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 Le sermon sur la montagne (2)

 Bienheureux ceux qui ont faim et soif de la justice 
 Bienheureux les miséricordieux  
 

Bienheureux ceux qui ont faim et soif de la justice

            « Bienheureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car c’est eux qui seront rassasiés » (Matt. 5 : 6).

            En Luc 6, le Seigneur s’adresse personnellement à ses disciples en leur disant : « Bienheureux, vous qui maintenant avez faim, car vous serez rassasiés » (v. 21) ; la faim est envisagée d’une façon générale. Mais la quatrième béatitude de Matthieu 5 parle d’une faim et d’une soif particulières : celles de la justice.
            La faim et la soif sont des manifestations du besoin fondamental, instinctif, de se maintenir en vie. Mais en même temps, elles naissent de la carence des éléments qui sont nécessaires pour cela.
            N’y avait-il donc pas de justice sur la terre ? Lorsqu’au Sinaï, Dieu avait donné la Loi à Israël, il avait dit : « Tu jugeras ton prochain avec justice » (Lév. 19 : 15). Mais que fit ce peuple du Seigneur Jésus, le seul juste ? Pierre a dû leur dire : « Mais vous, vous avez renié le Saint et le Juste, et vous avez demandé qu’on vous accorde la grâce d’un meurtrier ; vous avez mis à mort le Prince de la vie » (Act. 3 : 14-15). Les Romains, qui occupaient en ce temps-là la Palestine, étaient fiers de leur loi séculaire des « Douze Tables ». Aujourd’hui encore, la législation de nombreux Etats européens repose sur le droit romain. Mais lorsque le Seigneur Jésus eut à comparaître devant Ponce Pilate, le gouverneur romain, ce dernier dit : « Je suis innocent du sang de ce juste » (Matt. 27 : 24) ; puis il fit fouetter Jésus et le livra lâchement à la foule excitée qui réclamait sa crucifixion. L’injustice du monde a atteint son paroxysme dans le traitement infligé au Fils de Dieu, notre Seigneur et notre Rédempteur.

            Aujourd’hui on conçoit généralement la justice comme un droit à l’équité accordé à tout homme. Dans la Bible cependant, la justice a toujours Dieu lui-même comme point de référence. Dieu est le juste parfait et agit toujours justement, c’est-à-dire en conformité avec sa propre nature (Rom. 3 : 5 ; Héb. 6 : 10). Il agit comme « conservateur de tous les hommes » (1 Tim. 4 : 10), pour leur bien et leur bénédiction (Act. 14 : 17), même si beaucoup n’en sont pas conscients, et L’estiment quelquefois injuste.
            La justice de Dieu implique le châtiment du péché, car celui-ci est toujours commis en premier lieu contre Lui. Mais sa justice a été parfaitement démontrée à la croix de Golgotha, où un homme, Jésus Christ, a été puni parce qu’Il représentait des êtres coupables, afin que Dieu puisse accorder sa justice à tous ceux qui accepteraient l’œuvre de réconciliation qui s’accomplissait alors.

            En conséquence, il n’existe de véritable justice pour l’homme que si, par la foi, il reconnaît ces faits. Ayant reçu de Dieu une intelligence et la conscience de sa responsabilité, il cherche souvent à définir une justice humaine ; mais en fait, il en est incapable et souvent peu disposé à pratiquer la justice dans les différents domaines de la vie, à cause du péché qui habite en lui. Actuellement, nous vivons une époque où l’on s’efforce peut-être plus qu’autrefois d’établir la justice sur la terre. Il suffit de penser aux législations fiscales et sociales au sein d’un Etat, ainsi qu’aux actions internationales pour réduire les inégalités entre états industriels et pays en voie de développement.
            Le sermon sur la montagne ne contient toutefois aucune instruction pour l’amélioration de la situation mondiale ; il n’est pas un programme politique. Il décrit plutôt les caractères et la part de ceux qui, par la foi, participeront au royaume de Dieu (ou royaume des cieux). Ici le Seigneur a particulièrement en vue le résidu juif et les croyants d’entre les nations, dans le temps futur de la grande tribulation. Ils subiront l’injustice, une injustice qui, de manière extrême, caractérisera l’Antichrist (2 Thes. 2 : 10) ; et ils la connaîtront pour eux-mêmes, quand, à la suite de leur Seigneur, ils seront injustement persécutés et opprimés. Leurs cœurs renouvelés éprouveront un profond et ardent désir de justice, désir qui sera parfaitement satisfait à l’apparition du Seigneur comme roi dans le règne millénaire (Es. 51 : 1, 6).

