Testament où il est traduit par « jeunes hommes ». Ces enfants ont atteint l'âge de responsabilité, ils sont responsables de leurs actes. Ils ont fait leur choix, et rejeté l'homme caractérisé par la grâce. Le jugement qui les atteint n'est pas seulement un jugement sur leurs parents et sur la société profane dans laquelle ils ont évolué, mais également un jugement sur eux-mêmes.
            Leurs paroles moqueuses ne sont pas simplement de l'impertinence de jeunesse. « Monte, chauve. Monte, chauve », signifie plus que cela. C'est de leur part un rejet délibéré du représentant de Dieu. Cela signifie : Nous ne voulons de Dieu en aucune manière. Elie est monté là-haut, du moins c'est ce qu'on a raconté, toi va-t-en aussi, et laisse-nous tranquilles. - Les hommes de la génération du Seigneur ont montré le même état d'esprit : « A qui donc comparerai-je les hommes de cette génération, et à qui ressemblent-ils ? », dit-Il. « Ils ressemblent à de petits enfants assis sur la place du marché, qui crient les uns aux autres : Nous vous avons joué de la flûte et vous n'avez pas dansé ; nous vous avons chanté des complaintes et vous n'avez pas pleuré. Car Jean le Baptiseur est venu, ne mangeant pas de pain et ne buvant pas de vin, et vous dites : Il a un démon. Le Fils de l'homme est venu, mangeant et buvant, et vous dites : Voici un mangeur et un buveur, un ami des publicains et des pécheurs » (Luc 7 : 31-34). Elie et Jean sont venus sur le même terrain ; ils ont insisté sur les droits de Dieu à l'égard du peuple, et mis en évidence leur coupable rébellion envers Lui ; s'ils avaient prêté attention à leur ministère, leurs auditeurs auraient accueilli avec joie la grâce qui y succédait en Elisée, et par-dessus tout dans le Seigneur. Mais le peuple de Béthel haïssait le ministère d'Elie, il ne voulait pas entendre parler des droits de Dieu ou de leur rébellion, et ils ont été heureux lorsqu'il est parti au ciel. Ils souhaitent qu'Elisée parte, lui aussi ; ils ne veulent pas entendre parler de la bonté de Dieu ; cela leur est aussi déplaisant que d'entendre parler de ses justes exigences. Ils ne veulent de Dieu en aucune manière. Que reste-t-il aux hommes qui ne peuvent pas faire face aux exigences de Dieu et qui ne veulent pas de sa grâce ? Rien d'autre que le jugement. Ce fait solennel nous est enseigné très tôt au cours de l'histoire de l'homme. Dieu a dit à Caïn : « Si tu fais bien, ne seras-tu pas agréé ? Et si tu ne fais pas bien, le péché est couché à la porte » (Gen. 4 : 7). Si Caïn avait été un homme juste, accomplissant la volonté de Dieu et répondant à toutes ses exigences saintes et bonnes, il aurait été accepté sur la base de ses propres mérites ; mais il était un pécheur, et ne pouvait réclamer quoi que ce soit sur ce terrain-là. Or Dieu avait ordonné un moyen par lequel des hommes pécheurs pouvaient être justifiés et sauvés. Il avait fourni le sacrifice pour le péché, montrant en cela sa grâce. Tout ceci est clairement enseigné dans l'épître aux Romains (3 : 19-26). Caïn a rejeté le moyen donné par Dieu pour sa bénédiction, il ne restait rien d’autre pour lui que le jugement de Dieu.
            Ces jeunes gens sont heureux d'être débarrassés d'Elie, qui a mis l'accent sur les exigences divines, et ils ne veulent pas d'Elisée, qui apporte la grâce. Or, lorsque la grâce est rejetée, le jugement doit avoir son cours. Il n'agit pas toujours aussi soudainement qu'à Béthel, car Dieu est patient et plein de pitié, mais ce jugement doit suivre son cours. En effet, que peut faire Dieu envers ceux qui sont incapables de répondre à ses exigences, et qui ne veulent pas de sa grâce qui pardonne en Christ ? Je sais que les peines éternelles sont une vérité très impopulaire, mais rien d'autre ne reste pour ceux qui rejettent le salut de Dieu. Dieu a fait tout ce qui était possible, sa sagesse, sa puissance et son amour ont été déployés dans leur divine perfection en Jésus le Sauveur, et il n'y a pas d'autre moyen de salut. Les hommes sont incapables d'en élaborer un, et Dieu ne peut en fournir un autre.

