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LE LIVRE DES JUGES  (8)

 

CHAPITRE 8

 

Difficultés et pièges après la victoire (suite)

            • Succoth et Penuel (v. 4-9)

D’autres épreuves, plus dures encore, attendaient Gédéon et les trois cents hommes avec lui, « fatigués, mais poursuivant toujours » (v. 4). Après la jalousie d’Ephraïm, c’est le mépris et le rejet de deux villes en Israël, Succoth et Penuel.
            Ces deux villes de Penuel (probablement Peniel, dont le nom signifie « face de Dieu ») et Succoth (« cabanes »), près du torrent de Jabbok (au-delà du Jourdain), avaient joué un rôle important dans l’histoire du patriarche Jacob (Gen. 32 : 30 ; 33 : 17). Elles se trouvaient maintenant dans le territoire de Gad. Au lieu de la communion avec Dieu (Peniel), leurs habitants cherchent les alliances avec le monde et refusent de se compromettre pour la cause d’Israël. Le caractère d’étranger se perd lorsque le voyageur recherche ses aises dans le monde (Succoth). Telles sont les tristes conséquences de la mondanité de ceux qui avaient méprisé le pays promis pour lui préférer les plaines de Galaad.
            Leur attitude n’arrête pas Gédéon dans la poursuite des ennemis d’Israël. Le jugement des villes rebelles viendra plus tard. Ni la fatigue, ni le mépris des faux frères ne devraient arrêter l’énergie de notre foi.

            • La capture de Zébakh et Tsalmunna (v. 10-12)

Pour remporter la victoire à Karkor, Gédéon « monte par le chemin de ceux qui habitent dans les tentes » (v. 11), le chemin des voyageurs. Pour vaincre le monde, le croyant doit conserver son caractère de pèlerin céleste. C’est précisément ce que Jacob avait oublié autrefois à Succoth, lorsqu’il avait bâti une maison pour lui et des cabanes pour son bétail.
            En définitive, la « sécurité » du camp de Madian est changée en « déroute », et les deux rois Zébakh et Tsalmunna sont faits prisonniers.

            • Le jugement  (v. 13-21)

« Le temps est venu de commencer le jugement par la maison de Dieu » (1 Pier. 4 : 17). Aussi Gédéon règle-t-il d’abord le cas de Succoth et Penuel (comme il le leur avait annoncé), avant de mettre à mort les rois de Madian.

            – Succoth et Penuel : v. 13-17

Un jeune garçon de Succoth vend les anciens de sa ville. Leur bouche est fermée devant Gédéon et leur jugement est un enseignement pour les hommes de la ville (v. 16). La tour de Penuel, orgueil de la ville, est aussi détruite et ses habitants périssent. Ces terribles jugements sont en proportion de la faute impardonnable des deux villes. N’en tirons pas pour autant la conclusion que le chrétien est libre de se venger lui-même, car Dieu seul est le « Dieu des rétributions » (Jér. 51 : 56 ; Rom. 12 : 19). Néanmoins, l’assemblée est responsable de maintenir la sainteté de la maison de Dieu sur la terre, par la discipline (1 Cor. 5 : 13).

            – Zébakh et Tsalmunna : v. 18-21

 Gédéon se retourne alors vers les rois de Madian pour exercer le jugement : ils essaient d’y échapper par la flatterie, en exaltant la beauté de Gédéon et de ses frères (v. 18), comme aussi sa force (v. 21). Leur conduite est conforme à la déclaration du psalmiste : « C’est un sépulcre ouvert que leur gosier ; ils flattent de leur langue » (Ps. 5 : 9) ; vérité reprise par l’apôtre Paul pour établir la culpabilité de l’homme devant Dieu (Rom. 3 : 13). En effet, quelle arme subtile et dangereuse dans la main de Satan que la flatterie du monde (et même des frères).
            En même temps, n’était-il pas exact qu’il y avait des traits de noblesse en Gédéon, serviteur de Dieu (« comme la figure d’un roi ») ? Le chrétien fidèle ne cherche pas à se mettre en valeur devant les hommes, mais s’il marche devant Dieu, le monde même reconnaîtra sa dignité morale. Ainsi, les fils de Heth avaient rendu à Abraham (étranger parmi eux) ce beau témoignage : « Tu es un prince de Dieu au milieu de nous » (Gen. 23 : 4-6).
            Gédéon confie alors le jugement des rois à son jeune fils, Jéther, qui se récuse sous l’empire de la frayeur. Etait-ce là une sage initiative de la part de Gédéon? Un enfant doit d’abord aller à l’école avant de manier l’épée.
            Lorsqu’il exerce finalement lui-même le jugement, Gédéon manifeste déjà qu’il est déchu de sa propre fermeté (2 Pier. 3 : 17) : il prend pour lui les petites lunes (des amulettes) qui étaient au cou des chameaux des rois madianites. La semence de l’idolâtrie germait déjà dans le cœur du juge, au moment même où la victoire complète sur les ennemis était consacrée par la mort de leurs rois.

