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LES EPITRES DE JEAN (12)

Deuxième épître de Jean : Défense de la vérité
                 Salutations  (v. 1-3) 
                 Marcher dans la vérité et dans l’amour (v. 4-6)
                 Le danger des séducteurs (v. 7-11)
                 Salutations de clôture (v. 12-13)

 

 Deuxième épître de Jean : Défense de la vérité

La première épître développe la doctrine concernant la personne de Christ, le Dieu véritable et la vie éternelle (1 Jean 5 : 20).
            Dans les derniers jours – et c’était même déjà « la dernière heure » quand l’apôtre écrivait (1 Jean 2 : 18) – lorsque les erreurs doctrinales se propagent et que les attaques du diable se multiplient, il est de toute importance de maintenir la vérité et d’éviter toute équivoque à l’égard de la Personne de Christ, de sa divinité et de sa parfaite humanité. C’est l’enseignement des deux courtes épîtres qui complètent la première :
                        – La deuxième présente la vérité en opposition aux fausses doctrines et à ceux qui les déclarent et les propagent.
                        – Dans la troisième, la vérité révélée par Dieu est la pierre de touche pour reconnaître qu’un serviteur du Seigneur est fidèle et le recevoir comme il convient.


Salutations  (v. 1-3)

De même que l’apôtre Pierre (1Pier. 5 : 1), Jean se présente sous le caractère d’ancien, et non de vieillard, comme Paul (Phm. 9), bien que Jean ait eu probablement plus de quatre-vingts ans, lorsqu’il a écrit ses trois lettres. L’apôtre en appelle ainsi à l’autorité morale que le Seigneur lui avait confiée au cours d’une longue carrière chrétienne, pour accréditer son message.
            A la différence de toutes les autres épîtres du Nouveau Testament, cette lettre n’est adressée ni à une assemblée, ni à un serviteur, mais à une dame et à ses enfants. Certains ont pensé que l’expression « la dame élue et ses enfants » désignait une assemblée et les croyants qui la composaient (voir aussi v. 4, 13). Cette adresse énigmatique aurait été utilisée par l’apôtre pour éviter de la compromettre dans un temps de persécution. Malgré la modestie qui sied à leur position, les sœurs ont, comme les frères, une responsabilité vis-à-vis de la vérité et de l’amour ; la femme a néanmoins « une nature plus délicate » que l’homme (1 Pier. 3 : 7). Quant aux enfants, ils ne bénéficient pas encore de l’expérience de la vie chrétienne. En conséquence, sœurs et jeunes croyants sont plus vulnérables aux attaques de l’adversaire par le moyen des fausses doctrines (Eph. 4 : 14), et les séducteurs s’attaquent à eux en priorité. Or, les capacités intellectuelles et l’éducation humaine ne sont pas des armes valables pour résister à de tels assauts. Il faut des armes spirituelles, « puissantes par Dieu » (2 Cor. 10 : 4). En revanche, les séducteurs et faux docteurs, eux, se servent bien d’instruments charnels pour séduire les âmes. Bien souvent, d’ailleurs, ceux qui ont causé des divisions dans l’église possédaient des dons naturels exceptionnels.
            Quelles sont donc les ressources des croyants en face des erreurs ? La première épître avait déjà révélé aux petits enfants de la famille chrétienne que l’onction de la part du Saint (c’est-à-dire le Saint Esprit) permet de connaître tout (1 Jean 2 : 19-20). La deuxième épître insiste maintenant tout particulièrement sur l’importance de la vérité liée à l’amour et à l’obéissance.
            La vérité est mentionnée 6 fois dans la deuxième épître : l’amour dans la vérité (v. 1a) ; la vérité connue (v. 1b) ; la vérité demeure en nous, croyants (v. 2) ; la vérité sera avec nous pour toujours (v. 2) ; les salutations sont dans la vérité et dans l’amour (v. 3) ; enfin, la marche est dans la vérité (v. 4). La vérité est mentionnée aussi 6 fois dans la troisième épître.
            La vérité est celle du christianisme dont l’assemblée est la colonne et le soutien (1 Tim. 3 : 15). Dieu est révélé comme Père dans le Fils, et par l’Esprit et la Parole. C’est une vérité vivante : Christ est vivant, le Saint Esprit est une puissance de vie, la Parole est vivante et permanente. La vérité est l’expression de ce qu’est « le Dieu vivant et vrai » (1 Thes. 1 : 9). Christ est la vérité (Jean 14 : 6), l’Esprit est la vérité (1 Jean 5 : 7), la Parole de Dieu est la vérité (Jean 17 : 17), et nous possédons par grâce les trois, tout ce qui demeure, et demeure éternellement : « La vérité qui demeure en nous et qui sera avec nous pour toujours » (v. 2). La première expression - la vérité qui demeure en nous - est en rapport avec le Saint Esprit, d’une manière subjective. La seconde - la vérité qui sera avec nous à toujours - est en rapport avec Christ, d’une manière objective.
            La vérité nous révèle donc ce qu’est Dieu et son salut, mais aussi ce que sont l’homme et le monde. De plus, l’amour, versé dans nos cœurs par l'Esprit Saint (Rom. 5 : 5), se lie naturellement à la vérité, lorsque celle-ci est connue dans l’être intérieur.
            La salutation de l’apôtre (v. 3) apporte à la dame élue et à ses enfants l’assurance positive de la grâce et de la paix, auxquelles s’ajoute la miséricorde, comme souvent lorsqu’une lettre est adressée à une personne. En effet, combien chacun sent le besoin de cette miséricorde de Dieu tout au long de sa vie dans le monde !
            Ces trois bénédictions sont souhaitées par l’apôtre de la part de Dieu le Père et du Seigneur Jésus Christ, le Fils du Père. Souvent, notre Sauveur est nommé Fils de Dieu, particulièrement dans les écrits de Jean. Mais il est aussi le « Fils du Père », merveilleux titre qui ne se trouve qu’ici. Dieu le Père possède beaucoup de familles dans les cieux et sur la terre (Eph. 3 : 15). Mais Christ seul est le Fils du Père, le suprême objet de son amour, d’éternité en éternité. Ce titre montre dans l’absolu ce que Christ est de toute éternité et pour l’éternité.
            Enfin, ces bénédictions sont liées à la vérité et à l’amour. L’apôtre aimait dans la vérité (v. 1), c’est-à-dire sans hypocrisie, comme ceux qui avaient connu la vérité et cela pour l’amour de la vérité, leur souhaitant la bénédiction en vérité, et en amour.


