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LES PARABOLES DE L’EVANGILE DE LUC (11)

 
 L’HOMME QUI REVIENT DES CHAMPS (Luc 17 : 7-10)

           La foi comme un grain de moutarde
           Un service qui va de soi  
           Des esclaves inutiles
           N'y a-t-il donc aucun salaire ?
          

            Nous trouvons là une courte parabole que le Seigneur a prononcée seulement devant ses disciples, juste avant son dernier voyage vers Jérusalem.

La foi comme un grain de moutarde

            Les apôtres ressentaient qu’ils avaient besoin de plus de foi pour marcher dans le chemin que le Seigneur venait de placer devant eux ; c’est un sentiment que nous connaissons certainement tous. C’est ainsi qu’ils Lui ont demandé : « Augmente-nous la foi ! » (v. 6a). A cette prière pertinente, le Seigneur a donné la réponse suivante : « Si vous aviez de la foi comme un grain de moutarde, vous diriez à ce mûrier : Déracine-toi et plante-toi dans la mer ; et il vous obéirait » (v. 6b).
            Ce n’est pas, de la part du Seigneur, un blâme envers la petitesse de la foi des disciples. Le Seigneur ne parle pas non plus ici d’une « foi charismatique » pour opérer des guérisons, accomplir des miracles et transporter des montagnes (1 Cor. 12: 9, 10, 28 ; 13: 2).

            Le Seigneur veut parler d’une foi réelle, vivante. Si les disciples devaient ne donner lieu à aucun scandale, s’ils devaient prendre garde à eux-mêmes, s’ils devaient montrer de la grâce envers les autres et toujours pardonner à leurs frères (v.1-4), ils n’avaient pas tant besoin d’une grande foi, mais d’une foi vivante, réelle. Le grain de moutarde est très petit, mais il est vivant et devient un grand arbre. Ils devaient apprendre, comme nous aussi, à faire intervenir Dieu en toute circonstance - c’est là ce que fait la foi qui compte sur Dieu seul - et ils seraient en mesure d’accomplir des œuvres de foi qui, pour l’entendement humain, semblent impossibles ; mais rien n’est impossible à Dieu pour ce qui est d’accomplir ce qui est selon sa volonté.
 

Un service qui va de soi

            « Qui parmi  vous, s’il a un esclave occupé à labourer ou à garder le bétail, lui dira,  quand il revient des champs : Viens vite te mettre à table ! Ne lui dira-t-il pas au contraire : Prépare-moi à dîner, ceins-toi et sers-moi jusqu’à ce que j’aie mangé et bu ; et après, tu mangeras et tu boiras, toi ! Doit-il de la reconnaissance à l’esclave pour avoir fait ce qui avait été commandé ? Je ne le pense pas » (v. 7-9).
 
            Le Seigneur présente la parabole sous forme interrogative, pour obliger les disciples à répondre eux-mêmes aux questions posées. Ils devaient se mettre à la place d’un homme qui a un esclave, dont le temps et le travail appartiennent au maître. Ainsi, quand l’esclave revient fatigué des champs, le moment de se reposer n’est pas encore venu pour lui. Auparavant, il doit encore servir son maître à table ; cela fait partie du travail normal d’un esclave. Le maître « doit-il de la reconnaissance à l’esclave pour avoir fait ce qui avait été commandé ? Je ne le pense pas », dit le Seigneur.

            Le Seigneur parle de labourer et ce n’est certainement pas sans intention. L’apôtre Paul avait « planté » et Apollos avait « arrosé » (1 Cor. 3 : 6), ces deux activités étant précédées du labourage, du brisement et de la préparation de la terre des cœurs pour recevoir la Parole de Dieu - un dur travail en effet ! Accomplissons-le si le Seigneur nous y a appelés, en nous souvenant que seul le soc de la charrue de la Parole de Dieu peut opérer le résultat désiré dans les cœurs et les consciences. Toutes les ressources humaines sont sans effet à cet égard.
            Le Seigneur parle aussi de garder le bétail. Cela nous rappelle le service confié à l’apôtre Pierre (Jean 21 : 15-17). Faire paître le troupeau de Christ et veiller sur lui est d’une valeur inestimable ; mais c’est aussi un service difficile qui ne peut être accompli qu’en regardant au Seigneur et dans la puissance du Saint Esprit.


