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CANTIQUE DES CANTIQUES 
CHAPITRE 4
 
Versets 1-6 - « Voici, tu es belle, mon amie ; voici, tu es belle ! Tes yeux sont des colombes derrière ton voile, tes cheveux sont comme un troupeau de chèvres sur les pentes de la montagne de Galaad. Tes dents sont comme un troupeau de brebis tondues, qui montent du lavoir, qui toutes ont des jumeaux, et pas une d'elles n'est stérile. Tes lèvres sont comme un fil écarlate, et ta bouche est agréable. Ta joue est comme un quartier de grenade derrière ton voile. Ton cou est comme la tour de David, bâtie pour y suspendre des armures ; mille boucliers y sont suspendus, tous les pavois des vaillants hommes. Tes deux seins sont comme deux faons jumeaux d'une gazelle, qui paissent parmi les lis ».
Versets 6-7  – « Jusqu'à ce que l'aube se lève, et que les ombres fuient, j'irai à la montagne de la myrrhe et à la colline de l'encens. Tu es toute belle, mon amie, et en toi il n'y a point de défaut ».
Verset 8  – « Viens avec moi du Liban, ma fiancée, viens du Liban avec moi ; regarde du sommet de l'Amana, du sommet du Sénir et de l'Hermon, des tanières des lions, des montagnes des léopards ».
Versets 9-11 - «Tu m'as ravi le coeur, ma soeur, ma fiancée ; tu m'as ravi le coeur par l'un de tes yeux, par l'un des colliers de ton cou. Que de charme ont tes amours, ma soeur, ma fiancée ! Que tes amours sont meilleures que le vin, et l'odeur de tes parfums plus que tous les aromates ! Tes lèvres, ma fiancée, distillent le miel ; sous ta langue, il y a du miel et du lait, et l'odeur de tes vêtements est comme l'odeur du Liban ».
Versets 12-15 – « Tu es un jardin clos, ma soeur, ma fiancée, une source fermée, une fontaine scellée. Tes plants sont un paradis de grenadiers et de fruits exquis, de henné et de nard, de nard et de safran, de roseau odorant et de cinnamome, avec tous les arbres à encens ; de myrrhe et d'aloès, avec tous les principaux aromates, a une fontaine dans les jardins, un puits d'eaux vives, qui coulent du Liban ! ».
Verset 16 - « Réveille-toi, nord, et viens, midi ; souffle dans mon jardin, pour que ses aromates s'exhalent ! »



 Versets 1-6 - « Voici, tu es belle, mon amie ; voici, tu es belle ! Tes yeux sont des colombes derrière ton voile, tes cheveux sont comme un troupeau de chèvres sur les pentes de la montagne de Galaad. Tes dents sont comme un troupeau de brebis tondues, qui montent du lavoir, qui toutes ont des jumeaux, et pas une d'elles n'est stérile. Tes lèvres sont comme un fil écarlate, et ta bouche est agréable. Ta joue est comme un quartier de grenade derrière ton voile. Ton cou est comme la tour de David, bâtie pour y suspendre des armures ; mille boucliers y sont suspendus, tous les pavois des vaillants hommes. Tes deux seins sont comme deux faons jumeaux d'une gazelle, qui paissent parmi les lis ».
             Dans le récit de Marc 5 : 25-34, nous voyons la puissance qui était en Jésus se déployer dans une femme qui vient de toucher le bord de son vêtement. Par son geste, elle avait fait appel à ses compassions. La foi seule pouvait atteindre et saisir tous les trésors divins qui lui ont été ouverts. Quel effet parfait et immédiat ! « Aussitôt son flux de sang tarit ; et elle connut en son corps qu'elle était guérie du fléau » (v. 29). Elle tomba aux pieds de Jésus, effrayée et toute tremblante. Dans son besoin, elle éprouvait la puissance de Christ. Mais elle ignorait encore l'étendue de l'amour de celui qui ne refuse rien à la foi. Le repos de l'âme se trouve dans la connaissance de celui qui a tout donné pour nous acquérir. Alors nous goûtons un plein repos dans son amour. « Et il regardait tout à l'entour pour voir celle qui avait fait cela » (v. 32). Quel amour ! Son coeur tressaille de joie ! Les oeuvres de Satan sont détruites, Dieu est glorifié ; la grâce brille et la foi triomphe. Il se révèle et remplit le coeur de cette femme de la paix et de la joie de la délivrance. « Ma fille (expression de la relation la plus intime), ta foi t'a guérie ; va en paix, et sois guérie de ton fléau » (v. 34).
            Ici, dans le Cantique des Cantiques, le bien-aimé révèle à celle qu'il aime, ses pensées à son sujet, la beauté sans égale qu'elle a à ses yeux. Retenons les paroles que l'époux a choisi pour exprimer l'admiration que lui inspire son épouse ! Il semble s'asseoir pour contempler avec ravissement chacun de ses traits. « Tu m'as ravi le coeur, ma soeur, ma fiancée » (Cant. 4 : 9). Ces paroles inondent l'âme d'une joie paisible. Elles sont le fondement béni de la communion la plus intime.
            « Tu es toute belle, mon amie, et en toi il n'y a point de défaut ». L'époux énumère ensuite sept traits particuliers de sa beauté. Ce nombre sept suggère l'idée de quelque chose d'accompli de parfait. Le croyant aussi est parfait en Christ. Nous avons « dépouillé le vieil homme, qui se corrompt selon les convoitises trompeuses, … et revêtu le nouvel homme, créé selon Dieu, en justice et sainteté de la vérité » (Eph. 4 : 22-24). Considérons rapidement chacun de ces sept traits.
