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APERCU  DU  LIVRE  DE  JOSUE (12)


LE  PARTAGE  DU  PAYS  (chapitres 13 et 14)
            Canaan, un don de Dieu à son peuple
            Les tribus qui restaient à pourvoir
            Les règles du partage
            Les tribus les plus empressées à prendre possession de leur héritage
            Le partage complémentaire


LE  PARTAGE  DU  PAYS  (chapitres 13 et 14)

                        Canaan, un don de Dieu à son peuple

            La terre appartient à l’Eternel (Ex. 9 : 29), qui la distribue comme Il veut. C’est ainsi que, dans sa souveraineté, Dieu a destiné le sol de Canaan à la postérité d’Abraham (Gen. 12 : 7). Puisque le pays est conquis, le peuple doit s’y établir et jouir pleinement de toutes ses ressources : « Vous prendrez possession du pays, et vous y habiterez, car je vous ai donné le pays pour le posséder » (Nom. 33 : 53).
            Dieu charge Josué d’effectuer le partage du pays et de pourvoir chaque tribu de son territoire (13 : 7). Comme nous le verrons plus loin, ce partage se fera en deux temps : une première fois à Guilgal (14 : 6) et une deuxième fois à Silo (18 : 1).
 

                        Les tribus qui restaient à pourvoir

            a) Le chapitre 1 nous a rappelé que les tribus de Ruben, de Gad et la demi-tribu de Manassé avaient déjà reçu leur part à l’est du Jourdain (13 : 8 ; Nom. 32 : 16-32).

            b) En outre, Dieu avait fait savoir à Moïse, puis à Josué, que la postérité de Lévi ne recevrait pas de territoire en Canaan, mais seulement des villes éparpillées dans tout le pays : « A la tribu de Lévi seule il (Josué) ne donna point d’héritage » (13 : 14).

            c) En revanche, les deux fils de Joseph, Ephraïm et Manassé devaient être dotés chacun d’une part. Jadis, Joseph sauva le peuple d’Israël. Dieu s’en souvint et le bénit et lui accorda une postérité nombreuse (17 : 14-17), accomplissant ainsi la prophétie de Jacob : « Joseph est une branche qui porte du fruit » (Gen. 49 : 22). De plus, et en accord avec la prophétie de Genèse 48 : 22, l’Eternel promit de lui accorder la double part qui revenait d’ordinaire à l’aîné et que Ruben avait perdue à cause de son inconduite. La descendance de Joseph reçut donc un double héritage (un pour Manassé et un pour Ephraïm).

            d) D’après ce qui précède, neuf tribus et demie doivent se partager la Palestine proprement dite, à l’ouest du Jourdain (13 : 7).

            Voici la liste de ces tribus :

                    Siméon ; Dan ; Issacar
                    Juda ; Aser ; Nephtali
                    Ephraïm ; Benjamin ; Zabulon
                    La demi-tribu de Manassé
 

                        Les règles du partage

            Les partages d’héritage sont très souvent la source de graves conflits, même dans les familles chrétiennes apparemment les plus unies. Ici, la distribution des territoires, chose fort délicate, devait se faire dans les meilleures conditions possibles pour donner satisfaction à l’ensemble des tribus et surtout mettre Josué à l’abri de tout reproche.
            Josué eut la sagesse de ne prendre aucune initiative pour mener à bien cette tâche délicate, mais il se conforma aux ordres reçus d’en-haut. C’est Dieu lui-même qui fixa les conditions de ce difficile partage.

