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Jonathan, fils d'Abiathar, messager fidèle


            Plusieurs personnages bibliques portent le nom de Jonathan. Celui dont nous allons nous occuper est fils du souverain sacrificateur Abiathar ; il apparaît deux fois dans l’histoire de David, à des moments de difficulté extrême. Lors de la révolte d’Absalom, il se cache avec Akhimaats dans la campagne près de Jérusalem, pour pouvoir faire savoir à David ce qui se passe dans la ville (2 Sam. 15 : 36 ; 17: 15-22). Plus tard, lorsque Adonija essaie d’usurper le trône, c’est Jonathan qui vient lui dire que sa conspiration est déjouée et que Salomon est proclamé roi. L’annonce de cette nouvelle disperse Adonija et ses alliés (1 Rois 1: 41-53).

            Avant de considérer le récit des interventions courageuses de Jonathan, rappelons brièvement ce que la Parole de Dieu relate au sujet du grave péché de David (2 Sam. 11) et de la discipline qui a suivi.

 
Le péché de David avec Bath-Shéba et ses conséquences (2 Samuel 11 et 12)
 
            Satan cherche toujours à faire tomber les croyants ; il ne faut pas l’oublier un instant, et veiller à ne pas se laisser surprendre. Ce qui s’est passé dans la vie de David est un avertissement pour nous tous. Le roi n’était plus un jeune homme, et il était comblé à tous égards. Dieu lui avait accordé de dominer sur tous ses ennemis et il ne manquait de rien. Mais la convoitise, toujours latente dans notre cœur, ne s’estime jamais satisfaite.
            Alors que Joab et l’armée d’Israël s’en vont combattre contre les fils d’Ammon, David reste à Jérusalem (11 : 1). Au temps du soir, il se lève de son lit de repos, se promène sur le toit de sa maison, et laisse errer ses regards sur ce qui l’entoure. Nos pensées doivent être fixées sur les choses qui sont bonnes (Phil. 4 : 8), et être constamment amenées « captives à l’obéissance du Christ » (2 Cor. 10 : 5), sinon nos convoitises sont vite éveillées. Les yeux de David sont attirés par une femme très belle. La suite se devine aisément : le péché était particulièrement facile à commettre pour le roi, devant lequel tout cédait sans effort. Bath-Shéba, femme d’Urie, est séduite. Or « la convoitise, ayant conçu, enfante le péché ; et le péché, une fois commis, produit la mort » (Jac. 1 : 15).

            Bath-Shéba attend un enfant. Pour se débarrasser de son mari, David agit de façon abominable vis-à-vis d’un de ses plus fidèles guerriers ; avec la complicité de Joab, il décide de le faire mourir. Tout se passe selon son plan odieux, et il peut croire un moment que rien n’est connu. Le deuil passé, David recueille la femme d’Urie. « Mais la chose que David avait faite fut mauvaise aux yeux de l’Eternel » (11 : 27). Quel comportement déshonorant pour un homme qui a vécu des dizaines d’années près de Dieu, et qui a écrit tant de psaumes où il exprime sa foi et sa confiance en Dieu !

            Pendant près d’un an, David ne donne aucun signe de repentance. Pour que ses yeux s’ouvrent enfin, il faudra la visite du prophète Nathan, envoyé par l’Eternel, et la parabole qu’il lui présentera. La déclaration du prophète : « Tu es cet homme ! » (12 : 7) le réveille enfin, et il déclare : « J’ai péché contre l’Eternel » (v. 13). Le Psaume 51 confirme la réalité et la profondeur de son repentir. Dieu, qui lit dans le secret des cœurs, accorde toujours son pardon à celui qui se repent et confesse ses péchés (1 Jean 1 : 9).

            Nathan annonce à David qu’il est pardonné, mais lui dit aussi de la part de l’Eternel : « L’épée ne s’éloignera pas de ta maison, à jamais, parce que tu m’as méprisé » (12 : 10). La conduite de David aura des conséquences sous le gouvernement de Dieu, « car ce qu’un homme sème, cela aussi il le moissonnera » (Gal. 6 : 7). Cela peut être aussi le cas de l’un d’entre nous !

