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ESQUISSE DU LIVRE DES NOMBRES (13)

 
 

Les ressources au désert (fin)

            Le rocher et le puits (Nom. 20 : 7-11 ; 21 : 16-18)

                              Le Rocher

            1 Corinthiens 10 : 4 nous dit : « Ils buvaient d’un Rocher spirituel qui les accompagnait : et le Rocher était le Christ ». Au début de la traversée du désert, le rocher avait été frappé, figure de Christ à la croix, d’où découle toute bénédiction pour son peuple (Ex. 17 : 6). Dans notre chapitre, il suffisait, selon les instructions de l’Eternel, de parler au rocher en prenant en main la verge d’Aaron, celle qui avait bourgeonné. Quelle merveille ! L’accès nous est toujours ouvert, pour parler à Celui qui a été frappé, dans une prière sentie, courte, précise. La verge rappelle la sacrificature fondée sur la vie et la grâce, la seule base sur laquelle Dieu pouvait encore introduire le peuple en Canaan. La verge de l’autorité, celle du conducteur, en raison de la faiblesse du peuple et de son incrédulité, ne conduisait finalement qu’au châtiment. Il fallait que la nouvelle génération saisisse qu’elle n’entrerait dans le pays que par la grâce.
            Malgré la faute de Moïse, qui frappe le rocher de sa propre verge deux fois, « il en sortit des eaux en abondance » (v. 11). Ces eaux nous parlent de la grâce qui vient « gratuitement » vers celui qui a soif (Rom. 3 : 24 ; Apoc. 22 : 17) ; grâce qui « surabonde » (Rom. 5 : 20 ; Es. 44 : 3-4), qui est toujours à disposition, « près » de nous (Rom. 10 : 8), pour celui qui a « soif » (Jean 7 : 37 ; Es. 55 : 1). La rivière d’Ezéchiel 47 allait s’approfondissant à mesure que l’on avançait sur ses bords. Ce sont les eaux du sanctuaire, la grâce que l’on connaît toujours mieux dans le cours de la vie, « cette grâce dans laquelle vous êtes (qui) est la vraie grâce de Dieu » (1 Pier. 5 : 12). Cette grâce dans le chemin nous instruit « pour que, reniant l’impiété… nous vivions… sobrement, justement et pieusement, attendant la bienheureuse espérance… » (Tite 2 : 12-13).


                        Le puits

            Le peuple, abreuvé des eaux du rocher, peut dire au roi d’Edom : « Nous ne boirons pas de l’eau des puits », figure ici des ressources humaines, mises à notre disposition par le monde (20 : 17). Après avoir été désaltéré au « puits » de Beër, il pourra de même refuser l’eau de Sihon, roi des Amoréens (21 : 22).
            A propos du puits, l’Eternel dit à Moïse : « Assemble le peuple, et je leur donnerai de l’eau » (21 : 16). Ce n’est plus seulement l’eau que chacun boit pour lui-même à la Source, mais ce rafraîchissement collectif que l’on trouve dans la communion autour du Seigneur. Dieu lui-même en prend l’initiative. Il ne répond pas ici à une prière ou à des murmures, mais dit : « Je donnerai ». C’est, tout à la fin du désert, le dernier don de Dieu avant Canaan, l’eau qui jaillit en vie éternelle.

            Les « princes » ont creusé le puits (v. 18). Pensons à tous ceux dont Dieu s’est servi à travers les âges pour libérer l’eau de la Parole divine, parfois au péril de leur vie. De nos jours, les « nobles » peuvent représenter les éléments spirituels d’une assemblée, comme aussi les conducteurs dont le ministère écrit reste à notre disposition pour nous faire mieux saisir les richesses de la Parole. Les princes, les hommes nobles du peuple ont creusé ; ils l’ont fait « avec le législateur », c’est-à-dire avec Christ. Le peuple bénéficie du ministère ainsi mis à sa disposition et l’apprécie comme un don divin ; pour la seconde fois il va, dans sa joie, chanter un cantique, le deuxième de la Bible (Exode 15 ; Jac. 5 : 13). L’eau jaillit, et l’adoration s’élève vers le Dieu de grâce (Jean 4 : 14, 23).

            Au « puits du Vivant qui se révèle », Isaac méditait avant son mariage (Gen. 24 : 63) ; après avoir épousé Rebecca, il y « habitait » (Gen. 25 : 11) : bel exemple pour nous, encouragement, une fois le foyer fondé, à y demeurer comme étant « ensemble héritiers de la grâce de la vie » (1 Pier. 3 : 7).

