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LE LIVRE DE JOSUE (2-3)

 
CHAPITRE 2 : Rahab et les espions
      Introduction
(v. 1-7)
     Les nations à l’annonce des jugements (v. 8-11)   
     La foi de Rahab (v. 9-13)
     Le moyen de salut (v. 14-20)
     Les œuvres qui prouvent la foi (v. 21) 
     La vie de Rahab 
     Le retour des deux espions (v. 22-24)

CHAPITRE 3 : le passage du Jourdain 
     Le Jourdain et sa signification spirituelle
     Les instructions au peuple (v. 2-13)
     La traversée du Jourdain (v. 14-17)
 
 CHAPITRE 2 : Rahab et les espions

                           Introduction (v. 1-7)
 
            Avant d’entreprendre la conquête du pays, Josué envoie secrètement deux espions pour voir le pays et reconnaître sa première place forte, Jéricho. Bâtie dans la plaine du Jourdain, c’était la ville des palmiers (Deut. 34 : 3), un jardin de délices pour le monde ; toutefois la ville et le pays étaient habités par un peuple maudit et ennemi de Dieu.
            Mais la grâce illimitée de Dieu va faire sortir Rahab de Jéricho et la sauver de la mort, pour l’associer au peuple élu et la placer dans la lignée du Messie d’Israël. Rahab est une fleur fragile cueillie dans la fange du péché pour venir s’épanouir aux doux rayons de la grâce divine.
 
 
                           Les nations à l’annonce des jugements
(v. 8-11)
 
            Les nouvelles des victoires d’Israël étaient déjà parvenues aux habitants de Canaan. Sihon, roi des Amoréens, et Og, roi de Basan, étaient sortis à la rencontre du peuple et avaient été entièrement détruits (Deut. 2 : 32-34 ; 3 : 1-10). Ces nouvelles avaient apporté la frayeur en Canaan : « Nous l’avons entendu, et notre cœur s’est fondu » (2 : 11). La traversée effective du Jourdain par Israël confirmera leurs craintes légitimes : « Leur cœur se fondit, et il n’y eut plus de courage en eux » (5 : 1).
            Pour le monde, l’approche des jugements produit donc la peur. Hélas, souvent les hommes, au lieu de se repentir, se débarrassent des témoins qui annoncent leur jugement. Les hommes rendront l’âme de peur (Luc 21 : 26) ; en même temps ils mettront à mort les deux témoins qui les gênaient et s’en réjouiront (Apoc. 11 : 7, 10).

            Le roi de Jéricho cherche ainsi à s’emparer des espions (v. 3) avant de s’endurcir dans son iniquité et de fermer sa ville pour résister au jugement jusqu’à la mort. Quelle solennelle différence avec Ninive et son roi, à la suite de la prédication de Jonas ! Devant l’annonce du jugement, le roi de Jéricho s’endurcit, tandis que celui de Ninive se repent (Jon. 3 : 10).
 
 
                           La foi de Rahab (v. 9-13)
 
            Au contraire, pour la foi de Rahab, les victoires d’Israël produisent un tout autre effet :
                - elle reconnaît d’abord l’intervention de Dieu : « Je sais que l’Eternel vous a donné le pays » (v. 9).

                - elle associe ensuite le peuple d’Israël à son Dieu : « L’Eternel, votre Dieu, est Dieu dans les cieux en haut, et sur la terre en bas » (v. 11).

                - en conséquence, elle use de grâce envers les messagers, en dépit des dangers qu’elle courait en trahissant ainsi son propre peuple. Elle les cache, puis leur permet de s’échapper par la muraille. Sa foi se manifeste en ce qu’elle reçoit « les espions en paix » (Héb. 11 : 31).

                – enfin, la crainte de Dieu est produite dans son cœur : c’est « le commencement de la sagesse » (Ps. 111 : 10 ; Prov. 9 : 10) et « le commencement de la connaissance » (Prov. 1 : 7). Cette crainte l’invite à chercher le salut, pour elle et toute sa maison : « Jurez-moi par l’Eternel… que vous sauverez nos âmes de la mort » (v. 12-13).

            Les moyens employés ici par Rahab, mensonges et tromperies (v. 4-7), étaient conformes à sa vie antérieure. Aujourd’hui, un chrétien éclairé par le Saint Esprit ne pourrait en aucune mesure y avoir recours, car, aux yeux de Dieu, la fin ne justifie jamais les moyens.