             « Tes yeux sont des colombes derrière ton voile ». Selon la loi, la colombe était un oiseau pur, un des seuls à être offerts en sacrifice sur l'autel de Dieu ; elle est l'emblème de l'humilité, de l'innocence. Elle montre un attachement extraordinaire à son colombier. « Tes yeux sont des colombes ». L'oeil est souvent employé dans l'Ecriture en relation avec la lumière et l'intelligence spirituelle. « Si donc ton oeil est simple, ton corps tout entier sera plein de lumière » (Matt. 6 : 22). Emportée loin de sa demeure, la colombe s'élève très haut, prend rapidement son vol pour retourner à son colombier. Oh, que nous puissions avoir une telle vision pour « oublier les choses qui sont derrière et tendre avec effort vers celles qui sont devant » (Phil. 3 : 14), après avoir contemplé, par la foi, Christ ressuscité et exalté dans la gloire ! Que nous puissions tous « fixer les yeux sur Jésus, le chef et le consommateur de la foi » (Héb. 12 : 2). Le bien-aimé est ravi en voyant les yeux de l'épouse derrière son voile, tels des colombes.
            « Tes cheveux sont comme un troupeau de chèvres sur les pentes de la montagne de Galaad ». Il y a une pensée de profusion et d'unité dans cette image. Une longue chevelure, dit aussi l'apôtre, est un voile et une gloire pour la femme. (1 Cor. 11 : 15). Peut-être pouvons-nous voir dans cette comparaison une allusion aux longs cheveux du nazaréen, type de la puissance dans l'Esprit ? Tout croyant doit être un nazaréen pour Dieu. La force du croyant se trouve dans une sainte séparation du monde. Soyons vigilants pour marcher avec prière dans la communion avec Christ et la puissance du Saint Esprit.
            « Tes dents sont comme un troupeau de brebis tondues, qui montent du lavoir, qui toutes ont des jumeaux, et pas une d'elles n'est stérile ». Les brebis tondues peuvent faire penser à un coeur délivré des entraves naturelles, tandis que l'expression « qui montent du lavoir », présenterait la pureté. La brebis a été lavée à la source qui ôte toutes les souillures. Désormais, l'épouse peut manger le pain de vie et le vieux blé du pays. Il n'y a pas de vieillissement, elle est dans la force de l'âge. Elle se nourrit du Messie ressuscité, exalté et glorifié. Aux yeux du Seigneur, il y a dans celle qu'il aime harmonie, pureté et fécondité ; rien ne manque !
            « Tes lèvres sont comme un fil écarlate, et ta bouche est agréable ». Les paroles du croyant devraient être semblables au fleuve de la grâce de Dieu qui coule à travers ce monde, et prend sa source dans le sacrifice de Christ à la croix. N'oublions jamais ce qu'il en a coûté à Christ, pour que nous fussions saints et irréprochables devant lui, et que nos paroles empreintes de grâce et de vérité puissent être agréables à notre bien-aimé et utiles pour ceux qui nous entourent (Prov. 10 : 21). La triste condition morale de l'homme dans ses péchés transparaît dans ses paroles, même si elles sont formulées de manière aimable. Dans une vision, Esaïe voit la gloire du Seigneur, en même temps que son état moral devant Dieu. Il s'écrie alors : « Malheur à moi ! car je suis perdu; car moi, je suis un homme aux lèvres impures ; car mes yeux ont vu le roi, l'Eternel des armées ». C'est alors que le prophète voit venir vers lui un séraphin qui « avait en sa main un charbon ardent qu'il avait pris de dessus l'autel avec des pincettes ». Avec ce charbon ardent,  l'ange touche la bouche d'Esaïe et dit : « Voici, ceci a touché tes lèvres ; et ton iniquité est ôtée, et propitiation est faite pour ton péché » (Es. 6: 5-7). Quel changement si nous sommes sauvés ! Gardons nos lèvres de tout ce qui gâterait leur pureté aux yeux du Seigneur, et aussi devant les hommes (Col. 3 : 8). « Que votre parole, dit l'apôtre, soit toujours dans un esprit de grâce, assaisonnée de sel, afin que vous sachiez comment vous devez répondre à chacun » (Col. 4 : 6). Désormais le Saint Esprit produit le fruit des lèvres qui confessent le nom de Christ (Héb. 13 : 15).
            « Ta joue est comme un quartier de grenade derrière ton voile ». Cette comparaison suggère l'idée de modestie et de pudeur, heureux changement pour la maison d'Israël dont nous parle l'épouse ! Il fut un temps où le Seigneur devait dire de son peuple terrestre : « Parce que je savais que tu es obstiné, et que ton cou est une barre de fer, et ton front, d'airain » (Es. 48 : 4). Mais la grâce opérera et le Seigneur pourra voir, dans celle qu'il aime, la douceur et l'humilité. Même l'éclat de ses joues sera caché « derrière son voile ». Faisons en sorte que notre parure soit « l'homme caché du coeur, dans l'incorruptibilité d'un esprit doux et paisible qui est d'un grand prix devant Dieu » (1 Pierre 3 : 3-4).
