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LA DEUXIEME EPITRE AUX CORINTHIENS (12)

 

CHAPITRE 12 : Au troisième ciel et sur la terre  

      
L’enlèvement de Paul  (v. 1-6)   
      
L’écharde dans la chair (v. 7-10)

            Les contradicteurs de Paul ne pouvaient soutenir aucune comparaison avec lui devant l’énumération des souffrances et des tribulations qu’il avait connues durant son ministère. Pourtant l’apôtre en vient à parler encore d’une circonstance absolument sans pareille. Ce n’est plus maintenant son abaissement, mais une élévation unique : son enlèvement dans le ciel.

 

L’enlèvement de Paul  (v. 1-6)

            Paul commence cette section par ces paroles : « Il est vrai qu’il est sans profit pour moi de me glorifier », et confirme ainsi encore une fois combien il est loin de se soucier de sa propre personne, contrairement aux faux docteurs à Corinthe. Il ne veut pas s’occuper de ce qui est « derrière », et encore moins de la chair, du vieil homme, mais veut avoir uniquement Christ devant les yeux (v. 1).
            Paul avait déjà reçu auparavant plusieurs visions et révélations de la part du Seigneur (Act. 18 : 9 ; 22 : 15 ; 26 : 16 ; 1 Cor. 11 : 23 ; 1 Thes. 4 : 15). Mais il décrit maintenant une expérience extraordinaire qu’il lui avait été donné de faire, sans doute pour fortifier sa foi dans son ministère marqué de tant de privations. C’est ici la seule fois, alors que son appel comme apôtre de Jésus Christ est contesté, qu’il en fait mention. David n’avait jamais fait part de la mort du lion et de l’ours tant qu’il n’était qu’un berger insignifiant ; il n’en a parlé que lorsque cela a été nécessaire pour encourager le roi et le peuple (1 Sam. 17 : 34-37). De même Paul ne révèle sa merveilleuse expérience que quatorze ans plus tard, dans cette situation critique. D’autres, moins spirituels, tels que les Corinthiens et leurs conducteurs, s’en seraient probablement glorifiés à toute occasion.
            Bien que l’apôtre parle ici à la troisième personne : « Je connais un homme en christ », il ressort clairement du verset 7 qu’il s’agit de lui-même. Il choisit cependant cette manière de s’exprimer, parce que pour lui il y va non pas de la gloire de sa propre personne (et donc de la chair), mais de ce qui a son origine en Dieu. Il ne se considère pas comme un éminent apôtre, mais se voit comme « un homme en Christ », c’est-à-dire dans la position dans laquelle tout chrétien se trouve par la foi (1 Cor. 1 : 30). Paul évite ainsi toute référence à sa propre personne.
            Il ne sait pas non plus si ce fut « dans le corps » ou « hors du corps », si l’esprit était lié au corps ou s’il en était séparé. Dieu le lui avait caché. Mais il savait une chose : il avait été « enlevé jusqu’au troisième ciel (v. 2).
            Dans l’Ancien Testament, le mot en hébreu pour « ciel » est toujours au pluriel (voir Gen. 1 : 1 ; 1 Rois 8 : 27). Etant donné que le sanctuaire terrestre de Dieu est vu dans le Nouveau Testament comme la « copie » du vrai sanctuaire, et que le Seigneur Jésus, comme souverain sacrificateur « a traversé les cieux » (Héb. 4 : 14 ; 9 : 24), nous pouvons discerner dans les trois parties de la tente d’assignation et du temple, des représentations des diverses sphères célestes. Ainsi le parvis correspond au ciel créé visible, le lieu saint au ciel créé invisible, et le lieu très saint au « troisième ciel », à la glorieuse présence de Dieu, où Christ, l’homme