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 LES  EAUX  DE  MARA  ET  D’ELIM


Mara et Elim
Des instructions pour nous, chrétiens

 

            « Et Moïse fit partir Israël de la mer Rouge, et ils sortirent vers le désert de Shur ; et ils marchèrent trois jours dans le désert, et ne trouvèrent point d’eau. Et ils vinrent à Mara ; mais ils ne pouvaient boire les eaux de Mara, car elles étaient amères ; c’est pourquoi son nom fut appelé Mara (amertume). Et le peuple murmura contre Moïse, disant : Que boirons-nous ? Et il cria à l’Eternel ; et l’Eternel lui enseigna un bois, et il le jeta dans les eaux, et les eaux devinrent douces. Là il lui donna un statut et une ordonnance, et là il l’éprouva, et dit : Si tu écoutes attentivement la voix de l’Eternel, ton Dieu, et si tu fais ce qui est droit à ses yeux, et si tu prêtes l’oreille à ses commandements, et si tu gardes tous ses statuts, je ne mettrai sur toi aucune des maladies que j’ai mises sur l’Egypte, car je suis l’Eternel qui te guérit. Puis ils vinrent à Elim, où il y avait douze fontaines d’eau et soixante-dix palmiers ; et ils campèrent là, auprès des eaux » (Ex. 15 : 22-27).

 

Mara et Elim

            La principale leçon à tirer de ce récit de la première étape d’Israël dans le désert qui se révèlera grand et terrible (Deut. 32 : 10), est, nous semble-t-il, que dans la détresse, nous ne devons pas murmurer, mais crier à l’Eternel. Quel soulagement Il accorde ici aux siens, en enseignant à Moïse de jeter un « bois » dans les eaux qui sont ainsi rendues douces ! C’est une figure de la façon dont Christ adoucit par sa présence nos circonstances pénibles et décevantes.

                        Les murmures du peuple et le cri de Moïse à l’Eternel

            Quittant la mer Rouge sur l’ordre de Moïse, les fils d’Israël se trouvent dans le désert de Shur. Ils y marchent trois jours sans trouver d’eau et quand ils arrivent à Mara, une nouvelle déception les attend : l’eau est amère et de ce fait imbuvable. Ce sont eux qui appellent le lieu Mara - amertume (v. 23). Le nom de Myriam, la prophétesse, a la même signification ; elle avait chanté sur le bord de la mer Rouge (Ex. 15 : 20-21), mais elle se joint maintenant à l’amertume générale. Plus tard, Naomi, de retour à Bethléem, demandera que ses concitoyens l’appellent ainsi (voir Ruth 1 : 20), mais Dieu voudra la restaurer, et la naissance d’Obed la remplira de joie (4 : 14-17). 
            Le peuple se décourage devant cet obstacle majeur dans le chemin, et il murmure « contre Moïse » - ce n’est pas encore ouvertement contre l’Eternel. Leur incrédulité est sous-jacente, ils se montrent revendicateurs. Ils disent à Moïse : « Que boirons-nous ? » (v. 24). Ils n’ont pas songé, semble-t-il, à s’adresser à l’Eternel ; ils l’ont déjà oublié, Lui, la « source des eaux vives » (Jér. 2 : 13).
             Moïse a la bonne attitude : celle de la dépendance. Il se tourne vers l’Eternel.

                        La réponse de l’Eternel

            Dieu répond aussitôt au cri de son serviteur et lui « enseigne » un « bois » salvateur. Moïse le jette dans les eaux et elles deviennent « douces (v. 25a).
            Cette circonstance rappelle deux occasions où le prophète Elisée agit d’une façon similaire. Il se sert de sel pour assainir les eaux d’une ville (2 Rois 2 : 21) et de farine - une figure de Christ (Lév. 2) - pour annuler l’effet mortel des mauvaises herbes jetées par ignorance dans la grande marmite destinée à nourrir les fils des prophètes en ce jour de disette (2 Rois 4 : 41).
            A Mara, l’Eternel donne à son peuple, qu’il met ainsi à l’épreuve, « un statut et une ordonnance pour leur marche » (v. 25b) - ce qu’Il fera aussi, plus tard, par le moyen de Josué (24 : 25). Il leur fait aussi une promesse conditionnelle : « Si tu écoutes attentivement la voix de l’Eternel, ton Dieu, et si tu fais ce qui est droit à ses yeux, et si tu prêtes l’oreille à ses commandements, et si tu gardes tous ses statuts, je ne mettrai sur toi aucune des maladies que j'ai mises sur l’Egypte, car je suis l’Eternel qui te guérit » (v. 26 ; lire aussi Deut. 28 : 27, 60 ; Ex. 23 : 25 ; Ps. 41 : 4 ; Ps 103 : 3 ; Ps. 147 : 3).
            La bénédiction du croyant est toujours liée à sa fidélité. Il lui faut garder la Parole de Dieu. Il doit la méditer et s’y soumettre - en un mot lui obéir. Une marche dans l’entière séparation du monde et des principes qui le gouvernent en sera la conséquence à la gloire de Dieu. Si un croyant se conduit au contraire comme les « gens du monde », Dieu lui en fera éprouver l’amertume et lui infligera les mêmes « maladies » que celles que les Egyptiens ont connues et dont Israël a été le témoin.

