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ESQUISSE DU LIVRE DES NOMBRES (6)
 
 

La Pâque au désert (Nom. 9 : 1-14)

            Une année s’était écoulée depuis la nuit terrible où l’ange du jugement avait passé par l’Egypte, mettant à mort tous les premiers-nés. Les Israélites, à l’abri du sang de l’agneau, avaient en hâte quitté le pays et fait l’expérience de la grâce et de la puissance de l’Eternel. Dans le désert, ils vont maintenant se souvenir de cette nuit de la délivrance, point de départ de leur marche en avant. L’Eternel lui-même demande au peuple (v. 2) de faire la Pâque, « au temps fixé, le quatorzième jour de ce mois, entre les deux soirs », selon tous Ses statuts et selon toutes Ses ordonnances. Rien n’était laissé au « bon vouloir » de chacun. On n’allait pas « simplifier » les choses parce qu’on était au désert ! 
            La Pâque est appelée dans notre chapitre l’ « offrande » de l’Eternel (v. 7, 13). En Egypte, elle avait été instituée ; au désert, elle devenait le mémorial qui engageait le peuple à apporter quelque chose à Dieu. La fête était célébrée avant tout pour Lui. Les épreuves du désert n’atténuaient pas la jouissance du privilège de la rappeler, au contraire. Moïse l’avait dit au Pharaon : « Laisse aller mon peuple, pour qu’ils me servent... nous irons avec nos jeunes gens et avec nos vieillards, nous irons avec nos fils et avec nos filles, avec notre menu bétail et avec notre gros bétail ; car nous avons à célébrer une fête à l’Eternel » (Ex. 10 : 3, 9). Pour la première fois ils allaient l’accomplir. Des siècles plus tard, sous Esdras (6 : 19-22), le même soin sera apporté à respecter les ordonnances de l’Eternel à se purifier, à se séparer de l’impureté des nations pour rechercher l’Eternel ; quoi d’étonnant à ce que la joie remplisse les cœurs « car l’Eternel les avait rendus joyeux ».

            La Pâque était le type d’une œuvre future, du sacrifice de l’Agneau de Dieu. Pour nous, la Cène, qui y correspond, est le mémorial d’une œuvre accomplie. Sans qu’il s’agisse d’obéissance à un commandement, mais bien plutôt de la réponse du cœur au dernier désir du Seigneur, il n’en reste pas moins que la célébration de la Cène n’est pas laissée à notre propre volonté. Il ne convient pas de dire : je pense... il me semble... j’estime que… ; nous sommes simplement appelés à nous conformer aux enseignements du Nouveau Testament à cet égard !

            Le désert, en rapport avec notre responsabilité, soulève deux points :

                      - la pureté pratique afin de participer à la Pâque - pour nous à la Cène (v. 6-12) ;
                      - l’abstention (v. 13).
 
 
                                La pureté pratique
 
            Au premier mois, le quatorzième jour du mois, des hommes étaient impurs à cause d’un corps mort et ne pouvaient pas célébrer la Pâque. Ils n’ont pas caché leur impureté en se disant : c’est le désert, participons quand même. Ils n’étaient pas indifférents à leur faute, tout en désirant d’un cœur sincère avoir part à la fête du mémorial. Que faire ? Ils confessent leur état à Moïse, sans rien cacher (v. 7), et placent devant lui leur exercice. Moïse ne se glorifie pas de tout savoir ; il n’a pas honte de reconnaître son ignorance et de consulter l’Eternel. La réponse de grâce est claire : « Si un homme d’entre vous... est impur... il fera la Pâque à l’Eternel » (v. 10). Un tel homme devrait passer par les exercices du chapitre 19 : la purification par l’eau contenant les cendres ; le second mois, le quatorzième jour du mois, il pourrait célébrer la Pâque. Il ne la ferait pas à moitié, mais complète, avec les pains sans levain, les herbes amères, selon tous ses statuts.

            Cet enseignement correspond pour nous, en rapport avec la Cène, à 1 Corinthiens 11 : 28. Si nous avons manqué, il ne s’agit pas de nous abstenir, mais de reconnaître notre faute, de la confesser, et dans l’assurance de la grâce qui y répond à cause du sacrifice de Christ, de participer au pain et à la coupe : « ... et qu’ainsi il mange ». Prenons garde de ne pas laisser s’accumuler des fautes non confessées, qui interrompent la communion et entravent toute joie et croissance chrétiennes. Dans ce travail intérieur, on aura particulièrement présent à l’esprit et au cœur les souffrances de Christ pour ce péché que l’on vient de confesser. Ainsi on ne s’abstiendra pas de la Cène, mais on y participera avec un sentiment d’autant plus profond de la grâce.

