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ENSEIGNEMENTS DU PREMIER CHAPITRE DES JUGES
 

            En considérant le livre des Juges dans son entier, nous pouvons distinguer trois parties caractéristiques :
                      - du chapitre 1 au chapitre 3 : 4, nous avons la première division, que nous pourrions intituler : l’indépendance de Dieu ;
                      - du chapitre 3 : 5 au chapitre 16, nous avons le résultat de cette indépendance : l’esclavage sous la main de l’ennemi, et ensuite la délivrance sous la main de Dieu pour un peuple repentant ;
                      - du chapitre 17 à la fin, nous avons la pleine manifestation de l’état du cœur de l’homme pour lequel il ne peut y avoir qu’un remède : l’intervention directe de l’Eternel lui-même.

            Dans la deuxième partie, la principale, qui caractérise le livre tout entier, nous avons donc l’esclavage extérieur d’Israël et les délivrances de l’Eternel. A la fin du livre, nous avons, hélas, un état de cœur parmi le peuple, qui rend possible tous les écarts, et qui montre aussi qu’il ne peut y avoir de véritable délivrance efficace à moins que l’Eternel ne vienne et n’illumine toute la scène. Ainsi l’histoire de ces délivrances n’est pas une histoire ascendante, mais celle d’un déclin qui va s’accentuant. Le dernier sauveur, Samson, quoique le plus fort de tous, est en fait le plus faible ; il a besoin de plus de délivrances qu’il n’en donne.

            Nos regards sont dirigés vers la venue de Christ, bien qu’il n’en soit pas parlé. Aussi longtemps qu’Il ne serait pas là, le peuple irait de mal en pis, s’enfonçant de plus en plus profondément dans le déclin. Dans l’Eglise de Christ, aujourd’hui, les choses ne vont pas de mieux en mieux. Des « sauveurs » ont été suscités après un profond exercice au sein du peuple de Dieu ; leurs ministères ont, dans une certaine mesure, provoqué un retour à Dieu. Mais nous ne sommes pas aujourd’hui au niveau élevé où étaient nos pères, bien que nous ayons de plus grands privilèges parce que les vérités de la Parole nous ont été enseignées. Nous sommes dans une heure très sombre de l’histoire de l’Eglise. Ce n’est pas de secours humain que nous avons besoin mais de réaliser la puissance et la jouissance de ce cri ardent de l’Eglise : « Amen ; viens, Seigneur Jésus ! » (Apoc. 22 : 20).

 

La position d’Israël après la mort de Josué

            L’indépendance et même une forme de rébellion à l’égard de Dieu est manifestée et cela de la part d’un peuple qui était l’élu de Dieu ! Ce peuple est identifié avec ses ennemis, au lieu d’être séparé d’eux - une unité, qui n’est pas un signe de force. Ensuite, dans la deuxième portion, du chapitre 2 : 6 au chapitre 3 : 4, nous avons les raisons intérieures de cet éloignement de Dieu.
            Dans le premier chapitre, nous trouvons les diverses phases de cette identification avec l’ennemi. Il est frappant de voir que nous avons réellement dans ces premiers versets une histoire en miniature du livre entier. Elle commence bien, avec ce qui la lie au livre de Josué : « Et il arriva, après la mort de Josué, que les fils d’Israël interrogèrent l’Eternel, disant : Qui de nous montera le premier contre le Cananéen, pour lui faire la guerre ? Et l’Eternel dit : Juda montera ; voici, j’ai livré le pays en sa main » (v. 1-2).
            Le récit est étroitement lié à celui de Josué. Dans les vingt premiers versets nous voyons l’histoire des victoires de la tribu de Juda. Ensuite, un seul verset (21) nous donne celle de la tribu de Benjamin. Puis, du verset 22 au verset 26, nous avons celle de la tribu de Joseph, et du verset 27 à la fin du chapitre six tribus sont mentionnées l’une après l’autre. Il n’y a que des défaillances d’un bout à l’autre. Considérons-les un peu, parce qu’elles nous donnent des leçons d’une grande importance.

