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DANIEL,  LE PROPHÈTE (9a)

 CHAPITRE 9

        
La délivrance imminente du peuple et la prière de Daniel (v. 1-19)
                L’amour de Daniel pour son peuple
                La confession de Daniel
                L’intercession de Daniel 
                La vision de Gabriel et la réponse divine
                  

            Daniel apparaît sous un nouveau caractère dans ce chapitre. Jusque-là, nous l'avons vu comme celui qui recevait, de différentes manières, des communications divines et prophétiques ; nous le trouvons ici découvrant la pensée de Dieu par l'étude des Ecritures, et se présentant comme un intercesseur pour le peuple élu de Dieu. On ne peut pas dire avec certitude quel intervalle s'était écoulé entre ce chapitre et les précédents, puisque nous ne connaissons pas la durée du règne de Belshatsar. Celui-ci, à cause de son impiété, avait perdu la vie sous le juste jugement de Dieu, et « Darius, fils d'Assuérus, de la semence des Mèdes... fut fait roi sur le royaume des Chaldéens » ; les événements de ce chapitre se déroulèrent « la première année de son règne » (v. 1-2).

La délivrance imminente du peuple et la prière de Daniel (v. 1-19) 

                        L’amour de Daniel pour son peuple

            Deux choses distinguaient Daniel d'une manière évidente :

                 - un amour intense pour le lieu où la gloire de Dieu avait demeuré ;
                 - une affection ardente pour le peuple de Dieu.

            Il aurait pu être en vérité le porte-parole de ses compagnons de captivité dans le Psaume bien connu dont l'auteur ne nous est pas révélé : « Si je t'oublie, ô Jérusalem, que ma droite s'oublie ! Que ma langue s'attache à mon palais si je ne me souviens de toi, si je n'élève Jérusalem au-dessus de la première de mes joies ! » (Ps. 137 : 5- 6). C'était sans doute cet amour pour Jérusalem qui l'a conduit à sonder les écrits de Jérémie, pour s'informer de la durée de la désolation. Donnant le résultat de son étude, il dit : « Moi, Daniel, je compris par les livres que le nombre des années touchant lequel la parole de l'Eternel vint à Jérémie le prophète, pour l'accomplissement des désolations de Jérusalem, était de soixante-dix années » (v. 2 ; Jér. 25 : 11 ; 29 : 10).
            L'effet de cette découverte sur Daniel fut de l'amener, dans son amour infatigable pour ceux de son peuple, à s'identifier avec leur état, à confesser leurs péchés et à intercéder pour leur pardon et leur restauration ; car il savait bien qu'une œuvre devait d'abord être opérée dans leur âme, avant qu'ils soient qualifiés pour retourner dans leur propre pays et dans leur ville. Ce n'est que là où il y a, dans le cœur, des affections divines pour le peuple de Dieu, - comme l'illustrent d'une manière si frappante tant Moïse que Paul, ainsi que Daniel et Esdras - qu'il peut y avoir puissance dans l'intercession à son égard. Et ne peut-on pas suggérer, comme instruction pour le temps actuel, que l'urgent besoin d'aujourd'hui est d'avoir des intercesseurs ? De saints hommes et de saintes femmes, enseignés de Dieu et remplis de l'Esprit, seront rendus capables, comme Epaphras, de travailler avec ferveur pour les saints par la prière. Et si nous-mêmes, par manque de zèle pour la gloire de Dieu et d'amour pour son peuple, nous ne pouvons pas être des intercesseurs, nous pouvons au moins prier qu'il en soit suscité dans toute l'Eglise de Dieu, partout dans le monde.
            Avant de considérer la prière de Daniel, il peut être utile de remarquer que l'intercession du prophète est un des trois maillons de la chaîne des voies de Dieu pour l'accomplissement de ses desseins à l'égard de Jérusalem. Jérémie eut pour mission d'annoncer sa désolation pendant soixante-dix ans, à cause de ses transgressions ; Daniel a été poussé par l'Esprit de Dieu à prier pour sa restauration, et enfin, Cyrus a été suscité « afin que fût accomplie la parole de l'Éternel dite par la bouche de Jérémie », pour faire une proclamation concernant la reconstruction du temple (Esd. 1). Dieu lui-même doit avoir la gloire de toute son œuvre et Il ne permettra à aucun de ses serviteurs de revendiquer le crédit de ce que sa propre puissance a exécuté.