glorifié est assis à sa droite, où se trouvent maintenant les âmes des croyants endormis, et où seront réunis avec Lui, après leur enlèvement, tous les saints dans des corps glorifiés (comp. Apoc. 4-5). Comme le montre la place de l’autel de l’holocauste dans le parvis, l’œuvre de Christ à la croix, dans ce sens, n’a pas eu lieu sur la terre, car le Seigneur a été « élevé de la terre » (Jean 3 : 14 ; 8 : 28 ; 12 : 32-34). La « maison de mon Père » mentionnée en Jean 14, est la demeure éternelle incréée, donc en dehors de la création, de la Trinité : du Père, du Fils et du Saint Esprit. En s’en allant au Père, le Seigneur Jésus y a préparé une place pour les enfants de Dieu, objets de son amour, qui croient en lui et en son œuvre de rédemption accomplie. Les « cieux des cieux » et « la lumière inaccessible » semblent par contre désigner la présence immédiate et sainte du Dieu invisible (1 Rois 8 : 27 ; 1 Tim. 6 : 16). Par la foi en l’œuvre rédemptrice de Christ, nous avons maintenant déjà la liberté d’entrer en esprit au travers du voile déchiré dans le sanctuaire (c’est-à-dire dans le lieu très saint : comp. Héb. 10 : 19), mais Paul a pu être là comme un « homme en Christ », bien qu’il n’ait pas su si cela a été dans le corps ou hors du corps ! Le paradis mentionné au verset 3 est une autre manière de désigner le troisième ciel (comp. Luc 23 : 43 ; Apoc. 2 : 7). L’expression  « troisième ciel » nous montre la hauteur et l’élévation, tandis que celle de « paradis » parle de la gloire de la présence de Christ !
            Là, Paul a entendu « des paroles ineffables qu’il n’est pas permis à l’homme d’exprimer » (v. 4). Il parle uniquement de ce qu’il a entendu, non de ce qu’il a vu. Libéré de la chair, il a pu entendre et assurément aussi comprendre des paroles qui étaient si saintes, si élevées et si grandes que l’homme dans la chair, même croyant, n’était ni capable ni qualifié pour les répéter. Combien cette expérience unique a dû être merveilleuse pour Paul ! Elle lui a donné la force, le courage et la persévérance pour assumer son difficile ministère. Au milieu des plus grandes difficultés rencontrées sur le chemin qui mène au but céleste, il pouvait se souvenir : J’ai été là ! Nous comprenons alors dans quelle pensée il pouvait écrire aux croyants à Philippes : « Je fais une chose : oubliant ce qui est derrière et tendant avec effort vers ce qui est devant, je cours droit au but pour le prix de l’appel céleste de Dieu dans le Christ Jésus » (Phil. 3 : 13-14).
            Paul était bien loin de s’élever au-dessus des autres. Il voulait certes se glorifier « d’un tel homme », mais non de lui-même, sinon de ses faiblesses (v. 5 ; comp. 11 : 30 ; 12 : 9). Si même il était contraint par les circonstances de parler de lui-même et de ses expériences, il évitait soigneusement de susciter ne serait-ce que l’impression qu’il voulait se mettre en avant ou qu’il était fier de lui. Contrairement à ses adversaires, dont la vanterie était insensée, parce qu’elle reposait sur la fausse appréciation qu’ils portaient sur eux-mêmes, Paul aurait pu se glorifier en vérité. Mais il s’y refusait, afin que personne ne le considère au-dessus de ce que l’on pouvait voir ou entendre de lui (v. 6). C’est ici la seule fois qu’il parle de son enlèvement au troisième ciel, et cela sans ajouter aucun commentaire. Il aurait pu dire : Je suis le seul qui a été élevé d’une telle manière au ciel ! Mais il ne le fait pas.