 

La mention des différentes tribus

                        Juda et Siméon (v. 1-7)

            Selon l’ordre de Dieu, Juda doit être le premier à monter pour prendre possession de son lot. Juda signifie « louange ». Mais qu’est-ce que la louange ? Sur quelle base peut-elle s’élever ? Ce n’est pas une explosion de sentiments comme beaucoup le pensent. Que de fois nous nous trompons à ce sujet ; nous essayons de parvenir à un certain état de sensibilité que nous appelons louange et adoration ! Juda marchait en tête dans le désert. C’était la première tribu dans le pays ; de plus, c’était de cette tribu que Christ devait surgir (Héb. 7 : 14).
            L’héritage de Juda était toute la partie méridionale du pays, celle donc qui était disposée vers le soleil. De la même manière, la Parole de Dieu projette sa lumière sur tout l’héritage que nous avons dans le Christ Jésus. La base de toute vraie louange doit être la vérité de Dieu. Partout où la vérité est sacrifiée, partout où la Parole de Dieu est mise de côté, ou ce qui est tout aussi dangereux, partout où ses vérités perdent leur puissance sur l’âme, vous trouverez que la louange languit et que les victoires deviennent rares : Juda cesse d’être un vainqueur. Dieu dit en quelque sorte à son peuple : Si vous voulez continuer à jouir de la victoire que Christ a opérée pour vous, si vous voulez croître dans la jouissance quotidienne de l’héritage précieux que les apôtres ont délimité dans leurs écrits inspirés, ce sera par la connaissance et la lumière sanctifiantes de la vérité de Dieu.
            Juda devait monter le premier. Au départ déjà, Juda montre un signe de faiblesse dans le fait qu’il ne veut pas aller seul prendre la possession qui lui revient. Il demande à Siméon de l’aider dans la conquête de son héritage. Qu’est-ce à dire ? Quand Dieu me dit de faire une chose, dois-je regarder autour de moi pour avoir du secours ? Quand Dieu a ordonné à Moïse de quitter les délices royales pour délivrer Son peuple, était-ce honorer Dieu et lui obéir que de plaider jusqu’à ce qu’Il lui donne Aaron pour l’aider (Ex. 4 : 10-16) ? Chaque fois que la Parole de Dieu nous enjoint d’obéir et que nous sollicitons un appui humain, nous pouvons être certains que cette semence de faiblesse se développera ultérieurement et produira quelque défaillance douloureuse. C’est ce que nous apprenons quand Juda demande à Siméon de l’aider.
            Bien sûr, il y a eu victoire mais, si nous continuons notre lecture, nous voyons qu’il n’y avait pas cette intégrité de cœur absolue qui aurait assuré une plus grande extension de la conquête. Un triomphe plus glorieux et plus complet aurait alors été à la louange de Dieu. Il ne semble pas qu’une victoire définitive sur les forces d’Adoni-Bézek ait été remportée. Un ennemi mutilé (v. 6) n’est pas complètement abattu, et bien qu’il meure plus tard, et que Jérusalem soit pour le moment prise et brûlée, la conquête n’est pas pour autant pleinement assurée.

                        Caleb, Othniel et Acsa (v. 8-15)

