bible-notes.org

Imprimer ou partager la page :

Perplexité et confiance d’Habakuk  


Un livre parlant de jugement, mais aussi de confiance et de consolation
L’entretien entre le prophète angoissé et son Dieu
Le prophète « sur la tour », écoutant la réponse de l’Eternel
La supplication du prophète et la proclamation de la puissance de Dieu
Le triomphe de la foi d’Habakuk
 

            Habakuk n’était pas un homme égocentrique, occupé seulement à rechercher son confort, sa sécurité et celle de sa famille. Ardent patriote, il était profondément attristé devant la condition morale et l’état spirituel de son peuple. Il l’aimait beaucoup et comprenait qu’il approchait rapidement du précipice, en s’obstinant à ne pas se soumettre aux lois divines. Des questions angoissées se pressaient sur ses lèvres : « Jusques à quand, Eternel, crierai-je, et tu n’entendras pas ? » (1 : 2). Les choses allaient-elles continuer de s’aggraver sans que Dieu intervienne ? Il semblait se contenter de contempler l’iniquité : « Pourquoi… gardes-tu le silence…? » (v. 13). Pour le prophète Habakuk, un tel travail de cœur était devenu un grand « fardeau » - c’est le sens de ce mot « oracle » (v. 1).


Un livre parlant de jugement, mais aussi de confiance et de consolation

            On ne peut entrer ici en détail dans le contenu de ce précieux livre. Encourageons-nous toutefois l’un l’autre à le faire dans le privé. Ne nous laissons pas rebuter par la difficulté supposée des « petits prophètes ». Comment comprendre ce terme « petits » que l’on emploie couramment pour ces prophètes ? Si l’on veut insister sur le fait que certains de ces livres sont courts, c’est exact. Toutefois si l’on s’attache humblement à saisir le sens profond de leurs messages, on ne tardera pas à découvrir leur richesse spirituelle. Dans ce sens, ils n’ont rien de « petit ». Par son Esprit, Dieu nous aidera à discerner leur grande valeur. Là encore, comme dans toute l’Ecriture, « la prophétie n’est jamais venue par la volonté de l’homme, mais de saints hommes de Dieu ont parlé, étant poussés par l’Esprit Saint » (2 Pier. 1 : 21).
            Si ce livre d’Habakuk parle de jugement, il nous montre aussi comment le prophète « embrasse ardemment » (sens du mot « Habakuk ») les promesses de Dieu et l’invitation à se confier en Lui. Et nous voyons le prophète obéir avec foi ! Il est très instructif de voir grandir, au fil du récit, les relations de ce croyant avec Dieu ; une riche bénédiction s’ensuit pour son âme. Pourtant Habakuk est loin d’avoir la même proximité que celle dont nous jouissons maintenant avec Dieu ; Il est un « bon et tendre Père » dont nous sommes devenus les enfants par la foi en l’œuvre merveilleuse de la croix. Tous les vrais croyants sont invités à occuper la place qui leur appartient désormais : « Ayant donc, frères, une pleine liberté pour entrer dans les lieux saints par le sang de Jésus… approchons-nous avec un cœur vrai, en pleine assurance de foi » (Héb. 10 : 19-22). 
            Ce prophète, avec sa foi vivante, est cependant un grand exemple pour chacun d’entre nous. La lecture attentive de son message, reçu de Dieu, encourage tous ceux qui pourraient être désespérés en voyant le grave état de la chrétienté professante - et en particulier celui des assemblées, lié à leur responsabilité. Ce livre rappelle où nous pouvons trouver, à chaque instant, les seules vraies ressources : elles sont dans le Seigneur ! Si, par grâce, nous faisons partie de ceux qui sentent l’urgence de s’humilier devant Dieu, c’est notre cœur qu’il faut déchirer devant Lui, et non nos vêtements devant les hommes (Joël 2 : 13). Dieu répond toujours à la prière de la foi. Il l’a fait pour Habakuk, qui nous donne un bel exemple de confiance en Dieu.
 