            « Ton cou est comme la tour de David, bâtie pour y suspendre des armures ; mille boucliers y sont suspendus, tous les pavois des vaillants hommes ». L'arsenal de David était orné des trophées de ses victoires. L'Eternel l'avait délivré de la main de tous ses ennemis et de la main de Saül. Il avait soumis ses ennemis de tous côtés, et le chemin était préparé pour le règne de paix qu'allait connaître Salomon son fils. Mais qu'étaient ces victoires comparées à celles de Christ ? Tout le livre de Dieu peut être considéré comme les annales des victoires de Christ. Le cou de l'épouse, pareil à une tour, entouré de nombreux joyaux, symbolise les trophées qu'il a remportés dans le pays de Juda. Il est parlé d'Israël comme d'un peuple de cou roide marchant avec impudence, avec le joug de la transgression sur son cou. De telles figures dénotent un triste état moral. Mais, par la grâce du Seigneur, le changement sera complet, le triomphe de son amour parfait. L'esclavage de l'iniquité sera brisé de dessus la fille de Sion. Au lieu d'être obstinée, et semblable à une barre de fer, elle sera belle, gracieuse et imposante comme la tour de David. « Réveille-toi, réveille-toi, revêts-toi de ta force, Sion ! Revêts-toi de tes vêtements de parure, Jérusalem, ville sainte ! ... Secoue de toi la poussière, lève-toi, assieds-toi, Jérusalem ; délivre-toi des chaînes de ton cou, captive, fille de Sion ! » (Es. 52 : 1-2). Le Seigneur prend plaisir à contempler le cou de son épouse, chargé de colliers glorieux destinés au cou de ceux qui partagent le butin. La liberté et le parfait bonheur de son peuple rappelleront à toujours les victoires de son amour.
            « Tes deux seins sont comme deux faons jumeaux d'une gazelle, qui paissent parmi les lis ». Ce trait gracieux, le septième, symbolise l'unité et ce qui est nécessaire à la croissance. Le contraste entre l'épouse et la petite soeur (verset 8 du chapitre 8) est instructif. Nous avons une petite soeur qui n'a pas encore de seins. Quelques-uns ont pensé que le développement parfait de l'épouse et le caractère infantile de la petite soeur, représentent la condition morale respective de Juda et d'Ephraïm, autrement dit des deux tribus et des dix. Cette différence sera manifeste, quand les douze tribus seront réunies. Mais les dix tribus ne jouiront pas moins des résultats bénis de l'oeuvre accomplie, quoique Ephraïm n'ait pas partagé les profonds exercices par lesquels Juda sera passé en rapport avec le Messie, et le développement moral qui en sera le fruit ! C'est durant la captivité des dix tribus que Christ est venu au milieu de son peuple, a été rejeté et crucifié; et c'est avant qu'elles soient assemblées de tous les pays et ramenées dans leur terre, qu'il se fera connaître à Juda, venant à nouveau en puissance et en gloire. Au retour du Messie, le résidu sera composé essentiellement de la tribu de Juda. Les deux faons jumeaux d'une gazelle représentent l'unité d'esprit et de coeur qui prévaudra désormais parmi tout Israël quant à leur Messie si longtemps attendu. En paissant parmi les lis, ils trouveront alors leurs délices là où lui-même trouvera les siennes. « Il paît parmi les lis ». Nous voyons ici ce qui attire le coeur, ce qui forme nos affections : c'est ce que le Saint Esprit nous communique à l'égard de Christ. Puissions-nous désirer avoir une plus juste appréciation de son amour ! Juda deviendra ainsi l'instrument de la bénédiction, pour toutes les nations la terre. « Réjouissez-vous avec Jérusalem, et égayez-vous à cause d'elle, vous tous qui l'aimez ; tressaillez de joie avec elle, vous tous qui menez deuil sur elle ; parce que vous tetterez et serez rassasiés du sein de ses consolations, parce que vous sucerez et que vous vous délecterez de l'abondance de sa gloire. Car ainsi dit l'Eternel : Voici, j'étends sur elle la paix comme une rivière, et la gloire des nations comme un torrent qui se déborde; et vous tetterez, vous serez portés sur les bras et caressés sur les genoux. Comme quelqu'un que sa mère console, ainsi moi, je vous consolerai ; et vous serez consolés dans Jérusalem » (Es. 66 : 10-13).
 
 Versets 6-7 – « Jusqu'à ce que l'aube se lève, et que les ombres fuient, j'irai à la montagne de la myrrhe et à la colline de l'encens. Tu es toute belle, mon amie, et en toi il n'y a point de défaut ».
            En attendant l'épanouissement complet des beautés de l'épouse, l'époux se retire selon les conseils de Dieu, sur la montagne de la myrrhe et la colline de l'encens. Et c'est de là qu'il adresse à l'épouse cette touchante parole : « Tu es toute belle, mon amie, et en toi il n'y a point de défaut ».
 
 Verset 8 – « Viens avec moi du Liban, ma fiancée, viens du Liban avec moi ; regarde du sommet de l'Amana, du sommet du Sénir et de l'Hermon, des tanières des lions, des montagnes des léopards ».
            Nous pouvons quelquefois, dans notre égarement, nous trouver plus près que nous ne le pensons de la tanière des lions, et n'avoir pourtant aucune conscience du danger ! Nos plus mortels ennemis peuvent être cachés sous tout ce qui, naturellement, attire et charme le coeur. Le Liban, comme type, se lie à l'idée d'une plus grande élévation terrestre. Mais, ce qui exerce sur l'oeil un tel pouvoir de fascination, ce qui enchante les sens, abrite aussi le lion dévorant et le cruel léopard. Ce lieu, du fait même de sa richesse et de sa beauté, peut servir de cachette à l'Ennemi. Charmé par les scènes magnifiques que le Liban et l'Hermon découvrent à ses yeux, le voyageur pourrait être tenté de s'arrêter jusqu'à ce qu'il soit trop tard pour gagner la plaine en toute sécurité.