            En contraste avec cette défaillance de Juda, la confiance dans les promesses de Dieu brille d’un éclat très vif dans l’attitude de trois héros de la foi : Caleb, Othniel et Acsa. Leur comportement souligne l’autorité de la Parole de Dieu, la suprématie de la vérité. Si le peuple de Dieu veut être victorieux du monde, ce ne peut être qu’en croissant dans la connaissance de la pensée de Dieu.
            Hébron signifie « communion », et Kiriath-Sépher, la ville qui lui est étroitement attachée, la « ville du livre ». Elle évoque à nos esprits la valeur de la Bible, ce livre précieux entre tous car il est la Parole de Dieu, nous devons en prendre possession, ne pas nous laisser dominer par ses ennemis, pour qu’elle soit pour nous-mêmes un Livre de délices parce qu’il nous parle de la sainteté et de l’amour de ce Dieu avec lequel le chrétien peut avoir communion.
            Cependant quand la ville de Kiriath-Sépher a été prise, son nom a été changé en Debir, qui signifie la « Parole de Dieu » - le Livre par excellence, c’est bien la Parole de Dieu. Ah ! si le peuple de Dieu d’aujourd’hui avait persévéré dans ce chemin en prenant pleine possession de la Parole de Dieu. S’il avait gardé ses enseignements comme une réalité vivante - Dieu lui-même parlant à son peuple -, la louange et la joie n’auraient connu aucune entrave et la puissance du Saint Esprit aurait pu s’exercer de façon évidente.
            Hélas ! l’Eglise n’a pas fait cela ; elle a abandonné le sain enseignement tout de suite. Au lieu que Kiriath-Sépher devienne Debir, un oracle vivant, l’Eglise a enlevé le Livre des mains du peuple, l’a mis dans les monastères et lui a défendu de l’utiliser. Au lieu de donner au peuple les oracles vivants de Dieu, elle les a retirés ; l’obscurité s’est peu à peu installée et les fausses doctrines se sont introduites.
            Il en est de même pour nous personnellement. Supposons que vous ou moi ayons ce Livre fermé, supposons qu’il devienne une simple lettre pour nous, la simple lettre de la Parole, et non sa vivante réalité ? Quel en sera le résultat ? Il n’y aura plus de progrès, plus de croissance ! Dans le monde chrétien on dit : Nous ne voulons pas de doctrine, nous voulons de la pratique ! Un tel état d’esprit s’est propagé dans les assemblées et les chrétiens professants ont dit : Nous ne voulons pas de prédication doctrinale, nous voulons des prédications pratiques. Maintenant celles-ci tendent à prendre la place de la prédication de la vérité de Dieu ; c’est ce qui résulte inévitablement de la négligence de la lecture de la Parole de Dieu, et de la recherche de ce qui satisfait le goût du chrétien superficiel ou de celui qui revient à la Loi.
            Quel triste état que celui de l’Eglise qui s’est éloignée de la Parole de Dieu. Il n’est pas étonnant alors qu’il y ait si peu de joie au sein du peuple de Dieu. Comment être heureux dans le Seigneur quand la vérité de Christ est si peu connue et qu’on en jouit si peu ; quand la Parole de Dieu a été reléguée sur un rayon de bibliothèque, elle peut être une littérature précieuse, mais non l’oracle vivant du Dieu vivant dont nos cœurs ont absolument besoin. Les grands systèmes ecclésiastiques ont perdu leurs amarres, ils partent à la dérive, et s’en vont mourir. L’obscurité qui descend et le déclin qui touche toute la chrétienté peuvent bien être expliqués par cet abandon de la vérité de Dieu.
            Le reste du récit d’Acsa et d’Othniel est très beau ; Acsa signifie « anneau de cheville » et son nom suggère l’ornement de la doctrine dans la marche et la vie qui est si nécessaire comme complément de la foi d’Othniel, le « lion » ou « force de Dieu ». La jeune fille désire un champ fertile, et pour cela elle sait qu’elle doit avoir des sources d’eau. L’une des caractéristiques du pays mentionnée au chapitre 8 du Deutéronome est l’abondance de l’eau (v. 7). C’est l’Esprit seul qui peut rendre fraîche et fructueuse pour nous la Parole de Dieu et Debir ne pourrait répondre justement à son nom sans les courants rafraîchissants de l’Esprit. Les « sources du haut » et les « sources du bas » sont données, et que ce soit la vérité élevée ou la vérité pratique, tout est gardé dans sa divine fraîcheur. Quiconque désire ressembler à Acsa désire ce champ avec des sources d’eau – animé par l’Esprit Saint, il désire ardemment porter du fruit pour Dieu.

                        Les Kéniens (v. 16)