                        La bénédiction du peuple à Elim

            Plus loin, le peuple parvient à Elim, avec ses « douze fontaines d’eau » et ses « soixante-dix palmiers » (v. 27). C’est une figure des bénédictions qui résultent d’un chemin d’obéissance. L’abondance est apportée ici au peuple, de la part de Dieu. Il veut nous faire connaître aussi un tel lieu - de rafraîchissement et de repos. Elim est une image du rassemblement des croyants. « C’est là que l’Eternel a commandé la bénédiction, la vie pour l’éternité » (Ps. 133 : 3). Le bon Berger conduit ses brebis à de verts pâturages et à des eaux paisibles.

 

Des instructions pour nous, chrétiens

            Chaque croyant ressemble en quelque manière au marin du Psaume 107. Il passe par des hauts et des bas durant sa vie dans ce monde qui est devenu pour lui un désert (v. 25-29, 33- 36). Dieu n’a pas promis aux siens une vie sans épreuves. Nous trouvons parfois « Mara » sur notre route, ou bien c’est à « Elim » que nous sommes conduits. Ainsi, une soif ardente, puis le rafraîchissement des fontaines et des palmiers, sont tour à tour envoyés pour mettre en évidence notre état spirituel ; des difficultés, ou au contraire un temps de prospérité, manifestent notre véritable condition morale et servent à nous faire « avancer » (Phil. 3 : 12). L’apôtre Paul écrit : « Je suis enseigné aussi bien à être rassasié qu’à avoir faim, aussi bien à être dans l’abondance qu’à être dans les privations. Je peux tout en celui qui me fortifie » (Phil. 4 : 12). Soyons parmi ses imitateurs, comme il l’était lui-même de Jésus Christ (Phil. 3 : 17 ; 1 Cor. 11 : 1).
            Une foi véritable, ou, hélas, une simple « profession » de foi, seront mises « à l’épreuve ». Les « tribulations » ne nous sont pas envoyées pour nous plonger dans le désespoir, mais pour « tester » la réalité et la sincérité de notre profession chrétienne. Ce qui se passe dans le secret de notre être intérieur est alors mis à découvert (Rom. 7 : 24).

                        Nos plaintes, un déshonneur pour Dieu

            Les fils d’Israël ont murmuré tout au long de leur séjour au désert. Au début, Dieu les a supportés avec une grande patience (Ex. 15 à 17). Ils n’étaient pas encore sous la Loi ; l’Eternel leur a montré ses pensées de grâce à leur égard - « pensées de paix et non de mal, pour vous donner un avenir et une espérance » (Jér. 29 : 11). Israël était alors sous la grâce - ce qui est aujourd’hui, depuis l’œuvre de la croix, la part bénie de tous les croyants. Après le Sinaï, les murmures ont été suivis de jugement, car Israël, de son propre gré, s’était placé sous la Loi (Ex. 24 : 3).
            Les Israélites ont poussé des cris de triomphe, mais ensuite trois jours suffisent - c’est une période significative dans l’Ecriture - pour manifester des dispositions totalement différentes ! Peu après, leur langage deviendra insultant à l’égard de Moïse : « Pourquoi nous as-tu fait monter d’Egypte, pour nous faire mourir de soif, moi, et mes enfants, et mon bétail ? » (17 : 3). Plus tard, ils oseront accuser Dieu, se déclarer dégoûtés de la manne, la qualifiant de « pain misérable » (Nom. 21 : 5) ! Alors Dieu envoie parmi eux des serpents brûlants, mais Il leur donne un moyen de salut : le serpent d’airain, figure de Christ. Cependant, un grand nombre d’entre eux, inconscients ou incrédules, vont mourir mordus  par ces serpents (v. 6). Il y a incompatibilité entre la foi en Dieu et les plaintes. 

                        Le danger du découragement

            Nous avons constaté que l’enthousiasme et la joie ressentis à la mer Rouge ont très vite disparu. Les derniers accents du cantique de la délivrance se sont éteints rapidement. La foi d’un pèlerin, en route pour le pays de la promesse, ne doit pas se fonder sur ses « sentiments » - même s’ils sont par moments particulièrement élevés, avec des accents prophétiques (Ex. 15 : 14-18).  Notre foi doit reposer sur Christ et être fermement établie sur sa Parole. Si notre confiance en Dieu est mise à l’épreuve, elle résistera (1 Pier. 1 : 7), sinon ce serait la preuve qu’elle était feinte. Ce peut être le cas de certaines personnes qui ont participé à une activité missionnaire ; elles trouvent momentanément le travail exaltant, mais ne persévèrent pas. D’autres assistent à des études sur la Parole ; elles sont frappées par « l‘atmosphère » de piété qui règne mais cette impression n’a pas de conséquences heureuses sur leur conduite.