                        La confession de Daniel

            Il suffira de faire quelques brèves remarques sur la prière de Daniel, vu que son intention, son caractère et sa portée sont facilement compréhensibles. Il convient de relever toutefois, en premier lieu, que le propre état d'âme de Daniel était en accord avec ses confessions et ses prières. Il dit : « Je tournai ma face vers le Seigneur Dieu, pour le rechercher par la prière et la supplication, dans le jeûne, et le sac et la cendre » (v. 3). Ce n'est que dans la mesure où nous sommes nous-mêmes véritablement humiliés devant Dieu, que nous pouvons nous humilier pour les siens. Par la grâce, et par la puissance du Saint Esprit, nous devons nous placer moralement dans les circonstances de ceux dont nous désirons présenter le cas à Dieu. L'état du peuple réclamait des prières et des supplications, dans le jeûne, le sac et la cendre, et le prophète, comme l'un d'entre eux, comprenant leur condition, se plaça sur ce terrain dans la présence de Dieu. Le Seigneur lui-même a été le parfait modèle, lorsqu'Il confesse les péchés de son peuple, comme nous le voyons dans les Psaumes (par exemple Ps. 69 : 5). Rien en fait ne manifeste plus évidemment l'Esprit de Christ que cette identification complète avec la condition affligeante du peuple de Dieu à cause de leurs péchés. C'est ainsi que les saints peuvent « porter les charges les uns des autres » (Gal. 6 : 2) et accomplir la loi de Celui qui a été le grand Porteur de charges.
            Les deux traits marquants des supplications de Daniel sont la confession et la justification de Dieu dans ses voies envers son peuple. En s'adressant à Dieu, au verset 4, il pose la base lui permettant de justifier Dieu. Il dit : « Seigneur, le Dieu grand et terrible, qui gardes l'alliance et la bonté envers ceux qui t'aiment et qui gardent tes commandements ». Nous remarquons le passage de « Eternel, mon Dieu » à la première ligne du verset, à Seigneur (« Adonaï ») à la troisième ligne. Dieu ne pouvait manquer de garder son alliance avec son peuple ; c'était donc la conduite des siens eux-mêmes qui avait été la cause de tous les châtiments qui étaient tombés sur eux. Et c'est cette mauvaise conduite que Daniel allait maintenant mentionner. « Nous avons péché, nous avons commis l'iniquité, nous avons agi méchamment, et nous nous sommes rebellés et nous nous sommes détournés de tes commandements et de tes ordonnances » (v. 5). Il ne cherche pas à cacher ni n'atténue en aucune mesure ce qu'à d'énorme la culpabilité de son peuple ; mais avec une grande variété d'expressions il fait la confession la plus complète de leurs nombreuses transgressions. Ils avaient encore aggravé leur péché en refusant d'écouter les prophètes que Dieu, dans sa longue patience et ses tendres compassions, avait envoyés à leurs rois, à leurs princes, à leurs pères et à tout le peuple du pays (v. 6). Leur culpabilité s'étendait également à toutes les classes. En conséquence, Daniel reconnaît que la justice est au Seigneur dans ses voies envers son peuple et que la confusion de face est « aux hommes de Juda et aux habitants de Jérusalem et à tout Israël, à ceux qui sont près et à ceux qui sont loin, dans tous les pays où tu les as chassés, à cause de leurs infidélités par lesquelles ils ont été infidèles envers toi » (v. 7).
            Cette particularité de la confession, qui considère les choses comme si rien n'avait été déjà reconnu dans la présence de Dieu, peut bien nous être recommandée pour que nous l'imitions. C'est un signe infaillible d'un « cœur vrai », de la droiture de l'âme devant Dieu et, par conséquent, d'un travail réel opéré par le Saint Esprit dans le cœur et dans la conscience. Mais si la confusion de face, comme Daniel le confesse de nouveau (v. 8), s'imposait à toutes les classes du peuple à cause de leurs péchés, il poursuit en disant : « Au Seigneur notre Dieu sont les compassions et les pardons, car nous nous sommes rebellés contre lui » : ils n'avaient pas écouté Sa voix parlant par des prophètes, et tout Israël avait transgressé la loi de l'Eternel leur Dieu et était ainsi tombé sous la malédiction et le châtiment de leurs péchés, comme cela avait été écrit dans la loi de Moïse, serviteur de Dieu (v. 9-11). Daniel, par cette seule phrase : « Au Seigneur notre Dieu sont les compassions et les pardons », avait touché le seul fondement sur lequel il pouvait se tenir dans son intercession. S'il n'avait connu que la loi, il n'aurait pas pu espérer être entendu. Mais il connaissait aussi l'Eternel son Dieu dans la mesure de grâce selon laquelle Il s'était révélé tant à Moïse (Ex. 34 : 6-7), qu'à David et à Salomon en relation avec la construction du temple en Sion, la montagne qui devait désormais être connue comme l'expression de la grâce royale (voir 1 Chr. 21 ; 2 Chr. 6 : 36-39). C'était donc de Dieu, connu en grâce, que le prophète dépendait ; et ce n'est que dans la mesure où la grâce est connue que le cœur peut décharger ses péchés et ses peines dans la présence de Dieu.
            Daniel ne veut rien cacher, et ainsi il ajoute que si Dieu n'avait fait qu'accomplir ses paroles en faisant venir sur son peuple un mal si grand - et il n'y en avait jamais eu de plus grand sous tous les cieux que celui qui était venu sur Jérusalem (v. 12). Le mal était survenu sur eux exactement selon qu'il était écrit dans la loi de Moïse. Pourtant dit-il, « nous n'avons pas imploré l'Eternel, notre Dieu, afin de revenir de nos iniquités et de comprendre ta vérité » (v. 13). Le résultat de toute cette mauvaise conduite est maintenant établi : « Et l'Eternel a veillé sur le mal, et l'a fait venir sur nous ; car l'Eternel, notre Dieu, est juste dans toutes les œuvres qu'il a faites ; et nous n'avons pas écouté sa voix » (v. 14). Pourtant il mentionne encore une autre aggravation de leur culpabilité - c'était contre Celui qui les avait fait sortir du pays d'Egypte, à main forte, et qui s'était fait un Nom, qu'ils avaient péché et avaient agi méchamment (v. 15). Daniel allait ainsi jusqu'au fond, et voyait tous les péchés de son peuple à la lumière de la sainteté de Dieu, Le justifiant et reconnaissant que le jugement tombé sur Jérusalem, Juda et Israël, les rois, les princes et le peuple, n'était que ce qui leur était justement dû. C'est par conséquent une confession modèle pour tous les temps, que ce soit pour les croyants ou pour les pécheurs, nous souvenant seulement que la grâce est maintenant encore plus largement connue (voir 1 Jean 1 : 9 ; 2 : 1-2). Mais si elle est plus largement connue, ce n'est qu'un motif de plus de faire une confession complète et franche.

