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LE LIVRE DES JUGES  (7)

 

CHAPITRE 7

Le combat contre Madian
            Difficultés et pièges après la victoire

 

Le combat contre Madian

            • La sélection des guerriers à la source de Harod (v. 1-8)

Gédéon, appelé ici Jerubbaal en souvenir de sa fidélité pour détruire l’idolâtrie, se lève de bonne heure (preuve d’énergie morale), accompagné de trente deux mille guerriers. Ensemble, ils campent près de la source de Harod (« terreur » ou « peur »), en face d’innombrables ennemis (v. 12).
            Avant tout combat, Dieu opère la sélection des guerriers au milieu de son armée. Il en est de même dans le combat chrétien : « Qu’eux aussi (les serviteurs) soient d’abord mis à l’épreuve ; ensuite, qu’ils servent, étant trouvés sans reproche » (1 Tim. 3 : 10).
            Dieu lui-même indique à Gédéon trois critères : un peuple peu nombreux, sans peur et prêt à faire la perte de tout.

            – Le nombre (v. 2)

Dans un temps de ruine, le nombre, confondu avec la force, peut faire illusion. C’est aussi un danger de combattre pour sa propre gloire, plutôt que de tout attribuer à Dieu (« ma main m’a sauvé »). Au contraire, nous devons apprendre que ce n’est : « Ni par force, ni par puissance, mais par mon Esprit, dit l’Eternel des armées » (Zach. 4 : 6).

            – La peur disqualifie pour le combat (v. 3)

Dieu ordonne à Gédéon de rappeler le quatrième appel des magistrats du temps de Moïse, à l’homme qui a peur et dont le cœur faiblit (Deut. 20 : 8). Vingt deux mille hommes retournent alors en leur maison ; il n’en reste que dix mille.

            – Le combat ou les aises dans ce monde ? (v. 4-6)

Dieu « épure » enfin ceux qui restent, en les amenant vers l’eau. Seuls, ceux qui se rafraîchissent à la hâte, plutôt que de se désaltérer à leur aise, sont qualifiés pour le combat. Les magistrats annonçaient au peuple que les occupations de la vie (bâtir une maison, planter une vigne et se fiancer à une femme) empêchaient de monter au combat (Deut. 20 : 5-7). Ce n’était pas le cas pour ces trois cents hommes ; ils sont prêts à tout perdre, en faisant une chose, une seule (Phil. 3 : 8, 14). Il est dit du Seigneur par le prophète : « Il boira du torrent dans le chemin » (Ps. 110 : 7). En même temps : « Il dressa sa face résolument pour aller à Jérusalem » (Luc 9 : 51). Quel dévouement à l’œuvre que son Père avait placée entre ses mains, le suprême combat contre l’Adversaire !
            Gédéon montre maintenant une pleine confiance en Dieu. Sa foi, si hésitante lorsqu’il était occupé de lui-même, est fortifiée par l’assurance que Dieu voulait délivrer Israël (v. 7). Les trois cents hommes prennent en leur main les trompettes (symbole du témoignage), mais aussi des vivres (v. 8). On ne peut pas combattre sans être nourri. Une des ruses de Madian avait été, en effet, d’affamer le peuple pour le maintenir en esclavage (6 : 4, 6). Gédéon l’avait bien compris : il avait déjà mis du froment à l’abri des ennemis, pour répondre aux besoins de sa famille (6 : 11).

            • Gédéon et le camp de Madian ; le songe (v. 9-14)

Tout était prêt pour le combat : trois cents hommes équipés, Gédéon à leur tête, sont en face du camp de Madian (v. 8). En fait, la victoire était déjà acquise, le camp des ennemis déjà livré en la main de Gédéon (v. 9). Madian même le savait (v. 14).
            Pourtant, une ultime préparation est encore nécessaire : Dieu met en garde Gédéon contre la crainte des hommes, tout en fortifiant sa foi par le récit du songe du Madianite.

            – La crainte : c’était un danger pour Gédéon, comme auparavant pour les vingt-deux mille : « Si tu crains d’y descendre » (v. 10). La position exceptionnelle d’un serviteur (comme Gédéon) ne le dispense pas des exercices ordinaires de la foi.