            La brebis de la parabole énoncée par Nathan devra être rendue « au quadruple » (12 : 6). David verra mourir ce premier enfant de Bath-Shéba (v. 15-20). Son fils Ammon sera assassiné par son propre frère Absalom (13 : 28-29). Celui-ci perdra la vie au moment de sa révolte contre son père (18 : 14). Et Adonija sera mis à mort par Benaïa, sur l’ordre de Salomon (1 Rois 2 : 24-25) - toutefois après la mort de David, auquel la miséricorde divine épargnera cette quatrième douleur.

 
La conjuration d’Absalom (2 Samuel 15 à 18)
 
            Absalom, meurtrier de son frère, passe quelques années en exil. Puis, à la suite de l’intervention habile de Joab auprès de David, il revient à Jérusalem (2 Sam. 14). Il n’y a chez lui ni regret ni humiliation ; il est sans affection naturelle. Rempli d’orgueil et d’ambition, il s’emploie à conquérir le trône de son père. Par des flatteries hypocrites, il détourne vers lui les cœurs des hommes d’Israël (15 : 1-6).
            Finalement, il rassemble autour de lui tout une troupe de sympathisants - même des hommes qui avaient été proches de David - et organise une conjuration pour s’emparer du trône. C’est un moment décisif où vont être manifestés ceux qui sont véritablement attachés à David. L’épreuve montre l’état réel des cœurs. Aimons-nous vraiment le Seigneur au point de le suivre sans hésitation, prêts à tout laisser pour lui si cela est nécessaire ?

            Pour épargner Jérusalem d’une guerre civile, le roi David décide de fuir. Il accepte de la main de Dieu cette nouvelle épreuve. Certains montrent leur haine contre lui et en profitent pour l’accabler - comme Shimhi (16 : 5-8). D’autres au contraire manifestent leur attachement au roi - comme Itthaï et Hushaï (15 : 19-23, 32).

            Tsadok et Abiathar, les sacrificateurs, sont prêts à suivre le roi dans son exil. Ils sont présents, avec les Lévites portant l’arche, au moment où David et les fugitifs passent le torrent du Cédron. Mais David dit à Tsadok : « Reporte l’arche de Dieu dans la ville ; si je trouve grâce aux yeux de l’Eternel, alors il me ramènera, et me la fera voir, elle et sa demeure » (15 : 25). En revanche, il demande aux sacrificateurs de retourner à la ville, avec leurs deux fils Jonathan et Akhimaats, et d’y demeurer pour pouvoir lui donner des nouvelles.

            David renvoie également Hushaï à Jérusalem, auprès d’Absalom. Sa tâche sera d’annuler le conseil d’Akhitophel, l’ami et le conseiller de David qui s’est maintenant ligué avec Absalom. David avait premièrement supplié l’Eternel : « Rends vain le conseil d’Akhitophel » (15 : 31). Maintenant il demande à Hushaï de tenir au courant Tsadok et Abiathar des plans d’Absalom. Leurs deux fils pourront alors renseigner David.

 
Deux messagers : Jonathan et Akhimaats (2 Samuel 17)
 
            Les jeunes hommes sont prêts à transmettre aussi vite que possible un message à David, au péril de leur propre vie. La démarche est dangereuse, car il faut échapper aux espions d’Absalom. Ils attendent à En-Roguel, au sud-est de Jérusalem (v. 17). Leur intention est de se glisser hors de la ville à la faveur de l’obscurité.
            Akhitophel a donné un « bon conseil » à Absalom (v. 14), mais l’entourage de l’usurpateur considère que celui de Hushaï est meilleur. C’est ce qui va sauver la vie à David. Immédiatement, Hushaï informe les sacrificateurs de ce qui s’est passé dans la maison d’Absalom. Une servante assure la liaison avec leurs deux fils. Ainsi Jonathan et Akhimaats vont pouvoir transmettre à David ce message : « Ne passe pas la nuit dans les plaines du désert, et ne manque pas de passer plus avant, de peur que le roi ne soit englouti, et tout le peuple qui est avec lui » (v. 16).