Marcher dans la vérité et dans l’amour (v. 4-6)

Au milieu des afflictions et des combats intérieurs produits par l’activité des séducteurs, l’apôtre Jean goûtait une joie profonde à trouver parmi les enfants de la dame élue quelques-uns qui marchaient dans la vérité (v. 4). C’était la part de Gaïus et de tous les enfants dans la foi de l’apôtre, qui lui causaient ainsi la plus grande de ses joies (3 Jean 3-4).
            Puis l’apôtre introduit les deux commandements relatifs à la vérité et à l’amour :
                        - marcher dans la vérité, c’est un commandement de la part du Père (v. 4).
                        - marcher dans l’amour mutuel (v. 5), c’est le second commandement laissé par le Seigneur à ses disciples : « Je vous donne un commandement nouveau : Aimez-vous l’un l’autre ; comme je vous ai aimés, vous aussi, aimez-vous l’un l’autre » (Jean 13 : 34). L’amour est déjà le tout, la plénitude, le plein accomplissement de la Loi (Rom. 13 : 10), résumée dans ces deux choses : aimer Dieu et aimer son prochain. Mais ce commandement ancien prend maintenant une forme nouvelle, car Christ était glorifié dans le ciel et son amour pour les siens « jusqu’à la fin » (Jean 13 : 1)  devenait la mesure de l’amour divin qui doit régner entre les croyants.

Obéir, c’est garder les commandements du Seigneur, c’est marcher dans la vérité et dans l’amour. C’est aussi la preuve de notre amour pour Christ : « C'est ici l’amour c'est que nous marchions selon ses commandements » (v. 6). Le Seigneur l’avait dit à ses disciples : « Si vous m’aimez, gardez mes commandements... celui qui a mes commandements et qui les garde, c’est celui-là qui m’aime... si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole, et mon Père l’aimera » (Jean 14 : 15, 21, 23).

Il est touchant de voir comment Jean, dans ses écrits, lie la vérité, l’amour et l’obéissance à la personne même de Christ :
                        - Christ est la vérité ;
                        - L’amour de Christ pour son Père et pour les siens est présenté dans l’Evangile ;
                        - Christ, le Fils dépendant et obéissant, était venu pour faire la volonté du Père et accomplir son œuvre.