            – Le songe du Madianite : Gédéon, ce « fort et vaillant homme » (6 : 12) est symbolisé par quelque chose de méprisable : un gâteau de pain d’orge, la nourriture des pauvres. Pourtant c’était « l’épée de Gédéon » (v. 14). Au cœur du combat, ce sera pour lui : « l’épée de l’Eternel et de Gédéon » (v. 20). Apprenant à reconnaître sa faiblesse, Gédéon se confie entièrement en Dieu et dans sa puissance. Il se prosterne devant lui au récit du songe et de son interprétation (v. 15). Les ennemis mêmes peuvent donc révéler ce qui n’appartient qu’à Dieu : « Les interprétations ne sont-elles pas à Dieu ? » (Gen. 40 : 8).
            Dieu lui-même jetait l’épouvante dans le camp des ennemis ; et, par le songe du Madianite, il le révèle à Gédéon avant le combat pour soutenir sa foi.

            • Le combat et la victoire (v. 15-22)

Alors, le combat commence.

            – Les armes des combattants :

Chacun reçoit une trompette, une cruche vide et une torche dans sa cruche. C’est la figure du témoignage complet que Dieu nous confie pour la lutte contre Satan et le monde. La trompette est la Parole de Dieu, utilisée ici pour monter au combat ; auparavant, par le moyen de Gédéon, elle avait retenti pour rassembler le peuple dispersé (6 : 34). Les cruches, qui avaient probablement contenu les vivres du peuple, étaient vides maintenant (v. 8, 16). Sans valeur propre, ces vases de terre n’étaient destinés qu’à être brisés. C’est l’image de la nature humaine, qui doit disparaître devant l’œuvre de Dieu. Toutefois, les cruches contenaient le troisième élément du témoignage de Dieu, les torches, symbole de la lumière divine. Lorsque la cruche est brisée, la lumière resplendit.

            – L’ordre du combat :

Chacun devait regarder Gédéon pour l’imiter (v. 17). L’application pour nous est aussi simple qu’importante : toujours regarder Christ par la foi, surtout dans les moments de combat pour nos âmes. La victoire est acquise par le simple cri : « Pour l’Eternel et pour Gédéon » (v. 18). La discipline de tous les combattants est soulignée pour notre instruction : chacun était à sa place autour du camp (v. 21).
            Lorsque les cruches sont brisées, chaque guerrier ne portait plus que sa torche dans la main gauche et sa trompette dans la main droite en poussant le cri de victoire (v. 19-20). Ainsi, la faiblesse humaine disparaît pour celui qui a revêtu « les armes de la lumière » (Rom. 13 : 12), celui qui porte « les armes de justice de la main droite et de la main gauche » (2 Cor. 6 : 7).

            – L’enseignement moral à la lumière de 2 Corinthiens 4

Avant toutes choses, nous sommes invités à contempler Christ dans la gloire (2 Cor. 3 : 18), comme les trois cents hommes regardaient Gédéon.
            L’apôtre explique alors ce qu’est la lumière céleste (les torches) : l’évangile de la gloire du Christ, la connaissance de Dieu dans la face de Christ (2 Cor. 4 : 4, 6).
            Mais ce trésor est dans des vases de terre (2 Cor. 4 : 7), image de l’homme, créature de Dieu (Jér. 18 : 6 ; Rom. 9 : 21) : les torches sont contenues dans les cruches, avant le combat.
            En pratique, le vase du croyant doit être brisé : dans la tribulation, dans la perplexité, persécuté, abattu (2 Cor. 4 : 8-9). Ainsi, nous portons « toujours partout dans le corps la mort de Jésus » (2 Cor. 4 : 10).
            D’un côté, Dieu est avec les siens : ils ne sont pas réduits à l’étroit, non pas sans ressource, non pas abandonnés, ne périssant pas (2 Cor. 4 : 8-9).
            Et, de l’autre côté, si le vase est brisé (comme les cruches de Gédéon), c’est pour révéler le trésor divin : « afin que la vie de Jésus, aussi,  soit manifestée dans notre corps » (2 Cor. 4 : 10). Nous sommes invités à porter la mort de Jésus, pour manifester la vie de Jésus (non pas de Christ). Notre témoignage dans ce monde consiste donc à représenter Jésus, l’homme humble et débonnaire, vivre comme Il a vécu et marcher comme Il a marché (1 Jean 2 : 6).
            N’oublions jamais l’expérience de celui qui a écrit ces révélations merveilleuses. Saul de Tarse, ennemi de Dieu, terrassé sur le chemin de Damas, choisi et formé comme « instrument » pour porter le nom du Seigneur devant les nations, et les rois, et les fils d’Israël (Act. 9 : 15).
            « Quelle vocation glorieuse pour un homme que d’être ainsi assimilé à Christ, d’être le vase de la puissance de la vie pure, et par le moyen d’une abnégation absolue de soi-même, et de la vie même, d’être moralement semblable à Jésus ! », a écrit un serviteur de Dieu.

