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LE LIVRE DE JOSUE (17)
ou l'ombre de la plénitude des bénédictions à venir en Christ


Comment la masse du peuple hérita (Jos. 15 à 17) 
           L’héritage de Juda (Jos. 15 : 1- 63)    
           L’héritage de Joseph (Jos. 16)  
           Makir, les filles de Tselophkhad, et la demi-tribu de Manassé (Jos. 17 : 1-13)
           Le cas des fils de Joseph, Ephraïm et Manassé (Jos. 17 : 14-18)      
                   


Comment la masse du peuple hérita (Jos. 15 à 17)
 

« Veillez, tenez ferme dans la foi ; comportez-vous en hommes, fortifiez-vous » (1 Cor. 16 : 13).

                        L’héritage de Juda (Jos. 15 : 1- 63)

            Le lot de Juda - tribu royale à laquelle l'Eternel attribua une portion royale, la plus imposante et la plus grande en Israël - est cité en premier. Comme nous l’avons déjà remarqué, l'héritage de Juda était situé sur un lieu élevé, afin d'être plus en évidence que les autres jusqu'à ce que le sceptre s'élève de Juda. En outre, c'est dans le lot de Juda que se trouvait le siège du futur royaume, Jérusalem, car, selon les voies de Dieu, il n'y a pas de lot qui soit attribué et fixé par Dieu si ce n'est dans le but bien défini de glorifier son Fils. Dans les vallées aussi bien que dans les montagnes, les villes de Juda sont nombreuses, et la liste détaillée qui en est donnée établit une distinction entre cette partie de l'héritage et celle du reste des tribus. Ainsi décrites, la richesse et la fécondité de cette portion nous enseignent que les dons que Dieu accorde aux siens sont remarquables par leur magnificence.
            Le nom de Caleb, qui réapparaît au cours de l'énumération des villes de Juda, évoque le courage et le zèle pour posséder l’héritage, dans lesquels Dieu trouve ses délices. Le cœur de Caleb, qui brûlait pour la victoire, en enflamma d'autres. Son âme de guerrier en incita d'autres à accomplir de grandes choses - trait de caractère sublime qui est la marque de ceux qui ont remporté de grandes victoires pour Dieu dans tous les âges. A Othniel, neveu de Caleb, échoit Kiriath-Sepher (« cité des livres ») qui manifestement était un centre culturel dont la conquête eut pour résultat qu'Acsa, fille de Caleb, devient la femme du vainqueur. Ces cousins étaient de dignes descendants de leur race. L'une excellait dans son rôle de gardienne du foyer, tandis que l'autre acquérait des terres arrachées à l'ennemi. Là où les sources d'eau au-dedans vont de pair avec l'épée au dehors, où la sagesse qui abreuve d'eaux vives les troupeaux s'allie au courage qui triomphe de l'ennemi, se trouvent réunies les qualités d'âme des véritables conquérants. Les sources de rafraîchissement, si nécessaires à une terre méridionale brûlée de soleil, ne doivent jamais être oubliées. Les sources d'eau, venues des lieux d'en haut comme celles d'en bas, ne doivent pas être négligées. Pas plus que les vignobles, les pâturages ne doivent être privés de soins. Recherchons donc les sources du haut et les sources du bas, car, pratiquement, le véritable possesseur des bénédictions divines est celui qui fait preuve d'autant de soin pour cultiver ce qu'il a acquis que de courage pour conquérir ce qui reste encore à posséder ! Ce n'est pas pour rien qu'Acsa descendit de dessus son âne pour demander à Caleb, son père, qu'il lui donnât quelque chose, et son esprit pratique et fervent est pour nous tous, sur le plan spirituel, une leçon d’une grande importance.
            Aussi magnifique que soit le lot de Juda, il est triste de lire, à la fin de cette description : « Mais les Jébusiens qui habitaient Jérusalem, les fils de Juda ne purent pas les déposséder, et le Jébusien a habité avec les fils de Juda à Jérusalem jusqu'à ce jour » (v. 63). Ces mots nous disent comment les fils d’Israël échouèrent bientôt dans leurs efforts pour posséder le pays, et commencèrent à perdre leur liberté. Si des ennemis spirituels s'installent dans un cœur ou au sein d'un groupe de chrétiens - comme l’ont fait les Jébusiens aux jours de David en garnissant leurs murailles d'aveugles et de boiteux et en accablant le roi de leurs sarcasmes (2 Sam. 5 : 6-10) -, tôt ou tard, ils provoquent comme chez David des réactions à la gloire de Dieu parmi les saints à moins qu’ils n’anéantissent leur témoignage.
            Ils ne purent pas les déposséder ! La tendance est donnée et ira en s'amplifiant. Elle se répète maintes fois, jusqu'à ce que le chant de la victoire soit masqué par les cris de la défaite et du dépouillement, par les gémissements de la servitude et de la ruine.

