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DES  CHOSES  TRES  SAINTES  (5)

 

8 – Les choses vouées

            « Seulement, aucune chose vouée que quelqu'un aura vouée à l'Eternel, de tout ce qu'il a… ne se vendra ni ne se rachètera ; toute chose vouée sera très-sainte, consacrée à l'Eternel » (Lév. 27 : 28).
            « L'offrande volontaire que tu auras promise de ta bouche, tu prendras garde à le faire, comme tu auras voué à l'Eternel, ton Dieu » (Deut. 23 : 23).

            Ce dernier chapitre du Lévitique a pour objet les diverses ordonnances à l'égard des personnes et des choses vouées à l'Eternel. En fait, l'Eternel, qui avait fait le choix d'Israël selon son propos de grâce envers lui, pouvait dire au peuple dès sa délivrance de l'esclavage d'Egypte : « Vous m'appartiendrez en propre d'entre tous les peuples ; car toute la terre est à moi ; et vous me serez un royaume de sacrificateurs, et une nation sainte » (Ex. 19 : 5-6).
            Méconnaissant la grâce de Dieu qui les avait « portés sur des ailes d'aigle », et remplis de confiance en eux-mêmes, le peuple, légèrement, avait prononcé des vœux  « auxquels sa main ne pouvait atteindre » ! Dans ce chapitre 27, c'est le sacrificateur qui fait l'estimation des choses « selon le sicle du sanctuaire » et « à raison de ce que peut atteindre la main de celui qui a fait le vœu ». La conclusion ne pouvait faire aucun doute : « Ce qu'Israël recherche, il ne l'a pas obtenu » (Rom. 11 : 7). « Pourquoi ? - Parce que ce n'a pas été sur la base de la foi » (9 : 32). « Sur le principe des œuvres de loi, nulle chair ne sera justifiée ». C'est un joug, dira Pierre, « que ni nos pères ni nous n'avons pu porter » (Act. 15 : 10).
            Aveuglés d'autant plus qu'ils étaient religieux, ils ont montré, en crucifiant le Saint et le Juste, ce qu'est le cœur de l'homme naturel, la pensée de la chair en lui, « inimitié contre Dieu ». « Ils m'ont haï sans cause » ; « ils ont à la fois vu et haï aussi bien moi que mon Père » (Jean 15 : 24). Eux aussi ont fait une « estimation » : trente pièces d'argent pour le Berger d'Israël, pour le Prince de la vie ! (Zach. 11 : 12 ; Matt. 27 : 9).
            Si Israël perd de la sorte tout droit aux promesses qui avaient été faites aux pères, « les dons et l'appel de Dieu n'en demeurent pas moins sans repentir ». Ce dessein de la grâce de Dieu en faveur des hommes, qui avait sa source en Lui et son accomplissement dans l'exaltation de Christ, allait devenir la part de ceux qui recevraient la Parole du « grand salut » (Héb. 2 : 3). Le terrain était celui de la foi et de la repentance (Act. 2 : 38). De même, pour le peuple, ce sera sur le terrain de la grâce et en vertu du sacrifice du Seigneur que, de Lo-Ammi - « pas mon peuple » (Os. 1 : 9), ce qu'il est aujourd'hui -, après avoir passé par « la détresse de Jacob », il retrouvera une plénitude de bénédictions. « Car l'Eternel consolera Sion… il fera de son désert un Eden… L'allégresse et la joie y seront trouvées » (Es. 51 : 3). « Et tu seras une couronne de beauté dans la main de l'Eternel… et on n'appellera plus ta terre la désolée. Car on t'appellera : Mon plaisir en elle » (62 : 3-4). C'est alors qu'ils jouiront de la présence du Roi dans sa beauté, de la sécurité dans leur terre, l'Eternel ayant brisé les liens de leur joug (Ezéch. 34 : 27). Ce sera le glorieux jubilé dont nous entretient ce chapitre du Lévitique, c'est-à-dire « le rétablissement de toutes choses » dans le pays qui leur a été promis en « possession perpétuelle ». « Alors les vœux lui seront payés » (Ps. 66 : 13). Outre le caractère typique et prophétique de ce chapitre, ne pouvons-nous pas y trouver un enseignement moral et pratique pour nous ? Sur le terrain de la loi, les choses vouées étaient donc réputées « très saintes ». Ce terme ne pouvait manquer de frapper l'Israélite. Un caractère particulièrement solennel était ainsi imprimé sur son offrande, caractère lié au Dieu trois fois saint lui-même, à qui l'on présentait le vœu. Pourquoi ce caractère extrêmement sérieux était-il ainsi donné à la chose vouée ?
            Il est raisonnable de penser que celui qui offrait était, par là même, rendu conséquent et sérieux à l'égard du vœu qu'il faisait. Dieu voulait ainsi prévenir toute liberté ou légèreté à l'égard, par exemple, d'un désengagement de ce qui était voué, ou par ailleurs à l'égard de tout ce qui n'avait qu'une fausse apparence de dévouement, notamment en changeant une bonne bête contre une mauvaise.
            Sur le terrain de la grâce, il en est évidemment tout autrement. Les cœurs rendus sensibles, dans lesquels l'amour de Dieu est versé par le Saint Esprit, considèrent le fait d'offrir au Seigneur comme un privilège. Ce ne sont plus seulement quelques personnes ou quelques biens, mais tous ; nous avons à « présenter nos corps en sacrifice vivant », service intelligent qui ne comporte rien de légal ou de contraignant (Rom. 12 : 1-2).
            La maison de Stéphanas, s'était, elle, vouée tout entière au service des saints (1 Cor. 16 : 15). Les assemblées de Macédoine avaient, elles aussi, abondé dans la richesse de leur libéralité malgré leurs tribulations et leur profonde pauvreté (2 Cor. 8 : 1-5). Quel beau fruit de la grâce ! Ils avaient demandé « avec de grandes instances » de remplir ce service d'amour ! Ils donnaient joyeusement et Dieu aime celui qui agit ainsi. Ce sujet de la libéralité entraîne l'apôtre, à travers d'abondantes actions de grâces, jusqu'à la source même de tout bien produit : « Grâces à Dieu pour son don inexprimable ! » (2 Cor. 9 : 15). Dans sa prison, l’apôtre Paul, touché du don des Philippiens - non qu'il l'ait recherché pour lui-même, mais heureux du fruit qui abonde pour leur compte auprès du Seigneur -, l'appellera : « un parfum de bonne odeur, un sacrifice acceptable, agréé, qui plaît  à Dieu » (Phil. 4 : 18 ; Héb. 13 : 16). Car tout ce qui était voué à Dieu en Israël était pour Aaron (Nom. 18 : 14). « Moi, je fais des demandes pour eux… pour ceux que tu m'as donnés » (Jean 17 : 9). Toutes choses sont à nous désormais… « et nous à Christ » (1 Cor. 3 : 23). A lui, par grâce, sans retour ! N'est-ce pas une chose très-sainte ?