            « Voici, un roi régnera en justice, et des princes domineront avec droiture » (Es. 32 : 1). Lorsque, sous la domination de Christ, Dieu mettra la terre en accord avec ses pensées, alors tous ceux qui auparavant auront eu faim et soif de la justice seront rassasiés (Es. 28 : 17).
            Aujourd’hui cependant, nous n’en sommes pas là. Soyons bien convaincus que la justice ne règnera dans ce monde que lorsque le Seigneur Jésus l’aura introduite lui-même dans le règne millénaire. La course des hommes vers la justice et la paix - alors que celles-ci s’éloignent d’eux toujours plus - est comme le signe annonciateur de l’imminence de ce temps. Si seulement les hommes voulaient reconnaître l’inutilité de leurs propres efforts à cet égard, et comprendre que seules la justice et la paix de Dieu peuvent les y mener !

            Les chrétiens de la période actuelle sont aussi concernés par ce verset. En tant qu’enfants de Dieu, nous voyons toute l’injustice de ce monde. Beaucoup d’enfants de Dieu doivent souffrir injustement, non seulement à cause de leur foi au Seigneur Jésus, mais simplement à cause de leur conduite. Et parfois, ne doit-on pas déplorer de l’injustice même chez les chrétiens ? D’une façon ou d’une autre, combien d’enfants de Dieu souffrent de se sentir injustement traités ! Leur désir de justice est bien compréhensible. Un jour cependant, cette faim et cette soif seront parfaitement et éternellement assouvies. Selon la promesse divine, « nous attendons de nouveaux cieux et une nouvelle terre, où la justice habite » (2 Pier. 3 : 13). Durant le règne millénaire, le Seigneur Jésus régnera en justice, alors que dans l’éternité, la justice habitera dans la nouvelle création. Alors les voies de Dieu envers les hommes auront atteint leur but.
            Mais ne pouvons-nous pas dire que notre faim et notre soif de la justice sont déjà satisfaites à maints égards ? Dieu ne nous a-t-il pas compté notre foi à justice (Rom. 4 : 5-22) ? Ne sommes-nous pas les témoins vivants de la justice divine parce que nous croyons en Celui qui a été fait péché pour nous ? – nous sommes « justice de Dieu » en Christ (2 Cor. 5 : 21). Et ne pouvons-nous pas dès à présent nous réjouir des caractères moraux du royaume de Dieu : « Car le royaume de Dieu... est... justice, et paix, et joie dans l’Esprit Saint » (Rom. 14 : 17) ? Et non seulement nous en réjouir, mais également les réaliser dans notre vie avec nos frères et sœurs, et dans le monde. En Matthieu 6 : 33, le Seigneur dit à ses disciples : « Mais cherchez d’abord le royaume de Dieu et sa justice, et tout cela vous sera donné par-dessus ». N’est-ce pas ce que les chrétiens désireux d’être fidèles au Seigneur doivent rechercher avec soin ? – en se souvenant aussi de l’injonction de Paul à Timothée : « Poursuis la justice, la foi, l’amour, la paix, avec ceux qui invoquent le Seigneur d’un cœur pur » (2 Tim. 2 : 22).

 
 
Bienheureux les miséricordieux

            « Bienheureux les miséricordieux, car c’est à eux que miséricorde sera faite » (Matt. 5 : 7).

            Nous lisons dans les Proverbes de Salomon : « Qui méprise son prochain pèche, mais bienheureux celui qui use de grâce envers les malheureux » (Prov. 14 : 21). Dans sa cinquième béatitude, le Seigneur Jésus prononce des paroles semblables, mais il y ajoute une promesse : « ...car c’est à eux que miséricorde sera faite ».

