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Là où le péché abondait, la grâce a surabondé

 Un roi impie succède à un roi fidèle
 Le rétablissement d’un culte idolâtre
 La manifestation de la patience de Dieu
 Après la discipline exercée sur Manassé, son humiliation et sa délivrance
 Une fin de règne honorable
 Le mauvais exemple de Manassé suivi, hélas, par son fils

Lire : 2 Rois 21 : 1-18 ; 2 Chr. 33 : 1-25 - la vie de Manassé.
 
 
Un roi impie succède à un roi fidèle
 
            Ezéchias a été le plus fidèle des rois de Juda depuis David ; son fils Manassé, le plus détestable. « Il fit outre mesure ce qui est mauvais aux yeux de l’Eternel, pour le provoquer à colère » (2 Rois 21 : 6). Dans ses formes variées, le mal pratiqué durant sa vie forme le plus sombre catalogue que l’on trouve dans l’Ecriture. Et, à tous ses crimes, s’ajoute sa responsabilité d’être justement le fils d’un roi pieux, de celui qui avait dit : « Le père fera connaître aux fils ta vérité » (Es. 38 : 19). C’était le profond désir du cœur d’Ezéchias - et c’est aussi celui de beaucoup de parents croyants.
            Mais il y a bien des cas douloureux et beaucoup de larmes versées devant Dieu dans les familles chrétiennes affligées devant la désertion de certains de leurs enfants. L’humiliation de Manassé, à la fin de sa vie, n’apporte-t-elle pas une raison d’espérer à tous ces parents meurtris ? L’espérance doit toujours habiter dans nos cœurs, si même des enfants se sont égarés dans les sentiers du monde et se tiennent encore volontairement loin de Dieu. Le resteront-ils toujours ? A Dieu ne plaise ! En attendant, faisant nôtre la merveilleuse promesse de l’Eternel à Rachel qui se lamentait d’avoir perdu ses enfants : « Il y a espoir pour ta fin… tes fils reviendront dans leurs confins » (Jér. 31 : 17).
            Comme le jeune fils de la parabole de Luc 15, il faut parfois avoir « tout dépensé » et se trouver dans une affreuse misère, réduit à désirer se nourrir avec les porcs, pour enfin « revenir à soi-même » (v. 14-17). Cet enfant égaré s’est souvenu du pain en abondance reçu dans la maison de son père. Alors, il se lève et revient, prêt à confesser ses fautes : « Père, j’ai péché contre le ciel et devant toi ; je ne suis plus digne d’être appelé ton fils » (v. 21). Le père qui l’attendait toujours, le voit venir de loin ; il est ému de compassion et se jette au cou de ce fils « mort », revenu à la vie. Puis il prend soin de lui : son désir est de le restaurer entièrement.
 
 
Le rétablissement d’un culte idolâtre
 
            Manassé s’est longtemps acharné à anéantir jusqu’au souvenir même de l’œuvre de réformation d’Ezéchias. Il rebâtit sans hésiter les hauts lieux que son père avait détruits. Il élève des autels à Baal et fait une ashère, comme Achab en son temps. Chose insensée, il ose livrer ses fils à Moloch, et ils passent par le feu - soi-disant pour complaire à cette idole ! Il pratique les enchantements, établit des évocateurs d’esprit et provoque ouvertement Dieu en plaçant une affreuse idole dans le temple - comme le fera l’Antichrist, aux temps de la fin, peu avant le millénium. Le peuple de Juda, sous cette mauvaise impulsion, sombre à son tour dans la plus grande iniquité.
            Aussi aurions-nous pu penser, si nous avions eu seulement au sujet de Manassé le récit du second livre des Rois, qu’un tel homme était certainement perdu pour l’éternité ! Mais un rayon d’espérance vient jeter de la lumière sur la fin d’une vie jusqu’ici effrayante.
            Avant lui, bien des rois avaient commencé brillamment leur carrière et hélas, l’avaient terminée de façon misérable ou tragique. Or, au sujet de ce roi si coupable, on apprend avec reconnaissance que la grâce de Dieu a eu le dernier mot (2 Chr. 33). Qui aurait cru qu’un tel homme puisse encore se repentir, prier et être exaucé ?
            En vérité, les pensées de Dieu ne sont pas nos pensées, et nos voies ne sont pas les siennes (Es. 55 : 8). Les commentateurs ont souligné que ce règne de Manassé avait battu un double record : celui de la longévité (cinquante-cinq ans) et celui de la méchanceté. Comment expliquer que son pouvoir a duré si longtemps, alors que justement l’iniquité de cet homme ne pouvait qu’être insupportable aux yeux de Dieu ?
           