            Au commencement, l’Eglise maintenait la Parole dans la puissance du Saint Esprit et dans la mesure où elle le faisait, elle remportait des victoires. Mais nous voyons ici la faiblesse du peuple mise en évidence. Voici les fils du Kénien, beau-père de Moïse, une parenté selon la chair sans la moindre indication d’une relation avec Dieu. Ils sont montés de la ville de Jéricho. Avaient-ils été épargnés comme Rahab ? Il n’est pas dit qu’ils aient eu quelque droit à la vie. Une malédiction pesait sur ceux qui, d’une manière ou d’une autre, étaient liés à Jéricho. Les Kéniens étaient montés de la ville des palmiers et habitaient en plein cœur de Juda. Laisser les influences délétères du monde pénétrer au sein de l’Eglise de Dieu et y trouver même un lieu de repos, c’est le secret de tout écart loin de Dieu. Les relations de famille, si précieuses à leur place, peuvent jouer un rôle subtil et parfois lourd de conséquences.
            Et pourtant, plus loin il sera parlé de Jaël, la femme de Héber le Kénien. Par son courage et son attachement au peuple de Dieu, elle sera l’instrument d’une merveilleuse délivrance. Mais ce couple avait quitté son propre peuple qui habitait Arad, et s’était identifié de cœur avec Israël.

                        Juda et Benjamin (v. 17-21)

            Horma est l’une des victoires que Juda et Siméon ont gagnée ensemble et qui semble totale puisqu’ils détruisent complètement cette ville.
            D’autres victoires du peuple de Dieu sont mentionnées ensuite (v. 18-19). Cependant, des graines de faiblesse ont été semées et ne vont pas tarder à germer.
            Ce qui assure la victoire, c’est la suprématie de la vérité ; elle doit avoir cette place si on veut jouir de la puissance de Dieu, ou si l’on veut revenir à Lui. Nous devons retrouver la vérité, la Parole de Dieu et permettre qu’elle soit une réalité vivante dans notre coeur.
            Avec le verset 21, nous arrivons à Benjamin. Comme Juda, Benjamin nous présente une facette de la suprématie de Christ. Benjamin est le « fils de ma droite » (Gen. 35 : 18) et nous savons que c’était une tribu guerrière, une tribu puissante ; il est un type de Christ dans sa victoire suggérée par l’épée ceinte sur son côté (voir Ps. 45 : 3). C’est aussi Christ au milieu de son peuple, qui est Celui qui gouverne avec autorité. Dans la bénédiction de Jacob concernant les douze tribus, Benjamin est vu comme « un loup qui déchire » (Gen. 49 : 27). Il représente Christ venant pour le jugement.
            Les enfants de Benjamin ne dépossédèrent pas les Jébusiens qui habitaient Jérusalem : « Le Jébusien a habité avec les fils de Benjamin à Jérusalem jusqu’à ce jour » (v. 21). Ils ne les ont pas chassés ! La tribu guerrière, dont nous aurions pensé qu’elle y arriverait si d’autres n’y parvenaient pas, n’a pas réussi à déposséder l’ennemi dans la ville même où elle avait mis son nom.
            Quelle application en tirer pour nous-mêmes ? Christ doit avoir toute autorité sur notre cœur. J’ai parlé de la Parole de Dieu comme étant la base de tout, mais son centre, c’est Christ, et nos cœurs et nos vies doivent lui être soumis. Il doit être sur le trône à Jérusalem, sur le trône dans notre coeur. Christ peut être sur le trône simplement sur nos lèvres, il peut être sur le trône dans notre intelligence, et nous pouvons même reconnaître que tout est centré sur Christ. Mais si nous ne dépossédons pas la citadelle de notre coeur de tout ce qui l’exalte au-dessus de la connaissance de Christ, ou qui l’élève contre la suprématie du Seigneur dans le tréfonds de notre âme, soyons certains que Jérusalem est aux mains des Jébusiens, que le centre de nos affections est aux mains de l’ennemi. Avez-vous jamais pensé que vous pouvez jouir beaucoup de la vérité, avoir dans une certaine mesure un bon degré de communion avec Dieu, et cependant que Christ ne règne pas de façon absolue sur votre être intérieur ? Que dans sa miséricorde et ses grandes compassions, le Seigneur nous remplisse de la jouissance de son amour !
            Appliquons ces choses aux Israélites et nous verrons tout de suite combien leur triste état spirituel ultérieur est la conséquence du fait qu’ils ont renoncé à posséder le lieu même où Dieu allait plus tard, aux jours de Salomon, mettre la mémoire de son nom. Et si nous l’appliquons plus tard à l’histoire de l’Eglise, combien il est vrai qu’elle n’a pas donné à Christ la place centrale.
            Réfléchissons à notre condition actuelle. Si Christ occupe la place qui convient, cela signifie qu’Il a la suprématie - non seulement en parole, mais en fait - au milieu de son peuple rassemblé. Sa volonté est souveraine et sa Parole incontestée. Les défaillances que nous voyons autour de nous ne sont-elles pas dues en grande partie au fait que Christ ne règne pas, que le Jébusien n’est pas chassé ? Jébusien signifie « celui qui foule aux pieds » et tout ce qui n’est pas Christ dans l’âme piétinera sa Parole.
            Il y a souvent au sein du peuple de Dieu une mesure réelle d’appréciation de Sa Parole mais non accompagnée de soumission à Son autorité. Nous pouvons être des étudiants tout à fait diligents de l’Ecriture. Nous pouvons être tout à fait heureux dans notre connaissance de la Parole de Dieu, et cependant ne pas savoir dans son sens réel et complet ce que c’est que de se soumettre à cette Sainte Parole dans tous les détails. Se soumettre à la Parole de Dieu signifie se soumettre à l’autorité de Christ, car c’est Christ qui parle dans la Parole. Si nous ne nous soumettons pas à la Parole, nous ne nous soumettons pas à Christ. Laissez-moi insister là-dessus ; des personnes disent quelquefois qu’elles obéissent à Christ, qu’elles veulent reconnaître son autorité, qu’elles veulent admettre sa primauté et sa suprématie. Mais comment devons-nous reconnaître sa seigneurie ? D’une seule manière : en nous soumettant à sa Parole. Il y a une relation que le Seigneur lui-même donne entre sa Parole et Lui-même ; nous nous souvenons de ce qui dans Philadelphie marque le résidu, c’est qu’ils tiennent ferme Sa Parole et qu’ils n’ont pas renié Son nom (Apoc. 3 : 8).
            Il est facile de professer Christ au milieu de nous, d’en faire un cri de guerre, un « shibboleth » pur, une secte ou un parti ; mais Christ au milieu de nous signifie Christ obéi, Christ honoré, Christ suivi, quel qu’en soit le coût. Alors chaque parcelle de la vérité de Christ et de sa volonté aura une autorité suprême pour nous dans notre marche. Apprenons la leçon de l’échec de Benjamin pour prendre possession de Jérusalem. Notre grand danger est de renier le nom de Christ et son autorité.
            Cet échec de Benjamin pour prendre possession de Jérusalem est ainsi un échec radical. Il comporte tout en un sens ; dans ce court verset nous avons le pivot duquel dépendent tous les échecs ultérieurs.