 
L’écharde dans la chair (v. 7-10)

            Dans la gloire du ciel, plus personne ne sera enflé d’orgueil. Mais pour Paul, avoir été là près du Seigneur glorifié, et « l’extraordinaire des révélations » qu’il avait reçues, représentaient un danger après son retour sur terre. Son « moi », la chair pécheresse, ce dangereux compagnon de tout chrétien, aurait pu s’en glorifier. Dieu voyait ce danger et Il a donné à son serviteur « une écharde pour la chair » afin qu’il ne s’enorgueillît pas. De même que pour Job, Dieu permit à Satan de faire « frapper au visage » l’apôtre Paul par un de ses anges, afin qu’il n’en tire pas orgueil (v. 7). Malgré beaucoup de tentatives d’explications, nous ignorons en quoi consistait cette écharde pour la chair (ici, il s’agit du corps). Un rapprochement avec « la faiblesse corporelle » et « ce qui était éprouvant pour vous dans mon corps » (Gal. 4 : 13-15) est possible mais sans certitude. C’était de toute façon pour l’apôtre quelque chose d’extrêmement douloureux et humiliant. Dieu voulait ainsi non seulement faire obstacle à toute glorification charnelle en Paul, mais l’amener à se glorifier dans la faiblesse.
            De même qu’en Gethsémané le Seigneur Jésus a supplié trois fois son Père de faire passer, si possible, loin de lui la coupe amère de la souffrance à cause de notre péché, ainsi Paul supplia trois fois le Seigneur afin que cette écharde se retire de lui (v. 8). Il y a cependant une grande différence. Le Seigneur se tenait dans une perfection immaculée devant son Père et savait qu’il n’y avait aucun autre chemin pour manifester son amour et sa grâce envers des hommes perdus. Pour Paul, en revanche, cette forme de discipline préventive était imposée par le Seigneur dans sa sagesse divine, à cause du danger de se glorifier de sa chair incorrigible.
            Bien qu’au début, il ait pensé que la souffrance était une entrave dans son ministère, il accepta, après sa triple supplication, la réponse du Seigneur. Il ne contesta pas son destin, mais se soumit aux voies de son Seigneur qui lui dit : « Ma grâce te suffit, car ma puissance s’accomplit dans la faiblesse » (v.9). Ainsi par l’écharde dans la chair et par la souffrance qui y était liée, Paul apprit que la puissance du Seigneur se montre le plus clairement lorsque la faiblesse de l’instrument humain est manifestée - une réalité qui traverse toute cette épître (comp. 4 : 7 ; 11 : 30). Il comprit que l’écharde était une preuve de la grâce prévoyante, de cette attention imméritée et pleine d’amour de son Seigneur, qui est aussi le « Dieu de toute grâce » (1 Pier. 5 : 10). Sa grâce pourvoirait à toutes les circonstances de sa vie.
            Il est impossible à la nature humaine de prendre « plaisir dans les faiblesses, dans les outrages, dans les nécessités, dans les persécutions, dans les détresses, pour Christ » (v. 10). Mais, à l’école de Dieu, Paul voyait dans ces choses qu’il avait déjà évoquées au chapitre 11 : 23-33, le chemin dans lequel la puissance de Christ s’appliquait dans son ministère pour lui. Tous les avantages de la chair n’étaient pour lui que des ordures (Phil. 3 : 8). Quand il se voyait dans sa faiblesse et son infirmité humaines, il était fort, car alors la puissance de Christ pouvait agir sans entrave et - ce qui était encore plus important - il était évident qu’il s’agissait uniquement de Sa puissance et non d’une puissance humaine (v. 10).
            Parce qu’il avait reconnu cela, Paul préférait de beaucoup se glorifier dans ses faiblesses, afin que la puissance du Christ, qui s’unit à la faiblesse de l’homme, non à sa force, puisse demeurer sur lui. Si l’apôtre se glorifiait dans cette faiblesse, il était manifeste que toute puissance venait uniquement de Christ en haut (v. 9).

            
Derniers appels de l’apôtre  (v. 11-21)

