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Ennemis de la croix de Christ ?


 
 Un avertissement donné dans l'amour et la vérité
 Les causes de la douleur chez l'apôtre 
 Un avertissement pour tous !

 
 « Car beaucoup marchent (je vous le disais souvent et maintenant je le dis même en pleurant) comme des ennemis de la croix du Christ : leur fin est la perdition, leur dieu, c'est le ventre, et leur gloire est dans leur honte, eux qui ont leurs pensées aux choses terrestres » (Philippiens 3 : 18-19).
 
 
            L'apôtre Paul est le modèle accompli d'un ministre chrétien. Pasteur vigilant, il se préoccupait sans cesse du troupeau confié à ses soins. Il ne se bornait pas à prêcher l'évangile et ne croyait pas avoir rempli tout son devoir en annonçant le salut ; ses yeux étaient toujours ouverts sur les assemblées qu'il avait fondées (2 Cor. 11 : 28). Il suivait avec un intérêt jaloux leurs progrès ou leur déclin dans le chemin de la foi. Lorsqu'il dut aller proclamer ailleurs l'évangile, il continua à veiller et à prier pour le bien-être spirituel de ces colonies chrétiennes de la Grèce et de l'Asie Mineure, qu'il avait contribué à former au milieu des ténèbres du paganisme. Alors que s'allumaient de nouveaux flambeaux de la vérité, il n'avait garde de négliger ceux qui brûlaient déjà. C'est ainsi que dans ce texte il donne à la jeune assemblée de Philippes, une preuve de sa sollicitude en lui adressant des conseils et des avertissements.
 
 
 
Un avertissement donné dans l'amour et la vérité :
 
            L'apôtre n'était pas moins fidèle que vigilant. Lorsqu'il discernait du péché dans les églises, il n'hésitait pas à le signaler. Il ne ressemblait pas à ces nombreux prédicateurs modernes qui se vantent de ne s'être jamais adressés de façon trop directe à une assemblée, par crainte de blesser ceux qui la composent ! Ils mettent ainsi leur gloire dans ce qui est à leur confusion ; car s'ils avaient été fidèles, ils auraient exposé sans crainte tout le conseil de Dieu (Act. 20 : 27). Ils auraient inévitablement, une fois ou l'autre, dû parler avec force à la conscience de leurs auditeurs. Paul agissait tout autrement ; il ne craignait pas d'attaquer de front ceux qui péchaient. Il avait le courage de déclarer la vérité, et parfois même il éprouvait le besoin d'insister sur ce sujet : « Je vous ai dit souvent, et je vous le dis même en pleurant, qu'ils sont ennemis de la croix de Christ » (Phil. 3 : 18).
            Mais si d'une part, l'apôtre était fidèle, d'autre part, il était plein de tendresse. Il aimait véritablement, comme tout serviteur de Christ devrait le faire, les âmes dont il avait la charge. Il ne pouvait souffrir qu'aucun membre des assemblées placées sous sa responsabilité ne s'écarte de la vérité, mais il ne pouvait pas non plus les reprendre sans verser des larmes. Il ne pouvait pas brandir la verge d'un oeil sec, ni annoncer le jugement inéluctable de Dieu d'un ton froid et indifférent. Des pleurs jaillissaient de ses yeux, en même temps qu'il les mettait très sérieusement en garde. Son coeur était rempli de compassion et d'amour, son affection pour ceux qu'il devait censurer lui dictait les reproches à leur adresser (Gal. 4 : 16).
 
            L'avertissement solennel que Paul adressait autrefois aux Philippiens dans les paroles citées en tête de ces lignes, s'adresse également à nous aujourd'hui. Ne sont-ils pas nombreux dans les assemblées ceux dont la conduite témoigne hautement qu'ils sont « ennemis de la croix du Christ » ? Ce mal, loin de diminuer d'intensité, gagne chaque jour du terrain. Un grand nombre de personnes font profession de piété mais, hélas, il y a beaucoup d'hypocrisie ! Nos assemblées tolèrent dans leur sein des personnes qui n'ont pourtant aucun droit à se présenter comme étant vraiment chrétiennes ; elles seraient tout à fait à leur place dans une salle de festin de ce monde ou dans tout autre lieu où règne la dissipation et la folie. Elles ne devraient jamais tremper leurs lèvres dans la coupe ou manger le pain, ces emblèmes des souffrances du Seigneur. De telles personnes sont en réalité des « ennemies » de la croix de Christ, elles ont pour dieu leur ventre, et leurs pensées sont aux choses de la terre. Leur conduite est en complet désaccord avec la sainte loi divine.  Si l'apôtre était aujourd'hui au milieu de nous, que de larmes ne verserait-il pas !
 