 
                        Miséricorde et grâce

            La miséricorde désigne tout à la fois le sentiment du cœur touché par la misère d’autrui, et l’aide que ce sentiment conduit à apporter. La miséricorde n’est pas à confondre avec la grâce, qui est plutôt la faveur imméritée qu’obtient une personne indigne. L’Ecriture les distingue. Dans l’Ancien Testament, Dieu dit à Moïse : « L’Eternel, l’Eternel ! Dieu, miséricordieux et faisant grâce » (Ex. 34 : 6), et dans le Nouveau Testament, nous lisons : « Grâce, miséricorde, paix de la part de Dieu le Père... » (1 Tim. 1 : 2 ; 2 Tim. 1 : 2 ; voir aussi Héb. 4 : 16 ; 2 Jean 3).
            Le livre de Ruth fournit un magnifique exemple de la miséricorde divine à l’égard d’une femme païenne, et le prophète Jonas doit reconnaître, bien qu’à contrecœur, la miséricorde de Dieu envers les habitants de Ninive.

 
                        La miséricorde de Dieu apporte la vie

            A celui qui croit, Dieu accorde toute la richesse de sa miséricorde, en vertu du sacrifice du Seigneur Jésus à la croix. La plus grande misère de l’homme réside dans le fait qu’il est mort spirituellement, et incapable de se sortir lui-même de son état. Dans sa miséricorde, Dieu lui accorde la vie - et Lui seul peut le faire. En 1 Timothée 1 : 13, 16, Paul rappelle la miséricorde que le Seigneur lui a faite afin qu’il soit « un exemple de ceux qui viendront à croire en lui pour la vie éternelle ». Et il écrit aux Ephésiens : « Mais Dieu, qui est riche en miséricorde, à cause de son grand amour dont il nous a aimés, alors même que nous étions morts dans nos fautes, nous a vivifiés ensemble avec le Christ » (Eph. 2 : 4-5). En Tite 3 : 4-5, il dit : Dieu nous a sauvés « selon sa propre miséricorde, par le lavage de la régénération et le renouvellement de l’Esprit Saint ». Pierre enfin écrit : « Béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ, qui, selon sa grande miséricorde, nous a régénérés pour une espérance vivante » (1 Pier. 1 : 3).

                        « Bienheureux les miséricordieux... »

               Le Seigneur Jésus parle ici de ceux qui ont été les objets de cette miséricorde de Dieu et qui désormais suivent leur modèle comme de vrais disciples de leur Seigneur et Maître. Combien souvent nous lisons dans les évangiles que le Seigneur a été ému de compassion ! Plein de miséricorde et de sympathie, Il guérissait les malades, nourrissait les affamés, ressuscitait des morts. Il était celui que représentait le miséricordieux Samaritain de la parabole, et pouvait bien dire, à l’issue de son entretien avec le docteur de la Loi venu pour l’éprouver : « Va, et toi fais de même » (Luc 10 : 37).
            L’exhortation « Ayez donc en vous cette pensée qui a été aussi dans le Christ Jésus » (Phil. 2 : 5) nous concerne tous. Notre exercice de la miséricorde consiste à transmettre ce que nous avons appris auprès du Seigneur Jésus, aussi bien dans le domaine spirituel que dans le domaine matériel. Si nous sommes conscients de l’œuvre du Seigneur pour nous, nous aurons non seulement les sentiments qui conviennent face à la souffrance, à la misère et la détresse, mais nous chercherons aussi à les traduire en actes. Que le Seigneur ouvre nos cœurs et fortifie nos mains, afin que nous manifestions sa miséricorde !
            La leçon de l’esclave impitoyable de la parabole de Matthieu 18 : 23-35 est très sérieuse : il doit 10 000 talents à son roi (une somme fabuleuse), mais jette en prison celui qui lui doit 100 deniers (salaire de cent jours). Nous pouvons nous demander si nous sommes conscients de la valeur du grand pardon qui nous a été fait et si nous le prouvons par notre comportement. Mais, pour peu que nous ouvrions les yeux, nous verrons, dans notre proche voisinage, des frères et des sœurs qui ont besoin d’aide ; nous trouverons de nombreuses occasions de manifester d’une manière pratique la sympathie et la miséricorde : visiter les malades, accompagner les personnes âgées, venir en aide à celui-ci ou à celui-là.

