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INTRODUCTION A LA BIBLE (5)

 
 
Les Hagiographes (ou livres poétiques)
 
            Il nous reste à dire quelques mots sur les Hagiographes. Daniel en fait partie pour les Juifs. Nous avons parlé de son livre comme prophétie, bien qu'il ait un caractère à part, le trône de Dieu ayant disparu de la terre, et le prophète étant à Babylone. Mais il partage bien le caractère des autres hagiographes, qui renferment des discours moraux, ou des histoires de détail pendant qu'Israël est rejeté, et qui présentent l'expression de l'affection du Christ pour Israël. On y trouve les relations de Dieu avec l'homme, et les soins providentiels qu'Il prend de son peuple lorsqu'Il n'avait point de rapport avec lui comme peuple, et qu'Il ne le reconnaissait pas comme tel.
 
                        Les Psaumes
 
            Les Psaumes exposent cet état de choses plus complètement qu'aucun autre livre des Ecritures. Deux principes sont à la base de tout le livre : le premier c'est qu'il y a, au milieu des méchants, un résidu qui craint Dieu ; le second, c'est que l'Eternel et son Oint rencontrent l'opposition du peuple et des nations (Ps. 1 et 2). Nous avons ensuite les conseils de Dieu dans l'Oint, Fils de Dieu et Roi en Sion, puis Dominateur de toute la terre. S'Il est rejeté, les fidèles doivent souffrir et charger leur croix (Ps. 3-7). Au Psaume 8, Il est présenté comme fils de l'homme établi sur toutes les œuvres de Dieu. Avec le Psaume 9 commence l'histoire du résidu au milieu d'Israël.
 
            On sait que les Psaumes sont divisés en cinq livres : Ps. 1-41 ; 42-72 ; 73-89 ; 90-106 ; 107-150. La méthode suivie généralement est de mettre d'abord en avant une pensée première et fondamentale, puis d'y ajouter les expériences du résidu dans les circonstances présentées comme base. Ainsi les Psaumes 9 et 10 sont la base ; les Psaumes suivants, jusqu'à la fin du Psaume 18, l'expression des sentiments qui sont en rapport avec elle ; mais les trois derniers nous présentent plus directement le Christ. Le Psaume 18 est remarquable, en ce qu'il relie aux souffrances de Christ toute l'histoire d'Israël, depuis l'Egypte jusqu'à la fin. Les psaumes 19, 20, 21, sont les divers témoignages de Dieu : la création, la loi, et Christ. Le Psaume 21 montre l'introduction de Christ dans la gloire. Le Psaume 22 le présente, non pas en rapport avec les Juifs, mais comme fait péché devant Dieu. On ne trouve pas la confession des péchés avant le Psaume 25. Il est davantage question du Christ personnellement dans ce premier livre, et le résidu se trouve à Jérusalem, mais en présence de la puissance des méchants.
             Dans le second livre, le résidu est vu hors de Jérusalem. Au Psaume 45 le Messie est introduit, et dès lors nous trouvons le nom de l'Eternel. Lorsque nous rencontrons le nom de Jéhovah, la foi reconnaît la relation du peuple avec Dieu (comp. Ps. 14 et 53). Remarquons ici que le premier ou les premiers versets d'un psaume donnent habituellement le sujet, les versets qui suivent décrivant le chemin pour y arriver. Dans ce deuxième livre, les afflictions du Christ tiennent une large place, puis viennent les souhaits de David pour l'établissement de son fils dans le règne millénaire.
             Le troisième livre, tout en faisant mention de Juda et de Sion, embrasse tout Israël ; il revient ainsi en arrière, repasse l'histoire du peuple et la poursuit jusqu'à l'alliance assurée faite avec David et avec sa semence.
             Après avoir rappelé Moïse et dit comment l'Eternel avait été le Dieu d'Israël en tout temps, après avoir parlé du Messie et du sabbat, le quatrième livre introduit l'Éternel venant établir son règne et décrit sa marche à partir d'en haut, jusqu'à ce qu'Il soit assis entre les chérubins, et que les nations soient appelées à se prosterner devant Lui et à Lui rendre culte. Nous trouvons dans ce livre les principes du règne de Christ, son rejet, sa divinité et la durée de ses jours comme homme ressuscité, et enfin la bénédiction du peuple et du monde par sa présence. Dieu se rappelle sa promesse faite à Abraham. Israël a été infidèle, mais Dieu, en grâce, s'est souvenu de lui.
            Le cinquième livre va jusqu'à la fin ; il expose les principes et les voies de l'Eternel et le retour du peuple dans sa terre (Psaumes des degrés - 120 à 133). En attendant, Christ s'est assis à la droite de Dieu, fait Seigneur comme Fils de David. La bonté de l'Eternel demeure à toujours ; la loi est écrite dans le cœur d'Israël qui s'était égaré. Ensuite, après les Psaumes des degrés et le jugement de Babylone, vient le grand « Hallel » ou Alléluia, série de cantiques de louanges. Les Psaumes 72 et 145 sont les seuls qui décrivent prophétiquement le règne lui-même.
 