                      L’héritage de Joseph (Jos. 16)

            Le lot des fils de Joseph fut attribué après celui de Juda. C’est un autre exemple de la main de Dieu ordonnant l'héritage d'Israël, de telle sorte que ce qu'Il avait annoncé aux patriarches soit accompli. La particularité et la grandeur du lot de Juda ne se retrouvent plus dans les terres et les villes échues en partage aux tribus d'Ephraïm et de Manassé dont les lots présentent aussi par ailleurs un certain entremêlement difficile à expliquer. Les manquements à l'exécution des desseins de Dieu chez ces tribus apparaissent de nouveau. « Les villes qui furent séparées pour les fils d'Ephraïm (étaient) au milieu de l'héritage des fils de Manassé » (v. 9), « Et Manassé avait, dans Issacar et dans Aser, Beth-Shean... » (17 : 11).
            La faiblesse des Ephraïmites, comme celle de leurs frères de Juda, est constatée : « Mais ils ne dépossédèrent pas le Cananéen... et le Cananéen a habité au milieu d'Ephraïm jusqu'à ce jour ; et il a été asservi au tribut » (v. 10).

                        Makir, les filles de Tselophkhad, et la demi-tribu de Manassé (Jos. 17 : 1-13)

            A côté de cette indolence et de ce manque de courage désormais évident, il est réconfortant de lire l'histoire d'un guerrier ayant reçu un bel héritage ; « il était un homme de guerre » (v. 1). La famille de Makir était en effet caractérisée par son courage qui lui faisait remporter conquêtes sur conquêtes. Ainsi aussi les filles de Tselophkad, lui- même fils de Makir, acquirent leur portion selon la promesse.
            Ensuite vient l'énumération des villes de Manassé, c'est encore le même refrain : « Mais les fils de Manassé ne purent pas déposséder les habitants de ces villes-là..., ils ne les dépossédèrent pas entièrement » (v. 12-13). « Et il arriva que, quand les fils d'Israël furent devenus forts, ils rendirent le cananéen tributaire... ». Leur force même dévoile le secret de leur incapacité : « ils ne purent pas » parce qu'ils « ne voulurent pas » les déposséder ! Ils préférèrent tirer profit de ces païens plutôt que d'obéir à Dieu, et c'est ainsi qu'après un certain temps, les fils d'Israël apprirent toutes les abominations des Cananéens dont ils devinrent les serviteurs comme châtiment de leurs péchés. Cette politique de myope, qui les poussa à pactiser avec l'ennemi, désobéissant ainsi à Dieu, eut pour résultat que ceux qu'ils avaient asservis au tribut devinrent comme des épines dans leurs yeux et comme des piquants dans leurs côtés, et, pour finir, ces Cananéens furent leurs maîtres (Nom. 33 : 55). Quand on abandonne la foi et la vie souvent éprouvante qui en découle, pour une vie de compromis avec le mal et la recherche de soi, la moisson ne tarde pas à manifester, par ses fruits amers et douloureux, la gravité  qu’il y a à s'éloigner de l’obéissance à Dieu !
            Fausses doctrines et mensonges sont de pratique courante dans ce qui porte le nom d'église de Dieu, mais prendre le mal à la légère a pour résultat en fin de compte, la ruine et la souffrance. Les ennemis spirituels qui ont été asservis au tribut affirmeront leur droit de faire la loi, comme le firent ces Cananéens. Ne voyons-nous pas, dans la chrétienté, « les éléments du monde », la philosophie et les « vaines déceptions » asservir les saints au tribut ? Ne voyons-nous pas des chrétiens supporter dans leurs communautés des iniquités connues pour telles, et admettre dans leur sein des personnes et des pratiques ennemies de Dieu ? Fermer les yeux sur le mal, être de connivence avec le péché, essayer de couvrir les fausses doctrines ou les pratiques erronées de conducteurs « favoris », tout cela n'est en fait qu’être asservi au tribut par l’ennemi. Une telle déloyauté envers le Seigneur a toujours pour résultat que ceux qui étaient jadis tributaires finissent par dominer sur les enfants de Dieu et par les réduire en esclavage.
            « Le Cananéen voulut habiter dans ce pays » (v. 12). La décision et l'intention sont ici bien marquées. Il arrive que les croyants manquent de zèle, mais l'Ennemi, lui, n'en manque jamais.