             Il faut nous souvenir que les plus belles scènes terrestres sont infestées d'ennemis plus subtils et plus dangereux que les lions et les léopards du Liban. « Pèse le chemin de tes pieds, et que toutes tes voies soient bien réglées » (Prov. 4 : 26). Apprenons à connaître notre faiblesse, nos penchants personnels. Certains sont détournés par la recherche de la conformité au monde ; d'autres, par la lecture de livres qui fascinent l'esprit, mais dessèchent l'âme ; un grand nombre, hélas, sont pris au piège en suivant leur propre volonté et la voie qui semble droite à leurs yeux. Mais tout cela mène à la tanière des lions, aux montagnes des léopards, à des expériences ou des occupations d'un danger certain pour l'âme. Il n'y a qu'un oeil qui puisse découvrir le piège, une seule voix qui puisse nous garder loin de ces endroits périlleux. Du sommet de l'Amana, du sommet du Senir et de l'Hermon, l'amour divin nous invite : regardez vers moi !
            Rien n'est plus beau et plus touchant que la manière dont le bien-aimé cherche ici à éloigner l'Epouse du danger. Viens avec moi, tel est le langage de sa tendresse incomparable. Il ne dit point : Va ! Dépêche-toi de fuir, le danger est proche, tu es tout près du repaire des lions ! Mais il dit : « Viens, viens avec moi du Liban, ma fiancée, viens avec moi du Liban ». Quelle grâce est contenue dans ce mot : Viens ! Il montre toute la sollicitude divine qui s'adresse dans les mêmes termes à la maison rebelle d'Israël : « Venez et plaidons ensemble » (Es. 1 : 18). Israël ayant obéi à cette invitation de venir, aucun reproche ne lui est fait, mais il entend ce qui lui est encore dit avec douceur : « Si vos péchés sont comme le cramoisi, ils deviendront blancs comme la neige ; s'ils sont rouges comme l'écarlate, ils seront comme la laine » (Es. 1 : 18). Heureuse manière de parler à un pécheur coupable ! Le Seigneur, pouvant seul agir ainsi, dit encore : « Venez à moi, vous tous qui vous fatiguez et qui êtes chargés, et moi, je vous donnerai du repos » (Matt. 11 : 20). Dès que la foi saisit cette parole, le repos est assuré. Quelle beauté dans cette dernière page de l'Ecriture, avec ses appels réitérés : « Et l'époux et l'épouse disent : Viens. Et que celui qui entend dise : Viens. Et que celui qui a soif vienne ; que celui qui veut prenne gratuitement de l'eau de la vie » (Apoc. 22 : 17). Mais à son tendre appel, l'époux ajoute deux mots qui sont pour le racheté la source d'une joie profonde : avec moi. Si nous sommes dans sa compagnie, le coeur est rempli de confiance, quelles que soient les circonstances. Si le lion rugit, nous pourrions bien être remplis d'effroi, n'ayant aucune force pour lui résister. Mais ces mots: « Viens avec moi », répondent à tout ce dont nous avons besoin. Avec lui, la bien-aimée est parfaitement en sécurité, aussi long que soit le chemin à parcourir, quel que puisse être le danger. Ces mots montrent tout le plaisir qu'il éprouve dans la compagnie de l'épouse. Il trouve aussi ses délices dans les rachetés.
            L'Assemblée est en quelque sorte utile à la pleine manifestation de sa gloire, elle est  la réponse pour l'éternité aux aspirations de son coeur. Il a été donné pour être « chef sur toutes choses à l'assemblée, qui est son corps, la plénitude de celui qui remplit tout en tous » (Eph. 1 : 22-23).

            A la fille de Sion, une autre parole est adressée : « Ecoute, fille ! et vois, et incline ton oreille ; et oublie ton peuple et la maison de ton père ; Et le roi désirera ta beauté, car il est ton Seigneur : adore-le » (Ps. 45 : 10-11). Ce psaume s'appliquera avec une puissance divine au résidu, quand le Seigneur reviendra pour régner, qu'Israël sera béni sur la terre, dans le pays d'Emmanuel.
 
 Versets 9-11 - «Tu m'as ravi le coeur, ma soeur, ma fiancée ; tu m'as ravi le coeur par l'un de tes yeux, par l'un des colliers de ton cou. Que de charme ont tes amours, ma soeur, ma fiancée ! Que tes amours sont meilleures que le vin, et l'odeur de tes parfums plus que tous les aromates ! Tes lèvres, ma fiancée, distillent le miel ; sous ta langue, il y a du miel et du lait, et l'odeur de tes vêtements est comme l'odeur du Liban ».
            L'époux est entièrement occupé de celle qu'il chérit. C'est dans la beauté et l'amour de l'épouse qu'il trouve ses délices. Tout à l'heure, il verra en elle les fruits du travail de son âme, et sera satisfait (Es. 53 : 11).
             Il déclare : « Tu m'as ravi le coeur ». Vérité étonnante! Christ est ainsi ravi par des pécheurs sauvés par grâce, lavés de leurs péchés dans son sang précieux, par ceux qu'il a lui-même ornés de ses perfections. Ici, l'époux parle de sa soeur, de sa fiancée, d'une relation bénie dont il jouit pleinement mais qu'elle-même réalise peu encore.
            Tout naturellement, une question se pose : Comment se fait-il que nous trouvions dans le Cantique des Cantiques une expression de l'amour de Christ pour le résidu, qui peut paraître plus complète, plus détaillée que celle que les épîtres nous donnent de son amour pour l'Assemblée, l'épouse céleste de Christ ? On doit d'abord considérer dans un sens le Cantique des Cantiques comme la révélation de l'amour parfait de Christ envers les saints, qu'ils soient juifs ou chrétiens, que leur appel soit pour la terre ou pour le ciel. C'est sous la figure de l'amour qui unit l'épouse et l'époux, que ses affections sont présentées ici. Le roi Salomon, en son jour, a donné une faible anticipation de la gloire milléniale et de ces réalités bénies. Mais les paroles de l'Epoux, dans le Cantique des Cantiques, ont une application morale utile pour le chrétien.