                        Joseph (v. 22-26)

            Nous voyons ici la maison de Joseph allant prendre Béthel ; et il est nécessaire d’avoir Béthel - la « maison de Dieu ». Comme Jérusalem montre la suprématie de Christ, Béthel suggère la présence de Dieu. Son nom était d’abord Luz, qui signifie « séparation », une simple séparation extérieure. En appliquant cela à l’histoire de l’Eglise, ou à tout mouvement dans l’Eglise, nous verrons que cela lui correspond de manière frappante.
            Luz, c’est une simple séparation : nous ne devons pas faire ceci, nous devons abandonner cela, nous devons refuser ceci, et ainsi de suite. Tout est négatif : couper ceci, et encore cela, ou autre chose. Il n’y a pas de maison de Dieu en cela. Si nous voulons jouir de la présence de Dieu, nous devons non seulement être séparés du mal, mais aussi sanctifiés par le saint sentiment de la présence du Seigneur.
            Quel manque de confiance en Dieu pour prendre possession de Béthel ! Pourquoi ont-ils envoyé des espions si Dieu était avec eux ? Quand Moïse a regardé ici et là pour voir si quelqu’un l’observait avant de tuer l’Egyptien, il a montré qu’il ne s’attendait pas à Dieu. Quand les Israélites ont envoyé des espions dans le pays de Canaan, c’était de l’incrédulité que Dieu a supportée dans sa grande patience. De même, ils envoient des espions pour reconnaître la ville, en prennent possession en épargnant l’homme qui leur a montré le chemin pour y entrer.
            Frères, au moment où la foi individuelle conclut un marché avec quelque caractère de la chair - au moment où vous et moi concluons un marché, que ce soit le mari avec la femme, ou la femme avec sa famille, ou que nous nous permettons quelque compromis boiteux en affaire, quel qu’il soit ; au moment où nous épargnons la chair dans le but de jouir tranquillement du repos de Béthel -, nous libérons un ennemi qui part et construit une autre ville, et l’appelle du même nom de Luz. Que de fois ces ennemis de Dieu épargnés par notre mansuétude sont partis et ont rétabli les mêmes choses, de sorte que nous avons à les affronter à nouveau et nous les trouvons plus difficiles à conquérir. Nous faisons un compromis dans notre vie privée ; nous pouvons l’appeler « petit » comme Lot l’a appelé (Gen. 19 : 18-23). Un compromis avec la chair, ce peut être un seul principe d’infidélité ou de déloyauté vis-à-vis de Christ, mais nous l’épargnons et il croît jusqu’à devenir de nouveau une grande ville, et il nuit à toute notre vie spirituelle.
            Combien nous avons besoin du sentiment de la présence de Dieu et du Saint Esprit agissant au milieu de nous ! Avons-nous un Béthel ? Où est-ce après tout seulement un Luz ? Sommes-nous un ensemble de gens qui se sont simplement séparés eux-mêmes, ou sommes-nous un peuple qui demeure dans la maison de Dieu ? Est-ce la présence de Dieu, est-ce la maison de Dieu, est-ce son précieux Esprit qui dirige, ou sommes-nous une secte tournant peut-être le dos à beaucoup de choses mauvaises, mais ne jouissant pas pleinement de la sainte présence du Seigneur ?