 

Guéhazi

            « Guéhazi, le jeune homme d''Elisée, homme de Dieu, dit : Voici, mon maître a épargné Naaman, ce Syrien, en ne prenant pas de sa main ce qu'il avait apporté ; l'Eternel est vivant, si je ne cours après lui, et si je ne prends de lui quelque chose ! Et Guéhazi poursuivit Naaman : et Naaman vit qu'il courait après lui ; et il descendit de son char à sa rencontre, et lui dit : Tout va-t-il bien ? Et il dit : Bien. Mon maître m'a envoyé, disant : Voici, dans ce moment, deux jeunes hommes d'entre les fils des prophètes sont venus vers moi, de la montagne d'Ephraïm ; donne-leur, je te prie, un talent d'argent et deux vêtements de rechange » (2 Rois 5 : 20-22).

            Guéhazi était un homme possédant une grande connaissance et extraordinairement privilégié. Il aurait dû être un homme heureux, puisqu'il servait l'homme de Dieu qui pouvait faire appel aux ressources de Dieu à tout moment en cas de besoin. Mais lorsque vient le temps de la mise à l'épreuve, il est pris au dépourvu. Tout ce dont il semble se préoccuper est son propre enrichissement, et il fait des plans en vue de faire tourner la bonté de Dieu à son propre avantage. Son coeur est rempli de convoitise. Il dit : « Voici, mon maître a épargné Naaman, ce Syrien... L'Eternel est vivant, si je ne cours après lui, et si je ne prends de lui quelque chose ! » (v. 20). Il ne peut pas comprendre le désir d'Elisée que Naaman sache qu'il y a un Dieu en Israël, et que ce Dieu donne libéralement ce qui n'a pas de prix. Il ne se réjouit pas dans la grâce, et voudrait qu'Elisée et que son Dieu soient aussi avides de posséder que lui.
            Comme son avarice rend ses pieds agiles ce jour-là ! C'est ainsi que Naaman, s'émerveillant encore de la manière dont l'homme de Dieu a agi, le voit accourir. Et humble et reconnaissant comme il est, Naaman descend de son chariot pour aller à sa rencontre. Il se trouve face à un homme menteur et avide, un homme dont le cœur est resté inchangé malgré toute la grâce d'Elisée. Il lui donne autant qu'il veut, et Guéhazi se trouve plus riche que ce que son méchant cœur n'avait espéré. Mais il altère la grâce et obscurcit la révélation que le Syrien a reçue de Dieu ce jour-là.
            Malheureux homme, il ne profite pas longtemps de ses biens mal acquis. Elisée le sait, son cœur est allé avec son malheureux serviteur, il a assisté avec tristesse à toute la transaction. « Est-ce le temps de prendre de l'argent, et de prendre des vêtements, et des oliviers, et des vignes, et du menu et du gros bétail, et des serviteurs et des servantes ? » (v. 26). Devons-nous agir en contradiction avec cette grâce de Dieu qui se déverse si librement sur ceux qui sont dans le besoin, nous enrichir grâce à elle, et la réduire à une transaction commerciale ? Voilà le péché de l'Eglise dans ces jours de la fin, un péché dont elle se vante sans honte : « Je suis riche, je me suis enrichi,  je n'ai besoin de rien » (Apoc. 3 : 17). « Je connais tes œuvres », dit le Seigneur, « je vais te vomir de ma bouche » (v. 15-16). Ici aussi le châtiment est terrible : « La lèpre de Naaman s'attachera à toi et à ta descendance pour toujours. Et Guéhazi sortit de devant lui, lépreux, [blanc] comme la neige » (v. 27). Tel est le jugement de Dieu qui s'abat sur l'homme qui a outragé la grâce de Dieu. Nous lisons, au sujet d'hommes de cette sorte, dans la courte épître de Jude : « Certains hommes se sont insinués, inscrits jadis à l'avance pour ce jugement, des impies, qui changent la grâce de notre Dieu en débauche, et qui renient notre seul Maître et Seigneur, Jésus Christ » (Jude 4).