            Mais ne pensons pas exclusivement à nos frères et sœurs dans la foi, avec un esprit étroit. Paul écrivait aux Galates : « Ainsi donc, tandis que nous en avons l’occasion, faisons du bien à tous, mais surtout à ceux de la maison de la foi » (Gal. 6 : 10). La force de notre témoignage pour le Seigneur réside davantage dans notre comportement que dans nos paroles ! Le monde n’étudie guère la Bible, mais il sait souvent apprécier très justement notre attitude. Combien d’âmes en difficulté ont été gagnées, non seulement par le pur évangile, mais aussi par la miséricorde qui leur a été témoignée !
            Il est vrai que dans certaines sphères de la chrétienté, la bonne nouvelle du Nouveau Testament a été réduite à une affaire essentiellement sociale. En lieu et place de la repentance et de la foi au Seigneur Jésus, on prêche la bienfaisance, souvent même avec une connotation politique. Mais de cette manière, on ne donne pas leur juste portée au sermon sur la montagne et à l’évangile de la grâce de Dieu ! D’autre part, estimer que la prédication de l’évangile est le seul devoir que le chrétien ait à accomplir envers le monde, c’est méconnaître le témoignage à la grâce et à la miséricorde de notre Dieu. Tout comme notre Seigneur aidait les personnes auxquelles Il annonçait la bonne nouvelle, nous sommes appelés non seulement à parler de Lui à nos semblables, mais aussi à leur montrer pratiquement la force et les fruits de notre foi.

            Bien entendu, l’exercice de la miséricorde exige de la sagesse. S’agit-il des difficultés et des besoins matériels, la plupart du temps, il est bon d’intervenir rapidement. Mais il existe aussi des occasions où il convient d’être plus retenu. Manifester sans délai de la miséricorde vis-à-vis de quelqu’un qui vient de pécher n’est peut-être pas à propos. Il peut s’avérer nécessaire d’attendre un certain temps afin qu’une profonde et véritable restauration de l’âme soit produite. A cet égard, l’attitude de Joseph envers ses frères est un bel exemple. C’est seulement lors de la troisième rencontre qu’il se fait connaître à eux, lorsque leur conscience a été labourée. Il peut alors user d’une entière miséricorde envers eux.

 
                        « ...car c’est à eux que miséricorde sera faite »

            En suivant ainsi les traces de notre Seigneur, dans le chemin de la foi, nous ferons de jour en jour l’expérience croissante de sa miséricorde. L’encouragement d’Hébreux 4 : 16 est d’une beauté particulière : en nous approchant du trône de la grâce par la prière, nous recevons miséricorde et trouvons grâce pour avoir du secours au moment opportun. Là, siège le Seigneur Jésus, notre miséricordieux et fidèle souverain sacrificateur (Héb. 2 : 17). Dans sa miséricorde, Il nous accompagne durant toute notre vie ici-bas, jusqu’à ce qu’Il revienne et nous introduise auprès du Père. Jude met même cette venue en relation avec la miséricorde : « attendant la miséricorde de notre Seigneur Jésus Christ pour la vie éternelle » (v. 21).
            La promesse faite par le Seigneur ne concerne pas seulement la miséricorde que Lui nous témoignera, mais aussi celle que nous recevrons de la part de personnes placées sur notre chemin, « car ce qu’un homme sème, cela aussi il le moissonnera » (Gal. 6 : 7).
            Enfin, notre manifestation devant le tribunal de Christ sera sans doute la suprême occasion où nous éprouverons l’étendue de la miséricorde de notre Seigneur. L’apôtre Paul a souhaité que son frère Onésiphore trouve « miséricorde de la part du Seigneur dans ce jour-là » (2 Tim. 1 : 18). Cette relation entre la miséricorde et notre manifestation devant le tribunal de Christ ne doit étonner personne. Il n’est pas question de mettre en doute notre salut éternel. Cette miséricorde se rapporte au service accompli pour le Seigneur sur la terre. Au moment où chacun recevra sa louange de la part de Dieu, c’est encore sa miséricorde qui triomphera.

                                   Là-haut, joyeux, dans l’immense avenir,
                                   J’exalterai ton amour qui déborde,
                                   Car, dans le ciel, il n’est qu’un souvenir,

                                   Le souvenir de ta miséricorde !

 

 

                        A. Remmers – article paru dans le « Messager Evangélique » (1994 p. 47-55)

 
 
A suivre