bible-notes.org

Imprimer ou partager la page :
Jérémie, Josias et Baruc

Jérémie
Josias
Baruc 

            Le prophète Jérémie est l'un de ces jeunes gens que la Parole nous présente comme exemple et encouragement. Au moment où Dieu l'établit comme prophète, il s'écrie : « Je ne sais pas parler ; car je suis un enfant » (Jér. 1 : 6), et Dieu doit lui dire : « Ne crains point ; car je suis avec toi » (v. 8). A la même époque, l'Eternel a placé à la tête de son peuple un jeune homme d'une grande piété, le roi Josias, qui a vingt et un ans au moment de l'appel de Jérémie. Et ce sont ces deux jeunes gens qui vont être les instruments choisis de Dieu pour produire le dernier réveil en Juda et ramener si possible le peuple à l'Eternel. Hélas, le coeur des fils d'Israël ne fut pas changé, les réformes de Josias n'eurent qu'un effet momentané et superficiel, et Jérémie avertit en vain son peuple pendant plus de quarante ans. Néanmoins, l'histoire de tels témoins de Dieu au milieu de la décadence générale est très instructive pour nous.
 
 
Jérémie :
            Jérémie est, de tous les prophètes, celui dont nous connaissons le mieux la vie et les circonstances par ses écrits. Ne sentons-nous pas vibrer son coeur sensible et aimant lorsqu'il nous livre ses souffrances intimes ? Quels accents déchirants quand il se lamente sur la ruine de son peuple !
            Il y a chez lui tant de traits qui nous font involontairement songer à l'Homme de douleurs. Voyons-en quelques-uns :
                   - chapitre 11 : 19 : « Et moi j'étais comme un agneau familier qui est mené à la tuerie ».
                   - chapitre 20 : 7 : « Je suis un objet de dérision tout le jour, chacun se moque de moi ».
                   - chapitre 38 : Jérémie est jeté par les princes dans une fosse ; « Jérémie enfonça dans la boue » (v. 6). Comment ne pas penser au Psaume 69 : « Je suis enfoncé dans une boue profonde, et il n'y a pas où prendre pied » ?
            Jérémie peut dire à ses persécuteurs : « Pour moi, me voici entre vos mains ; faites-moi comme il est bon et droit à vos yeux. Seulement, sachez bien que, si vous me faites mourir, vous mettrez du sang innocent sur vous, et sur cette ville, et sur ses habitants » (Jér. 26 : 14, 15).
            Comme Jésus, il pleure sur Jérusalem – voir les Lamentations de Jérémie ; comme le Seigneur, il trouve dans la Parole de Dieu une nourriture qui fait la joie et l'allégresse de son coeur (Jér. 15 : 16, comp. Luc 4 : 4).
            Quel honneur pour Jérémie d'avoir ainsi reflété quelques traits de la personne de notre cher Sauveur!
 