            Nous terminerons ces quelques notes par la mention de « choses très saintes » en Lévitique 21 : 21-23, offrandes de gâteau et sacrifices pour le péché (voir Nom. 18 : 9). « Nul homme de la semence d'Aaron, le sacrificateur, en qui il y aura quelque défaut corporel, ne s'approchera pour présenter les sacrifices de l'Eternel faits par feu ; il y a en lui un défaut corporel : il ne s'approchera pas pour présenter le pain de son Dieu. Il mangera du pain de son Dieu, des choses très saintes et des choses saintes ; seulement il n'entrera pas vers le voile, et ne s'approchera pas de l'autel, car il y a en lui un défaut corporel, et il ne profanera pas mes sanctuaires ; car moi, je suis l'Eternel qui les sanctifie ».
            Comme les fils d'Aaron étaient sacrificateurs par voie de naissance, de même le sacerdoce spirituel actuel selon 1 Pierre 2, avec toutes ses fonctions, découle de la nouvelle naissance, de la vie nouvelle reçue. Nous avons été « engendrés par la parole de la vérité » (Jac. 1 : 18). Et comme rien ne pouvait rompre les liens de la famille d'Aaron, de même rien ne peut porter atteinte à la sûreté de la position du croyant en Christ devant Dieu. Toutefois, la faculté de jouir des privilèges et l'accomplissement des fonctions relatives à cette position pouvaient faire défaut à un fils d'Aaron par suite des souillures ou des défauts physiques dont il pouvait être affligé.
            La perte des privilèges attachés à la position, notons-le, ne doit pas être confondue avec la perte de la position elle-même. Rien de plus solide que la position, mais rien de plus fragile que la jouissance de la communion. Aussi pour nous, tout en étant enfants de Dieu, la communion individuelle et collective dans le culte de l'Assemblée, peut être gravement altérée et troublée par un mal non jugé. Seule une marche selon la lumière permet de jouir de l'une et de l'autre, connaissant une même part avec le Père et avec son Fils lui-même « et les uns avec les autres » (1 Jean 1).
            Il peut même arriver, hélas, que l'assemblée doive se purifier d'un mal surgi dans son sein, en s'humiliant, et prononcer l'exclusion de quelqu'un. Il sera privé ainsi de la communion à la Table du Seigneur. « Le vieux levain » doit être ôté du milieu de l'Assemblée selon 1 Corinthiens 5. Mais les ressources de la grâce de Dieu demeurent. Ne sont-elles pas supérieures au mal au-dessus duquel elle s'élève ?
            Le fils d'Aaron privé des privilèges les plus élevés attachés au sacerdoce trouvait dans l'ordonnance elle-même une bien douce consolation : « Il mangera le pain de son Dieu, des choses très saintes ». En serait-il autrement aujourd'hui pour tel frère ou sœur écartés de la Table du Seigneur ? Il y a toujours un chemin ouvert, dans la tristesse, le repentir, la confession et l'abandon de son égarement : on revient ainsi à Celui qui pardonne, qui console, qui restaure.
            Puissions-nous les uns et les autres « nous purifiant nous-mêmes de toute souillure de chair et d'esprit, achever la sainteté dans la crainte de Dieu » ! (2 Cor. 7 : 1).

            « Que le Dieu de paix lui-même vous sanctifie entièrement » (1 Thes. 5 : 23).

 

P. Finet – « Messager évangélique » 1974 p. 219-224