L’entretien entre le prophète angoissé et son Dieu

            Le dialogue s’établit d’emblée avec liberté entre le prophète et l’Eternel (1 : 1-11). Habakuk est angoissé devant la marée montante du mal. Il répand son cœur devant Dieu, il souffre de voir la place que la dévastation, la violence, les contestations et la discorde ont prise au milieu de Juda. L’état de ce petit royaume est devenu désastreux, même au milieu de ceux qui font vraiment partie du peuple de Dieu (v. 3). Habakuk ne comprend pas que le Seigneur n’intervienne pas pour ôter le mal du milieu de Juda.
            La société en Israël est en effet devenue dramatiquement permissive - elle l’est également aujourd’hui dans nos pays. On refuse d’écouter les enseignements de la Parole de Dieu et ses avertissements. Aussi le prophète doit-il faire ce constat : « le méchant cerne le juste ; c’est pourquoi le jugement sort perverti » (v. 4). Il demande à l’Eternel : « Pourquoi me fais-tu voir l’iniquité, et contemples-tu l’oppression ? » (v. 3). Le Seigneur fait alors connaître à son serviteur quels sont ses intentions devant cette situation. Il a décidé de se servir de l’armée des Chaldéens pour punir Juda, qui est plus coupable que les idolâtres : ayant reçu, par l’Ecriture, de la lumière sur la pensée divine, il n’en a pas tenu compte. Nous qui avons la Bible complète, n’agissons-nous pas souvent comme Juda ?
            Dieu décrit ensuite cette nation étrangère. Elle est cruelle et impétueuse, formidable et terrible (v. 6-7) ; elle voudrait tout détruire et elle est prête à rassembler des captifs « comme le sable » (v. 9). Cependant, emportée par son orgueil insensé, elle va « passer outre » et dépasser le rôle que l’Eternel lui avait attribué. Elle aurait dû se comporter comme une « verge » à l’égard de Juda - l’Assyrien a agi de cette façon vis-à-vis d’Israël (Es. 10 : 5-7). Cette nation chaldéenne péchera : « sa puissance est devenue son dieu » (v. 6-11). Dieu reproche la même manière d’agir aux nations au début de Zacharie (1 : 14-15).
            Toutes ces révélations de l’Eternel bouleversent l’homme de Dieu ; il est très affligé d’apprendre ce qui attend Juda, sa nation ! Comment l’Eternel peut-Il laisser une nation profane déployer à sa guise tant d’iniquité ? Tout cela est en relation avec le « mystère de la patience de Dieu à l’égard du péché » (voir Ps. 83 et Apoc. 10 : 7).
            Etait-il concevable que l’Eternel reste sans intervenir en voyant l’ennemi perpétrer des crimes aussi horribles (v. 13-17) à l’égard du peuple qu’Il avait autrefois choisi (Deut. 7 : 7) ? Conscient de sa relation avec Celui dont les yeux sont « trop purs pour voir le mal » (v. 13), Habakuk s’écrie : « Toi, n’es-tu pas de toute ancienneté, Eternel, mon Dieu, mon Saint ? » (v.12).
            Le spectacle qu’offre présentement notre terre, où la violence et la corruption s’étalent sans la moindre retenue, est une grave offense envers Dieu. Il n’a pu arrêter ses regards sur la terre avec satisfaction qu’au moment où le Christ Jésus s’y trouvait comme un Homme ! Puis du fait de sa sainteté absolue, les regards divins se sont détournés du Fils de son amour, durant les trois heures de ténèbres à la croix. Jésus avait pris alors tous nos péchés sur Lui et Il a été « fait péché pour nous » (Ps. 22 : 1 ; 2 Cor. 5 : 21).
 