 
Josias :
            A d'autres points de vue, le si jeune roi Josias est aussi tout à fait remarquable. Il est monté sur le trône dès l'âge de huit ans ; à seize ans, ce jeune garçon a commencé à rechercher le Dieu de David, son père (2 Chr. 34 : 3) ; à vingt ans, il entreprend une lutte à outrance contre l'idolâtrie sous toutes ses formes. Puis, un an seulement après, comme pour l'encourager, Dieu appelle le jeune prophète Jérémie pour le seconder dans cette oeuvre.
            Que les voies de Dieu sont étranges et admirables ! A cette époque si sombre, peu avant l'effondrement total et la captivité, Dieu suscite deux jeunes gens comme témoins et les place à la tête de son peuple : ce jeune roi et ce jeune prophète sont caractérisés par la faiblesse, mais aussi par la fidélité et la crainte de l'Eternel. Aussi Dieu va les établir comme une colonne de fer et comme une muraille d'airain (Jér. 1 : 18 ; 15 : 20). Pendant dix-huit ans, ils poursuivront le même but : ramener le peuple à l'Eternel. Que de fois, dans ces années de lutte pour le témoignage, ils auront fait l'expérience de la vérité des paroles du Prédicateur : « Deux valent mieux qu'un » (Ecc. 4 : 9) !
            Lorsque Josias eut atteint l'âge de vingt-six ans, un événement capital se produisit : en réparant et en purifiant le temple, le souverain sacrificateur Hilkija y retrouva le livre de la loi de Moïse, et le fit porter au roi. La parole écrite, que l'on avait entièrement perdue de vue sous les règnes précédents, dont on semblait même avoir oublié l'existence, va brusquement retrouver pour le jeune roi toute sa solennité ; elle va être pour lui comme une révélation toute nouvelle et atteindre profondément sa conscience : « il arriva que, quand le roi entendit les paroles du livre de la loi, il déchira ses vêtements... Grande est la fureur de l'Eternel, qui s'est allumée contre nous, parce que nos pères n'ont pas écouté les paroles de ce livre » (2 Rois 22 : 11, 13). Combien ce profond respect pour la Parole de Dieu et cette attitude d'humiliation font honneur à ce jeune roi !
            Cette vie si bien commencée se poursuivit jusqu'au bout dans la fidélité ; pendant les trente et un ans de son règne, « il marcha dans toute la voie de David, son père, et ne s'en écarta ni à droite ni à gauche » (2 Rois 22 : 2). Hélas ! après sa mort, ses réformes n'eurent pas d'effet durable : sous ses successeurs, en particulier sous Jéhoïakim et sous Sédécias, Jérémie eut beaucoup à souffrir de la part du peuple, des princes, des sacrificateurs, des faux prophètes. Ce fidèle témoin multiplie ses appels dans le temple, aux portes de Jérusalem ; il prédit la captivité de soixante-dix années comme châtiment (Jér. 25) et conjure le peuple de se soumettre au roi de Babylone Rien n'y fait. Le peuple refuse d'écouter et fait même des complots contre lui !
            Alors, Dieu fait une dernière tentative (chap. 36) : il ordonne à Jérémie de faire écrire sur un rouleau toutes les prophéties qui ont été précédemment proclamées de vive voix et de les faire entendre à ce peuple rebelle. Et c'est Baruc, le fidèle compagnon de Jérémie, qui va être chargé de cette tâche : d'abord, il écrira tout sous la dictée du prophète, puis il ira lire les paroles de l'Eternel aux oreilles du peuple dans la maison de l'Eternel (Jér. 36 : 5).
 