             Rappelons les remarques déjà évoquées dans la préface, elles sont utiles pour l'étude de ce livre. Le Cantique des Cantiques décrit les affections que le Roi peut créer dans le coeur du Résidu et par lesquelles il l'attire à lui. Quelle qu'en soit la force, elles ne sont pas comparables aux affections chrétiennes. Elles n'ont ni le calme, ni la douceur d'une affection découlant d'une relation formée, déjà connue et pleinement appréciée, dont le lien est indissoluble. Ce dernier caractère d'affection est propre à l'Eglise. Quoique les noces de l'Agneau ne soient pas encore venues, nous pouvons déjà en jouir à cause de la révélation qui nous en a été faite. Grâces et gloire en soient rendues à Dieu !

            Il y a dans le Cantique des Cantiques une grande différence entre la position du Juif relativement à Christ, et celle du chrétien dans les épîtres. Il est nécessaire de nous en souvenir, sinon nous appliquerons à l'Eglise ce qui se rapporte à Israël, et à Israël, ce qui appartient à l'Eglise. Nous connaissons la vérité de notre unité avec Christ, comme ressuscité et glorifié. Celui qui est uni au Seigneur est un seul esprit avec lui (1 Cor. 6 : 17). L'unité de vie et de position avec Christ glorifié va bien au-delà des privilèges qui appartiennent au peuple juif. Nous savons que nous sommes dès maintenant « assis dans les lieux célestes en Christ » (Eph. 2 : 6) et scellés du Saint Esprit de la promesse, qui est les arrhes de notre héritage pour la rédemption de la possession acquise (Eph. 1 : 13-14). Mais, ce qui est tout aussi précieux, c'est que nous connaissons la grandeur de son amour et le sacrifice par lequel il nous a introduits dans cette position d'association éternelle avec lui. La question du péché a été complètement réglée, et nous sommes parfaitement justifiés et agréables dans le Bien-aimé. Notre relation est établie : nous attendons la gloire, les noces de l'Agneau. Nous comptons sur sa promesse : « Oui, je viens bientôt » (Apoc.22 : 20). « Car encore très peu de temps, et celui qui vient viendra, et il ne tardera pas » (Héb. 10 : 37). Mais en attendant sa venue, nous goûtons, par la puissance du Saint Esprit, les affections de son coeur qui témoignent d'une relation ineffablement bénie, établie pour l'éternité.
            En contraste, la position d'Israël telle que l'Esprit de prophétie la révèle dans le Cantique des Cantiques, est bien différente, car dans ce livre, il s'agit de former des affections pour le Bien-aimé. Le résidu n'est pas encore entré pleinement dans la connaissance de Christ, dans l'assurance de sa relation avec lui ; or, c'est précisément ce que l'Epoux désire voir se réaliser. Il révèle, à celle qu'il appelle « sa soeur, sa fiancée », ce qui est dans son coeur ; ainsi, elle pourra connaître ses desseins. Il l'assure, avec insistance, de la beauté, du prix qu'elle a pour lui ; et même après qu'elle ait failli, il lui manifeste une affection qui ne saurait se laisser détourner de son objet. L'épouse est stimulée par cette tendresse, ses affections deviennent plus profondes ; elle peut exalter le bien-aimé au-dessus de tous les autres. Elle réalise qu'il est « un porte-bannière entre dix mille », que « toute sa personne est désirable » (Cant. 5 : 10, 16). A mesure qu'elle saisit ce qui remplit le coeur de l'époux, elle s'attache à lui, elle saisit l'étendue de ses compassions. Le Psaume 45 met de précieux résultats en évidence. Là, ceux qui forment le résidu juif sont salués comme les compagnons du roi, et Jérusalem comme la reine parée d'or d'Ophir. Alors, les nations lui apportent des présents et recherchent sa faveur ; elle est désormais dans une relation des plus intimes avec le roi, elle est introduite dans les palais d'ivoire.
            « Tu m'as ravi le coeur par l'un de tes yeux, et par l'un des colliers de ton cou ». Il est peut-être difficile de comprendre ce que le Seigneur entend par ces mots. Il se peut que ce soit une allusion aux délices qu'il trouve dans chaque croyant ou dans son peuple tout entier. Jamais il n'oublie aucun racheté. Chacun d'entre eux a été aimé, sauvé et glorifié. Cette vérité est enseignée en Luc 15. Jean parle beaucoup aussi de notre bénédiction individuelle et la famille de Dieu est son thème principal, comme l'Assemblée est celui de Paul, et le voyage à travers le désert, celui de Pierre. Pourtant, c'est Paul qui peut dire : « le Fils de Dieu qui m'a aimé et qui s'est livré lui-même pour moi » (Gal. 2 : 20). Il parle ici comme s'il était le seul que Christ ait aimé et pour lequel il soit mort. La foi s'approprie ce que la grâce révèle et le racheté en jouit. Tout ce que la grâce attribue en Christ aux enfants de Dieu, la foi s'en empare et dit avec certitude : c'est à moi ! Dans la maison du Père, chaque saint aura sa propre couronne : chacun recevra sa louange de la part de Dieu. Mais nous serons tous parfaits et heureux dans la joie du Seigneur ; nous porterons tous son image.