            Après l’expérience du serpent d’airain, le peuple s’est tourné « vers le soleil levant » (21 : 11), vers Christ la vraie lumière. Après le rafraîchissement spirituel goûté au puits, ils ont la puissance de combattre, et obtiennent la victoire sur les Amoréens.
 
 
            La nuée et la gloire de l'Eternel (Nom. 14 : 10 ; 16 : 19, 42 ; 20 : 6)

            Toute la valeur de la nuée provenait de l’assurance que Dieu y donnait de sa présence : « L’Eternel descendit dans la nuée » (Nom. 11 : 25 ; 12 : 5).

            A sept occasions particulières, dont quatre dans les Nombres, l’Eternel manifeste sa gloire dans la nuée :

                 - En Exode 16 : 10, toute l’assemblée d’Israël, le dos tourné à l’Egypte, contemple le désert qu’ils vont avoir à traverser : « Et voici la gloire de l’Eternel parut dans la nuée ». Jusqu’ici la nuée les avait guidés, les avait protégés, maintenant la gloire leur est révélée en relation avec la marche au désert.
                 - La même gloire va remplir le tabernacle (Ex. 40 : 34).
                 - Elle paraîtra à tout le peuple lors de la consécration des sacrificateurs (Lév. 9 : 23). C’est la gloire en rapport avec le rassemblement, le sanctuaire et le culte, la preuve merveilleuse que Dieu est au milieu des siens.
                 - Dans les Nombres, l’apparition de la gloire prend un autre caractère. Lorsque tout semble perdu, qu’il n’y a, ni pour Moïse, ni pour Aaron, plus aucune ressource devant ce peuple rebelle, qui veut même lapider Josué et Caleb, « la gloire de l’Eternel apparut à tous les fils d’Israël à la tente d’assignation » (14 : 10).
                 - De même, quand Coré a réuni toute son assemblée pour imposer à Moïse sa volonté et celle de ses comparses, « la gloire de l’Eternel apparut à toute l’assemblée » (16 : 19).
                 - Le lendemain le peuple se rebelle de nouveau ; Moïse et Aaron, au bout de leurs ressources, regardent vers la tente d’assignation, « et voici, la nuée la couvrit, et la gloire de l’Eternel apparut » (16 : 42).
                 - Enfin, devant les murmures de la génération élevée au désert, ses protestations et ses pourquoi, Moïse et Aaron vinrent de devant la congrégation à l’entrée de la tente d’assignation et tombèrent sur leurs faces, « et la gloire de l’Eternel leur apparut » (20 : 6).

            Dans tous ces cas, quand tout semblait définitivement compromis, la manifestation de la présence de Dieu a préservé Israël de la ruine totale. Il se montrait dans sa lumière, mais aussi dans sa sainteté. Il délivrait ses serviteurs ; mais le jugement, qui, sans la triple intercession de Moïse, serait tombé sur tout le peuple, châtiait les coupables.
            En Jean 18 : 6, la même gloire brille en Jésus lui- même : les hommes venus pour le prendre reculent lorsqu’Il se déclare ; ensuite, intercédant pour les siens, Il se place entre eux et les ennemis.
            Pensons aussi aux sept apparitions du Seigneur à Paul au long de sa carrière agitée, et gardons l’assurance que dans les diverses situations, même les plus désespérées de la vie, Il est encore puissant pour se manifester en grâce et en gloire en faveur des siens.

 
            La grâce (Nom. 23 : 8-9, 20-23 ; 24 : 5-7)

