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LES  QUATRE  STELES  DE  JACOB


Le chemin d'un fugitif et son retour
La stèle de Béthel - celle de la fidélité de Dieu (Gen. 28 : 10-22)
La stèle de la montagne de Galaad - celle de la puissance protectrice de Dieu (Gen. 31 : 45-54)
Une nouvelle stèle à Béthel - celle de la sainteté et de la grâce de Dieu (Gen. 35 : 1-15)
La stèle sur le chemin de Bethléhem - celle du deuil (Gen. 35 : 16-20)

 

Le chemin d'un fugitif et son retour

            Dans l'Ancien Testament, les récits de la vie d'Abraham, d'Isaac et de Jacob ont une signification toute particulière et ils contiennent de nombreuses instructions pratiques pour nous. La relation personnelle de ces patriarches avec Dieu était caractérisée par le fait qu'ils le connaissaient comme le Dieu Tout-puissant. Il s'était révélé à eux sous ce caractère. Plus tard, lorsque Dieu est apparu à Moïse, il s'est présenté comme « le Dieu d'Abraham, le Dieu d'Isaac et le Dieu de Jacob » (Ex. 3 : 6). C'est une chose bien digne de remarque que Dieu se donne un nom en relation avec des hommes, avec de simples mortels. De cette façon, Il appelle notre attention sur ses voies envers eux. Par les nombreux épisodes de leur vie mouvementée qui nous sont rapportés, le Saint Esprit place devant nous, sous forme d'ombres et de figures, quelque chose des plans et des desseins de Dieu concernant un temps futur. De plus, en lisant ces récits, nous pouvons aussi découvrir ce qu'il y a dans le cœur de notre Dieu et conclure, comme David : « L’Eternel est miséricordieux, et plein de grâce, lent à la colère et d'une grande bonté » (Ps. 103 : 8).
            Nous désirons maintenant nous occuper un peu d'une période particulière de la vie de Jacob, celle qui a commencé par sa fuite devant Esaü et qui s'est terminée par son retour à Hébron (Gen. 28 à 35). Nous considérerons les événements qui ont eu lieu en quatre endroits différents et qui ont eu une signification spéciale pour lui. Sous l'impression de ce qui s'y est passé, Jacob a érigé chaque fois une stèle. Sans aucun doute a-t-il voulu consacrer ces stèles à Dieu : deux fois il a versé de l'huile dessus. Elles devaient être un rappel permanent de l'intervention du Dieu Tout-puissant, de sa bonté et de sa grâce envers Jacob.


La stèle de Béthel - celle de la fidélité de Dieu (Gen. 28 : 10-22)