            Le livre des Psaumes commence en montrant le Christ rejeté ; puis, introduisant son retour pour établir le règne, il donne les voies du peuple et son rétablissement dans sa terre. Remarquons aussi que, dans les Psaumes, on ne trouve jamais Dieu comme Père, ni les sentiments qui appartiennent à l'adoption. On y voit bien la confiance, l'obéissance, la foi au milieu des difficultés, le dévouement (comme dans le Psaume 63), la foi aux promesses, la fidélité, mais jamais la relation de fils avec un père. Faute de prendre garde à ce point, le caractère de la piété de plus d'une âme sincère s'est trouvé rabaissé par la lecture même de ce précieux livre.
 
 
                                    Le livre de Job
 
            Ce livre montre l'homme mis à l'épreuve. Pourra-t-il, lui, l'homme renouvelé par la grâce, comme nous le dirions avec notre connaissance actuelle, l'homme juste et intègre dans ses voies - posséder en lui-même la justice, et se maintenir devant Dieu en présence de la puissance du mal ? Telle est la question posée par ce livre. On y voit encore les voies de Dieu pour sonder les cœurs et leur donner la connaissance de leur véritable état devant Lui. Ce sujet est d'autant plus instructif qu'il nous est présenté en dehors de toute économie, de toute révélation particulière de la part de Dieu.
             Job est un homme pieux, comme pouvait l'être un descendant de Noé qui n'avait pas perdu la connaissance du vrai Dieu, à une époque où le péché se propageait de nouveau dans le monde, et où l'idolâtrie commençait à s'établir, bien que le juge fût prêt à la punir. On voit aussi en Job un cœur qui, tout en étant rebelle à Dieu, compte sur Lui, un cœur qui se tourne vers Dieu qu'il ne trouve pas, un cœur qui, parce qu'il connaît Dieu, tout en étant insoumis, réclame pour Lui des qualités que les froids raisonnements de ses amis ne savent pas Lui attribuer ; et toutefois il se complaît dans son intégrité et s'en fait un vêtement de propre justice qui lui cache Dieu et qui cache Job à lui-même. Elihu lui reproche ces choses, tout en lui expliquant les voies de Dieu. Enfin Dieu se révèle à Job et son cœur est brisé ; puis Dieu le guérit et le comble, en paix, de bénédictions.
            Ce livre fournit encore un tableau des voies de Dieu à l'égard des Juifs, et aussi l'enseignement de l'Esprit sur le rôle de Satan dans les voies de gouvernement de Dieu sur la terre.
 
 
                        Le Prédicateur (ou « L'Ecclésiaste »)
 
            Le prédicateur se demande s'il est possible de trouver du bonheur sous le soleil. Tout est vanité dans les efforts de l'homme ; mais il y a une loi, règle parfaite de conduite pour l'homme, et toute œuvre sera pesée au jugement de Dieu. On ne voit pas, dans ce livre, de relation positive avec Dieu ; on y trouve le Dieu créateur, et l'homme dans le monde tel qu'il est, mais non pas l'Eternel, et encore moins le Père.
 