            Mais l’ennemi a des complices. Un garçon aperçoit Akhimaats et Jonathan et s’empresse d’en avertir Absalom (v. 18). Pendant ce temps, les deux messagers sortent de la ville et se dirigent en hâte vers une maison, à Bakhurim. Il y a là un puits dans la cour, et ils y descendent. Une femme dispose une couverture sur l’ouverture du puits et la recouvre de grain pilé. Un moment après, les espions d’Absalom se présentent et s’informent au sujet des deux jeunes gens. La femme leur dit : « Ils ont passé le ruisseau » (v. 20). Ces hommes poussent plus loin leurs investigations, mais doivent retourner sans succès vers Absalom.

            Alors Jonathan et Akhimaats sortent du puits et rejoignent David. Dès que le roi entend leur message alarmant, il décide de passer le Jourdain, avec tout le peuple, durant la nuit (v. 21-22).

            Quelques jours après, lors d’une bataille dans la forêt d’Ephraïm, Absalom trouve la mort, suspendu par sa longue chevelure aux branches d’un arbre. Et David rentre à Jérusalem (chap. 20-21).
           

La conjuration d’Adonija (1 Rois 1 : 1-10) 

            Dans les derniers jours de sa vie, David devra encore traverser une épreuve, très douloureuse pour un vieillard aux forces limitées. A cette occasion, Jonathan, fils d’Abiathar, accomplira de nouveau un service fidèle, courageux et utile.
            Voilà qu’Adonija, fils de David, frère d’Absalom, s’élève et déclare : « Moi, je serai roi » (v. 5). C’était aussi un très bel homme, rempli d’ambition. La Parole nous apprend, pour notre instruction, que « son père ne l’avait jamais chagriné, en disant : Pourquoi fais-tu ainsi ? » (v. 6). Ce manque de fermeté porte un jour ses conséquences.

            Adonija savait bien que le trône était destiné à Salomon, puisque dans le festin qu’il organise, il invite tous les fils du roi, à l’exception de Salomon. Le premier livre des Chroniques nous raconte comment David avait consacré les dernières années de sa vie à préparer les matériaux pour le temple, et avait placé Salomon devant les responsabilités qui seraient les siennes. Salomon serait son successeur. David avait déclaré publiquement : « L’Eternel… a choisi Salomon, mon fils, pour s’asseoir sur le trône… Et il m’a dit : Salomon, ton fils, c’est lui qui bâtira ma maison » (1 Chr. 28 : 5-6).

            Adonija agit à l’encontre des plans de Dieu et veut conquérir le trône. Lorsque David est affaibli et apparemment près de la fin de ses jours, Adonija juge le moment propice et trouve des complices, même parmi les proches de son père. Il confère avec Joab, chef de l’armée, et avec Abiathar, le sacrificateur, et parvient à les décider en sa faveur.

            La traîtrise de Joab ne surprend pas ; il a toujours été un intrigant. Mais quelle tristesse de trouver avec lui Abiathar ! Bien des années auparavant, ce sacrificateur s’était réfugié auprès de David, quand Saül avait exterminé toute la famille de son père Akhitub. En recevant ce fugitif, David lui avait dit : « Demeure avec moi… près de moi tu seras bien gardé » (1 Sam. 22 : 23). Abiathar a totalement oublié le précieux conseil de David. Il renie tristement, en un instant, toute une vie passée avec le roi. Il a partagé ses épreuves, il a porté à ses côtés l’éphod et l’arche. Ce comportement est une sérieuse mise en garde pour tous ceux qui sont disciples de Jésus. Le suivrons-nous quoi qu’il arrive ?

            Abiathar participe au grand festin organisé par Adonija à En-Roguel. Tous les fils de David sont là aussi - excepté Salomon. N’ont pas été invités non plus Nathan le prophète, Tsadok le sacrificateur, et Benaïa homme fort de David. On peut penser que tous les convives d’Adonija sont favorables à ses plans. Que de croyants, hélas ! s’associent sans honte aux multiples festins du monde ! La venue du Seigneur sera pour eux une douloureuse surprise, comparable à celle qui attendait Adonija et ses invités.