 
Baruc :
            C'est aussi une figure bien attachante que celle de Baruc, l'ami et le scribe de Jérémie. Son nom signifie : « béni ». Il provenait d'une famille distinguée, car son frère Seraïa fut premier chambellan du roi Sédécias (Jér. 51 : 59), mais plutôt que d'occuper des charges honorifiques, il choisit de s'associer au prophète de l'Eternel dans l'opprobre et le rejet jusqu'à la fin de sa vie. Baruc est auprès de Jérémie en prison (Jér. 32 : 2, 12), il l'accompagne plus tard en Egypte (43 : 6). Ces deux hommes qui se comprennent, qui luttent ensemble, qui prient pour le peuple de Dieu, ne nous font-ils pas songer au grand apôtre des nations et à son fidèle enfant Timothée ? Au milieu de l'hostilité générale, Jérémie dit : « Je suis enfermé, je ne puis entrer dans la maison de l'Eternel ; mais toi, tu y entreras, et tu liras, dans le rouleau que tu as écrit de ma bouche, les paroles de l'Eternel aux oreilles du peuple » (Jér. 36 : 5). De même, Paul écrit du fond de sa prison à Timothée : « Aie un modèle des saines paroles que tu as entendues de moi » (2 Tim. 1 : 13) et : « Jusqu'à ce que je vienne, attache-toi à la lecture, à l'exhortation, à l'enseignement » (1 Tim. 4 : 13).
            Au moment où Baruc écrivait sous la dictée de Jérémie, il eut un moment de découragement devant la grandeur de l'opposition, devant les dangers de sa mission et le renoncement qu'elle impliquait : « Malheur à moi ! car l'Eternel a ajouté le chagrin à ma douleur » (Jér. 45 : 3). Alors, Dieu a un message spécial de réconfort pour lui : « Voici, ce que j'avais bâti, je le renverse... Et toi, tu chercherais pour toi de grandes choses ? Ne les recherche pas... je te donnerai ta vie pour butin, dans tous les lieux où tu iras » (Jér. 45 : 4, 5). Loin de rechercher une situation en vue au milieu d'un peuple mûr pour le jugement, il devait renoncer, persévérer et être l'homme d'une seule chose. C'est ainsi également que nous voyons Timothée, facilement enclin au découragement, exhorté par l'apôtre à ranimer le don de grâce qui était en lui, puisque Dieu ne nous a pas donné un esprit de crainte, mais de puissance, et d'amour, et de conseil (2 Tim. 1 : 6, 7). Paul ajoute : « Occupe-toi de ces choses ; sois-y tout entier, afin que tes progrès soient évidents à tous » (1 Tim. 4 : 15). Que ces paroles sont précieuses et lourdes de sens ! Combien notre vie pour Christ serait transformée si nous pouvions, en ces jours de slogans, les adopter comme règle de notre vie et de nos projets d'avenir : « Ne cherche pas pour toi de grandes choses » et : « Occupe-toi de ces choses ; sois-y tout entier ». Puissions-nous les peser dans la présence du Seigneur.
            Baruc, encouragé par ce message de l'Eternel à Jérémie, se rend au temple en la cinquième année de Jehoïakim, au neuvième mois, en un jour de jeûne où tout le peuple de Juda est rassemblé. Mais sa mission ne se limite pas à cette première lecture. Il est convoqué par les princes et lit une seconde fois le rouleau (Jér. 36 : 15). Sous l'effet de la Parole de Dieu, les princes sont effrayés, se regardent l'un l'autre et disent à Baruc : Certainement, nous rapporterons au roi toutes ces paroles (v. 16). Ils conseillent à Baruc et à Jérémie de se cacher (v. 19), puis l'un d'eux s'enhardit à lire le rouleau aux oreilles du roi et de ses princes. C'est la troisième fois que Dieu fait retentir ces mêmes paroles d'avertissement.
            Mais quelle réaction effarante chez le roi impie Jéhoïakim, fils du pieux Josias. Pendant la lecture de trois ou quatre colonnes, il contient sa colère, puis d'un geste sacrilège, ce téméraire prend le canif du scribe, découpe le rouleau et le jette au feu qui est dans le brasier, jusqu'à ce que tout le rouleau soit consumé (Jér. 36 : 23). Quel contraste entre l'attitude de respect et d'humiliation de son père Josias devant le livre de la loi retrouvé par le souverain sacrificateur, et l'audace impie d'un Jéhoïakim qui s'imagine pouvoir, par son canif et son brasier, détruire les paroles immuables de Dieu. Insensé ! Il veut faire emprisonner Baruc et Jérémie, mais l'Eternel lui-même les cache (v. 26) ; quelle sollicitude ! Le roi impie a voulu supprimer un témoin gênant, les prophéties de Jérémie ; le seul résultat atteint, c'est que Jérémie, sur l'ordre de l'Eternel, prend un autre rouleau et Baruc y copie toutes les paroles du premier. Et même, il est dit : « il y fut encore ajouté plusieurs paroles semblables » (v. 32) ; le contenu du second rouleau était donc encore plus riche que celui du premier ! Et, de plus, le jugement est proclamé sur Jéhoïakim et sur son peuple.
 
 
            Chers amis, notre époque présente plus d'une analogie avec les temps de Jérémie. Nous sommes aussi arrivés à la fin de l'histoire de la chrétienté et un jugement bien plus terrible encore que celui de la déportation la menace : elle va être vomie de la bouche du Seigneur (Apoc. 3 : 16). Tous les avertissements en grâce ont été inutiles, la Parole de Dieu est méprisée et il ne manque pas de chefs religieux qui essayent de la détruire ou la découpent d'une main sacrilège. Mais au milieu de cette ruine affligeante, signe précurseur de la catastrophe finale, Dieu suscite quelques témoins fidèles, malgré leur faiblesse.
            Que nous puissions être stimulés par l'exemple si encourageant d'un jeune roi Josias, d'un jeune prophète Jérémie, d'un fidèle Baruc. Que l'on retrouve chez nous, dès notre jeunesse, quelque chose de leur droiture de coeur, de leur séparation pratique du mal, de leur attachement et de leur respect pour la Parole de Dieu, de leur esprit d'humiliation, de leur désir de servir Dieu coûte que coûte dans les temps les plus sombres.
 
 
                                                  D'après J. Kiehm - article paru dans « Feuille aux jeunes »