Ainsi le modèle de notre marche est maintenant Christ lui-même : « Marcher comme lui a marché » (1 Jean 2 : 6). « Marchez en lui, enracinés et édifiés en lui » (Col. 2 : 7). Nous pouvons alors expérimenter que la vie divine en nous, qui est Christ, trouve ses délices à obéir comme à aimer, et à aimer dans la vérité.


Le danger des séducteurs (v. 7-11)

Avant de dénoncer l’activité des séducteurs dans le monde, l’apôtre exhorte à garder les commandements du Seigneur et à demeurer dans « la doctrine du Christ » qui englobe tout ce qui concerne Christ, sa personne, sa venue dans le monde et son œuvre. Venu en chair, Christ a donné sa précieuse vie pour prendre en main la cause de l’homme perdu. Le seul chemin pour venir à Dieu et connaître le Père, c’est Christ qui, par sa mort, nous a fait connaître le chemin de la vie (Ps. 16 : 11 ; Jean 14 : 6). Toutes nos bénédictions sont liées à ses souffrances expiatoires.

            • Le temps actuel (v. 7)

C’est un temps de très grande épreuve, particulièrement pour la jeunesse, en raison de l’opposition qui se déploie dans le monde contre la vérité, c’est-à-dire contre Christ lui-même :
                        – L’apôtre Paul avait annoncé qu’après son départ « des loups redoutables » entreraient dans l’assemblée, tandis que de faux docteurs se lèveraient au sein même de celle-ci (Act. 20 : 29-30).
                        – L’apostasie, abandon d’un état antérieur de bénédiction, a été annoncée par Jude : certains hommes impies s’étaient déjà « insinués » parmi les fidèles (Jude 4).
                        – Aux derniers jours, de tels hommes seraient des moqueurs, raillant la promesse du retour de Jésus (2 Pier. 3 : 3).
                        – Au temps de l’apôtre Jean, c’était déjà la dernière heure (1 Jean 2 : 18) ; des antichrists étaient sortis du milieu des saints, démontrant qu’ils n’étaient pas de vrais croyants.
                        – Ces séducteurs et antichrists étaient sortis dans le monde (v. 7). De tels hommes, nombreux et actifs, sont actuellement dans le monde : ils se réclament souvent de la Parole et prétendent même présenter la doctrine chrétienne. Le mépris et le déshonneur portés au Seigneur par leur fébrile activité atteignent un degré d’horreur inconcevable, sans toujours susciter la désapprobation des chefs religieux de la chrétienté professante.

Ces adversaires acharnés de la vérité sont actifs dans la chrétienté. Ils ont le caractère de séducteurs habiles à égarer par la tromperie des hommes (Eph. 4 : 14), niant le grand mystère de la piété, c’est-à-dire « Jésus Christ venu en chair » : tel est déjà l’esprit de l’Antichrist opérant dans le monde. Nier la venue de Christ dans le monde et sa mort expiatoire, revient à nier le caractère intolérable du péché aux yeux de Dieu et la nécessité absolue de la propitiation.                               

                        • La récompense pour le serviteur du Seigneur  (v. 8)

L’apôtre s’interrompt pour mettre en relief d’une manière touchante la récompense accordée par le Seigneur à ceux qui travaillent fidèlement pour lui, en marchant dans la vérité et en gardant la doctrine du Christ. Il avait déjà dit dans sa première épître : « Enfants, demeurez en lui afin que, quand il sera manifesté, nous ayons de l’assurance » (1 Jean 2 : 28).
            Le serviteur ne travaille jamais pour la récompense, car il sait qu’il est un esclave inutile, n’ayant fait que ce qu’il était obligé de faire (Luc 17 : 10) ; néanmoins la pensée de partager la joie de son maître demeure un puissant motif d’encouragement.

                        • Le chemin de la fidélité en face des séducteurs (v. 9)

« Prenez garde à vous-mêmes » (v. 8), venait de dire l’apôtre Jean, confirmant le message des apôtres Pierre et Paul :
                        – « Vous donc, bien-aimés, sachant cela à l’avance, prenez garde… » (2 Pier. 3 : 17).
                        – « Prenez donc garde à vous-mêmes et à tout le troupeau » (Act. 20 : 28-29).