            Arrivé à la fin de la traversée du désert, Israël rebelle ne méritait certes que la malédiction de Dieu et son châtiment. En ayant recours au prophète Balaam pour le maudire, le roi Balak, à l’instigation de l’ennemi, ne paraissait que souhaiter au peuple ce qu’il s’était attiré.
            Pourquoi Dieu changea-t-il la malédiction en bénédiction ? Une seule réponse est possible : à cause de sa grâce, grâce souveraine, imméritée, inexplicable.
            La grâce nous sauve ; et durant toute notre course chrétienne, elle est là pour nous enseigner, nous restaurer, nous amener au but.
            Balaam doit s’écrier : « Comment maudirai-je ce que Dieu n’a pas maudit ?... Car du sommet des rochers je le vois... voici, c’est un peuple qui habitera seul » (23 : 8-9). Apprenons, nous aussi, à voir les bien-aimés du Seigneur « du sommet des rochers », tels que Dieu les voit en Christ, séparés du monde, mis à part pour Lui et non pour Satan.
            « Il n’a pas aperçu d’iniquité en Jacob, ni n'a vu d’injustice en Israël » (v. 21). En Christ nous sommes lavés, purifiés, justifiés ; Dieu ne se souviendra plus jamais de nos péchés, ni de nos iniquités ; nous pouvons entrer dans le sanctuaire « sans conscience de péché ». Seule la grâce peut s’exprimer en de telles paroles. « Il n’y a pas d’enchantement contre Jacob, ni de divination contre Israël » (v. 23) : « Qui est-ce qui nous séparera de l’amour du Christ ?... Aucune… créature ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu, qui est dans le Christ Jésus notre Seigneur » (Rom. 8 : 35, 39).
            « Que tes tentes sont belles, ô Jacob ! Et tes demeures, ô Israël ! » (24 : 5). En Christ, toutes choses sont faites nouvelles, c’est une nouvelle création : Dieu voit dans les siens un reflet de la beauté de Christ (Ps. 45 : 11). Il nous a rendus « agréables, dans le Bien-aimé » (Eph. 1 : 6).
            Un esprit légal ne saisit pas la grâce. D’autre part, on peut, hélas ! changer la grâce de Dieu en débauche (Jude 4). « Ceux qui regardent aux vanités mensongères, abandonnent la grâce qui est à eux » (Jon. 2 : 9). Pour garder l’équilibre, il importe que la grâce ne soit pas une théorie, ni un enseignement intéressant, mais que les yeux de nos cœurs considèrent toujours devant nous Celui qui est la grâce. La grâce de Dieu n’est pas seulement une faveur, mais « de sa plénitude… nous tous nous avons reçu et grâce sur grâce » (Jean 1 : 16). Il s’agit de « croître « dans la grâce et dans la connaissance de notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ » (2 Pier. 3 : 18). L’apôtre pouvait écrire : « Par la grâce de Dieu, je suis ce que je suis ; et sa grâce envers moi n’a pas été vaine » (1 Cor. 15 : 10).
            Considérant le peuple à la fin de la traversée du désert, le prophète déclare : « Selon ce temps, il sera dit de Jacob et d’Israël : qu’est-ce que Dieu a fait ? » (23 : 23). Nous aurions dit : qu’est-ce que le peuple a fait ? Pourtant le souvenir qui subsiste à la fin d’une longue carrière, n’est-il pas celui de la grâce et de la miséricorde de Dieu ? Que cela soit dit d’Israël (le nouveau nom du vainqueur (Gen. 32 : 28), peut encore se comprendre ; mais que la Parole souligne qu’il est dit de Jacob (le trompeur) : qu’est-ce que Dieu a fait ? nous fait toucher du doigt l’immensité de la grâce qui couvre notre misère.
            Malgré toutes ses fautes et ses défaillances, « il reste donc un repos sabbatique pour le peuple de Dieu » (Héb. 4 : 9). « Celui qui a commencé en vous une bonne œuvre l’amènera à son terme jusqu’au jour de Jésus Christ » (Phil. 1 : 6).

                        Là-haut, joyeux, dans l’immense avenir,
                        J’exalterai ton amour qui déborde,

                        Car, dans le ciel, il n’est qu’un souvenir,

                        Le souvenir de ta miséricorde !
 
 
            La bénédiction (Nom. 6 : 22-27)

            Y aurait-il clôture plus belle à nos entretiens que la bénédiction dont Aaron le sacrificateur devait bénir le peuple :
            « L’Eternel te bénisse, et te garde ! L’Eternel fasse lever la lumière de sa face sur toi et use de grâce envers toi ! L’Eternel lève sa face sur toi et te donne la paix ! » (v. 24-26).
            La triple répétition du nom de l’Eternel ne serait-elle pas une allusion voilée à la trinité ? Le cœur du Père s’ouvre pour bénir ; Lui seul peut « garder » ceux que le Fils lui confie (Jean 17 : 11). Christ, dans la face duquel a lui la connaissance de la gloire de Dieu, fait lever sa lumière sur nous ; chacun peut recevoir de Lui cette grâce qu’Il a apportée dans sa plénitude. Le Saint Esprit révèle « les choses profondes de Dieu » (1 Cor. 2 : 10). Il glorifie Christ et prend de ce qui est à Lui pour nous l’annoncer (Jean 16 : 14) ; par Lui, nous avons l’assurance du salut, la paix, fruit qu’Il produit.
            « Et ils mettront mon nom sur les fils d’Israël » : ils sont marqués pour Lui ; « et moi, je les bénirai » (v. 27).

« Il est le Rocher, son œuvre est parfaite… C’est un Dieu fidèle » (Deut. 32 : 4).

 

                                                                                        D’après G. André