 
 
 
Les causes de la douleur chez l'apôtre :
 
            Recherchons les causes de la vive douleur de l'apôtre. Cet homme, qui versait ainsi des larmes, n'était pas, nous le savons bien, un esprit faible, avec une sensibilité maladive, toujours prêt à s'émouvoir. Nous ne le voyons d'ailleurs nulle part dans l'Ecriture pleurer sous les effets de la persécution. Lorsque les soldats romains lacéraient son dos avec leurs verges, aucune larme ne s'échappait de ses yeux. Jeté en prison, il ne gémissait pas, il chantait des cantiques. Mais si Paul ne pleurait pas du fait des souffrances traversées par amour pour Christ, il pleurait en écrivant aux Philippiens.
            Les causes de sa tristesse étaient au moins triples : il pleurait d'abord à cause du péché de certains membres de l'église ; ensuite, en raison des effets de leur fâcheuse conduite, et enfin, en songeant au sort qui les attendait.
 
 
                        - Le péché de ces ennemis de la croix de Christ
 
            D'abord, Paul pleure à cause du péché de ces chrétiens de forme qui, bien que faisant extérieurement partie d'une assemblée chrétienne, ne marchaient pas droit devant Dieu et devant les hommes. Remarquons la première accusation qu'il porte contre eux : ils ont pour dieu leur ventre (voir aussi Rom. 16 : 18). Leur sensualité était leur premier péché. Il y avait déjà dans l'église primitive, des gens qui, après s'être assis à la table du Seigneur, allaient participer sans honte aux banquets des païens. Et là, ils se livraient sans retenue aux excès dans le manger et dans le boire (1 Pier. 4 : 3). Certains s'abandonnaient aux abominables convoitises de la chair, se plongeaient dans les "délices du péché" (Héb. 11 : 25), qui non seulement souillent l'âme, mais infligent au corps un juste châtiment (Rom. 2 : 27). D'autres encore, sans tomber dans d'aussi honteux débordements, se préoccupaient beaucoup plus de leur parure extérieure que de leur état intérieur (1 Pier. 3 : 3-4), désirant flatter l'homme extérieur plutôt que de maintenir la vie de l'homme intérieur. Ainsi, ils considéraient, chacun à sa manière, leur ventre comme un dieu.
            Sommes-nous moins concernés par ce grave reproche que ne l'était l'assemblée à Philippes ? Est-il impossible de trouver au sein des rassemblements des personnes qui déifient en quelque sorte leur propre chair, lui rendant un culte idolâtre, en s'occupant de façon outrancière de la partie la plus matérielle de leur être ? N'est-il pas incontestable que des hommes, faisant profession de piété, s'appliquent à flatter leurs appétits sensuels comme le font la plupart des personnes de ce monde ? Ne trouve-t-on pas parfois parmi nous des amateurs des plaisirs de la table, malgré les avertissements de la Parole sur les excès dans le manger et dans le boire (Luc 21 : 34), et d'autres qui trouvent leurs délices dans le confort, le luxe et les voluptés de la vie présente (Tite 3 : 3) ? Certains dépensent sans scrupule une fortune pour orner leur corps périssable ? Ils ne songent pas qu'en se parant ainsi eux-mêmes de façon excessive, ils déshonorent le Seigneur qu'ils prétendent servir. L'Ecriture nous dit que "son visage était défait plus que celui d'aucun homme" ; "il n'y a point d'apparence en lui" (Es. 52 : 14; 53 : 2). Pour certaines personnes, hélas, l'occupation de tous leurs instants se borne à la recherche de leurs aises. Ils prennent "soin de la chair pour satisfaire ses convoitises" (Rom. 13 : 14) ; ils en font même leur dieu ! Oui, il y a de telles taches dans les assemblées qui sont parfois de véritables scandales (Jude 12). Certains hommes se sont introduits furtivement au milieu du troupeau de Dieu (Jude 4). De « faux frères » se sont glissés parmi nous, comme le font des serpents qui se dissimulent sous l'herbe. Souvent, hélas, ils ne sont découverts qu'après avoir infligé de douloureuses blessures dans l'assemblée et causé de sérieux dommages à la gloire du Seigneur.
           
