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ETUDE SUR L’EPITRE AUX HEBREUX (11b)

                                                   

CHAPITRE 11 (suite)

Vers Jésus Christ, le vrai but (10 : 19 à 13 : 25)

            L’auteur de l’épître a donné l’exemple des croyants qui ont vécu avant le déluge, puis celui des patriarches, d’Abraham à Joseph. En parlant maintenant de Moïse qui « tint ferme, comme voyant celui qui est invisible », puis de Josué et de Rahab, il montre comment l’énergie de la foi fait aller de l’avant et remporter la victoire, en dépit des difficultés et de l’opposition.
            Enfin, dans les derniers versets du chapitre, d’autres croyants sont cités rapidement ; il s’agit de héros de la foi qui ont accompli des actions d’éclat ou qui ont été soutenus au travers de grandes souffrances.

                        L’énergie de la foi et la délivrance de l’esclavage du monde

            « Par la foi, Moïse, après sa naissance, fut caché trois mois par ses parents, parce qu’ils virent que l’enfant était beau, et ils ne craignirent pas l’ordonnance du roi » (v. 23).
            Le récit d’Exode 2 souligne la foi de la mère de Moïse : « Elle vit qu’il était beau ; et elle le cacha trois mois » (v. 2). L’enfant était beau - il était « divinement beau » (Act. 7 : 20). Persuadés que Dieu accomplirait bientôt ses promesses et confiants en elles, Amram et Jokébed ont pensé que leur fils pourrait bien être le libérateur que Dieu avait promis de susciter à son peuple ; peut-être même avaient-ils reçu à cet égard une révélation positive. Ils n’ont donc pas craint l’édit du roi ordonnant de noyer dès leur naissance tous les enfants mâles des Hébreux (Ex. 1 : 22).
            « Leur foi est louée, et cependant elle a été fort infirme ; car, au lieu de nourrir Moïse, rejetant toute crainte de mort, ils le mirent à l’aventure ; mais nous devons d’autant plus prendre courage quand nous entendons dire que la foi, quoique infirme, est tellement approuvée de Dieu qu’elle obtient vie à Moïse, et délivrance à Israël » (Calvin).

            « Par la foi, Moïse, devenu grand, refusa d’être appelé fils de la fille du Pharaon, choisissant d’être dans l’affliction avec le peuple de Dieu, plutôt que de jouir pour un temps des délices du péché » (v. 24-25).
            Moïse avait quarante ans (Act. 7 : 23). Il renonça à être appelé fils de la fille du Pharaon qui l’avait adopté. Il est facile de concilier ce qui est mentionné ici avec le récit de l’Exode (2 : 10-15) : Moïse aurait certainement obtenu facilement, s’il l’avait désirée, l’impunité du meurtre qu’il avait commis et la permission de rester en Egypte. Pouvant choisir entre les douleurs avec le peuple de Dieu et « les délices du péché » à la cour voluptueuse des Pharaons, Moïse préféra les premières comme les fils de Coré l’exprimeront plus tard : « J’aimerais mieux me tenir sur le seuil dans la maison de mon Dieu, que de demeurer dans les tentes de la méchanceté » (Ps. 84 : 10). Il y a une application indirecte de ce fait à la position que connaissaient les Hébreux également exposés à la séduction du péché (3 : 13).

            « Il estima l’opprobre du Christ un plus grand trésor que les richesses de l’Egypte ; car il regardait à la récompense » (v. 26).
            Moïse savait que le Christ naîtrait du peuple d’Israël, et il se garda bien de se séparer d’un peuple dépositaire d’une si grande promesse. Il s’exposa à tout pour le délivrer, preuve éclatante de sa foi aux paroles de Dieu. Quel exemple admirable est choisi ici par l’Esprit de Dieu ! Les Hébreux ne feraient-ils pas pour le Christ venu ce que Moïse avait fait pour le Christ qui n’était encore que promis ? Le Seigneur Jésus le dira plus tard aux pharisiens : « Si vous croyiez Moïse, vous me croiriez aussi ; en effet, lui a écrit à mon sujet » (Jean 5 : 46).
            Ce n’était pas la Canaan terrestre où Moïse ne devait pas entrer, mais la céleste qu’il attendait, lui aussi (v. 10, 16), avec toutes ses gloires et toutes ses félicités. « Quand nous regardons le ciel et ce qui nous y attend, tous les trésors de la terre sont méprisables ! Tous les saints de tous les siècles ont subsisté et vécu en Jésus Christ, et ont porté ses humiliations et ses souffrances ; et Jésus Christ a opéré en eux par son Esprit et par sa grâce, même avant sa naissance » (Quesnel). C’est le Christ qui fait ainsi l’unité vivante des deux alliances, qui remplit l’une et l’autre de sa présence, de son Esprit, de sa vie » (M. Bonnet).