            – La victoire

L’Eternel conduit les ennemis à s’entre-détruire (v. 22). Les trompettes et les torches rappelaient que Dieu était au milieu de son peuple, mais la victoire est remportée par Dieu seul.

 

Difficultés et pièges après la victoire

Il en est souvent ainsi dans la vie chrétienne. Tous sont d’un même cœur pendant le combat. Puis, après la victoire, l’énergie de la foi se relâche et les discordances apparaissent parmi le peuple de Dieu, qui tombe même à la fin dans l’idolâtrie.

            • Gédéon et Ephraïm (7 : 23 à 8 : 3)

Après la victoire de Gédéon et de ses trois cents fidèles compagnons, des hommes d’Israël se joignent à eux pour poursuivre Madian. La foi et la fidélité dans le témoignage peuvent ainsi avoir une heureuse influence sur d’autres. A cet égard, on se rappellera le cas encourageant de Caleb et sa famille. Trois tribus donc (Nephthali, Aser et Manassé) participent spontanément à la poursuite de Madian. C’est précisément de ces trois tribus (avec Zabulon) que les trente-deux mille hommes étaient précédemment montés à la rencontre de Gédéon (6 : 35).
            Par contre, il faut un appel particulier à Ephraïm pour le décider à se joindre à ses frères pour le combat. Toutefois, leur aide est efficace pour couper la retraite des ennemis, puis exercer le jugement sur les deux princes de Madian, Oreb (dont le nom signifie corbeau) et Zeëb (le loup). L’importance et la portée prophétique de cette victoire sont même soulignées dans un psaume (Ps. 83 : 11).
            Après le combat, Ephraïm conteste fortement avec Gédéon, dans un esprit de jalousie. Cette tendance à l’esprit hautain s’était déjà manifestée au temps de Josué. Ephraïm, conscient de sa propre importance, se considérait déjà comme un peuple nombreux et voulait augmenter son héritage sans combattre (Jos. 17 : 14-18). Il faudra attendre des temps futurs pour qu’Ephraïm soit finalement débarrassé de ses tendances : « Et la jalousie d’Ephraïm s’en ira… Ephraïm ne sera pas rempli d’envie contre Juda » (Es. 11 : 13).
            Que le Seigneur nous garde des désastreux effets de la jalousie dans nos rapports avec les frères ! L’esprit d’humilité est une sauvegarde, dont Gédéon donne ici un touchant exemple. S’oubliant lui-même, il souligne ce qu’Ephraïm avait fait pour coopérer à la victoire (8 : 2-3). C’est ainsi qu’ « une réponse douce détourne la fureur » (Prov. 15 : 1). Voir Christ dans nos frères, voilà le vrai baume qui apaise les contestations trop fréquentes parmi nous.
            L’exemple de Gédéon est d’autant plus important pour nous, qu’il n’a pas été imité plus tard par Jephté, placé dans des circonstances comparables. Pour lui « la parole blessante excite la colère », et quarante-deux mille personnes d’Ephraïm perdront la vie dans un douloureux conflit (12 : 1-6).

 

D’après « Sondez les Ecritures » (vol. 5)