            « Que de charme ont tes amours, ma soeur, ma fiancée ! » Si nous réalisions mieux le prix que le Seigneur attache à notre amour pour lui, nous serions plus exclusivement occupés de lui ; l'amour engendre l'amour. Plus nous nous tiendrons près de lui, plus notre amour pour lui sera vif. Que notre foi se nourrisse de Christ : alors notre attachement pour lui grandira et nous lui ressemblerons davantage. « Tes amours sont meilleures que le vin, et l'odeur de tes parfums plus que tous les aromates ». L'amour de sa fiancée lui est bien plus agréable que le vin, figure des joies terrestres. Il n'est pas de senteur qu'il apprécie autant que l'odeur de ses parfums. Ils surpassent pour lui tous les aromates. L'hospitalité de Simon était peu de chose pour le Seigneur en comparaison de l'amour de celle qui se tenait derrière et versait sur ses pieds le parfum du vase d'albâtre. Mais un tel fruit de l'Esprit ne peut se former que dans la lumière de sa présence. Le fruit et le parfum se trouvent dans les plantes exposées au soleil. « Je suis la lumière du monde », dit le Seigneur. « Celui qui demeure en moi, et moi en lui, celui-là porte beaucoup de fruit ; car, séparés de moi, vous ne pouvez rien faire » (Jean 15: 5).
            « Tes lèvres, ma fiancée, distillent le miel ; sous ta langue il y a du miel et du lait, et l'odeur de tes vêtements est comme l'odeur du Liban ». Le miel est recueilli sur les fleurs. Ce devrait être l'habitude du chrétien d'apprendre quelque chose à toute occasion. Mais nous ressemblons trop au papillon, et pas assez à l'abeille ! Le premier voltige un instant sur la fleur, et s'enfuit sans en avoir goûté la douceur, tandis que l'abeille butineuse suce le miel de la fleur. Et de cette manière, son rayon se remplit peu à peu. Il faut étudier soigneusement la Parole de Dieu et s'en pénétrer pour avoir aisément sous la langue les expressions appropriées au moment convenable. Le Seigneur est heureux de trouver chez l'épouse ce fruit de l'Esprit. Les gouttes que distille le rayon de miel suggèrent un choix attentif, en contraste avec la multitude de paroles dont parlent les Proverbes (10 : 19). Le Seigneur parle ici des fruits précieux de l'Esprit qui lui sont si agréables. Sur ses propres lèvres, la grâce est répandue. Ses vêtements sont parfumés « de myrrhe, d'aloès et de casse, quand il sort des palais d'ivoire » (Ps. 45 : 8) ; et il trouve, pour sa joie, dans son épouse bien-aimée, la réponse à ce qu'il est lui-même.
 
 Versets 12-15 – « Tu es un jardin clos, ma soeur, ma fiancée, une source fermée, une fontaine scellée. Tes plants sont un paradis de grenadiers et de fruits exquis, de henné et de nard, de nard et de safran, de roseau odorant et de cinnamome, avec tous les arbres à encens ; de myrrhe et d'aloès, avec tous les principaux aromates, a une fontaine dans les jardins, un puits d'eaux vives, qui coulent du Liban ! ».
            En établissant les limites des diverses nations de la terre, le Dieu souverain a donné une place particulière à son peuple élu. « Quand le Très-Haut partageait l'héritage aux nations, quand il séparait les fils d'Adam, il établit les limites des peuples selon le nombre des fils d'Israël. Car la portion de l'Eternel, c'est son peuple ; Jacob est le lot de son héritage » (Deut. 32 : 8-9). Ces versets de l'Ecriture établissent avec clarté la place qu'occupe Israël dans les pensées et les desseins de Dieu. La terre d'Israël a déjà été le théâtre d'événements qui surpassent en importance tous les autres et elle le sera encore.
            Ce pays deviendra, au temps convenable, le centre de toutes les nations, de leur gloire et de leur louange ; Jérusalem, la ville bien-aimée, sera la métropole de toute la terre, le lieu de la bénédiction pour tous ceux qui y habiteront. La bannière de l'amour flottera alors sur ses remparts, signe certain que « l'Homme noble » a pris possession de son royaume.
            Avant de mourir, Moïse eut le privilège de contempler le Pays de beauté depuis le sommet du Pisga ; l'Eternel lui-même le montra à son serviteur. Quelle grâce et quel honneur accordés à Moïse ! « Je te l'ai fait voir de tes yeux, mais tu n'y passeras pas » (Deut. 34 : 4). Il put, avant de s'endormir, admirer la future demeure du peuple racheté par l'Eternel, voir ses vallées fertiles, ses belles montagnes et ses plaines bien arrosées. Voici dans quels termes, sous la direction du Saint Esprit, il en fait la description. « Car l'Eternel ton Dieu, te fait entrer dans un bon pays, un pays de ruisseaux d'eau, de sources, et d'eaux profondes, qui sourdent dans les vallées et dans les montagnes ; un pays de froment, et d'orge, et de vignes, et de figuiers, et de grenadiers, un pays d'oliviers à huile, et de miel ; un pays où tu ne mangeras pas ton pain dans la pauvreté, où tu ne manqueras de rien ; un pays dont les pierres sont du fer, et des montagnes duquel tu tailleras l'airain » (Deut. 8 : 7-9).
