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LA DEUXIEME EPITRE AUX CORINTHIENS (11a)

 

CHAPITRE 11 : Folie et gloire

     Simplicité quant au Christ (v. 1-4)
     Un ministère plein d’abnégation (v. 5-11)  

 

            Face à l’attitude arrogante des faux docteurs et de leur grande influence dans l’assemblée à Corinthe, l’apôtre ne peut pas éviter de parler un peu de lui-même, de sa conduite et de ses souffrances. A l’inverse de ses contradicteurs dont il condamne fermement l’attitude, il ne le fait toutefois pas dans une fausse présomption, mais il y est amené par une sollicitude pleine d’amour pour les croyants à Corinthe, qui étaient en grand danger de perdre le Seigneur Jésus de vue.

 
 
Simplicité quant au Christ (v. 1-4)

            Au chapitre 10, Paul avait déclaré que les « opposants » qui se propulsaient au premier plan manquaient d’intelligence (v. 12). Maintenant qu’il est obligé de parler de lui, il demande aux Corinthiens de supporter un peu de folie de sa part, et par là de le supporter lui-même (v. 1). Une telle chose lui répugne en fait, car il n’est animé que d’un seul désir, celui que les croyants vivent pour leur Sauveur dans la pureté intérieure et extérieure. Etant le père spirituel des Corinthiens, il sent sa responsabilité envers eux, et leur rappelle ainsi qu’il les a « fiancés à un seul mari », c’est-à-dire à Christ, pour les Lui présenter « comme une vierge chaste » (v. 2).
            Il ne parle pas ici de l’Assemblée vue dans son ensemble, comme le fait l’apôtre Jean en Apocalypse 19 : 7 ; 21 : 2 (comp. Eph. 5 : 22-33), mais il veut diriger très pratiquement l’attention des Corinthiens sur leur relation avec Christ. Il utilise pour cela l’image de la relation de fiançailles des croyants avec Christ. La femme vierge est celle qui est restée pure intérieurement et extérieurement. Sur le plan humain, un tel état et un tel point de vue sont aujourd’hui considérés avec un sourire de pitié et presque inconnus dans le monde qui nous entoure. Pour tous les croyants, ils sont pourtant d’un grand prix et essentiels. Mais qu’en est-il sur le terrain de la foi pour nous ? Attachons-nous de l’importance à nous conserver « purs du monde » (Jac. 1 : 27) ?
            Paul prend alors l’exemple d’Eve. Le premier couple est un type de la relation de Christ avec son assemblée - c’est ce qui ressort explicitement de la citation de Genèse 2 : 24 en Ephésiens 5 : 31-32. Au lieu de s’appuyer sur son mari et de se tenir près de lui, Eve s’est laissée séduire et tromper par Satan, le serpent ancien, et est ainsi tombée dans la transgression (comp. 1 Tim. 2 : 14). Elle ne s’est enquise ni de la volonté de Dieu ni même de la pensée de son mari.
            Paul craint que la relation des Corinthiens avec Christ ne soit troublée de la même manière que celle d’Eve avec Adam. Il ne pense donc pas ici aux conséquences du péché pour le premier couple et pour l’humanité entière, mais il a en vue la perturbation de l’attachement qui devait unir Eve à Adam. Elle aurait dû « s’attacher » à lui, comme lui à elle (Gen. 2 : 24), et se soumettre à lui. Paul utilise la relation perturbée entre Eve et Adam comme comparaison pour montrer clairement aux Corinthiens dans quel danger ils se trouvaient quant au Seigneur Jésus (v. 3).
            Par les influences auxquelles ils s’étaient ouverts, leurs pensées étaient corrompues et détournées du Christ. Leur amour profond et simple pour leur Sauveur et Seigneur, et leur dévouement pour lui étaient altérés. Cette « simplicité quant au Christ », la dépendance envers son bien-aimé Seigneur de l’âme croyante qui n’a qu’un désir, connaître et faire ce qui lui est agréable, voilà ce que Paul avait à cœur. Tous ses efforts dans son ministère visaient à conduire les saints à « s’attacher au service du Seigneur sans distraction » (1 Cor. 7 : 35).
            Le Seigneur Jésus cherche des cœurs qui soient ses imitateurs et, de cette manière, des modèles pour d’autres (1 Thes. 1 : 6-7). Il désire que nous cherchions « ce qui est en haut », là où Il est, « non pas à ce qui est sur la terre (Col. 3 : 2). Ce n’est que lorsque nous le considérons ainsi (comp. Héb. 2 : 9 ; 3 : 1 ; 12 : 2-3) et que nos cœurs sont remplis d’amour pour Lui et pour tous les siens, que nous serons gardés dans la simplicité quant au Christ.
            D’où venaient donc les mauvaises influences à Corinthe ? Non pas de Paul, l’apôtre (c’est-à-dire l’ « envoyé ») de Jésus Christ, mais d’hommes judaïsants qui étaient venus à eux sans mandat de la part de Dieu (comp. l’expression : « celui qui vient »). Et que prêchaient-ils aux Corinthiens ? Un « autre (grec : allos) Jésus », que Paul et ses compagnons d’œuvre n’avaient pas prêché ! Ils recevraient aussi un « esprit différent (grec : heteros) » et « un évangile différent (grec : heteros) », mais ils pouvaient bien, à leur avis, le supporter (v. 4 ; Gal. 1 : 6-7). L’original grec distingue nettement entre allos : autre de même nature, et heteros : différent, d’une nature différente. Les Corinthiens n’avaient ainsi pas discerné qu’une différence apparemment mineure dans la prédication peut conduire à un égarement grave de la foi !
            Combien l’intelligence humaine peut être insensée ! Dans sa recherche d’une « connaissance supérieure », elle est incapable de discerner qu’elle s’éloigne de la Source, le Seigneur Jésus.