                        L’intercession de Daniel

            Après avoir confessé les péchés et les iniquités de son peuple, Daniel en vient à l'intercession. Il convient d'en bien observer la forme. Daniel avait pleinement reconnu la justice de Dieu dans le châtiment de son peuple et maintenant il supplie le Seigneur, selon toutes ses justices, de détourner sa colère et sa fureur de sa ville de Jérusalem, sa sainte montagne. Il déclare en outre que Jérusalem et le peuple de l'Eternel, à cause de leurs péchés et de leurs iniquités, étaient maintenant « en opprobre » à tous ceux qui les entouraient (v. 16b). Le prophète était en droit de réclamer les justices du Seigneur, car l'Eternel avait mis son Nom dans le sanctuaire bâti par Salomon. Il avait également accepté la prière de Salomon lors de sa dédicace, et Il s'était ainsi engagé à entendre les prières des siens lorsqu'ils s'humilieraient devant Lui à cause de leurs péchés (voir aussi Deut. 30 ; Ps. 89). Daniel, par conséquent, dans cette supplication, comptait sur tout ce que l'Eternel était comme révélé à Israël, et sur sa fidélité à sa propre parole. Rien ne donne à l'âme plus de courage que la connaissance de la justice de Dieu, ni ne lui donne une telle liberté dans la présence de Dieu. Il est aussi très touchant de voir l'usage que Daniel fait de l'expression « ton peuple ». En fait Dieu avait écrit « Lo-Ammi » (« pas mon peuple ») sur Israël, mais la foi rétablissait le lien.
            Puis le sanctuaire est présenté dans toute sa désolation. Le fondement de la prière et des supplications de Daniel pour que Dieu fasse luire sa face sur son sanctuaire désolé, c'est « pour l'amour du Seigneur » (v. 17) - un motif de prière qui ne pouvait pas être refusé. Dans le verset suivant, le sujet de sa requête est « nos désolations, et la ville qui est appelée de ton nom » ; et pour cela il avance une autre raison : « ce n'est pas à cause de nos justices que nous présentons devant toi nos supplications, mais à cause de tes grands compassions » (v. 18b).
            Ce sont donc là les trois raisons que Daniel avance : la justice de Dieu, son amour et ses compassions. Les ayant exposées dans sa présence, il résume tous ses propres désirs et les présente dans une dernière ardente supplication : « Seigneur, écoute ; Seigneur, pardonne ; Seigneur, sois attentif et agis ; ne tarde pas, à cause de toi-même, mon Dieu ; car ta ville et ton peuple sont appelés de ton nom » (v. 19). Voilà le secret de sa force ; son premier souci était le nom de son Dieu et ses intérêts dans Son sanctuaire, sa ville et son peuple. Daniel n'a rien à demander pour lui ou même pour ses compagnons de captivité, mais tout son cœur s'épanche en supplications pour l'honneur du nom de son Dieu, et Ses intérêts sur la terre. C'est, par conséquent, une prière qui devrait souvent servir de modèle à ceux qui désirent, en une mesure, être en communion avec le cœur de Dieu au sujet de la condition affligeante de son Eglise dans le monde.