                        Le cas des fils de Joseph, Ephraïm et Manassé (Jos. 17 : 14-18)

            Après avoir révélé d'une manière frappante le secret de leur échec, l'historien inspiré expose ensuite les prétentions des fils de Joseph. Chez eux, la vieille énergie guerrière avait fait place à une présomption fondée sur des « souvenirs historiques » ! La foi en Dieu qui, tout en abaissant un homme à ses propres yeux, le rend capable d'accomplir de grandes choses, avait été supplantée par la doctrine du « Je suis un grand peuple » ! « Pourquoi m'as-tu donné en héritage un seul lot et une seule part, à moi qui suis un peuple nombreux, selon que l'Eternel m'a béni jusqu'à présent ? » (v. 14). D'un point de vue numérique, les fils de Joseph sont, de nos jours, un « grand peuple ». Nous les rencontrons partout. Ils s'enorgueillissent de la sainteté et de la foi de leurs pères, ou même de leur propre foi des jours précédents. Les victoires d'autrefois, ainsi qu'une histoire ancienne respectable, sont inscrites sur leurs bannières et, de fait, ils sont si grands et si nombreux que leur « montagne d'Ephraïm est trop étroite » pour eux. On peut les croire à coup sûr, du fait de ce qu’ont été leurs pères et leurs fondateurs ! Mais le passé n'est pas le présent et prétendre être grand aujourd'hui en vertu des victoires d'autrefois n'est qu’une chimère ! Croire en Dieu, c'est croire en un Dieu vivant, et avoir foi en Dieu signifie vivre, aujourd'hui même, dans la puissance victorieuse de son Nom. « Si tu es un peuple nombreux, monte à la forêt, et coupe-la pour t'y faire de la place dans le pays des Phéréziens et des Rephaïm », répond Josué (v. 15). Debout, grand peuple, et mets tes paroles en pratique ! Levez-vous, vous qui tirez vanité de la foi et des œuvres de vos pères ! Prouvez aujourd'hui votre propre foi, par votre labeur et votre courage ! Coupez la forêt, défrichez pour Dieu les terres incultes, abattez les géants, et délivrez le pays des ennemis de Dieu ! Visitez les malades et les mourants, prêchez l'évangile aux ennemis du Seigneur ; réveillez-vous de vos rêves de grandeur pour affronter la réalité d'une vie consacrée au Seigneur. Voyez où se trouvent les difficultés les plus grandes, et livrez bataille, et coupez la forêt pour vous y faire de la place ! Comptez sur le Seigneur et assumez vos propres responsabilités, cessez vos vains discours et soyez des hommes d'action pour Dieu.
            Alors, les fils de Joseph dirent : « La montagne est trop étroite pour nous ». Une terre vierge et des lieux boisés ne leur suffisaient pas ! Ils recherchaient la facilité, les « choses déjà toutes préparées », comme le firent les Corinthiens en leur temps. Ces derniers en imposaient par leurs discours, tant qu'il ne s'agissait que de régner comme des rois. Cependant l'apôtre Paul, ce grand défricheur, a dû leur rappeler que la vraie grandeur ne consiste pas à se « mesurer soi-même par soi-même », mais à travailler sans relâche pour conquérir de nouvelles terres pour le Seigneur (2 Cor. 10 : 12-16).