            Un autre sérieux reproche que Paul adressait à ces chrétiens (souvent des professants sans vie), c'était d'être liés dans leurs affections aux choses de la terre. Chers frères et soeurs, il se peut que l'accusation précédente n'ait pas eu d'impact dans nos consciences ; mais il semble beaucoup plus difficile de ne pas se trouver personnellement concerné par ce nouveau reproche. Le mal signalé ici par l'apôtre a en effet envahi de nos jours la majeure partie de l'Eglise de Christ. Pour s'en convaincre, il suffit d'ouvrir un peu les yeux. N'est-ce pas une terrible anomalie que des chrétiens soient ambitieux d'acquérir les choses de la terre ? Le Seigneur a déclaré que celui qui veut s'élever (spirituellement) doit s'abaisser lui-même ; et autrefois les chrétiens s'appliquaient à rester des hommes simples, modestes, s'associant aux humbles (Rom. 12 : 16). Mais actuellement, on n'agit pas autrement. Parmi ceux qui se présentent comme les disciples de l'humble Galiléen, certains cherchent à gravir aussi rapidement que possible les échelons de la fugitive gloire humaine. Leur unique pensée n'est pas de glorifier Christ, mais de se glorifier eux-mêmes. Des personnes, tout en ayant une certaine apparence de piété, sont en réalité tout aussi mondaines que les gens de ce monde. Qu'ont-elles compris de l'action sanctifiante du Saint Esprit en elles, qui oeuvre pour les séparer de ce monde sans Dieu ? Il y a aussi, hélas, des chrétiens avares (Luc 12 : 15 ; Cor. 5 : 11). C'est un affreux paradoxe que l'avarice puisse se développer chez un disciple de Christ, comme ce fut le cas pour Judas ! Ne rencontre-t-on pas souvent des chrétiens qui délient très difficilement les cordons de leur bourse en entendant les cris du pauvre, serait-il leur frère ? Ils décorent leur amour de l'argent du nom de prudence ; au lieu de se conduire en économes « fidèles dans les richesses injustes » (Luc. 16 : 11-13), ils ne pensent en fait qu'à thésauriser. On trouve même parmi de tels « chrétiens » des hommes inflexibles en affaires, avides de s'enrichir, durs envers leurs créanciers. A l'exemple des pharisiens d'autrefois, ils n'ont pas plus de scrupules qu'eux à dévorer les maisons des veuves ! Est-ce possible que de telles personnes se trouvent dans l'Assemblée ?
            Bien que de tels aveux nous fassent rougir de honte, il convient de reconnaître que l'Ecriture dit vrai : parmi ceux qui sont « à la tête », parmi les membres les plus considérés du troupeau, certains ont plus ou moins secrètement leurs pensées aux choses de la terre. De tels maux vont facilement de pair avec un vain formalisme religieux. Combien une telle façon de vivre est contraire à l'enseignement de la Parole ! Avons-nous réalisé que "notre vie est cachée avec le Christ en Dieu" ? (Col. 3 : 3). 
 
            Dieu met à la disposition de ses rachetés les ressources indispensables pour résister à un tel courant mondain et pour être constamment gardé de laisser de telles tendances se développer dans nos coeurs. Mais les chrétiens de nom envahissent de plus en plus l'Assemblée et propagent leurs erreurs et leur triste façon de vivre. Il faut donc veiller et prier continuellement de peur de se laisser peu à peu séduire.
 