Le prophète « sur la tour », écoutant la réponse de l’Eternel

            Le prophète prend la sage résolution de monter sur la tour (2 : 1). Se tenant ainsi au-dessus de la mêlée, il est protégé de l’atmosphère de corruption qui règne dans ce monde souillé par le péché. Habakuk ne cherche pas à engager une discussion, il est prêt au contraire à se soumettre à la pensée de Dieu. Il est simplement disposé à écouter avec attention ce que Dieu lui dira et il ne répondra que s’il y a lieu.
            Montons souvent, chers lecteurs chrétiens, sur la tour : « Le nom de l’Eternel est une forte tour ; le juste y court et s’y trouve en une haute retraite » (Prov. 18 : 10). A l’abri du vacarme infernal qui a envahi ce monde, des moments réservés à la communion « journalière » avec le Seigneur sont indispensables pour nous aider à rechercher la sanctification pratique.
            Habakuk va recevoir une réponse apaisante ; il doit la graver sur des tablettes (v. 2). L’accomplissement de cette vision reste en effet futur - elle parle « de la fin » et ne mentira pas ; si, à nos yeux, elle tarde, il faut l’attendre. La patience doit avoir son œuvre parfaite chez les croyants, afin que nous soyons parfaits et accomplis (Jac. 1 : 4).
            Le « juste » - celui que Dieu a justifié - doit vivre par sa foi (ou de foi) (2 : 4) : cette vérité d’une portée capitale est citée quatre fois dans le Nouveau Testament (Act. 13 : 40 ;  Rom. 1 : 17 ; Gal. 3 : 11 ; Héb : 10 : 38). Ces passages font ressortir la place éminente de la foi, au milieu des circonstances si difficiles qu’un croyant  peut parfois traverser. C’est la foi qui nous a sauvés ; elle seule peut nous faire vivre et marcher dans les « bonnes œuvres » que Dieu a préparées à l’avance (Eph. 2 : 10). Serrant dans notre cœur cette clé, nous recevrons d’en Haut les ressources nécessaires pour affronter victorieusement les épreuves. C’est Dieu qui nous a appelés à vivre dans le monde pour y rendre témoignage, au milieu d’une génération dévoyée et pervertie (Jean 17 : 15-18 ; Phil. 2 : 15 ; 1 Pier. 1 : 7).
            Après avoir reçu toutes ces grandes révélations, rien n’a changé, à vue humaine, dans les circonstances au milieu desquelles se débat le prophète. Les ennemis sont toujours là, l’iniquité continue à se propager. Toutefois la foi de ce juste s’appuie désormais sur toutes les certitudes que son Dieu vient de lui donner. Il croit ; il sait que même si la terre est encore remplie des mauvais fruits de la vanité de l’homme, elle va bientôt être au contraire « pleine de la connaissance de la gloire de l’Eternel » (v. 14 ; Es. 11 : 9). On se souvient qu’il y a bien eu ensuite un retour « partiel » et transitoire du peuple dans son pays, mais l’Esprit de Dieu a plutôt en vue ici la période encore future du millénium.
            D’ailleurs, l’attente présente des croyants, c’est la venue du Seigneur (Héb. 10 : 37). Le Saint Esprit se sert de ce verset d’Habakuk en vue d’encourager ceux qui vivent dans « la parenthèse actuelle de la grâce », au moment où déjà l’iniquité déborde comme un fleuve. Notre foi doit être constamment occupée de Celui qui vient : « Courons avec patience la course qui est devant nous, les yeux fixés sur Jésus, le chef de la foi » (Héb. 12 : 1). C’est notre seul but !
            Dans une grande partie de ce chapitre 2, Habakuk écoute le réquisitoire divin contre un peuple qui travaillait pour le feu (v. 13). Cinq malheurs sont prononcés à l’égard des  Chaldéens. Ils seront brisés, à leur tour, par la colère divine. Le prophète parle aussi du fondement éternel inébranlable sur lequel notre foi repose : « L’Eternel est dans le palais de sa sainteté : …que toute la terre fasse silence devant lui ! » (v. 20). Il exécutera son jugement sur ces nations coupables, et délivrera son peuple.
 

La supplication du prophète et la proclamation de la puissance de Dieu

            Le prophète est « moralement » transporté dans le temple, où il adresse une nouvelle prière à Dieu (3 : 1). C’est une demande, mais aussi l’expression de la louange. Il lui fait part de ses sentiments douloureux, mais également de la joie qui est dans son cœur (v. 2-18). Sa tristesse est toujours réelle, car il n’oublie pas l’état misérable de son peuple ; toutefois son cœur est désormais en paix : il réalise que Dieu tient tout en main.
            Devant tout ce que l’Eternel annonçait, ce prophète a eu peur ; cependant, il reste  un intercesseur fidèle. Son cœur est « uni à la crainte de Dieu » et il Le prie avec discernement : « Eternel, ravive ton œuvre au milieu des années… fais-la connaître. Dans la colère, souviens-toi de la miséricorde ! » (v. 2). « Encore maintenant », selon les paroles de Zacharie (2 : 12), Dieu peut accorder un réveil, s’Il voit que les siens sont brisés et humiliés.
            Une ode triomphale s’élève ensuite du cœur d’Habakuk ; il exalte la souveraineté de Dieu (v. 3-7). La future marche victorieuse de l’Eternel est annoncée ; alors Il mettra « son arc à nu » et combattra victorieusement contre tous ses ennemis (v. 8-15).
 