            « Par la foi, il quitta l’Egypte, sans craindre la colère du roi ; car il tint ferme, comme voyant celui qui est invisible » (v. 27).
            Qu’elle est merveilleuse la puissance de la foi chez un homme chargé d’une telle responsabilité ! Il devait entraîner après lui une multitude nullement exercée à la guerre, et il était poursuivi par un monarque en furie ! N’est-ce pas une invitation indirecte aux Hébreux à ne pas redouter non plus d’avoir affaire à des adversaires acharnés et puissants ? Par la foi, Noé avait craint et avait bâti l’arche (v.7) ; par la foi, Moïse, au contraire, ne craignit pas - comme ses parents (v. 23). Il « voyait » le Seigneur et non l’homme ! Ce sont les effets différents de la même foi dans des positions différentes.
            Moïse demeura ferme « comme voyant celui qui est invisible », « le Roi des siècles, l’incorruptible, invisible, seul Dieu », sous les ordres duquel il agissait (1 Tim. 1 : 17 ; 6 : 15-16). Il demeura aussi ferme que s’il avait vu le Seigneur en personne, tout prêt à Le défendre (Ex. 14). « Si les yeux de la chair nous font voir ce qui nous intimide, la foi a des yeux qui nous montrent Celui qui est invisible armé pour nous de sa toute-puissance » (Quesnel).         

            « Par la foi, il a fait la pâque et l’aspersion du sang, afin que le destructeur des premiers-nés ne les touche pas » (v. 28).
            La pâque, signe et sceau de la délivrance que Dieu allait accorder à Israël, était le type de la rédemption par Jésus Christ (1 Cor. 5 : 7 ; Héb. 9 : 12). Celui qui exterminait les premiers-nés des Egyptiens ne toucherait pas ceux des Israélites parce qu’ils avaient mis le sang de l’agneau sur les poteaux et les linteaux des portes de leurs habitations (Ex. 12 : 7, 12). « Il aurait pu paraître bien ridicule à Moïse, remarque Calvin, de s’attendre que quelques gouttes du sang d’un agneau opposeraient un remède à la colère de Dieu. Mais Dieu l’avait ainsi ordonné et, satisfait de sa seule parole, Moïse ne douta pas que son peuple ne fût par là préservé des calamités qui menaçaient les Egyptiens ; ce n’est donc pas sans raison que la foi de Moïse est louée ici ».

            « Par la foi, ils traversèrent la mer Rouge comme une terre sèche, alors que les Egyptiens, qui tentèrent de le faire, furent engloutis » (v. 29).
            Le texte hébreu de l’Ancien Testament l’appelle Mer de Souph ou du jonc, nom qui lui venait sans doute de la grande quantité de joncs et de plantes aquatiques qui croissent dans son lit et sur les bords ; le nom de Mer Rouge ne lui a été donné que depuis l’époque où les descendants d’Edom (Esaü), les Iduméens, se répandirent jusqu’à la mer de Souph ; alors elle reçut le nom de Mer d’Edom, que les Grecs rendirent par Mer Rouge (Edom, en hébreu, signifie rouge). Telle est, sur l’origine fort contestée de ce nom, l’opinion qui nous paraît la plus probable ; il est parlé en 1 Rois 9 : 26 et 2 Chroniques 8 : 17, de cette mer qui est dans le pays d’Edom.
            Les Israélites avaient les Egyptiens derrière eux, et la mer devant eux. Quelle position terrible ! Mais Dieu dit à Moïse : « Parle aux fils d’Israël, et qu’ils marchent » (Ex. 14 : 15). Quand Dieu commande, la foi n’hésite plus. Moïse étend résolument la main sur la mer dont les eaux se retirent ; les Israélites, d’abord saisis de terreur, entrent ensuite avec confiance dans le passage qui leur est miraculeusement ouvert (v. 22). Les Egyptiens sont engloutis dans les flots de la mer et y trouvent leur tombeau : « L’Eternel précipita les Egyptiens au milieu de la mer. Et les eaux… couvrirent… toute l’armée du Pharaon… il n’en resta pas même un seul » (v. 27-28).