            L'apôtre déclare encore à ces Philippiens qu'ils trouvent leur gloire dans leur honte. C'est une disposition naturelle du formalisme : on en vient vite à tirer vanité même de ses péchés et même à les considérer comme des vertus ! L'hypocrisie est vite confondue avec la droiture ; un faux zèle passe pour de la ferveur. Ainsi les poisons subtils que Satan cherche à verser dans nos esprits sont revêtus d'une belle étiquette, et ceux qui les propagent voudraient qu'on les confonde avec de salutaires remèdes de Christ ! De plus, de telles personnes n'hésitent pas à nommer vice chez d'autres ce qu'elles estiment être chez elles une qualité. Voyant leur « prochain » commettre la même action qu'elles viennent pourtant d'accomplir, elles sont capables de s'en montrer indignées !
            Par contre leur empressement à s'acquitter des devoirs extérieurs de la vie religieuse est souvent exemplaire ; ils se montrent les plus stricts des sabbatistes, les plus scrupuleux des pharisiens, les plus austères dévots. Mais pour relever la moindre faiblesse dans la conduite d'autrui, nul ne surpasse leur habileté, alors qu'ils caressent tout à leur aise leur péché favori (Job 20 : 12-13). Ce sont les fautes de leurs frères qu'ils regardent à travers un verre grossissant. Quant à leur propre conduite, elle ne regarde personne ! Ils estiment pouvoir mal agir en toute impunité et si un frère se hasarde à leur adresser quelques observations, ils s'indignent et crient à la calomnie. Les remontrances ou les avertissements ne touchent pas leur conscience. Ne sont-ils pas des membres dûment connus dans l'assemblée ? N'accomplissent-ils pas avec exactitude tous les rites et toutes les ordonnances? Qui donc alors oserait mettre en doute leur piété ? 
            Chers frères et soeurs, ne nous faisons pas d'illusions ! Beaucoup de prétendus membres de l'Assemblée sont en grand danger, sans une prompte et réelle repentance, de se retrouver en enfer. Beaucoup de personnes admises à la communion chrétienne, qui ont reçu les eaux du baptême et s'approchent de la sainte table, ont peut-être même la réputation d'être des chrétiens vivants, mais ils n'en sont pas moins spirituellement morts, comparables en fait à des cadavres dans leur sépulcre. Il est si facile aujourd'hui de se faire passer pour un enfant de Dieu ! En fait de renoncement, d'amour pour Christ, de mortification de la chair, on se montre si peu exigeant ! 
            Il suffit d'exprimer quelques banalités pieuses, quelques phrases conventionnelles pour faire illusion même aux véritables chrétiens. Par une conduite extérieure respectable, trompant  les plus clairvoyants, on a pu acquérir une réputation de piété assez bien établie. On marche ainsi le coeur léger et la conscience endurcie, sur le chemin de la perdition. Ce sont des choses humiliantes à mettre en lumière, mais elles sont hélas vraies, c'est pourquoi nous n'avons pas le droit de les taire.
            Lorsque nous rencontrons ces hommes dont la conduite fait honte, à côté desquels nous n'oserions pas nous asseoir, ne sommes-nous pas profondément choqués de les entendre nous traiter sans hésitation de « frères » ? Ils vivent habituellement dans le péché, et ils appellent néanmoins hardiment un chrétien leur frère ! Que Dieu les éclaire sur un tel chemin d'égarement avant qu'il ne soit trop tard ! Nous ne pouvons en aucune manière fraterniser avec eux : c'est chose impossible jusqu'au moment où, sous l'effet de la repentance, ils marcheront comme des enfants de lumière, eux qui auparavant étaient « ténèbres » (Eph. 5 : 8).
            Assurément, tout homme qui fait de son ventre un dieu et dont la gloire est dans sa honte est gravement coupable. Mais si cet homme se drape de plus du « manteau de la religion », connaissant la vérité, et fait ouvertement profession d'être un serviteur de Christ, il est plus coupable encore ! C'est un scandale : cet hypocrite cherche audacieusement à mentir à Dieu, en étouffant la voix de sa conscience, et il déclare solennellement appartenir au Seigneur. Tout ceci en marchant selon le train du "présent siècle mauvais" (Gal. 1 : 4). Il commet les mêmes injustices, poursuit les mêmes buts, use des mêmes moyens que les incrédules ! Si l'un de nos lecteurs doit se reconnaître dans ce triste tableau, qu'il se tourne sans plus attendre vers le Seigneur, confesse sa misère, avec les larmes d'une vraie repentance, et réalisant l'immensité de sa faute !
 
 
                        - Les fâcheux effets d'une telle conduite sur l'entourage
 
            Si l'apôtre menait deuil à cause du péché de ces hommes qui, pour la plupart sans doute, n'avaient de chrétien que le nom, il pleurait peut-être plus encore en réalisant les fâcheux effets de leur conduite sur leur entourage. Il prononce une brève sentence : ce sont des « ennemis de la croix de Christ ». Le sceptique, l'incrédule le sont aussi ; le blasphémateur, le profane, le sanguinaire Hérode également ; mais les plus grands ennemis de la Croix, les soldats d'élite de l'armée de Satan, ce sont ces pharisiens, que le Seigneur compare à des sépulcres blanchis. Ils ont une apparence de piété, mais ils sont remplis au-dedans de toute espèce de souillure (Matt. 23 : 27).
            Il semble qu'en entendant l'apôtre parler ainsi, tout enfant de Dieu doit se sentir profondément humilié à la pensée que les plus rudes coups portés à l'Evangile viennent parfois justement de ceux qui se prétendent être des disciples. On doit éprouver une douleur continuelle en voyant Jésus ainsi méprisé par des personnes qui disent lui appartenir. « J'ai été blessé dans la maison de mes amis » (Zach.13 : 6). Ces plaies, dit le Seigneur, je les aie reçues de la part de ces hommes qui portent mon nom, s'asseyent à ma table et parlent mon langage ! Ce sont eux qui m'ont percé, qui m'ont crucifié, et ils le font en quelque sorte de nouveau par leur conduite, et leurs paroles… Blesser volontairement Christ, agir à son égard d'une façon honteuse, tout en faisant profession de lui appartenir : est-ce possible de commettre un péché aussi odieux ? Il est, hélas, plus fréquent qu'on ne pense. Avoir à livrer bataille à des opposants est normal, mais devoir s'opposer à ceux qui se prétendent des alliés et qui se révèlent des traîtres, est humiliant ! Il est normal de défendre contre l'ennemi la citadelle qui nous est confiée, mais que dire s'il s'agit de soi-disant amis, qui sont en réalité des traîtres. Il ne faut pas se préoccuper seulement des attaques du dehors mais prendre garde plus encore à ces « loups ravisseurs qui viennent à nous en habits de brebis » (Matt. 7 : 15). Ceux qui présentent la Parole doivent dénoncer un tel comportement avec une sainte colère et avec larmes ; ce sont des ennemis de la croix de Christ encore plus dangereux que les autres.
            Nous désirons préciser ce point en indiquant sommairement quelques-uns des fâcheux effets qui résultent de la présence de ces personnes dans l'Assemblée.
 