 
Salomon proclamé roi par David (1 Rois 1 : 11-40)
 
            Nathan le prophète, apprenant ce qui se passe, conseille à Bath-Shéba, mère de Salomon, de s’approcher de David. Elle l’informe qu’Adonija règne, et qu’il a invité à un festin tous les fils du roi, ainsi que Abiathar et Joab. Elle lui rappelle qu’il lui a juré par l’Eternel : « Salomon, ton fils, régnera après moi » (v. 17). Nathan entre à son tour auprès du roi et confirme les paroles de Bath-Shéba. C’est certainement avec douleur que David apprend la trahison de ses vieux compagnons d’armes.
            Alors, avec une détermination remarquable, David fait immédiatement proclamer roi Salomon, son plus jeune fils. C’est Tsadok qui aura l’honneur de faire monter Salomon sur la mule de David et de l’oindre comme roi sur Israël, en présence de Nathan et de tous les serviteurs du roi.

            Salomon est oint roi sur Israël à Guihon (v. 38-40). On sonne de la trompette et le peuple s’écrie : « Vive le roi Salomon ! ». La joie est grande et s’entend au loin.

            Cependant une fête bien différente s’achève à En-Roguel. Comme ils terminent leur repas, Adonija et ses invités entendent le son de la trompette. Joab s’inquiète : « Pourquoi ce bruit de la ville en tumulte ? » (v. 41).

 
Le message de Jonathan (1 Rois 1 : 41-53)
 
            Jonathan, fils d’Abiathar, est resté fidèle à David. Il se rend à En-Roguel, sans que personne, semble-t-il, ne l’ait sollicité. Mais, sans aucun doute, Dieu est avec lui et le conduit. Il arrive au moment où le bruit de la ville en fête est perçu par les invités d’Adonija. Celui-ci l’accueille gaiement : « Entre, car tu es un vaillant homme, et tu apportes de bonnes nouvelles » (v. 42).
            Jonathan va parler hardiment devant toute cette compagnie, et aussi, hélas ! devant son père qui, à la fin de ses jours, a suivi l’imposteur. Il rapporte fidèlement la vérité, les faits tels qu’ils se sont déroulés, sans se laisser effrayer aucunement par les conséquences possibles de son discours. « Le roi David, notre seigneur, a fait Salomon roi. Et le roi a envoyé avec lui Tsadok, le sacrificateur, et Nathan, le prophète, et Benaïa, fils de Jehoïada, et les Keréthiens, et les Peléthiens, et ils l’ont fait monter sur la mule du roi ; et Tsadok, le sacrificateur, et Nathan, le prophète, l’ont oint pour roi à Guihon ; et, de là, ils sont montés en se réjouissant ; et la ville est en tumulte. C’est là le bruit que vous avez entendu » (v. 43-45).

            Puis il rapporte les paroles de David : « Béni soit l’Eternel, le Dieu d’Israël, qui a donné aujourd’hui quelqu’un qui soit assis sur mon trône, et mes yeux le voient ! » (v. 48).

            C’est le désastre complet pour Adonija et ses alliés. Désemparés, ils se dispersent et fuient de toute part ! Adonija a peur et saisit les cornes de l’autel, pour implorer la grâce du roi Salomon (v. 50).

            L’attitude de Jonathan nous encourage. Il a été fidèle au roi, et a agi conformément à la volonté de Dieu. Son respect et son affection pour son père égaré n’ont pas troublé son discernement. Les intérêts de David, du roi que Dieu avait choisi, ont eu la place dominante dans son cœur dévoué. Il ne s’est pas laissé intimider par ceux qui s’étaient égarés ou révoltés. Le zèle et l’énergie de ce messager courageux est un bel exemple pour chacun de nous. Son service illustre en quelque mesure ce que dit l’apôtre Paul à Timothée : « Ceux qui ont bien servi acquièrent une bonne maturité pour eux-mêmes et une grande hardiesse dans la foi qui est dans le Christ Jésus » (1 Tim. 3 : 13).
 
 

                                                   Ph. L - « Messager évangélique » - mai 2013