Des esclaves inutiles
 
            Le service d’un esclave est donc quelque chose qui va de soi et qui ne nécessite pas un remerciement. Alors le Seigneur Jésus applique la parabole à ses disciples : « Ainsi, vous aussi, quand vous aurez fait tout ce qui vous a été commandé, dites : Nous sommes des esclaves inutiles ; ce que nous étions obligés de faire, nous l’avons fait » (v. 10).

            Le Seigneur parle de notre attitude envers Lui, et non pas de son attitude envers nous.
            Accomplir l’œuvre du Seigneur ne doit pas nous amener à penser que notre obéissance est méritoire. Même si nous avons fait tout ce qui nous a été commandé, nous devons garder l’intime conviction que « nous sommes des esclaves inutiles ». « Inutile » ne signifie pas « dont on peut se passer » ; car la parabole montre que le Seigneur veut utiliser ses esclaves, et non pas se passer d’eux. Nous n’avons pas acquis un droit particulier auprès du Seigneur par notre service ; cela est vrai même pour le serviteur le plus estimé et le plus fidèle. Et en outre, l’amour pour le Seigneur nous fera dépasser la pure obligation, et faire aussi ce qu’il n’a pas commandé directement.


            Se considérer comme un serviteur inutile ne veut pas dire que l’on est paresseux, négligent et nonchalant dans l’œuvre du Seigneur. Y a-t-il eu toutefois un serviteur du Seigneur qui ait fait tout ce qui lui avait été commandé, effectivement et sans exception ? Il n’y en a pas, mais cette question n’est pas soulevée ici.

            Les motifs pour lesquels ses esclaves doivent faire tout ce qu’il commande, ne nous sont pas présentés dans cette parabole, mais ailleurs dans le Nouveau Testament (voir, par exemple : 1 Cor. 6 : 20 ; 2 Cor. 5 : 15).


N'y a-t-il donc aucun salaire ? 

            Cette parabole nous indique la manière dont nous avons à considérer notre service, mais non la manière dont le Seigneur le considère. Il est notre Maître, infiniment bon ;  il n’agira pas comme le maître présenté par cette parabole. Une seule ligne de pensée est donnée dans chaque parabole ; ici, l’enseignement est que notre service est quelque chose qui va de soi ; cela ne donne aucun droit à faire valoir auprès du Seigneur.
            Le côté du Seigneur se trouve dans d’autres paraboles : celle des « ouvriers loués pour la vigne » (Matt. 20 : 1-16), ou celle des « talents » et des « mines » (Matt. 25 : 14 ; Luc 19 : 11), où nous voyons le Seigneur récompenser la fidélité dans le service ; mais cela reste une pure grâce, nous n’avons rien à revendiquer. C’est pourquoi, de notre côté, l’amour pour notre Seigneur est le seul vrai mobile pour le service pour Lui - ce n’est pas le désir d’être rémunéré.
            En comparant ces trois dernières paraboles avec celle qui nous occupe, on arrive à une constatation supplémentaire : il y aura un repos après le temps de travail fait pour le Seigneur ici-bas sur la terre. Un jour, l’esclave « reviendra des champs », alors même qu’il y aura encore à faire à la maison ; nous ne serons pas inactifs au ciel, mais nous servirons éternellement le Seigneur (Apoc. 22 : 3) !
            Dans notre parabole, le maître dit à l’esclave : « Ceins-toi, et sers-moi…». Mais, au chapitre 12, nous entendons le Sauveur dire de ces esclaves qui l’ont attendu et servi fidèlement : « Bienheureux sont ces esclaves… je vous dis qu’il (le maître) se ceindra, les fera mettre à table et, s’avançant, il les servira » (v. 37). Quand le travail aux champs sera terminé pour les esclaves et que le Maître sera de retour dans sa maison, Il montrera son amour et sa condescendance incomparables en se ceignant et en servant ceux qui L’auront servi. Il nous fera jouir de la gloire de la maison de son Père. Quelle grâce qui dépasse ce que nous pouvons comprendre !  


                                                                                 D'après Ch. Briem

A suivre