            Les comparaisons de ce passage du Cantique des Cantiques (v. 12-15) sont empruntées aux productions riches et variées de Canaan. L'épouse est comparée ici à un jardin, à une source, à une fontaine. Elle est remplie de tout ce qui lui est agréable, de ce qui porte du fruit pour lui ; ce sont les grâces variées du Saint Esprit que le Seigneur trouve en abondance en elle. Ce sont le nard et le safran, le roseau odorant et le cinnamome, avec tous les arbres à encens, la myrrhe et l'aloès, avec tous les principaux aromates. Le jardin est, à juste titre, réputé pour la variété de ses fleurs, pour ses arbustes aromatiques, et ses plantes agréables ; le verger pour ses arbres portant des fruits délicieux. Quant à la fontaine, elle arrose l'ensemble. Tel doit être le peuple de Dieu pour Christ dans ce monde ! Sommes-nous pour le Seigneur comme un jardin agréable au milieu d'un désert stérile et aride ? Trouve-t-il en nous fraîcheur, croissance et fertilité dans les choses de Dieu ? Le Seigneur peut-il venir dans le jardin de notre coeur et manger ses fruits exquis ?
            Mais l'époux décrit aussi son épouse comme un jardin clos, une source fermée, une fontaine scellée. Elle est pour lui seul. Ses regards ne s'égarent pas sur un autre. Elle est pleinement satisfaite de sa part. La joie remplit son âme : « Je suis à mon bien-aimé, et mon bien-aimé est à moi ; il paît parmi les lis ». La fleur, le parfum, le fruit sont pour lui seul. Son jardin est clos pour tous les autres ; le sceau royal est apposé sur la fontaine du roi ; les eaux vives n'en jaillissent que pour lui. Aucun étranger ne peut toucher à ce qui porte le sceau du roi. Le solide fondement de Dieu demeure, ayant ce sceau : « Le Seigneur connaît ceux qui sont siens, et : Qu'il se retire de l'iniquité, quiconque prononce le nom du Seigneur » (2 Tim. 2 : 19). Il ne peut accepter un coeur partagé.
            Ces différents mots : « clos, fermée, scellée », suggèrent avec force la pensée de la séparation du croyant d'avec le monde, pour son Seigneur. Le chrétien s'y trouve comme serviteur de Christ, mais il n'en fait pas partie (Jean 17 : 14). L'apôtre Paul pouvait dire : « Pour moi vivre, c'est Christ » (Phil. 1 : 21). Christ était le motif de son activité, il était le but de sa course. On peut être ainsi séparé du monde, et pourtant servir le Seigneur dans le monde. Plus nous restons près de la source, plus nous pouvons devenir des canaux de bénédiction pour d'autres. « Celui qui dit demeurer en lui, doit lui-même aussi marcher comme lui a marché » (1 Jean 2 : 6). Nous sommes responsables de marcher en chrétien. Chacun de nous rendra compte pour lui-même à Dieu (Rom. 14 : 10-12).
            Comme beaucoup de personnes sont en perplexité à l'égard du tribunal de Christ, nous désirons présenter quelques remarques à ce sujet. Aucun croyant ne peut venir en jugement : il est passé de la mort à la vie (Jean 5 : 24). Il est associé à un Christ ressuscité ; il a la vie éternelle, et son acceptation est parfaite et définitive devant Dieu (Rom. 8 : 1). Quand il comparaîtra devant le tribunal de Christ, il sera dans son corps de gloire, semblable alors à son bien-aimé Seigneur (Phil. 3 : 21). Il est cohéritier de Christ et va partager sa gloire. Ce sont ses oeuvres, comme serviteur du Seigneur, qui seront toutes manifestées devant le tribunal de Christ. D'où l'avertissement de l'apôtre : « Ainsi, mes frères bien-aimés, soyez fermes, inébranlables, abondant toujours dans l'oeuvre du Seigneur, sachant que votre travail n'est pas vain dans le Seigneur » (1 Cor. 15 : 58). « L'ouvrage de chacun sera rendu manifeste, car le jour le fera connaître, parce qu'il est révélé en feu ; et quel est l'ouvrage de chacun, le feu l'éprouvera » (1 Cor. 3 : 13). Cette épreuve de la qualité de nos oeuvres ne doit pas être envisagée comme un sujet d'effroi, mais plutôt comme un privilège ; car alors « nous connaîtrons à fond comme aussi nous avons été connus » (1 Cor. 13 : 12) et chacun recevra sa louange de la part de Dieu !
            Les voies miséricordieuses du Seigneur à notre égard, malgré notre faiblesse, nos nombreux manquements, seront révélées. « Nous serons tous manifestés devant le tribunal du Christ, afin que chacun reçoive les choses accomplies dans le corps, selon ce qu'il aura fait, soit bien, soit mal » (2 Cor. 5 : 10). Quand tout le cours de notre vie sera dévoilé dans la parfaite lumière de Dieu en Christ, notre appréciation sera conforme à la parfaite estimation de Dieu.
            Tout ce qui aura été fait pour Christ, le fruit de sa grâce en nous, il l'approuvera et le récompensera. Tout ce qui aura été fait simplement avec notre énergie naturelle, ne saura être reconnu, et sera une perte. Tout ce qui aura été produit par l'Esprit de Christ en nous, demeurera à toujours, comme de l'or, de l'argent, des pierres précieuses (1 Cor. 3 : 10-13 ; 4 : 1-5). Des services accomplis avec un esprit de renoncement, avec des motifs excellents, mais avec des moyens que l'Ecriture ne sanctionne pas, seront alors appréciés avec une exactitude divine. Tout ce qu'il pourra reconnaître comme bon, le Seigneur le reconnaîtra et le récompensera abondamment. Le plus humble service fait pour lui sur la terre, ne sera point passé sous silence en ce jour-là. Chacun recevra la place que le Seigneur lui a préparée. Nous verrons alors, dans la lumière de sa présence, cet amour qui s'était toujours élevé au-dessus de notre indignité pour manifester sa grâce patiente. Nous verrons aussi les occasions dans lesquelles nous avons cherché, par orgueil, à nous complaire à nous-mêmes, à nous élever, au lieu de servir le Seigneur Jésus, de l'exalter, et de faire de lui notre tout. Alors, devant l'étendue de sa grâce, nos âmes seront remplies pendant l'éternité de louange et de la plus fervente adoration.