            Voyageur solitaire, Jacob, devenu par sa faute un sans-patrie, s'en va le bâton à la main, par-delà les montagnes de la Judée. Son but est Paddan-Aram, le lieu où habite son oncle Laban. Là, selon le conseil de sa mère, il doit se chercher une femme.
            En fait, il est en fuite devant son frère Esaü, auquel il a volé le droit d'aînesse et qui est prêt à le tuer. Jacob arrive en un lieu où il cherche un abri pour la nuit. « Le soleil était couché » (v11). Une nuit obscure tombe sur le pays, et nous pouvons penser aussi à l'obscurité qui envahit le cœur du fugitif dont la conscience n'est pas à l'aise. Obligé de passer la nuit en pleins champs, il prend une pierre pour en faire son chevet. Alors Dieu lui apparaît en songe. Jacob voit une échelle dressée sur la terre et les anges de Dieu qui montent et descendent sur elle. L'Eternel se tient sur l'échelle et lui parle : « Je suis l'Éternel, le Dieu d'Abraham, ton père, et le Dieu d'Isaac ; la terre, sur laquelle tu es couché, je te la donnerai, et à ta semence... Et voici, je suis avec toi ; et je te garderai partout où tu iras, et je te ramènerai dans cette terre-ci, car je ne t'abandonnerai pas jusqu'à ce que j'aie fait ce que je t'ai dit » (v. 13-15). Jacob se réveille et discerne que Dieu lui a parlé. « Certainement, l'Eternel est dans ce lieu, et moi je ne le savais pas » (v. 16). Il a peur et ajoute : « Que ce lieu-ci est terrible ! » (v.17).
            La solitude et l'obscurité ont fait place, pour un moment, à la lumière de la présence de l'Eternel. Dieu avait couvert « de ses plumes » cet homme coupable, mais cependant croyant, et il avait trouvé « un refuge » « sous ses ailes » (Ps. 91 : 4). Quant à ne pas avoir « peur des frayeurs de la nuit » (91 : 5), Jacob l'apprendra plus tard, dans la communion de son Dieu. Les paroles que Dieu adresse à Jacob sont touchantes et parlent à nos cœurs. Il n'y a aucun reproche, seulement des paroles de grâce et le rappel des promesses faites à ses pères.
            Oui, Dieu est plein de grâce, miséricordieux et grand en bonté. Sa manière d'agir ici porte nos pensées sur une parole de la seconde épître à Timothée : « Si nous sommes infidèles, lui demeure fidèle, car il ne peut pas se renier lui-même » (2 : 13). Dieu ne pouvait certes pas approuver les manquements de Jacob, mais il demeure fidèle à lui-même. Si nous considérons ses voies ultérieures envers Jacob, nous apprenons que, dans cette fidélité, comme le Dieu saint, il a dû exercer envers Jacob une discipline souvent douloureuse, mais en vue de sa restauration. « Celui que le Seigneur aime, il le discipline, et il fouette tout fils qu’il agrée » (Héb. 12 : 6).
            Jacob fait alors trois choses. Il prend la pierre sur laquelle il avait reposé sa tête et il la dresse comme une stèle. Puis il verse de l'huile sur elle et la consacre ainsi à Dieu. Troisièmement, il change le nom du lieu - qui jusqu'alors était Luz. Impressionné par le fait que l'Eternel est présent dans ce lieu, il l'appelle Béthel - c'est-à-dire maison de Dieu.


La stèle de la montagne de Galaad - celle de la puissance protectrice de Dieu (Gen. 31 : 45-54)

            Vingt années se sont écoulées. Jacob est sur le chemin du retour vers le pays de Canaan. Dieu lui a dit : « Retourne au pays de tes pères et vers ta parenté, et je serai avec toi » (v. 3). Jacob a derrière lui des années pénibles. Sans aucun égard, Laban a exploité son neveu, berger plein de talent. Mais cela n'a pas échappé au regard de Dieu : « J'ai vu, lui dit-il, tout ce que t'a fait Laban » (v. 12). Bien sûr, dans le comportement de cet homme, nous discernons la main de Dieu en discipline sur Jacob. Néanmoins il est encourageant pour nous de voir comment Dieu prend connaissance de nos circonstances et entre dans nos peines, même si elles résultent de l'exercice de sa discipline. Dieu dit à Jacob : « Je suis le Dieu de Béthel, où tu oignis une stèle, où tu me fis un voeu. Maintenant... retourne au pays de ta parenté » (v. 13). Jacob se lève et obéit.
            Malheureusement, son départ prend l’allure d’une fuite. Au lieu de se confier en Dieu pour veiller sur sa séparation d'avec Laban, il part en secret. On comprend que Laban, homme cupide, pouvait ne pas être d'accord avec ce départ ; il signifiait pour lui une perte en argent et en bétail. Il poursuit donc Jacob avec de mauvaises intentions et l'atteint sur la montagne de Galaad.
            Jacob apprend alors que Dieu était intervenu en sa faveur. Il est apparu à Laban dans un songe pour l'avertir : « Garde-toi de parler à Jacob, ni en bien, ni en mal » (v. 24, 29). Sous l'influence de cette parole, Laban se résout à faire une sorte d’alliance avec Jacob, qui concrétise leur séparation définitive. Et comme témoin de cet accord, des pierres sont amassées et érigées pour former un monument. « Ce monceau sera témoin... que moi je ne passerai point ce monceau pour aller vers toi, et que toi, tu ne passeras point ce monceau... pour venir vers moi, pour faire du mal » (v. 52). A côté de ce monceau, Jacob avait en outre dressé une pierre en stèle (v. 45). Le sens et la signification du nom donné par Jacob à ce monument - Galhed, le monceau du témoin - n'ont certainement jamais été compris par Laban, homme idolâtre.
            Cet événement sur la montagne de Galaad nous rappelle une parole de l'apôtre Paul : « Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? » (Rom. 8 : 31). Dieu se tenait au-dessus de la scène et, dans sa providence, conduisait les circonstances de telle sorte que les mauvaises intentions de Laban soient déjouées. En outre, Dieu voulait amener une séparation définitive entre ces deux hommes. En effet, il ne peut y avoir aucune « communion entre la lumière et les ténèbres », et le croyant n'a aucune part avec l'incrédule (voir 2 Cor. 6 : 14-15).
            Ce qui s'est passé là a été pour Jacob une borne significative sur son chemin de retour vers Canaan - un retour intérieur et extérieur. Quant à Laban, il nous est dit qu'il « retourna en son lieu ». Rien n'a changé pour lui ; il est demeuré ce qu'il était. Mais « Jacob alla son chemin », sous la protection de Dieu et de ses anges (31 : 55 ; 32 : 1-2). C'était le chemin vers Béthel, la maison de Dieu.