 
                           Le moyen de salut (v. 14-20)

            Le gage du salut qui lui est donné par les espions est d’une extrême simplicité, méprisable même aux yeux du monde. Il fallait attacher un cordon d’écarlate à la fenêtre, rester à l’abri dans la maison et garder l’affaire secrète (v. 17-20). Le cordon d’écarlate parle du sang de Christ, qui mettait déjà les Israélites à l’abri du jugement des premiers-nés (Ex. 12 : 13). Il ne s’agissait pour Rahab que d’ajouter foi à la promesse qui lui était faite. Aussi n’attend-elle pas le siège de Jéricho pour placer le cordon d’écarlate à la fenêtre : elle le fait aussitôt après le départ des espions (v. 21).

 
                           Les œuvres qui prouvent la foi (v. 21)
 
            La foi de Rahab se manifeste par sa conduite envers les espions, et lui accorde une place dans la « grande nuée de témoins » donnée dans l’épître aux Hébreux. Elle y est distinguée de la masse incrédule, « ceux qui n’avaient pas cru » (Héb. 11 : 31).
            Dans l’épître de Jacques, Rahab est associée à Abraham pour montrer aux yeux de Dieu et des hommes la valeur des œuvres de foi. Pour le monde, Abraham était un meurtrier en offrant son fils Isaac et Rahab trahissait son peuple en recevant les messagers. Mais pour Dieu, l’un et l’autre manifestaient la réalité de la foi par leurs œuvres.

            La mission des deux espions n’a pas servi à prendre la ville de Jéricho, qui a été détruite par un acte de puissance divine. Cette visite a été l’occasion du salut de Rahab et de sa maison.
 
 
                           La vie de Rahab
 
            L’histoire de Rahab ne s’arrête pas là ; ayant obéi à l’instruction qui lui assurait le salut, elle a été épargnée du jugement avec sa famille par les deux hommes mêmes qu’elle avait cachés (6 : 22-25). Rahab est d’abord laissée en dehors du camp d’Israël ; mais elle désirait habiter là où son cœur la portait, parmi le peuple de Dieu. On trouve le même désir en Ruth (Ruth 1 : 16).
            Rahab devient l’épouse de Salmon (Matt. 1 : 5), et donne naissance à Boaz ; son nom est ainsi placé dans la lignée du Messie, honneur qui est accordé à quatre femmes (à part Marie, la mère du Seigneur) : Thamar, Rahab, Ruth et Bath-Shéba. Chargées de mépris ou de honte par leur origine ou leur conduite, elles sont formées par la grâce de Dieu comme des vases de miséricorde, tout préparés pour sa gloire (Rom. 9 : 23).

            La foi de Rahab brille en ce qu’elle s’identifie elle-même avec Israël avant la première des victoires en Canaan. C’est aussi l’intelligence spirituelle du brigand repentant qui reconnaît au Sauveur méprisé la gloire de son royaume (Luc 23 : 42).
 
 
                           Le retour des deux espions (v. 22-24)
 
            La scène se termine par le témoignage des deux messagers qui confirment à Josué que le pays était livré au peuple de Dieu. Quelle différence pour Josué avec le retour des douze espions dont il faisait partie quarante ans auparavant (Nom. 14 : 6). Leçon importante apprise par le peuple !
 
 
 
CHAPITRE 3 : le passage du Jourdain
 
                           Le Jourdain et sa signification spirituelle
 
            Pour Israël, le Jourdain séparait le désert du pays de la promesse. Comme tel, il figure, pour le chrétien, la mort comme terme de la vie dans le corps sur la terre et le passage au ciel dans la présence du Seigneur.
            La portée spirituelle du Jourdain est toutefois beaucoup plus étendue ; pour la saisir, il convient de revenir à l’histoire d’Israël écrite comme type pour nous (1 Cor. 10 : 11). Le propos de Dieu était de faire sortir son peuple de l’esclavage de l’Egypte et de l’introduire dans le pays qu’il leur donnait en héritage. Trois étapes successives ont été nécessaires dans l’histoire d’Israël pour amener ce dessein divin à son plein accomplissement : la Pâque, la traversée de la mer Rouge et la traversée du Jourdain. Ces trois phases nous parlent de la mort de Christ et de ses conséquences sous trois aspects différents qui se complètent.
 