            Paul arrive progressivement à la fin de son épître et résume encore une fois sa position et son attitude à l’égard des frères et sœurs à Corinthe. Parce qu’ils s’étaient laissés entraîner par des séducteurs, il avait été contraint de parler comme un insensé (comp. 11 : 1, 16-23). Au lieu de recommander l’apôtre qu’ils connaissaient bien en raison de son séjour de dix-huit mois au milieu d’eux, ils s’étaient associés aux critiques de ses adversaires au sujet de sa personne. Les Corinthiens, dans leurs pensées charnelles (comp. 1 Cor. 3 : 3-4), s’étaient laissés accaparer par ces « plus excellents apôtres » qui ne faisaient que se mettre personnellement en avant. Cependant, comme nous l’avons vu dans ce qui précède, Paul n’avait besoin de le leur céder en aucune manière bien que n’étant rien, c’est-à-dire exactement le contraire de ce qu’ils prétendaient être eux-mêmes (v. 11).
            Après sa résurrection, le Seigneur Jésus avait donné à ses apôtres la mission d’aller dans tout le monde et de prêcher l’évangile à toute la création. Il leur avait aussi promis les signes qui les accompagneraient : en son nom, ils chasseraient les démons, ils parleraient de nouvelles langues, surmonteraient les dangers et imposeraient les mains aux malades afin qu’ils guérissent (Marc 16 : 15-18). « Les signes d’un apôtre » avaient été opérés par Paul au milieu des croyants à Corinthe « en toute patience, par des signes, des prodiges, et des miracles » (v. 12). Ainsi la légitimité de son apostolat était pleinement démontrée (comp. 1 Cor. 9). Le seul « désavantage » des Corinthiens vis-à-vis des autres assemblées était le fait que Paul n’ait accepté aucun soutien matériel de leur part. Avec quelque ironie, il leur demande maintenant pardon pour « ce tort » (v. 13 ; comp. 11 : 7-9).
            Pendant un certain temps, Paul avait envisagé une deuxième visite à Corinthe (voir 1 Cor. 4 : 19 ; 11 : 34 ; 16 : 5 ; 2 Cor. 1 : 15 : « une seconde grâce »). Il avait cependant repoussé ce voyage à cause de leur triste état et leur avait envoyé son collaborateur Tite à Corinthe (1 : 23 ; 8 : 17). Maintenant, sur la base des informations encourageantes de Tite, Paul était disposé à faire cette visite, la troisième selon son intention, mais dans les faits seulement la deuxième. Si cette fois encore il ne voulait pas leur être à charge, il pensait par-là d’abord à un soutien matériel, mais comme le montre la suite, ses pensées allaient au-delà. Ses préoccupations pour les Corinthiens étaient caractérisées par un amour profond. Si difficile que ce soit dans ce cas, il cherchait cependant à atteindre leurs cœurs. Comme leur père spirituel (voir 1 Cor. 4 : 15), il désirait ardemment leur communiquer autant de richesses spirituelles que possible, et renonçait volontiers à son droit de vivre de l’évangile, si cela était mal interprété de leur part (v. 14).
            Dans son dévouement et son amour, Paul désirait faire tout ce qui était à sa portée pour la prospérité spirituelle de leurs âmes, se dépenser entièrement, même s’il voyait que leur amour pour lui diminuait dans la mesure où l’amour qu’il leur manifestait surabondait (v. 15). On est tenté de se demander : Comment cela est-il possible ? Le mobile de Paul était l’amour du Christ. Son but était de stimuler la croissance spirituelle des croyants. Les Corinthiens étaient cependant encore si charnels qu’ils ne comprenaient pas cette sollicitude. Plus Paul leur présentait les pensées et les voies du Seigneur Jésus, plus ils se détournaient froidement de lui. L’Esprit et la chair sont opposés l’un à l’autre (Gal. 5 : 17).
            On attribuait méchamment à Paul les motifs les plus faux et on lui reprochait de n’avoir, par ruse, rien accepté lui-même de leur part, mais d’avoir envoyé vers eux Tite pour obtenir, sous le couvert d’une collecte pour les pauvres à Jérusalem, de l’argent dont il voulait se servir pour lui-même (v. 16 ; comp. 8 : 6, 16-24) ! Quelle souffrance pour son cœur, totalement étranger à de si basses pensées, de devoir s’occuper de tels soupçons et d’être contraint de se justifier ! Tite et le frère qui l’accompagnait avaient-ils donc donné aux Corinthiens l’impression que l’apôtre voulait les tromper ? Non, dans leur visite ses compagnons d’œuvre avaient fait preuve du même esprit et agi de la même manière que lui (v. 17-18). Dans son grand amour pour les croyants à Corinthe, Paul supportait tout cela et s’efforçait de ramener ces cœurs si égarés à « la simplicité quant au Christ » (11 : 3).
            Il ne cherchait cependant pas à se justifier devant eux, ni ne les reconnaissait comme juges de sa conduite. Non, lui et ses compagnons d’œuvre parlaient toujours dans la conscience de se tenir en Christ devant le Dieu saint, et en même temps dans l’intention de travailler à l’édification spirituelle des bien-aimés du Seigneur qu’ils aimaient eux aussi malgré tous leurs manquements (v. 19 ; comp. 2 : 17). L’apôtre  nourrissait cependant de grandes craintes lorsqu’il pensait à sa prochaine visite. Dans quel état trouverait-il les Corinthiens et quelle attitude devrait-il adopter à leur égard ? Il craignait que Dieu doive l’humilier quant à eux, s’il y avait encore parmi eux des péchés de l’esprit tels que « des querelles, des jalousies, des colères, des intrigues, des médisances, des insinuations, des enflures d’orgueil, des désordres » (v. 20 ; comp. 1 Cor. 2 : 3 ; 5 : 2 ; 6 : 7 ; 14 : 40) et s’ils ne s’étaient pas repentis des cas de péchés charnels survenus parmi eux, tels que « l’impureté … la fornication et des impudicités » (v. 21 ; comp. 7 : 1 ; 1 Jean 2 : 16). Il place l’humiliation et le deuil
avant la discipline nécessaire le cas échéant (comp. 13 : 2). Un enseignement important réside en cela pour nous.

            Au début de ce chapitre, nous voyons Paul enlevé au troisième ciel, et à la fin, des chrétiens tombés dans les pires péchés. Mais entre les deux, nous trouvons une ressource merveilleuse. C’est la conscience de la puissance de Christ sur nous et le jugement permanent de la chair en nous.

           

                                                                                       D’après A. Remmers

  

A suivre