 
 Verset 16 - « Réveille-toi, nord, et viens, midi ; souffle dans mon jardin, pour que ses aromates s'exhalent ! »
            Dans l'Ecriture, le mot vent est quelquefois employé en relation avec le Saint Esprit. Ici le Seigneur parle, semble-t-il, des différentes opérations de l'Esprit dans le coeur de son peuple bien-aimé. « Souffle dans mon jardin, pour que ses aromates s'exhalent ! » Il y a dans sa vigne des aromates, mais il faut une intervention divine pour que leur parfum s'exhale. Le bien-aimé vient précisément de se promener dans son jardin, de considérer ses précieuses plantes et de les nommer une à une. Il les connaît bien. Il se souvient du moment où il a planté chacune d'entre elles, des soins qu'elle a reçus, et des fruits qu'elle porte. (voir Ps. 80 : 15 ; Es. 61 : 3). Mais parfois il règne sur toute la plantation un silence de mort, dont l'influence pernicieuse se fait sentir tant sur les vieilles plantes que sur les jeunes. Le riche parfum des branches balsamiques n'est point recueilli et emporté par la brise.
            « Réveille-toi, nord, et viens, midi » : tel est l'ordre que donne alors le patient vigneron. « Souffle dans mon jardin ». Le souffle du vent du nord, ou les brises du midi, peuvent servir à réveiller, à vivifier les saints du Seigneur, à les faire sortir d'un triste état d'indolence. Le propriétaire du jardin connaît parfaitement les besoins de toutes les plantes qui s'y trouvent, et il tient dans sa main le souffle qui rafraîchît et le tourbillon qui balaie. Il dispense, avec un soin parfait, à toutes ses fragiles et précieuses plantes, dans la proportion convenable, le vent du nord et le vent du midi.
            Très peu de temps encore, et elles seront toutes transplantées dans le paradis de Dieu. Là, le vent du nord, si perçant, de l'affliction et de la discipline, ne sera plus nécessaire. Il n'y aura rien dans ce lieu pour flétrir la feuille, brûler la fleur ou étouffer le fruit. Plantés auprès de Dieu, désaltérés sans cesse à la source de l'éternel amour, nous fleurirons et porterons du fruit, pour la joie du coeur de notre Père, à la gloire de notre Seigneur.
            Puissions-nous toujours être en état de dire : « Que mon bien-aimé vienne dans son jardin, et qu'il mange ses fruits exquis » ! Ces mots sont les seuls que prononce l'épouse dans cet admirable chapitre. Mais ce sont de précieuses paroles. « Mon bien-aimé » : elle est heureuse en présence de l'époux. Il est à elle, elle le sait ; elle en jouit. Mais lorsqu'elle parle du jardin, elle l'appelle « son jardin » à lui. A propos du fruit, elle dit : « ses fruits exquis ». Ailleurs, nous lisons : « Mon bien-aimé avait une vigne sur un coteau fertile. Et il la fossoya, et en ôta les pierres, et la planta de ceps exquis; et il bâtit une tour au milieu d'elle, et y tailla aussi un pressoir » (Es. 5 : 1-2). Il dit encore, en parlant de ses soins pour cette vigne si stérile pour lui (mais il s'agit alors d'Israël restauré) : « En ce jour-là, il y aura une vigne de vin pur, chantez à son sujet : Moi, l'Eternel, j'en prends soin ; à tout moment, je l'arroserai, de peur qu'on ne la visite, j'en prendrai soin nuit et jour » (Es. 27 : 2-3).
            Dans le chapitre 15 de Jean, le Seigneur se compare au vrai cep, les siens aux sarments, et son Père au cultivateur. Dieu voit son propre Fils bien-aimé portant du fruit à sa gloire, et c'est vrai aussi des nombreux sarments en relation vitale avec ce cep exquis ! C'est par leur union avec le cep qu'ils portent du fruit. Quelle joie pour le coeur du Père ! Il voit ces sarments unis à son Fils « remplis du fruit de la justice, qui est par Jésus Christ à la gloire et à la louange de Dieu » (Phil. 1 : 11). « En ceci mon Père est glorifié, que vous portiez beaucoup de fruit » (Jean 15 : 8).
             Outre ces réflexions pratiques sur les vents du Nord et du Midi, remarquons aussi la fréquente allusion que font les écrits prophétiques au roi du nord et au roi du midi. Ces rois, situés l'un au nord et l'autre au midi de la Palestine, sont souvent mêlés à l'histoire d'Israël. Aussi l'Esprit de Dieu nous donne d'intéressants détails sur leur histoire. Touchant l'avenir, il est écrit dans le livre du prophète Daniel : « Et, au temps de la fin, le roi du midi heurtera contre lui (l'Antichrist règne alors dans le pays), et le roi du nord fondra sur lui (l'Antichrist) comme une tempête, avec des chars et des cavaliers, et avec beaucoup de navires, et entrera dans les pays et inondera, et passera outre: et il viendra dans le pays de beauté, et plusieurs pays tomberont » (Dan. 11 : 40-41). La longue et ténébreuse nuit de la dispersion d'Israël sera presque finie. Le dernier et puissant roi du nord viendra à sa fin sur la montagne de sainte beauté, et il n'y aura personne pour le secourir. L'Antichrist et ses alliés seront finalement détruits, Israël pleinement restauré. L'Eternel seul sera exalté en ce jour-là.