            En tout premier lieu, ils attristent l'Esprit de Dieu et causent du dommage au corps de Christ, c'est-à-dire à l'ensemble des enfants de Dieu. Ils provoquent des gémissements douloureux dans le coeur des rachetés. Si un incrédule nous insulte et nous « couvre de boue » dans la rue parce que nous appartenons à Christ, l'Ecriture déclare que nous sommes bienheureux (1 Pier. 4 : 14, 16). Mais si quelqu'un qui se prétend chrétien fait rejaillir sur notre Maître la souillure de sa vie déréglée, notre coeur en est encore plus attristé : une attitude aussi scandaleuse est plus préjudiciable à l'Evangile que ne le sont les bûchers et les tortures. Si un homme qui hait le Seigneur Jésus nous accable de ses malédictions, ne nous en mettons pas en peine ; mais quand nous voyons l'un de ces prétendus disciples Le renier et Le trahir, comment tout vrai chrétien ne s'en affligera-t-il pas ?
 
            Par ailleurs, ces faux frères amènent inévitablement des divisions dans l'Eglise. Si l'on remonte à la source des discordes ecclésiastiques, on découvrira que la plupart d'entre elles sont dues à ces formalistes. Leur conduite inconvenante amène les chrétiens fidèles à se séparer d'eux. Il y aurait beaucoup plus d'unité parmi les enfants de Dieu si des hypocrites ne se glissaient pas parmi nous ; il y aurait plus de dévouement et d'amour fraternel, si ces habiles séducteurs ne nous avaient contraints, par leur attitude trompeuse, à nous montrer réservés à leur égard. De plus, ils sont toujours prêts à médire contre les véritables croyants et à semer des querelles entre eux. Ce qui a produit les plus graves dommages à l'Eglise de Dieu, ce ne sont pas les traits pourtant meurtriers de ses ennemis avoués ; non, ce sont les incendies allumés secrètement au milieu d'elle par des hommes qui dissimulent leur état véritable sous un masque de la piété. Ce sont en réalité des espions et des traîtres (Gal. 2 : 4).
            Remarquons que de telles gens font en outre du mal aussi aux incrédules. Beaucoup de pauvres pécheurs qui commençaient à se tourner vers Christ, sont retenus loin de Lui en constatant le scandaleux désaccord entre la conduite et les principes affichés par certains de ces soi-disant chrétiens ! Des piétés naissantes se brisent chaque jour contre de telles pierres d'achoppement ! Voici un fait qui confirme, d'une manière saisissante, la vérité de ce que nous venons de dire.
            Lors de son passage dans l'église d'un village, un jeune prédicateur donna un message qui parut faire une profonde impression sur l'auditoire. Un jeune homme, en particulier, fut tellement remué par les paroles solennelles de ce prédicateur, qu'il résolut d'avoir un entretien avec lui. Il l'attendit à la sortie de l'église et lui proposa de l'accompagner jusqu'à la maison où il allait loger. Chemin faisant, le jeune serviteur de Dieu parla un peu de tout sauf de l'Evangile. Grande était l'angoisse dans la conscience de ce jeune homme. Il se hasarda bien à poser à son compagnon une ou deux questions concernant le salut de son âme, mais celui-ci répondit froidement et d'une manière évasive, comme si le sujet était de peu d'importance ! Enfin, ils arrivèrent à la maison ; plusieurs personnes s'y trouvaient réunies. Et aussitôt le prédicateur entame une conversation des plus légères, qu'il assaisonne de force bons mots et de bouffonneries. Bientôt même, encouragé certainement par les rires approbateurs accueillant ses facéties, il s'oublie au point de prononcer des paroles qu'on pourrait presque appeler licencieuses. Alors, indigné, le jeune homme qui l'avait accompagné, se lève brusquement et quitte immédiatement la maison. Lui, qui une heure auparavant pleurait en entendant parler du Seigneur, s'écrie maintenant avec rage : « La religion n'est après tout qu'un mensonge ! Dès cet instant, je ne crois plus ni en Christ ni en Dieu. Si je suis damné, que mon âme soit redemandée à cet homme, car c'est par son moyen qu'elle aura été perdue ! Ce prédicateur se conduirait-il ainsi, s'il était convaincu des choses qu'il enseigne aux autres ? Non ! Ce n'est qu'un vil hypocrite, et désormais je ne veux plus rien écouter ni de lui, ni de son Evangile ». Le malheureux tint malheureusement parole ; toutefois, couché sur son lit de mort, il demanda à revoir le jeune ministre de l'évangile. Or, par une coïncidence remarquable, ce dernier se trouvait alors dans le village ; Dieu l'y avait conduit, n'en doutons pas, afin qu'il comprit la gravité de son péché. Sa Bible à la main, il entre dans la chambre du moribond et s'apprête à lire et à prier lorsque celui-ci l'arrête : « Je vous ai déjà entendu prêcher une fois, monsieur », lui dit-il en le regardant fixement. «  Dieu en soit béni ! », répond le ministre, croyant sans doute avoir affaire à une âme convertie par son moyen. « Il n'y a pas lieu de bénir Dieu, que je sache, continue froidement le malade ; vous souvenez-vous d'avoir prêché ici, tel jour, sur tel texte ? - Oui je m'en souviens parfaitement. - Eh bien, monsieur, je tremblais en vous écoutant ; je frémissais, j'étais éperdu. Je quittai le lieu de rassemblement avec la ferme intention de fléchir le genou devant Dieu et de chercher à recevoir son pardon en Christ ». Puis le moribond rappelle aussi comment s'était passée la fin de la soirée et il continue : « C'est à votre conduite ce soir-là, que mon âme doit d'être damnée ; aussi vrai que j'ai encore un souffle de vie, je vous accuserai devant le tribunal de Dieu d'être la cause de ma condamnation ! ». Ayant ainsi parlé, le malheureux ferme les yeux et meurt. Quel remords pour ce pauvre chrétien ! 
            Un remords semblable, craignons-le, pèsera un jour sur la conscience de bien des membres de l'Assemblée. Combien de jeunes gens, en effet, ont été détournés de la sérieuse recherche de la vérité par des censures publiques, des critiques âpres et amères de ces pharisiens modernes ! Combien d'âmes droites et sincères ont été prévenues contre la saine doctrine par la conduite peu édifiante de ceux qui font hautement profession d'adhérer au christianisme ! « Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites ! Car vous fermez le royaume des cieux devant les hommes ; car vous n'entrez pas vous-mêmes ni ne permettez à ceux qui entrent, d'entrer (Matt. 23 : 13). Vous avez enlevé la clef de la connaissance (Luc 11 : 52) ; vous fermez la porte du salut à double tour par vos infidélités et vous chassez par votre flagrante hypocrisie, des âmes qui étaient disposées à s'approcher !
 