 
 
Un ministère plein d’abnégation (v. 5-11)

            Lorsque Paul se compare à ces intrus qu’il qualifie avec ironie de « plus excellents apôtres », bien qu’ils soient en réalité de « faux apôtres », il peut constater en toute droiture qu’en rien il n’a besoin de se reconnaître inférieur à ceux-ci (v. 5 ; comp. v. 13). Bien qu’il n’ait pas vu le Seigneur sur la terre, il avait pourtant été appelé par Lui et s’était manifesté dans son ministère comme un vrai apôtre (comp. 12 : 11-12 ; 1 Cor. 9 : 1-2).
            Nous pouvons déduire de ce qui suit que les adversaires de l’apôtre cherchaient à le discréditer, entre autres à cause de sa manière de parler, et parce qu’il n’avait accepté aucun soutien matériel des Corinthiens, bien qu’il ait déjà donné des explications pour l’un comme pour l’autre dans sa première épître (1 Cor. 2 : 1-5 ; 9 : 1-18).
            La rhétorique semblait de première importance aux Grecs si imbus de leur culture, mais Paul y avait délibérément renoncé à Corinthe, afin que la foi « ne repose pas sur la sagesse des hommes, mais sur la puissance de Dieu » (1 Cor. 2 : 5). La rhétorique est en effet très attrayante pour l’oreille et pour l’esprit, mais en même temps souvent artificiellement gonflée et orientée vers la recherche d’effets superficiels. La vraie et vivante prédication de la parole de Dieu peut renoncer à tout cela et elle atteint pourtant les cœurs et les consciences des auditeurs qui sont amenés ainsi dans la lumière de Dieu. Voilà ce que Paul, avec sa profonde connaissance de la pensée divine, cherchait à atteindre et qu’il avait atteint lors de sa première visite à Corinthe, bien que cela ait été « dans la faiblesse, et dans la crainte et dans un grand tremblement ». Sa parole et sa prédication n’avaient pas été « en paroles persuasives de sagesse, mais en démonstration de l’Esprit et de puissance » (1 Cor. 2 : 3-4). Le Seigneur Jésus lui-même, dans une vision de la nuit, l’avait encouragé par ces paroles : « Ne crains pas, mais parle, ne te tais pas, parce que Je suis avec toi ; et personne ne mettra les mains sur toi pour te faire du mal, parce que j’ai un grand peuple dans cette ville » (Act. 18 : 9-10). C’est pourquoi Paul avait annoncé sans crainte l’évangile de la grâce de Dieu ; il avait montré alors, aussi bien que dans ses épîtres, que s’il était « un homme ordinaire pour le langage », il ne l’était pas « pour la connaissance » (v. 6).
            Une autre critique de ses adversaires concernait son renoncement à tout soutien matériel de la part des Corinthiens durant son séjour. Tant la loi du Sinaï que le Seigneur Jésus lui-même avaient déclaré que les serviteurs de Dieu devaient vivre de leur service (Deut. 18 : 1-5 ; Matt. 10 : 10). De plus, il était habituel parmi les sages et les philosophes grecs d’exiger de l’argent pour leurs services. Pourtant Paul n’avait accepté aucun don, mais avait vécu du travail de ses mains, afin de ne pas s’exposer au soupçon de vouloir s’enrichir (comp. Act. 18 : 3). Et ses adversaires prenaient justement ce fait comme occasion de l’attaquer d’un autre côté, en tentant de mettre en doute son appel et sa qualification. Avait-il donc commis une faute en s’abaissant extérieurement, afin de pouvoir présenter gratuitement l’évangile de Dieu aux Corinthiens et les amener par ce moyen à la position la plus élevée pour des hommes, celle d’enfants de Dieu (v. 7) ?
            Toutes les assemblées ne se comportaient pas comme celle à Corinthe. Lorsque Paul dit qu’il a « dépouillé  d’autres assemblées », cela ne signifie naturellement pas qu’il ait exigé quelque chose d’elles (v. 8). Bien au contraire, les assemblées de Macédoine (surtout celle à Philippes) lui avait transmis spontanément, par amour fraternel, un soutien bienvenu, lorsqu’il était dans le besoin à Corinthe, car il ne voulait en aucun cas être à charge aux Corinthiens (v. 9 ; comp. Phil. 4 : 15 ; 2 Cor. 8 : 1-5). Ceux-ci n’avaient-ils pas pu reconnaître qu’il n’avait rien à cacher devant eux, mais que c’était « la vérité de Christ » qui dictait son attitude dans toute sa vie et toute sa conduite ? Il ne se laisserait en aucun cas frustrer, en Achaïe, la contrée où se trouvait Corinthe, de la gloire de leur avoir annoncé « gratuitement » l’évangile (comp. 1 Cor. 9 : 18). Mais était-ce par manque d’amour pour eux ? A cette question, il répond lui-même par ces mots, qui en disent long : « Dieu le sait ». Le grand apôtre n’avait pas besoin d’en dire plus pour sa défense et sa justification, lui qui était manifesté de toute manière devant eux et qui révélait la vérité de Christ (v. 10-11).

 
                                                                                       D’après A. Remmers
  

A suivre