            Ces fils de Joseph, si forts en paroles, s'abstenaient de se servir de la hache et craignaient de prendre l'épée, disant qu'il y avait « des chars de fer chez tous les Cananéens qui habitent le pays de la vallée » (v. 16). Cependant, Josué ne leur permit pas de s'écarter de ce qu'ils avaient dit eux-mêmes dès le début : « Tu es », leur dit-il, « un peuple nombreux, et tu as une grande puissance... la montagne sera à toi ; comme c'est une forêt, tu la couperas » (v. 17-18a). De même, nous pouvons être sûrs que le Seigneur Jésus Christ nous prend au mot, selon ce que nous professons. Si nous sommes des gens aussi merveilleux, aussi grands que nous professons l'être, alors coupons la forêt par nous-mêmes ! Si nous avons tant de force que, parmi toutes les tribus, il n'y en ait point qui vaille Ephraïm, alors le Seigneur nous dit : « Tu déposséderas le Cananéen, quoiqu'il ait des chars de fer et qu'il soit fort » (v. 18b).
            « Coupe-la pour t'y faire de la place ». Les victoires d'hier ne confèrent aucune puissance pour aujourd'hui. Bien au contraire, le fait de tirer gloire du passé n'est qu'une preuve de notre faiblesse présente. « L'Eternel m'a béni jusqu'à présent » ne prouve nullement que la main du Seigneur sera avec nous pour bénir aujourd'hui. Si le croyant édifie sur le passé, il édifie sur la bénédiction, non pas sur le Seigneur. Aujourd'hui, « coupe-la pour t'y faire de la place » ; éprouve la puissance du Seigneur en ayant foi en Lui en ce moment-même. L'expérience d'hier n'est qu'un motif d'encouragement dans le Seigneur pour aujourd'hui. « Coupe-la pour t'y faire de la place » dans le pays des géants, quels que soient leurs noms : froideur, indifférence, mondanité, iniquité, superstition, athéisme… ! Coupez-la pour vous y faire de la place, vous, fils de Joseph du siècle présent !
            Le moyen choisi par Dieu pour élargir les frontières de son peuple est de déposséder l'ennemi. Un christianisme actif, pour gagner les âmes avant de les guider dans la connaissance du Seigneur, les victoires quotidiennes de la foi, sont les seuls moyens d'accéder à une véritable « possession ». Coupez la forêt, et, dans les lieux stériles, plantez les vérités de l'Evangile ; puis, au lieu de vous lamenter sur le peu d'occasions de vous rendre utiles dans votre lot à vous, levez-vous, et, avec la force de Dieu, par l'épée et par la hache, abattez les géants et reculez vos frontières !
            C'est sûrement pour notre enseignement que, dans ce récit de la manière dont Israël est entré dans son héritage, le portrait spirituel de Caleb est placé au début, et celui des fils de Joseph à la fin. Sommes-nous des Caleb ou des fils de Joseph ? Ressemblons-nous à cet homme de guerre courageux qui tint ferme pour Dieu, seul, au milieu des murmures de ses frères, ou à ces multitudes qui n'avaient que leur nom et leur nombre pour les accréditer ? Soyons assurés de ceci, c'est que les nobles et courageux soldats qui dépensent et sont entièrement dépensés pour Christ (2 Cor. 12 : 15), travaillent sans relâche, prient avec patience, accomplissent leur tâche avec zèle, saisissant la Parole, et s'efforçant de gagner des âmes, ce sont ceux-là que bénit notre divin Josué. Mais ceux qui se parent orgueilleusement de leurs traditions et du souvenir des exploits de leurs ancêtres, ne reçoivent de lui que cette injonction : « Tu es un peuple nombreux, et tu as une grande puissance... La montagne sera à toi ; comme c'est une forêt, tu la couperas... ».

 

D’après H. F. Witherby