 
                        Les Proverbes
 
            Ce livre nous présente la sagesse d'une autorité qui bride la volonté de l'homme, réprime la corruption et la violence, et de plus met un frein à la satisfaction de soi-même, qui est le danger de l'homme ; nous y voyons aussi les conseils de Dieu, révélés en ce que la Sagesse de Dieu (Christ), l'objet de son bon plaisir, trouve ses délices dans les fils des hommes, et cela avant que le monde fût (chap. 8).
            Partout, dans ce livre, nous avons l'Eternel ou Dieu qui s'est fait connaître et qui agit par le moyen d'une autorité confiée à l'homme, aux parents, etc.
            Ensuite Dieu nous y donne les enseignements propres à faire éviter à chacun les pièges tendus dans ce pauvre monde, sans que l'on soit obligé d'apprendre par sa propre expérience toute l'iniquité dans laquelle il est plongé.
 
 
                        Esdras et Néhémie
 
            Les livres d'Esdras et de Néhémie renferment l'histoire de la réintégration nationale de Juda au double point de vue religieux et civil. Esdras vient après Jéshua et Zorobabel. On voit en ceux-ci des hommes qui agissent par la foi : ils dressent un autel pour leur être une défense contre les ennemis qui les entourent ; ils comptent sur Dieu (Esd. 3 : 2). Les prophètes Aggée et Zacharie encourageaient les Juifs de la part de Dieu, qui a répondu à leur foi.
            Plus tard Esdras arrive, homme fidèle, dévoué et se confiant en l'Eternel : instruit dans la loi, il met de l'ordre dans la conduite du peuple. Toutefois il semblerait que, sous l'influence du penchant naturel du cœur humain, cet ordre ait dégénéré en pharisaïsme. Pour le moment, la fidélité de la part des Juifs consistait à être séparés comme peuple de Dieu, à exiger une généalogie juive connue, spécialement pour les sacrificateurs, et à renvoyer les femmes étrangères.
            Néhémie rétablit les murailles et la ville ; il est un homme fidèle et dévoué, mais qui aime à parler de sa fidélité ; car l'Ecriture présente ces deux caractères tels qu'ils se trouvaient en lui.
 
 
                        Esther
 
            Le livre d'Esther fait voir la manière dont Dieu, dans sa providence, tout en restant caché Lui-même, prend soin d'Israël. On a souvent remarqué que Dieu n'est pas nommé dans ce livre : c'est précisément ce qui convient, puisqu'il s'agit de la providence de Dieu quand Il ne se montre pas ouvertement.
 
 
                        Le Cantique des cantiques
 
            Il présente le renouvellement des relations du Fils de David avec le résidu fidèle d'Israël aux derniers jours, quand ce résidu sera pour lui « Mon plaisir en elle » (Es. 52 : 4). On remarquera que lui s'adresse toujours à la Sulamithe quand il parle d'elle ; tandis qu'elle parle de lui comme de l'objet de ses affections, mais rarement à lui.
            L'affection de l'Eglise est plus calme que celle qui est exprimée dans le Cantique, parce qu’elle jouit déjà de l'amour de Christ comme d'une chose connue, et se trouve dans une relation fermement établie, bien que les conséquences n'en soient pas toutes accomplies : personnellement, le croyant peut entrer davantage dans les sentiments que ce livre exprime.
 
 
                        Ruth
 
            Il y a deux petites portions des hagiographes qui en sont détachées dans nos bibles. Ce sont les Lamentations de Jérémie et Ruth. La touchante histoire de cette dernière place devant nos yeux des mœurs très primitives, et, en même temps, des traits de caractère admirables, et porte en elle-même un cachet incontestable de réalité. Elle est importante en ce qu'elle retrace la généalogie de David et par conséquent du Christ, et nous montre une femme d'entre les Gentils admise dans cette généalogie.
 
 
                        Lamentations de Jérémie
 
            Les Lamentations ont un caractère de douleur produit par le sentiment que Dieu a frappé son peuple, abattu son autel, détruit sa maison. Pour le moment, sous l'ancienne alliance, c'en est fait de Jérusalem et du peuple de Dieu. Jérémie voit avec l'œil de Dieu, du dedans (là où étaient la maison de Dieu et le siège de son autorité), et il n'y a plus de remède ! On doit se rappeler que les livres d'Esdras et de Néhémie racontent le retour d'un résidu des Juifs, ramené par la miséricorde de Dieu, afin qu'il y eût un peuple auquel la grâce pût présenter Celui qui avait été promis.
 