            • L’éphod de Gédéon (v. 22-27)

Après la flatterie du monde, Gédéon est aux prises avec celle de ses frères, qui lui demandent de dominer sur le peuple de Dieu. Gédéon refuse la proposition, pour lui comme pour son fils (Abimélec ne se souviendra guère de la volonté de son père). Accepter le sceptre du pouvoir, aurait été, en fait, renier l’Eternel comme le seul roi en Israël.
            Maintenant, pour les chrétiens, « dominer sur des héritages » (1 Pier. 5 : 3), c’est refuser l’autorité de Christ sur son assemblée. Exercer un pouvoir, en oubliant l’imminence du retour du maître – « mon maître tarde à venir » (Matt. 24 : 48) – conduit inévitablement à l’oppression de ses frères.
            Après avoir résisté au danger de saisir le pouvoir, Gédéon cède maintenant devant le piège de l’idolâtrie. Il fait la collecte des anneaux d’or des Madianites pour s’en faire un éphod, un mémorial de sa victoire, placé dans sa propre ville. On se souvient que l’éphod était, par excellence, le vêtement sacerdotal (celui du souverain sacrificateur). Constitué de matériaux de prix (or, bleu, pourpre, écarlate, fin coton) qui parlent tous des gloires de Christ, il est pour nous l’image de notre Souverain Sacrificateur dans le ciel, qui nous représente devant Dieu.
            Gédéon avait bien bâti son premier autel (6 : 24) à Ophra, en prenant par la foi la place de l’adorateur. Mais quel droit avait-il maintenant d’usurper le service de la famille d’Aaron dans la tribu de Lévi pour représenter Israël devant Dieu ? Son éphod devient un piège pour lui et pour le peuple, qui est entraîné dans l’idolâtrie. Le centre du rassemblement religieux du peuple se transporte à Ophra, alors que le tabernacle de Dieu était encore à Béthel et à Silo (20 : 27; 21 : 19).
            Séparé de Dieu, le souvenir des délivrances devient une idole. Il en a été ainsi du serpent d’airain (Nom. 21 : 9), auquel Juda brûlait de l’encens ; il a été mis en pièce par Ézéchias, sept cents ans plus tard (2 Rois 18 : 4). La chrétienté n’a pas échappé à ce danger : lorsque la puissance de la piété est remplacée par les formes extérieures, tout peut devenir un objet d’idolâtrie, même la croix de Christ.

            • La fin de Gédéon et la conduite d’Israël  (v. 28-35)

Toutefois, Dieu demeure fidèle : Madian est abattu et Israël connaît quarante ans de repos (v. 28), tandis que Gédéon goûte une heureuse vieillesse, au milieu de sa nombreuse famille (v. 32).
            Mais, après la mort du juge, Israël oublie de nouveau l’Éternel, le vrai Dieu, pour s’établir un faux dieu : Baal-Bérith (le Seigneur de l’alliance), un démon. L’ingratitude du peuple le conduit même à oublier Gédéon et tout le bien qu’il lui avait fait.
            Dieu va-t-il se laisser sans témoignage au milieu d’une telle ruine ? Non, après la sombre parenthèse d’Abimélec (ch. 9), il aura de nouveau pitié de son peuple (10 : 16) et lui enverra un nouveau juge pour le délivrer.

 

D’après « Sondez les Ecritures » (vol. 5)