                        La vision de Gabriel et la réponse divine

            Avant même que Daniel eût achevé ses supplications, la réponse à ses cris arriva - en ce qui concernait du moins la révélation de la pensée de Dieu en relation avec les sujets de sa prière. Il dit : « Et je parlais encore, et je priais et confessais mon péché et le péché de mon peuple Israël, et je présentais ma supplication devant l'Eternel, mon Dieu, pour la sainte montagne de mon Dieu - je parlais encore en priant, et l'homme Gabriel que j'avais vu dans la vision au commencement, volant avec rapidité, me toucha vers le temps de l'offrande de gâteau du soir » (v. 20-21).
            Avant de poursuivre, deux remarques s'imposent. Rappelons-nous d'abord que l'oreille de Dieu est toujours ouverte aux prières des siens. Jean écrit : « Si nous demandons quelque chose selon sa volonté, il nous écoute » (1 Jean 5 : 14), et il en était ainsi dans ce cas. Daniel était dans le secret de la pensée de Dieu, et Dieu trouvait son plaisir dans les supplications de son serviteur, dont chaque parole montait devant Lui comme un parfum de bonne odeur ; car, en fait, c'étaient Ses propres désirs qui avaient été produits dans le cœur de son serviteur. Remarquons aussi que ce fut « vers le temps de l'offrande de gâteau du soir » que Gabriel vint et « toucha » Daniel. L'offrande de gâteau du soir accompagnait l'holocauste qui devait être présenté matin et soir, continuellement. Le temple ayant été détruit, il ne pouvait plus être offert, mais Daniel se tenait devant Dieu en vertu de ce sacrifice, c'est-à-dire qu'il s'identifiait en esprit avec toute son odeur agréable, comme assurant sa propre acceptation et l'efficacité de ses prières (comp. 1 Sam. 7 : 9-10 ; 2 Rois 3 : 20). Il en va de même de nos prières aujourd'hui lorsque, par la foi et dans la puissance du Saint Esprit, nous nous reposons entièrement sur ce que Christ est et sur toute la valeur de son sacrifice devant Dieu.
            Gabriel vint, en premier lieu, pour éclairer l'intelligence de Daniel (v. 22) ; et, en outre, il lui dit : « Au commencement de tes supplications la parole est sortie, et je suis venu pour te la déclarer, car tu es un bien-aimé. Comprends donc la parole, et sois intelligent dans la vision » (v. 23). La révélation qui allait être faite demandait pour être comprise une intelligence divine et c'est celle-ci que Dieu donnait d'abord, par Gabriel, à son serviteur. Il voulait aussi que Daniel sût qu'Il avait lu les désirs de son cœur et qu'Il avait, au commencement de ses supplications, commandé la mission à Gabriel. Dans Sa grâce précieuse, pour encourager le cœur de Daniel, Il veut aussi l'informer qu'il était « un bien-aimé » - bien-aimé comme « le disciple que Jésus aimait » (Jean 13 : 23 ; 19 : 26 ; 20 : 2 ; 21 : 7, 20) : il était dans l'intimité de la pensée et des affections du Seigneur, et était ainsi capable de recevoir la communication des secrets divins. Car il demeure vrai que plus nous sommes près du Seigneur, plus Il peut nous dévoiler pleinement ses pensées. Aussi Gabriel ajoute : « Comprends donc la parole, et sois intelligent dans la vision ». Les qualifications étaient là ainsi que l'intelligence divine et un cœur en communion avec Dieu ; et Daniel, ainsi pourvu par grâce, était en position de comprendre la révélation qu'il allait recevoir.
            Cela nous amène à la partie la plus difficile du livre, ou du moins, à une partie rendue difficile par les spéculations et les controverses : le sujet des soixante-dix semaines.
  

                                                                                     D’après E. Dennett