Le croyant fidèle au Seigneur doit se séparer du mal, d’abord individuellement puis collectivement (2 Cor. 6 : 14-18 ; 2 Tim. 2 : 19). Toute communion avec un milieu chrétien qui tolère des erreurs ou des fausses doctrines est une infidélité envers Christ.
            De plus, nous ne devons pas entretenir de relations avec des personnes qui accréditent ou propagent de telles erreurs. Peut-être sont-elles zélées dans les activités chrétiennes, mais elles ont abandonné « la doctrine du Christ ». Se contenter d’ignorer ces faux docteurs ne suffit pas ; ce serait être indifférent à ce qui porte atteinte à la personne du Seigneur, à sa divinité, à sa parfaite humanité et à ses gloires morales.
            La grâce de Dieu a maintenu encore chez de très nombreux chrétiens beaucoup de respect pour le nom de Christ et de sa Parole. Toutefois, nous devons veiller à ne pas entretenir de relations avec le monde religieux : c’est un danger plus subtil encore que le relâchement moral.
            Il faut aussi tenir ferme. En face de l’erreur, la vérité selon Dieu devient une certitude inébranlable pour l’âme du croyant qui réalise la communion avec le Père et avec le Fils. Pour tenir ferme contre les attaques du diable, il faut « croître jusqu’à Christ », et se fortifier en lui en revêtant « l’armure complète de Dieu », jusqu’à la venue du Seigneur (Eph. 4 : 15-16 ; 6 : 10-11) .

                        • La conduite vis-à-vis des séducteurs (v. 10-11)

L’apôtre Jean enseigne ensuite la conduite à tenir vis-à-vis des séducteurs qui ne demeurent pas dans la doctrine du Christ : il ne faut ni les recevoir dans nos maisons, ni même les saluer, de peur de participer à leurs mauvaises œuvres. Il s’agit ici de mal doctrinal grave à l’égard duquel il faut montrer une fermeté inébranlable, sans tenir compte des liens de famille ou d’affection naturelle. L’apôtre a particulièrement en vue les personnes qui sont à l’origine des fausses doctrines et qui les répandent. La responsabilité de ceux qui sont « entraînés par l’erreur des pervers » (2 Pier. 3 : 17) est moindre ; ils doivent être l’objet de patience et d’avertissement (2 Tim. 2 : 25-26 ; Jude 23).
            Dans la loi de Moïse, l’Israélite était mis en garde contre tous ceux qui risquaient de l’entraîner à l’idolâtrie : soit un prophète avec ses songes s’élevant au milieu du peuple, soit un membre de la famille (frère, fils, fille ou femme), soit enfin un habitant d’une ville. La gravité du cas était telle que la sentence de mort devait être prononcée sans miséricorde (Deut. 13).
            L’apôtre Paul s’adressant aux Corinthiens les met sérieusement en garde contre le mal moral. Manger avec quelqu’un est le signe de la communion, et celle-ci ne peut pas se réaliser lorsque du mal non jugé subsiste (1 Cor. 5 : 11). Mais la séparation du mal doctrinal doit être encore plus stricte. Même souhaiter la bienvenue à des personnes qui propagent des fausses doctrines reviendrait à les encourager, et à se solidariser avec le mal. Notre premier devoir est toujours de veiller sur nous-mêmes; mais cela ne suffit pas. Il faut aussi en toutes circonstances maintenir la gloire du Seigneur à tout prix.


Salutations de clôture (v. 12-13)

Cette lettre était un premier message d’importance pour la dame élue et ses enfants. Nous pouvons en tirer profit, car il est d’une étonnante actualité pour notre temps.
            Mais bien d’autres sujets seraient abordés au cours d’une visite que l’apôtre se proposait de leur faire. Ainsi, à l’image de son maître (Jean 10 : 9), Jean était un berger qui avait à cœur le bien du troupeau, et particulièrement celui des brebis faibles exposées aux attaques des ennemis.
            La lettre (le papier et l’encre) est un moyen utile de communication entre les saints, mais rien ne peut remplacer de se voir face à face pour s’encourager et s’édifier. Il est possible de se dire de vive voix des choses qu’il serait difficile d’écrire. Ainsi se réalise la joie collective des saints, accomplie dans la communion. C’était déjà le but que se proposait l’apôtre en écrivant la première épître : « Et cela, nous vous l’écrivons afin que votre joie soit complète » (1 Jean 1 : 4). Pensons à ce que sera notre bonheur de voir notre Sauveur face à face, et pour l’éternité, dans une communion ininterrompue !

 

D’après  « Sondez les Ecritures » (vol. 14)