            « Par la foi, les murs de Jéricho tombèrent, après qu’on en eut fait le tour sept jours durant. Par la foi, Rahab, la prostituée, ne périt pas avec ceux qui n’avaient pas cru, parce qu’elle avait reçu les espions en paix » (v. 30-31). 
            Les murailles de Jéricho sont tombées par la foi de Josué, mais aussi par celle des enfants d’Israël qui ont cru la parole qu’il avait prononcée de la part de Dieu. « Par la foi, nous surmontons de même nos ennemis, et toutes les forteresses de l’enfer sont renversées » (Calvin).
            Rahab a caché les deux messagers envoyés par Josué et celui-ci lui a conservé la vie, ainsi qu’à « la maison de son père, et à tous ceux qui étaient à elle » (Jos. 2 : 4 ; 6 : 25). Alors que les autres habitants de la ville se confiaient dans leurs murailles infranchissables, cette femme de foi s’est placée sous la protection du cordon d’écarlate, image du sang de Christ. La grâce de Dieu s’est glorifiée en elle en lui laissant la vie sauve et en lui donnant une place d’honneur dans la lignée de David et du Seigneur Jésus (Matt. 1 : 5, 16).

                        Les combats et les épreuves des héros de la foi

            « Et que dire encore ? Le temps me manquera si je parle en détail de Gédéon, de Barac, de Samson et de Jephté, de David et Samuel, et des prophètes, qui par la foi soumirent des royaumes, accomplirent la justice, obtinrent ce qui était promis, fermèrent la gueule des lions, éteignirent la force du feu, échappèrent au tranchant de l’épée, de faibles qu’ils étaient furent rendus forts, devinrent vaillants au combat, repoussèrent des armées étrangères » (v. 32-34).
            « Tout ce qu’ils ont fait, tout ce qui est digne de louange, l’apôtre l’attribue à la foi, quoiqu’il n’y ait personne parmi eux (surtout parmi les quatre premiers) dont la foi n’ait chancelé ; elle ne manque pas pourtant d’être approuvée de Dieu » (Calvin). N’est-ce pas encore un encouragement adressé à celui dont la foi est la plus faible ?
            Des actions hors du commun ont été accomplies par le moyen de la foi de ces hommes :
                 - ils soumirent des royaumes : Josué, David ;
                 - ils accomplirent la justice : Phinées, Josué, Samuel, David, Salomon ;
                 - ils obtinrent l’accomplissement des promesses spéciales qui leur avaient été faites, et qui se rattachaient toutes à la grande promesse du Messie qui ne devait pas se réaliser en leur temps : Abraham obtint Isaac, David le royaume d’Israël et Salomon ;
                 - ils fermèrent la gueule des lions : Samson (Jug. 14 : 5-6), David (1 Sam. 17 : 34-36), Benaïa (2 Sam. 23 : 20), Daniel (ch. 6 : 22) ;
                 - ils éteignirent la force du feu : les trois jeunes gens dans la fournaise (Dan. 3) ;
                 - ils échappèrent au tranchant de l’épée : Moïse, David, Elie (1 Rois 19) ;
                 - ils furent rétablis de leurs infirmités (de faibles qu’ils étaient furent rendus forts) : Job (Job 42 : 10), Ezéchias (Es. 38) ;
                 - ils devinrent vaillants au combat : Josué, Gédéon, Samson, David, Josaphat... ;
                 - ils repoussèrent des armées étrangères : Abraham, Josué, les Juges, David…

            « Des femmes retrouvèrent leurs morts par la résurrection ; d’autres furent torturés, n’acceptant pas la délivrance, afin d’obtenir une meilleure résurrection » (v. 35).
            Deux femmes ont reçu leur enfant mort par la résurrection : la veuve de Sarepta (1 Rois 17 : 17-24) et la femme sunamite (2 Rois 4 : 18-36).
            L’original du mot « torturé » indique littéralement le supplice du tambour, supplice affreux où le coupable, étendu violemment sur une pièce de bois recourbée et revêtue de peau d’un côté, était ensuite battu de coups de bâton et flagellé jusqu’à la mort. On pense qu’Eléazar est mort ainsi pendant la grande persécution d’Antiochus Epiphane. Au lieu de sauver sa vie au prix de coupables concessions, il préféra mourir afin d’obtenir « une meilleure résurrection », meilleure que le retour à la vie sur la terre des fils de ces femmes dont il vient d’être parlé ; c’est la résurrection des saints au dernier jour (Apoc. 20 : 4-6).