                        Manassé et Ephraïm (v. 27-29)

            Jusqu’à la fin du chapitre, nous avons l’échec, plus ou moins souligné, de six autres tribus. Vient d’abord Manassé dont le nom signifie « oubli ». Aux croyants de la ville de Philippes, l’apôtre Paul écrira des siècles plus tard : « Oubliant ce qui est derrière et tendant avec effort vers ce qui est devant, je cours droit au but… » (Phil. 3 : 13). Si on n’a pas gardé pleinement les vérités de la maison de Dieu pour Lui-même, combien il est facile de manquer le but à atteindre dans cette sainte détermination qui met de côté « tout fardeau », pour courir « avec patience la course qui est devant nous » (Héb. 12 : 1) et pour obtenir le prix promis au vainqueur, estimant toutes choses « comme une perte à cause de l’excellence de la connaissance du Christ Jésus notre Seigneur » (Phil. 3 : 8).
            Il est ensuite question de l’échec d’Ephraïm, qui est de la tribu de Joseph. Nous savons que s’il y a une défaillance dans notre croissance spirituelle, le sentiment de la présence de Dieu nous fera évidemment défaut.
            Manassé a failli. Ephraïm faillit aussi. Le fruit de la foi qui se montre, comme l’apôtre Jacques nous le dit, par des œuvres dans notre vie quotidienne cessera de mûrir et l’Ennemi prendra possession ou gardera pour lui ce qui devrait être pour Dieu.

                        Zabulon, Aser, Nephthali et Dan (v. 30-36)