 
La manifestation de la patience de Dieu
 
            En lisant le récit du deuxième livre des Chroniques, on réalise avec émerveillement que la patience de la grâce de Dieu (2 Pier. 3 : 9) et sa « longue attente » (Rom. 2 : 4) ont eu des conséquences heureuses chez Manassé. Son exemple nous apprend qu’il n’y aucun pécheur, si égaré soit-il, dont Dieu ne puisse changer le cœur ! Ce passage de l’Ecriture est l’un des plus utiles pour nous encourager à persévérer dans l’intercession. Ne pensons jamais qu’une personne est enfoncée dans le mal au point qu’elle ne peut plus être sauvée ! Ne nous lassons pas de prier pour elle.
            Un autre cas remarquable dans l’Ecriture est celui d’un des brigands crucifiés à côté du Seigneur. Au début, il se joint à l’autre pour insulter Jésus. Puis un changement complet s’opère en lui. Il est convaincu de péché et reprend son compagnon : « Tu ne crains pas Dieu, toi ? car tu es sous le même jugement ». Il reconnaît : « Pour nous, nous y sommes justement, car nous recevons ce que méritent les actes que nous avons commis ; mais celui-ci n’a rien fait qui ne doive pas se faire ». Puis il demande : « Souviens-toi de moi, Seigneur, quand tu viendras dans ton royaume », et il reçoit cette merveilleuse réponse du Seigneur : « En vérité, je te dis : Aujourd’hui tu seras avec moi dans le paradis » (Luc 23 : 39-43). Quel triomphe de la grâce, au moment même où l’homme, dans sa haine, crucifie Christ !
            Notre salut ne dépend pas de notre conduite plus ou moins honnête ici-bas ; il résulte de l’immense grâce du Dieu d’amour. Ce que nous avons fait avant notre conversion devrait nous paraître abominable devant Dieu. L’apôtre Paul estimait être « le premier » des pécheurs, du fait qu’il avait persécuté l’Assemblée de Dieu. Toutefois, il ajoute : « miséricorde m'a été faite, afin qu’en moi, le premier, Jésus Christ montre toute sa patience » (1 Tim. 1 : 13-16).
            Le roi Manassé, plein d’envie de faire le mal (Ecc. 8 : 11), avait fait errer son peuple au point d’inciter Juda à mal agir, « plus que les nations que l’Eternel avaient détruites devant les fils d’Israël » (2 Chr. 33 : 9). « Il versa aussi le sang innocent en grande abondance, jusqu’à en remplir Jérusalem d’un bout à l’autre bout » (2 Rois 21 : 16).
 
 
Après la discipline exercée sur Manassé, son humiliation et sa délivrance
 
            Dans sa patience, cherchant à ramener à Lui Manassé et son peuple, l’Eternel se sert de deux images : celles du cordeau et du plomb. Ces deux instruments servent à tester la rectitude d’une ligne et la verticalité d’un mur (2 Rois 21 : 13). Ainsi le jugement de Dieu a tous les caractères d’une justice parfaite.
            Mais ces hommes n’ont pas pris garde à ces avertissements (2 Chr. 33 : 10 ; Job 33 : 14). Alors une terrible discipline tombe sur ce roi impie. Dieu fait venir contre eux les chefs de l’armée du roi d’Assyrie : « Ils prirent Manassé dans des ceps  et le lièrent avec des chaînes d’airain et l’emmenèrent à Babylone » (2 Chr. 33  11).
            Combien de temps resta-t-il captif ? Nous ne le savons pas. Mais il a dû probablement assister à toutes sortes de scènes d’horreur. Les Assyriens n’épargnaient aucun de leurs prisonniers. Les récits historiques sont confirmés par les images gravées sur les stèles érigées au moment de leurs victoires.
            « Et quand il fut dans la détresse, il implora l’Eternel, son Dieu, et s’humilia beaucoup  devant le Dieu de ses pères, et le pria » (v. 12). Il devient un type frappant du résidu d’Israël aux derniers jours. Il semble que Joël - qui prophétisait en ces temps-là - avait le désir de montrer à tous les égarés le chemin à suivre. Ce n’est pas nos vêtements qu’il faut déchirer, ce sont nos cœurs ! Il faut revenir à l’Eternel (Joël 2 : 12-14 ; Jér. 4 : 1). En effet, nous lisons : « Est-ce que je prends plaisir à la mort du méchant ? dit le Seigneur, l’Eternel ; n’est-ce pas plutôt qu’il se détourne de ses voies et qu’il vive ? » (Ezé. 18 : 23).
            L’Eternel « se laissa fléchir… et écouta sa supplication, et le ramena à Jérusalem, dans son royaume » (2 Chr. 33 : 13a). Merveilleuse grâce de Dieu ! Elle dépasse tout ce que nous pouvons concevoir. Répétons avec reconnaissance : « Là où le péché abondait, la grâce a surabondé » (Rom 5 : 20). Alors « Manassé reconnut que c’est l’Eternel qui est Dieu » (v. 13b). La grâce l’a restauré, aussi cet homme est animé par de nouveaux désirs.
            Le nom de Manassé signifie « oubli ». Il rappelle cette déclaration de l’Eternel : « Mon peuple m’a oublié pendant des jours sans nombre » (Jér. 2 ; 32). L’exil d’Israël, sous le joug des nations a été la conséquence de leur abandon. Leur « captivité » sera également pour Israël - comme ce fut le cas pour Manassé, prisonnier à Babylone - un moyen de réveiller enfin la conscience et le cœur de ce peuple. Dieu fera alors, à cause des élus qu’Il a choisis, une « affaire abrégée » sur la terre. Sinon toute chair aurait péri - personne n’aurait été sauvé (Matt. 24 : 22 ; Marc 13 : 20 ; Rom. 9 : 28-29).
 