Le triomphe de la foi d’Habakuk

            Le prophète, « admis dans le conseil secret du Tout Puissant », exprime son espoir d’avoir « du repos au jour de la détresse, quand montera contre le peuple celui qui l’assaillira » (v. 16). Cependant, sa prière s’achève avec lassurance que seule donne une foi triomphante. Il se repose désormais sur Dieu et s’attend à Lui, quoiqu’il arrive ! Un « homme de Dieu » peut ainsi toujours se réjouir. Sa joie ne dépend pas des circonstances ou d’un secours attendu du côté humain : elle vient de Dieu seul (Prov. 23 : 4-5). Il se repose avec simplicité sur le Dieu de son salut (comparer ce verset 18 avec Phil. 4 : 4).
            Tout ce passage est donc l’expression de la foi vivante d’Habakuk. « Car le figuier ne fleurira pas, et n’y aura point de produit dans les vignes ; le travail de l’olivier mentira » (v. 17a) ; ces trois arbres sont des symboles d’Israël, leur stérilité traduit l’ampleur de la ruine au sein du peuple de Dieu. « Les campagnes ne produiront pas de nourriture ; les brebis manqueront dans le parc, et il n’y aura pas de bœufs dans les étables » (v.17b) ; l’énumération de tant de privations nous frappe, car les bénédictions d’Israël étaient justement, avant tout, terrestres.
            Le prophète affirme ensuite : « Mais moi, je me réjouirai en l’Eternel, je m’égayerai dans le Dieu de mon salut » (v. 18). Dans les Psaumes, on peut relire avec profit d’autres passages qui commencent aussi par ces mots : « mais moi » - ou : « mais pour moi ». Citons quelques Psaumes : 5 : 7 ; 13 : 5 ; 31 : 6, 14 ; 55 : 23 ; 69 : 13 ; 71 : 14 ; 73 : 28 ; 109 : 4. Pouvez-vous, chers enfants  de Dieu, mettre avec joie vos noms à côté de celui d’Habakuk ?
            Le prophète déclare enfin : « L’Eternel, le Seigneur, est ma force ; il rendra mes pieds pareils à ceux des biches, et il me fera marcher sur mes lieux élevés. Au chef de musique. Sur Neguinoth (instruments à cordes) » (v.19). Déjà, David se tenait debout sur les lieux élevés (Ps. 18 : 33) ; ici, Habakuk ne doute pas que Dieu continuera à le faire marcher dans les mêmes lieux. Pour avoir une appréciation juste des pensées divines, qui mettent si souvent entièrement de côté les nôtres, le croyant doit se tenir à la place qui convient, sur la sainte montagne : c’est là que l’on rencontre Dieu. Alors sa foi est fortifiée et il reçoit des espérances qui lui permettent de « courir » vers le but. Il jouit d’une communion paisible avec le Seigneur et obéit à sa volonté, en dépit de la tristesse et de la souffrance inhérentes à la condition humaine… jusqu’à ce qu’Il vienne !

            Que le Seigneur nous accorde, malgré les circonstances douloureuses, une énergie spirituelle renouvelée ; elle est nécessaire pour gravir les « lieux élevés », d’où la foi domine un monde en effervescence, entièrement ruiné par le péché. Le jugement est proche (Jean 12 : 31). Notre temps ressemble décidément à celui où vivait Habakuk ; puissions-nous avoir la même foi simple et sincère que cet homme de Dieu. Sa victoire, en s’appuyant sur Dieu, deviendra aussi la nôtre !

 

Ph. L.  -  Le 20. 01. 15