            « D’autres encore furent éprouvés par des moqueries et par des coups, et même par des liens et par la prison ; ils furent lapidés, sciés, tentés ; ils moururent par l’épée ; ils allèrent ça et là, vêtus de peaux de moutons, de peaux de chèvres, dans le besoin, affligés, maltraités (eux dont le monde n’était pas digne), errant dans les déserts et les montagnes, les cavernes et les grottes de la terre » (v. 36-38).
            Toutes sortes d’épreuves ont été la part de beaucoup d’autres :
                 - éprouvés par des moqueries (encore sous la persécution d’Antiochus), ou par l’emprisonnement : Joseph (Gen. 39) ; Jérémie (ch. 20) ; Michée (1 Rois 22 : 24-27) ;
                - lapidés : Zacharie, fils de Jéhoïada, (2 Chron. 24 : 21 ; Matt 23 : 35) ;
                 - sciés : d’après une tradition juive généralement répandue dans les premiers siècles de l’église, le prophète Esaïe aurait eu le corps scié en deux sous le règne de Manassé ;
                 - tentés (ou éprouvés) : le mot comprend tous les moyens que les méchants employèrent tour à tour pour séduire les saints (artifices, menaces, promesses, tortures…), en particulier durant la persécution d’Antiochus ;
                 - morts « par l’épée » : plusieurs prophètes au temps d’Elie (1 Rois 19 : 10) ; Urie, par l’ordre du roi Jéhoïakim (Jér. 26 : 20-23).
            D’autres « allèrent çà et là » : Elie (1 Rois 17 ; 19). Ils étaient vêtus d’un manteau en peaux de moutons (comme celui d’Elie - 2 Rois 2 : 8) ou de peaux de chèvres. Ils étaient dénués de tout, affligés, maltraités (David, Elie) et le monde n’était pas digne d’eux ! « Quand le monde nous rejette, Dieu, par ce moyen, pourvoit à notre salut, afin que nous ne soyons pas plongés dans un même abîme de perdition » (Calvin). Ils étaient égarés dans les déserts (1 Rois 18 : 4, 13 ; 19 : 4, 9, 13). Bientôt les rôles changeront : les ennemis voudront se cacher à leur tour dans les antres de la terre pendant que les saints triompheront (Apoc. 6 : 15-17).

                        Des témoins de la foi qui ont reçu l’approbation de Dieu

            « Tous ceux-là, ayant reçu un témoignage par le moyen de la foi, n’ont pas reçu ce qui avait été promis » (v. 39).
            Ils sont « morts dans la foi » (v. 13) et « ce qui avait été promis » n’a pas été reçu. Le plein accomplissement des promesses de Dieu ne pouvait être qu’en Christ. En Lui, devaient être acquises  toutes les bénédictions, et en particulier la possession de la patrie céleste promise sous le type de Canaan. Ces croyants morts dans la foi les ont vues de loin, leur foi les a saluées, mais ils n’y sont pas encore entrés. La cité céleste, pour eux comme pour nous-mêmes, est toujours « celle qui est à venir » (13 : 14).

