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Quelques pensées sur la foi d’Abraham

 

Lire : Genèse 22

Nous avons souvent remarqué que la foi d’Abraham brille de son plus vif éclat lorsque, sur la montagne de Morija, il a sacrifié son fils Isaac. L'ardeur du feu de l'épreuve que traversait le patriarche dans un tel moment n'avait d'autre résultat que de rehausser l'éclat de cette foi qui était plus étincelante que de l'or en fusion. Il n'y a que l'Esprit de Dieu qui puisse peindre un tableau aussi merveilleux que celui qui est devant nos yeux dans ce chapitre, déjà si souvent médité, mais toujours nouveau. Pas une seule ombre ne vient en ternir l'éclat. Mais considérons de plus près cette scène et voyons en un peu le détail.

 

L’obéissance d’Abraham

Premièrement la foi d’Abraham est caractérisée par l'obéissance dès le premier pas dans le chemin qui lui est tracé par Dieu. Lorsque Dieu l'avait appelé à quitter Ur des Chaldéens, il avait obéi « pour s'en aller au lieu qu'il devait recevoir pour héritage ; et il s'en alla, sans savoir où il allait » (Héb. 11 : 8). Pas un raisonnement, pas une objection incrédule : Dieu lui avait parlé et il s'est mis en route. Lorsque Dieu lui demande de sacrifier son fils, il obéit, et il obéit sans tarder : il se lève de bon matin. Mais passons plus loin ; nous pourrions nous attarder longtemps devant ce premier caractère de la foi. Gravons-le dans notre cœur, et qu'il nous soit accordé la grâce de manifester dans notre vie de chaque jour quelques rayons de la gloire du divin Modèle qui a dit : « Voici, je viens, il est écrit de moi dans le rouleau du livre, pour faire, ô Dieu, ta volonté» (Héb. 10 : 7).

 

La vertu jointe à la foi

Considérons maintenant une autre des merveilles de ce tableau, le calme parfait avec lequel Abraham agit dans cette circonstance. Il se lève, il bâte son âne, il prend son fils et ses deux serviteurs, il fend le bois, il s'en va au lieu que Dieu lui avait dit, il met le bois sur son fils, il prend dans sa main le feu et le couteau ; arrivé au lieu que Dieu lui avait dit, il bâtit l'autel, il arrange le bois, il lie son fils, il le met sur l'autel, sur le bois, il étend sa main et prend le couteau. Tout se passe dans la solennité et le calme parfait de la présence de Dieu. Pas d'agitation fiévreuse, pas une défaillance ; rien qui vienne troubler la solennité d'un tel moment. La chair n'a rien à voir dans un tel domaine : Dieu est présent ! La foi le réalise.
            Cette foi ne se laisse arrêter par rien : « Nous irons », dit Abraham (v. 5). Pourtant, il voyait le lieu de loin; il pouvait anticiper toute l'horreur de la mort de son fils unique et bien-aimé ; mais sa foi ne voit pas d'obstacles et rien ne peut le détourner du chemin dans lequel elle l'a engagé. A la foi, il joint la vertu (2 Pier. 1 : 5), cette sainte énergie qui lui permet d'aller de l'avant et de triompher de toutes les difficultés et de toutes les souffrances qui se trouvent sur le chemin. De même que Rebecca plus tard, il prononce deux petits mots qui expriment de grandes choses : « Nous irons ! ».

 

« Nous adorerons »

Mais la foi d’Abraham le conduit encore plus haut et lui fait dire : « Nous adorerons ». Adorer, quand tu vas mettre à mort ton fils ? Mais oui, certainement. La chose est des plus simples pour la foi. Lorsqu'il avait tout quitté pour aller dans le pays que l'Eternel lui avait promis, il est devenu un adorateur. Arrivé dans le pays, il bâtit un autel et invoque le nom de l'Eternel. Il savait, en gravissant la montagne de Morija, que son Dieu lui ferait voir des merveilles et qu'il aurait de nouveaux sujets d'adorer. « Nous adorerons », a-t-il dit ; et il a adoré.