                                    Première règle

            La dimension du territoire attribué à chaque tribu est en fonction de sa population. Autrement dit, les tribus les plus nombreuses recevront les plus grandes parts ; car il serait injuste de les mettre à l’étroit tandis qu’on doterait une poignée d’hommes d’un vaste pays. « Vous recevrez le pays en héritage par le sort, selon vos familles : à ceux qui sont nombreux, vous augmenterez l’héritage, et à ceux qui sont peu nombreux, vous diminuerez l’héritage » (Nom. 33 : 54).
            Josué respecta ce principe d’équité. L’expression selon leurs familles, répétée pour chaque tribu (13 : 15, 24, 29 ; 15 : 20 ; 16 : 5, etc), signifie : selon le nombre et l’importance des familles qui composent chaque tribu (voir Nomb. 26 : 53 et 33 : 54 : selon leur famille = selon le nombre des noms).
            Les fils de Joseph, Ephraïm et Manassé, furent les seuls à se plaindre. Très nombreuses, ces tribus prétendirent avoir reçu trop peu : « Les fils de Joseph parlèrent à Josué, disant : Pourquoi m’as-tu donné en héritage un seul lot et une seule part, à moi qui suis un peuple nombreux… ? » (17 : 14).
            Ce reproche était injustifié car les fils de Joseph reçurent un territoire suffisant, mais leur paresse et leur incrédulité les empêchaient d’en prendre entièrement possession. Josué leur conseille de défricher la montagne d’Ephraïm, couverte de forêts (v. 15) et de chasser eux-mêmes les Cananéens de la plaine, sans se laisser intimider par « leurs chars de fer ». La paresse ou le doute nous privent toujours de la pleine jouissance des biens de Dieu (17 : 17). Cet incident met en relief l’impartialité de Josué car, membre d’Ephraïm, il n’accorda pas de faveur à sa propre tribu.

                                    Deuxième règle

            Les parts sont tirées au sort. Les régions d’un pays sont inévitablement d’inégale valeur. En Palestine, plus qu’ailleurs, apparaissent les différences lorsqu’on compare, par exemple, la plaine fertile de Jéricho à la contrée quasi désertique du sud. Pour éviter tout conflit, Dieu ordonne le tirage au sort devant la tente d’assignation (18 : 6 ; 19 : 51). Sage mesure. Ainsi tout Israël sait que la distribution des parts n’est pas l’affaire de Josué, mais celle d’un Dieu souverain. Il n’y a donc qu’à se soumettre dans la reconnaissance à ce qu’Il a dit : « Seulement, répartis par le sort ce pays en héritage à Israël, comme je te l’ai commandé » (13 : 6).
            Josué se conforma à l’ordre de l’Eternel : « Josué jeta le sort pour eux, à Silo, devant l’Eternel » (18 : 10). Le Tabernacle avait été dressé à Silo (18 : 1).
            Dieu ne distribua pas les parts de façon aléatoire. Il tint compte des désirs et des besoins de chacun, mais surtout de la conduite des fils de Jacob, en accord avec la prophétie de Genèse 49 qu’Il avait inspirée (à ce sujet, des précisions seront fournies dans l’étude suivante).

                                    Troisième règle

            Chaque tribu doit s’intéresser au partage et prendre possession de son territoire. Dieu ne donne rien aux négligents ou aux passifs. A cause de l’inertie de certaines tribus, le partage dut se faire en deux temps : d’abord à Guilgal et ensuite à Silo (14 : 6 ; 18 : 1).

                   a) Juda et Joseph (Ephraïm et Manassé), les deux tribus rivales, furent les premières à prendre possession de leur sol. Cet empressement s’explique par la présence des deux hommes de Dieu : Caleb, le chef de la tribu de Juda (Nom. 34 : 19), et Josué, l’ancien chef de la tribu d’Ephraïm (Nom. 13 : 8). Ces hommes énergiques prirent sans aucun doute l’initiative d’agir (ch. 14).

                   b) Les autres tribus (18 : 2) se montrèrent négligentes, perdirent du temps et s’attirèrent les reproches de Josué : « Josué dit aux enfants d’Israël : Jusques à quand vous porterez-vous lâchement à aller prendre possession du pays que l’Eternel, le Dieu de vos pères, vous a donné ? » (18 : 3).
            Précieuse leçon qui nous incite à sortir de notre passivité pour recevoir tout ce que Dieu nous donne en partage.

                                    Quatrième règle

            Le tracé des parts est fait par des membres de chaque tribu et non par Josué. « Choisissez-vous trois hommes par tribu, et je les enverrai ; et ils se lèveront, et ils parcourront le pays, et ils en feront le relevé selon la proportion de leur héritage, puis ils viendront vers moi » (18 : 4). « Vous ferez le relevé du pays en sept parts, et vous me l’apporterez ici » (18 : 6). Ce qui fut chose faite (18 : 9).