 
 
De l’Ancien Testament au Nouveau
 
            L'histoire de l'homme, envisagé comme ayant à répondre de sa propre conduite, mis à l'épreuve sans loi et, plus tard, sous la loi, est terminée. Dès la chute, avant que l'homme fût chassé du jardin d'Eden, la bonté de Dieu avait donné la promesse d'un Sauveur qui écraserait la tête du Serpent ; mais, pour le moment, Dieu laissa les hommes à eux-mêmes.
            Epargnant ce qu'il fallait conserver pour peupler le monde nouveau, le déluge mit fin à une race déchue plongée dans la corruption et la violence. Cependant le cœur de l'homme resta le même (Gen. 6 : 5 ; 8 : 21) : dans ce monde renouvelé tous les hommes tombèrent bientôt dans l'idolâtrie. Alors la grâce appelle Abraham, et les promesses formelles relativement à la semence lui sont données.
            430 ans plus tard, cette race d'Abraham, mise à part pour Dieu, est placée sous la loi, règle parfaite de ce que l'homme devrait être, si l'on tient compte du fait que la loi défend la convoitise. Les prophètes rappellent la loi à la conscience du peuple, mais ils soutiennent en même temps la foi de ceux qui étaient fidèles au milieu de l'infidélité générale, rappelant, confirmant et développant la promesse de la « semence » et celle de la venue de la grande et terrible journée de l'Eternel. On en voit un exemple dans les dernières paroles du prophète Malachie (chap. 4). La promesse de la semence et l'appel à la conscience ont été constamment répétés par les prophètes, jusqu'à ce qu'il n'y eût plus de remède.
             Dieu cependant a accompli la promesse en envoyant le Christ, semence de David. C'est la grâce de la part de Dieu. C'était sans doute la fidélité à sa promesse, et, dans ce sens, la justice en Dieu (telle est la portée de 2 Pierre 1 : 1), mais il ne s'agissait plus de la responsabilité de l'homme à observer une règle qui lui était imposée : il s'agissait de recevoir le Christ.
            Il y avait plus encore. Le Christ était la Parole faite chair. « Dieu était en Christ, réconciliant le monde avec lui-même, ne leur imputant pas leurs fautes » (2 Cor. 5 : 19). Il est venu vers les siens, mais ils ne l'ont pas reçu : le monde n'a pas voulu de Lui, il ne le connaissait pas : le Père a été manifesté dans le Fils, dans ses paroles et dans ses œuvres, mais le monde ne l'a pas connu : « Ils ont à la fois vu et haï aussi bien moi que mon Père », dit le Sauveur (Jean 15 : 24). Ainsi les Juifs ont perdu tout droit aux promesses en rejetant Celui en qui elles s'accomplissaient. Bien plus, l'homme, non seulement a été désobéissant, mais, tout en l'étant, il a montré sa haine contre Dieu manifesté en grâce envers lui dans cet état. Du côté de la responsabilité de l'homme, toute relation avec Dieu était impossible. La croix est la manifestation publique de ce rejet, de cette inimitié contre Dieu ; et, en même temps, elle est la manifestation de l'amour de Dieu pour l'homme tel qu'il était. Elle est plus encore : elle est l'accomplissement d'une œuvre parfaite de propitiation, un sacrifice pour ôter le péché, une base toute nouvelle de relation entre l'homme et Dieu, relation qui dépend non de la responsabilité de l'homme, ‒ sur ce terrain il était perdu – mais de la grâce infinie de Dieu : Il « n'a pas épargné son propre Fils » (Rom. 8 : 32) qui, « par l'Esprit éternel, s'est offert lui-même à Dieu sans tache » (Héb. 9 : 14), en sorte que la grâce régnât par la justice pour la vie éternelle par Jésus Christ, notre Seigneur.
            Les promesses seront accomplies ; le croyant possède la vie éternelle, et la possédera en gloire, lorsqu'il sera rendu semblable au Fils de Dieu rentré dans la gloire comme homme ; car il faut que le cœur de Dieu, son amour, soit satisfait, sa sainte justice manifestée et honorée ; il faut que son Fils, qui avait quitté la gloire pour nous et qui s'est humilié en étant obéissant jusqu'à la mort, soit exalté selon toute la gloire qui lui est due. Nous sommes ainsi amenés sur le terrain de l'Evangile.
 
 
                                                                                D’après  J. N.   Darby
 
A suivre