 

« Nous reviendrons »

Il semble maintenant que la foi du patriarche atteint son point culminant, mais elle s'élève encore. De nouveau deux mots sortent de ses lèvres : « Nous reviendrons ». Ses serviteurs auraient pu lui dire : Mais à quoi penses-tu donc, tu vas réduire en cendres ton fils et tu dis : Nous reviendrons ? La foi d’Abraham voit au-dessus de la mort, le Dieu vivant, le Dieu qui ressuscite les morts, le Dieu qui a tiré le premier homme de la poussière et qui, de nouveau, va faire sortir de cette même poussière au grand jour de la résurrection, le corps de tous ses bien-aimés qui seront délogés. Il pouvait bien aussi ressusciter son fils. « Nous reviendrons » et ils sont revenus.
            Isaac, ignorant des pensées de Dieu et sa foi n'étant peut-être pas encore à la hauteur de celle de son père, lui dit : « Où est l'agneau pour l'holocauste ? ». Abraham savait. La foi lui avait enseigné que Dieu y pourvoirait. Les ressources divines sont illimitées et sa foi y puisait abondamment. Il voyait la main de son Dieu largement ouverte en sa faveur, et son Dieu y a pourvu.

 

Le triomphe de la foi

Maintenant Isaac est lié sur le bois, sur l'autel le moment suprême est arrivé; il semble que la fournaise est chauffée sept fois plus que de coutume ; Abraham va-t-il s'arrêter ? Sa foi soutiendra-t-elle l'ardeur d'une telle épreuve ? De sa main, il saisit le couteau et, dans quelques instants, la flamme de l'holocauste va réduire en cendres le corps de son fils. De fait son sacrifice est consommé. Voyant Celui qui est invisible, il pense non au sang de son fils qui va couler, mais à Dieu qui lui a fait des promesses : l'Eternel, Celui qui ne change pas. Triomphe de la foi, dont l’épreuve est « bien plus précieuse que celle de l'or qui périt » et sera « un sujet de louange, de gloire et d'honneur, dans la révélation de Jésus Christ » (1 Pier. 1 : 7).
            Après cela Abraham leva ses yeux (v. 13). Si nous savions le faire comme il l'a fait, nous verrions aussi plus souvent des merveilles. Et il vit un bélier retenu à un buisson par les cornes - une grande vision qui nous fait penser à celle que contemplait un Moïse sur la montagne de Dieu à Horeb (Ex. 3 : 3). C'était dans ce bélier qu'était la réponse à la question d'Isaac, et nous pouvons le dire, la réponse à toutes les questions qui troublent et agitent notre pauvre humanité. Mais il faut les yeux de la foi pour y voir une image de Celui qui devait venir pour être offert en sacrifice à Dieu, le seul holocauste dans lequel Il a trouvé toute sa satisfaction. Abraham contemple ce bélier consumé sur l'autel à la place de son fils. Inutile de dire qu'il adorait. Que devait-il se passer dans son cœur lorsqu'il voyait la flamme de l'holocauste qui montait vers le ciel? Il valait bien la peine d'avoir gravi la montagne de Morija. C'est dans des lieux élevés que sa foi l'avait conduit.

 

Les bénédictions multipliées

En sacrifiant son fils, Abraham avait montré qu'il craignait Dieu. C'est dans cette crainte qu'est le commencement de la sagesse. De nouvelles bénédictions vont être sa récompense ; Dieu se plaît à enrichir ceux qui l'honorent de leur confiance. Entrer dans le détail de ces bénédictions nous conduirait trop loin ; du reste, nous ne sommes pas occupés maintenant des bénédictions d'Abraham, mais bien de sa foi. Cette foi sort de son épreuve fortifiée et encouragée, et peut embrasser un beaucoup plus vaste champ de glorieuses visions que précédemment. Au sommet de Morija, il peut contempler, évaluer, pour ainsi dire, embrasser et estimer à leur juste valeur non seulement les bénédictions qui viendront sur la terre par le moyen de sa semence, mais aussi les bénédictions célestes - bénédictions qui sont pour lui, et aussi pour toutes les nations de la terre.

Une dernière pensée. Il ne nous est pas dit qu'Abraham redescendit de la montagne : la foi ne descend jamais. Ils retournèrent vers les jeunes hommes ; et ils se levèrent et s'en allèrent ensemble à Beër-Shéba. C'est là qu'il habite maintenant. Il s'y désaltère aux eaux que seule la foi connaît. Il attend le moment fixé par Dieu pour l'accomplissement de ses promesses. Il n'y parviendra pas sans nous.

 

D’après A. Guignard – « Messager Evangélique » (1936 p. 251-255)