Une nouvelle stèle à Béthel - celle de la sainteté et de la grâce de Dieu (Gen. 35 : 1-15)

            Nous avons suivi Jacob sur le chemin qui l'a ramené en Canaan, « le pays de ses pères ». Après la séparation d'avec Laban, il y a eu la rencontre avec son frère Esaü, sujet d'une terrible angoisse, mais expérience d'une délivrance venant de Dieu (chap. 32 et 33). A Peniel, Jacob a appris à ne pas se confier dans ses propres forces. Dieu, qui incline les cœurs comme « des ruisseaux d'eau » (Prov. 21 : 1) a opéré la réconciliation relative des deux frères. Jacob s'approche de la frontière du pays et arrive à Succoth, puis à Sichem. Il dresse son campement près de la ville et s'arrête là pour un certain temps, ce qui est la cause d'une nouvelle détresse - une sombre histoire rapportée pour notre avertissement. La fille de Jacob, Dina, qui pouvait avoir 17 ans, s'en va par curiosité à la ville toute proche. Elle voulait « voir les filles du pays » (34 : 1). Mais elle est vue par un jeune fils de prince qui « l'humilie ». Des conséquences tristes et nombreuses s'ensuivent pour toute la famille de Jacob. Ses frères sont « très irrités » à cause de cette « infamie », et ne craignent pas d'accomplir un acte de vengeance cruel sous prétexte d'une certaine moralité : « Traitera-t-on notre sœur comme une prostituée ? », disent-ils. Siméon et Lévi tuent tous les mâles de la ville, de même que l'homme qui avait déshonoré Dina. Et les fils de Jacob pillent la ville. Jacob est épouvanté devant le déroulement d'événements qu'il n'approuve pas (Gen. 49 : 5-7).
            Mais Dieu intervient dans cette situation de détresse : « Lève-toi, monte à Béthel, et habite là » (35 : 1). Cela rappelle les paroles du Sauveur : « Venez à moi, vous tous qui vous fatiguez et qui êtes chargés » (Matt. 11 : 28). A Peniel, Dieu avait donné à Jacob le nom d'Israël  - prince de Dieu (32 : 28), mais le patriarche devait apprendre par la triste affaire de Sichem qu'il était toujours un « Jacob » et qu'il y a du mal parmi les membres de sa famille. Il est certainement passé à ce moment par de profonds et douloureux exercices. Il a pris conscience qu'une purification de sa maison était nécessaire et que « les dieux étrangers » qui s'y trouvaient devaient être ôtés. Ces objets sont enterrés sous un térébinthe à Sichem ; Jacob monte à Béthel avec toute sa maison et y dresse un autel pour rendre grâces à son Dieu (v. 7). Celui-ci lui apparaît encore une fois, le bénit et se révèle à lui comme le Dieu Tout-puissant (v. 9-11). Il répond ainsi à ce que Jacob avait déjà fortement désiré à Peniel. Alors Jacob érige à nouveau une stèle et exprime sa profonde joie en répandant une libation dessus. De plus, il appelle maintenant le lieu El-Béthel - Dieu de la maison de Dieu. Pour lui le « Dieu de la maison » était devenu plus important que la maison elle-même.
            Pendant de longues années, Dieu s'était servi de l'oncle de Jacob comme verge pour le discipliner. Jacob devait récolter d'une manière douloureuse ce qu'il avait semé. Mais notre Dieu a toujours en vue « le bien » de ceux qui sont venus à lui par la foi. Ses voies en discipline envers nous proviennent de son cœur aimant. Il discipline, non pas comme les pères terrestres, « comme ils le trouvent bon », mais comme un Père dont l'amour est parfait. Il le fait « pour notre profit, afin que nous participions à sa sainteté » (Héb. 12 : 7-11). Le récit que nous avons considéré nous enseigne qu’une communion sereine avec Dieu suppose la sainteté pratique. Ici Dieu avait atteint ce but avec Jacob : il s'était révélé à lui à Béthel et l'avait amené en communion avec lui, dans la mesure où cela était possible en ce temps-là. Qu'en est-il de nous à cet égard ? Dieu, notre Père, nous aime trop pour que ce qui empêche la jouissance pratique de la communion avec lui puisse lui être indifférent. Ainsi cette stèle de Béthel témoigne de la sainteté pratique que nous avons à poursuivre, et de la merveilleuse grâce de Dieu.