            De la même manière qu’il y a eu défaillance de la part de Manassé et d’Ephraïm, Zabulon, qui signifie « attachement » ou « consécration à Dieu » sera aussi trop faible pour conquérir le territoire qui lui revient.
            Ensuite nous avons Aser dont le nom veut dire « heureux ». Quelle douleur, quelle tristesse dans notre propre cœur que ce manque de joie dans notre vie chrétienne ! N’est-ce pas là la défaillance d’Aser ? C’est ce qui nous caractérise trop souvent et que nous avons à confesser à Dieu. L’apôtre Pierre écrit : « Vous vous réjouissez d’une joie ineffable et glorieuse » (1 Pier. 1 : 8). C’est une joie que nous ne pouvons pas décrire car elle est remplie de la gloire qui nous attend.
            Nous avons à traverser un désert terrible, assaillis par toutes sortes de tentations, dans un monde où les larmes sont plus fréquentes que l’expression de la joie ; mais c’est un mensonge de dire que c’est un monde où l’enfant de Dieu ne peut pas être heureux. Au-dessus de tout, quand nous regardons notre héritage et notre part, c’est une insinuation malveillante de dire que le peuple de Dieu ne peut pas être un peuple heureux. Est-ce que, pour ce qui nous concerne, Aser a échoué pour déposséder les habitants du pays ? Est-ce que les villes qui doivent appartenir à la joie chrétienne sont encore en possession de l’ennemi ? Est-ce que les petits renards ravagent les fleurs de notre vigne (Cant. 2 : 15) ? Nous pouvons voir la cause de notre déclin et ce qui nous y a conduits, que ce soit dans nos propres âmes ou dans l’Eglise en général. Benjamin, Manassé, Ephraïm, Aser et maintenant Nephthali nous en racontent l’histoire.
            Nephthali (v. 33) représente le puissant, l’homme brave et vigoureux. Son nom signifie « lutteur », mais non dans un sens spirituel ; il désigne un lutteur charnel, se confiant dans sa propre puissance. Ce n’est pas un lutteur puissant pour Dieu, dans le sentiment de sa relation de fils, appartenant à Dieu et représentant cet esprit de puissance de l’homme avec Dieu, le faible avec Celui qui est puissant. Le faible a oublié sa faiblesse, et donc il a oublié Dieu, la source de sa force. Il s’ensuit qu’il n’a pas de puissance divine pour lutter, pour vaincre l’ennemi qui garde sa part.
            Le compte rendu se termine avec Dan, qui aurait dû être un conducteur et un juge. Non seulement il ne dépossède pas ceux qui habitent dans ses villes, mais les Amoréens le repoussent dans les montagnes et habitent eux-mêmes dans les vallées fertiles. C’est l’aboutissement du déclin : l’ennemi prend possession de la vallée qui suggère à nos cœurs la double pensée de l’humilité et de la fertilité ; la fertilité à cause de l’humilité. C’est parce que le Seigneur est descendu dans la vallée de la mort, qu’Il a pu porter du fruit pour nous, et c’est seulement quand nous entrons par la foi dans la réalité de Sa mort, et avons, comme Paul, la sentence de mort en nous-mêmes que nous pouvons porter du fruit pour Dieu. Et ici à la place du peuple de Dieu habitant dans les vallées, nous avons les Amoréens. Ce mot signifie « les hautains », ceux qui s’exaltent, mais il est frappant de voir de quelle manière ils se sont exaltés. L’Amoréen, c’est l’orateur hautain. Il désigne un peuple qui parle beaucoup. Leur emplacement exact, comme les archéologues nous le disent, était dans les montagnes. Ces montagnards étaient de grands parleurs et ils ont chassé le peuple de Dieu hors des vallées. Chaque fois que nous entendons des gens s’exprimer avec prétention, avoir peut-être une profession chrétienne en vue et prononcer des paroles orgueilleuses, nous pouvons être assurés qu’il n’y a pas d’humilité dans le service pour le Seigneur, donc pas de fruit pour la gloire de Dieu.
            Prenons garde : Quand nous sommes tentés d’affirmer un peu trop facilement que nous sommes morts et ressuscités avec Christ, demandons-nous si nous jouons le jeu d’un Amoréen qui parle beaucoup ou si nous prenons la place d’un Israélite qui habite dans la vallée. Nous exprimons que nous sommes « bénis de toute bénédiction spirituelle dans les lieux célestes en Christ » (Eph. 1 : 3) ; demandons-nous si c’est une réalité divine dans notre âme. Sondons nos cœurs et ne permettons jamais aux Amoréens de nous déposséder des vallées.
            Arrêtons-nous sur cette pensée de la vallée. Appliquons-la à nous-mêmes. Dieu habite avec celui qui a un cœur humble et contrit. Y a-t-il tellement de profession orgueilleuse dans notre vie que nous avons oublié notre place de soumission à Christ ?
            Laissons le nom de Dieu descendre dans la vallée. Les Amoréens ont des chars de fer, mais nous avons l’Esprit de Dieu. Il est plus puissant que tous les chariots de fer de l’ennemi. Avec Lui nous trouverons, individuellement et collectivement aussi, que nous pouvons garder notre humble place dans la vallée et y produire du fruit pour le Seigneur.

 

D’après S. Ridout