                          • La Pâque, la mer Rouge et le Jourdain pour Israël

                              1. La Pâque. Dieu se présente ici comme un juge : « Je passerai par le pays d’Egypte cette nuit-là, et je frapperai tout premier-né dans le pays d’Egypte » (Ex. 12 : 12). Le sacrifice sanglant de l’agneau pascal répond aux exigences du jugement divin. L’agneau – type de Christ, Agneau de Dieu – devait être égorgé entre les deux soirs ; sa chair, rôtie au feu, était mangée par les Israélites, avec des pains sans levain et des herbes amères (Ex. 12 : 8). Le sang de l’agneau, type du sang précieux de Christ (1 Pier. 1 : 19), était placé sur le linteau et sur les deux poteaux des maisons. Au milieu de cette nuit solennelle du jugement, l’Eternel voyait le sang et passait par-dessus les maisons des Israélites en les épargnant du jugement ; le mot pâque signifie précisément : passer par-dessus (Ex. 12 : 13). La Pâque est donc la figure de la mort de Christ, comme notre Substitut sous le jugement de Dieu. Mais elle était aussi pour Israël le souvenir de la délivrance d’Egypte opérée par la traversée de la mer Rouge.

                              2. La mer Rouge. Le peuple venait d’échapper au jugement des premiers- nés, mais il était encore en Egypte sous la menace du Pharaon et de ses armées. Il fallait une seconde intervention divine pour délivrer le peuple de l’Egypte et de sa puissance ; Dieu se manifeste maintenant comme un libérateur : « Voyez la délivrance de l’Eternel, qu’il opérera pour vous aujourd’hui » (Ex. 14 : 13). La mer Rouge est ainsi une figure de la mort de Christ qui nous arrache à la puissance de Satan : « afin que, par la mort, il rende impuissant celui qui avait le pouvoir de la mort, c’est-à-dire le diable, et qu’il délivre tous ceux qui, par la crainte de la mort, étaient, pendant toute leur vie, tenus en esclavage » (Héb. 2 : 14-15).

            Désormais, le peuple est délivré et racheté : ainsi, la mer Rouge est la figure de la rédemption : « Tu as conduit par ta bonté ce peuple que tu as racheté ; tu l’as guidé par ta force jusqu’à la demeure de ta sainteté » (Ex. 15 : 13). Israël est encore dans le désert, mais Dieu le voit comme déjà arrivé dans la terre promise. L’incrédulité du peuple (racontée en détail pour notre instruction dans le livre des Nombres, et résumée au début du livre du Deutéronome) n’a rien changé aux pensées de Dieu ; simplement le chemin des onze journées (Deut. 1 : 2) a été transformé en une longue épreuve de trente-huit ans; les voies de Dieu se sont ainsi adaptées à la conduite de son peuple.

                              3. Le Jourdain. Pour que le peuple entre en Canaan, il fallait enfin traverser un dernier obstacle, le Jourdain, fleuve infranchissable : « le Jourdain regorge par-dessus tous ses bords, tout le temps de la moisson » (3 : 15). C’est encore pour nous une figure de la mort de Christ. Là, le chrétien est spirituellement identifié avec Christ dans sa mort, pour être en pratique délivré de la puissance de la mort, du péché, de lui-même (la chair), du monde et de la Loi. A la mer Rouge, les chrétiens peuvent dire avec reconnaissance : « Christ est mort pour nous » (Rom. 5 : 8). Au Jourdain, ils ajoutent : « Nous sommes morts avec Christ » (Rom. 6 : 8).

             Il est essentiel de bien comprendre la différence entre la position d’Israël (peuple terrestre de Dieu) et celle des chrétiens (peuple céleste). Israël a connu les trois étapes de sa pleine délivrance :
                   . du jugement de Dieu, par la Pâque ;
                   . de la maison de servitude et de la puissance des ennemis, par la traversée de la mer Rouge ;
                   . de l’opprobre de l’Egypte et des traces du monde, par le passage du Jourdain. En fait, deux hommes seulement, Josué et Caleb, ont vécu personnellement ces trois phases. En effet, tout le peuple délivré de l’Egypte a péri dans le désert à cause de son infidélité. Il a été remplacé par une autre génération qui est entrée dans le pays (1 Cor. 10 : 5 ; Héb. 3 : 16-18).
 

                          • L’application spirituelle pour le chrétien

            Le chrétien, au contraire, fait l’expérience de la portée spirituelle des trois étapes de la vie d’Israël dans le cours même de sa vie sur la terre.
                   - Lorsque son âme est travaillée par la pensée du juste jugement de Dieu et qu’elle réalise son esclavage sous la puissance de Satan, elle trouve en Christ (vrai Agneau pascal) et dans sa mort (figurée par la mer Rouge), le fondement du salut et de la délivrance.