            Un autre effet déplorable de la conduite de ces chrétiens de forme, c'est de grandement servir aux desseins du démon et de ceux qui le suivent. Ce que disent les incrédules dans leurs livres ou leurs discours n'a qu'une importance relative. Ils sont certes habiles - et ils en ont besoin pour chercher à établir des absurdités et donner à. l'erreur une apparence de vérité. Leurs attaques ont peu d'importance, si elles ne s'appuient que sur des mensonges. Mais quand ces mauvais bergers peuvent nous adresser des reproches mérités, quand les accusations intentées contre l'Assemblée sont fondées, ils sont à craindre, et parfois Satan paraît triompher. Si un homme se conduit comme un chrétien droit et intègre, il désarmera bientôt la critique ; si sa vie est sainte et irréprochable, on se lassera bientôt de rire à ses dépens ; mais si sa marche est vacillante, s'il agit tantôt en chrétien, tantôt comme un mondain, il fournira des armes aux adversaires de la vérité et leur donnera occasion de blasphémer contre l'Evangile. Qui peut mesurer les désastres que le démon a réussi à produire dans l'Eglise, en se servant des infidélités de ceux qui, par ailleurs, prétendaient être réellement des fidèles avant de montrer lamentablement le contraire ? Dire et ne pas faire, avoir une vie en désaccord avec les principes affichés, c'est montrer que nous ne sommes pas de vrais disciples du Seigneur (Jean 13 : 17). Quelle redoutable machine de guerre est alors mise à la disposition de Satan pour battre en brèche la muraille de l'Eglise ! Soyons sur nos gardes, veillons constamment à notre conduite, afin de ne pas déshonorer Celui que nous faisons profession d'aimer.
 