 
Une fin de règne honorable
 
            Dans sa grâce, non seulement Dieu s’est laissé fléchir par la supplication de Manassé, mais Il lui a donné une occasion de réparer, dans une certaine mesure, le mal précédemment commis.
            Il y a des conversions qui n’ont lieu que sur un lit de mort - ou au dernier moment - comme pour ce brigand dont nous avons parlé. A ce moment, un homme peut être encore sauvé et rendre même parfois témoignage à la gloire de Dieu ; mais il est trop tard pour servir le Seigneur ici-bas ! La « perte » est pour l’éternité (2 Cor. 5 : 10 ; 1 Cor. 3 : 15).
            Après sa conversion, chaque racheté a du temps, en principe, pour porter des fruits ; ils montreront la réalité de la vie nouvelle qu’il a en lui. Tout Juda a pu être témoin de fruits « tardifs », mais réels, chez Manassé. Il bâtit la muraille extérieure de la ville de David et élève un mur très haut autour d’Ophel situé près de cet étang de Siloé dont les eaux coulent doucement - image de la grâce. Le roi a maintenant compris l’importance de se tenir séparé du mal (Ezé. 42 : 20). N’oublions jamais que « le monde entier gît dans le Méchant » (1 Jean 5 : 19) ; Satan en est présentement le chef usurpé.
            Les faux dieux que ce roi avait tant servis sont ôtés de la maison de l’Eternel et jetés hors de la ville de Jérusalem. L’autel de l’Eternel est remis en état et des sacrifices de prospérités et d’actions de grâces y sont offerts (2 Chr. 33 : 15-16). Le culte de l’Eternel - limité par les faibles connaissances acquises par Manassé, du fait de ses années d’errance - est toutefois rétabli et célébré.
            Ce sont les conséquences de sa conversion (1 Thes. 1 : 9). Un mot qui implique faire demi-tour, un changement complet de direction ! Rachetés du Seigneur, avec Son secours, il faut veiller à suivre ce chemin-là. La Parole ajoute en effet : « Toutefois le peuple sacrifiait encore sur les hauts lieux » (v. 17). Il peut y avoir dans nos coeurs de telles « survivances » de notre vie passée. Prêtes à bourgeonner à nouveau, ces racines cachées se manifestent dès que nous nous relâchons. Si le « premier amour » a disparu, on est facilement aveuglé et prêt à oublier la « purification de nos péchés d’autrefois » (2 Pier. 1 : 9).
            Le Seigneur a désormais tous les droits sur celui qui est devenu, à grand prix, son racheté (Phil. 1 : 21 ; 3 :14). L’énergie que nous avons gaspillée avant notre conversion pour servir nos intérêts ici-bas et prendre part aux « délices du péché » (Héb. 11 : 25) doit désormais être à la disposition de notre Maître. Nos jours, nos biens, nos cœurs, tout Lui appartient ! Et nos yeux fixés sur Lui cherchent à discerner ses voies et à les suivre (Prov. 23 : 26).
            Il semble que Manassé ait lui-même choisi le lieu de sa sépulture - dans sa maison - se sentant indigne d’être enterré dans les sépulcres des rois, comme son père. Si c’est le cas, ce serait un trait touchant d’une humiliation sincère.          
 