                   - Les expériences normales de la vie chrétienne qui commencent à la nouvelle naissance se rattachent à ce qu’était pour Israël autrefois la traversée du désert.

                   - Dieu désire toutefois que dès maintenant nous comprenions par la foi la valeur de la mort de son Fils pour entrer spirituellement dans les lieux célestes et y goûter les bénédictions que nous y avons en Lui. Il faut traverser spirituellement le Jourdain, c’est-à-dire réaliser que nous sommes morts avec Christ, pour jouir de ce que sa grâce nous donne. Ces vérités seront confirmées dans la suite du livre de Josué par le changement de nourriture du peuple d’Israël. Dieu lui avait donné la manne dans le désert. Après le passage du Jourdain, Il le nourrit du vieux blé du pays, image pour nous d’un Christ céleste.

            En résumé, Dieu nous a réconciliés avec lui et pardonnés (la Pâque) ; il nous a vivifiés ensemble (la mer Rouge), nous a ressuscités ensemble (le Jourdain) et nous a fait asseoir ensemble dans les lieux célestes dans le Christ Jésus (Eph. 2 : 6). Il s’agit d’une présence spirituelle réalisée par la foi, dès maintenant sur la terre, en attendant la plénitude de la gloire.

 
                          L’unité morale de l’enseignement  

            La Parole distingue donc clairement les trois phases de la pleine délivrance du peuple (la Pâque, la mer Rouge et le Jourdain). Toutefois, elle ne les sépare jamais, puisqu’il s’agit de trois aspects de l’œuvre parfaite, complète et unique de Christ.
            La nuit de la Pâque était à garder par tous les fils d’Israël en leurs générations (Ex. 12 : 14 ; Ex. 13 : 8, 14). Ce mémorial était celui de la Pâque ; mais il était aussi celui de la sortie d’Egypte (Ex. 12 : 42) : ainsi la Pâque et le passage de la mer Rouge sont liés.
            D’autre part, la traversée de la mer Rouge et le passage du Jourdain, bien que séparés par toute l’histoire du désert, sont unis par le Saint Esprit dans deux passages des Psaumes : « Il changea la mer en terre sèche ; ils passèrent le fleuve à pied : là nous nous réjouîmes en lui » (Ps. 66 : 6) ; « La mer le vit, et s’enfuit ; le Jourdain retourna en arrière » (Ps. 114 : 3, 5).

 
                           Les instructions au peuple (v. 2-13)
 
            Sittim a été le dernier campement d’Israël dans le désert, là où les espions étaient revenus auprès de Josué après leur mission (2 : 1, 23). Le nom de ce lieu de passage (qui signifie acacia) rappelle le bois dont était faite l’arche. Partant de Sittim, le peuple vient au Jourdain pour y passer la nuit et là attend trois jours avant de recevoir les instructions de la part des officiers (v. 2). Cette période évoque pour nous les trois jours de la mort et de la résurrection de Christ.
            Le chemin d’Israël à travers le Jourdain est inséparablement lié à l’arche. Pendant la traversée du désert, le peuple était accompagné par la nuée (figure de la présence de Dieu) et par l’arche (figure de Christ et de son œuvre). L’arche précédait Israël dans ses étapes pour lui préparer un lieu de repos (Nom. 10 : 33-36). Maintenant, elle va lui ouvrir un chemin à travers les eaux profondes du jugement (le Jourdain).

            Invité à suivre l’arche portée par les sacrificateurs, le peuple doit laisser entre elle et lui une distance d’environ deux mille coudées (une distance de plus de mille mètres). Qui pouvait suivre celui qui s’est avancé seul pour rencontrer à notre place la puissance du jugement et de la mort ? Déjà les disciples, au jardin de Gethsémané, étaient à un jet de pierre de leur Seigneur qui seul, dans l’angoisse du combat, anticipait dans son âme le passage du vrai Jourdain, le baptême de la mort (Luc 12 : 50).