            Avant de conclure, nous sommes pressés de nous adresser à ceux qui ont des vues très arrêtées sur l'élection de la grâce. Nous croyons avec l'enseignement de l'Ecriture en un salut absolument gratuit, et nous affirmons avec l'apôtre Paul : « Ainsi donc ce n'est pas celui qui veut, ni celui qui court, mais de Dieu qui fait miséricorde » (Rom. 9 : 16). En d'autres termes, nous exaltons la grâce souveraine de notre Dieu. Pour de telles raisons nous sommes traités d'ultra sévères, d'étroits, de prétentieux… Nous sommes jugés comme le rebut de la terre, on accuse de telles doctrines d'encourager le vice et l'immoralité. Voulons-nous réfuter victorieusement la calomnie ? Cherchons, avec tout le secours du Seigneur, à vivre d'une manière digne de notre vocation céleste. Craignons, par nos chutes et par nos faiblesses, de donner sérieusement prise aux attaques de nos adversaires ; en un mot, prenons garde de ne pas jeter de doute sur les saintes vérités qui nous sont si chères, et auxquelles nous espérons rester fidèles jusqu'à la mort.
 
 
                        - le sort réservé à des chrétiens de forme seulement
 
            Une autre cause de la douleur profonde de Paul était de penser au sort réservé aux personnes qui, à Philippes, avaient une telle conduite : « leur fin est la perdition ». Comprenons-nous bien, chers frères et soeurs ? La fin de tels chrétiens, ayant une forme extérieure seulement, sera la perdition. De terribles tourments en enfer seront le partage de ceux dont la profession de piété n'aura été qu'un mensonge ! Quel terrible réveil pour une âme qui, après avoir donné l'apparence de la vie de Dieu dans ce monde, sera jetée avec les menteurs dans le feu éternel. Tout cela après avoir « goûté du don céleste », être devenu « participant de l'Esprit Saint » et avoir « goûté la bonne parole de Dieu » (Héb. 6 : 4-5) !
            Ce formaliste aura peut-être réussi à se séduire lui-même, sa désillusion n'en sera que plus terrible. Il comptait sans doute entrer par les portes de la nouvelle Jérusalem, mais elles lui seront fermées ! Il s'imaginait que pour être admis dans la salle des noces, il suffirait de crier : « Seigneur, Seigneur », et il entendra prononcer contre lui cette terrible sentence : « Je ne vous ai jamais connus ; retirez-vous de moi » (Matt. 7 : 23). Quoique vous ayez mangé et bu en ma présence, que vous soyez entrés dans mon sanctuaire, vous n'êtes pour moi qu'un étranger et je le suis également pour vous ! (Luc 13 : 26). Un tel sort sera inévitablement celui de ces prétendus chrétiens « dont le dieu est leur ventre, dont la gloire est dans leur honte et leurs pensées aux choses terrestres ».
 
 
 
Un avertissement pour tous !
 
            Nous désirons maintenant répondre à diverses pensées qui peuvent être suggérées après ce que nous venons d'exprimer.
            Certains lecteurs peuvent penser : « Voilà certes un avertissement qui n'épargne pas mes frères et mes soeurs : il est bon qu'ils les entendent. Ce sont des vérités sévères qu'il faut se rappeler ». D'autres diront encore : « Je suis tout à fait de cet avis : ces gens qui font profession de piété, et se donnent des airs de saints, sont tous des imposteurs ! Je l'ai toujours pensé, il n'y en a pas un qui soit sincère ». Cessons d'avoir de telles pensées ! Le fait qu'il y a des hypocrites est la preuve irrécusable qu'il existe en revanche des chrétiens sincères ! De même, qu'il n'y aurait pas de faux billets de banque dans ce monde, s'il n'y en avait pas d'abord de bons que l'on cherche à imiter ! Croyez-vous qu'on chercherait à mettre de la fausse monnaie en circulation, s'il n'y avait pas un peu partout de l'argent de bon aloi ? Evidemment non. La contre-façon prouve l'existence préalable de ce que l'on s'efforce ensuite de contrefaire. Si donc il n'existait pas de vraie piété, il n'y en aurait pas non plus de fausse. Et de même que c'est la valeur d'un billet de banque qui engage le faussaire à le reproduire, de même c'est l'excellence du caractère chrétien qui engage certaines personnes à vouloir l'imiter. N'ayant pas la réalité, ils veulent au moins feindre de la posséder. N'ayant pas d'or pur, ils cherchent à en avoir en tout cas l'apparence. Nous le répétons, le simple bon sens suffit pour faire comprendre que s'il y a de faux chrétiens, c'est qu'il y en a nécessairement d'abord, par la grâce de Dieu, de véritables.
 