            L’apôtre avertit les Corinthiens qu’ils seraient coupables s’ils participaient à la cène du Seigneur « indignement » (1 Cor. 11 : 27). Que faut-il entendre par là ? Deux choses différentes, semble-t-il. Le verset 29 complète le 27 en disant : « Car celui qui mange et qui boit mange et boit un jugement contre lui-même, ne distinguant pas le corps ». Prendre la Cène sans réaliser les paroles du Seigneur : « Ceci est mon corps... ceci est mon sang », y participer comme à un rite, par habitude, superficiellement, nous expose au châtiment du Seigneur. Par contraste, le verset 28 commence par un « mais ». En s’éprouvant soi-même, on sera appelé à reconnaître ses fautes et leur cause. Cela nous amènera au sentiment profond de la grâce de Dieu. On participera donc, non « parce qu’on se sent digne », mais parce que Lui a tout fait pour nous purifier, et nous amener dans Sa présence.
 
 
                                L’abstention

            « L’homme qui est pur et qui n’est pas en voyage, qui s’abstient de faire la Pâque... cet homme portera son péché » (v. 13).
            Tout enfant de Dieu est appelé à participer à la cène du Seigneur, s’il n’y a pas toutefois un obstacle majeur :

                      - dans sa marche défaillante (il n’est pas « pur ») ;

                      - dans son éloignement de Dieu (il est « en voyage »).

            Il importe de comprendre ce que l’on fait. « Je parle comme à des personnes intelligentes », dit Paul (1 Cor. 10 : 15). Aussi il ne conviendrait pas de donner la Cène à de jeunes enfants.
            Dans les autres cas, la Parole souligne la gravité pour un enfant de Dieu de rester indifférent au mémorial institué, Pâque ou cène du Seigneur. Celui-ci n’a-t-il pas droit à nos affections, quand Il nous demande de « faire ceci en mémoire de Lui » ? On respecte le vœu d’un mourant ; combien plus le dernier désir du Seigneur.
            Pourquoi ne participe-t-on pas ?
                      - par indifférence peut-être ;
                      - par crainte de n’être pas assez pur - or, seule l’œuvre de Christ nous rend tels ;

                      - par peur de Le déshonorer dans notre marche - n’oublions pas que la grâce répondra à toute faute reconnue et confessée devant Lui.

            En prenant la Cène, on rappelle la défaite de Satan, on annonce la mort du Seigneur, on relie la croix à Son prochain retour. L’Ennemi ne peut le supporter, et suscite tous les obstacles imaginables pour empêcher les croyants de « se souvenir » de leur Sauveur.
            Il est donc bien sérieux de s’abstenir du mémorial du Seigneur par indifférence, ou légèreté, ou sous prétexte que d’autres ne marchent pas comme ils devraient, ou encore par crainte de s’exposer à la discipline de l’assemblée. Toutefois, Dieu connaît les circonstances de chacun des siens. Il apprécie à sa mesure et dans une parfaite grâce et miséricorde, tout ce qui peut peser sur le cœur ou sur l’esprit ; chaque chose demande un exercice confiant devant Lui. Rien ne doit être accompli à la légère et moins que tout, la participation à la cène du Seigneur ; mais à travers les âges résonne encore la voix qui, la nuit où Il fut livré, disait : « Prenez, mangez ; buvez-en tous ».

            Même « l’étranger » (v. 14) qui désirait s’approcher, le pouvait. Ailleurs on voit qu’il devait être « circoncis » (Ex. 12 : 48), c’est-à-dire accepter le signe de la séparation pour Dieu ; en faisant la Pâque, il reconnaissait qui était l’Eternel. Rien n’était retranché de la règle divine : il y avait « un même statut tant pour l’étranger que pour l’Israélite de naissance ».
            Les ressources de la grâce sont infinies, mais jamais elles n’affaibliront la pensée de Dieu révélée dans sa Parole. Ses bras pourtant s’ouvrent pour accueillir quiconque veut venir, même au milieu d’un peuple si exclusif, si peu enclin à accueillir l’étranger qui s’approche.
            Sous Ezéchias « beaucoup de ceux d’Ephraïm, et de Manassé, et d’Issacar, et de Zabulon », qui avaient répondu à l’invitation de participer à la Pâque, « ne s’étaient pas purifiés » (2 Chr. 30 : 18). Une maladie s’ensuivit, car Dieu est saint ; mais « Ezéchias pria pour eux... et l’Eternel écouta Ezéchias, et guérit le peuple ». L’intercession de Christ répond à notre ignorance, à nos faiblesses, à nos fautes.

                                                                                       D’après G. André

  
A suivre