 

Le capitaine incrédule

            « Le capitaine avait répondu à l'homme de Dieu, et avait dit : Voici, quand l'Eternel ferait des fenêtres aux cieux, pareille chose arriverait-elle ? Et il dit : Voici, tu le verras de tes yeux, mais tu n'en mangeras pas. Et il lui en arriva ainsi : le peuple le foula aux pieds dans la porte, et il mourut » (2 Rois 7 : 19-20).

            Le capitaine sur la main duquel le roi de Samarie s'appuie, est un moqueur. Lorsque Elisée annonce la délivrance et l'abondance pour le peuple de Samarie frappé par la famine, il tourne cela en plaisanterie. Voilà quel est son grand péché, et il découle de l'incrédulité qui est dans son cœur. « Voici », dit-il, « quand l'Eternel ferait des fenêtres aux cieux, cela arriverait-il ? » (v. 2). Ce qui veut dire : Elisée, nous ne te croyons pas. - On trouve beaucoup d'incidents dans les récits de l'Ancien Testament qui nous montrent qu'on ne joue pas avec Dieu, et que sa Parole doit se réaliser, mais il n'y en a pas de plus dramatique et frappant que celui-ci : « Voici », lui dit Elisée, « tu le verras de tes yeux, mais tu n'en mangeras pas » (v. 19). Et c'est bien ce qui se produit pour lui, car il est commis à la garde de la porte alors que de grandes provisions sont portées à l'intérieur de la ville depuis le camp des Syriens, de sorte que le peuple le piétine dans la porte et il meurt, comme l'homme de Dieu l'avait dit. Le fait est rapporté à deux reprises, et l'histoire se termine là-dessus. Ces trois mots solennels : « Et il mourut », résonnent à nos oreilles et occupent nos pensées alors que nous fermons le livre. Ils sont là pour nous mettre en garde et nous avertir solennellement contre l'incrédulité. « Celui qui aura cru et qui aura été baptisé sera sauvé ; celui qui n'aura pas cru sera condamné » (Marc 16 : 16), voilà des paroles qui leur font écho dans le Nouveau Testament, paroles prononcées, non par un ange, ou même un apôtre, mais par le Seigneur lui-même. Sages sont ceux qui écoutent ses paroles et qui en tiennent compte.

            Ainsi, ces trois cas de jugement sont rapportés pour notre instruction, nous enseignant qu'on ne se moque pas de Dieu (Gal. 6 : 7), que chacun doit rendre compte pour lui-même à Dieu, et que lorsque la grâce est rejetée il ne reste rien d'autre que le jugement.
            Qu'aucun de mes lecteurs ne rejette la grâce de Dieu, ne change celle-ci en laxisme, ou ne refuse de lui accorder du crédit, car ceux qui font de telles choses doivent partager un sort commun. « C'est pourquoi, Dieu leur envoie une énergie d'erreur pour qu'ils croient au mensonge, afin que soient jugés tous ceux qui n'ont pas cru la vérité, mais qui ont pris plaisir à l'injustice » (2 Thes. 2 : 11-12).

 

D'après J.T. Mawson

A suivre