                        La foi en Dieu et le contentement

            La question posée à Mara par le peuple nous fait penser à l’enseignement plein de grâce du Seigneur à ceux qu’il appelle des « gens de petite foi » (Matt. 6 : 30). « Ne soyez donc pas en souci, en disant : Que mangerons-nous ? ou que boirons-nous ?… votre Père céleste sait que vous avez besoin de tout cela ; mais cherchez d’abord le royaume de Dieu et sa justice, et tout cela vous sera donné par-dessus »  (v. 31-33). Israël a dû faire l’expérience humiliante de sa faiblesse - c’est notre cas aussi (Deut. 8 : 3). Il nous faut avoir un esprit humilié et contrit (Es. 57 : 15).
            Le Seigneur, dans sa grâce, cherche avant tout à nous bénir par le moyen de chaque épreuve qu’Il estime nécessaire de nous faire traverser. C’est une des précieuses assurances que nous donne ce récit. Le croyant devrait toujours non seulement goûter la paix mais connaître aussi ce « contentement » qui, avec la piété, est un « grand gain » (1 Tim. 6 : 6). Pour cela, il doit se souvenir sans cesse que « notre Père sait… ». Sa grâce suffit à tout et ne fait jamais défaut ; la foi peut se réjouir continuellement dans cette grâce. Alors, dans l’épreuve, nous trouvons la paix mais aussi la joie et le réconfort !

                        L’épreuve adoucie par le « bois » jeté dans les eaux, image de la croix de Christ

            En pensant au « bois » qui devait être jeté dans les eaux amères de Mara, nous nous souvenons que Christ est à plusieurs reprises comparé dans l’Ecriture à un Germe ou à une branche (Jér. 23 : 5 ; Es. 4 : 2 ; Zach. 3 : 8, 6 : 12). Retranché de la terre des vivants (Es. 53 : 8), Il a été jeté dans les eaux amères de la mort. C’est une image magnifique de la croix de Christ : elle change entièrement le caractère des eaux amères. « Introduisez ce bois dans l’amertume des eaux de Mara et elles deviennent douces à notre palais, elles sont reçues comme un moyen de délivrance et de bénédiction » (E. Dennet).
            Si Christ est vu par la foi comme ce « bois» jeté dans les eaux amères, chacune de nos pénibles circonstances s’en trouve adoucie. L’Ecriture parle souvent  du « bois » de la croix  sur lequel le Seigneur a été crucifié (Act. 5 : 30 ; 10 : 39 ; 13 : 29 ; Gal. 3 : 13 ; 1 Pier. 2 : 24). Sa croix nous enseigne également ce que signifie en pratique pour un racheté « être crucifié avec Lui » (Gal. 2 : 20), être « mort à la Loi » (Gal. 2 : 19) et « crucifié au monde » (Gal. 6 : 14). Que peut donner le monde au croyant ?  Il doit devenir pour lui, après sa conversion, un « désert ».

                        La bénédiction divine apportée par l’épreuve

            Nous pouvons nous glorifier dans les tribulations dès que nous comprenons qu’elles sont envoyées pour notre bénédiction (Rom. 5 : 3-5). L’apôtre Paul avait déjà longtemps souffert de l’écharde qu’il avait reçue, il désirait tellement qu’elle lui soit ôtée ! Mais, en réponse à ses prières, le Seigneur lui dit : « Ma grâce te suffit, car ma puissance s’accomplit dans la faiblesse ». Tout est changé, il déclare aussitôt : « Je me glorifierai donc très volontiers plutôt dans mes faiblesses, afin que la puissance du Christ demeure sur moi » (2 Cor. 12 : 9). Il comprend la « finalité » de cette écharde, et pourquoi cet ange de Satan a dû le frapper au visage : « afin que je ne m’enorgueillisse pas » (v. 7).

            Demandons-nous si Christ occupe la place qui Lui revient dans nos vies, c’est-à-dire la « première » (Col. 1 : 18) ? N’avons-nous pas parfois attristé le Saint Esprit par notre incrédulité et nos murmures ? Comprenons que nos épreuves sont permises pour notre bien. Laissons à Dieu le soin de nous bénir, Il nous enseignera et nous fera éprouver toute la puissance de la croix de Christ. Alors ce qui est « amer » deviendra « doux ». Nous jouirons de la grâce surabondante que Dieu fait jaillir pour son peuple à Elim.


                                                                                                         Ph. L      Le 12/08/14