            Peut-être, d'autres lecteurs pensent-ils : « Oui, grâce à Dieu, il existe de sincères, de véritables chrétiens, et j'ai le bonheur d'en faire partie. Jamais je n'ai eu le moindre doute ni la moindre crainte à cet égard : je sais que je suis un élu de Dieu. Il est vrai que ma conduite n'est pas toujours ce qu'elle devrait être, mais j'ose affirmer que si je ne vais pas au ciel, alors peu de personnes y seront ! Ainsi les avertissements que je viens de lire ne me concernent pas ! Depuis plus de vingt ans, je suis un membre de l'Eglise ; depuis plus de dix ans, j'ai l'honneur d'être considéré comme un ancien ; je jouis de la considération de mes frères, rien ne saurait ébranler ma confiance. Quant à mon voisin, c'est tout autre chose ! Je crois qu'il fera bien de s'assurer de la réalité de sa conversion ; mais une fois encore, pour ce qui me concerne tout est bien ; je suis tranquille, parfaitement tranquille ». Permettez-nous de vous dire que votre excès d'assurance nous inspire les plus vives inquiétudes ? Si vous n'avez jamais eu de craintes sur la qualité de votre piété, nous commençons à en avoir ; si vous ne doutez pas parfois de votre état réel, nous ne pouvons que trembler à votre sujet ; car nous avons observé que tous les vrais enfants de Dieu éprouvent une extrême défiance à l'égard de leur état personnel, et craignent de se faire des illusions à leur propre sujet ! Jamais encore nous n'avons rencontré un vrai croyant qui soit content de son état spirituel : puisque vous vous déclarez satisfait du vôtre, nous ne pouvons pas, en vérité, apposer notre signature au certificat de piété que vous vous délivrez. Il se peut que vous soyez en très bon état ; toutefois acceptez que nous vous donnions le conseil de vous examiner pour voir si vous êtes dans la foi, de peur qu'étant enflé d'orgueil, vous ne tombiez dans le piège du diable. « Jamais trop sûr de soi » : voilà une devise qui convient parfaitement au chrétien. Etudiez-vous à affermir votre vocation et votre élection, mais, de grâce, n'ayez jamais une trop haute opinion de vous-même (Rom. 12 : 3). Gardez-vous de la présomption. Combien d'hommes, excellents à leurs propres yeux, sont peut-être aux yeux de Dieu dans un état désastreux ! Combien d'âmes considérées comme très pieuses, selon l'opinion des autres membres de l'Eglise, sont profondément souillées devant le Saint des saints ! (Es. 6 : 5). Que chacun s'éprouve lui-même, et dise avec le psalmiste : « Sonde-moi, ô Dieu! et connais mon coeur ; … regarde s'il y a en moi quelque voie de chagrin, et conduis-moi dans la voie éternelle ». (Ps. 139 : 23-24). Si les avertissements que vous venez d'entendre avaient pour résultat de faire naître en vous des pensées d'humilité, de vous engager à prier pour que Dieu vous aide à voir clair sur votre état réel, nous bénirions le Seigneur de nous avoir permis de vous avoir adressé ce message !
 
            Enfin, il y a sûrement parmi nos lecteurs, quelque esprit léger et insouciant auquel il importe peu d'appartenir ou non à Christ. Il compte vivre comme par le passé, dans l'oubli de Dieu, méprisant ses avertissements et se moquant de Lui. Insensé et aveugle que vous êtes ! Un jour viendra où votre rire sera changé en pleurs, où vous sentirez le besoin vital de cette foi que vous dédaignez aujourd'hui ! A bord du vaisseau de la vie, naviguant peut-être sur une mer paisible, vous oubliez présentement la chaloupe de sauvetage ; mais si la tempête gronde, et, s'il est encore temps, vous voudrez désespérément vous y précipiter à tout prix. Maintenant vous ne faites aucun cas du Sauveur : il vous semble que vous n'avez nul besoin de Lui ! Mais quand la mort viendra se saisir de vous, vous n'aurez plus devant vous que la perspective de la colère divine (Héb. 9 : 27). Vous qui maintenant ne voulez pas prier Christ, vous chercherez à crier après Lui ! Vous qui maintenant refusez de l'appeler, vous le supplierez, en lui adressant des appels désespérés ! Votre coeur qui maintenant n'éprouve aucun désir de le posséder, connaîtra alors une inexprimable angoisse !... « Pourquoi mourriez-vous, maison d'Israël ? » (Ezé. 18 : 31 ; 33 : 11), demandait l'Eternel. La même question vous est aussi posée !
            Que le Seigneur veuille vous ramener à Lui, et faire de vous un de ses sincères, un de ses véritables enfants, en sorte que votre fin ne soit pas la perdition, mais que vous soyez sauvés dès à présent, et pour l'éternité !
 
 
                                                           D'après un auteur inconnu.        Le 06.09.06