                                    Conclusion

            Toutes ces mesures étaient sages, parce qu’elles mettaient Josué à l’abri des reproches et satisfaisaient l’ensemble des tribus d’Israël. Ce difficile partage n’engendra aucun conflit. Il fut équitable, impartial, sans fausse note car, en définitive, il était l’œuvre de Dieu. Bien des problèmes douloureux seraient évités lors de partages d’héritage si l’on prenait de telles précautions.

 

                        Les tribus les plus empressées à prendre possession de leur héritage

            Un premier partage eut lieu à Guilgal et concerna seulement les deux plus importantes tribus, Juda et Joseph, pour la seule raison qu’elles montrèrent beaucoup d’empressement à recevoir leur territoire respectif - empressement qui apparaît dans la phrase : « Les fils de Juda s’approchèrent de Josué » (14 : 6). A cause de cela, le pays de Canaan fut divisé en deux parties : Juda obtient le sud, et Joseph (Ephraïm et Manassé) le nord. La ligne frontière passait par Jéricho, Béthel, Beth-Horon et Guézer.

                                    La tribu de Juda

            Le chapitre 15 fournit des détails sur le vaste territoire qui leur fut alloué : les versets 2 à 12 en fixent les limites, et les suivants (v. 21 à 63) donnent la liste des villes importantes qui leur échurent. Dans cette énumération, l’auteur sacré suit un ordre remarquable. Il adopte quatre grandes divisions et indique successivement :
                   - Les villes du Midi (ou Néguev) sur les frontières d’Edom (v. 21-32).
                   - Celles du pays plat appelé aussi plaine de Séphéla (v. 33-47).
                   - Celles de la montagne (v. 48-60).
                   - Celles du désert (v. 61-62).

            C’est à l’occasion de ce partage que Caleb, âgé de 85 ans, demanda et obtint Hébron. Les motifs de sa requête sont touchants. Cette région était peuplée de géants redoutables (les Anakim), retranchés derrière de puissantes forteresses (14 : 12). Il fallait un homme de foi pour en venir à bout… et c’est Caleb qui se proposa, demandant comme une faveur de chasser ces peuplades. Celui qui, jadis, parla de victoire à un peuple effrayé par les Anakim (Nom. 13 : 28-30) les mit en déroute avant de mourir : Caleb chassa les trois fils d’Anak (Jug. 1 : 20).

                                    Les tribus de Joseph (Ephraïm et Manassé)

            Elles occupèrent le nord du pays. Le chapitre 16 fixe les limites de la part d’Ephraïm et le chapitre 17 celles de la demi-tribu de Manassé (l’étude suivante parlera plus en détails de ces deux territoires).

 

                        Le partage complémentaire

            Les sept autres tribus ne furent pas pourvues à cause de leur négligence ; aussi, Josué le leur reprocha-t-il publiquement à Silo, lorsque se fit le nouveau partage (18 : 1). Dans ce partage complémentaire, il faut retenir que les tribus de Juda et de Joseph restèrent dans leurs limites, au sud pour Juda et au nord pour les fils de Joseph (18 : 5).
            Seule la frontière commune fut changée. Les tribus de Dan et de Benjamin s’installèrent entre les deux grandes familles rivales et ainsi servirent de tampon, prévenant d’éventuels affrontements. C’est ainsi que Jérusalem passa des fils de Juda aux Benjaminites (15 : 63 ; 18 : 28) : « Le territoire de leur lot leur échut entre les fils de Juda et les fils de Joseph » (18 : 11).
            Le partage s’acheva bientôt, et chacun reçut de Josué le territoire qui lui était échu (18 : 10). Chaque tribu en prit possession et s’y installa. Ainsi finissait la vie patriarcale et nomade de tout un peuple : « Et l’Eternel donna à Israël tout le pays qu’il avait juré de donner à leurs pères ; et ils le possédèrent, et y habitèrent » (21 : 43).

 

D'après A. Adoul

 

A suivre