            « Car Dieu avait en vue quelque chose de meilleur pour nous, afin qu’ils ne parviennent pas à la perfection sans nous » (v. 40).
            Dieu avait pourvu à « quelque chose de meilleur pour nous » par la venue du Messie et l’avènement du Saint Esprit (Jean 16 : 7-8). Nous possédons une intelligence spirituelle, par la présence du Saint Esprit, bien plus étendue que la leur, une certitude bien plus grande aussi, et par cela même une jouissance fort supérieure des biens à venir qui sont l’objet de la promesse (1 Pier. 1 : 10-12). « Sachons donc que nous sommes plus qu’ingrats envers Dieu, s’il se trouve moins de foi en nous sous le règne de Christ, que les pères n’en ont montré sous la Loi par de si remarquables exemples de patience » (Calvin).
            La « perfection » est ici plus que la purification de la conscience ou le pardon, plus que le libre accès auprès de Dieu par la foi au sang de Christ (7 : 19 ; 10 : 14), plus même que le parfait repos dont jouissent maintenant auprès de Dieu « les esprits des justes parvenus à la perfection » (12 : 23) ; tout cela n’est encore la perfection que dans un sens partiel, incomplet. Dans le sens absolu de ce mot, elle est le salut achevé (9 : 28) par la rédemption de ce corps qui en est aussi l’objet (Phil. 1 : 6 ; 3 : 20-21) ; c’est la complète restauration, dans le dernier Adam, de notre personne entière complètement ruinée dans le premier ; c’est l’introduction des rachetés, par le divin Josué, dans la pleine possession de l’héritage éternel de gloire qu’Il leur a acquis dans sa première venue et qu’Il doit leur conférer dans son prochain avènement ; c’est l’entier exaucement de sa prière (Jean 17) - en un mot, c’est l’accomplissement total de la promesse faite à Abraham. La grâce est la perfection commencée ; la gloire sera la perfection achevée. L’élu de Dieu - d’abord enfant (mineur et asservi) sous la Loi, sous ses rudiments et ses ombres, puis fils (majeur et affranchi) sous l’évangile (Gal. 4) - aura alors atteint la parfaite stature du Christ ; il possédera la plénitude de la connaissance, de l’amour et du bonheur (1 Cor. 13 ; Eph. 4). Comme nous l’avons déjà dit, les croyants de l’ancienne alliance ne parviendront pas à ce bienheureux état sans nous et avant nous, bien que leurs combats aient précédé les nôtres.

                         Pour la foi, rien n’est impossible au grand Dieu dont nous dépendons ;
                         Elle est l’œil qui voit l’invisible, la main qui s’empare des dons,

                         Et la saveur déjà sensible des fruits, bien avant la saison ;
                         Traversant le désert terrible, elle a son cœur à la Maison.

                         Depuis les premiers patriarches, sans cesse a flotté son drapeau ;
                         Voyez l’immense armée en marche dont le Chef est déjà là-haut ;
                         Elle vient du fond de l’histoire, et notre génération,
                         Va peut-être, atteignant la gloire, couronner sa vocation.

            Le chapitre 11 a donc décrit la foi envisagée surtout relativement aux promesses de Dieu ; elle se confond alors avec l’espérance. Ces versets en ont retracé, dans un rapide et éloquent tableau, les effets chez les croyants d’autrefois.
            La foi est la marque distinctive des enfants de Dieu. Ils s’attendent au Seigneur et à sa Parole. Ils attendent aussi le Seigneur : ils attendent patiemment l’heure que Dieu a choisie pour l’accomplissement de ses promesses et de leurs espérances. Et la foi qui les anime est la même dans tous les temps. Elle est la même dans sa nature, la même dans son objet (la promesse), la même encore dans ses garanties (la toute-puissance du Dieu Créateur et la fidélité du Dieu Rémunérateur), la même, enfin, dans ses effets : elle produit la même justification devant Dieu, la même obéissance à ses volontés, les mêmes saintes aspirations vers la félicité et la gloire éternelles. Elle obtient aussi les mêmes triomphes sur le monde, sur son incrédulité, car elle est une démonstration de réalités qu’on ne voit pas ; elle leur donne une telle réalité qu’elle saisit déjà la gloire réservée à ceux qui auront combattu jusqu’à la fin le bon combat. Ce chapitre est ainsi le vivant commentaire de cette parole : « La victoire qui a vaincu le monde, c’est notre foi » (1 Jean 5 : 4).
            La foi ne s’arrête pas aux obstacles qui semblent s’opposer à la pleine réalisation des promesses de Dieu ; elle ne voit, elle ne veut voir que la puissance, l’amour et la fidélité de Celui qui les a faites. C’est ainsi qu’elle Le glorifie ; il n’y a plus pour elle d’improbabilités là où Dieu a engagé sa parole, il n’y a même plus d’impossibilités. « Qui es-tu, grande montagne…? Tu deviendras une plaine… » (Zach. 4 : 7) : tel est son langage dans tous les temps. Croyons et nous verrons la gloire de Dieu ! Mais toutes les fois que nous voudrons employer notre propre force, au lieu de nous armer contre le monde et notre propre cœur de la puissance de cette foi qui triomphe des plus grandes difficultés, nous succomberons infailliblement devant les plus légères.
            « Seigneur, augmente-nous la foi » (Luc 17 : 6).


D’après E. Guers