 
Le mauvais exemple de Manassé suivi, hélas, par son fils
 
            L’affreuse conduite de Manassé, pendant la majeure partie de sa vie, a eu des conséquences humiliantes durables, perceptibles aussi dans son cercle familial. Il en est souvent ainsi ! Son fils Amon n’a régné que deux ans avant que ses serviteurs ne conspirent contre lui et ne le mettent à mort.
            Pendant ce temps si court passé sur le trône, Amon a fait ce qui est mauvais aux yeux de l’Eternel, « marchant dans toute la voie dans laquelle avait marché son père » (2 Rois 21 : 21 ). Il a servi à nouveau les idoles devant lesquelles son père s’était si longtemps prosterné.
            Soyons sur nos gardes car les idoles « modernes » sont très nombreuses aussi. Comme Daniel, il faut arrêter dans notre cœur de s’en tenir résolument écarté, sinon nous en viendrons bien vite à les adopter. Ecoutons Josué énumérer devant le peuple de Dieu, à la fin de sa vie, les « étapes » qui conduisent à servir de telles idoles. Les jeunes, en particulier, cherchent à suivre un « modèle » parmi les célébrités éphémères de ce monde : leur « look » rappelle celui de Saül (1 Sam. 9 : 2). Nos yeux se portent sur les meilleurs sportifs du moment, les acteurs de cinéma ou du théâtre, les hommes politiques les plus brillants… Par ailleurs, l’argent et les « facilités » qui s’y rattachent sont aussi de terribles idoles. On commence à « jurer » par elles, rappelle Josué dans son livre (23 : 7) ; on les « sert » et on finit par « se prosterner » devant elles ! Notre vie est  alors complètement envahie. La pente est rapide et glissante ! Chacun est en danger de la suivre, en se berçant des mêmes illusions que Samson : il croyait s’en sortir une fois encore, alors que « l’Eternel s’était retiré de lui » (Jug. 16 : 20).
            Amon n’a pas tenu compte des avertissements que la triste carrière de son père lui donnait. Un roi des nations, Belshatsar, a suivi le même chemin. Daniel lui rappelle la grandeur de son père Nebucadnetsar - jusqu’au jour où son esprit s’était élevé jusqu’à l’orgueil. Il a été alors précipité au niveau des bêtes, jusqu’à ce qu’il reconnaisse que c’était le Dieu très-haut qui dominait. Belshatsar, comme Amon, avait su tout cela : mais au lieu de s’humilier, il s’était élevé contre le Seigneur des cieux, « le Dieu en la main duquel était son souffle », de sorte qu’un jugement définitif est prononcé contre lui et deviendra effectif « cette nuit-là » (Dan. 5 : 18, 21, 23, 30). « On ne se moque pas de Dieu » (Gal. 6 : 7) !
            Amon a voulu - semble-t-il - oublier l’intervention souveraine de Dieu devant le refus de Manassé de se repentir et la terrible captivité de son père en Assyrie. Il ne s’est pas souvenu non plus, pour lui-même - en temps voulu - de la grâce divine qui s’était manifestée après l’humiliation de Manassé, en apportant un changement complet dans sa vie.
            Loin de craindre Dieu et de suivre le même chemin que son père à la fin de sa vie, Amon pratique délibérément le mal. « Penses-tu que tu échapperas au jugement de Dieu ? », demande l’Ecriture (Rom. 2 : 3 ; Ecc. 8 : 11). Amon passe comme la fleur de l’herbe, car selon l’expression du prophète Esaïe, « le souffle de l’Eternel a soufflé dessus »  (40 : 6-7). Ne lassons pas la patience de Dieu ; le temps dévolu pour se repentir peut être court ; il est toujours plus tard que nous ne pensons ! Or l’Ennemi cherche constamment à convaincre les hommes encore inconvertis que rien ne presse. Il ne nie pas l’existence de Dieu, il en parlait déjà avec Eve. Mais il invite ceux qui l’écoutent à « temporiser ». La route « tout à l’heure » conduit à la ville « jamais ». Il faut, sans tarder davantage, se préparer à rencontrer son Dieu (Amos 4 : 12). « Aujourd’hui, si vous entendez sa voix, n’endurcissez pas vos cœurs » (Héb. 4 : 7). Combien de temps reste-t-il pour se repentir ? Personne n’a jamais pu donner la réponse.
 
 
            Puissions-nous retirer une sérieuse instruction du récit de la vie de Manassé, écrit « pour nous servir d’avertissement » (1 Cor. 10 : 11). Les abominations de ce roi idolâtre ont été consignées dans le deuxième livre des Rois, mais aussi dans celui des Chroniques – ce qui n’est pas le cas pour les autres rois. Rien n’a été oublié devant Dieu, et le mauvais exemple du père a été tristement suivi par le fils.
            Il est cependant très encourageant de lire la fin de l’histoire de Manassé. Combien la patience et la grâce de Dieu ont brillé à l’égard d’un homme  qui s’était enfoncé dans le mal plus que tout autre !
 
 
                                                           Ph. L                            Le 20. 05. 11