            Le passage de l’arche au travers du Jourdain ouvrait un chemin nouveau, inconnu de tous, sauf de la foi :

                - d’abord, ce chemin appelait à une séparation du mal : « Sanctifiez- vous » (v. 5). La croix de Christ est pour le chrétien la frontière avec le monde, la chair et la mort (Gal. 6 : 14) ;

                - Dieu accomplissait des « merveilles » (v. 5). C’était déjà le témoignage rendu à Dieu dans le cantique de la délivrance après la mer Rouge (Ex. 15 : 11). Dieu « a établi un mémorial de ses merveilles » (Ps. 111 : 4 ; 118 : 23) ;

                - ensuite, cette œuvre démontrait la présence d’un Dieu vivant au milieu de son peuple (v. 10) ;

                - enfin, elle donnait l’assurance que Dieu détruirait les sept nations de Canaan pour donner le pays en héritage à Israël (v. 10). Ces sept nations sont : le Cananéen, le Héthien, le Hévien, le Phérézien, le Guirgasien, l’Amoréen, et le Jébusien (3 : 10 ; 24 : 11 ; Deut. 7 : 1). L’apôtre Paul y fait allusion dans son discours à Antioche de Pisidie (Act. 13 : 19).


                           La traversée du Jourdain
(v. 14-17)

              C’était le temps de la moisson des orges et le fleuve regorgeait par-dessus tous ses bords, au plus fort de ses crues alimentées par la fonte des neiges de l’Hermon. Peut-il y avoir une image plus saisissante des eaux du jugement dans lesquelles notre Sauveur est entré ? « Un abîme appelle un autre abîme à la voix de tes cataractes ; toutes tes vagues et tes flots ont passé sur moi » (Ps. 42 : 7).
            Lorsque les sacrificateurs qui portaient l’arche atteignirent le bord du Jourdain, les eaux coulant de l’amont s’arrêtèrent en un monceau jusqu’à Adam (v. 16). Cette ville, qui n’est mentionnée qu’ici, porte le nom de l’homme par lequel le péché et la mort sont entrés dans le monde (Rom. 5 : 12). Mais Christ (l’arche) nous communique la vie éternelle par sa mort (le Jourdain).
            Les eaux en aval s’écoulèrent vers la mer Morte - la mer Salée -, de sorte que toute la nation a pu passer de pied ferme, à sec (v. 17). L’effet du pouvoir de la mort est interrompu dans sa source et sa portée par l’invincible puissance de Dieu agissant en faveur de son peuple. L’entrée dans le pays - figure des lieux célestes - est libre désormais, mais seulement en Christ.
            A la mer Rouge, la traversée s’était faite, de nuit, entre les deux murs formés par les eaux à leur droite et à leur gauche (Ex. 14 : 22). Dans la présence perceptible de la mort et poursuivi par ses ennemis, le peuple n’avait probablement pas l’intelligence profonde de la délivrance opérée par Dieu. Mais, au-delà de la mort, la victoire est célébrée dans un cantique avec une explosion de joie.

            Au Jourdain, au contraire, la traversée s’effectue de jour, avec une conscience plus profonde des merveilles opérées par Dieu. La mort et le jugement sont moins proches, mais les regards de la foi se portent sur l’arche (Christ) qui les a traversés pour nous. Ce sont plutôt le recueillement et le silence qui marquent la solennité de la scène.

            L’Eternel prend ici le titre de « Seigneur de toute la terre » (v. 11, 13). Le « Dieu Très-haut, possesseur des cieux et de la terre » (Gen. 14 : 19), agit pour introduire son peuple dans le pays de sa possession. Dans la période actuelle, Israël est mis de côté à cause de son infidélité et Dieu prend son titre de « Dieu des cieux » (Dan. 2 : 37). Christ, rejeté comme Roi, ne fait pas valoir les droits dont Il parle à ses disciples après sa résurrection : « Toute autorité m’a été donnée dans le ciel et sur la terre » (Matt. 28 : 18).

            Aux derniers jours, le débordement des nations contre Israël sera comme un fleuve de tribulation, dont le Jourdain en crue est une saisissante image. Christ, par sa mort, s’est déjà identifié à son peuple terrestre au milieu de ces épreuves futures : « Dans toutes leurs détresses, il a été en détresse, et l’Ange de sa face les a sauvés » (Es. 63 : 9). Alors, Christ sera la sécurité et la délivrance de son peuple terrestre. Il prendra en main sa cause en exerçant le jugement que Dieu lui a confié comme Fils de l’homme, « l’Homme qu’il a destiné à cela » (Act. 17 : 31).
 
 

                                               D’après J. Muller - extrait de « Sondez les Ecritures » (vol. 3)