La stèle sur le chemin de Bethléhem - celle du deuil (Gen. 35 : 16-20)

            Jacob est maintenant de retour au pays de ses pères. Mais il y avait encore pour lui « quelque espace de pays pour arriver à Ephrath ». Sur la traite qu'il nous reste à parcourir jusqu'à ce que nous soyons arrivés au but de notre voyage, il peut y avoir des afflictions particulièrement douloureuses. C'est ce dont Jacob fait l'expérience. Rachel, son épouse bien-aimée, meurt sur ce chemin. Elle doit être enterrée sur le « chemin d'Ephrath, qui est Bethléhem », ce qui, en plus de la douleur de la perte, ajoute à sa tristesse. Il aurait certes préféré l'enterrer dans la caverne de Macpéla, le sépulcre de ses pères (voir Gen. 47 : 30 ; 49 : 29-33). En souvenir de ce douloureux événement, Jacob érige une stèle sur le sépulcre de Rachel (35 : 20).
            Lorsque nous mettons ce récit de la mort de Rachel en relation avec ce qui nous est rapporté en Genèse 31 : 32, nous sommes placés devant quelque chose de très solennel. En s'en allant de la maison de son père, Rachel avait volé une idole à Laban, ce que Jacob ne savait pas. En plus elle s'était rendue coupable d'un grave mensonge. Jacob avait dit à Laban : « Qu'il ne vive pas, celui auprès de qui tu trouveras tes dieux ! ». Il ne nous appartient pas de chercher à comprendre de quelle manière Dieu exerce son gouvernement. Sa voie est dans le lieu saint (Ps. 77 : 13). Il sait mieux que nous ce qu'il nous faut. Il est souverain pour utiliser la discipline, ou pour éprouver la foi, ou encore pour associer les deux ensemble. Dans chaque cas, il en résulte des afflictions. Pour Jacob, la perte de sa Rachel aimée par-dessus tout a été une chose qu'il n'a jamais oubliée (Gen. 48 : 7). La mort qui sépare deux personnes qui sont « une seule chair » est une des conséquences les plus amères qui résulte du fait que le péché est entré dans le monde.
            Cependant, en présence de la mort et du sépulcre, nous trouvons une expression hardie de la foi chez ce patriarche. Il appelle l'enfant nouveau-né « Benjamin », c'est-à-dire « fils de ma droite ». Jacob s'appuie sur la promesse de Dieu et nous discernons aujourd'hui en Benjamin un beau type de Celui qui régnera en puissance, notre Seigneur Jésus Christ.
            La fin du chapitre nous rapporte comment Jacob vient à Hébron, l'ancienne habitation de ses pères. Sur le court trajet de Béthel à Hébron, le patriarche doit faire l'expérience, de trois manières différentes, que ce monde est un monde de péché et de mort. Outre la mort de Rachel, il y a le péché de Ruben (qui « est monté sur la couche de son père » - 35 : 22 ; 49 :  4) et la mort d'Isaac, que ses deux fils Esaü et Jacob enterrent. Ainsi la stèle de Rachel ne marque pas seulement son sépulcre, mais elle est aussi le symbole de la mort et du deuil sur toute cette traite du patriarche.

 

W. R – « Messager évangélique » (2007 p. 248-256)